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Full text of "Tétrade des plus grièves maladies de tout le cerveau... par Joseph Du Chesne, sieur de La Violette,..."

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TETRADE 

DES  PL  VS  GRIEVES 

MALADIES  DE  TQV£. 

LE  C  E  RV  E  AV. 


fompo/eedes  veille  s  yobferuations  &  Prati¬ 
que  des  plus  fçauans  &  experts  Médecins , 
tant  ‘Dogmatiques  que  f/ermetiques . 


nu 

) 


Par  Ioseph  dv  Chesne  fieur  de  la 
Violette,  Confeiller  &  Médecin 
ordinaire  du  Roy. 

■i  9*  ( 

*./*-*  _ 

'ersï*.  -  *■  * 


******** 

<<i  -  H 


A  PARIS,  â\£^r 
Chez  G l av de  Morel, 

ordinaire  du  Roy,  rue  S.  Iaçoues* 
à  la  Fontaine .  r 
M.  DG  XXV.  % 

-  w&fc  Privilège  de  fa  Majeftéf^U 

UiMOLPATE 

yîTTTp  I  H|llll|tllljllil|1tH|IIM|ltll|llil|llll|iUi|ltll|tHI|ltll|H  lTpXH-|X444-J+tTlp  iTTjnT 

1  2  3  4  5  6  7  8  910 


I O  S  E  P  H  DV  CHESNE 

AV  LECTEVR  DEBONNAIRE 
S  A  L  V  T. 


,  MY  Le  fleur,  'vous  auef^ 

\  icy  'vn  traîne  de  quatre 
1  maladies  les  plus  grieues 
’  de  toutes  ,  lequel  e  fiant 
' vtile  &  neceffiaire  tant  a 
raifon  de  leur  grand  malignité  que  pour  , 
la  difficulté  de  leurs  caufes  occultes  g 7* 
la  méthode  d’y  remedieri  qui  ordinaire¬ 
ment  g?  le  plus  fouuent  na  finon  bien 
peu  d’effeél  félon  la  doBriné  des  an¬ 
ciens  Dogmatiques  ,  Il  ma  femblé  bon 
d employer  les  forces  de  mon  efirit  a  le 
compofer  des  préceptes  tant  de  l’ef cho¬ 
ie  hippocratique  gy*  Galejiique  ,  que  de 

*  n 


t  Hermétique  &  Spagyrique.  le  ri  igno¬ 
re  pas  toutesfiis  que  ce  mien  labeur  vous 
pourra  de  flaire  &  a  plujieurs  autres; 
Mais  comme  ainfi [oit  que  fuiuant  les  dog¬ 
mes  ou  opinions  de  Galien  (  ce  qui  eft  af- 
fefnotoire  à  vn  chacun  )  on  ne peuttou[ 
iours  guarir  tels  &  fi  grands  maux  qui 
requièrent  vn  prompt  &  fingulier  reme- 
de  ;  à  l'imitation  de  plujieurs  autres  per - 
fonnagesfort  do  fie  s  qui  des  long  temps  fe 
font propofé  le  mefmc  butt  ïentreprins  il  y 
a  vingt-fix  ou  vingt- fept  ans  de  mettre  en 
auant  O*  de f  loyer  aujft  des  remedes  qui 
fuffent  vrayement  medecinaux ,  &  par  le 
moyen  defquels  vn  vray  &  ajfeuré  Mé¬ 
decin  peut  paruenir  à  [on  intention .  Car 
quelle  louange  ejl-ce  a  vn  homme  d'eflre 
qualifié  Médecin  s’il  no  fie  point  la  ma¬ 
ladie  f  Et  a  quoy  fer uent  tant  de  raifon - 
' némens  difiutes  en  Medecine  touchant 

les  humeurs  yComplexions  &  préceptes  de 
Medecine }  fi  ce  dont  eft  queftion  ri  a  au~ 


s 

cun  bon  vfage  f  "Vous  aure%  donc  en  ce 
mien  traitté  non  des  formulaires  âereme- 
des  communs  ramafjés  confiufement  tan - 
tofl  d' vn  lieu  tant ofl  d'vn  autre,  qui pour¬ 
raient  donner  tel  quel  allégement ,  mats 
ceux  quauec  toute  la  diligence  qui  m  a  eflé 
pofiible  ïay  premièrement  muent  é  puis  fa¬ 
çonné,  &  finalement  approuué  par  diuer- 
fe$  expériences ,  comme  aufiiceux  que  ïay 
recueille  du  tratiail  &  apprins  des  propos 
ou  deuis  familiers  de  gens  tres-doéles.  De 
farte  que  fi  vous  daigne^  appliquer  voftre 
offrit  d  examiner  ces  miens  remedes  Cby- 
-miqües  ,  qui  au  demeurant  font  odieux 
prefque  a  tout  le  monde ,  'vous  trouuere ^ 
quils  fontajfeurés  &  certains ,  'voire  meil¬ 
leurs  que  les  'vulgaires .  Sçache^f  néant- 
moins  &  vous  perfuade %  que  nous  fai- 
uons  les  traces  ou  les  préceptes  de  ïvne  & 
t autre  efcbole ,  lefiquels  vous pourre^Jmi- 
ter  &  pratiquer  fi  bon  vous  femble ,  & 
aufii  remarquer  la  différence  des  vns,  & 
a  iij 


6 

des  autres ,  principalement  en  la  manier e 
de  préparer  les  remedes,  afin  d'efiire  ce  que 
iugerc^efre  plus  certain .  Or  fi  t  entend 
que  ceshty  no  dire  labeur  'vous  ait  efié  a- 
greable,  'vous  moccafionnere ^  tant  plus  a 
excogiter  &  mettre  en  lumière  d'autres 
chofes  j  qui  par  aduenture  feront  plus  exp¬ 
édient  es  :  Au  refie  s'il  y  a  quelque  propos 
en  ce  traitté  qui  fait  par  trop  aigre,  foye^ 
aduerty  qu'il  sadreffe  feulement  a  deux 
ou  trois  cenfeurs  mefdifans  &  iafeurs pleins 
d'enuie 3  non  pas  a  toute  la  fefle  des  Dog¬ 
matiques  dont  te  fuis  difcipleyny  aux  bons 
&  'vrais  Médecins  que  k  refeéle  &  ko- 
nore  comme  Précepteurs  & frere s.  A  Dieu, 


TABLE 

DES  CHAPITRES. 

g p  i  N  i  o  N  des  Dogmatiques  touchant 
l’Epilepfie  ,fes  différences  ,  caufes  &  fi- 
gnes,  Chapitre  premier,  page  |  j 

Quelles  font  les  caufes  du  Itertige  ou  tournementde 
tejle ,  félon  l'opinion  des  Dogmatiques ,  ch  .II,  2$ 
Vefinitio,  caufes,  differeces  &fignes de  1* apople¬ 
xie,  félon  l’opinion  des  Dogmatiques,  ch;. III,  29 
V*s  caufes  &  différences  de  la  Paralyfie  ,&*  dé  fit 
conuenance  auec  les  autres  maladies,  fuyuant  ^opi¬ 
nion des  dogmatiques.  Ch,  JF,  38 

De  la  ltraye  \Anatomie  des  maladies  par  la  lumière 
de  la  nature  du grand  monde(dont  l’homme  eft  ima¬ 
ge)  &  que  les  femmaires  &  mines  de  plufieur s 
maux  ,  prouiennent  prennent  leur  fource  de 
teintures  vitales ,  &  diuerfes  exhalai fons ,  le  tout 
conformémet  dl’opinion  desherMetiqUesCh.V.44. 
De  la  nature  différence  des  fuliginofiteq^  &  de 
leur  puiffanteg?  efficaçmfe^crtu  à  engendrer  les 
maladies ,  Chap.VI,  '  58 

Quelles  font  les  racines  des  maladies ,  &  comment 
elles  dejfloyent  leurs  fignatures  au  corps  humain, 
Çhap ,  VU,  éy 

a  üij 


Comment  H  faut  rechercher  lesfemind'mies  mala¬ 
dies  :  &  pdr  confequent  l>ne  âifyute  hermétique 
touchant  ly epilep fie t  VIII.  73 

Que  les  caufès  de  toutes  aéîions  confident  en  trots 
principes  hypoftatiqùes ,  dont  dépendent  les  racines 
des  maladies ,quand  ils  tiennent  à  fe  refoudre  par  la 
feparationgr  exaltation  des  teintures  qui  leur  font 
annexées, IX.  80 

Que  la  nature  tant  Juperieurequ  inferieure gouuer- 
ne  toutes  chofes  par  le  moyen  des  efyrits  participant 
de  la  diurne puijjancc  des  allions,  lefqueües  dédions 
font  induëmet  attribuées  au  tempérament  des  qua - 
lite^elementaires,  X.  51 

De  l'effence, différence  canfes  des  quatre  mala¬ 
dies  fufdites  ,auec  la  refutatio  de  l’opinion  materielle 
t&grofiierequ  en  ont  les  dogmatiques, XI.  115 
Méthode  que  tiennent  les  dogmatiques  en  la  cure  de 
lEpilepfie,  montrant  aucuns  remedes  dont  les 
«Anciens  fe  feruoienten  general  és  paroxy fines  ou 
acce^de  la  maladie ,  XII.  134 

Indications  particulières  du  par  oxy fine  Epileptique, 
auecla  defiription  à* aucuns  formulaires  de  remedes 
*  frinsynla  boutique  des  dogmatiques,  afimderepri - 
meria^'tolencekkeluy,XllI.  148 

Méthode  Pharmaceutique  g?  Chirurgique,  obfer - 
uée  par  les  Anciens  dogmatiques  en  la  cure  de  l*E- 
pilepfie  i  auec  quelques  deferiptions  de  remedes* 
Chap.XIlr.  ifo 


De  quelle  méthode  les  Arabes  fi  finit  firm  en  U 
cure  de  /’ Epilepfiey  XV •  202» 

Méthode  des  nouueaux  dogmatiques  en  la  cure  de 
i'  Epilcpfie ,  où  eji  contenue  l'cjhte  des  medicamens 
procede^de  leur  efchole ,  XVI.  20  7 

De  l'hellebore  noir  dont  comme  des  autres  remedes 
violents , nullement  ou  peu  corrigeâtes  Anciens  fi 
font  ferais  de  fis  admirables  Vertus  prefque  contre 
toutes  les plusgriefues  maladies ,  auecla  maniéré  de 
leprepdrer3  XVII.  228 

D«  réunifions  &  deriuations opérations  de  chirur¬ 
gie  &  des  remedes  Confortatifs ,  tant  generaux  que 
Jpeciaux  des  dogmatiques ,  XVIII.  235 

Delà  maniéré  a  extirper  la  racine  deï  Epilep fie  3 
des  remedes  propres  d  cette  intention ,  XIX.  245’ 
Des  eaux  minérales  jpecifiques  à  cefle  maladie 9  aux¬ 
quelles  les  dogmatiques  emoyent  ordinairement 
leurs  malades ,  apres  qn  en  Train  ils  ont  efprouué 
tous  leurs  remedes de  leurs  fitculte%t  XX.  253 
D«  indications  &  obferuations  des  dogmatiques 
tant  anciens  que  nomeaux  ,  en  la  cure  du  Trèrtige 
ou  tournemcnt  de  tefie,  XXI.  2 6$ 

Des  indications  curatiues  de  l*  apoplexie  tant  gene¬ 
rales  que  fpecïales ,  ycomprins  les  remedes  filon  la 
methodeies  dogmatiques ,  XXII »  2  6  J 

U  cure  de  U  paralyfie  gh  de  fis  efpeces ,  comme 
dufii  de  la  droidle  adminifiration  des  remedes  filon 
l'opmion  des  dogmatiques 9  XXllL  284 


Que  U  lithurgie  mechaniqUe  des  hermétiques ejlde* 
coulée  de  l’oeconomie  0*  boutique  de  U  nature  fie- 
crette  :  &  de  leur  procedure  en  la  cure  de  P Epilepfif 
0*de  la  légitimé  préparation  d’aucuns  remedes , 
Chap.XXm .  30S 

£>«  réunifions ,  démâtions  0*  autres  intentions 
curâmes  des  Hermétiques ,  comme  aufit  de  leurs 
confortatifs  fpecifiques ,  Ch*  XXV *  330 

X)e  la  préparation  fpàgyrique  du  crâne  humain  spé¬ 
cifique  a  l'Epilepfie ,  Ch,  XXVI .  33^ 

33e  la  pleniere  refolution  0*  confomption  du  [émi¬ 
ssaire  des  maux  fufdit s  ,41sec  P^fage  0  prépara¬ 
tion  des  remedes  locaux  ,  filon  les  hermétiques 
chap.XXVlI,  344 

VeP anatomie  intérieure  0  Vitale pertu  0  excel¬ 
lence  de  certains  fils  prins  des  minéraux  0  fpeci~ 
cifiquesaux  maladies  fufditè  s  ,  C/î.  XXVIII.  352» 
VePanalyfe  ou  refolutio  fpàgyrique  du  fil  marin ,  e*7* 
&  fon  admirable')!  ertu  d'agir, tant  és  Végétaux  0 
certains  metaux>qu  au  corps  humain, XXIX  .358 
Dr/*  fignature  interne  du  hitrïol ,  0*  de  fies  diuerfis 
propriete^à  diuers gérés  de  maladies ,  XXX.  36$ 
Ve  P  Antimoine, Wj.  XXXI.  399 

Ve  l’Or  &  de  C Xrgent,  Ch.  XXXI!.  431 
VeP Xrgenthtf  ou  mercure, Ch.  XXXIII.  4f7 
D»rrj;w»ede'£w»'r,  ch.  XXXI  Y  4^4 

■  F  I  N,  . 


Extrait} du  Prmilege  du  Roy. 

PAR  grâce  6c  Priuilegè  du  Roy  donné  à 
C6mpiegne,ie  feptiefme  iour  de  May  milfix 
cens  vingt-quatre  ,  feellé  du  grand  feaudecire 
jaulne:  &  ligné,  Par  le  Roy,  enfonConfcil, 
Rinovard,  Il  eft  permis  à  Clavde  Morel 
fon  Imprimeur  ordinaire ,  d’imprimer,  vendre 
&  diftribuer  tant  de  fois  6c  en  tels  Volumes  & 
chara&eres  que  ce  foit,vn  Liure  intitulé,7Vnv*de 
des  fins grimes  maladies  de  tout  le  Cerneau  ,  ou  traitté  de 
F  Epilepfie  ,  Vertige  ,  apoplexie  ,  &  Paralyfie  ,  £rc.  ÔC 
autres  œuures  de  Medecine,de  Iofeph  du  Chef- 
nefieur  de  la  Violette,  Confeiller  &  Médecin 
ordinaire  de  fa  Majefté,  qu’il  a  faiéfc  traduire 
de  Latin  en  François,auec  defenfes  à  toutes  per- 
fonnes  de  quelque  qualité  &  condition  qu’ils 
foient  de  les  imprimer  ou  faire  imprimer  en 
quelque  maniéré  que  ce  foit ,  én  vendre  ny  di¬ 
ftribuer  ,  d’autres  que  de  ceux  qui  feront  impri¬ 
mez  par  ledit  Morel  ou  de  fon  confentement, 
pendant  le  temps  6c  efpace  de  dix  ans  entiers  3c 
confecutîfs,  à  commencer  du  lour  de  l’acheue- 
ment  de  la  première  impreflion  dudit  Liure ,  à 
peine  de  mil  liurcs  d’amende,  &  de  confiscation 
des  exemplaires  qui  fe  trouueront  auoir  efté 
contrefaits  :  comme  il  eft  plus  à  plain  déclaré  en 
l’original. 

^/Çcheué d’imprimer  le  premier  de  Inillct 


HISTOIRE  D’VNE 

CERTAINE  DAMOISELLE 

AFFLIGEE  p’VHE  EPILEPSIE  t^VI 

a  donné  fubjeét  à  ce  prefcne 
traiété. 


N  E  îeune  Dantoîfille 
aagee  feulement  dedix-fept 
à  dix-hui6i  ans  &  mariée 
depuis  deux ,  quoy  quelle 
'  fi*fî  tffaë  déparent  bien  dijfi 
pofezi  &  non  fuie 61  s  a  aucun  malhereditaire 
pour  le  bon  tempérament  de  leur  race  &  patent 
té,  <&  eufl  Trefcu  ajfés  fainement  en fin  enfant 
ce, ri  y  ayant  eu  aucune  petite  herole ,  rougeolles 
galles,  nygrateües  dont  les  petits  enfans  ont  ac~ 
couftumé  rièfire  prefque tous entache%dés km 
naiffance,  a/çauoir  quand  la  nature  "voulant 
confimerfin  œuure  ,emcriëgy*  purge  toutes  les 
immondices  de  la  conception  %  Toute  fois  eftani 
paruenuë  à  lUage  riemiron  douze  ou  treize 
ans  9  &  Rature  ne  pounmt  an  temps  pnps 
~  ■  -  . ~  •  —  A 


§ 


*  DES  MLÂDIES 

faire  ouverture  des  laijjeaux  efquels  le  fang 
menfirualefioit  contenu ,  à  caufe  de  quelque  em- 
pefchement  quifetrouuoitparaduentureésco - 
dmts  ou  bien  es  plus  nobles  parties  du  corpsyclle 
acquiji  peu  à  peu  Ime  mauuaifc  couleur  0  la 
Scelles  Cachexie  ou  maligne  humeur  tenant  acroi- 
fympto  -  Jlre  elle  devint  pâlie  0  quant  0  quant  fut  a  fi 
*^**1™’  faillie  de  battemens  de  cœurydouleurs  de  teftet 
dck  re-  difficulté  d’haleine yd’cnfleure  de  ~)ifege  blan - 
ÏTmois  c^e4ftre  &  bide*  bref  de  tous  tels  autres  fÿm- 
ptomes  ou  accidens .  Quelque  peu  de  temps  apres 
luy  furuint  aufii  la  iaumjje  avec  Inefiéure  len¬ 
te ,  loire  continué  0  quarte.  Et  non  feulement 
cela  y  mais  tant  plus  elle  croifi  en  a  Age  y  tant plus 
efl  elle  Affligée  0*  comme  opprimée  de  plus 
grands  maux , tellement  qù enfin  elle  efl  fi  cruel¬ 
lement  0  fi  fouuent  tourmentée  détournement 
de  tejîe  croijfans  parfuccefiion  de  temps tque 
tantofi  elle  perd  non  Fouie  mais  la  l'eue  0*  U 
parole ytantofi  tout  jugement  0  cognoiffance 
liennent  a  luy  défaillir,  0  cela  luy  arriue  non 
feulement  lney  mais  dix  ou  dou^efots  chacun 
iour,  le  mal  s3 augmentant  aufii  de  iour  à  autre . 
*4u  demeurant  9hor s  les P  aroxy fines  ou  acce^ 
te  '  dit  eft  Affe^gaygy  paroifi  auoir  Fefprit  ajfeç, 
eîaraiK  ky eux 90  reprend  Inc  couleur  plusliue  .Mai* 
<puani  k  maladie  ejl fur  le  point  de  fermahir  eU 


DV  CERVEAt.  .  5' 

le  fent  "tenir  à  foy  ces  auanî -coureur  s.  Pre-  ces 
meremcnt  la  tefte  luy  tourne,  fon  htfagerou-  leptique 
git,  elle  s  e J crie  que  l’ennemy  L’djf aille  ,ce  qui  ar~ 
riue  incontinent ,  &  telaffaut  dure  l>ne  heure 
entière .  On  doit  icy  remarquer  quelle  n’eut  ia~ 
mais  aucun  flux  mcnjtrual  &  on  A  ob/erue 
qulrne  autre  fille  de  moindre  auge  luy  auroit 
autresf ois  fôuuent fait  peur.  En  cette  maladie 
elle  a  expérimenté  le  traitement  de  tous  les  plus 
célébrés  Médecins  de  cette  prouince  U, par  le. 
moyen  defquelselle  a  bien  changé  cette  mauuai- 
fe  humeur  en  l>ne  meilleure  habitude  de  corpsi 
mais  les  Irertiges  &  le  plus  grand  mal  qui  U 
tourmente &pour  lequel  on  requiert  mon  adutss 
na  encores  peueflre  réprimé nyreftreintpar  au* 
cun  art  que  ce  [oit. 

L’h istoire  de  ceflre  maladie exaéfce- 
ment  deferite  par  vn  certain  Aporie  aire* 
nous  fait  croire  que  c’eft  plüftoft  vne  Epi» 
lepile  prouenant  des  membres  inferieurs  du 
corps,  qu’vn  mal  de  tefte  ayant  fa  racine 
propre  dans  le  cerueau.  Or  iaçoit  que  par  le 
regard  8c  prefence  de  ladite  Damoifelle 
ainfi  mal  difpofée,  nous  euffions  paraduen-» 
ture  peu  confiderer  la  chofe  auec  plus  de 
circonfpe&ion,  &  promettre  vnaduis plus 
certain  voire  vn  remede  plus  afleuré  à  ceus 
qui  l’attendoiêt  de  nous:  qui  par  infpeâioia 


^  U  ES .  MALADIES 

âuoiis  accouftumé  de  faire  plufieursremar- 
questref-certaines  &  en  prefence  nous  en- 
qti®  de  beaucoup  de  chofèsquiferuent 
grandement  à  bien  cognoiftre  le  mal,  en- 
fembie  le  vray  moyen  d’y  remedier.  Car 
nous  obgnoiiïons  bien  diuerfeschofespar 
l’ouïe  touchant  la  complexion  du  malade, 
les  témperamens  &  le  régime  ou  façon  de 
vïure,  mais  nous  obferuôs  par  la  v eue  com-  • 
ment  fe  fait  l’affàut,  ce  qui  eft  neceffaire 
pour-formel*  vn  droid  Iugement.  Toutes- 
foisnous  auôs  bien  ireeognu  par  l’efcrit  fuf* 
dit  où  refide  le  mal, &  où  gift  fec-retement je 
feminaire/&  la  racine  d’iceluy,  quels  &cô- 
bien  pernicieux  effe&s  en  procèdent  qui  en , 
leur  temps  excitent  l’aflaut  Epileptique. 
D  efqùéls  deux  poinéts  il  conuient  fur  tout 
aüoir  bonne  &  exa&c  çognoilTance. 
Zafource  D e-là  auiïi nous  colligeons  que  la  fourcc 

wtirFt  ce^e  ma^a(üe  gift  en  toute  la  mafle  du 
te  mda »* Çottompuë,  gaftée  &  infectée  des  la 
dit.  matrice  ,  comme  par  fuccdîîom  iiatutelie 
tant  és  malles  qu’és  femelles.  Laquelle  maf- 
f  e  n’ayant  iamais  efté  purifiée  en  ladite  Da- : 
moifelle  dont  eft  queftion,  de  fes  impuretés 
par  petites  veroles,  grat elles  de  autres  e- 
A  monçftqires  du  corps  que  nature  a  deftinez 
à çeftéifin:  Ne  plus  ne  moins  que  telles  pur- 
slmilitu  -  gâtions  aduiennént  tpft  ou  tard  félon  la  for- 
de  prinfi  ce  §ç:  vertu  du  baume  naturel  qui  en  au- 
d»Ma-  cuns  eft  plus  langpureufe,  és  autres  plus  vi- 
etotefme.  gQUreufea  connue  pnpeut  veoir  és  champs 


DV  ’  C  E  R-V  E  A'V.  5 

tnefmes,  dont  quelques  vns  font 'plus  du 
moins  fertiles  &c  fterilès  que  Iesautfè's,  ti¬ 
ret  hors  de  leur  fein&pf  oduifent  desfleurs 
&  frui&SjOres  pluftoft, ores  plus  tard,etafoft 
plus  meurs,  tantoft  plus  cruds  félon  la  force 
des  raÿôs  du  Soleil  qui’regardét  cette  ferre 
cy,  ou  f  elle  là  >  direébeinétou  indireéfeémëf, 
benignemèht  ou  malignement.  DcriiëfîKé 
en  noftredite  malade  les-  èmonéfcoireV  n’e^ 
ftans  encor 'es  ouuerts  'pour  la  trop  grande  .  ; 
imbécillité  du  baume  vital;  &  làmâiïedù  ;  : 
fang  tardant  par  tropàfé-purger  Hefesim-  J 
puretez  naturelles,il  ârr-iue  qu  elles  font  re¬ 
tenues  trop- long-temps  8r  engendrent  des 
Symptômes  qui  faifilïënt  tout  le  corps  vni- 
uerfellëmént.  Ce  qifin’eft  à  admirer.  Car 
fi,  comme  dit  Galien,  entre  autrçs  émon- 
étoires  la  nature  adeftinéle  fluxmëhffcrual 
pour  purger  tout  le  corps,  ils’enfuit que  la 
rétention  de  telles- immondices  caufe  l’in-  '  %  J  ’f 
difpofitidn  vniuerfellë  dé  toutlecbfps.--  •> 

Il  efi  donc  heeeffaire  que  tant  de  Sÿfhpto-  «i» 

mes  fi  differens  prouiennént  tous  d'è'cefte 
pepiniere-demalfiveneneufeo  u  r  ëfide  vn'e 
tëllë^Kcâ^î^ëd^^^é§|»ârtôlLCe4isSiàfi. 

-fe:  du^angiprincipàlemét^des  menftruesne  '  ^ 

pouüans  couler  au  tempsordinairë;  do  rifle 
coûts  àr  cefte  fàcùlteW  vertu;  de  rendre  le 
^ang  trëf-pùr,  fort  rigoureux;  Sdpféferuér 
«le  fcfüfé'  êbrruptîori dârinàfTe dheelüiyi^Çàf  t'MÏmï 
^Omme  Pëau-çouîâîit^fe  conferue  en  :i©h 
Buxp^fpëtuë^dOrit-dftUht  priuée  pour  gtad  ***f^ft, 

„  ‘  •  ■'  A  iij  .  ■  11 


6  DES  MAIADIES 

que  foit  le  vaifleau  qui  la  contient,  elle 
Ce  putréfié  8c  corromp  aufîi  toft,  afçauoir 
d’autant  qu’elle  eft  fans  le  mouuement  par  ' 
lequel  fa  vie  8c  vigueur  eft  entretenues  em- 
•  blablement  le  fang  arrefté  par qbftrudions 
ne  pouuant  iouyr  defon  air& cours  libre, 
auquel  confifte  fa  vie,  vient  à  fe  gafter  8c  a- 
mortir  là  mefme-où  fon  flux  aeftéempef- 
ché.  Caries  Médecins  Hermétiques pofent 
Zs/knt  fang  au  corPs  du  Microcofme  ,  ou  petit 
efila  met  monde.comme  la  mer  eft  colloquée  en  tout 
èuMim*  le  Macrocofmc  8c  grand  monde,  ou  bien  le 
et#*'  NU  en  quelque  contrée  d’iceluy.  De-la- 
quelle  fympathie,  çomparaifon  &  analogie 
entre  l’vn  8c  l’autre  monde,  nous  auons  dif- 
couru  ailleurs  plus  amplement,  8c  en  dirons 
encores  d’auantage  quand  l’occafion  s’en 
prefentera. 

popes  Le  fang  doncques  ainfî  des  long-temps  "" 
corrompu  en  laditeDamoifelle,commença 
«mÜT  dwladouzieftpe  ou  trêziefme  annee  de  fon 
du  mal  âge,à  s’introduire  és  entrailles  ou  membres 
Cüfdit.  feruans  à  la  nutrition,  8c  vue  partie  de  celle 
corruption  8c  contagion  infeéfca  le  foye, 
la  rate,  8c  toute i’œçonomie  desh  ylçeres. 
voire  toutes  les  parties  du  corps  cirçôupifi- 
nes.  Çarquoy  tout  eftant  peruerti  ^beau¬ 
coup  de_  crudités,  s’engendrerento^  kj.aq- 
nifle^  les  pâlies  conteurs,  fieures.  &jfinale- 

ledit >  toujsnemçirt  de  frequent, 

^  prindrent  de-là  leur ; -origine .&  zcçmifô' 
ment,  Orcambigpquepar  le  fecoui*s&  ief 

h  "  '  •  ïd  ■  ■  '  "  '  *  ~ 


D  V  CES.V  E  A  V.  7 

remecles  de  fçauans  Médecins  elle  aitreceu 
quelque  allégement  ,toutesfois  reftant  le 
feminaire  des  impuretés  qui  ont  caufé  Pin- 
difpofitiô  de  tout  le  corps,ie  ne  doute  point 
que  les  cruditésne  croiffentiournellement, 
d’où  naiffent  en  chaque  partie  diuerfesob- 
ftru&ios,  qui  retenans  le  cours  du  fang,  luy 
empefehant  la  iouyffance  d’vn  air  libre,  & 
bouchans  le  paflage  des  menftrues,excitent 
plufieurs  accès  &  font  venir  en  vn  jnftant 
diuers  fymptomes.  Ce  qui  donne  pluftoft 
accroiffement  au  mal  &  vnemauuaife  ha¬ 
bitude  à  la  malade,  qu’il  ne  la  deliure  d’au¬ 
cun  fymptome.  Car  la  nature  s’efforce  bien 
de  pouffer  hors  lefdites  (impuretés,  mais 
icelle  ayant  moins  de  forces  que  la  maladie* 
elle  s’augmente  pluftoft  qu’elle  ne  \a  dimi¬ 
nue.  Car  toute  matière  efmèuèf  ainfiquetef- 
moigne  Galien  )  eft  pire  que  quand  elle  eft fans 
mouuement.  C’eft  pourquoy  outre  lesacci- 
dens  des  autres  membres, le  cerueau  venant 
par  fucceffion  de  temps  à  fe  débiliter  en 
mefme  maniéré  &  à  fe  remplir  de  fumées, 
vapeurs  8c  exhalaifons  qui  luy  communi¬ 
quent  vne  acrimonie  plus  grande,  vne  aci¬ 
dité  venimeufe,  &  vne  qualité  nitrofulphü- 
rée,le  fimple  vertige  appeilé  des  Anciens 
petite  Epilepfîe,  fe  conuertit  &  dégénéré 
en  vne  conuulfion  generale  &  vniuerfelle 
de  tout  le  corps  auec  perte  de  tous  fens  5c 
deprauation  de  mouuement  ,  laquelle  eft 
nommée  des  Anciens  Epilepfîe.  Néant* 
A  iiij 


Galien 
Hure  3. 
des  lieux 
indiffo/ts 


g.  ».  E  $  ,M  Â  L  A  D  I  E  S’ 

t  moins,  pelle  qu’on’  remarque  en  ce  fubj 
SblUpfc  fe  ^oit'  Pluftoft  aPPelier  Epilepfie  fympa: 
fin/*,  t tique  que  idiopathique ,  à  raifon  quelle 
thips.  ne  procédé  pas  du  cerueattinefine  qui  de 
foy  n’a  aucune  corruption,  mais  de  vapeurs 
acres,  acides  ôc  malignes,  ou  pluftoft  de fiu 
/  mees  &  exhalaifôs  vitriolées&  yeneneufes 
qui  s’y  font  efleuees  en  grande  abondance, 
Car  telles  exhalations  de  qualité  maligne; 
troublent, obfcurciflent  &  par  leur  acidité 
çftreignent  &  oppriment  tellement  le  cera 
-  peau  que  par  ce  moy  en  la  puiftance  d’expi-; 
per  &  refpirer,  fans  laquelle  î-efprit'animai 
ne  peut  aller  du  cerueau  au  cœur,  ny  le  vital 
du  cœur  au  ceruèau,s’aneantit  prefquetou- 
te,  le  cours  de  fon  air  eftant  empefehé:  d’oà 
vient  que  la  malade  t o  mb  ê  comme  demie 
morte  &  prefque  du  tour  efteinte..  Mais 
quand  les  plus  fenfibles  nerfs  &  meniâé 
ges  du  cerueau  fe.  fentent  aiguillonnés* 
poincts,  8c  rudemétattaiilcftsde  vapeurs'a^ 
presj  malignes  &^irulentesi  il  aduieiit  que 
le  cerueau  attaqué  inopinément  &  comme 

Êarttahifon  divin  aftaut  impétueux,  ou  bien 
L.Pacuké,  animale  bataille  &.  combat  auec 
la.è-aufe  efficiente  du  mal  comme  auec  fon 
tingiü*  Pnnemy  capital;*  &  par  ce  moy  en  fe  referre 
de  l'accès  çii  foy-meimé.3&  fembie  recourir  àfesar? 
fytUpti.  nies  pour  fe-préferuer  dpPbffenfe  qu’elid^ 
peut  •  recevoir  -de  la  matière  tant'bbftruéfck 
Se  qiie;  cdrtofiue..  De-là  p’rouiennent  les 
||>a £mes  &'mouuemens  conuulfifs  ,tantqf| 


BV  C  r.  R  V  F,  A  v-.  9 

déplus  grade,tantoft  de  moindre  duree,  fé¬ 
lon  que  la  matière  halicueufe  eft  plus  ou 
moins  abondante:  tantoft  plus  violenstan- 
ioft  plus  modérés,  félon  que  la  qualité défi-  ga  ,  fî 
dites  exhalaifons  eft  plus  ou  moins  acre  &  deL’fjio^ 
virulente.  L’eftomach  endure  prefque  mef-  ma*. 
me  mouuement  es  fanglots,  quâd  il  eft  ron¬ 
gé  ou  picqué  d'acre  exhalaifon  ou  gafté  par 
Viande  corrompue  &  d’eftrange  qualité,èu 
eft  greué  par  exccs  de  boire  ôc  de  manger 
comme  eferit  Galien. 

Et  telles  font  les  caufes  internes  &  prin¬ 
cipales  ,  aufquëlles  nous  auons  rapporte 
cefte  maladie  en  noftre  Confultation  ,  füi- 
üant  le  commun  acquis  de  noftre  fameux 
Principal  &  Supérieur  D.  Car  quant  aux  Caafe< 
externes ,  à  fçauoir  la  peur,de  laquelle  fait  êxttmts. 
mention  l’êfcrit  qu’on  nous  a  enuoyé.Senv-  ' 
blabîeipent  pour  le  regard  du  mauuais  rc-^ 
giniede.viure  que  tiennent  ordinairement 
les  filles  de  telles  couleurs  pâlies ,  nous  les 
paftbns  fous/ilence  ,  attendu  qu’on  n’en 
,^doit  tirer:  aucunes  j  indications  curatiues: 

•tfeu  auffi  qu’elles  ftefloignent  du  fuj  et,  &  ne 
w-y  attachent  finon  en  tant  qu’vne  partie 
-descaufes  antécédentes,  a  peu  quelques- 
-fois  prouenir  d’icelles:  Iaçoit  qu’entre  au- 
*res.  caufesda /terreur  peut  efmouuoir  &  . 

îboubler  grandement  les  efprits,&  par  con- 
dhqüenr  rendre  le  cerneau  enclin  à  tels  pa- 
roxyfmes,  qui  neantmoins  fe^refoudenc 
?  Commepar  exemple  la  peur  fém 


10  DES  MALADILS 

fuit  au  fil  toftque  l’efperanceeft  remifech 
fon  entier.  , 

Voicy  donc  ;  ce  qu’apres  vne  diligente 
méditation  &  foigneux  examen,  nous  iu-, 
geons&rdifons,  tant  de  la  nature  du  mal  & 
de  fes  caufes,  que  des  membres  indifpofez  : 
D’ôù  nous  prendrons  en  general  deuxindi- 
cations  curatiués  ,  l’vne  defqifèlles  aura 
pour  but  le  feminaire  &  la  racine  de  la  ma¬ 
ladie:  mais  l’autre  vifera  auxeffeds&  pa¬ 
roxysmes  qui  en  prouiennent. 

Mais  auant  que  d’entreprendre  ces  in¬ 
tentions  curatiués ,  il  nous  faut  difcourir  & 
parler  de  l’éffence ,  r efidence ,  caufes  &  gé- 
neratiènd’vne  fi  grande,  fi  occulte. &  tant  ' 
horrible  maladie,iuiuant  l’opinion  des  Me- 
decins,tântDogmatiques  qu’Hermetiques, 
afin  d’accomplir  noftre  promeffe.  En  apres 
ce  mal  fi  terrible  que  tous  les  Médecins 
-n’eftiment  pas  qu’on  le  puifie  traittèr  & 
guarir  en  vingt-cinq  ans ,  nous  contraindra 
de  quitter  le  grand  chemin  8c  la  voye  tri— 
uiale  ,v pour  fuiure  vn  certain  autr^fèqtier 
efpineux,  fcabreux,  &  plein  de  circuits  ex- 
trauagans ,  par  lequel  nous  pourrions  bien 
-aborder&  paruenir  plus  tard  où  nous  pré¬ 
tendons,  mais  auec  plus  de  feureté  qu’au¬ 
tre  ment  :  C’eft  à  dire  qu’il  nous  faudra  ne- 
ceflairement  examiner  &  confiderer  de 
bien  prés  toutes  les  difputes  &  refolutions, 
tant  des  Médecins  Dogmatiques  que  des 
Philofophes  Hermétiques ,  touchant  la  na* 


T>  V  CER7EA7.  tf 

ture  de  la  partie  mal  difpofée,  &  les  caufes 
d’vne  telle  8c  fi  grande  maladie ,  afin  que  la 
cure  &  les  moyens  d’y  remedier  nous  foient 
plus  faciles  à  trouuer. 

Or  comme  ainfî  foit,quecefte  maladie 
eftprochainede  plufieurs  autres  maux ,  fu-  fi*  a  ^ 
jets  à  degenerer  en  icelle,  ou  au  rebours ,  Il 
fera  fort  conuenable  à  noftre  propos  d’en  l'aueifi- 
traitter  par  mefme  moyen ,  veu  principale-  um. 
ment  que  leur  malignité  eftfi  grande  qu’el¬ 
les  ofent  bien  enuahir  la  plus  forte  place  de 
Phonie,  8c  fa  principale  forterefle,à  fçauoijr 
le  cerueau,fiege  de  laraifô&  de  l’ame.  Tel¬ 
lement  que  par  leur  furprinfe  ou  aflaut  non 
preueu ,  elles  font  du  tout  abbatuës,  &  nos 
fens  tant  intérieurs  qu’exterieurs  ,  comme 
auffi  les  efprits  defenfeurs  de  noftre  vie,  en 
font  deftruits ,  8c  prefque  du  tout  amortis  î 
Dont  f  enfuit  à  l’inftant  la  ruine  totale  du 
corps  humain ,  &:  vne  mort  fubite  ^inopi¬ 
née.  Ces  maux  voifinsdefquels  nous  vou¬ 
lons  parler,  outre  l’Eplepfie  qui  eft  le  prin¬ 
cipal  fuj  et  du  traitté  qü’auons  entreprins 
de  faire,  font  les  tournemens  de. telles  com¬ 
me  auant-gardes  des  autres ,  les  apoplexies 
&:  paralyfies  comme  arriegardes  :  Lefquels 
d’vn  aflaut  impétueux  attaquent  le  cerueau 
fiege  de  tous  les  fens ,  delà  raifon  8c  de  l’en¬ 
tendement  humain,  ainfî  qu’il  a  efté  dit  cy 
deuant. 

Mais  pour  rapporter  diftin&ement  les 
opinions  des  Médecins ,  de  l’vnc  &  l’autre 


££  DES  MALADIES 

Bfchole  :  Il  faut  premièrement  examiner» 
celles  des  dogmatiques  touchant  la  nature, 
les  différences  &  caufesde  telles  maladies; 

.  Or  nous  commencerons  par  l^Epilepfie , 
icelle  nous  ayant  donné  occafio ri  d’entre¬ 
prendre  ce  traitté,&  parlerons  de  fa  natur  e, 
qualité grandeur  &  cruauté ,  à  raifon  def- 
quelles  ch&fês  elle  areceudiuersnoms. 


TETRADE  DES 

PLVS  GRIEVES  MAL  A- 

DI  ES  DE  TOVT  LE  CERVEAV. 

or, 

TRAITTE'  DE  L’EPILEPSIE, 
Vertige,  Apoplexie,  &  Paralyfie, 
eompofé  des  veilles ,  obferuations  &c 
pratique  des  plus  fçauans&  experts 
Médecins ,  tant  Dogmatiques  que 
Hermétiques. 


Chapitre  ï. 

Opinion  des  Dogmatiques  touchant  l’Epileppe9 
fes  différences  9cdufes  gr  fignes» 

ES  Fhilofophes  &  Médecins^ 
confiderans  la  rigueur  gran¬ 
deur  de  cefte  fafeheufe  maladie,  D'iutfs 
luy  ont  impofé  diuers  noms.  Les  noms  fe 
Grecs  l’ont  prefque  tous  appellée  du  mot  VEfile- 
commun  à’EpiïepJte ,  à  raifon  qu’elle  en- 
nahit  tellement  le  cerueau&:  les  membres 


*4  DES  MALADIES 

qui  en  dépendent  ,  que  leurs  fondions  ea 
font  du  tout  empefchées  ,  &  principale¬ 
ment  celles  du  cerueau,  lequel  en  cefte  ma¬ 
ladie  femble  èftre  defpouillé  ôç  priué  de 
tout  mouuement  &  fentimét.  Elle  elbnom- 
mée  des  Latins-  Comitilale ,  d  autant  que  ce 
mal  auoit  accouftumé  de  faifir  ceux  qui  y 
eftoient  fubie&s,  es  alfemblees  publiques 
dites  Comitia,  en  confédération  dequoy  on 
les  remettoit  à  vn  autre  iour.Pline  l’appelle 
fornique,  Cœlius  lunatique,  Apulée  diuine, 
jjlppotr,  Hippocrate  &  Trallian  facrée ,  Àriffcote 
limt*  d»  probl.  i.  fed.  30.  l’accom'pare  à  Hercules 
malfdtri. luy  donnant  auffi  le  tiltre  d’inuincible.  Car 
Trallian  on  tient  qUe  Hercules  eftoit  melancholi- 
-  que,  &  pourtant  les  Anciens  ont  ils  appellé 
,  la  maladie  comitiale  facrée  &  Herculienne, 
mais  Galien  liu.  6.  de  l’Epidimie  veut  qu’on 
l’ait  qualifiée  du  tiltre  de  facrée  &  Hercu- 
lienne,  pour  ce  qu’elle  eft  fort  grande  &  in-, 
curable,comme  qui  diroit  plus  difficile  à  ex¬ 
tirper  que  n’eftoit  la  malle  de  Hercules  à 
extorquer  de  fes  mains.  Aretée  liurendes 
caufes  &  lignes  des  longues  maladies  chap. 
4»  efcrit  ce  qui  s’ejifuit  touchant  ce  mon- 
ftrueux  &  terrible  genre  dé  maladie.  Son 
imtafîon  eft  certes  piteufe  &  fa  fin  hideufe  a  veoir, 
comme  ainft  fait  qu'elle  fe  termine  pefr  pente,  urine 
&  lafihement  devenue  naturel.  V origine  dudit 
mal  eft  aufii  merueilleux  &  furpajfi  F  opinion  des 
hommes  :  Car  aucuns  l'efiiment  efire  enuoyeede 
la  Litne  aux  hommes  me/chans *  a  raifort  de  quop 


nr  Gervïav.  r  1$ 

ils  l'appellent  mal  [acre:  mais  cenomluy  a  ejle  im¬ 
posé  pour  antres  confderations  a fçauoir  d’autant 
quelle  est  grande  (la  coufîume  eftant  d' appt  lier 
[acre  tout  ce  qui  a  grandeur )  oupour  ce  quil  ne  fi 
pojjiblea  homme  de  l’ofier  mais  feulement  a  Dieu, 
cud  caufe quen tel eflat l'homme femblc eFlre pofi 
fedé  du  Diable y  ou  bien  elle  a  efté  ainfi  nommée 
four  toutes  ces  conjideratious  enfemble.  St  non  fans 
bonne  raifin  veu  quilproîlerne fifottdain  1  hom¬ 
me  trefpuijfant  Roy  de  tous  les  animaux, par  le¬ 
quel  toutes  chojes  deuroient  tfire  domptées  or  le 
defchirefecoueytourmente  çfr  dejromp  d'vn  e  façon 
Ji  horrible  que  les  afsislans  &fpellateurs  enfint 
frappez,  de  grande fraieur.  Dont  on  peut  conclure 
quen  icelle  gi&Jècretement  quelque  chofe  de facré 
&  dutin  par  quoy  nos  efprits  font  abbatus. 

Gr  afin  qu’on  fçache  l’eflence  &  nature  Défini 
de  cefte  maladie,tous  la  definiflent  vne  con-  tin  de 
imffion  generale  de  toutes  les  parties  à\xv^ltie^ 
corps,  non  perpétuelle-  comme  és  roidifie-  ***• 
mens  de  col,  mais  qui  arriue  parinterualle 
de  temps,  &:  ceauec  perte  de  fentiment  8c 
deprauation  de  mouuement,  ainfî  que  croit 
Galien  au  3„des  parties  malades,  chap.  y. 

On  la  diuife  en  plufieurs  efpeces  qui  Sestif- 
prennent  leurs  différences  principalement  f*rtmUo 
du  lieu  ou  gift  le  mal  &  de  fa  grandeur.  A 
raifon  de  laquelle  elle  eft  tantoft  plus  gric- 
ue  tantoft  plus  modérée.  Mais  au  regard  de 
la  partie  malade,  elle  eft  de  trois  fortes,  la 
première  defquelles  prouient  de  l’jdiopa- 
thie  eu  propre  indifpofition  du  cerueau:  le* 


l6  DÈS  MALADIES 

deux  Autres  font  fympathiques.  Car  pte£, 
que  toutes  les  maladies  6c  pareillement 
FEpilepfie  fe  font  par  idiopathie  &  fympa-* 
thie.  L’idiopathie  aduient  en  deux  manie-* 
r es  ou  par  protopathie,c’éâ  à  dire, xpiand  la 
caufe  de  la  maladie  s’eftengeiidreé  en  la 
partie'ià  malade,  ou  bien  parintroduétion 
de  la  mefme  caufe  prouenant  de  chofes  ex¬ 
ternes,  corne  de  quelque  excès  ou  d'air  te- 
petueux  fufcité,foit  par  mauuaifes  vapeurs, 
foit  par  fumees  pernicieufes  au  cerueau, 
telles  que  fé.niblent  eftre  celle  de  cornes, 

-  le  parfum  de  bitume  6c  de  la  pierre  precieu- 
fe  dite  Agathe,  Elle  arriue  aufti  par  deute- 
ropathie  c’eft  a  dire  par  indifpofition  mc- 
,  diate,à  fçauoir  quand  le  cerueau  eft  troublé 
&  vexé  par  la  mauuaife  difpofition  d'vne 
autre  partie  d’où  la  caufe  du  mal  fe  tranfV 
porte  en  iceluy, la  première  racine  &fémi- 
naire  demeurant  toutesfois  en  mefme  lieu: 
ce  qu’on  dit  aduenir  par  metaptofe  ,  la-. 
"  quelle  eft  de  deux  fortes  félon  les  dogmati¬ 
ques:  l’vne  critique  &  toufiours  Salutaire 
aumalade,appelleedes  Grecs  a^^'J’autre 
fy.mptomatique  nommée  metaftale,  qui  eft 
toujours  pernicieuse  au  patient. 

Quant  à  l’Epilepfie  fympathique  elle  s’en» 
gendre  en  deux  façons,l’vnequi  eft  prefque 
toufiours  mortelle,pàr  Epigenefe,  laquelle 
quand  la  caufe  efficiente  du  mal  fé  trans¬ 
porte  par  les  veines,  arteres  8c  nerfs  dudit 
premier  feminaire  dont  elle  prend  fa  four* 

ce. 


:  -  D  V  CERVÉAT  17 

èe  &  qui  ne  laide  de  fublifter  au  cerneau, 
jL’autre  aduient  ordinairement  par  limple 
communication  qui  conlifte  en  genre  fem- 
blable,  communauté  d’œuure  8c  proximité 
de  vaiffeaux.  Et  voila,  toutes  les  manières 
d’Epilepfie  fympathique  8c  idiopathique. 

De-là  viennent  les  troi^  diuerfes  Epile^plies 
dont  la  plus  dangereufe  eft  appellee  de 
Cœlius  léthargique,  la  fécondé  furprend 
l’homme  d’vne  autre  façon,la  troifiefme  eft 
ineflée  des  deuxpremieres.Ou  bien  comme 
veulent  quelques  vns,Cefte  maladie  idiopa¬ 
thique  le  nomme  proprement  Epilepùe  : 
mais  lafympathique  eft  de  deux  fortes,Ivne 
defquelles  s’appelle  analeplie  qui  prouient 
de  la  mauuaife  difpofition  du  ventricule.  Et 
l’autre  Cataliplie  caufée  par  le  venin  delà 
matrice,ou  des  Hypochondres,  ou  de  quel- 
queautr  e  partie  mal  difpofée.  Par  les  lignes 
precedcns  Uous  auôns  recognu  8c  donné  à 
entendre  que  ladite  Damoifelle  eftoit  affli¬ 
gée  de  celle  derniere  efpecé.  M'aisii  y  a  en- 
corcs  d’autres  indices  8c  terribles  fympto- 
mes  qui  ont  prefque  touliours  accouftumé 
d’accompagner  celle  horrible  maladie  def-  **$$*£* 
quels  Aretée  fait  vne  éxa&e  defcription. 

Or(dit ilj pendatVaffaut de  cefte  maladie } l'horm  ***** 
gift perdus  de  [es  ses ,  a  les  mains  retirées  par  l’efte- 
duè  des  nerfs ,  quat  aux  tabes  elles  font  non feulcmei 
èfiart  tes  y  tuais  aujft  iettées  &  agitées  ça  &  la*  fin 
col  eft  eourbéy  fatefte  tournée  &  torft  diuerfiment9 
sar  aucwesfois  elle  fi  courbe  pe  plu*  ne  moins 


qu’vn  arc,d  jf  avoir  quad fes  mâchoires  touchent  à 
fa poiftnnepar fois  elle fe  renuerfefur  les  ejpaulesa 
la  maniéré  de  ceux  qu'on  lire  violemment  par  Us 
cheveux, fe  mouvant  tantofi  vers  l'vne  tantofi  vers 
l’autre  efpavle.  Ainfi les pauures  malades  ouvrent 
la  bouche  d'vn  merveilleux  baailkment,  l'ont fei- 
che,  tirent  la  langue  filon  pue  qu’elle  efi  en  danger 
9U  de  recevoir  vnt  grieueplaye,  ou  d’efire  totale¬ 
ment  couppèe,  quelquefois  leurs  dens  s'entrecho¬ 
quent  par  conuulfion,  leurs  y  eux font  renverfés,  les 
paupières  s’ ouvrent  avec  frequente  palpitation.  j 
Que  s’ils  veulent parfo  is  cligner  les  yeux ,  Us pau¬ 
pières  ne  fe  ferment  pas,  mais  on  voit par oifire fous  j 

icelles  U  blanc  des  jeux,  ils fe  refrongnent  comme 
s’ils  e fiaient  provoqués  À  courroux,  leur sioues fort 
rouges  tremblent  >  ils  ferment  quelquesfois  leurs 
leur  es  en  pointe  ,  par  fois  elle  s' ejlargijfent ,  mais 
obliquement ,  a  feaueir  quand  elles  s’ efiendent  en¬ 
viron  les  dens  a  la  femblance  d’vn  qui  voudrait  ri¬ 
re,  Les  Canaux  du  col  s’ enflent ?tls perdent  lapa- 
rôle  comme  ceux  qu'on  efirangle,  quoy  que  vous 
les  appclliez.  a  trefhaut  cri,  ils  ri  entendent  point» 
la  voix  d'ictux  riefi  que  gemiffemens &foufpirs, 
leur  refpiration  efi  ftmblable  a  la  fuffocation  de 
ceux  qu’on  efiranglent  avec  vne  hard ,  Au  com¬ 
mencement  t agitation  des  arteres  efivehemente» 
fiudaine  &  courte,  mais  fur  la fin  elle  efi  grande, 
tardive  &  languiffatne .  T)’ avantage  fils efeument 
par  la  bouche  ainfi  qu’vne  mer  agitée  de  grande 
tempe  fie,  a feauoir  quand  ils  reviennent  d  leur  bon 
fes  drfe  releuéuAu  furplus  incontinét  que  la  mala « 
dit  fies  a  quittés 3  ils  Je  fentes  avoir  les  mébrts  deki~ 


i)V  CERYEÀV;  ï? 

les,  le  cerneau  peftnt ,  eftans  aujJUafihes,  Idnguif- 
fans, patte  s ,  &  éfionnez,  ils  font  triées  &  honteux 
d’auoir  cfté faifïs  d’vne  telle  maladie. 

Les  médecins  diuifent  les -caufes  d’vne  fi  Ceupesit 
grande  &  horrible  maladie  en  externes  ou  lfe&fs 
primitiues,&internes3à  fçauoir  anteçeden^  J^euse 
tes  &  coniôintes.  Ce  mal  s’engendre  le  plus  f9ïtei. 
foùuét  d’aliment  corrompu  félon  l’opinicn 
de  Galien  Aphorif.  a.  comment.  4ji  &râu_f, 
des  parties  malades  chap.  6.  8c  ailleurs  il 
efcrit  ces  propos  :  New  auons  il  y  a  iÀ  long¬ 
temps  veu  quelques  vns  attaintts  &  faijis  de  son - 
mlfion  comitiale  pour  la  mamaife  difpofition  de 
leur  efiomac  :  ayans  ou  mal  digéré  la  viande 
on  prias  beaucoup  de  vin  trop  pur  ,  ou  se- 
fans  outre  mefure  addonnez.  au  plaiftr  vé¬ 
nérien.  Aüincenne  eft  de  mefme  opinion  au  L,s  *** 
i.  8c,z.  traitté.  Les  caufes  (dit il)  qui  excitent  uirM* 
l’Epilepfic  font [ouuentes fois  aidées  &  fécondées  par 
caufes  extrinfeques*-  telles  que  f ont  l'vfage  immo¬ 
déré  ou  l'excès  du  manger  &  du  boire ,  la  rep  letton 
caufant  T appétit  de  vomir-*  la  longue  demeure  an 
Soleil  >  r incontinence ,  f  exercice  prins  fur  la  rr- 
pletiont  &  ce  qui  débilité  le  cœur  par  crainte.  L  e 
perfum  de  bitume, d’Agathe,  de  corne  de  jget;ds 
cerf,Vodeur  du  foye  rofty  d’vn  cheureau3le-  tetr-  v 
die  foye  quand  on  Iemange,&  plufîeurs  au-  A»"®-  *•'  - 
très  chofes dôc  Aëtiusfait métiô,font  mifes 
en  mefme  rang  que  iefdites  caufes  externes. 

En  outre,  les  Dogmatiques  n’ont  pas  via  Les  *» 
mefme  fentiment  des  caufes  internes,  ny 
touchant  la  maniéré  de  la  génération  dudit 

B  ij  ■  ;  ' 


1 


l'O  L  &  S  M  A  t  AD  ÉI  £ 

.  mal.  Car  aucuns  eftiment  qu  ii  prêtaient 
Aijferen-  d’vne  humeur  cralfe  laquelle  eft  prefque 
«ma»,  toufiours  froide  &  obftru&iue,  Les  Mede- 
*b*nt  cins  experts  allèguent  beaucoup  de  chofes 
fj Zj>tUj>'  au  contraire  rapportans  celle  maladie  à  vne 
**e-  caufe  pluftoft  fpirituelle  que  corporelle* 
pluftoft  fubtile  que  cralfe.Car  la  fubtile  ge« 
neration  &  refolution  d’icelle  maladie3tef- 
moignent  que  la  matière  eft  fubtile  &  en 
petite  quantité:  eftant  impoffible  que  cela 
,  aduienne  par  efpaifleur  de  matière.  Cal  4 
toutes  cliofes  efpailfes  femeuuétaùec  diffi-  ; 
culte  félon  le  commun  iugcment  de  tous  .  f 
lesMedecins3maisGalien  qui  tiét  la  premie- 
.  re  opinion ,  fie  fert  du  mefme  argumét  pour 
confirmer  fa  creance  par  laquelle  il  attri¬ 
bue  ledit  mal  àl’eîpaifteur3c’eftau3.des  par-  J 
ties  malades,,  quand  il  dit ,  Il  eft  ettidentqut 
cefte  maladie  ne  procédé  point  d'aridité &vacna~ 
lion  mais  dû  vne  humeur  toufiours  craffe ,  par  ce 
qu’elle  s’engendre  &  refont  Juhitement.  Car  il  eft 
.  Certain  que  ia  foudaine  obftruction  des 
pallages  ne  prouient  finon  ?  d’vne  «hu¬ 
meur  cralfe  &vifqueufie3  les  Médecins  ont 
-  prefque  tous  mefme  opinion,  s’eftâns  per- 
füadez  que  celle  maladie  a  pour  caufe  vne 
humeur  craffe &gluante,  Hippocrate  l’en- 
Gal  i  ie  ^g^ant  ainlï  au  liure  d  e  la  maladie'  fiâcSrée; 

U  metbo.  eomme  aulli  Galien  en  plufieurs  endroits? 
thap.  x.  8c  Paul  liure  3.  chap.  13.  Qui  plus  eft  le 
liure  z.  mefme  Galien  au  quatriefme  des  parties 
ma^es  P^knt  ijç  lalethargie,  apoplexie 


‘D'V  CERVEAU.’  tï 

êz  Epilepfie,  dit  que  la  froidure  &  vne  humeur 
ejpaijfe  ou  toute  vtfejueufe,  font  eaufes  de  ces  mit  7.je  u 
maladies  :  Semblablement  au  i,  Aphorif.  hile  noire 
chap.  45.  il  efcrit  ees  paroles.  Car  la  rada-  chaP-  ^  t 
die  Comitiale  efr  aucunement  voifine  de  celle 

appelle  Apoplexie  t  veu  quvne  mefme  partie  çhap.i. 
jèuffre  en  Ivne  &  vautre  ,  &  que  toutes  deux  ont  ’ 
pourcaufe  vne  mefme  humeur. Il  elle  eft  auffi  I  o- 
pinion  de  plufieurs  modernes  ,  &  iceux 
grands  perfpnnages.  Mais  la  fubite  refolur* 
tion  8c  prompte  génération  d’icelle  mala- 
die,renuerfent  cefte  pithanoiogie.  A  raifon 
dequoyplufieurs  autres  Dogmatiques  fort 
célébrés ,  fùiuent  l'opinion contraire,  ainft 
que  nous  auons  dit  cy  deftus.  Quant  à  moy 
certes  ie  foufcry  volontiers  à  leur  opinion: 
pour  laquelle  confirmer,  &  adioufter  quel¬ 
que  chofe  aux  raifons  d’iceux,  en  attendant 

que  nous  déclarions  incontinent  plus  au 

long,  &  plus  clairement  noftre  creance,  à 
fçauoir  quand  nous  produirons  amplement 
ce  qu’en  croient  auffi  les  Hermétiques.  Refatatlp 
Nous  demanderons  finalement  icy  vne  detopinii 
feule  chofe,  à  ceux  qui  mettent  la  çaufe  de  trrenee. 
l'Epilepfie  en  vne  matière  craife  &  corpo¬ 
relle  ,  dont  s’engendre  auffi  l’Apoplexie, 
comme  ils  fouftiennent  :  Indui&s  & 
perfuadez  par  cefte  groffiérë  opinion  de 
Galien ,  que  cefte  maladie  pjouient  tôuf- 
jqurs  d’vne  humeur  crafte ,  à  raifon  qifeile  Lacaufc 
s’engendre  &  refout  fubitement:  Nous  léur  Ve  l'Epi* 
ferons  (dije)  cefte  demande.  Si  l’efpeffèur  tyfiî 
B  îij 


I 


21  DES  MALA  D  TES. 

de  la  matière,  &robftru&ionfoudaineelî: 

^^.neeelïàfire  pour  fubitement  engendrer  & 
tmecraf  refoudre  l’Epifepfie,  comme  ils  veulent, 

(e.  d’où  vient  que  f  Apoplexie  ne  finit  auffi 
fouda.in  quelle  a  commencé,  eftant  notoire 
que  Ton  afiaut  eft  précipité,  mais  quelle  ne 
celle  pas  en  fi  peu  de  temps ,  6c  qu’ elle  ne  fe 
termine  linon  auec  difficulté ,  où  apres  vn 
long-temps,  voire  fouuentefois  par  la  rfiort 
mefine.  Car  fi  des  humeurs  cralîes,  pituites 

çrielles* contribuent- à- lagene-.  -J 
ration  de  l’Epilepfie  y  Pourquoy  la  gour- 
mandife^lv  £age  imrnod  eré  du  vin  excellent  j 
6c  halitueux,  lincôtinence  6c  coït  trop  fre-  i- 
quent,  la  peur  6c  terreur,  les  exhalaifonsôc 
vapeurs  de  certaines  chofes  fiifilites,  appré¬ 
hendées  par  les  narines  &  flairées,  font  el¬ 
les  mifes  au  nombre  des  cailles  externes 
qu'ils  approuuent  6ç  recoiuent  |  Çes  caufes 
çonfiftent  elles  Suffi  envne  matière  çralïe,  à 
ce  , iepi’ejlies ,  puifient,. . engendrer  lobftru- 
étion  qui  caufe  la  maladie?  Maisaucon- 
'  traire  ,  >le .  boire  ’6c  le  manger  font  contenus 
Aans^’efiomac  pn  leur  matière  erpaifie, 
rien -ne  s’en  tranfporte  au  cerneau  ,  linon 
des  jexhalaifons  6c  vapeurs  fiibtiles.  Le 
mefme  le  peut  auffi  dire  des  mauuaifes 
v  -pfie^rs,  qu’on  perçoit  feulement  parleurs 
.exhalations,  6c  par  ce  moyen  fufeitent  la 
maladie,  non  par  leur  matière  cr  alle.  Quant 
.  jîtjux  paufes  in  ternes  j  aflauoir  les  anteceden- 
.  *  tes  &rcoffioin<ies:  Nous,  auo  ns  j  à  allez  de- 


DV  CERVEAV.  *5 

monftré  en  l’Epilepfie  dont  i’ay  parlé  cy  de- 
uant,  qu’elle  eft  pluftoft  fympathique  que 
idioparilique.  Ge  qui  eftant  ainfi,  faut  il  L* 
que.fa  caufe  efficiente  prouenant  de  l’indil-  l'EP*  ~ 
pofition.du  ventricule,  ou  de  la  matrice,  ou 
bien  de  quelque  autre  membre  inferieur" 
monte  aucerueaupour  y  exciter  la  maladie? 

Que  fi  ladite  caufe  eft  efpaiffe,  comment  s’y 
pourra  elle  efleuer,  fi  ce  n’eft  par  fubtiles 
vapeurs  &  exhalaiforis,  veu  que  le  propre 
d’vne  matière  crafle  &  corporelle,  eft  piuf- 
toft  de  defcendre  que  de  monter  ?  Qui  exa¬ 
minera  deuëment  &  entendra  bien  Galien 
mefme,  trouuera  qu’il  parle  Comme  nous 
;en  plufieurs  lieux.  Pour  exemple,  au  5.  des 
parties  malades  chap.y,  efcriuant  dePEpi- 
lepfie  naiflant  de  i’eftomac,  il  met  en  auant 
l’exemple  d’vn  Grammairien  qui  deüenoit 
Epileptique  toutes  &  qualités  fois  qu’il 
dogmatizoit ,  meditoit ,  &  fe  mettoit  en 
cholerciraais  telles  nialadies.d’efprit  fe  peu¬ 
vent  elles  attribuer  à  vne  humeur  crafle  & 
pefantc,  qui  tend  naturellement  en  bas?  .A 
mefme  fin  peut-on  femblablement  alléguer 
vn  autre  pafiage  de  Galien,  où  il  produit 
l’exemple  A’ vn  certain  -garçon ,:  lequel  ap- 
perçeuoit  fenliblement  monter  peu  à  peu 
de  faiambe  à  faxuiflè,  àrdeia  çuifle  à  la  hâ- 
.  che,  puis  au  cqI,  &  finaleinenp.  ep  fiqn  cer- 
ueau  vnè  vapeur  qui  l’alîbupilToit  il  profon¬ 
dément,  qu’itne  pouuoit  pas  mefme  fentir» 

M  efiiçndre.  il,  y  a  encpres^jexemple  dqÿ 
. 1  ^  iij 


5,4  DES  MALADIES 

morfure  d’vri  fcorpion,  combien  toutcsfoîs 
que  Aetius  a  obferué,  &  annoté  cpie  ceftë 
efpece  d’Epilepfie  aduenoitpeufomieht.  >' 
Mais  oyons  Aretée  proférant  cés  paroles, 
touchant  Faccez  Epileptique.  Il  furuient 
( dit  il )'a  quelques  •uns,  commette eant  par  tous  lèi 
nerfsofloignez  du  cerneau  qui  attirent  le  chef  forts 
la  puijfance  &  obsyjjànce  du  mal.  Pourtant  les 
plus  grands  doigts  des  pieds &des  mains fe  retirent 
ils  y  dont  s  enfument  la  douleur ,  T eftorin  entent t  & 
tremblement,  qui  ajfaillent  aujfi  le  chef  quand  le 
mal  s'yefhantgliffePa  enuahy.  Dabohdantpar  ci 
tnefme  moyen  fèfait  vn  fin  efilaitant ,  comme  s'ils 
cfioient  frappez  auec  bois  ou  pierre,  &  apres  quils 
fi  font  retenez  de  terre,  ils  tiennent  des  propos  tels 
que  fi  on  les  auoit  batusà  limpourucu.Votla  certes 
comment  font  trompez  ceux  que  cettemnladie  co  - 
nienee  kfurprendre Quant  a  ceux  aufqusls  elle  efi 
familière  &  ;  ordinaire  y  incontinent  que  leur 
doigt,  ou  quelque  autre  partie  en  ejl  premièrement 
affaillieyilS  appellent  kùurficours,  ceux  qui  font 
prefens  &  proches  deux  ,  &  par  expérience  pre- 
mfent  tefiat  mifirable  ou  ils  tomberont ,  prians 
aüjp  qu'on  contraigne \  redrejfe  &  addrèjfe  les 
membres  doit  le  mal prendfa four  ce:  ,  &  qui  plus 
é&,  eux  itièfmes  tiiôeiit  ffi  retirent  leuïsmembrec 
indifpofez  ,  çorntpe  i ils  en  de&ournoient  la  mada à 
die.  £ t  s'aidant  dinjî  eux  mefmes  dis  note  ont  au a 
cunesfaisjàninea  cpgnotBm  drf  ait  entendre  leur 
dite  maladie.  ' 

::  Ce  .peu  de  ;raifons  fuffirâ  pour  monftrér 
Uûéc  comBren^ràndc  abfuréit  éôri'  f'àr  p  p  or* 


pv  cerveav.  t  M 
te  la  caufe  de  l’Epileplie  a  vne  matière  cra 1- 
te  8c  pituiteufe:Et  cobien  elle  eft  differente 
8c  euoignce  de  celle  qui  engendre  £Apo- 
plexie,  quoy  que  Fopinioi}  de  Galien  loiç 
contraire. 


Ch  a  p.  1 1. 

Quelles  font  les  caufes  du  1/erùge  ou  tour - 
nément  de  tefie,  félon  Topinion  des  mefmss 
Dogmatiques. 

Mais  afin  que  la  vérité  de  noftre  pro¬ 
pos  foit  plus  euidente,  qui  oferà  diré 
que  les  tournemés  de  tefte,  appeliez  des  an¬ 
ciens  petites  Epilepfies,  naiffent  de  telles 
humeurs  craffes  ,  pituiteufes  &:  froides? 

Si  nous  regardons  aux  caufes  externes  Caufes 
qui  les  fufcitét,  elles  feront  trouuées  pref- 
que  femblables  à  celles  que  nous  auons  dit  ge.  '  ' 
pouuoir  contribuer  à  la  génération  de  l’E- 
pilepfie  }  telles  que  font  la  gourmandife, 
l’yurongnerie  8c  autres  chofes  femblables, 
qui  font  monter  des  vapeurs  &' fumées  au 
cerueau.  Cela  adulent ,  di6b  .Galien (parlant  GatyJes 
des  premières  caufes  du  vertige)  principale-  f^olaJes 
ment  apres  quon  a  le  cerueauefchauffe.foit  de  la  ch*p.%, 
chaleur  du  folcil,  foit  d'ailleurs),  ou  bien  remply  de  y 
quelque  exhalaifon  chaude  &  vaporeufe  ,  8c 
.Aetius  a  mefme  fentiment.  Ceux  (dit  il J  dont 
'  (es  exsremcs  ordinaires  [ont  retenus  &  empcfchcz? 


■ 

ï6  -  T >  Ê  S  MALADIES 

umhentfacilewent  en  ceïle  maladie  :  laquelle  cft 
attffi  çausée  par  cruditez,  ardeurs  continuelles  & 
yurongneries.  Le  mefme  authcur,  au  cditfe 
jnencement  du  7.  chap.  du  mefme  îiure,  ef- 
crit'&rapported‘,Archigenes^:Pbffiijio- 
nius  ces  paroles  ,  par  vapeurs  chaudes  &  acres 
qui  ont  monté  au  cerneau^ y  abiatent  ielprit  ;f 

animal ,  (ont  premièrement  caujez  quelques  ef- 
blouijjemens  &  sbupiditez.  '  ' 

Toutes  ces  raifons  deuëment  examinées, 
on  trouuera  que  tels  vertiges  procèdent 
des  feules  vapeurs,  qui  fe. font  efleuées aü 
ceruèaù.  ‘ 

Zi s  an-  Quant  aux  caufes  antécédentes,  &  cou-  -M 
tecedentes  ioihëtes  de  cefte  maladie,voicy  ce  que  Ga- 
^îphorif  lien  efcxit  des  antecedentes  :  Le  vertige  (dit 
3  cornai  O^pro  nient  d  vne  hnmtur  ejrneue  dans  le  corps 

d'vn  ejpritgrojjier.  Le  mefme  Galien  Aphorif. 
y. comment.  ji.  parlant  de  1 a  çauie  çpnioin- 
éfce  :  .Les, vertiges  f  dit-il)  (uruiennent à  caufc  ' 
dvn  efprit  vaporeux  qui  s'ejmeut  ès  parties  ,c$M  ( 
cerneau  d'vn  moimernent  depraué,  Touchant 
'  les  vertiges  fÿmpathiques  ,  &  leurs  caufes 
fe  qui  s’engendrent  parLaeorrefpondance  des  J 

parties  inferieures,  ledit.  Gai iêp  en  diucts  \fe 
■  Iieux,faifant  mention  d’icelles,  les  rapporte 
toutes  à  des  fumées,  vapeurs,SC:fubtifes'ex~ 
halaifons.  Cequ'on  peutrepiarquer  en  fon 
commentaire  3fe fur  le  3.  liur evlcs  Aphprif- 
>rnes,  8c  au  3^  des  parties  malades  chap ^ 
'Anime»-  X)e  •  mefriie  «^iniqg. ,  ont  g£fcé  Auinceriné, 
"tthé  f  *  ^r^a^us  ^  autres  ,  és  eferits  defquels  pp 


BV  CERVEAV.  IJ 

verra  que  toutes  les  caufes  des  tour nemens 
de  telle,  fe  doiuent  pluftoft  rapporter  à  des  apb*rifi. 
fumées  halitueufes,  vaporeufes  &  pleines  cor».  3. 
d'efprits,  qu'à  des  humeurs  cralFes  &  pitui- 
teufes,foit  qu'icelles  vapeurs  halitueufes  & 
fuligineufes  refident  au  cerueau ,  ou  bien 
qu'elles  s’y  foiét  trafportéesd’ailleuts.Car 
quand  vne  fumée  puante  8c  fuligineufeviét 
à  monter  par  les  veines  art er  es,  és  membra¬ 
nes  ou  tayes  qui  contiennent  8c  couurent 
la  eeruelle,  l’efprit  animal  y  engendre  des 
flatuohtez  vaçoreufes,  dont  il  efl  entière¬ 
ment  opprimé  8c  fuffoqüé.  Que  fi  elle  efl: 
contrainte  de  fe  retirer  és  nerfs  optiques, 
elle  y  füfcite  des  tournoy  emens  &  vertiges. 

Par  ainfiPEpilepfiefexloitauflï  attribuer  à 
telles  8c  mefmes  caufes  :  veu  que  Galien 
mefme  auliu.  appellé  IntroduElionoule  Mé¬ 
decin,  a  efcrit  que  les  esblomlfemens  8c  ver¬ 
tiges  font  maladies  prochaines  dumalca- 
-  duque,  qui  prouiehnent  de  mefmes  caufes, 

&  font  leur  refidenjçe  en  mefme  lieu,  àfça- 
uoir  au  cerueau.  Cela  eflant  ainfi,il  s'enfuit 
quel'Epilepfie  &:  l'Apoplexie  n’ont  pas  vne 
mefme  caufe.  Ce  que  Galien  a  toutesfois  fie& 
fouftenu  au  lieu  fuf-allegué ,  comme  ainfl  fApapltl 
foit  que  félon  la  commune  opiniomdu  *te»ont 
mefme  Galien  8c  prefque  de  tous  Mede- 
cins, l’Apoplexie prédfon origine d’vne pi- 
tuite  froide,  vifqueüfe,  efpailfe,  ou  bien  de  G*l  aph  l 
melancholie,  veu  auffi  que  nous  auons  fuf-  «.»»*. 
fifamment  demonftré ,  que  les  racines  des  PauUi"‘ 


*§  JD  E  S  MALADIE 

tournemens  de  telle  qjirfont  petites  Epi- 
leplies,ont  vne  nature  bien  differente.Mais 
puifque  nous  Tommes  reuenus  à  parler  de 
l’Apoplexie,  qui  au  iugement  de  Galien  a- 
uoiline  de  bien  prés  T  Epilepfie ,  ainli  que 
nous  auons  dit  cy  deuant,  Toit  au  re¬ 
gard  de  Ton  liege ,  *ou  des  Tes  caufes,  ainli 
qu’en.  effeCt  nous  voyons  beaucoup  d’Epi- 
leptiques  tomber  en  Apoplexie,&  récipro¬ 
quement  plusieurs  Apoplectiques  élire 
fouuet  aflaillis  d’Epilepfie,  &compliçation 
de  maux ,  dont  s’enfuiuent  ordinairement 
la  mort ,  Il  nous  faut  particulièrement,  &c 
exactement  confîderer  la  nature,  le  liege  & 
les  caufes^d’vnefi  horrible  maladie.  Gom¬ 
me  ainli  foit  que  nous  voyons  la  principale  . 
fbrtereffe  de  l’homme,  à  fcauoir  le  cerueau, 
en  eftre  attaquée  &  enuahie  non  moins  vi- 
uement  ,  ains  plus  cruellement  &  rude- 
mét  que  de  i’Êpileplie:  attedu  qu’en  vn  mo¬ 
ment  tous  les  fens  viennent  à  défaillir,  & 
fouuentesfois  la  mort  à  fuceeder  :oupour 
le  moins  la  maladie  fe  change  en  vne  refo- 
lution,&  comme  en  vn  amortiffement  de  la 
moitié  de  noftre  corps,  ou  mefme  de  toutes 
Tes  parties. 

Celle  exaCte  perquifition  &  examen 
qu’auons  entreprins  de  faire,  touchant  vne 
t£jle  maladie,  nous  fera  par  aduenture  voir 
jilüs  clairement  ce  qu’il  y  a  d’occulte  &  ca¬ 
ché  és  eau  Tes  de  lEpilepfie,  &  par  ce  moyen 
nous  pourrons  apporter  vn  plus  fondain  ôc 


B  V  CERVEAV.  .  2.9 

leur  femede  à  ces  deux  maladies  les  plus 
grièues,  &  plus  horribles  de  toutes.  - 


C  h  a  p.  il  L 

DefinitiQnjdufc s^differences  &  jignesdel’A - 
poplexie3felon  F opinion  des  Dogmatiques, 

Ce  s  t  e  maladie  eft  appellée  des  Latins  Etygnîo-* 
fideration  &  eftônnement  ,  mais  les  giedant* 
Grecs  l’ont  nommée  Apoplexie  ,  d’autant 
que  ceux  qui  en  font  détenus,  femblent  a- 
tioir  efté  touchez  8c  frappez  du  Ciel ,  ou 
bien  à  raifon  qu’ils'  tombent  fubitement,  Cœlim 
comme  d’vn  coup  &batture  mortelle,  ie  litt-  x  ^s 
diray  en  peu  de  paroles  quel  fentiment  les  mfUaiSi 
Dogmatiques  ont  de  fa  nature,  différence, 
refidence  &caufes.  L’apoplexie  n’eft  autre  Defaitii/ 
chofe  qu’vne  foudaine  priuationde  moi £-  del’apo- 
uement  &  de  fentiment,  8c  par  confequent  ftlex,e- 
de  toutes  les  facultez  animales.  Ainfilano-  n^af- 
ment  Galien,Paul,  Aëtius,  Àuincenne,Cel- 
fe,&prefquetous'lesMedecins,tantanciës  10.2. 
que  modernes,exprimans  par  tel  nom  la  na-  -ApUri 
turé  d’icelle.  Or  ceux  aufquels  furuiennent  , 

cefte  maladie,  tombent  par  fois  foudaine- 
met  fans  qu’aucuns  lignes,  ou  autres  indices  tés.cdjh 
ayent  précédé  :  Et  comme  s’ils  auoient  efté  li». 3  chap 
^foudroyez,  gifent  tellement  efperdus  &  *7» 
priués  de  mouuement,  fens  &  entendemét, 
ce  quelquefois  auec  beaucoup  de  fiente» 


30  DÉS  MALADIES 

qu’eftans  appeliez,  ils  ne  refpondent,  voire 
ne  Tentent  point,  qtioy  qu’on  les  tire  parles 
cheueux,  ou  qu’on  lespjque  d’vn  aiguillon. 
C’eft  pourquoy  on  dit  q*c  cefte  Apoplexie 
eft  la  plus  grieue  &  aétuelle  des  quatre  for- 
î*jt**i'  tes  e%ue^es  on  la  diuife.  Il  efchet  aucune- 
‘  fois  que  quelques  lignes  font  concurrence 
&precedent,€ômme  les  pefaiïteurs  &  dou¬ 
leurs  de  tefte,  les  vertiges,  efblouïïTemens, 
deprauation  de  îugement  &  de  toutes  les 
;  facultez  animales,  tremblement  de  corps 
vniuerfel,  grincement  de  dens,  y oix  trem¬ 
blante  &  interrompue  ,  vn  profond  fom- 
meil  &  grande  lafcheté ,  palpitation  de 
membres,  &  principalement  de  leures,  ar- 
reft  des  veines  iugulaires,  vne  memeilleufe 
&  extrefme  froidure  d’extremitez  ,1’vrine 
? aul. lia.  trouble,  obfcure  &  pourprée,  touchant 
3.«om  18.  quoy  voyez  Paul  &Àuincenne,dans  lequel 
x  j  vous  pourrez  iemblablemeiit  apprendre 
traittéy.  par  quels  lignes  l’Apoplexie  différé  de  la 
léthargie,  fuffocation  de  matrice,, lîncope, 
exftafe  melancholique ,  Epileplîe,  bref  de 
pareils  inaux  voilîns  de  PApoplexie. 
fitgtde  Sçachans  donc  &  nous  eftant  notoire 
VAfoflt*  par  difcours  precedent,  que  le  cerueaa 
m,t‘  mal  difpofé  eft  le  lieu  où  relide  l’Apople¬ 
xie,  laquelle  deftruit  entièrement  la  faculté 
animale,  ç’eft  à  dire  qu’en  tonte  Apople^ 
xie,  le  fens  &le  mouuement  fe  perdent,  8c 
que  les  autres  fonctions  animales  y  font  du 
tout  abolies  (defcription  qui  eft  prime  des 


DV  C  E  RVE  A  V.  '  jf 

feuls  fymptomes  )  Voyons  maintenant 
quelle  eft  celle  indifpofition ,  qui  par  vii 
âffaut  fi  foudain  8c  inopiné,peut  de  foy  pre¬ 
mièrement  arrefter  en  vn  inftant  la  diftri- 
bution,  cours,  influence  8c  pénétration  de 
l’efprit  animal  es  nerfs  deftinez  au  mouue- 
ment  &  fentiment.  Et  par  cemoyen,em- 
pefcher  toutes  les  plus  belles  fondions  de 
lame.  Outre  ce, il  faut  confiderer  fi  c’eft 
vne  inefme  maladie  que  l’Epilepfie ,  tant  au 
regard  de  fon  fiege,qu’à  raifon  de  fes  cau- 
fes, comme  eftimeGalieniou  bien  fi  ce  font 
deux  diuerfes  maladies  qui  toutesfois  s’en¬ 
tretiennent,  ou  font  voifines  entre  elles. 

S’il  eft  ainfi  d’où,  ie  vous  prie,  naiftra  la 
différence  qui  fe  trouue  entrel’vne&  l’au¬ 
tre  maladie,  n’y  ayant  en  l’Epilepfie  qu’vu 
mouuement  depraué,  auec  concuffion  8c 
torture  de  membres,  mais  en  T  Apoplexie  le 
corps  vniuerfel  efiaiit  priué  de  tout  mou- 
uement  &  fentiment  ?  Ioinéfc  que  l’Apople» 
xie  dégénéré ,  &  fe  termine  fouûent  en  Pa- 
ralyfie,  ce  qui  n’arriue  iamais  à  l’Epilepfie, 
commeNtous  les  Grecs,  8c  autres  Médecins 
fort  célébrés  fondez  fut  1’experience  ordi¬ 
nairement  vnanimement  confefle,  horfinis 
vnfeulAuincenne.  ~  | 

Pour  refoudre  cefte  queftion  con£or jnê-l-Dijfereaï 
ment  à  l’opinion  de  plufieurs  Dogmâtî-V* Ar¬ 
ques,  ils  eftiment  qu’en  l’Apoplexie  ,Vob^0f>leic,f 
ftruélion  des  ventricules  8c  paflàges  du  cer-  %^ie  °5 
neau  eft  parfaire,  complétés  ôc  entier  ëj 


DES  MALADIES 

Parquoy  le  cours  8c  flux  de  l’efprit  animal 
es  nerfs,  eft  totalement  arreflé,  8c  le  corps 
par  confequét  deflitué  de  tout  fens  &  mou- 
tlement.  Mais  en  î’Epilepfie ,  ils.  croient 
qu’il  y  a  feulement  quelque  obftruéKon 
laquelle  ne  comprend  pas  enfemble  tousT 
les  ventricules  du  fccruéau ,  ains  feulement 
quelques  vns,  lefquèls  ont  bien  la  vertil 
d’efteindre  le  fentiment,  mais  ne  peuuent 
.finon  deprauer  le  mouuement,  &ce  pour  la 
idiuerflté  des  nerfs,  dont  aucuns  feruent  na¬ 
turellement  à  fentir,  les  autres  à  fe  mou- 
ti'oir.  Et  voilà  la  différence  que  mettent  les 
Dogmatiques  entre  ces  deux  maladies  dé¬ 
plorables.  Or  fl  nous  reprenons  8c  confî- 
derons  de  prés  noftre  difcours  precedent 
touchant  les  caufes  de  l’Epilepfie ,  nous 
trouuerôs  que  ce  mal  ne  proüient  pas  tàt  de 
la  quantité  obftrudiue  des  humeurs  ou  va¬ 
peurs  efpaifles}  que  d’vrie  certaine  qualité 
maligne  8c  venimeufe  diredemeht  contrai- . 
re  8c  pernicieufe  au  cerueau.  Ce  que  nous 
recognoiflons  facilement  parla  morfure  du 
fcorpion  qui  caufe  l’Epilepfîe,  8c  par  beau- 
coup  d’autres  tefmoignages  qu’on  pourroit 
icy  alléguer  :  De' forte  qu’on  peut  inferer 
dé-là  que  l’Epilepfie  corromp  8c  galle  d’a- 
uantage  toute  la  fu  b  fiance  du  cerueau;' 
qu’elle  ne  trouble  les  fens,  8c  partant  qu’ê¬ 
tre  ces  deux  maladies  il  y  a  bien  autre  diffé¬ 
rence  qu’on  ne  dit.  Ce  qui  fera  clairement 
expliqué,  quand  nous  déduirons*  l’opinio» 


DV  CEPvV  |  A  V.  35  - 

H  es  Hermétiques.  Mais,  pour  retourner  à  _  ^ 
l’Apoplexie  ,  &  rechercher  exactement  les 
çaùfes  d’yne  fi  foudaihe  priuation  deféns  p{<,W(S 
&  mouuement,,  nous  confirmerons  noftre  ApcpU 
propos  precedent, a  fçauoir, 'que  c’eft  ce  8iq*ts. 
qui  empefche  l’efprit  animal  de  pafferçs 
parties  nerueufes,  8c  en  ofte  la  communica¬ 
tion  a  tous  les  membres:  que Tindifpofî- 
tion  caufant  vn  tel  empefchement,  eft  aulli 
la  feule  /Çaufe  &  racine  de  tous  lefdits  fym> 
pt ornes*,  en  confequence  dequoy  nous  di¬ 
rons  que  c’eft  rpbftruCtion  de  laquelle 
nous  auons  jà  fait  mention ,  ou  quelque 
coarÇtation  &  referrement  des  conduits  &: 
ventricules  du  cerneau,  parquoy  iïeftemV 
pefché  de  diftr'ibuer  les  efprits  animaux  au 
coeur,  ou  d’en  receuoir  les  elprits  vitaux 
quil  réuoye  puis  apres  aux  parties  nerueu¬ 
fes.  Car  file  cerueau  eft  priué  de  lafacülté 
Vitale  à  caufe  de  ?eftreciflemenî  8ç  obftru- 
.Ction  des  veines  du  col  &  des  artères  Caro¬ 
tides  ,  alors  iceiuy  eftant  comme  amôrty, 
enfeuely ,  ou  remply  de  tenebres,  n’a  aucu¬ 
ne  force  pour  ellargir  Sc  difperlcr  fes  ef- 
prits  animaux  aux  parties  nerueufes,  8c 
exercer  fes  fonctions  par  tout  le  corps.  Car 
il  ne  peut  rien  effectuer  fans  vie,  c’eft  à  dire,  „ 
eftant  priué  de  l’efprit  vital,  par  l’accès  Au¬ 
quel  il  eft  animé  &  réduit  à  l’exercice  de  fes 
fonctions  particulières,  qui  font  energies 
fécondés.  Car  fi  la  vie  qu’il  communique  au 
êérueaulüy  manque  ,  les  fécondés  èneréU? 

Ç 


34'  pi  s  MAI  ADI  ES 
défaillent  auffi  neceffairement,  &  font  pria 
uées  de leür propre  mouuemènt.  Ce  qu’dn 
peut  remarquer  es  fyncopes  &  fufroeations 
de  matrice,  ou  principalement  le  cœurcft 
enuahy,non  le  cerneau.  Car  prefque  toutes 
les  facultez  du  eerueau  n’agifîènt 4cy,  ne 
plus  né  moins  que  fi  elles  eftoiét  anéanties; 

&  les  corps  priuez  de  tout  fensdc  mouue- 
ment,  à  peu  prés  comme  en  l’Apoplexie  :  à 
icauoir,  d’autant  que  le  cœur  efta'nt  oppri  - 
.me  ,  refpr-it  vital  defaut  aaceruedu.  Ainfi 
les  Afïyriens,  félon  que  tefmoigne  Alexan-  -, 
dreBenoiftliu.io.cliap.de  rApoplcxic,font 
tôbçr  en  maladie  prefque  femblable,  ceux 
dont  ils  veulent  circoncire  le  prépuce,  leur 
fierrans.  les.  veines  du  col  dcdu^golter,  &  par 
Ge-tmeyén  les  rendam  comme  Apoplectfc-  ? 
'  qués,:fansaueunmouuemenr,ny'fentiment  . 
pour  leur  ofter  tout  fenriment.de  douleur’. 
JÉufques  icy  nous  auons  fuffifainment  parlé 
de  la  caufe  formelle  de  1’ Apop:lexre,cerchôs 
Caufes  Sc  voyons  maintenant  fi' nous  pourrons 
partie»  trouuer  les  caufes  particulieres.de  l’obflxu- 
f obtint  J^*on  coarctation  fufdite.  I celles  caufes 

tul»1*'  :'C°.n6  ext  ernes  &  internes,  les  externes  font 
Zttfx»  vn  excès  de  froidure  eftreignant,  referrants  ' 
imtt»  &  comme  congelant  le  cerneau,  y  ne  chas- 
. leur  exeefiîue  qui  le  liquéfié  & difibut,  vn 
eftourdiflêméf  de  téfte,  procédant  de  quel¬ 
que  cheute  ou  coup,  ôc  telles  autres  caufes 
externes  qui  excitent  les  internes.  Car,  afin 
que  netts,cejoinçnci9n$  par  l’obflru&ion. 


•BV  C  E  RT  E  AT.‘ 

qui  engendre  pluftoiï  8c  plus  fouüuènt-  1-A--  ^g(  -n  - 
poplexie,  quedacoarcfcation  8c  re-ferremétî  tern(im 
elle  prouient,  on  des  Humeurs  contenues 
es  yaiffisaux  du  cerneau,  à  fçaüoir  és  veines 
8c  artères  que  praduifenr  les  iügulaires  8è 
c.irotideSjC’efl:  à  dire  afloupiflantesj  d'u  bierf  ( 
des  humeurs- difperfées  hors  lefdits  vaille* 
aux.-  L’obftrucèion  née  des  humeurs  cor> te¬ 
nues,  dans.l  es  vaïiTeaux'j  fe  forme  efuïfttcf  ils 
font-  rempHs.euitre  mefûre,  dViïe  huMlèur 
oix..râng.efpais.&melaneholiquë^dohhcer4 
raines  inflammations  de  cerueaû  prennent  Comml 
leur  origine  comme  veut  Galien,  telles  qHie  A(hor. 
les  phlegmons*  qui  és  parties  charnues  s^cn-  4*.  ». 
flamment  pat  trop  grande;qûanc«ré  de  lUng* 
redondant  hors  les  vaifleauxi-oü-yicroiflant 
eh  abondance. X^acdcfangefpandues  veir- 
tricules  du  cerneau,  les. remplk,dontsïeh- 
gen dre  l’o b ftr uéiio n,  qut  p ri Ue  le  cor  ps  de 
mouuemem&fcririmcnti-Quçll'èïlçft'fâir 
[  dedans  les  ^Etéjcesyl’efppîf  vital  en-  eft.giàl. 

pefehéde  monte  r.âii:cerueau,fans:leqüêhle 
cerneau  ne  petit  continuer  fes  fondions  8c 
asâjiensq, maishéft  contraânârde  les  cdlFer 
.quand ii-vienriâiluy  defaiilir,  ainE  qü’ihia 
^iléidkjcydelTus.  -  .  :  .  ,  .  n;:  .. 

;  Telles.  Tout  lès paufes  de  ladite  ©bftru- 
1  <%iqn~  iLescaufesexternes  delà  ,co  ar  éfca^io  a 

ontn^Fiiïeorigine,maisle  referrémerft  des 
arteres  carotides ,  empefèhent  fefpritvitai 
démonter  au  cerneau  quand  il  y  a  fuffoca- 
rion.  Toit  qu’elle  fe  face  auec  les  mains,  ou 
G  ij 


36  D  £  S  iM'  ALABIE3 

par  le  moyen  dyne  fe!ard,foit  qu’elle pro- 
uienne  de  quelque  vapeur  rempliiTant  ces 
pai'CieSi  fiPiume  il  adUient  ordinairement 
en  ja  fulfocatiou  de  matrice  ,  a  d^autres  caui 
jfes-&  raifcns  quenous-difFerons  à  expliquer 
en.vn.auî&eliéu.  C oirac  âinfî  fiütqtPon  les 
doiue  requérir  de. P  e  fclioie  Herme  tique . 

V  q$&l  ds@c  îescaufeskntérnes  &Panteee-- 
dénïfis4e  Papoplex^dontPecerueatï-eiï  af- 
jquilbgnclmis  les  canaux  &  pâlla- 
gesj4ii§êluyàproduifenr  i  mefrrre  les  caufes 
^  çOftipinâres  de  là  maladie.*. .  ' 

- :  : il  y  a;  ênçorjés  d^mr^:;cau£es  internes  plus- 
i  efloignées,. telles  que  ionida  difpofttidn:& 
inclination.  nat^refie.  à^cesmalj'foir  acqui- 
0s"Jpoit..  heru4irainesrr  JGommei en  ceux  qui 

ÿ&éiÇem  qjilontia  téfte  greffe  &  ample, & 

'  f>àr  edd'eqénc/fufceptibte  de  beaucoup  plüs  ; 
de  yâpeûriiqujéltfi ne  peut  cuire  nydillïpei.% 
Jbf  %t  auffi  quelques  ;  çzaùæ  externes  qui 
pMod&ifent,  préparent;  6c  difpofent  les  in¬ 
ternes  à  cernai,  telle  qu’eft  la gouritiandife, 
OÜiebQire&.m%erexceiEf,lVfagedeyian- 
d4s-fjrprd.esidÇ  vâporeufesl  L^ncoht&éncêjla 
nature  Sc  propriété  des  lieux^-climats* 
comme  suffi  ladaifoni qui  fcontiibüHbéau- 
çoup  â  cela,.veü  qaeiH^lïippoerkcêVV^' 
telle  maladie  s’engendrcî^Ius  fâbiPèmêirit 
en  byuer  ,  rquesdurant  Péïté.  'Et  ïmôtt 
temps,  elle  fe  procrée  fans  nulle  difficulté, 
les  Yiéiües^ens  y  eftaàsfat c&t& 


BV  CE  R  VE  AV.  _  '  37 

jne  dit  le  mefme  Hippocrate  Aphorif.  5,1.  du 
ïf  liurè  des  Aphorif.  ëç  au 6.  Aphorif.  57.  il 
.  efcrit  ,  qu’elle  s’entendre  principalement 
depuis,  quarante:  îuki ifà.  foixante  ans:  D e- 
quoy  la  raifon  eft,  qu’alors  lés  deuxpips  ef- 
pailfes  de  toutes  humeurs  abondét  fur  tout 
an  corps;  Dont  à  caufe  de  leur  commune 
efpailfeur,  naiifent  les  Ap o pi extës  dr;(5o n- 
uulflons,  fuiuàntle  dire  de  Galiefiaphorf 
comment. 


s 

.î  t.1  .m 


gne  que 

toutes  ièàtHalâd$ë§  _  „  ,  .  .  . 

qiïtieft  impoffible  de  guarir  Mne forte  Apoplexie^ 
&  rfefipâf facile  de  remédie?  d  vne  faible- & 
tant  fi^iWf  fermine  fôkiient  en  Pdrdtyfte.  D'olt 
fe  pè&t  'colliger  y  'efiïeW  cÛh  dé  'ctfe^aladie  eft 

ifop&rÉdèdi  (fffî-drffiêjffîePqlpdp 
'Ægnêid-ht'ces  ur^ByYk^Addïd^ïnWdiine 
Apèplêxiei  n  eftfîKàn  rûremént  cfrkbïdfÂiiïnd» 
quelle  rhénact  dedpdrt  prochaine.  S’il  efchet 

qü>ë9ë^èMdlïéüJadiereidédes;^’ëfflejdüs 
fbuu&m  âuec  la  re|d!utioîl  dujperdufion 
dè-^ëelqhë  nfeîhhir-ëîi  Ckitë  cufedôhc  ri’elt 
paà  pâlfd^ëpâ^f^feifférf|  e-e!H^Mn£e- 
mènt  d’yn  mal  vniberfei  errrae  maladie  par» 
ricqliê  ré°3  -rd2>  ht  bF  m6tis:  tiôt 

pareiilëinétdure^ëMuéthofê  e^hâlla^  : 

•  h  «moq'sutU  7‘nibns  ahfiJiiînëmoîim.om  j1- 
-oTqoltfufh  ^  sfhcL'ru 
jftom^nHOffioHi  anîM  :;eâylsi ed  ÿiïb  msr.  : 
-i/rt-jd  ah  rtobisfrhq  33  ük  dii1'  :-rr*3-' 

■  5 ibmoni-lbï  nv  .i^iÊqshsmibqoiq; â  < m  fiez. 


Cha^  IIII.  , 

0«  il  eft  pdvlé  des  éunfcr&  différences  de  U 
Pardlÿfie  5  &  de  fit  convenance  duec  les 
'vidutres  MMadiesffujmnt  £opwfnde),pog- 
■'  ‘  manques.  .  i  —  .  : 

rqueles' Grecs  appellent  paralyfië,  eft 
J^^^erpret éq  4^1  kàt|ns',i  rejpJbtjô»  d£s 
■r,n~  “  nerfs.  ■•  ••  •  .  --r  - 

'  ‘Ai ùtt<sè.  q  pr  çepte  ~nkladie>:  cçgMsaedit  Âiiin’cen  ne 
duycbrf'  £ ^^^d^çfccj^ti^^'Vvsie. propre., l’autre 
id*fie'  coimùupte.  ( dit-il^ayyre fi- 

-En.  ,0.ef5j4ÿç|is^^j..e  efi  ifnelv .. 

’  r?  f  r 

Tardyfte  pcllans  parfaite,  celle  qui  priue  de  fens  & 
*ftfo  |qQ.uqîem|p,t,  vne  .  ouf  plufieurs-  parties  du 
"cotP-s>1l’vn.  ou  Jautrq,,cofté,  oiqquaftjd  la 

amor^ç^eguis  ia^f  iufqu^ux f^jfieds* 
JVlais  jl  n  y  ^  priuqtiou  qpgidufeul 


fe’ÇftfeJc^^^éPVAappei-r 
ÏÇAtng  fxfff^rAhîS^àêfi^9^^iPS^ 

le  mouxîement  eftant  aneânty  fans  perte  de 
fentiment,  cefte  maladie  peut  effare  propre¬ 
ment  dite  Paralyfie.  Mais  file mouuement 

demeure- en^er,  mec  priuati0n  de  fenti- 

ment,  à  'proprement  parler,  vn  tel  membre 


DV  C  ERV  ï  AT.  - 

ne  peut  eftre  nommé  Paralytique  &diftbut, 
mais  infenfible,  oupriué  defens. 

Or  comment  eft  poffible  que  le  momie- Quefto, 
ment  défaille  quelques  Fois,  fans  perte  de 
fentiment:  veu  que  tout  ner  f  tant  dur  foit 
il,  eft  participant  d’attouchement  fenfitif? 

Galien  refout  tref-bien  celle  queftion,  er-  Solution^ 
criuant,  que  la  nature  departiftle  fens  8c  Gahë. 
mouucnxent  à  certaines  parties  ,  comme 
entre  autres  ,  aux  yeux  8c  à  la  langue 
par  diuers  nerfs:  les  communique  aux' au¬ 
tres, par  vn  me  fine  nerf.Cela  eftant  pèfé,on 
entendra  facilement ,  que  quand  lès  feuis 
nerfs  du  mouuement  font  endommagez,  le 
feul  mouuement  aufti  vient  à  fe  'depraucr 
fans  aucune  perte  de  fens,  8c  au  contraire.  '■ 
Mais  quand  le  mouuement  .&  fentiment  -  ' 
pro.uieb.ent  de  mefraes  âerfs,on;nc  compréd 
pas  tant  aifément,ft  l’vn  d’iceux  fe'peùtfâû-  '  ^ 

îement  efteindre,  l’autre  demeurant  en  fon 
entier.  N eantmoints,. comme  ainfi  foit  que  - 
l’ expérience  nous  demonftre  allez, que  ce-  o*” 

la  peut  aduenir,  8c  aduient  fouuentesfoft:  / 

Il  faut  mettre  en  auant  les  raifons  de  ce  dou¬ 
te  8c  en  defpefcher  la  folution.  Noiis  affer-  Autre  fh. 
nions  donc  que  le  mouuement  peut  quel- 
quesfois  eftre  aboly ,  fans  perte-de-fetiti-  * 

^  ment,  mais  nullement  le  fens,  fans  prime-  _ 
tion de  mouuement.  v 

Car  lî  iaparàlylie  n?eft  tref-grieuç  ,:eh- 
tiere  &;parfai&e;  elfe  peut  bienempefeher 
le  mouuement  ,  mais  non  le  fentiment,  à 
;  -  '  C  iij 


49  E>  ES  MALADIES 

caufe  que  le  mouuemét  a  befoin  d’vnc  pîu§ 
grande  quantité  d ’efprits  animaux,  pour 
-  exercer  fés allions.  Mais  le  fentiment, com¬ 
me,  cel’uy  quipatit,  &n’âgit  point,  n’ên  re- 
qUierépcas  beaucoup.  Que  n  la  maladie  eft 
g ràh de , a ffe rm i  e ,  &  f or  t  enracinée  au  corps: 

- alors  on  voit  l’abolition  de  Tvn  &  de  l’autre 
>  enfembic  :  l’efprit  animal  ne  polluant  efhre 
departy  eô  telle  &  û  petite  quantité,  qu’il 
en  faut  pour  efmouuoir  le  fens.  llcft  donc 
certain,  qu’en  la paraly fie  pàrfaiéte  y  tous 
deux  Çë:  perdenr  :  Mais  en  f  imparfaite  ôç 
jncomplette,iVn  oül’autrepeut  relier. 

L’engourdillëment  ,  appelle  .des  Grecs: 

,  '  elt  vne  maladie  quia  conue- 

c<mue  nâiice  r aüec  cefte  paralyfie  .  incomplète , 
nanceg/  d’autâîir/qu’en  icelle ,  le  fens  Scle  mouue- 
Jffirence  mentnqe  s’aùeahtiffent  pas  entièrement, 
Vourdtffe-  Itîafe  fôntJengourdis  èc  hebetez.  Cela  veut 
ment  Galien  4.  Jiuré,  touchant  les  caulès  dei 
deUp*.  fymptomes,  quand  il  dit ,  au  commence- 
valjjîe.  met  que  (i  les  nerfs  deüiénent  flupides,puis 
<  viennentà  perdre  tout  Cens  &  mouuemcnt , 
on  appelle  cela  paralyfie,  ou  dillblution  de 
nerfs,  dont  il  appert  que  la  paraly  fie  ne  dif- 
4  '  fererde  rengourdifement,  qu’au  regard  dé 

fafeule’  grandeur,  carceffc  le  prorome ,  ôc 
.  ^  '  auantp courreur delà  paralyfie. 

pèc/de  '  Ü  y  à  encores  vne  autre  paralyfie,  ainfi 
faralyjîe.  dite,  par  Catacbrefe  ou  abufiuement  j  la¬ 
quelle  n’eft  autre  chofe  qu?vne  mollifîcatid 
&imbecillité,fcominei  quand  quelqu’vn  ne 

‘  '  r  Tj'  ■  ’  •  : 


py  CE'RY  E  A  y.  4‘ 

peut  dreflèr  fa  verge,  nousle  pouuons  bien 
nommer  paralytique,  non'  pour  aucun  de¬ 
faut  qui  foit  en  l’ëfprit  ou  faculté,  mais  en 
la  partie  fufceptible ,  de  laquelle  paralyfie 
il  n’eft  icy  queftioni  non  plus  que  de  celle 
qu’on  appelle  paralyfie  ,  &  qui  aduient, 
ou  par  coupure  de  nerfs,  ou  par  luxation  8c 
diflocation  des  vertèbres  du  col ,  ou  bien 
d’humeurs  contenues  aü-poulmon,dont 
Hippocrate  fait  mention, feétioni.  de  l’Ë- 
pidimie  en  ceftc  femme- là  quifut  perclufe 
de  fa  main  droicte,  8c  de;fa  iambe  gauche, 
fans  nulle  alteration  d’entendement,  ily  de 
vifage,  8c  ce  par  vne  toux.  -  ! 

Celle  e& da  grande  affinité  8c  focieté, 
qu’il  y  aentre  telles  maladies  :  principale¬ 
ment  entre  l’apoplexie  8c  '  là  paralyfie  ,  à 
ïçauoir,  quand  vne  foibie  apoplexie  fc  ter¬ 
mine  en  paralyfie:  Voiîaaûffi  Ce  qu’onnom- 
me  propremènr  paraplexieibù  tout  le  corps 
eft  îaifî  depuis  le  fommet  de  la  telle  •  iuf- 
qu’au  bout  despieds ,  ou  feulement  la  moi¬ 
tié  du  cops,quralors  eft  dite  hemiplexie,ou 
hémiplégie ,  comme  tefmoig'ne  le  mefmc 
Galien  pro.  3.  comm.  z6i  Mais  çelle-la  eft 
beaucoup  pire  que  celle  Oy'f  laquelle  dé¬ 
tient- vn  feul  des  coïtez4,  ou  vne  feule  partie" 
ducorps,  comme  vne  ôreillë,lâ  langue,  vne 
macho  ire, vnerrïainjvnecuhîejVndespieds, 
dont  ii  faut  rechercher ,  &  confiderer  exa¬ 
ctement  les  caufes  tant  externes  qif  inter¬ 
nes,  afin  de  fçauoit  fi  i’indifpofitionptouiét  S 


*2  DIS  M  Al  A  B  I-'E’S/ 

\^u  cefucau,  ou  bien  de  ï’èfpmedu  d.osjd’ou 
les  nerfs  preneur  leur  fource.  Que  fi  iefdits 
membres  principaux  font  exempts  de  celle 
niauuaife  difpofirion  ôc  maladie.  Il  conuiét 
s  enquérir  b  la  caufe  ne  gift  point  en  qucic 
que  nerf  particuliertque  fi  elle  y  refide,  fau-  c 
•draveoir  fi  elle  a  (on  fiege  par  tout  fon  efte- 
.  due,  ou  .bien  en  quelque  partie  qui  foit,  ou 
jle  commehcemeiit,  ou  le  milieu .  ou  fextre- 
■Ràgt  rfiitdd’ieeluy  .Or  pour  bié  cofnécer  lacure, 

1}  faut  appliquer  le  reinede  à  la  racine  8c 
ÀMtob-  fqm’ce  du  mal  non  ailleurs,  car  quand  le  . 
ftrmr  çcrueau,  fontaine  &;fource  de l’efpritanf* 
cs?t'  mal,  oü  quand!5 efpine  mo.uëlleufe ,  par  la-  ~  ; 

.  quéliè  fortentsii^  s’efpàndehcau  corps  les 
-  nbrfr^edie^âîtî^ouueniejiti&fentiitient, 
"quand  (df^ejfceSî parties  .font  offenfées  & 
gafle.es,  elles  ont  befoinde  rmnede ,  non  la 
partie  du]bute.iPour  exèmpl  c,  file  mouue- 
,-menr  .de  quelque  partie  du  vifage  efl  perdu, 

.  om  cberchera  la  caufe  &  origine  du  mal  és 
premières  yertebrer  de  l’qfpine  ,  fi  lefeul  . 
ifbptimént  efl  j^ftpint ,  le  mal  prouienr  :du 
trôifiefme  accouplement  des  nerfs.  Si  la 
ùnefme 'partfe.de  laface  eftdilToute  auecla  . 
-  moitié,  du  corps  ,  foit  dexrrei  foit  feneflre, 
:ie  lepriieau  ^atira  iembîablêment:,  &iera 
indïfpofé.par,  la’mefmepartie.  Si routes.lés 

-i<5i  jCQiniiiëRC;eiTjent  .*•  de  l’éfpine  fera  : auffî  - 

:4è»3rt$>. P'jmsr ;nr:  rdinru  j'-yuotnpf? 


DV  Cerveav.'  45 

Us'  doit  cercher  en  toute l’efpine,  ains  feu^  ,  . 
lenaent  errquelquepartie  d’icelleycommefi 
vne  feule  des  cuilles  eft  ddlfoute,  la  caufe  en  ^aew* 
fera  rapportée  feulement  aux  reins  &  non  ttctuhe » 
plus  haut.  Si  l’efpinëeftindifpbfeêtouteà 
trauer  s,  toutes  .les  parties  du  corps ;  pat\rpti  . 
attendu  que  leurs  nerfs  en  dépendent.  Si  el¬ 
le  eft''  rrauailleé  feuiëment  ën  partie,  quei- 
qü@^ëûtbië-dt£  corps  en  fecéura  auflv  de 
1  ineommodi  ré  :  Qui  en  voudra  fçàuoir  d’a- 
uanrage,  voie.  Galien^  &  fur  muül’exemple 
paçtiçulier ,  qu’il.appbi'tede.îVâufanias  Sy¬ 
rie  nft  lequel  s’èftarit,  bielle i le,  commen.ee- 
nfëftt  du  dos  par  vne  cheute,  a.uoit. perdu 
deux  doigts  en  la  main  gauche.  Or  pour  bié 
&  feurement  comprendre .  toutes,  ces 
ohofts,  il  eft  neceflaire  qu’on  fçacheëxâ- 
âjêMerft’  faire  l'anatomm  ou  drft^étiph,  afin  , 

qü_e^&^ë%bÿènrqnjpxîHîebëf^ïf,^’du  éf 
pttqé^pf ocëdefit  tthis  les  BérFsauec  leurs 
diftrlBiitiôhs  :eaf  ^pa&Bès.,  E>àïis  le  mefmc  îes}nter. 
AÜèfeeîfr,  -fë  peùuent  auiîi  veoirles  câüfes 
i^éMfes^ftfëxtitent  ‘partictxBëïefnehf  îël 
pâîal5îfi¥i<%r^léspeut;fëpiMpSleffîen1:'cô^ 
gî^ifttë  pSr^î^rdïfeom^J  ^ftcredent  ;què 

^onli^èit^qbQ.charM’^opïéxie.  C^fte  Leux. 
fidê  nfiii^péroëe^^è  ^uelffl%&ufeb^terneT  *?«**?• 
ctmnkfftê'fa^è’S^fegtfiféâd  iiti?jçt,d?troD 
g^*sftwa^,‘oSfifef^<æ:'aiàfe'î|trè£ 
âefrdq&i&M&m  coup,  oii 

'sS35  :v;  yêT. e î»li3iaàiia  3b£>i£f  U 


Qu  il  efï  en  feigne  que  Uhrdye  anatomie  des 
maladies  fe  doit  apprendre  par  U  lumière  de 
-  :  Unature  du  grand  Monde ,  (dont  l'homme  N 
ejl  image  yy  e fiant  aufit  demonfiré  que  les 
f;  plu  fiettn  maux , 

zl  proviennent  &  prennent  leur  founë  de 
étd^rfes  exh  attifons  : 
le  tom  tonjhrmémenrû  fpptmQn  desHer- 

J\  .d 

*%.  X  a  ï  s.'  j’py  prcfcntpme.nt  murpaurer, 
JVX  &  fe  plaindre  de  nous  les  Herméti¬ 
ques  ,  à  râ{fo  i ■  s  d  edu fions 

&  foufteno^pM  de  ample¬ 
ment  le  par  îatiques,  .quant aia. 

nature  3  dift  eaufesulcs  maladi£S 

fufdires  ,  les  iaüfans  de  fi  loing  &  fi  long 
temps  en  arriéré  ,  Pour  finalement  les' 

contefite-rV  q^dUfoienr^d^eptis  que-pay 
propiis  aflîgpé  premjfr,  .ftegré  d3honr 

.  hèiyr.aux  dogmatiques  qomj^à-mes  apr 
çeftres  ,  çç. Pefchole  eLe£qqels4e  ’fifis  né, 
<Sc dçpip i  aÿjreççp  nonla  puifopce  dekfeg* 

le  laiéb  deïeurs  mammelles ,  pay  protefte 


BV  ÇERVEAV.  .  4/ 

de  iamais  n'abandonner  iè  party  d’Afcle- 
pias,  ains  de  demeurer  toujours  fon qour- 
riffon,  ne  fuiuant  autre  dourine  que  celle 
qui  eft  vrayement  ancienne.  Et  combien 
que  i’adhere  fcmbîablement  aux  opinions' 
des  Hermétiques  ^  on  ne  doit  pourtant 
eftimcr  que  i’enfreigne  &  viole  mon  fer- 
;ment:;  Car  le  tout  bien  conftdere^on  trou¬ 
vera  qu'elles  different  de  la  fecte  dés  Dog¬ 
matiques  ,  pluftôft  aux  paroles  qu’au  fens. 
Alors  cognoiftrez  vous,  ô  Hermétiques, 
que  ie  fuisamateur  de  voftre  bien*  quand 
i’auray  fous  paroles  claires  8c  par  vue  ex¬ 
plication  méthodique  à  inféré  8c  ençhaffé 
vosprecieuxioyaux ,  rubis , diamans  8c  ef- 
meraudes  en  l’or  des  Dogmatiques ,  leur 
donnant  par  ce  moyen  vn  luftre  fpecieux, 
&  Faifànt  voir  combien  tout  vray  difciple 
d’Afçlepias  ou  Efculape ,  doit  pluftôft  ad¬ 
mirer  que  reietter  &  blafmer  vos  rnyfteres, 
quoy  que  plus  obfçurs  &  occultes  que  ceux 
deCeres.  Et  jaçoit  auffi  qu’ils  foient  de£ 
crits  aüeç  trop  de  confuflon  8c  peu  d’ordre: 
ce  qüi  peut  eftreaduenu  par  l’ignorance  8c 
malice  d’aucuns  vos  fe<ftateurs,  ie  voudrois 
bien  que  par  ce  mien  traitté  familier  vos 
perles  &:  ioyaux  ft  clairs  ne  paminflènt  au 
deuânt  des  boeufs  &  pourceaux  ,  qui  par 
leur  emiie  &  langue  mefdifante  ont  accou- 
ftmné  de  les  fouiller:  Car  mon  difcours  ne 
s’addreffe  point  à  eux.  Mais  1  vtilité  publi- 
que  doit  piuftoft  venir  en  confidcrarion» 


DES  M  AL  ADIES 

qu’vne  telle  8c  fifale  conculcation  Æe  pour¬ 
ceaux.  Preftez  donc  àttenriüemeht  l’oreille 
aceluy  qui  débat  voftre  caufe,&  parlé  pour 
vous.  1 

Certes ,  l’homme  n’eft  pas  dans  éaufé  & 
L’hommt  contre  raîfon  ,  appelle  micro  cofthe  ou 
tfivnm  '-.pétjf  monde:  Car  tout  Ce  qui' eft>  contenu 
‘oupetit  '  &  difperfé-  ça  &  là  dans  le  circuit  du  grand. 
monde,  monde  ,cftfommairement  compris.aü  mî- 
crocofme  comme  eil  vri  abbregé,felon  qué 
Grégoire  de  lSfàzianzeiie  efcrit  en  ces  ter¬ 
mes,  au  commencement  du  liür e  de  la  créa¬ 
tion  dePhoMme  (ce  que  nous  aùo4spareih 
Iement  remarqué  ailleurs)  à  fçaüoir  ,  que 
Dieu  a  faiéb  l’homme  apres  le  refte  dés 
creat-ures ,  pour  y  reprefentef  comme  en 
quelque  tableau  racourcy ,  tout  ce  qu’il 
audit  Creé'dt  difperfé  auparauant.  Ce  mien, 
propos  ne  s’eftend;point-iufqu’au  monde 
intellcétuel  8c  celefte  qui  fe  t-rouue  auffi  en 
cet  abbregé,  mais  ieparle  feulement  de  l’e- 
lemêfitaire ,  comme  de  celuy  qui  nous  eft 
prochain  &  coiïtigu,  félon  qu’il  eft  diuifé 
en  deux  régions  j  l’vné  fup erreur e,Tautre' 
inferieure.  Laquelle  diüifionconùient  auffi 
«m  au  Corps  humain  *  de  forte  que  la  tefte  eft  la 
mawen  i  haute  région,  maisles  parties  vitales ,  8c 
gl»if$eU‘  defiinees  à  la  nutrition,  comme  plus  baffes 
mnmres  font  ap  p  eil  é  e  s  ,1  a  r  e  gi  o  n,  o  u  globe  inferieur 
de  l’eau  &de  la  terre.Or  tour  ainfi qu’és en¬ 
trailles  de  la  terre,  l'efficace  des  rayonsfo- 
laires,& la  chaleur  propre  &  natutelle^dela 


^  dY  cerveav.  ■  47’ 

terre'  mefmë  excitent  plufieurs  fortes  d’ex- 
kalaifons,  &  vapeurs  qui  donnent Lettre 
aux  corps  des  mixtes  imparfaits ,  eûtanf 
qu’elles  engendrent  diuers  foulphres,  bi¬ 
tumes,  fçis  8c  liqueurs,  ou  nàercuf  es:  fëm- 
blàblement  aittfî  qu’au  monde  élémentaire,- 
comme  dedans  leur  contenant ,  fe  voient 
tât  de  chofes  fi.  differentes,  quife  procréent 
de  leurs  matrices,à.caüje  de  la  chaleur,  tant 
du  foleil  que  delà  terre,  8c  aufli  de  l’inftué- 
ce  des  aftres.  De  mefmë  lecorps  humain 
eftant"  compofé  de  parties  contenantes  8c 
contenues, corne  nous  auons  éferit  ailleurs, 
celles  qui  font  plus  folides,  ligamenteufes' 
8c  charnues  ou  plus  molles,  comparées  aux 
elèmens/y  tiennent  lieu,  8c  font  offices  do 
lieux  &  matrices:  entant  quelles  contien¬ 
ne  t  les  principes  hypoftariques,&  plufieurs 
autres  fubftances  de  corps  tant  fixes  qué 
volatiles,  &  les  effiences  tant  materielles 
que  (pirituelles.  Lefquelles  fubftances  font 
nommées  parties  contenùës  efdites  matri¬ 
ces.  Dont  aucuns  font  impetueufes,  8c  flot¬ 
tent  ça  8c  là  :  les  autresfiumeétent ,  les  au¬ 
tres  s’expirent.  Les  fubftances  contenues, 
impetueufes  font  nos  efprits  tant  naturels, 
vitaux  §c  animaux  (qui  font  tref-ptirs,  fort 
Amples ,  8c  plus  aërez  de  tous)  que  les  im¬ 
purs,^  ceux  qui  parodient  autjîr  certaine 
qualité  maligne.  Les  Humeftantes  font  nos 
.humeùcs_n^ur elles,  tant  vtiles  qu’inutiles 
ôc  excrementçufeSj  celles  qui  s’expirqatiou 


Des  fl¬ 
irta  turcs 
internes 
deschofct. 


Les  ef¬ 
prits. 


L  es  hu-. 

.meters. 


.J 


48  ;  DES  MALADIES  •  •  , 

2L«  «*Ü>4  exhalent,  font  les  exhalaifons  tant  feches 
laifins.  qu’humides,  dont  celles  cy  s’appellent va-i 
peurs,  les  autres  fe  nomment  fumées.  - 
L’exhalaifon  fumeufe  eftant  vue  fumee 
'  '  extrai&e  .du  fec  8c  aride,  chaude,  feiche,  le- 

géré  &  fubtile ,  tend  toufiours  en  haut, de  / 
comme,  ainfi  foit  qu’elle  ait  vne  nature  fui-  ' 
phurée  &  ignée,  elle  s’enflâme,&  par  con- 
fequent  s’etnbrafe  &  brufle  foudainement. 

Au  contraire  la  vapeur  ou  humidité  fluide. 

;  allant  de  naturcrare,  mercuriale  dcaqueu-  ^ 

fc.  Si  priuée  de  fa  froide  qualité  par  cha¬ 
leur  externe^  elle  vient  à  monter  en  l’air,  8c 
s'y  congele  par  froidure,' elle  eft  contrainte, 
de  reprendre  fa  première  nature,c’efl  à  dire 
de  Çe-refoùdre,  &  de  ret’oürner  en  nature.  /. 

■  '  d’eau.'  -  .  ■  - 

O f  comme  nous  voyons  au  grand  monde 
telles  vapeurs  &  exhalaifons  efleuees,  tant  , 
par  la  chaleur  du  Soleil  &  influence  des,  a- 
lires,  que  par  la  chaleur  propre  &  interne 
Utiettèi  de  la  terre,  fournir  dematiere  à  des  meteov 
d» grand  res,  ou  corps  imparfaitement  meflez fl di-  '  : 
monde,  qers  8c  merueilleux,  tat  en  la  région  de  l’air 
cu’é.s  entrailles  de  la  terre  mefmc: principa¬ 
lement  les  nues  8c  plnyes,  grefles, neiges, 
glaces  &  vents  s’ engendrer  de  vapeurs  mer¬ 
curiales,  froides,  humides  8c  de  nature  a-è 
queufe-,mais  des  fulphurccs,chaudcs  8c  fei- 
ches,  s’en  former  les  efclairs,tônerres,feux 
celeftes,  foudres  8c  tels  autres  météores  ar- 
den$  ;  Demefme  au  petit  inonde,  c’cftadi- 
'  reau 


D  V  C  E'Rt  E  AV.  4^ 

ïc  aü  corps  humain  ,  femblables  &  méfmes 
vapeurs  8c  exhalaifôns  feruent  de  matière 
pour  former  plufieurs  8c  diùers  meteores: 
dont  procèdent  manifeftement  tant  de 
maladies  d  diuerfes  8c  horribles,  tantoft 
mercuriales,  froides  8c  humides,  tantoft 
fulphurées,  chaudes  8c feicheë,quifonttel- 
les  non  en  forme  ne  accidet,mais  en  fübftâ- 
ce,  ceft  a  dire  en  vertu  edèntielle,  tant  au 
ventre  inferieur  que  dans  le  fuperieur 
(ceft  à  dire  dans!  le  cerueau) ,  parties  qui  fe 
rapportent  &  côrrefpondent  aux  entrailles 
de  la  terre  &  à  la  région  de  l  air. 

■Et  combien  que  telles  vapeurs  dr  exha- 
laifons ,  voire  les  maladies  8c  fymptomes 
mcrueilleuxqui  enprauiennét,  foient  fon¬ 
dées  fur  quelques  raifons  naturelles, toute¬ 
fois  les  caufes  de  tels  mauxexcedent  fou- 
uentesfoisla Capacité  de  noftre  êiitendemét 
(comme  nous  auons  dit  en  parlant  de  lapo- 
plexié  )  8c  leurs  foqrces  eftans  occultes  8c 
diuines' ,  doiuent  eftte  recherchées  plus 
haut.  C’eft  icy  qu’il  faut  recognoiftr  e  la  foi-  n^a 
blefte  de  noftre  iugem'ent ,  pour  coritëm-  qnüquz 
pler  8c  admirer  la  toute  puiiTan.ee ,  proui-  chofede 
dence  ,  fagefte  de  Dieu.  Car  iceluy  nous 
enuoye  tantoft  les  pluies, tantoft  les  grelles, 

8c  excite  par  fois  desmaladies  qui  n  admet-  'tiiuslU-;. 
tenr  aucun  remede,  à  fin  que  leurs  caufes 
nous  foient  incognüës  8c  caChees ,  quoy 
que  nous  les  recherchions  fort  ftudieüfe- 
ment.  Déquoy  luy  mefme  rend  tef- 
D 


DES  MALADIES 
moignage,difant  ainfi.Si  vous  cheminez  eu 
mes  ordonances,ie  vous  enuoy  eray  la  pluie 
Lwtïqut  en  fa'faifon  ;  Mais  fi  vous  im  m’efcoutez 
3.6.  Deu-  point,  ie  mettray  fur  vous  la  heure,  morta- 
stroname,  peftiléce  &  gr  atelles,  dont  on  ne  pour-  : 

ra  eftre  guary,  ie  rendray  auflî  le  Ciel  com¬ 
me  fer, &  la  terre  comme  airain. 

Mais  fans  voler  £  haut,  il  nous  fuffitde 
chercher  les  raifons  naturelles,  &  de  con- 
fiderer  la  nature  des  fubftançes  fpirituelles, 
c’eft  à  fçauoir  de  celles  qui  agiuent  impe- 
tueufement,  qui  humectent  &qui  s’efcou- 
lent,  lefquelles  gifent  fecretemét  én  noftre 
corps,  8c  y  font  racines  tant  de  bien  que  de 
AvAts-  mal,ilnous  conuiendraenfairel’anatomie, 
mtevitale  pluftoft  au  dedans  qu’à  l'exterieur,  félon  la 
dtimHiuy  manière,  accouftumée.  A  Tefclârciftement 
les  mal*-  ^ecluo7  feruira  grandement  ceque  nous  a- 
djeS'  uons  efcrit  en  noftre  traître,  touchant  les 
fignatures  internes  des  chofes:  Comme  auf- 
'  £  l’exemple  du  vin,  8c  de  noftre  fang  que 

nous  auons  confecutiuement  anatomizés^ 
pour  le  grand,  rapport  8c  çonuenance  qüi 
le  trouue  entre  iceux.  Car  comme  levege- 
tatif  prins  de  l’animal,  fe  côuertit  en fenfitif 
par  diuerfe  conco6tion,  ce  qu’on  peut  re- 
-  mar quer  au  pain  &  au  vin,  lefquels  le  chan¬ 
gent  en  fang,‘&  le  fang  enfemence,  donr„ 
s’engendre  l’homme;  ain£  la  liqueur  miné¬ 
rale  attirée  8c  fuccée  par  les  racines  des 
plantes  8c  végétaux  deuient  vegetable,  puis 
final  emens  fe  eenuemt  en  la  fùbftance  de 


.  Î>Y  CERVÊAV.'  5Z' 

l’homme,  qui  vit  de  tels  animaux  :  D  e  forte, 
qu’à  raifon  de  la  liqueur,  foulphre  &  fel  mi¬ 
néraux,  il  s’engendre  dès  maladies  mercu¬ 
riales,  ou  fulplmrée.£  ou  falées.  On  peut  .  ^ 
fcmblablement  veoir  en  l’homme  desfels  •  " 

füccrins  nourrilfans,  des  Tels  nitreux,  amers 
acres,  purgatifs  &mondifiaiis  ,  d’autres  ma-  '• 
rins ,  conferuans  ne  plus  ne  moins  que  le 
bruine,  d’aüt-res  de  gemme,  d’âiitre  alumi¬ 
ne  ux^pô  tiques  Sc  adftringeans,  d’autres  èn«  - 
fin  vitriolez,acides,efimns,excitans  l’appe- 
tit,  &.auànçans  la  concoÈlion,  On  trouué 
encore^  au  corps  humain  plufieurs  fortes 
d’autres  liqueursrdont  les  vnes font  douces, 
les  autres  ameres,falées,adftringentes,pon- 
tiques,  acides  &  autres  femblables ,  félon 
leur  diüerfe  mixtion  &  quantité.  Au  mefnié 
corps  fe  voient  aufli  autant  4’efpeces de  bi¬ 
tumes, petreoles,  grailles,  refines,  gommes,  t et  fiah 
larmes,&  tels  autres  foulphres,  que  des  fufi-  fkus*.. 
dites  liqueurs  ou  fels.  Desquels  foulphres,  . 
aucuns  font  odoriferans  &  récréatifs,  . les 
autres  puants  8c  irifeétans,  lés  autres  affou- 
pifians,  les  autrès  anodins  &  addouciflans, 
les  autres  feptiques,  arfenicaùx  3c  peftilen* 
cleux,les  autres  vitaux  8c  falutaires.  A  l’exa¬ 
cte  confideratibn  defqüeïles  çhofes  ,  il  eft 
requis  plus  de  temps  que  n’èîage  la  forme 
de  ce  trait, té. 

Par  cela  voit-on  comment  tous  nos  裻 
prits,  tant  purs  &  aërez  qu’impurs ,  font 
cô  tenus  dans  les  veines  8c  arter  es  du  corps* 
ï>  ij 


DES  MALADIES 

&■  en  quelle  maniéré  y  refident  toutes  les  li¬ 
queurs  de  noftre  corps,  Toit  vtiles  8c  pro¬ 
pres  à  la  noufritüré.  Toit  inutiles  8c  excre- 
menteufés,  d’où  prouiennent  toutes  exha- 
;  laifons<&:  vapeurs  feiches  &  humides,  qui 
.  font  comprifes  au  mefme  corps  auecies  au¬ 
tres,  8c  luy  caufent  fouuentesfois  du  tour- 
ment.Comment  en  fin  telles  fubftances  ont 
vne  nature  de  fel,  fulphurée,  mercuriale,  ÔC 
par  confequent  métallique  &  vegetable. 
Dont  les  plus  douces,  bénignes  &conuena- 
blés  à  noftrènature,  fe  conuertiiTent dedans 
le  foye  en  fang  :  duquel  la  plus  fimple  8c 
plus  pure  partie  tranfportée  par  les  veines 
dans  la  coneauité  droite  du  cœur,  8c  y  eftat 
fubtilifée  8c  circulée  en  quinte  elîence  par 
la  chaleur  viuifîante  d’iceïuy ,  s’efpand  en- 
tout  le  corps  par  les  artères,  afin  de  nour¬ 
rir  tous  les  membres,  comme  auili  eftant 
-  deuenuë  plus  fpirituelle&  celefte,  elle  fert 
tionl*'  * tous  ^es  fens,  8c  à  l’entendement  :  mais  les 
purauec  autres plus  impur  es  &  excrementeufes,font 
(impur,  particulièrement  referuées  en  leurs  places, 
iufques  a  ce  quelles  en  foient  euacuées  par' 
les  emonâoires  propres  &  deftinez  à  pur¬ 
ger  le  Corps  :  C’eftàlçauoirles  vnspartrâf- 
pirations  halitueufes,  les  autres  par  Tueurs, 
les  autres  plus  crafles  8c  impures  en  s  atta¬ 
chant  à  lapeau:  aueclefquelles  s’expire  8c 
s’euanouït  quelque  partie,  tant  denosef- 
prits  que  de  noftre  chaleur  naturelle,  voire 
«quelque  peu  de  l’humeur  radicale  >  8c  du 


DV  .  CE  RV1ÀV.  $$ 

tref-precieux  neébar  denoftrevie.  Silana- 
cure  faicfc  cefte  euaporation  ou  refolütioh 
peu  à  peu  &  lentement,  comme  à  la  chaleur 
modérée  du  Bain  marie,  nous  paruènons  en 
fin  aifément  iufques  à  la  vieillefle.Si  au  con¬ 
traire  relie  exhalaifon  &  diflblution  s’expi¬ 
re  foudain,&  comme  par  chaleur  ardente& 
liquidante  auec  efmotions  de  corps  violen¬ 
tes,  perturbations  d’efprit,  8c  douleurs  ve- 
hementes:  De-là  s’enfuiuent  &  découlent 
lès  lipothymies,  ou  pafmoifons,  &c  lesfyn- 
copes  ,  fymptomes  fort  prochains  de  là 
mort. . 

Mais  Ci  telles  exhaiaifons  ordinaires'  8é  Sturee^ 
excrementeufes  font  retenues  au  corps,  &  desm*~ 
emp efehées  d’en  fortir,  ou  par  humeur  vi-  la^ies- 
tieufe  de  eorps,nu  par  mauuaïs  tempera- 
ment,ou  par  foibleffe  d  âge, ou  par  froidure 
de  temps  ôc  de  lieu:  Elles  fufçitent'au  corps 
vn  nombre  infiny  de  maladies. 

S  emblablement  la  detention  de  l’air  vni- 
uerfel  contenu  fécretemét  en  noftre  corps, 

&  l’enuironnant  de  forte  qu’il  ne  peut  li¬ 
brement  infpirernyexpirer  (operationqui 
appartient  proprement  à  la  vigueur  natu¬ 
relle,  exerçant  toufiours  telles  fondions 
par  le  mouuement  du  cœur  &  des  arrêtés) 
cet  air  di-je  empefché,foit  par  la  peau  trop 
dure  &  peutranfpirable,  ou  par  la  froidure 
exceffiue  de  l’air  extérieur,  foit  par  telle  au¬ 
tre  caufe,  engendre  pluiieurs  fortes  de  ma¬ 
ladies  tref-grieues.  Ce  que  font  mefmeles 


U  DES  maladies 

yaifleaux  trop  pleins'  6c  les  feces  ou  tartres 
des  humeurs ,  quand,  les  vaifleaux  en-  font 
..Emplis  3c  boucliez ,  retàrdans  &  arreftans 
par  ce  moyen  les  Eurippes,'c’eft  à  dire  le 
flux  &  reflux  ordinaires  des  efprits:  Dont  Te 
procréent,  çorrqmp entrée  enflamment  dfo 
uerfes .  exhalaifons  ëe.fumécs,  qui  efmeuuét 
les  çaufos  externes  depliîfieurs  maladies 
griefs  fymptQrnes  :  c’eft  à  fçauoir  des  fiéu- . 
res,  in  .'^aminations  internes,cachexic,maux 
de  cœur,  indifpofition  de  matrice  afloupif- 
fânte ,  6e  infinis  autres'  maux  femblables. 
Or  il  faut  remarquer  &  noter  que  toutes  les 
yupçûrs  ,  fumées  ,  exhalaifons ,  matieres 
fuligineufes  qui  s’engendrent  chacun  iour 
fin  noftre  çorps , &  d’ou  nalffent  en  nous, 
comme  au  grand  monde-tant.de  meteores  Ci 
diuers,  foit  froids,foit  chauds^c  flamboyas, 
Jiumides  quXeçs-,f  eiTemblent  &c  participent 
à  la  nature  desfucs  Scfubftances  mercuria- 
'  les, fulphurées  Sc falées, dont  ilsfortent <5c 
s’exhalent,  de  forte  que  le  ruifleau  eft  nc-r 
çeffairement  femblable  afafource.  Car  les 
plus  modérées, bénignes:  &,vtiles  vapeurs, 
procèdent  toujours  de.inercures ,  ou  li¬ 
queurs  bonnes  &!onablcs,  comme  de  fan  g 
pur,  lequel  jeft  purifié  6c.  feparé  de  toute 
humeur. fuperilpë  &icQrrompue  ,.  crue  ou 
brûlée,  acre  -  ou  «faléc,  &  qui  eft  bien  cuit, 
&  addoucy  par  lu  douce  &  bénigne  chaleur 
1  ,de  n-oftre bain narureî.  ••  >.sf| 

-  Vi«é.cerueaU'.;&vle$  nerfs  cftans  remplis d& 


BV  CERVEAV.  JJ 

telles  vapeurs  douces  &  bénignes,  comme 
auili  d’autres  de  bonne  nourriture,  excitées 
par  le  mqyencfieelle  chaleur  naturelle  :  8c 
aucunement  cohdenfées  efdites  parties ,  les  _ 

cfprits  animaux  qui  auparauant  eftoient  ^  9ent. 
vigilans  &  aétifs,  commencent  à  s’abbàttre  fa 
6c  appefantir  quelque  peu,  8c  les  membres  femmeil . 
qui  eftoient  auparauant  traûaillés  viennét 
àfe  repofer,  &  perdre  peu  àpeule  mouue- 
ment  8c  fentiment,  à  fçauoir  par  l’accès 
d’vn  doux  fommeil  &.  agréable  repos,  ac¬ 
compagnez  de  fonges  auili  très  doux&  fort 
plaifans.  . 

Mais'  au  contraire  fi  les~  vapeurs  fe 
font  euaporçes  de  liqueurs  mercuriales  . 
&  de  telles  humeurs  indigeftes,  crues  ou 
malignes,  le  dormir  en  fera  plus  fafcheux  8c  /né des 
profond,  e fiant  accompagne  de  fonges  nei-  /»»£«. 
geux,  glaciaux  8c  pluuicux.  Ce  qui  eft  pro¬ 
pre  au  tempérament  pituiteux  dcphlegma- 
'  tique,  oüremply  d’humidités  mercuriales. 

Quant  aux  vapeufsÜes  bilieux,  oude  ceüx 
qui  ont  lè  fang  .chaud,  du  font  participons  : 
de  nitré  fouphreux,  elles  aiToupiront  moins  " 
le  cerueau,les'fonges,’oüphantofmes  qu’el- 
les  cauferont  n’cliant  que  vaines  apparen¬ 
ces  ,  ou  reprefentations  d’embrafémens, 
corufçations,  guerres,  furies.  Comme  auffi 
les  exhalaifons  des  melancholiquesn’amë-  • 
neront  qu’vn  tréf-fafchëur  fommeil /&  re^ 
prefenteronr  par  fonges  desdeferts,  cime-  .  '  . 

tierés,fepulcres,efpouuantemens,terreurs,  '■ 
D  iiij 


j6  des  maladies 

fôufpir's  >  larmes  &.  autres  chofes  fem- 

blables. 

Tels Tout  les  effets  des  vapeurs  ôc  exha- 
laifons,  la  diuerfité  defquels  prouicnt  de  la 
.  diuerfe  nature  &  temperamens  des  hom¬ 
mes.  Mais  les  vapeurs  qui  par  chaleur  ex- 
ceffiue  ôc  vehemente,s’engendrent  de  fang, 
ou  d’humeurs  vicieufes,  fuperflues  &  non 
naturelles, mais  eftranges,ou  accidentelles, 
produifent  non  feulement  au  c.erueau, 
mais  auÜÏ  és  autres  parties,des  effects  bien 
différons,  à  fçauoir.  mauuais  &  maladifs; 
principalement  quand  elles  font  trop  long¬ 
temps  retenues  dedans  le  corps, ou  belles 
n'en  .peuuent  nullement  fortir,  &  fe  refou- 
-  dfë‘bndiffiper,parlespbres  &fubtilscon- 
'  ;  idüits  du  corps.  :  _*  . 

Ges  chofes  foient  dites  touchant.les'pre- 
mieres  fortes  &  différences  .d’exhalaifons, 
qui  font  liqueurs  mercuriales  dans  le  corps 
humain.Çar-elIes.  s’expirent  premièrement, 
<Sc  quant  toutes :  autres,  comme  on  peurveoir 
es  dilliliations  artiHcielks.  S’enluiuent  les 
fumées,  ou  eaux  de, vie  plus  chaudes,  ^fei- 
ehes,  <k  fpirir.u  elles  qui  rapportent  la  natu¬ 
re  du'  plus  beniug  &,ddüx  foulphre.de  no,- 
ft^e  {ang,  &  qui  s’exhaians  par. chaleur  tem¬ 
pérée,  donnent  àjias  efprits  vue  tref  bonne 
Xjfc'fo ie d’fort  agréable îqqurf iture.Si  telles Jfuinées 
l'exhala  -  fëjit  .cha0ees,.&,  cpntfaintes,  de  iÇrtir'^par 
tîonies  chaleur  ..accident  elle  ^"V.ehenientejXqit  f  u 
foKÎphres.  dehors,.  Compaq,  paç  quelque"  mouuemenr 


DV  .CERVEAU  $T 

trop  violent,  foit  au  dedans  comme  par 
quelque  intempérie  trop  chaude  ou  ardeür 
faéureufe,  nofdits  efprits  s’enaigriflent  & 
deuiennent  plus  arides, voir e  plus  propres  à 
s’enflammer,  8c  par  confequent  reprefen- 
tent  des  veilles,  refueries  &  fonges  pleins 
d’inquietudeJe  tout  félon  la  nature  &  qua¬ 
lité  differ  été,  qu’ils  ontdediuers  degrezda 
chaleurs,  de  diuers  temperamens^&  pro- 

frietez  d’humeurs  ;  foit  mefme  qu’icelles 
umées  qui  s’euaporent  foient  mercuriales, 
ou  fulphurées ,  ou  tartarées.  Car  les  vnes 
font  plus  fubtiles  &  fpirituelles,  les  autres 
plus  crades  &  condensées  :  lefquelles  fpfci- 
tent  au  corps  diuerfes  maladies,  félon  la  dif 
nerflté  de  leurdite  condition.  • 

Les  exhalaifons  aqueufes  8c  mercuriales 
font  plus  efpaifles  &  moins  fpirituelles  que 
les  fumées  chaudes  &  venteufes  ,  àraifon 
qu  elles  participent  d’auantage  au  foulphre 
vifqueux  8c  gluant  de  noftre  fang.  Mais  les 
fumées  ou  exhalaifons,  qui.  par  chaleur  du 
fécond  degré  fortent  d’vn  fang  temperé  8c 
louable,  ont  quelque  communauté  &  pro¬ 
ximité  auec  leiang  fubtil  [  8c  vital  de  nos 
arteres.  Qucfi;  ces  vapeurs, s’èfleuent  d  vn- 
fang  corrompu  8c  trop  chapd  :  attendu 
qu’elles  font  preflées  de  chaleur  excefliue, 
les  meilleures  ..§c,plus  vtiles  exhalaifons 
viennent  à  s’euanouïr.  Les  autres  s’emparas 
.dhme  nature  fulphurée  &  inflammable,  8c 
eflas  paruenues  és  concauitez  du  cœur  fuf*r 


5$'  DES  MALADIES  -  -  .  . 

citetvnefiéureoôtinuëquiçroift&decroift: 

à  mefure  que  telle  exhalaifon  eft  plus  bu 
moins  maligne,  ou  bien  plus  prompte,  ou 
plustardiuc  à  fc  refoudre. 

Quand  aux  exhalai  fons  qui  forrent  d  hu- 
tneurs  excrementeufes,  comme  de  la  lie  &  ' 
tartre  ne  nôttfc  CGïpS,  &  éft  lotit  chaflées'- 
plus  hnpetueüfçmét,  elles  caufent  aullî  plu¬ 
sieurs  fortes  de  maladies  &  fymptoilies^ 
félon  la  diuerfe  nature  de  leur  efpece. 


\  vi.  -  ;.y 

ÎD  e  ld  ndtüYe  &  différences  des ftil'tginùfiîe^  ’ 
&  de  leur  puifjante  &*  efficacieùje  ~ïer* 

.  tu  d  engendrer  les  maUdies. 

1^  refte  maintenant  que  noiïs  parlions  dç 
lia  quatriefme  &  derniere  efp«çed’exha- 
laifonvà  fçauoir  des  fuliginolirez  qu’ô  peut 
nommer  plus '  proprement  Sublimations: 

[  ’  d’autant  qu’ëliés  s’efleuèrit  en  exhalaifons 
fëichès  &-arides  :  comme  le  nom  d’euapo- 
ratiqn  le  peut  deuëment  attribuer  aux ex~q 
f  halaifons  mercuriales,  vapeurs  &  fumées,  à 

iraifon  qu’eftans  d’vne  nature  plus  liquide, 
elles  fe  peuuérit  auffi  euaporer  plus  fâcile- 
Natttfe  ment.  Mais  lés  füliginofîtés  n’ay  ans  prefque 
â'sfuligi.  point  d’humeur  mercuriale ,  ny  dé  liqueur 
oncfcuéufe,  font  èn  partie  douées  d’vne  na¬ 
ttée  plüs:--{a|ée-iSivbiatîlé';;'&ont  vne'niaâé- 


D  V  CÏRVE  AX  19 

re  de  foulphre  plus  crade,  efpais,  8c  puant, 
eu  partie  auffi  elles  participent  à  certaine 
exhalaifon  vifqueufe  qui  fournit  là  matié- 

re  gluante  pour  former  feulement  celte 

fublimation  qu’on  appelle  fuliginoflté.  La»- 
quelle  eftat  du  tout  priuée  de  toute  liqueur 
alimenteufe,  recreaiiue,  anodyne  &  fami¬ 
lier  e  à  rioftre  nature,  ne  produit :  en  noltre 
corps  ,  linon  desrfeminaires  &  racines  de 
maux.  Neantmoinsdn  met  celle  différence  Ltsdijft-  ' 
entre  icelles,àfçauoir  que  les  vnes  font  plus  *■*»<?*• 
dangereufes  que  les  autres,  félon  la  condi¬ 
tion  dë  l’humeur  8c  de  la  matière  fulphurée, 
pu  .  tartarée ,  naturelle'  ou  non  naturelle, 
apportent  plus  ou  moins  d’incommodité  8c 
nuifance.Or  la  chaleur  qui  prep-arent  telles 
fuliginofît  ez  q  elt  :  né  cèltair  ement  du  qua- 
triefmedegré,c  eft  à  diretref-violéte,  com¬ 
me  celle  qui  confumme  de  efpuiferousdes 
efprits  humides  &  mercuriaux ,  voire  les 
plus  fubtils  fouphres  des  corps.  Gàf  ainfi  / 
voit  on  des  fuliginofitez  s’engendrer  de 
toùtes  fortes  de  bois,’  à  fçauoir,  le  feu  ayant 
premièrement  attiré  à  foy  \  8c  comme  en- 
glouty  prefque  toute  l’humeur  mercuriale 
8c  huileufe.  T  .  q. 

Or  defdites  fuliginolîtés  (comme  nous 
expérimentons  iournellement  )  aucune# 
font  plus  fubtiles  ,  iesautf  és  plus  erafles  & 
efpaifles  :  Lés  vnes  font  d’vne  nature  Sc  füb-  , 
fiance  plus  falée  ,  qui  les  rend  plus  acres  : 
ies  autres  d’vne  falphurée,  qui  les  rend  plus 


6  O  DES  MAI  AD  Ii  S 

capables  d inflammation .  Telle  diuerfîté 
paroift  an  bois  de  chefne  &c  defapin  :  Car 
celuyde  ckéfiic  &  de  foufteak  participent 
d’aaantage  à  la  nature  du  Tel,  mais  celuy  de 
fapin  à  celle  dufouphretQue  fl  nous  apper- 
ceuôs  cela  au  grad monde,Il  eft  certain  que 
la  me  fine  chofe  fe  faidfc  au  microcofine,  les 
-  bois  de  chefne ,  de  foufteau  &:de  fapin'  y 
,  eftansfecreçemét  contenus  en  fubftace  non 
;  en  forme,  lefquelsexcités  par  noftrechar- 
leur  immodérée,  fe  mettent  finalement  en 
-âcfciô,  fufcitâs  aufîîdiuerfes  fuliginofltésou  ~ 
fiiy  es  qui  fe  fublimét  en dmeirs lieux  8c  s’at- 
Zeun  tachét  à  diuers  membres,  d’où naiflent  plu- 

«jfecls.  fleurs  fortes  de  maladies,  telles  que  font  les 
melancholies,manies:priricipalemct  quand 
elles  font  montées  en  la  région  aerienne  du 
microcofine ,  eJélt  à  dire ,  au  cerneau:  où 
fengendret  tels  me  t  eor  e  smic  r  oc  o  fin  i  q  u  e  s , 
ardens  &  ignés,  ne  plus  ne  moins  qu'au  ma¬ 
crocofine  les  corufcations  ,  foudres,  ef- 
clairs,  dmerfes  eometes?&  antres  fembla- 
bles  fe  font  de  leurs  exhalaifons  propres. 
Mais  fl  telles  fuliginofirés  ont  dedans  le  cer-  il 
ueau  vne  vertu  &  nature  femblable  à  celle 
du  napelle  ,  de  l’aconit,  de  l’orpin  ,  ou  ar.- 
feniCjfî  elles  y  font  tranfportées  elles  y  pro- 
fuiront  des  maladies  peftilentieH.es  ,  8c  en 
quelque  autre  partie  extérieure ,  des  antrax 
&  charbons, .  Que  fl  eftans  fubiimées  elles 
Rattachent  aux  membranes  de  la  poitrine, 
elles  canferont  cefte  efpece.de  pleureflc 


fi  V  C  ÉRV  E  A  V.  6t 

non  vulgaire,  qui  furuicnt  en  cet  endrçit 
d’vn  flux  de  fangpeftilentiel.  Ou  bien  fi  par 
force  naturelle  elles  font  chaflees  auecles 
^■excreinens  es  parties  inferieures  du  corps, 
elles  engendreront  és  inteftins  ceflre  efpece 
dé  dyfenterie  qui  eft  pelHlentieMe,* exulce- 
rans  l>inteflin,&  y  empreignant  vne  qualité 
du  tout  venimeufe  &  fphaceleufe ,  ne  plus 
ne  moins  que  fi  vn  médicament  feptique  & 
Canftique  y  eftoit  adhérant.  Ce'n’eft  pas 
que  telles  fuliginofitez  participent  feules  a- 
celle  eftrange  &  mauuaife  qualité  fans  au¬ 
tres  parties  du  fang,  car  elles  font  accompa- . 
gnées'de  malignes  impuretez  tant  mercu¬ 
riales  que  fulphurées,qui  augmentent,  em- 
pirentjbeaucoup,  oumefmefont  multiplier 
la  maladie.  Tout  ainfi  qu’en  la  pefte  le  ve¬ 
nin  qui  l’engendre  ou  le  foulphre  arfenical 
enflammé,  ne  faille  pas  feulement  le  cœur, 
mais  s’efpand  par  tout  le  corps,  &  y  fufeite 
vne  fiéuré  peftilentieufepar  ardeur  &  mali¬ 
gnité  duquel,  les  deux  autres  fubftances  cô- 
tenuës  dans  le  cœur %  à  fçauoir  le  fel  8c  la  li¬ 
queur  mercuriale  s’enflamment,  efmeuuér 
&  corrompent  l’vne  aüec  l’autre ,  &  eftans 
corrompues  font  paroiftre  peu  à  peu  les 
forces  de  leur  venin.  Car  des  humeurs  mer¬ 
curiales  corrompues,  &  qui  tafehent  de  fe 
purger  par  les  emonéloires,nailFent  és  par¬ 
ties  de$'  emonétoires  &  glandes  des  tu- 
meurs,  bubons  &  apoftemespeftilentieux. 
Mais  desfuliginolltez  de  efprits  de  fek  fep- 


Dis  MAtADI  ES 

tiques, félon  qu’ils  gifent  en  diueirs  Ïieuxj 
s’en  leuent  par  tout  diuers  charbons  Vau¬ 
tres.  Car  comme  ainftfoitque  telles  fuligi-" 
nofitez  font  mefme  arfenicales,  elies'n’ont  ; 
pas  feulement/la  nature  d’vnfeî  juefacre, 
mais  auffi  ^rfei$ical,de  forte  qu’elles  ne  font 
moindre  ou  moins  grieue  efcharre,  quedî 
quelque  cauftique  ou  feptique  trèfiiiole&t 
eftoit  affiché  fur  là  peàu. 


CH  A  P;-  VIL 


OÙ  il  sjl  tnonfiré  plus  clairement ,  quelles 
font  les  racines  des  maladies  &  comment 
elles  defploient  leurs  fignatures  au  corps 
humain . 

"T  t-oila  les  diuerfes  fubftahoes des  exha-  ' 
V  laifons  ou  euaporations  qui  font  en  noi 
ftre  fang  &  es  autres  fucs.&  humeurs  con-  I 
tenus  dans  noftre  corps ,  où  ellesfont  nai4  >; 
.  ftre  plufieurs  fortes  demaladiés  quan&elles 

fortent  des  limites  de  leur  tempérament.;;  : 
On  les  appelle  caufes  de  maladies,  nori 
pour  ce  qu’elles  font  feulement  vapeurs 
ilmpleSj  exhalaifons ,  fumées  8c  fuligimffi-  | 
tez  de  nature  ae’rée  8c  fpirituelle,ou  de  qua^. 
lire  chaude,  froide,  humide  8c  feche,  ce  qui 
Zts  m-  eft  plus  confiderable,  mais  à  caufe  qu’elles 
prt(Jîon$.  fonc  remplies.  d’efprits  venteux,  impe- 
tU€UXJ  turbulents  3,falfugineux,  pontiquesy 


BV  CERVIAV.,  6$ 

àcres,acides,mordicas  &  veneneax,fulphu-yjwf^.^ 
rez,  nitreux,  puants,^  narcotiques,  peftilen- 
tieux,  arfenieaux,  antimoniaques  & "autres  caufes  ies 
de  tel  genre,  qui  s’exhalent  &:  expir  ent  des  tn*Udiest 
diuerfes  liqueurs,  foulphres,  fels, feces  8c 
tartres  de  noftre  corps,  dont  s’engendrent 
8c  prenenc  accroifTement  tant  de  maladies 
8c  îymptomesjfoit  que  cela  aduienne ,  &  fe 
face  par  le  propre  mouuement&  action  de 
la  chaleur  naturelle  ou  accidentelle,  foit 
par  quelque  au  treananiere  occulte. 

le  ne  veux  pas  toutesfois-attribuef  géné¬ 
ralement  toutes  les  caufesde  toutes  mala¬ 
dies  à  telles  exhalaifons  &  vapeurs,  mais 
i’oferay  bien  rapporter  Ia'plufpart  d’icelles, 
tant  font  puiflans,  admirables  8c  variables, 
les  effeéts  de  tels  ef’prits,  quand  ils  trouuent 
&  rencontrent  vnlubjeét  propre  8c  çonue- 
nable ,  &  qui  plus  eft ,  i’aduouë  que  b  eau- 
coup  de  maladies  prouiennent  d’vne  intem- 
perie  iimple  8c  conioindte  auec  vne  Humeur 
foit  pituiteufe,  foit  bilieufe&melanchoii- 
que,feules  ou  méfiées,  naturelle  ou  non  na¬ 
turelle  ,  i’appelle  humeurs  naturelles,  cel¬ 
les  qui  font  contenues  enla  maffe  du  fang, 

8c  diftinguées  eh  vray  fang,  en  pituite,  bile 
8c  melancholie  :  la  différence  defquels  fé¬ 
lon,  les  Hermétiques,  ne  cofiftepasenqua- 
litez  froides, chaudes  humides,  &  feiçhes,  anatartïe 
mais  en  ce  que  le  fang  contient  dres  fub-  Herme~ 
r  fiances  mercuriales ,  fulphurées  <5^falées,à  Xîmt»rs 
saifon  defquelles  on  diftingue  les  parties  ou  umettrf 


^4  ï>  t  S  MALADIES 

le  contenu  d’iceluÿ,  ce  qui  paroift  au  laidj 
eu  le  petit  laid  refpond  &fé  rapporte  au' 
mercure,  le  beurre  au  foulphfe,  le  fô'urma- 
gc  au  Tel  ou  tartre.  ;  f 

Nous  àuons  jà  fusallegüé  l’exemple  de  la 
,  comparâifon  âufang  &  du  vin:  où  nous  a- 
uons  demonftré  par  raifons  bien  eUidentes’ 
combien  grande  analogie ,  proportion  & 
affinité  il  y  a  entre  iceux.  Cancomme  le  vin 
s’efclaircit  &  raffied  en  Tes  tonneaux,  a'inff  | 
Specïdle  noftre  fang  comprins  en  Tes  veines,  quitte 
anatomie  &  delaifté  fes  exeremeiSs.  On  tire  du  vin 
dstfang  l'eau  de  vie  par  chaleur  modérée:  de  mefme 
la  chaleur  temperée  &  naturelle  du  cœur- 
fait  diftillèr  du  fâng  vne  eau  de  vie,  àfça-  , 
uoirl’efprit  vital:  dont  reipritanimalpréd 
fon  origine,  8&  qui  fe  parfaid  par  circula-  . 
tion  au  bain  marie  naturel  âU  cetueaU,  né 
plus  ne  moins  que  par  le  moyen  du  bain 
marie  artificiel,  on  extraid  de  l’eau  de  vie 
l’efprit  de  vin,  lequel  eft  beaucoup  plus 
fubtil  qu’icelle  eau  de  vie,  carvnegoutte 
d’iceluy  verfée  en  terre,s’efuanouït  pluftoft 
en  l’air  qu’elle  n’y  eft  pâruenuë.  Ainfi  l’ef¬ 
prit  animal  furpafte  de  beaucoup  enfubti- 
lité  le  vital  contenu  és  arteres.  Or  quand 
nous  entreprenons  de  faire  telles  extra¬ 
dions,  aflauoir  de  l’efprit  de-  vin  ,  qui  eft 
l-’ame  d’iceluy,  on  voit  vne  grande  quantité 
de  phlegme,inutile  &  de  nulle  vertu,qui.re- 
fide  au  fond  apres  la  diftillation  6c  extra¬ 
dion  des  efprits.  De  mefme^  outre l’efprit 


,  DV  ÇERVEAV;  G$ 

bu  eau  de  vie  de  la  nature  Humaine,  on  trou* 
ùe  femblablcment  au  fang  vne  grande  qua¬ 
lité  de  phjegme ,  aiTauoir  cTHumeur  pitui- 
teufe,aullî  du  tout  inutile.  D’auantageou-  Seroj;t£ 
tre  le  phlegme  extrait  par  diftillatiô,  ilpa-  iu(angi 
rbift  aüvin  certaine  lie  jaune  ou  rouge,plei- 
ne  de  foùlphre  8c  de  Falpetre,  mediocremét 
volatile:  Ce  qu’on  recognoift  mefme-au 
fang,quand  on  ehtréprendde  le  diftiller  :  & 
c’eft  ce  qui  peut  eftre  proprement  comparé 
à  la  bile  que  la  nature  f  epare  du  fang:  atten<  J* 

du  que  l’vne  &  l’autre  lie  â  vne  fubftance  du  fang. 
tout  nitrofulphurée,  ou  remplie  denitre  8c 
de  foùlphre.  Si  vous  acheuezl’entiere  ana¬ 
tomie  du  vin,  vous  pourrez  encores  apper- 
çeuoir  beaucoup  de  cefte  lie  liquide  ,  dont 
l'operateur  pourra  faire  vn  vinaigre,  qui 
reflemblera  fort  bien  à  la  melanenolie  na¬ 
turelle,  acide  &  pontique,laquelle  defeend 
&  refide  au  fond  du  fang:  de  laquelle  marie- 
re,la  nature  exprime  8c  parfaiét  fonvinai- 
gre,aflauoir  l’humeur  melancholique.  D’a¬ 
bondant,  apres  l’extra&ion  du  vinaigre  en 
forme  liquide ,  il  refte  vnè  certaine  lie  ou 
tartre  fi  acre,  noir,  &  ardent  à  caufe  des  fels 
vitriolez  qu’il  contient,  que  fi  vous  endet¬ 
tez  tant  foit  peu  en  l’eaUjelle  s’enaigrit  tou¬ 
te  à  l’inftant.  Ce  qui  fe  peut  auffi  remarquer 
en  l’anatomie  du  fang  par  l’anaiogiede  l’vn 
&  de  l’autre;  Car  la  lie  d’vn  tel  vinaigre  fe  MtUn* 
rapporte  ace  qu’on  appelle  bile  noire  8c  a- 
dufte  :  Ce  n’efl:  pas  qu’elle  deuienne  telle 

'  N  É 


Cè  ,  »B«  MALADIES, 

par  adùftion,  comme  efcriuent  plülieurs, 
mais  par  la  feparationdesfubftancesmèr-, 
curiales  &  fulphuréestle  meflange  defquel- 
lesfaifoit  que  les , féls  demeur oient  aupar- 
àuant  tempérés  en  leur  eftat  &  office  :  lef- 
quels  eftans  feuls  &  feparés,  viennent  à' 
s’aiguifer  &  cfleuer,  Il  y  a  grande  àbondan-- 
de  tels  Tels  vitriolez  en  plulieurs  végétaux, 
dpnt  nous  fournies  alimentez,  &  defquels 
s’engendre  le  fang,ma is  principalement  au 
,  vin,  la  mer e  duquel,  alîauoir  la  vigne,attire 
les  efprits  métalliques  de.,  la'  terre ,  ôc  s’e« 
repaift;  plus  que  nul  autre  vegetable.  Pour¬ 
tant  dit  on  que  Baccbus  aime  les  rAonts  8c 
lieux  pierreux5&s’ypkift.Çe  qui  n’aduienî 
point  à  b  eaucoup.  d’an  très  végétaux:,  qui 
plus  eft  ,  Ê  vous  -©liez,  le  phlegmedu  vin&r 
le  cuifez:&  recuifez  à  feu  mefrne  trefuiolét,'. 
û  ne  pourrez  vous- damais  ramener  à  celle 
nature  faliugineufe,linon  que  par  aduantu- 
re  il  ait  retenu  en  foy  quelque  partie  de  fel, 
laquelle  apres  l’euaporation  de  l’humeur 
liquide,  rende  plus  acre  le  corps  reliant,  & 
fort  plus  mordicant.  Nos  pblegmes  ou  hu¬ 
meurs  n’ont  en  foy  riendefallugineuxpar- 
adulîion  :  Car  il  eilimpoffiblede  donner  ce 
qq’oilt  ne  polTede  pas: :8c  laqualifé  n’engen¬ 
dre  point  la  iubltance,  domine  i’ay  dit  ail¬ 
leurs.  Au  furplus  le  vinaigrier  conuoiteux 
de  , gain,  calcine  à  force  de  feu  les  lies  car- 
treqles  defpouïllées  d’humeur  quelconque, 
§c  préparé  ses  cendres  dites. esi fran çois 


BV  C  ï  R  V  E  A  V.  1  Gy 

cendrés  grandies.  Se  ce  en  quelquelidu  efç  ar - 
çé,  de  peut  qu’il  n  empuantiflè  infe-éte 
les  maifons  de  leurs  vôifirîs,  ouïes  yillfisipat 
telks'liespleinesd  yrîfoulphre  taptimpur: 
&  Ci  pua  fît .  On  fait;  de  c  es  cendres.  lefelde 
tartre,  8c  dudit  fel  ynefuùie:  d’ie.eÙes  aufït 
ia it-oii  des  lexiues-,  de  pludeilrs  Faupirs  pro¬ 
pres  &<vtiles  âncttoyê-r.diuérfeS  çhofes.  La 
mefnie  operation  Ce  fait  pareillement  au 
fang;  és-  dernieres  de  plus  arides  iic-s,<lûquei 
y  a  des  foulphr  es  qj|i*mefma  à  petit.féu  ren¬ 
dent;  ;  y  ne  odeur  ,.ff  puante  péndcieulèÿ 
qü’ils  fuffirôient  pour  infeéier tout  vu  pais* 
s’ils  y  eftbient  au ffi  a^ond ans  qu  e  1  es  lies  de 
v in*) O r; conte  tels  foulphres  &  felsfe  tfou».  ” 
uent  ésHeS  dit  vin  :  ’àiniirçhôfes  femblaMes 
fo nt  contenues  aU . citr e,: p Pire,  ceru oife,  de 
autres  tels  fereüu^ges^  aliments,  defqueis 
pjrenans  rto/jhe  nourriture*  ôtnçftrq  fangfa. 
fubflancfj  il  eft  refnply  &  infedbé  defem- 
blables  ehofesiCAbt.ôiites  lies  &  fejçcreraens 
pleins  idÇcïartfe^fqrïj  efpais^.pup^lîqndanee 
de  nietçures ,  lbplpJsre-s.-.ddifekfïq^if  ipe 
peut-  difeerner  &  v'eoit  feparémenfi  lino# 
Upc  fs-:  que  le  vin  e^raffis,;  Ef  |§f  j.es-fuj>ftan?- 
Cotte,  çpmparjéesrauxnuna^çspitni)^U-- 
fes,bilieufes  Sc  meiancfmliques*;&  iceUes 
outf e  nàturèjquidëreenden^  defe-lpparefit 
de  la  maife  du  fapg, Leur  ,  pituite  tagrqft 
<luHf_ei,:tÿ.ptpftrrFaiée>:  -feurappqEte^ 

foulpltre^ftreus.  Lapaefin^ 


68  LES  M  A  L  A  î>  I  B  S 

cholic  douée  de  qualitez  aceteufes  8c  poii* 

tiques,  reprefente  la  nature  du  fei  vitriolé  # 

8c  alumineux  :  lefquels  font  corne  feux  ter- 
reftres,oppofez  aux  feusf  fulphurez,aërez& 
celeftes ,  en  forte  qu’il  eft  impoffible  d’en 
extraire  vne  eau  de  vieoar  aucun  artifice 
'  que  ce  foit.  Que  s’il  enfort  premièrement 
quelque  chofe ,  c’eft  yiî  phlegme  n’ayant 
prcfque  aucun  gouft,  par  lequel  il  eft  corri- 
Zali-  gé 8c comme reftreinch  Eftant feparé d’ice- 
future-  iüy ,  il  acquiert  vne  telle  acrimonie ,  tpi’il  ‘ 
fiant ft-  peut  brifer&difToudrelesrocherSjVoire lès 
fatéejt  plus  maflifs  &  folides  métaux.  Par  fembia-'  ; 
uwt  f et raifon,  il  faut  conclure  quel’humeur 
faraifirt  ifiélancho&que  defpouïliée  de  fon  propre 
Uutma-  phlegme  reçoit  vne  telle  afpreté&âcrimo-  'x  /- 
Ugntté-  nie  quelle- ne  femble  plus  naturelle, âins 
qutre^oire  contre  nacure:fufcitat-au  corps 
humain  des  fymptoméS  les  plus  violents,1 
griefs  8c  pernicieux  de  tous.  Car  elle  zp- 
proche  de  la  nature  de  l’eau  forte  compofee 
de  vitrioljd’alun  8c  de  falpetre;  dot  il  enfuit 
àuffi  les  effeéfcs:  veu  qu’elle  excite  tâtoft  des 
appétits,  tantoft  vne  faim  canine  ou  rage,  t 
quand  apiaftee  dans  l’eftomac,elle  s’irrite  8c  j 
y  caufe  dutoùrmét,tantoft  cefte  melancho- 
lie  qui  pour  l’inflammation  des  hypocon- 
dr es,  l’humeur  eftant fublimce, fe nomme 
hypocondriaque  :  par  laquelle  l’entende¬ 
ment  eft'  troublé  &  fe  fouruoye  :  tantoft 
l’humeur  efleué  par  afcenfion,  tantoft  ab- 
baiflé  par  dçfc  èrite ,  &  fait  cognéiftrepar 


T>V  CERV  E  A  V,  Gp 

diucrs  effe&s  prodigieux  &  admirables. 

Lefquels  ne  doiuent  pas  eftre  attribuez  à  la 
Teicher  elfe  ,humidité,  froidure  ou  chaleur, 
mais  à  toutes  les  eaufes  aufquell estomaq¬ 
uons  çy  delius  rapporté  telles  maladies,  cov 
me  peut  çognoiftre  par  les  exemples  mis 

en  auant.  De  forte  que  i’ofe  inferer  delà  (et  Ga\ 
qui  Toit  dit  fans  offenfer  G  al  ien,  ny  Tes.  illu.-  liuredes 
ftres  feéfateur  s)  que  celle  humeur  melan- 
cholique  à  laquelle  on  tlonne  larate  pour 
rece&acle,  eft  induëmcnt  comparée  à  la  lie  ia’~atur\ 
de  vin  8c  d’huile.  Car  telle  humeur  ne  s’effc  i9i.fac , 
jamais  trouuée  feparémét  en  la  raté  :  iîa  nâ-  cba  9.  ai* 
ture  n’ayant  deftiné  à  celle  humeur  âu-/«J»^  d» 
çun  referuoir  en  la  rate,  ainfi  qu’aupres  du  temïtr*' 
foye  elle  a  ordonné  le  fiel  à  la  bile,  afin  que  j”*”*/^* 
par  fon  defbordement  en Tint  eftin  jeun ,  la  de- Unit, 
faculté  expulfiue  fuft  prouoquée  comme  thodedt 
par  aloé  ou  rhabarbe  cholagogue  àrepur-  remed. 
ger  chacun  iour  le  corps  humain  demau- 
uaifes  humeurs  &  d’excremens  trop  efpais.  n.e p 
Mais  elle  n’a  pas  ainfi  pouriieu  àla  ratp  :.en  Vemtn- 
laquelle  quoy  qu’il  s’engendre  vn  vinaigre  &ùttde 
fanguin  de  nature  non îiquide,mais tèrre-^ 
ftre  { fentes  parler  delà  ittelacholie  naturel-»  -  ?*  ' 
Itj II  n’ya  toutefois  rie  d’efpais,ny  excremë-  '  f* ™ 

teux  qui  occupe  quelque  lieü  particulier  en 
icelle:  ains  il  s’efpad  par  tout  fon  corps  l^)ô- 
gieux,  afinqu’eftât  imbudecefte  humeur  a^. 
eide  &  acre  corne  leuain, ilparuienne àvne 
nature  rare  &  fpongieufe ,  ainfi  quéneus 
voyons  aduenir  au  pîfin ,  lequel  eftantfer* 

E  iij 


7'0  DES  M  A  EA  D I  E  S 

mérité  ÿrsîatccnuêV  ^deuient'piùs  legep& 
fpô ngi«üx;^ÆU  qu’autremenfc ri  féromplus 
nialÈ ;&i  peferoit  •  ilairaritage  s’il  rfy  auoit 
.ppdjar:  dé  Ifeuam.  -Or  tout  ainfiagpeieyinai- 
-gfce,ne;îfelpeut  faire; fans  priuaao.n-&  fopa-, 
fanonde  refpritquéefti’elTénce  du, vin  voj. 
i^rié^ipfeuréE^ijnCTpurialetddqai’iLs'en- 
-f  v,I'  aâgÊk:p  qui  rau  pif  rcriléifiàitnirëceriumi  £eî 
vl  .  x.  ^rmoniac,  volatile  j&  acte,  àuec  lequel  il 
efttpu ûams£çar^mQCïkconiomô^r0.d6t 
**>1  \  ilia  téoèaïLyîreicjaaMte  &  force  Mesiàutre 
"  rs-Kv  ^ae  fncxiif&i&^  re- 

wh  ,(V fout  itaisipft.  &  piuftoft  les,  chofesphisdu- 
yes,  fc-qur  ont'.vîiesFèbffàiicé  plus  terme  Si 
Tu?**  fôlide^iÆàntû’ft  cojageieifcelles-  qui xmv vn> 
TTT.  ",  çoqxsnp.to^dnoÊ  &%ifis-ifpkttirel>^ommq; 
j&uliuré  no.us?uqoiis  demonfee. ailleurs:'  Bemfefme 
d&figùdx  suffi:  eft  il  çertain'^âejl’effeiice.plm&dùiicç 
turhtfo x  gzibewgne  y ,çâkptDprémier.ément'diiîàpéq 
*J*\ £  en:  août  e:  corps  ridmmeûx;.mélatn.càdliquc 
'  s^ne&aigrit utôqmerit  'dcfopfolrfiefmes 

-ttînv  -,  faciâcez^rieie^ân^^efoortfomdéiiJ&jfei-- 
*fe  %-a-, v,  ci^kçxttfàfesfefeaijjjQtCp  iiplus'  effiea4ieüfei 
3$ atwe''  qufoiieâprea;  fmafej^nuenadbimi.  Qrnuiîd 
ÀeClui"\  Mimeun  iUÊlansWHqifomelp^tijtteiquai 
meumt-  •  llgéeïOKEfiç  .^ciÆéîBffièrÉ, aso'ltaWDqi^éïï.élclI . 
:**tât*Ur  htaasâiirjgar;  çüeiê&ipEÏperi&irpnié'c  de  s.auK 
*U*‘  rod|t£r^3©6aiîiluixic  zsê^bbdieuil’m&ïnomk 
<paeim3»ùs?dd^e^rfand«ri  icèUd,'|amm|:eeur..j  . 
’  ^a^retip^  ifî^iplsçjsàjribcâi  pirçaf»<i’y4xe  i&mtue 
terrfiftricqpâç  icaj<âhgt%«fc  aduftioris  înai  a 
duiqefliru^  doeêEtaiG^çà;  armamac^  a’©'1<i>7 


«il  ,  fubtil  8c  acre,  voire  acide  &  vitriolé, 
-qu’elle  contient  en  Ton  diffout,&  qui  tient 
lieu  de  fauffe,prouoquant  la  faim  &  excitât 
l’apetit  :  comme  aulE  d’vn  feu  naturel  doue 
dvne  propriété  admirable,  lequel  cuit,  di¬ 
géré,  deuore,  confume  &'exerce  en  vn  mo¬ 
ment  telles  autres  fonétions,que  nut autre 
feu  ne  pourroit  effectuer  par  là  feulé  qualité 
8c  force  de  fa  chaleur,  durant  mefme  vh 
long  efpaee  de  temps-.  *  1  * 

Tant  s’enffaut  donc  que  telle  mclahèîÂf- 
lie  fe  dôiue  appeller  lie,  &  foit la  plus* em¬ 
paille  8c  terreftre  de  toutes  humeurs,  telle 
qu’on  nous  la  dcfcrit  (fans  expérience-  qui 
ta  faeeparoiftre  telle  en  la  rate) ,  qu’au-coiï- 
traire  la  bile  ayant  fon  fiegè  &  réceptacle 
au  fiel  ioignant  i'e  cre&x  du  foy e,  doit  féfti- 
bler  vne  humeur  beaucoup  plus  'efpâiflfe, 

-  entant 'qu’élle  retient  l’habitude  d’vn  fél-ni- 
treux,tartare,huileux,vif^ueux  8c  tresmaf- 
hf,  8c  que  non  feulement  ellofe  condenfe 
promptemét  par  là  chaleitr  exterhédüfêit, 
mais  auiîTpar  trop  grande  châleitr  $u$oÿ'e 
ellefe  congelé'  8c  endurcit  •préfqüfe:  toute 
en  conf  ftencedetartré;réffembknt  à^^iî- 
loux,&  petites  pierres  noires.  Ce  que  nulle 
" expérience  ' ife  fte  fmoigne  prouenir  dê rrïe- 
lancholie  qui  fqit  eh  la  rate;  laquêiLë  r àbe 
-neântmoins-  ëftant  {>ar  fois  remph^â’ôfe- 
ftru'étions^onrs’engendre-  les  dur  et  es  y  la 
èaüfer<§e4.da  ne  s*en dbitattr ibuéi  fimpieh 
-menrà'd’hQmëur  meîançhqiique  ;  i  tjsq^à 

,  \-  '  E  «i| 


Jt  DES  MALADIES  y 

plufieurs  autres  meflanges  d’impuretez,  Sc 
autres  humeurs  tartrepfes ,  defquelles  fe 
forment  telles  durerez  au  fioye  mefme,& 
autres  entrailles.  Maishous  auons  par  trop 
.  finglé  en  haute  mer,  il  eft  temps  de  caller  le 
voile,&  de  fonner  la  retraite. 

^  Toutesfois  il  nous  eftoit  neceftaire  de 
préméditer  ces  chofes  auec  diligence,  &  les 
expliquer  au  long ,  pour  donner  tant  mieux 
à  entendre  ,  quelle  différence  il  y  a  entreles 
Hermétiques  &  Dogmatiques ,  à  examiner 
la  nature  des  parties,&aifignerles  caufesde 
l’Epilepfie,  vertige,  apoplexie  §c  paraly fie. 
Et  afin  mefriie  de  concilier  &  accorder  l’v- 
ne  &  l’autre  fedle,!!  faire  fe  pouuoit ,  où  s’il 
nous  eftoit  impoffible  de  les  faire  confentir 
en  tout  &  par  tout,de  rapporter  fidèlement 
les  raifons  que  l’yn&  l’autre  party  met  en 
auant  fin  ce  fubjet  :  Et  dôner  par  ce  moyen 
oceaiion  ux  dodfces  fuiuans  vn  droit  iugc- 
ment  ,  de  iugeç  drpiçt.ement  laquelle  des 
j  deux  opinions  eft  la  rphis faine v  afin  que  le 
tout  fe  rapporte  &  tourne  au  commun  a'd- 
uancementdc  la  médecine ,  en  debatant  la 
çaufe,  &foull:enant  le  party  des  Dogmati- 
j  qçtes  :  nous  auons  ja  furafammênt  déduit  & 
enfeigné  félon  la  plus  commune  opinion 
d’içe.ùx ,  comment  l’Epilepfie  a  fon  fiege  au 
çerueau ,  &  quelles  font  fescaufes  ,  à  fça- 
üoir  yfie  humeur  pituiteufe  ,  c.rafFe  &  oh- 
fito&uie  :  telle  qù’on  dit  eftre.  la  eaufe  de 
Iag>ojilçxiç ,  qui  ffelonFopinion  de-  Galien 


T>V  CERVEAV,  7* 

qpe  nous  auons  promue  eftre  telle  par  beau¬ 
coup  de  partages  tirés  de  fes  efcrits  )  a  mef- 
rne  lîege  &  caufe  que  l’Epilepfie  n’ep 

différé  finon  à  raifon  du  plus  &  du  moins* 
C’eft  à  fçauoir,  qp'en  l’apoplexie  la  matière 
boufehe  tous  les  partages  du  cerueauvni- 
uerfeîlement  ,  mais  qu’en  l’epilepfie  elle 
occupe  feulemët  quelques  ventricules  par¬ 
ticuliers.  Or  il  nous  faut  monftrer  en  peu 
de  paroles,  quelle  opinion  çn  ont  les  Her¬ 
métiques. 


Ch  ap.  VIII,  .. 

Comment  il  faut  rechercher  les  Jêminatres des 
maladies  :  Et  par  confequent,  hne  dîfpute 
Hermétique  touchant  CEpilepjte.  ' 

Pqv  r.  commencer  par  la  partie  malade 
ehl'Epileprte  :  Les  Dogmatiques  (com¬ 
me  ileftdit  cy  dertus  )  afferment  que  c’-eff  le 
cerueau.  Les  Hermétiques  aucontrairç  ont 
vn  bien  autre  fcntimenc  touchant  la  natu¬ 
re  ik  les  propriétez  du  lieu  que  plusieurs 
P  eripat  étiques,  iefquclstafchent  d’accom¬ 
moder  les  feiences  Mathématiques  aux 
çhofes  naturelles  :  Car  les  Hermétiques 
tiennét  que  les  £lemens,matriçesjchamps, 
-ventricules,  minières,  font  lieux  non  oifffs, 
mais  doüe?  de  leurs  proprietez  qui  donnent 
vie  de  nourriture  aux  chofes  qu’ils  con^ienr 


Ndture 
itsele . 
KtCJîS. 


ncnt , c'eft  adiré,  aux femeriçcs , dont fina* 
Içmentils  produifent  des  fruits  qu’ils  tien- 
ncnt  cachés  en  leurs  entrailles  .Autant  dôe 
qu’il  yTà  de  vetrfeules,  mines,forges  marri-  ‘ 
ces  où  ciemens  participâfis  aux  proprietez 
des  fcmences  vitales,  autat  delieux  ont  auf- 
fi  les  maladies.-  Ett dures  femênees  ayant  la 
-fâ  qui  té  d’ entretenir  la  fauté ,  contiennent 
-  àulîi  en  foy  lès  racines  d«s  maladies.  Car  il 
èft  tref-certain  que  lafanté  &  îa  maladie, 
ont  vn  mefmefubjeét, tellement  que  fvne 
eft  chaflee  par  l’autre  conformément  à  la 
■s  ,  réglé  des  contraires.  Telle  efïïeurconcep-, 
tiôn  touçhantlelrèufqft  conùéhaBTiTl’art 
-  de  médecine  Sc  à  la  cùtérnefme.  Orladif-, 
T%£énce  quffêVrouuè'eiitre  lèfdits  lièuxfCo- J; 
fôfç  en  fubMîité ,  fpiritùalité ,  efpaiilèur,_ 
coagulation,  i^ie  &  faculté; l  Ati-teftê,  félon 
-  ,  la  différence  &  conuenance  des  chofes/ihÿ 
p  ijfèreee'*MïjiÜ  iWërfîté'-aif  îiéuPGa-rTe-fr^  ne  ^outry, 
ces  lieux.  la  pièrre  moftëj  &priü*éë#ofprifŸitÆ, 
“fdnt  dits:  êftré:ièn  la  terré 'bîèrîiiut'reniOÙt 
qùe  l’arbr é,;ay'àut'fes  'racines  &  éhëueüxllî- . 
chez  enicéllél#enh  irlneèdmnÿe  d?vnema. 

;  tuic-e  fa^ n o oÿrktil éi dëmb !àfe$éiïqn'it  certain 

TüfqifâH  tèîUps  pf  effxjduqilêl  d^tndèbf'îës 
:  e  :repüllufé^fcns  dnnu^les^dè^nWiiellèSîgê' 

‘  -tidift,Têravdit  y  MreèidndlifÇeMéëlcôftiÿ- 
■  üWq&é léfÿhofésTpfd|tèW3À$feâ:  âü  'êorpsffc 
^iï^nftrénCl^diferëfii^^tstié-uic^fe 


BV  €  E  R  V  E  A  VS  _  7[ 

pierre  concréee  enîa  vefcie  ou.es  peins,  paè 
{es  tupheaux  des  poda^riques-és  ioin&ures, 

-mais  principalement  es  mucila^es^ou  con- 
fifte  la  vigueur  des  efprits  &teinclures  de 
fels.  nriuÂz  : 

Or  les  lieuxdes  anaîadies  fe  necherchent,^”'*'^ 
&  cogrioiirent  par  le  paoym  des  fehs, 
confiderant  l’analogie  des'  cofps,  les 
plüsr  facilement,lesautres moins,'onles  iz-  tùus  du 
eognoift  facilement  à.  ladtipn  bleflee,  aux- muâtes. 
excremens -,  à  foipece  »&  fituation  de  lai 
douleur ,  l’enflure  &:  autres  iymptomes  & 

Agnes -proaenans  des  proprieiez  desmala-' 
dies.  Ainfl  nous  apperçeuons  quêles  efprits. 
arsenicaux.  Sc  corrcrjtfs  fe  font  iiiAnués  és 
membranes,  artère,  veines,  3c  mufcles,  der 
la  poidtrine ,  &  y  ont-  fourny  ' la-  matière  à* 
vue  ;  -pif  urèfîe  peftiientfêHe  :  ;ce  (que  nous  - 
comprenons  aifément  par-la  toux,  douleur  , , 
poignante,  fubîte  defaiUance  de'forces,  êc 
par  de  -craebat-fàngiântdc  iroueuxî  Onidef- 
couture  aufli  par  cç  niefme  moy eruquetelsr 
fais  -arfenieaux:fQnt,és  intefHns,par  lady-  , 
iviît.erie  peftileîitielle  qu’ils  y Jufcitent: 
paf'ifildefirid’exeïementej^  ledit  ifelarfeni- 
ealrongèant  çefcHfq^iâbbatanr'foüdairi  les, 
forpeççténdafljj  «tes  èxcrémensnoir  s, ppâts*; 

3c  boueuXx^oiïér^s^noddsdmileursfort 
goeugs;,-d©îgMgçs  trenciiânfceSiL:  - f 

O  e onapr end£a£  i]em ent  fansaucuns  fi~ 
gnejâ- H?  iieuiJdP'iquelques-.aHtrds  râalafliest  y 
qùedê- malade mefmc peut  auflidemoÂfes:.  ... 


'  j6  DKS  MAIAOIîS 

Telle  qu’efHa podagre  ou  goutte  aux  pieds, 
les  efcrouëlics,le  chancre,  &  tous  les  autres 
piaux  vïfiblc's. 

Et  combien  que  les  racines  chancreufes 

pouflenr  leurs  fruiéfcs,tantoft  en  la  face, tan, 
toft  en  la  poi&rine:  d’autant  que  ces  par,  j 
ries  font  remplies,  &  fe  nourrirent  d’vn  fag 
■ .  tref-fubtil  &  de  Tels  volatiles.  Ou  iaçoït 
/que>  les  refoiutions  eferoüelleufes  foient 
portées  aucol&y  croilïent, àraifon qu’el¬ 
les  y  rencontrent  des  petites  glandes ,  &  des 
veines  abondantes  en  liqueurs  mercuriales, 
ajumineùfes  &  aroniques  propres  à  leur  gé¬ 
nération.  finalement  encores  que  les  tein, 
cures  podagriques  envoient  leurs"  fruïch 
mucilagineux  és ioinéfcures,  néantmoins  les 
mines  &:  racines  de  telles  maladies,  quoy 
qu’elles  foient  auilî  manifeftes,  fontirTen-. 
itblés,&  demeurent  cachées.  Et  combien 
qu’o  jipperçoitre  leurs  fruits  quand  ilsT&t 
meurs,  les  lieux  toutesfois  d’oà&  par  ou  iis 
font  venus,  n’apparoilîet  en  aucune  maniè¬ 
re  que  ce  Toit ,  mais  font  entièrement  ca¬ 
chés;  de  forte  que  les  fontaines  &  fources 
de  tels  frui&sTe  doiuent  recercher  ailleurs, 
qu  es  endroi&s  où  elles  produifent  leurs  ef¬ 
fets,  &  leurs  tein&ures  ou  impreflions. 

Xfs  tieyx  Quant  aux  lieux  des  maladies  celeftes& 
^^'  fpirituelies  ,  iis  font  tref-difficiles  à  coi 
TititUt  's  gnoiftre:  &  &  doiuent  rechercher  parvne 
ÿtfttrlu-  méthode  bien  autre.  Car  telles  maladies, 
tj[m.  $uf  enfemble  àüec  leurs  tein&ures  vitales  fe 


DV  cérVeaÿ.  .  _ 

dîffipent  toutes  en  dilîblution,  ainfi  qu'on 
peut  veoir  és  raereores  &  générations  du  * 

globe  fuperieur.  Auffi  eft  il  certain  qu'au 
globe  fuperieur  du  miçrocofme  ,  s’en¬ 
gendrent  tels  météores,  a  fçauoir  i’apople- 
xie  &l’Epilepfiç  vrayes,  dont  ilnousîaut 
icy  difcourir.  Car  les  lieux  de  ces  maladies 
font  occultes,  &  leurs  femencesfoar  cele- 
ftes  &  fpirituelles ,  entant  que  comme  vn 
foudre,  elles  abbatent  <k deftruifent en yn 
inftant  les  elemens  vitaux  du  corps,  vniuer- 
fëî.  Or  eft  il  certain  que  l’Epilephe  &  Apo¬ 
plexie  font  des  meteores  femblables  au 
microcofme,  dont  il  s’enfuit  que  leurs  lieux 
font  fpirituels  &du  tout  inuifîbles,  puif-  L *  TMii> 
que  les  tein&ures  celeftes&iemencesfpi- 
rituejles ,  ne  font  vif  blement  contenues  en, 
quelques  certains  lieux,  comme  font  les 
corps.  Car  foit  que  tellesfemences  refident 
au  cerneau,  foit  au  ventricule,  ou  en  toutle 
pancréas,  matrice,  menftruë,maÇe  du  fang, 
ou  autre  partie  du  corps,  on  ne  les  peut  co- 
gnoiftre  par  analopfmes.  La  confideration 
des  parties  offenfees  font  aullipeu  confde- 
rables^  Parquoy  au  lieu  des  ueges  corpo¬ 
rels  ,  il  faut  chercher  les  elemens,  qui  par 
certaine  puiflànce  &  maniéré  fpirituelle, 
contiennent  notoirement  les  tein&ures 
fpirituelleS^non  comme  la  pierre  eft  pofée 
es  reins  où  en  lavefcie,  ou  bien  les  impu¬ 
terez  fuligirieufes  dans  les  entrai!]  es:  mais 
tout  ainfi  que  les  cfpritsmineraux  fc  font 


*8  B  £  S  MALADIES 

potentiellement  cachez  és  eiemens ,  qu| 
produifent  leurs  efte&s  en  temps  oportun. 
Erreur  de.  „  On  peut  colliger  dé  i  à  combien  fort  fe 

G<tli*n  trompe  Galien,  quand  en  confider-ationdg 
^Ufubtde  ^  la  foîidtion  animale  depraüée,  ilcollo- 
ïtpiUpjil  que  le  fiege  de  i’epilepfîe(dont  nous  parlons 
icy  particulfereniétlau  Cerneau,  voire  mef- 
-nVe  au  ventricule  pofteriéur  d’iccluy.  Car 
pourquoÿ  met  il  le  feminair  e  de  la  maladie 
pluftoft  en  céfté  partie  qu’au  coeur ,  vendue 
les  fonéHohs  dii  cœur  font  autant ,  Voire 
plus  pefuerties  que  celles  dü  cerneau?  De- 
:quoy  rendent  plus  que  fufEfant  tefmoigna- 
ge  les  grands  batemenS  de  cœur,  les  pouls 
■  defreiglez,  les  fyncdpes  efloufantes,  &les 

pafmoifonsi  Commé  au fia  la  grande  luicle ; 
en  laquelle  le  cœur  fontaine  de  nolire-vie/ 
fe  fentant  oppfeffé,  &içô  danger  de  p  erdre 
la  vie,âdemble  Si  appelle  à  foy  dd  taures  ' 
parafes  forces  dei  efprits  pour  feprefeèueiy 
.defendreySc  auffi  rembarrer  fon  très  cruel 
-cnnemy,d’où  naiffeftt  s’ên'faiuentiesfe- 
,  -couifes  &  côuuîfions  de  la  tefte,du  c ol,d ia- 
-  phragme,  des  bras,  mains,  &  pieds,  pluftoft 
-que  de  cefte  obftrudlion  imaginaire  du  cer* 
ueau,  &  de  la  corrolion  de  fes,  menyngéS. 
.Et  ce  non  fans  caufe,  attendu  qu-’o n  peut  .. 


-taille  ou  imagination ,  comme  auffi  la  me* 
moire,  demeurent  en  leur  entier,  fans  eftrc 
nullement  endommagées.  Qui  pluyell  1» 


sy.CBRVEA^  7? 

feu ë  &  l’ouïe  perfïftent  en  leur  intégrité, 
ainfi  qu'on  a  fouuent  remarqué  &  obferué 
én  cefte  Damoife/le,  pour  laquelle  nous  a-, 
uons  ordonné  leconfcil  fufait,  félon  l’aduis' 
qui  nous  en  a  efté  baillé  par  efcrit.  sPar  cefte 
©bferùàtion  les  Hermétiques  peuuencdé- 
monftrer  qu’en  quelques  Epilepftes,  le 
cœur  eft  premièrement  Sc  de  foy  indifpcfé.  , 
ihaisle  cerueau  par  fympathie.  Car  en  tou¬ 
te  maladie  du  corps,  cefte  partie  n’ëft  pas 
premièrement  ôc  immédiatement  mal  dif- 
pofée,  dont'  les  actions  font  faines  apres  la 
nailîance  du  mal.  Or  en  quelques  Epi!  ep4 
fies, tp.ntoft  l’imagination  &  la  mémoire, 
cantoft  la  y  eue,  fonctions  du  cerueau,  de¬ 
meurent  entier  es  la  maladie  eftant  formée, 
en  icelles  donc  le  cerueau n’eft  pas  indifpo-  ce  etr- 
fé  le  premier.  Dont  il  s’enfuit  qu’il  faut  au-  ut  a»  n*fl 
c  une  s  fois  cher  ch  erle'fî  ege  princip  al  de  l’ E- 
pilcpfie  ailleurs  qu’au  çerueau,ou  qu’o'nne 
l’y  doit  pas  toufiours  colloquer.  Car  com- 
me  ainfi  loit  que  la  maladie  aftaiîlantî’hom- 
pae  tout  à  coup  le  profter  ne  foudainement, 
il  eft  vray  femblable  que,  tels  aftàuts -prc- 
uiennent  auffitoft;  du  cœur  que  du  cerneau— 
Püifque  la  fource  de  vie  gift  au  cœur,  con¬ 
tre  iaquelle  fe  font  cuidément  tels  aflàuts. 

Voila  quel  eft  le  fentiment  &  opinion 
des  Hermétiques  touchant  l’Epilepfte,  Sc 
autres  maladies  aftrales,  la  partie  indifpo- 
fée,  le  fiege,  minière.  &  lieu  d’où  elles  s’en¬ 
gendrent. 


ib  DES  MALADIES 


Ç  H  A  ïi  IX. 


Qtie  les  cdufes  de  toutes  aftions  confftent  en 
trou  principes  byfojldtiquesi  dont  dépendît  ' 
les  racines  des  maladies  quand  ils  henpcnt 
d  fe  re foudre  par  la  feparatton  &  exalta - 
f/071  des  temclures  qui  leur,  font  annexées  t 

J.i  mefouuient  qü’èn  debàtaiit  la  câufedes 
Hermétiques,  i’ay  commencé  par  certain 
ne  fentence  du  vénérable  ancien  Hippocra¬ 
tes,  ayant  dit  que  nous  eftions  compofez  de 
parties  contenantes,  de  contenues  &  impe- 
tueufés.  Par  lequel  difcours ,  i  ay  voulu 
prouuer  6c  demonftrer  certainement  que 
les  Hermétiques  attribuent  lés  caufes  de 
jyo'tipta-  toutes  les  actions  de  noftre  corps,  foitbon-  ' 
ttitnt  ne$  foit  mauuaifes  &  deprauées  pluftoftà 
éliem  certaines  natures  &  lubftances  emcacieu- 
fes,  ,aftrales,fpirituelles,  douées  de  toutes 
fortes  dé faueurs,odeurs,  couleurs  &  autres 
vertus  qu’on  peut  trouuer,non  en  apparen¬ 
ce,  mais  vrayement  es  trois  principes  hy- 
poftatiques  de  toutes  ehofes  naturelles,*, 
fçauoir  des  vegetaux,mineraux  &  animaux, 
c’eft  à  dire  au  lel,  fouîphre&mercuré,piuf-_ 
toft  qu’aux  (impies  qualitez  de  chaleur, 
froidure,  humidité  &  (iccité,  ou  à  vne  tem- 
pcrie,foit  (imple,foit  conioinde  auec  quel® 
que 


V  CRRVEAV.  .  fl 

que  matière  ainfi  que  croit  &  enfëignela 
plufpart  des  Dogmatiques  :  touchant  la¬ 
quelle  opinion quoy  quenousayôs  ja  tenu 
quelque  propos  ailleurs  j  le  fubjet  rteant- 
moins  mérité  d’eftrereprins  en  padànc. 

Car  les  Dogmatiques  enfeignent  que  l-’irU 
temperie  froide  du  chaude  s’engendre  en 
nous,  de  la  reilcodtfë  dès  humeurs  froides 
6ç  chaudes  ou  des  alimehs  froids  oü  chauds.- 
Mais  les  Hermétiques  tout  au  rebours^ 
diferit  que  ce  font  non  des  qüalitéz,  mais 
certaines  fübftances  8c  matières  bien  ou 
mal  tempérées,  participantes  des  qualitez 
efHcacieufes  de  faueürs,  odeurs  &c.  qu’ils 
appellent  racines  du  teintures  feminalesj 
8c  qui  aucunesfdis  font  cachées  és  feuls 
corps  fpiritiiels ,  ri’ay ans  préfque  aucune 
quantité  ny  impuretez  corporelles.  Autres- 
fois  produifent beaucoup  d’impur etez,  foie 
continuellement  8c  fans  intermiffioii,  foit 
par  interualle.  Dont  par  là  rencontre  de  ces 
fübftances  du  acides,  du  acres,  ou  des  vian¬ 
des  qui  participent  à  céfte  nature  s’erigen- 
dre  l’acidité  ou  aérithoniè  qui  bleftènt  les 
actions  félon  la  dourine  dés  Hermétiques. 
A  quoy  ils  àdiouftéht  que  la  maladie  ne 
peut  demeurer  riÿ  reftèr  au  corps  s’il  n’y  a 
cjuelqué  malignité  ,  ou  quelque  faculté 
doiiéed’vne  tein&ure  fe-minaie  8c  fpir  ituel- 
-le  en  l’vfage  des  aliments  froids  ou  chauds. 
Laquelle  faculté,  à  leur  dire  eft  &  fe  trou- 
tic  tdüfiours  es  viandes  acres.  Calées,  acides. 


Si  StfS  MA  LAD  J  BS 

&poiurées. 

Vouloir  donc  attribuer  la  caufe  de  l'api 
petit  infatiable  dés  viandes  qui  fe  doit  plu£ 
toft  nommer  appétit  de  chien  que  faim,  à 
l’intemperie  froide  contraignant,  chaffant, 

G  ah.  &  refoudant  la  chaleur ,  comme  font  en 
jtp ho.  piufîeurs  lieux  Galien,  Paul,  Aëtius. &rAuin-- 
i*  cenne,  ce  feroit  chofe  inepte  &  fans  raifon. 
T*u}UutÇç.$  pourquoy  aüffi  es  mefmes  lieux,  lef- 
Æti»*1'  4its  Autheurs  font  contraints  parv  ne  me- 
jns)  cha.  ditation  plus  profonde  d’en  rapporter  la 
i.Amnt,  caufe  aux  corruptions  des  humeurs  acides, 

*3 ’tr-  foit  qu’elles  foient  phlegmatiques,  ©u me- 

C&tifts'd*  lancholiques.  Ce  que  les  Hermétiques  at-  . 
la  faim  tribuent  plus  véritablement,  proprement, 
wfktMm  êc  certainement  à  certaine  acidité  proûo-  " 
quant  la  faim,ou  à  des  qfprits  vitriolez  in-? 
iatial^eSÿleCqucis^^i^is;  ■■ 

gez  par  exakation>dêUorènt  foüdain  &  bri- 
■  fent  en  y  ri  moment  tput  eeqtfil  ya,  non 
feulement  de  viandes  molles,  mais  auffi  de 
très  dures,c'omme  auili  les  os,pierres&  mé¬ 
taux  pîus.folides.  On  tient  qu’en  l’eftomac 
de  l’autruche  digérant  le  fer,  y  a  quantité  de 
ces  efprits.  La  raifon  defqqelîes  forces,  rie 
doit  eftre  fimptement  adîugcç  à  l’acidité 
entant  que  froide  ^d’autre  qualité,  mais 
entant  que  remplîederteIsofprits  affamans,  , 
elle  eft  accompagnée  &  efiadgricçde  feisjar?. 
moniaques&yitriolez,corrpnfsdeiçurnar 
ture.  Car  fans  iceux  nulle  aciditç,  froidure 

<>U  chaleur  ne  pourrait  fui&re à  ceftê;Opea« 


êv  CER'YE  A  ri  83 

Bon:  toute  telle  force  confiftant  és  feuls 
efprits  ioinéi:  à  l’acidité  &  contenue  en  icel¬ 
le.  Et  afin  que  leS  plus  hebetez  ignorahS,  8c 
peu  exercez  és  diiTolutioiis  admirables  des 
corps  naturels,puiiTent  aitec  plus  de  facilité 
comprendre  ces  chofes.  Nous  mettrons  en 
auant  l’exemple  de  l’eau  forte,laqueile  con-  C*ufe  iê 
tenant  en  foy.  tels  efprits  nitreux,  acides  8c  l*  facltlte 
vitriolez:  tandis  qu’elle  les  i:etieht,ï’argeht, 
ou  quelque  autre  metâil  qùe  cefoiteneft 
diffipé  8c  diflout..  Mais  en  telle  ébullition, 
par  laquelle  fe  diflout  le  metail,comme  ain- 
Îî  foit  qu’on  y  voie  s’exhaler  &  èuanouir 
beaucoup  d’efprits  rouges  comme  feu,  qui 
àuparauarit,eftoient  cachez  &oififs  eh  l’eaù 
forte ,  8c  par  la  vertu  defquels  font  dif- 
fouts  écdhhpez  les  corps  métalliques.  Si  a- 
près  telle  ébullition  &  diflolutioh  de  me- 
tailjvous  Voulez  mettre  en  vfage  la  mefine 
eau  forte  deftituée  de  fes  efprits ,  8c  eh  dif- 
foudre  vii  autre  metail,  ce  fera  en  vain,  car 
encores  qu’elle  retienne  fon  acrimonie  8c 
fauepr  precedente,  eftant  neantmoiris  def- 
ppuïlléc  de  tels  efprits  deuorâs  8c  cotrofifsj ' 
elle  rie  peut  plus  dilfoudre  ny  feparer  aucu- 
iie  choTCé  le  me  fuis  feruy  de  cet  exemple* 
d’autant  que  c’eft  chofe  notoire  prefque  à 
tout  le  monde,  principalement  aux  orfeu- 
res,  8t  dont  on  peut  apprendre  à  quoy  il  co¬ 
rnent  rapporter  la  caule  d’viie  fi  grande  cor- 
rofion  &  afpreté  mordicante.On  peur  ail ez 
tccognoifire  combien^  grand  trauaîl  8c  in* 

F  ij 


DES  MALADIES 

duftrîe  font  requis  es  diftillacions  pour  re¬ 
tenir  les  efprits  fur  tout  des  fels ,.  efquelÿ 
confiftent  la  vertu  &  l’adion  principale, 
ObseBie.  Mais  par  adUanture  quelqu’vn  rrf  obiedera 
que  nos  Corps  font  exempts  de  tels  fels  vi- 
f  triolez  &  nitreux,  d’où  font  diftillées,  &  ex-, 
traites  les  eaux  fortes& royales,mais  ie  puis 
affermer  véritablement  que  de  noftr ervrine 
pleine  de  fels  nitreux,  armoniaqu  es  8c  vi¬ 
triolez  ,  fe  tirent  des  difîbluans  fi  forts  8c 
efficacieux,  que  fi  ont  ne  prend  foigneufe- 
ment  garde  à  gouuerner  8c  donner  le  feu, 
comme  aufli  à  y  bien  adapter  vn récipient, 
conuenable,  8c  le  plonger  en  eau  froide,  les 
efprits  s’exhaîans  en  forme  de  nuage,  ef- 
chauffe  8c  prefle  tellement  le  vaifleau,  qui 
les  reçoit  que  fouuentesfois  il  febrife  en 
mille  pièces,  non  fans  mener  vn  bruit  pr  ef. 
que  aufli  grand  8c  efclattant  qu’vne  har- 
quebüzade.  Lefquels  efprits  eftans  retenus, 
bien  extraits  &  reduids  en  eau,  diflotident 
l’argent  &  l’or  aufli  efficacieüfement  8c 
promptement  que  les  eaux  appellées  forte* 
8c  royales.  * 

Ce  font  là  les  efprits  âtrfquels  feuïs  lés 
Hermétiques  donnent  la  vertu  de  produire 
tous  tçls  effeds,  8c  de  la  matière  defquels  ils 
Aum  J  a&eurenf  que  beaucoup  de  maladies  s’en- 
®bk£Um  gendrent  en  nous.  Mais  les  Dogmatiques 
B  «s*  s’efçrieront  coritf  e  cela,qü’en  cefte  maniéré 
mât*  fut  lesHermetiques  ne  mettent  aucune  diffé¬ 
rence  entre  la  maladie  8c  ù,  caufe,  tomme  fi 


B  V  es  K  Vf  AV. 

c’eftoit  vne  mefrne  chofe,  ce  qui  ne  fe  peut 
jfouftenir  qu’auec  grande  abfurdité.  O  utre 
ce  ils  adioufteront  qu  ils  ont  apprins  de  ce 
grand  perfonnage  Hippocrate,  quel’hom- 
me  eft  compote  de  parties  contenantes, 
contenues  &  impetueufes,&  que  les  intem¬ 
péries  des  contenues  (  qu’ils  appellent  hu¬ 
meurs)  font  caufes  des  maladies:  mais  que 
les  dèffauts  des  parties  contenantes  foni'les 
maladies  mefmes,  ôc  que  les  effeéfcs  des  fÿm- 
ptomes  paroiffent  en  l’effort  Ôc  agitation 
des  efprits.  Or  parlans  ainfi,  ils  ne  confi- 
derent  pas  ce  que  leur  peuuent  repartir  les- 
Hermetiques  du  liure  d’iceluy  Hippocra¬ 
te  touchant  les  efprits,  ou  il  eferit  que  tou¬ 
tes  maladies  procèdent  immédiatement  des 
vents  ou  efprits.  Auquel  lieu  il  apport^ 
pour  exemple  non  feulement l’EpiJepfîe, 

•  mais  aulli  l’hy  dropifie  &  les  fiépresdLà  mef- 
»e  aufïi  ilprouue  ôc  fouftieîit  par  plufieurs 
raifons  Ôc  obferuatiQS  que  toutes  débilités, 
defordres  Sc  aneantiffemens  d’a&ions,  pro- 
uiennent  des  Forces  ôc  imprefïions  vitales 
desefprits.  Ce  qu’èftant  ainfi,  comment  les 
Dogmatiques  peuuent  ils  attribuer  les  ma¬ 
ladies  aux  parties  contenues,  ou  aux  corps 
grofïiers  &  immobiles,  pluftofl  qu’aux  ef~ 
,  prits  mobiles  i  veu  que  corne  il  a  efté  dit  cy 
deuât,  les  a&ions  en  font  premièrement  ÔC 
principalementdeprauées,  &  qu’à  eux  feuls 
conuiët  propremétle  nô  de  maladie?  Car  ce 
3  qui  offéfe  immedhtemët  les  aébiôs,  fe  doit 
F  iij 


$6  DES  MALADIES 

appeller  maladie.  Or  eft  il  que  les  avions  ; 
eolfidé.  ^ow  prochainement  bleflces  par  des  efprits 

ratLn iti  raalings,  parquoy  on  les  doit  appeller  ma* 

efpüts.  ladies.  D’auatage,  deux  choïes/ont  à  confî-  ' 

derer  es  efprits,  à  fçauoir  l’qfprit  ainfl  nom¬ 
mé  Amplement ,  qui  eft  caufe  de  la  fanté  ou 
de  la  maladie,  pu  bien  la  bonne  ou  mauuai-  N 
fe  difpqfltiqnde  l’efprit  qui  s’appelle  fanté 
ou  maladie  ,  à  raifon  dequoy  l’efprit  mef- 
me  doit  eftremateriellement  &  impropre¬ 
ment' dit  maladie,  mais  la  mauuaife  difpofî- 
tion  d’iceluy  fe  doit  proprement"&  formel-  . 
lement  nommer  ainfl  ;  Gomme  par  exem¬ 
ple  quand  nous  difons  que  lafiéureeftvne 
chaleur  enflammée  au  cœur ,  ladite  chaleur 
n’eft  pas  proprement  &  formellement  la 
fléure,maiç  l'intempérie  &  excès  de  chaleur  ✓ 
eîf  la  fleure  me  fine  :  en  conflderation  de- 
quqy  la  fleure  peut  çftre  definie  en  deux  ma-  - , 
nieres,  à  fçauoir  matériellement  &  formel-  ' 
lement  ainfl  que  parlent  les,  efcholestma- 
teriellement,  comme,  la  heure  eftvnecha-  ■ 
leur  enflammée  an  cœur  :  formellement, 
comme,  la  fleure  eftvne  chaude  intempérie 
du  cœur,  ou  c’eft  vn  excez  d’efprits  fuipku-. 

,  rez ,  enflammez  au  cœur  comme  veulent 
phié&io.  lçs  Hermétiques.  Mais  quelqu  vn  obieété- 
ra  que  la  maladie  ne  peut  reflder  és  efprits, 
veu  que  félon  la  derermination  des  Dogma¬ 
tiques,  la  maladie  eft  feulement: attach ée 
aux  parties  du  corps ,  à  cela  on  refppndra 
que  quand  rrpus  âïsôs  que.  noftre.corpseft  . 

>  ;  :  c  -  ’  ■  ’  •  â 


DV  CERVIAV.  -S.7 

copofé  de  parties  côtenuës  &  contenantes, 

&  chacun  mébre  de  deux ,  à  fçauoir  efpaiffc . 

&  fubtile:  d’efpaiffe,  tels  qùe  soties  os,  vei¬ 
nes,  mufcies,  vifçeres:  &  de  fubtile  comme 
d’vnefprit  vaporeux:  C’êftpourquoy  quid 
on  dit  que  la  maladie  giftés  efprits,on  affer- 
rae  aufll  qu’elle  effe  fttuée  és  membres  & 
parties  de  l’animal. 

Mais  en  vain  nous  arreftons  nous  aux 
noms  &  appellations,  negligeans  la  recher¬ 
che  des  chofes  &  la  cognoiflance  des  diffé¬ 
rences:  Or  ic  n’ay  pas  intention  de  tenir  le 
party  ny  de  l’vnejny  de  l’autre  fe£te,' mais 
pour  monftrer  la  différence  qui  eft  entre 
icelles,  &  propofer  enfemble  le  moyen  de 
les  accorder,  qui  eft  ce  que  i’ay  entrepris,  le 
diray  feulement  que  les  Dogmatiques  di- 
ftingu eni  fort  bien,  &auec  bônes  &  folides 
raifons  les  caufes  des  maladies,  d’âuec  les 
maladies  mefeies  &  leurs  fymptomes,  cô* 
me  n’eftant  vne  mefme  chofe,  félon  que  la 
caufe&  l’effed:  ne  peuuent  eftre  vne  mefme 
chofe ,  ains  different  elFentiellement,ou  en 
définition  effentielle.  Et  au  contraire  que  J* 
les  Hermétiques  efcriuént  que  ces  trois' 
chofes  ne  different  point  en  genre,  ou  par"  ^eia  mAm 
définition  effentielle  >  mais  feulement  par  udie  «frf- 
accident  :  à  fçauoir,  d’ autant  que  Tvn  eft  'utcstün 
a&uellement  maladie  autr e"i'eft par  puif-^ ie-  •&”**■ 
fance.  Âinfî  qu’il  n’ÿ  a  aucune  différence 
entre  le  foulphre  ardent :&  celuy  qùinel’eft 
pas,  entre  le  fruift  métrf  Srïe  crud  au  regard 
F  iiij 


8$  DES  MALADIES 

de Jep£  caufe  &  définition  eflentielle.  Maiç 
à  râifon  que  Tvn  eft  a&uellement  enflam¬ 
me  &:  meur,  l’autre  non,  mais  toutefois  Te 
peut  enflammer  &  meurlr.  Que  fi  Ariftotç 
au  premier  de  fa  Metaphyfîque  réfuté  les 
Megarfens  qui  nioient  qu’il  y  euft  aucune 
cfiofe  en  puiflance,mais  afFerinoient  cel^ 
feul  eftre  quelque  cKofe  quiauoitexiften- 
ce  ou  eftoit  actuellement  :  De.pefme  félon 
îU'onTugementjlesHermetiquçs-peuuent.^ 
boindroict  réfuté^  plùfieurs  Dogmatiques 
eft  ce ’quiîs  ne  veulent  pas  appeller mala¬ 
die  la  caufe  du  maf*  pour  autant,  qu’icelle 
caufe  n’eft  pas  actuellement  maladie.  Mais 
qü’ay-pdit?  Voila  prefque  toute  l’efcholc 
des  Dogmatiques  qui"  murmure  eftant  fur 
le:  poindî  de  fe  bander  &  efleuer  contre 
moya  à  caiife  que  ie.  femble  trop  quuerte- 
ment  fauorifér  le  party  des  îdèrmetiques. 
Mais  Te  Vous  pr’ie(mg$  amis)d’auoir  vn  peu 
de  p.atieriee,ne  vous  enaigr  iflaiisp  oint  çpn- 
tremoy  fi  foudain.Reprefentez  vous  que  ie 
fay  içy  l’office  d*vn  Orateur  ou.  Xduocat, 

.  auquel  il  conuient  demonftrer  çe  qui  eft  iu- 
ûe  &/equitabîe,  yoirê  defendre  icy  ïufte- 
•  ment .  h  caufe  des  Hermétiques ,  ,commp  * 
yoUsTçauez.que  pour  defendre  &  fpufïenir 
;îi  y  bilrp  iç'p’ay  r.iep  q.bpis  qui  m’ait  Tembld: 
deuoiy  ffre’ailogui;  fepis  çn.auajp.Gar  at-. 
tendd:.q^ié3ypusfay^T|y'e  le  chemin,!  voiis;^ 
<te|è  ^üî^re^ppb^i^dfj ceftp confrpyer'ü^l  ‘ 
que  y  ous enfgïÊiez, vn  tant.plus. .  equita-- 


D y  CE  S.  V  E  A  Y. 

^le  8c  droicfc  iugement,  tous  luges  fùiuans 
I’equité,  diront  que  yous  me  deuez  pluftoft. 
reputer  digne  de  louante  &  gloire,  que  de- 
ftre  reprins  &  vitupéré.  Mais  pour  retour¬ 
ner  au  propos  d’où  noftre  difçours  s’eftoit 
détourné,  aduouons  qu’il  y  a  des  femences, 
racines  &  principes  de  chofes  inférez  en. 
nousylefquels  venans  às’exhalter  en  temps 
oportun,produifent  aéhiellemét  des  fruits 
de  leur  efpece ,  à  fçauoir  des.  maladies  & 
fymptom.es.  Et  félon  cefte  maxime  les  Her-' 
metiques  diront  que  noftre  corps  contient 
en  foy  des  racines,  femences,  impuretez  ni- 
trofulphurées-,  fiéureufes  ou  mercuriales,, 
vitriolées  &  épileptiques  qui  n’apparoiÇ: 
fent  point,lefqueîI es  venans  à  s’enflammer,,, 
feparer  &  exalter  en  temps  commode,  peu-„ 
uent  produire  dés  effeéfcs  Heureux  &  epilep- 
tiques,tant  au  cœur  que  dedans-  le  cerneau, 
comme  des  roidiftemenSjfriïTpns,  chaleurs: 
outre  napure  ou  inflammations, cheute  fou- . 
daine,mouuemens  conuulfifs,diftraétion  de 
bouche  &  de  face,  &  autres  tels  fymp  tomes  _ 
tant  Heureux  qu’qpiIeptiques-«L.es  Hçrjxiéti-jpdUfo 
qijes  peuuent  auffi  bien  que  les  Dogmati-^^-' 
ques  appelIer  cesraçines  caiifesanteceden-.:?,4/^JWt 
t  es  .des  maladies,d:fçauoir  dë^fiéur  es&dça^ 
epftçpfîesj!  Lefguelles  Racines  feront, .açilï^ 
mafadjes  ;&  •^înptomes^de’maladies  quand;.* 

ront  leurs  fruits,  mais  iî  notts  paftoij|,p|u^ , 
qutre,  ôc  attribuons  lé'  nom  de  maladie  à  tes  " 


5>©  LFS  MALADÏFS 

jÊaufes  antecedentes,  nulle  abfurditéne  s’en 
enfuiura:  Car  quand  les  racines  &  feminai- 
î'és  de  maqxgifans  feerecement  au  corps  ne 
s’efmeuuent  point,  ils  donnent  des  reiaf, 

.  cjies  plus  courts  tatoft  aux  fleures , tantoft 
plus  longs  aux  epiiepfles.Maïs  s’exaltans,ils 
jproduifent  leurs  paroxy  fines.  De  forteqn’v- 
ne  rnefme  chofe  eft  Jnaladie  3c  caufe  de  ma¬ 
ladie.  f  our  le  moins  il  faut  aduoiier  que  le 
mal  ou  indifpôfition  gift  potentiellement 
en  telle  racine,  ne  plusne  moins  que  le  chié 
$c  la  chenille  font  par  puiflfançe  en  la  fe- 
ménee  dn  chien  &  de  la  chenille.  p’auantà- 
ge  nous  afleurons  qu’és  intermiilrons  de  ûé~  ? 

Lires  &  epilepfleSjCeluy  cy  ou  celüy  là  cft' 
tourmenté  de  telle  ou  autre  flçure,ou  bien 
tràüaillé  d’vne  epilepfle:  quoy  que  les  pa- 
roxyfmes  ou  alfauts  ne  paroiffent  point; 
Mais  quiofera  nier  cela  veu  que  Galien 
ihefme  voulant  impofer  nom  à. la  dy fente-  ' 
fié,  doubte  s’il  la  doit  ainfl  nommer,  quand, 
lés  intèftins.commenCent  à  eftre  exulcçrez, 
-..pendant  lequel  temps  les  adfcions  ne  font 
pas  encor ejs  offenfées;  ou  lors  qu’icelles  a- 
&ions  font  jà  deprauées  T  Au  r  efte  nous  de¬ 
meurons  trop  long  temps  attachez  à  î’ef- 
corce,arrachohs  auffi  le  noiau,&  voyons  ce 
qüe  croient  les  Hermétiques,  6c  quelle  ou 
çombie  l  différence  il  y  a  entre  icéu*1 
les  Dogmatiques,  touchant  les  caufes  de  [ 
ççs  quatre  maladies  dont  nous  traitons. 


pv  CERVÎAV.  çi 


Ch ap.  X. 

Que  la  nature  tant  fuperieure  qu’inferieure 
gouuerne  toutes  chofes  par  le  moyen  des 
tjprits  participant  de  la  diuine  putffance 
des  a  ffiions,  le jqueüe s  affilons  font  indue? 
ment  attribuées  au  tempérament  des  qua? 
lite^  élémentaires. 

Afin  que  nous  commencions  pari  epi? 

lepfie,en  debatant  la  caufe  des  Dogma¬ 
tiques  ,  nous  auons  jà  efté  contraints  de 
montrer  qu’ils  n’eftoient  pas  d’accord  en¬ 
tre  eux  touchant  les  caufes  principales  de 
ces  maladies,  attendu  que  quelques  vnsd’i-, 
ceux  réputés  mefme  pour  Coryphées  des 
Médecins,  les  attribuent  à  des  fubftance^ 
froides,  crades,  pituiteufes  &terreftres,les 
autres  à  des  fumeufes  &  fpiritu.elles.  Nous 
auons  femblablement  affez vérifié,  que  l’h- 
pinian  dé  ceux  qui  les  adjugent  à  vue  ma¬ 
tière  crafle  &  terrienne,  eft:  fort  grodiere, 
tellement  qu’il  n'eftjà  befoin  de  répétition,, 
ny  d’autre  preuue. 

Ceux  entre  les  Dogmatiques  qui  rapor- 
tent  ces  maladies  à  des  caufes  halitueufes  & 
fpirituelTes,  à  fçaüoir  à  quelques  vapeurs  8c 
fumeès, &  icettes  acres  &  malignes,  fess¬ 
aient  bien  dire  quelque  çhofe  à  propos» 


3*  P  ES  MALADIES 

mais  non  afléz,  v eu  qu’ils  paflent  fous  filen- 

pe  l’origine  &  racine  'de  l’acrimonie  &  ma¬ 
lignité  de  tels  efprits, & ne  font  aucune  mé-, 
tion  des  efprits  qui  les  aiguifent&:  animent, 
en  forte  que  fans  iceux  elles  n  auroient  au¬ 
cun  pouuoir.  Lequel  fiience  nous  a  donné 
occafion  de  faire  ce  difcours  d’vue  longue 
fuitte  pour  manifefier  que  toute  puilfance 
<5c  adion  procèdent  feulement  de  tels  e{- 
‘prits ,  principalement  la  faculté  de  diiibu-  ! 
dre  &  de  coaguler,  &  que  ceux-là  fe  trom¬ 
pent  qui  s’arreftent  aux  froides  ou  chaudes 
•qualités  externes  pour  produire  tels  effe&s.  ! 
-Audi  qui  plus  eft,  fi  le  lieu  &  le  temps  nous  s 
permettoient  de  conioindre  la  medecine 
- celefte  auec  la  terreftre  (ce  que  nous 
:àuons  remis  à  vn  autre  lieu)  Nous  ferions^ 
veoir  que  telles  chaleurs  &  froidures  n’ont 
la  faculté  d’agir  que  quand  elles  font  ac- 
Cau/es  ♦compagnées  de  ces  efprits.  Ce  que  tefmoi- 
ies  im-  gnent  affez  les  froids  efprits  de  Saturne,qui 
prenions  par  finiftres  afpeéh  refroidiifent  tellement 
ctlefits.  .  fes  rayons  du  Soleil  pour,  ardents  qu’ils 
foient,  ôc  l’air  entier,  qu’aucunesfois  ils  k 
.  font  congeler  au  milieu  mefme-  de  l’efté. 
.Les  froids  afpeéts  des  efprits  des  pléiades, 
nous  rendent  le  mefme  tefmoignage  par  h 

λerte  des  frui&s  dé  la  terre  qu’ils  geient  par 
eurs  froidures:  quand  au  mois  d’Auril  &en- 
uiron  le  commencement  dùmoisde  May, 

He  Soleil  efiant  au fîgne  du  Taureau  &prp-. 
tçhe  rafpieéldes  Pleiades,ils  corrompent  SC 


BV  C  E  R  V  E  À  V. 

répriment  tellement  la  chaleur  folaire  des 
rayons,  qu’au  lieu  d  vne  chaleur  fort  tem- 
perée,toutes  chofes  frillbnnent  &gelent|de: 
froidure. 

Nous  voyons  au  contraire  que  quand  le 
S  oleil  eft  au  ligne  du  Ly  on  &  en  fon  exalta¬ 
tion,  au  près  de  la  martiale  8c  ardante  ca¬ 
nicule,  les  rayons  du  Soleil  auec  tout  l’air1 
deuienhent  plus  ardens  :  ~8c  toutesfois  ils 
font  fouuent  hebetez,allbupis  &  prefque 
efteinéb  par  les  froidureux  efprits  de  Satur¬ 
ne  ,  comme  l’experience  nous'afaiét  veoir 
en  noftre  France  durant  les  années  prece¬ 
dentes  quand  Saturne  lîtué  au  ligne  de  la 
Vierge,  eftoit  bien  prés  de  la  canicule. Ceux 
là  fe  fourüoiét  encore.s  plus,  qui  définirent 
les  vertus  des  vents  par  la  feule  chaleur  ou 
froidure.  Ainli  le  vent  de  midyappefantit 
8c  remplit  le-cerueau,  non  pour  ce  qu’il  eft 
humide  SC  chaud,  mais'd’autant  qu’il  a  par¬ 
ticulièrement  certaine  vertu  opiatique  luy 
prouenant  d’efprits  alfoupilïans.  A  raifort 
dequoy  Hippocrate  appelle  ledit  vent  af- 
foiblilïant  ,  aflbupilTant  &  dilïolutif  ou 
allachilTant.  Audi  le  vent  de  bize  ne  caufe  Qualités 
pas  la  gelée  ny  la  glace  entant  qu’il  eft  froid  dti  vêts. 
8C  fec,  àfpre  &  mordant,  mais  à  caufe  que 
fes  proprietez  font  vitriolées,  aceteufçs  ou 
berbèriféesjfuiuantle  tefmoignage  du  mef- 
me  Hippocrate.  Et  tels  font  les  efPeéfcsfpi- 
tituels  que  produit  touliours  l’influencé 
des  aftres  cçleftes  és  chofes  d’icy  bas:  les  ef* 


§ 4-  '  îlîS  MALADIES 

pries  defquels  font  ft  abondamment  efpâfl 
en  toutes  chofes,  que  le  dire  du  Poëte  eft 
tref-veritable  ;  à  fçauoir  que  Jupiter  remplit 
c{e(l  tout.)  Maif  il  faut  doter  que  la  faculté  efleri- 
ejutfacttl-  tieîle  des  Peripateticiehs,  propre  à  chacune 
tetjjUtd'  fubftàdce  èc  qu’ils  mettent  au  predicament 
e‘  de  la  lubftance,  eft  appellée  des  Heirmetü 
qïies  efprits,  &  iccux  àÿans  Pindüftrie  de 
Ouire,dilfoudre,mouuoir,fentir  &c:au  ven- 
tricule,  cœur,  cerueau  8c  es  autres  parties* 

(  lefquels  efprits  ils  nomment  fbbftances,  dé 
forte  qu’eh cet efîdroit l’opinion del’vne ÔC 
l’autre  fe<9te  eft  peü  differente,  èar  cefte  iri-i 
duftrie  eft  la  mefme  pftiftançe  effentielfe^ 
qu’Ariftôte  8c  les  autres  Philofôphes  font 
eonftftet  eri  toutes  éhôfes,  &  dont  procès 
dent'  toutes  actions.  Car  comète  c’eft  l’amé  : . 
qui  regarde,&:  tout  esfois  n’apperçoit  point 
les  couleurs,  finonpar  certains  organes  dot 
elle  fe  fert,à  fçauoir  par  la  prunelle  de  l’œil: 
laquelle  eftarit  gaftée,  ou  tout  Porgane  dé 
l’ûeiijl’homfne  lie  peut  veoif,quoÿque  l’eni 
tiere  faculté  de  Veoir  tefte  en  l’ame  :  Àinft 
la  nature  ne  produit  rien-dù  tout;;  finon  par 
ks  efprits  qui  demeurent  cachez  és  femen- 
ces  des  choies.  Tels  efprits  font  Comme  irf- 
ftruniens  fan?  lefquels  les  fémehees  font 
inutiles  à  la  propagation.  Car- ftl’efprit  y  iéf 
à  s’exhaler  de  quelque  femeuce  que  ce  fait* 
elle  deuient  toute  fterile.  Parquoy  lors  que 
les  Hermétiques  dient,  que  ces  efprits  Ont 
Pinduftrie  de  fe  former  des  corps,  8c  leurs 5 


nv  cervea v »  .  9; 

âttribuerit  coures  avions,  ils  n’en  excluent 
pas  toute  sfois  la  nature  qui  eft  vrie  vertu  di¬ 
urne,  inferée  és  chofes  naturelles:  Mdis  par 
métonymie  ou  tranfport  de  nom,  ils  don¬ 
nent  à  l’inftrument  ce  qu'on  doit  propre- 
ment  rapporter  à  l  ouurier  qui  eft  k  na¬ 
ture. 

Ceperidant,il  faut  remarquer  que  ce  mot 
E(prit ,  fe  prend  diuerfement ,  8c  X plufieurs 
lignifications  differentes  :  obferuation  qui 
eft  tres-necefTaire  pour  euiter  toute  ambi¬ 
guité;  Car  il  y  a  certains  efprits  ténans  le 
milieu  entre  la  nature  corporelle  &  l’incor¬ 
porelle  :  comme  ceux-qu’on  nomme  efprits 
corporels  8c  corps  fpirituels.  Tels  corps 
fpirituels  ou  efprits  corporels ,  font  appel¬ 
iez  première  matière ,  à  raifon  qu’ils  font 
adherans  &  eftroittement  liez  aux  racines», 
ou  principes  feminaux  dés  chofes  d’où  de» 
riuent  les  dons  ,  proprietez  8c  fondions  V «mains 
conjointes  aux  corps .  De  forte  qu’iceux 
font  proprement  imbus  &  douez  de  cer-  ^ 

«aine  induftrie  naturelle ,  &  fçauent  difcer-  *** lt  ^ 
ner  les  faueurs,  couleurs ,  odeurs  &  autres 
qualirez  efficacieufes ,  comme  auffi  des  fi¬ 
gures  ,  grandeurs ,  dimenfions&  propor¬ 
tions.  Iceux  font  enclos  &  cachez  en  tou¬ 
tes  femences  claires ,  ainfi  qu’en  des  matri¬ 
ces  ;  çe  qu’on  peut  recognoiftre  quand  ils 
exercent  leurs  fondions  ,  comme  quand 
dvn  petit  gland  vient  à  naiftre  vn  très-haut  . 
ehefûc  j  &  d’vn  grain  ou  femence  qui  aa 


$6  DES  MALADIES 

dehors  apparoïft  noire  ou  blanche  forcent 
pluheurs  8c  diuerfes  cotileurs,  odeurs  ,  ^ 
faueuts ,  félon  la  propriété  qu’elle  contient 
inferee  dedans  foy.  Ce  qui  eft  naturel'  & 
propre  à  toutes  fortes  de  feitiences  :  De  forï 
te  qu’elles  ne  peuuent  rien  produire  de  teîj 
eftans  deftituees  de  leurs  efprits.  Et  jaçoit 
qu’à  l’exterieür  elles  femblent  n’eftre  aucu¬ 
nement  diminuées  en  quantité  8c  grandeur 
de  corps  :  Si  eft-ce  que  la  perte  de  leurs 
efprits  les  rend  du  tout  inutiles  à  la  propa¬ 
gation  &  génération  :  comme  ainfî  foit  què 
iefdits  efprits  feuls  font  autheurs  ou  caùfcs 
de  telles  impre  liions ,  iîgnatures  vitales ,  & 
de  toutes  aérions  8c  facültez,  qu’on  ne  peut 
deuëment  raporter  au  rûeflange  8c  tempe- 
ramment ,  ny  aux  fimples  qualitez  elemen- 
taires  de  chaleur,  froidure,  humidité, &fic- 
cité  :  comme  celles  qui  produifent  désef- 
feéts  femblables  à  foy, &  par'  mefme  moyen 
impriment  au  corps  patient  leur  qualité  ex¬ 
térieure.  Ainft  le  feu  rend  chaude  vne  cho¬ 
ie  ,  la  glace  8c  la  neige  font  qu’elle  devient 
froide:  Mais  les  fubftances  Spirituelles  des 
chofes  agiffent  comme  ori  diét  félon  leur 
entelechie ,  c’eft  à  dirè,  par  leur  verni  &  fa¬ 
culté  intérieure,  qui  f appelle  entelechie 
ou  perfection .  Or  les  Peripateticiens  & 
quelques  Médecins,  attribuent  à  toute  la 
Suhjiance fubftance  8c  forme  fubftantielle  ce  qu'ils 
Ftrbate- déuoient  rapporter  aux*  efprits:  à fçaucdt, 
veuns,  fes  facültez ,  vertus ,  puïflanceà  ÿ 

dont 


DV  CERVEÀV.  97 

dont  ils  ne  veulent  recognoiftre  autre  cau- 
fe  que  la;  fubftance  &’  forme  fubftantielle, 
qui  difpofent  &  meuuentou  altèrent  quel¬ 
que  chôfe  par  leur  eriteiechie  :  non  qu  elles 
mettent  cela  en  cffeéfc  par  qualité  fenfibie 
comme  les  Elemens  :  mais  par  la  fecrette 
vertu  &  puiflance  de  leur  forme  fubftan*  ~ 
tiellei  comme  pour  exemple ,  la  chaleur  du 
gingembre  n’eft  pas,  manifefte  ny  fenfibie 
à  l'attouchement  j  ainfi  que  la  chaleur  du 
feu  Et  l’occülte  vertu  &  action  d’iceluy 
gingembre  ne  s’apperçoit  point  qu’elle  ne 
loir  efmeuë  par  la  chaleur  de  l’animal.  Ce 
qui  eft  le  propre  des  puifïânces  occultes  ou 
facilitez:  cachées  félon  aucuns,qui  eftiment 
8c  dient  'quecelafeJaiâ:  par  lent  ele  chie* 
comme  di<ff  a efté.cÿidèfTus.  -f,  ;{- 

Quantaux  Hermetiqücs,ce  que  ceux-là 
donnent  à  la  forme  fubftantiellejilslerap- 
portent  âufdits  efprits ,  &  aux  trois  princi « 
peshypoftatiques  ,  c’eft  à  dire,au  fel ,  mer¬ 
cure  $6  fouphre^  attribuans  au  fel  8c  mercu¬ 
re  ,  les  faueurs  & côuleauyduec  les  facilitez 
de  deterger ,  ouurixj  mdndifier,  euacuer  8c 
de  ppeferuer  le  corps  de  toutécorfuption, 
ne  plusse.  mdinsque  le,  baUfme-r  Mais  au 
fouphr.e ,  les  odeurs  aueules  vertuis  8ô *prç- 
prietez  deiconfolider q  agglutiner-^ &  d*aji- 
paiferles  douleurs.  k'ÉeUemenfqtfon  peut 
recognoiftre  par  cela  combien  peu  de  dif-? 
fereur  iiyaentre,l’vne&  l’autre  fe«5te ,  8c 
qu’il  efi.  plusffaçile  qu’on  ne  croit ,  de  les 
G 


DES  Si  Al  AD  I  É  î 
accorder  enfemble . 

Maïs  pour  retourner  à  nos  efprits ,  nous, 
auons  fuffifamment  enfeigné  qu  e  toutesdes 
aftionsde  toutes  chofes  leur  font  propre¬ 
ment  &  feulement  deùës:  Ioind  que  fî  tels 
cfFedstant  iHuftres  8c  admirables  leur  font 
attribuez,  la  doctrine  ôc  demonftration  en 
feront  plus  faciles  à  comprendre ,  que  fi  on 
les  adiuge  aux  formes  OU  à  toute  la  fubftan- 
ce  :  Autrement  ce  feroit  de  mefrne  que  fî 
nous  alliô  s  cher  chef  bien  loin,  à  fçauGifaü 
ciel,  c e  qui  eft  chez  nous  ,  vo ire  enrios  proi 
près  mains;  vice  qui  eft'd’autant  plus  ordi¬ 
naire  à  pluficurs  qu’ils  ignorent  l’anatemiè 
intérieure  des  corps  efquels  on  peutapper- 
ceuoir,  mefmeà  veiië  d’œil,  les  efprits  par- 
ticipans  de  vertus  admirables ,  &  Capables 
Diuerf  Radions  merueilleufesra  ->  Lefquëls  éfpriçs 
tjfeüsdes  félon  laldiuerfité  des  fsmences,  fubftânceS 
écrits.  &  principes  hypoftatirques  aufquels  ils  font-7 
attachez,&efquels  il  font  contenus  comme 
.en  doubles  matrices,produifent  auflidiuers 
«fièds.iles  vns  <^vne  forme  plus  corporelle, 
ies.  autres  d’vhe  plusifpintuelle  rÇafcefte 
diftin^ion  fe  trouue.'eïttre  les  efprits;  que 
lesvnMont  plus  carpurjels,  tes  autres  plus 

ipiçitaeis  y  les  autres  ;tren»ënt  l’bn03edeüx; 
Jÿesjneqcufi^üx  vaporeUx &iaqtfêu3f ,  font 
.plusYolatiles  8c  s’exhalent:  du  corps  lespre- 
-rniers  dç  tous  :  Les  filbigineux  8c .  £uhgi~ 
neuxyfont  plus  corporels  que-  tous  les  au- 
ïtzcidc  ^todQunet  le  corps les-déniief  s,hqn 


D  V  C  E  R  V  E  A  V.  5>5T 

fans  grande  ardeur  de  feu  :  Maisles  fulphu- 
rez,  haliteux  &  huileux  qui  font  comme 
entrecollez  aux  volatiles  &  fixes ,  partici¬ 
pent  à  la  nature  des  vns  &  des  autres.  T ous 
lefquels  efprits  font  certainement  douez 
de  diuerfes  faueurs,  couleurs,  odeurs  &  au¬ 
tres  qualitez  aéfciues  ,  félon  la  variété  des 
natures  &  fubftancesdont  ilsfe  font  expi¬ 
rez  :  foit  que  cela  aduienne  par  la  fecrette 
&  incomprehenfible  vertu  &  operation  du 
feu  intérieur  &  caché  en  la  nature,  foir 
par  le  moyen  de  l’art ,  imitant  ladite  na¬ 
ture. 


Or  poùr  veoir  lefdits  efFèéls  des  efprits, 
nous  produirons  quelques  exemples  prins 
de  chofes  vulgaires  &  iournalieres ,  &  par 
confisquent,  notoires  à  vn  chacun.  Quand 
le  falpetre  eft  encores  meflé  auec  la  terre 
qui  le  contient ,  &  dans  laquelle  ilfiengen- 
dre ,  lors  auffi  que  le  fouphe  n’eft  pas  enco¬ 
res  defpoüillé  &  purgé  de  fa  minière-,  l’effi¬ 
cace  de  l’vn  8c  l’autre  eft  fi  foible,  8c  telle¬ 
ment  hébété  à  caufe  du  meflange  desfub- 
ftances  corporelles  &  terreftres ,  aufquelles 
ils  font  attachez,  qu’ils  font  mefme  inca¬ 
pables  d’inflammation.  Mais  quandils  font 
feparez  &  deliurez  de  leurs  corps  8c  meflez 
l’vn  parmy  l’autre,  on  voit  auec  combien 
grandes  forces  ils  agiflent,  8c  auec  combien 
grande  impetuofité  leurs  puiflantes  vertus 
fefontparoiftre.  .  ( 

G  ij 


IOO  DES  MALADIES 

Nous  prenons  ôc  mangeons  en  l’vfagç 
ordinaire  des  viandes  le  Sel  commun  on 
marin  ,  nous  en  allaifonnons  les  viandes 
comme  d’vn  baufme  pour  les  preferuer  de 
corruption.  Or  en  vain  plongerez  &enfe- 
uelirez  vous  vn  efcu  ou  vne  drachme  d’or 
en  deux  cens  Hures  de  Tel  marin ,  car  il  n’en 
r eceuroit  aucun  changement  tant  petit  foit 
il  :  Et  neantmoins  vne  once  de  ion  efprit  , 
extrait  &  feparé  du  corps,  pourra  en  vu 
moment  refoudre  en  eau  deux  ou  trois 
drachmes  d’or  ,  voire  d’auantage.  Nous 
qj-  $ •->  pourrions  mettre  en  auant  beaucoup  d’au- 
,  très  exemples  :  Mais  on  nous  obieéfcera  que 
cefte  vertu  Te  doit  attribuer  à  quelque  cor- 
rofîf  ou  acre  qualité  attachée  aufel  ,  côme 
>  aufli  aux  autres  chofes.  A  laquelle  obie- 
éti  o  n  n o  u s  auo  ns  j  a  cy  de u an t  faiélrefpo  ti¬ 
re  par  l’exemple  de  l’eau  forte,  qui ,  apres  la 
dinolution  de  l’argent ,  demeure  bien  acre, 
mais  eftant  priuéede  fesefprits,  lefquelsfe 
font  éxpirez  cndiffoudant  l'argent ,  elle  n’a 
plus  aucune  efficace  &  eft  de  nul  effeét.  Et 
afin  de  monftrer  plus  clairement  que  telle 
vertu  ne  confifte  pas  en  l’acrimonie ,  nous 
Tout  et  apporterons  maintenant  vn  exemple  dé 
Àa’f* lueWü^s  natures,  qui  eftansdeflfituées  de 
'&ïmpL  tout:e  acrimonie  & :  de  faneur  manlfefte, 
susax,  produifent  toutesfois  de  tels  effefts  admi- 
riejl  pas  râbles  par  les  forces  &  vertus  dés  efprits 
<mt  a»  dont  elles  font  pleines.  Prenons  les  fleurs 
f<mt  fpiritudks  de  l’antimoine  qui  n’ayâs  nulle 


CV  -  CE  RV  E  AV.  ICI 

acrimonie,pourueu  toutefois  qu’on  en  hoi¬ 
rie  deux  ou  trois  grains,  elles  efmeuuent  & 
çourmentent  le  corps  fi  violemment,  & 
pàrvomiflement  8c  par  felle,que  c’eût  chofe 
dangereufe.  Ce  que  piufieurs  miferablés 
expérimentent  trop  à  leur  dommage ,  les¬ 
quels  s’addonnent  pluftoft  à  des  Empiriques 
ignorans,  qu’aux  doctes  &vrays  Médecins 
qui  fçauét  bien  feparerleremede  falutaire 
du  venimeux,' &  le  faire  prendrefeurement 
8c  en  temps  conuenable.Prenons  auffi  pour 
exemple  le  verre  d’antijnoine ,  combien 
qu’iceluy  n’ait  pareillement  aucune  faueur, 
fi  eft-ce  qu’il  produit  le  mefme  effeét  que  fa 
fleur,  &  ce  à  caufe  de  certain  efprit  blanc  8c 
arfenical  contenu  en  iceluv,  qui  fe  peut  ai- 
fément  difçerner  au  marbre,  fur  lequel  on 
aura  ietté,  ledit  verre,  la  poudre  duquel  fort 
menue  &  tref-fubtile  eftant  expofée  à  la 
chaleur  du  Soleil,  durant  quelques  fepmai- 
nés,  puis  prinfe  mefme  en  fort  grande  dofe, 
n’aura  aucunes  forces  pour  purger  ou  ef- 
mouuoir  le  corps,à  caufe  que  l’efprit  d’icel¬ 
le  fe  feraexhalé&  efuanouy  tce  que  i’ay  re¬ 
marqué  ailleurs.  Dequoy  auffl rendent  tef» 
moignage,  ou  font  indices  la  grande  volati¬ 
lité  8c  fubtilité  de l’efp rit,  qui  toutefois  ne 
pourra  pefer  fur  chaque  once  d’auantage 
qu’vngrain,ou  demy. 

En  outre  les  métaux  mefmes,  voire  tous 
corps  fort  maffifs,  efquels  le  vulgaire  ne  re- 
eognoir  point  de  vie,  8c  qu’il  eftime  n’eftre 
G  iij 


- 

ro'l  1rs  MALADIES 

participais  d’aucune  vigueur,  ny  de  tels  ef-  ' 

prits,  en  ont  beaucoup  plus  grande  quanti- 
.  té  &  de  plus  nobles.Ce  que  demonftrent  e-, 
uidemmentleursdiuers'&admirablesef- 
#eéts,  quand  vnouurier  expert  les  fçait  bien 
préparer  8c  feparer  de  l’efcorce  efpailFe, 
dans  laquelle  ils  eftoient  détenus  captifs. 

Et  tels  efprits  approchent  dè  la  fimp licite 
de  la  nature  élémentaire.  Ceux  qui  feplai- 
fent  en  leur  ignorance,  &  s’ofFufquent  la 
veuë  eux  mefmes  à  leur  efeient,  ne’peuueht 
contempler  leur  grande  clarté  &merueil-  / 
leux  efFects  qui  fe  voient  dedans  les  eftuués 
ou  bains,  8c  es  eaux  métalliques  meflées  a-, 
uec  grande  quantité  de  tels  efprits. 

L’or  rnefme,  qui  eft  foiide  &  fixe  par  def- 
fus  tous  lesbaetàux,  n’eftpasvuided’iceux 
Meraetl -  efprits,  ains  eft  participant  des  plus  nobles 
fl/on  dê  P^US  effiçacieux  de  tous  :  dont  les  efFects 
ïo r,  admirables  ne  Fe  pour-r oient  aifez  expri¬ 

mer,  s’ils  n’eftoient  vifihles,  8c  ne  s’apper- 
çeuoient  par  la  yëuëmefme:  Cariceîuy  é- 
ftant'diiTbur' par  fôn  eorrolîf  propre  &  Fa¬ 
milier,  fi  vous  y  v.erfez  goutte  à  goutte 
Me  peur  quél’ebullition  ne  Toit  trop  grade.) 
l’huile  du  principal  vegetable,  8ç  la  meflez 
auec  la  diColution,Eor  qui  au  parauanta-v 
uoit  efté  difïbut  fe,  réduira  en  chaud  :  la- 
quelle  eftant  puis  apres  defteichée  à  tref- 
petit  feu,  aura  vne  vertu  8c  efficace  fi  gran¬ 
de,  que  par  le  feul  mouuement  8c  fans  feu, 
elle  fait  paioiftre  des  efforts  de  efFects  auffi 


BV  CERVE  AV.  l<5$ 

violents- &  impétueux  que  la  poudre  à  ca¬ 
non  ,  tirant  non  en  haut  comme  ladite  pou¬ 
dre  à  canon,  mais  en  bas  ou  vers  terre  :  de 
forte  que  d’vn  tel  coup  elle  peut  mefme 
tranfpercer  &  mettre  en  pièces  vne  table 
de-bois. 

Les  chofes  fufdites  ont  efté  par  nous  rap¬ 
portées  pour  monftrer  de  combien  diffe¬ 
rentes  &  admirables  vertus  font'doiiez  tels 
efprits. 

Maisquelqu’vn  s’oppofant  me  dira,  pofé  Qbitftfé 
le  cas  qu’ainfi  foit ,  à  quelle  fin  tendent  ces 
propos?&  qu’en  coclura  t’ô,  veu  que  les  ef¬ 
prits  métalliques  n’ont  rien  de  cpmmun,ny: 
aucune  c.onuenance  auec  les  mierocofimi- 
ques  ?  Il  refte  que  vous  ayez  faiéfc  en  vain 
vn  fi  long  difeours  qui  n’eft  nullement  à 
propos.  A  cette  obieéfcionierefpond  qu’il 
y  avn  merueilleux  accord  en  la  nature  tant 
des  métaux  &  végétaux,  que  des  animaux, 
lefquels  emanez  d’vn  mefme  principe ,  re-r 
tiennët  fans  difficulté  lafemblace,  vnion,& 
accord  de  leur  origine,  tellement  que  la 
nature  minérale  fe  conuertit  aifément  en  la 
vegetable,  &  la  vegetable  en  l’animal e,l  e£- 
quelles  tranfmutations  admirables  prouié- 
nent  fans  doute  de  l’alliance,conuenance,& 
analo gie  des  efprits  balfamiques  entre  eux, 
eftant  ainfî,que  dit  a  efté,  iffuë  d’ vne  mefme 
fource,  racine  &  première  matière,  comme 
aufli  d’vne  mefme  fornîe,ou  d’vn  mefme  ef-r 
prit  celefte,  premier  liioteur,  qui  anime  ôç 
G  iiij 


ï©4  »es  maladies 

vitiifîe  toutes  chofes:  Ce  qu’a  tefmoignè  îç 
Diuin  Platon  en  Ton  Timée,  difant  ainfi; 
Dieu  donc  ayant  créé  cemondefçypetuel^y  a  in¬ 
féré  quelques  femtnces  de  raifons,& introduit  dj- 
uinement  le  principe  de  vie,  afin  de  produire  aujfi 
mec  le  monde  la  vertu  d*en?edrery  lefquels'pgp- 
pos  de  Platon,tant  de  DieuleCreateur,que 
de  cette  vdrtu  vitâle  &rgeneratiue  efpandüë 
en  toutes  chofes,  femblent  eftre  prins  du  li- 
ure  de  Genefe,  dont  il  auoit  eu  cognoiflan- 
ce,  comme  nous  auons  dit  ailleurs  plus  am¬ 
plement.^  Il  ett  certain  que  cêtte  vertu  vita¬ 
le,  pucet:  efprit  celefte  difperfé  par  tout  l’v- 
iiiuers,  &  efpars  en  chacunes  choies,  eftcè-3, 
m?»/*1*  mefmeque  Platon  a  nommé  ame  du 
mondefc’eft  à  dire,  vne  vertu  efpanduë  en 
toutes  chofes  qui  difpofe  &gouuerne  tous 
les  corps.  Car  telle  explication  fera  propre 
èc  conuenable,  effcant  auflï  tirée  des  paroles 
dudit  Platon,  que  nous  auons  alieguçes de. 
fon  Timée,  ' 

*  -  Or  les  Philolbphes  Payent  de  ce  temps 
là,  ont  e*fté  cqntrainds  de  fuiure  celte  mé¬ 
thode  de  philofophcr  par  lacôlideration  ÔC 
infpeéiian  des  chofes  naturelles  de  ce  mort* 
de,  qui  de  leur  propre  nature  sot  tralitoires^ 
caduques  de  corruptibles.  Et  de  vray  û  elles/ 
nettoient  entretenues  ^-retenues  par  quel¬ 
que  vertu  diuiiië,  ellcs-fe  pourraient  efloi? 
gner  de  P  Ordre  &  bufauquel  chacunes  d’i  • 
celles'o'nti  êiïd  faiârés  8c  deftinées  des  leurs 
pommencemens  :  Et  icelles  eftans  defunies 

,;ï&  ’-  V*'-'-1'  V  *  f  , 


py  CERV.ïA  V.  IC| 

étfeparées ,  il  s’enfuiuroit  vne  grande  conr. 
fufion  éc  perturbation  de  tout  le  moncle. 

Ce  que  voulant  empefcher  8c  deftourner 
cetref-bon  &  tref-puifïant  Dieu,  il  a  félon 
fa  prouidence,  fâgeffe  &  vertu  de  fonefprit 
créé  la  nature  vniuerfelle ,pqur,  fuiuant  Ton 
decret  eternel  8c  confeil  immuableyen  fer- 
uir  comme  de  cailles  fécondés  à  la  confer-^ 
nation  de  fon  œuure,en  afferrniffantî’ou- 
urage  du  monde;  &  ce  parle  mouuement 
circulaire,  qu  roulement  perpétuel  du  glo¬ 
be  celefte  &  fuperieur,  8c  par  diuerfes  in- 
Huences  de  plufieurs  aftres  8c  eftoilles  diffe¬ 
rentes  ,  comme  auffi  de  feux  celeftes ,  par 
les  mouuemens  &:  afpe&s  des  fept  planètes, 

,&  principalement  par  les  vertus  aftrales,vi- 
tales  8c  merueilleüfes  de  çefte  excellente 
Lumière  premièrement  creée  (  qui  chaffe  8c 
pouffe  hors  les  tenebres,priuatiops  Seim- 
puiffancesde  toutes  chofes)  iefquelies  don¬ 
nent  vie,  ame  8c  vigueur  à  toutesdes  chofes 
caduques  d’icy  bas.  Laquelle  lumière  iadis 
efpanduë  par  tous  les  feux  celeftes  ,  &  fina¬ 
lement  amaffée  8c  pofée  au  Soleil  coçnme 
vn  abbregé ,  en  defploie  fort  efficacieufe-  Pr>p<h- 
ment  toutes  fes  vertus,  comme  de  fon  pro,-  tés  du 
pre  domicile  8c  feminaire,  par  les  change- 
mens  8c  reuolution's"  iournidieres  8c  annuel¬ 
les  d’iceluy,  à  la  génération ,  naiflance  & 
Corruption  de  toutes  chofes.Ce  qu’on  peut 
recognoiftr  e  de  iour  à  autre  par  lexperien- 
çe  ordinaire.  Dieu  toutesfois  n’apasordon- 


Genef.  i. 


ÏO 6  DES  MAIADUS 

né  que  nature  auroit  tellement  foin  de  celte 
admïniftration ,  qu’il  fe  repoferoit  par  a- 
prés,  &  demeureroit  oifif  :  mais  au  contrai- 
revil  œuure  toujours,  tenant  le  gouuernail 
en  Tes  maifis ,  &  flechilfant  la  nature  à  fon 
plaifir ,  §ç  félon  fa  fagefle,  conformément 
,aux  dons,proprietez  &  fciences?c  eft  à  dire^ 
jaux  vertus  d’anirher,  viuifier  Ôc  engendrer, 
qu’illuy  a  départies  Ôc  à  fes  femences,  par 
la  vertu  du  mefme  efprit  qui  fe  mouuoit,ou 
(comme  veut  S. Baille)  gifoit  fur  les  eaux:  le 
tout  félon  la  parole  qu’il  a  proférée  de  là 
bouche:  Queia  terre produijejemence viutfian- 
te  *  ertAmeviuante. 

Entre  les  caufes  qui  defpendent  touf- 
jours  des  premières, il  y  aeertainevertu  bal-, 
famique  ou  àltrale,  &  vn  efprit  celefte  (vie 
des  ehofes,  ôc  qui  agit  le  premier  és  chofes 
caduques  d’icy  bas  )  lequel  defploy  c  pre¬ 
mièrement  fes  forces  en  la  nature  élémen¬ 
taire,  comme  en  la  première  &  plus  f  mple 
.  créature  dp  toutes,  ôc  icelle  nature  élémen¬ 
taire  les  efpdnd  premieremenren  lanatute 
minérale, -comme  en  fon  .premier  fruicfc: 
d’qu  elles  font  par  apres  tranfportécs  en  la 
vegetable,  ôc  finalement  delà  vegetable  en 
l’animale.  '  •> 

Quand  celle  première  elfence  fpirituclle 
commence  à  fe  former  vn  corps  és  entrail¬ 
les  de  la  nature  metallique(lequel  corps  elle 
s’y  approprie  premieremét)  ce  qu’on  y  voit 
'  àu  préalable  eft  vne  certaine  humeur  va- 


D  V  CERVEAV,  ÏOJ 

poureufe ,  Tubtilc ,  balfamique,  nitro-ace- 
tcufe,  en  laquelle  gift  fecretement  tant  la 
vie  de  l’indiuidu  futur,  c’eft  à  dire  de  la  cho- 
fe  finguliere  qui  en  doit  nailire,  que  fa  con- 
■>  feruation.La  nature  vegetable,à  fçauoir les 
plantes  fuccnt  8c  efpuifent  celle  vapeur, 
dont  elles  le  nourri  lient  &  entretiennent? 
la  conuertilïant  par  leur  coétionpropre  8c 
naturelle  de  nature  minérale  ènvegetable. 

Par  ce  moyen  ladite  vapeur  eftainfifu- 
blimée,  afin  qu’elle  deuienne  plus  vitale, 
fpirituelle  8c  plus  celelle,  &  fe  transforme 
en  feu  balfamique,  8c  eau  de  vie  tref-pre- 
cieufe  8c  fort  excellente  qui  s’engendre  en 
toutes  plantes,fur  tout  es  aliment  eufes,foit 
froides  foit  chaudes,  comme  nous  auons  dit 
plus  clairement  ailleurs.  Et  c’ell  ce  qui  non 
feulement  prefèrue  les  plantes  des  mauuais 
accidens  extérieurs,  mais  anlïi  prolonge  la 
continuation  des  nouuéaux  indiuidus,&  ar- 
roufe,  nourrit, entretient  8c  conferue  l’ellat 
vniuerfel  de  toute  la  plante,  par  la  bénigni¬ 
té  de  ladite  humeur  fpiritùelle  8c  vitale. 
Quant  à  la  nature  fenfitiue  &  animale, elle 
prend  de  la  vegétable,c’eftà  dire  des  plantes 
comme  de  fon aliment,  ladite  vapcurfpiri- 
tuelle  ,  fub^tance  célefte  8c  balfamique, 
qû’elle  rend  beaucoup  plus  excellente,  plus 
celelle ,  plus  viue  ,  &  en  toutes  maniérés  ; 
pius  parfai&e  8c  fpirituelle,  en Tomme' 
bien  autre  que  celle  qui  auoit  eflé  és  plan¬ 
tes.  Car  celle  fubftance  balfamique, vege- 


f,0'8  -D  E  S  MALADIES 

table,  viuifiante  par  la  vertu  des  efpritsde' 
la  conco&ionque  fait  la  nature  fenfitiue^  à 
fçauoir  és  pélicans  &  vaifTeaux  vitaux  d’i¬ 
celle  nature  fenfitiueou  de  l’animale  ,  fe 
parfait  en  quinte-elfence  bien  autre ,  &■ 
beaucoup  plus  noble  que  celle  qui  fe  cuit  8c 
parfait  ordinairement  és  ventricules  natu¬ 
rels  des  plantes.  Mpis  le  microcoûne  qui 
eft  l’homme,  y  eu  qu’il  fe  nourrit  de  plante? 
pii  végétaux  8c  -d'animaux,  c’eft.  à  dire  que 
pour  fa  nourriture  il  extrait  leur  quint, 
ejfences,  ôc  cet  efprit  balfamique,  le  diftile, 
fublime  ôc  circule  par  fa  concoétion  propre 
Ôc  naturelle ,  ainn  faicte  par  art  chymi- 
que ,  c’eft  à  dire  que  par  fes  vertus,  végéta, 

'  tiuë,  fenfîtiue  &  animale,  qu’il  contient 
toutes  en  foy ,  il  l’agite ,  demene ,  enaigrit 
Sc  efclaircit,  le  roulant  &  le  pourra enant 
en  tous  endroits,  de  forte  qu’il parfaict le 
nectar  de  vie  tref  pur,  fort  fubtil  Sc  celeftc , 
à.  fçauoir  la  chaleur  naturelle,  ou  pluftoftie 
feu  vraiement  ceïelte,  autheur  8c  conferua- 
teur  de  la  nature  humaine  :  le  feu  dije  e.the- 
.  re,  l’efprit  celefte,  le  baume  vital  &  fort 
precieuxqu’Ariftote  par  fon  efprit  fublime, 
méditant  8c  pénétrant  mieux  qüe  les  autres 
Philofophes ,  a  recognu  eftre  l’origine  & 
fondement  de  toute  génération  ôc  corru, 
ption  des  chofes  naturelles, quand  vers  la 
fin  de  fon  troifiefme  liure  de  la  génération 

ides  animaux,il  efcriUoit  ainfî*  T oute  puiflan- 
<?e  d'amc-Jemble  eftrt  participante  de  quelque 


D  V  C  ïRV'EÀV.  loV 

autre  corps ,  p/*«  diuin  que  ceux  qu'on 

appelle  Eléments .  £/  comme  les  âmes  different  Tes 
•unes  d’auec  les  autres  en  clarté  &  abfcurïtê:  Ænfi 
eff  differente  lanature  du  corps:  Car  elle  contient 
enjoy  une  fernence  qui  efi  caufe  de  toute  ja  fertili¬ 
té  3  a  fçauoir  ,  vne  chaleur  qui  n  ef  pas  innée  & 
n’enfuit  aucune  telle  faculté  :  mais  l  effrit  contenu 
en  la  femence  ou  corps  e fumant,  &  La  nature  dont 
il  eft  participant  fe  rapporte  par  proportion  a  Te- 
lement  des  efioiles.  Parquôy  le  feu  n  engendre  au¬ 
cun  animal ,  auffi  ne  voit  on  point  que  lescTofes 
efpaijfes  ou  fiches  ou  humides:  proditifent  rien: 
mais  la  chaleur  du  Soleil  &  des  animaux ,  non 
feulement  celle  qui  ejl  détenue  dam  lafemece  jmais 
auffi  en  quelque  excrement  non  naturel,  a  prin¬ 
cipe  dé  vie.  C’ efi  pour quoy  les  çhofes  dures ,  mol¬ 
les  ,  lentes ,  raides ,  affres  &  polies,  fe  peuuent faire 
par  chaleur  &  froidure ,  mais  la  propre  forme  & 
effence  de  chacune  d’ icelles  „  ne  prend  nullement 
Jon  origine  des  Elemens- 

Or  comme  Pefprit  c'elefte  &  viral  des  Racine  i» 
chofes  qui  r  efide  en  leur  quinte  eiTence  ce-  Uvit, 
lefte,  eft  le  directeur,  gouuerneurî&con- 
feruateur  deleur  vie&eftât  :  Ainft  les  au¬ 
tres  font  plus  impurs  &corrôpus,  prouenâs 
d’excremens  &  impureté?.  des  chofes.  qui  x 

abordent  &  a  (Taillent  lefdits  efprits  vitaux 
en  plufteurs  manieres,voirç  en  nnlesamor- 
tiffént.  Mort  à  laquelle  l’homme  a  êfté  a£* 
fubjetty  par  le  péché ,  eftant.  à  caufe  d’ibe- 
l-uy  prjué  de  la  vie  perpétuelle  qu’il  auoit  de'[£ 
çççeuë  par  1’infpiration.  dVn  fouffle  diuin  mon. 


auant  fa  clieute..  La  terre  auffi  a  tellement 
cite, maudite  à  fon  occafion ,  qu’il  riy  a;rien 
en  1  vniuers  ,  qui  puilTe  euiter  les  aiguillons 
Mon  <jut  £e  }a  m0rt  s  &  s'en  garentir.  Laquelle  mort 

neftantqu’vne  feparation  ,  dilfolution 3  &  . 
çonfumption  de  cet  efprit,&  baufme  ra-  /! 
dical  de  vie ,  par  le  moyen  duquel  feül  lame 
eft  conjointe  &  demeure  auec  le  corps/  Ce 
<|u  on  peut  bien  apperceuoir  es  corruptions 
des  métaux ,  &  quand  ils  font  mangez  de 
fouille  ;  es  frùidts ,  quand  la  vermine  les 
ronge,  &  es  troncs  des  arbres,  quand  ils 
viennent  à  fe  confumer  de  pourriture-  Lef- 
q u elles  deprâûations  &  corruptions  ref.  , 
(emblent  aux  gangrenés  &  amortiflemen’s , 
des  membres  de  l'homme  qui  les  confom- 
ment  peu  à  péü;,  d’autant  qu’vn  tel  baufme 
’  centra-  fi -corrompt  &  vient  à  mourir.  Or  en  telles 
des  corruptions ,  indices  d’vne  mort  tres-çep- 
taine.  Il  y  a  rieahtmoins  des  feminaires  de 
quelque  autre  vie ,  dont  s’engendrent  plu- 
fieurs  fortes  de  vers  és  fruiàts ,  ’arbres 
corps  humains,  tant  au  dedans  qu’à  l’exte- 
rieur,  lefquels  quôy  qu’ilfus  de  corruption, 
"fftanrs  toüfesfqis  participans  de  vie,ne  pei|- 
'ûent  prouenir  d’ailleurs  que  des  efprits  vi¬ 
taux:  Ctrhf  ’qui  font  aùcünement  efpifts 
ne  laiflent  de  retenir  la  nature  de  leurs  pa- 
~jt  éns.impurs  &  corrompus,  pour  finalement  - 
K,  -f "produire  des  firuidts  conuenablcs  à  leur 
-  "naturelle  baufme  d  vne  vie  plus pure,  &  de 
Yru.iéts  plusfâin^edant  vaipci*&  efteint. 


tien 

vers. 


üv;  C  E r’v'e  a V.  lit 

Telles  corruptions  doiicques  font  les 
matrices  &  fettfinâir  es  où  reildét  les  efpVîts 
venimeux  &  peftilents  donc  s’engendrent 
en  nos  corps  diuerfes  maladies ,  les  tranf- 
plantations  ordinaires  defquelles  nous  àf- 
feurent ,  &  font  croire  pour  tres-certain, 
que  tels  effeéfcs  procèdent  dé  racinés  vitales 
Ôc  fetnences  fpirituelles. 

Finalement,  pour  mettre  -fin  àla'derfiiere  A?tT* 
différence  des  efprits  fufdits ,  touchant lef-* 
quels  nous  auons  effcé  contraints  de  faire  vn  * 

difcours  d’vne  fl  longue  fuitte  de  propos  & 
de  l’eftendre  plus  loin  que  par  aduenture 
noftre  fïibjet  ne  permettoit,  Nous  con¬ 
cluons  ,  qu’outre  les  efprits  douez  des  qua- 
litez  aétiuesdont  auons  fai mention,  foit 
bonnes,  foit  mauudifes ,  il  s'en  trouue de 
tels  qui  leur  font  oppofez  :  à  fçauoir,  queli 
ques  corps  fpirituels  s’ efuanouiffans  prom¬ 
ptement  ,  n’ayansaucuneefficace,  vertu,  & 
faculté,  voire  eftans  deftituez  de  toute 
fcience  j  foit  que  ce  foient  vapeurs  fimples. 

Toit  vaines  fumées  8c  ombres  fugitiues:  de 
corps  &  d’autres  -èfprits ,  laquelle  derniere . 
forte  d’efprits  voyages ,  eft  biencogncuë& 
recogneiie  des  Dogmatiques  ,  comme  de 
ceux  qui  fouuent  font  mention  en  leurs  li- 
ures,de  vapeur,  fumée,  haleine,exhalaifon, 
expiration,  flatuofîté,  vapeur  haliteufe, 
chaleur  fumeufe  8c  ignée,  fueur  vaporeufe, 
humeur  exhalante ,  humidité  venteufe  ,  de 
fubftance  haliteufe,  de  qualité  puante  ou 


il 2  '*>'**■  M  A  t  A  OIES  M 

{entant  le  bruflé,  d’ellence  fpirituelie,  de 
inauuais  air  ,  de  fumées  excremëntëufes^ 
d’excremens  fuligineux  &  de  fuperfluitez 
vaporeufes  :  Mais  en  vàin  fe  prononcent 
tellesparoles  dit  tout  inutiles,  entant  qu’el- 
-  I  lés  n’orit  autre  fondement  que  des  vaines 
'qualitez-,  dont  ne  fortent  aucuns  beaux  ef: 
fedts ,  comme  des  efprits  actifs  &  balfamf 
ques ,  foit  bons,  foit  mauuais.  Ce  queiious 
aùons  demonftré  par  vn  difeours  aifez-long, 
afin  qu’on  fçache  que  nbftxeoKie,  conféraav 
tion  &  fântë  , '-confident  eh  leur  dit  baufme 
pur,  celefte  &  radical  :  Ainfi  qu’au  contrais- 
/  ré  noftre'indifpofîtion  Ôc  deftrüéfcioajslen^  ' 

tenu  eu-  fuit  de  leur  impureté  &  malignité.  Apprie- 
-***i"*  en  nons  en  outre  que  la  cure.&  réparation  des 
yoyt»n-  defauts  qui  fouucntesfois  nous  tiennent  en 
■*  *'  îangüèur,ne.  confifte  pas  au  feul  *  tempera* 
ment  &  mixtion  des  Elemens ,  ny  és  feules  , 
qualitez  premières  de  chaleur ,  froidure  , : 
humidité  &  fiecité  :  mais.lesj  eaufes  &  re- 
medes  de  ces  defauts  &  iadifp  ofitions. fe 
do iuent  pluftoft  adiuger  autbaume  radical, 
.celefte,  qumte-eflence  desrcmedes,&aux 
çfprits  mecbaniques  infeiez  en  iceluyj  que 
Pamcelfe  dit  eftre cachez  enlab.yfme delà 
terre ,  lefquels  fe  manifeilent  en  cerrains 

'  temps  pour  engendretfesinedicaments,&: 
ic.eux  médicaments. ayitopjtûM  fii4ldfditsë£-. 

prits  rieEonfiidutçsÈ<^sidêft®œtâ^«ms^^ 
p-ofeht  qudqiiep.eu>dé.tempsieh  leurs.abyf* 
mes ,  ne  pomians  eftre  lamoÆJdis  par  huile 
corru- 


©V  C  ER  VE  AV.  1*5 

Corruption  des  chofes  naturelles.  Mais  il 
me  femble  que  i’entéds  le  brait  &  les  moc- 
queries  de  piüfieurs  qui  fe  perfuadent  que 
par  ce  moyen  on  introduit  vne  doctrine 
nouuelle,  &  dont  on  n’ouyt  onques  parler, 
voire  qui  répugné  à  leur  Philofophie.  Ayez 
ie  vous  prie,vn  peu  de  patience  mes  amis. 

Celle  opinion  n’eft  pas  lî  vaine,  friuole  ÔC 
inutile  que  vous  n’y  deuiez  point  appliquer 
voftre  eiprit,& qu’elle  ne  puifle  efleueriuf- 
qu’au  ciel  les  yeux  de  voftre  entendement 
par  trop  fichez  en  terre.Car  elle  ne  viét  pas 
du  feul  Paracelfei  mais,  comme  nous  aüons 
roonftré  plus  amplement  en  vn  autre  lieu, 
elle  s’accorde,&  eft  conforme  aux  opinions 
des  Socratiques  touchant  les  .Idées ,  dès 
Stoiciens  touchant  la  caufe  conioin&e  8c 
conferuante ,  d’Anaxagoras  quant  à  l’amas 
8c  concrétion  des  atomes,  &  finalement  de 
l’autheur  de  la  Diete,  quieft  Hippocrate  fé¬ 
lon  le  iugemenn  des  Hermétiques. 

Mais  que  répliqueront  ils  aux  Herméti¬ 
ques,  quand  par  bonnes  &  folides  raifons  Semtnies 
ils  pafteront  outre,  &  fpuftiendront  queles'4^**Ke; 
femences  mefmes  ne  fontpas  feulemét  dift-  ***/ 
polées  à  eftrè  animées ,  maislef ont  aufli  a-  * 

duellement^  N e  voit  on  pàs  bourgeonner, 
croiftre  &  reuerdir  beaucoup  déplantés  ar¬ 
rachées  de  terre  &  priuées  de  Pâli  ment  fpi- 
rituel  qui  entrer enoit  leur  vigueür,germer, 
croiftre, &  reuerdir?  Doit  on  mefpriferdC 
reietter  comme  abfurde  2c  erronée ,  leur 
H 


„4  DES  maladies 

opinion  qui  a,  pour  âppuy&defenfe,  Pau- 
^nlTliu  thorité  de  fi  grands  &  tant  anciens  Philofo- 
7'Unou.  phes,  voire  l’approbation  des  modernes,à  • 

utile  Phi .  fçauôir  de  François  Patrice,  &  principale- 
'  lofbphit  ment  de  ce  grand  &  fubtil  perfonnage  de  - 
Aslvnu  ■n<jj^re  ^lecle  Iules  de  l’Efcale,  l’vn  defquejs 
*tn’  elcrit ,  que  la  femence  vit  parfaictement, 
niais  de  perfection  feminaleq ’autre  combat 
fort  vaillamment  l’opinion  contraire  de 
Ferncl  tirée  du  liurc  qu’il  a  faiét,  touchant 
.  ie.s.caufesfecretesdeschofes?  Cariiprouue  ’ 

"  Sc  demonftre  par  raifons  tref-fermes,  &  fur 

tout  par  l’author ité  d’ Ariftote  mefme,  que 
l’ame.ou  formedu  Lyon  ou  du  cheual  eft  a- 
ctuellcment,&  non  en  feule  puilîancè,  dans' 

„  .  la  femence  du  lyon  &  du  cheual,  de  que  la 

leipcnoe;  du  ljon  &•  du  cheual  eft  lyon  & 
cheual  imparfait,  qui  par  fueeeffion  de 
temps,  eft  amenée  à  perfection  parla  feule  . 
forme  du  lyon  &  du  cheual,  laquelle  for¬ 
me  eft  la  principale  partie  de  l’elfence,com-  : 
me,  auftî  la  pqufe  efficiente  de  l’animal;  for- 
mé,_dije,  qui  ne  paroift.pasàlaveuc, &ne> 
s’appcr.çoit  par  attouchement  ny  par  aucun  -  I 
fens,  niais, eft  eofnprjnfe  par  le  feul  difeours  r 
de  la  raifon  &  de  l’entendement ,  où  il  faut . 
aiftinguer entre  la ;  génération  &  perfe- ,  - 
ction,  de  forte  que  celle-cv  loit  exempte  de 
toute  corruption,  mais  cellc-la.  cnfoitfuf-; 
ccprible,  à’  caufc  que  la  perfection  n’admet  f 
poinr  la  dliflblution.&  feparation  des  fub- 
iihnçegiîy  leur  résolution  en  la  matière  prim 


D-V  C  F.  R  V  E  A  V.  U$ 

mitiue/chofes  neantmoints  qui  font  requi- 
fes  à  la  génération,  car  elle  Remployé  feu¬ 
lement  à  la  compolition  &  mixtion  dès  cho- 
fes  di(Toutes:  mais  la  perfeétioft  remet  le 
tout  en  fon  entier, 8c  fe  conlcrue  pluftoft  ~ 
que  de  p ermettr e  qu’ils’en  diminue  ou  per¬ 
de  quelque chofe  :  Ce  que  l’experiençc  or¬ 
dinaire  demonftre  allez  chacun  iour  es 
grains  8c  femences.  Le  mefme  fe  voit  aulïi 
eni’œuf,  d’ou  le  poullin  eftant  efçlbs,  on  ne 
trouue  rien  qui  foit  relié  dedans  la  coquille, 
toutes  les  parties  intégrantes  d’iceluy,  c’ell 
à  dire  les  trois  fubftances  hypoftatiques,  à 
fçauoir ,  la  membrane,  l’aubin  So  le  moi  eu 
(qui  à  vray  dire  reprefentént  fort  bien  le 
mercure ,  lg  fôulphre &  le  felfeftansfoî- 
gneufement  gardées  de  alTemblées  fans  au¬ 
cune  diminution'  où  dilïïpation,  afin  que  la  / 
forme  du  poullets’en  par  race,  8c  en  refulte» 

Audi  ne  doit  on  pas  e ft i inet  que  les  Her¬ 
métiques  (oient  tant  ignorahs 8c  h  peu 
ver  fez  en  îaPhilofophie  Péripàretîqueap- 
promiée  de  tous,  que  pour  confîrmèr  leur 
opinion,  ils  ne  fçacheàt  :biend$ftinguef  dç  jytfim- 
remarquer  la  différence  entre  le'  premier  frie  tnm 
aéfe'ôuslapuiirance  eifenèi  éllèj  qmh’ejft pàs’' 
la  propre -lubftance  corporelle  &  totàlede 
la  chofe,  mais  quelque  chofe  d’elTentiel  en  **■"***' 
la  fubftance, ayant  puilFance  8c  vertu  d’agir, 
qui  n^en  peut  îMmSj^^réTepâf^^FaifBn 
dequoynon  l’appelle  propriété-  ou  affeéHon 
propre;  ElSentrê  l’atfteLêcondde-ià'pnilîkfi- 
H  ij  , 


llG  DES  MALADIES 

ce  qüi  fe  nomme  energie ,  ou  aétion,àfçà- 
uoir  la  puilfance  naturelle,&  qui  dépend  du 
tempérament  quand  elle  agit.  Or  tout  ainfï 
qu’on  ne  peut  nier  qüela  forme  &  elïenee 
du  cheual  ne  fe  doiüe  attribuer  au  poulain 
durant  fajeunefle ,  voire  qu’il  ne  foit  en  ef- 
feÇt  ôc  actuellement  cheual,  ne  plus  ne 
moins  que  s’il  eftoit  parfaiÇt  en  aage,  quoy 
qu’il  ayt  moins  de  forces  qu’vncheùal  plus 
aagé,  ou  que  fa  femence  ne  foit  en  maturité 
pour  engendrer  ,  de  laquelle  toutesfois  il. 
n’aura,  faute  pour  procréer  vn  animal  fem- 
blable  à  fôy  quand  il  fera  paruenu  en  aage 
parfaiÇt:  De  mefme  les  Hermétiques  en— 
feigiient  que  la  chofe  mefme,  c’eft  à  fçauoir 
l’ame  ou  forme  eflentielle  eft  en  toute  fe¬ 
mence  par  ce  premier  aéte ,  mais  nullement 
par  le  fécond,  lequel  précédé  le  premier  a- 
Cfee  au  compofé  au  feul  regard  du  temps, 
non  en  effeCt:  attendu  que  la  chofe  mefme, 
c’eft  à  dire, la  forme  fubftancieïle  exilte  a-i 
Ctuellementauili  entière  &  parfaiéte  enl’v- 
ne  qu’en  l’autre  femence,  à  fçauoir.  meure. 
&  non  meure  :v  eu  femblablement  que  le 
poulain  le.  cheual  auancé  en  âge  font  en 

effeét  autant  çheuauxTvn  que  l’autre^  car  la 
forme  ne  laiffe  d’eftre  entière  en  tous-  deux, 
combien  que  les  parties  compofees  (à la 
perfection  defquelles  eller,tra.uaille  conti¬ 
nuellement)  (ont  feul smmt  commencées 
&  encores  imparfaiÇhes,jCar  comme.  nqu& 
auons  dits  elle  tend  .  &  Remployé.  à  leur; 


DV  CERVïAV.  117 

perfection. 

Mais  iî  quelqu’vn  obieéte  aux  Hermétiques 
que  celte  perfection  eftla  generatiô,  quand 
le  cheualfe  forme  &  engendre  delafeméce 
du  malle  Sc  de  la  femelle,ou  que  le  ehefne 
fe  procréée  du  gland,  attendu  que  le  cheual 
ny  le  ehefne  n’eftoient  pas  au  parauant,  & 
qu  ainlî  la  fejnence  de  l’animal  &  le  gland 
du  ehefne  ont  alors  cefle  d’eltre  ce  qu’ils 
eftoient  au  parauant?  A  cefte  obïeCtion  les 
Herineriques  refpondront  qüe  la  liibltan* 
ce  du  premier  ade,  qui  en  la  femence  du 
cheual  ou  dans  le  gland  eft  la  forme  ciren- 
tielle,  comme  dit  Âriftote,n’eft nullement 
engendrée  au  cheual  ou  au  ehefne,  mais 
qu'icelle  forme  eftentielle  infeparable ,  à 
parfaiét  léfdids  cheual  &  ehefne  par  le  fé¬ 
cond  Se  dernier  ad  equiparauànreft  oient 
feulement  commencez  Se  imparfaites  au 
çompofé.  Gar  l’aéte  fécond  qui  dependdù 
tempérament  &  pjrxtion  ,  eft  en  quelquè 
forte  vn  accident  auquel  furuient  la  géné¬ 
ration  au  regard  de  la  fubftance  corporelle-, 
produite  du  tempérament  par  la  forme1:  Se 
non  à  î’ade,  c’eft  à  dire  à  la  forme  quifüfe^ 
Elle  tref-fimple  Se  fans  aucune  mixtion. 
Quand donques  nous  voyons  croiftrenatu- 
rellementjfoit  vn  poulain  ou  quelque  autre 
chofe  fembable,  il  ne  faut  pas  croire  qüe  ce 
qui  croift  foit  la  forme  fubftâncielle ,  veu 
que  le  plus  ny  le  moins  n  ont  aucun  lieu  en 

icelle,  mais  c’eft  le  cheual  qui  croift,  c’eft  a 

‘  '  "  ^  *H  ig 


Ohitftlo 


Ilg  '  t>.E  S  >.r  A  t/A  t»  IES  ; 

"  fçâuoir  tout  le  compote  du  dicuafeii  quoy 
‘  paroift  alors  manuellement  la  forme  qui 
"  eltant  au,  préalable  deftjtuée  d’organes  8c  de 
corps  quoy  qu’entiere,  demeuroit  occulte 
&  cachée.  .  ■  - 

Quant  à  l’ame  raifonnable  de  l’homme* 
Vbomme.  il  o’ÿ  a  personne,  excepté  quelque  mefc 
chant  Protâg.ore  ou,  Epicure}qui  rappelle 
en  doute  que  Dica  le  Créateur  ne  l'ait  for- 
v  ~mçé au  commencement*  8c  par  l’efprit  de  fa 

bouche  infpirée  au  premier  homme, dans 
lequel  èftaht  infùfe  pa,r  la  mefrne  vertu,  il  a 
voulu  qu’elle,  demeurait  immortelle:  De 
force  qu’âpres  i’extinction  8c  aneantilfe- 
ment  des,  aut r  e s  faCui t e z^  à  fç au o ir  v e g e t a- 
tiue  8c  fenlltiüe  en  l’homme  mort,lafeule, 

.  apje  raifonnable  furuit  éternellement,  q 
irrEn  fin  ,  pour  conclure  &  mettre  fin  à  cet 
argument ,  concédons  que  J’ame  eft  feule¬ 
ment  -par  puüïancç ,  non  a&uellement  és 
.  femenCes  des  chofes  : .  Car  mon  intention 
•  n’eft  pas  -d’entreprendre  :  la  defenfe  ny  de 
r  '  l’^n^  ny  de  fautre  opiriion.  Il  faudra  toü- 

resfois  qu’on  m’aduoiie  comme  chofe  bien 
£4fAaineeqjie .telles  fèmences  font  pleines 
d’efprits,  ainfi  -que  nous  auonsdemonffrc 
cy  dellus,  8c  que  toutes  les  actions ,  vertus 
■%  &  facilitez de.ehacunes  chofes ,  melrnc  des 

inanimées,8c  fuiuant  l’opinion  de  plufieurs, 
de  celles  aui&qüi.font  mortes ,  fe  doiuent 
pluftoft  attribuer  à  leurs  formes  eirentielles 
qu’à'leur  tempérament,  félon  les  fuffifantes 


BV  CERVEAV.  lie)  ' 

raifons  que  i’ay  mifes  en  auant.  Et  par  cbn— 
fequent ,  -que  les  Hermétiques  adiugeans 
telles  énergies  &  faculté z  à  des  fubftancés 
ipirituelles  ou  diuines(çôme  parle  Ariftote) 
approchât  plus  prés  de  la  doétrine  d’ Arifto¬ 
te  que  les  autres,  qui  fuiuans  vn  certain 
Empedocles"  s’efloignent  fort  loin  d’icelle. 

Par  cecy,  voit-on  combien  eft  vtile  la 
perquifttion  de  telles  chofes ,  laquelle  nous 
accommoderons  particulièrement  aux  ma¬ 
ladies  dot  eft  qüeftion,  afin  que  leurs  caufes 
eftans  defcouuertes,  nous  en  tirions  &  ap¬ 
proprions  vn  naturel  &:  vray  remede.. 


Chap.  XI. 

Comprenant  irB(Jènçei  différences  ,&-caufcs 
des  quatre  maladies  fu fines ,  auec  U  réfuta¬ 
tion  de  t 'opinion  materielle  &grofiere  au  en 
ont  Us  Dogmatiques. 

Para  ce  l  sé  l’vn  des  principaux  Her-  f 

metiques,  approprie  librement  à  quel-  filin  F a- 
ques  maladies  les  noms.de  certains  terne-  raetlfi. 
des,  afin  que.par  le  nom  de  la  maladie ,  on 

fçache  quel  remede  luy  eft  propre  &  fpeci- 
fique:  Commequand  il  appelle  l’epilepfte. 
tantoft  mal  vitriolé  ,  tantoft  verdet ,  à  rai-i 
fon  qu’elle  trouue  fon  remede  en  l’efprit 
ÿerd  duvitrioL  Par  foisilimpofeaux  ma= 

H  iiij  ; 


116  CES  MALADIES 

ladies  ,  des  noms  prins  de  leur  caufe  effi¬ 
ciente,  comme  quand  il  nomme  auffi  ladite 
Épileplie,  mal  vitriolé ,  d’autant  qu’à  Ton 
.  opinion  elle  prend  fa  fourced’vne  vapeur 
mercuriale  vitriolée ,  qui  fexpire  d  vne  hu¬ 
meur,  d’vn  tartre ,  ou  d’vu  mucilage  airugi- 
neux ,  qu’à  celle  caufe  ils  furnomment  de  f 
poirreau  :  veutoqtesfoisqu  oit  le  doit  plus 
toft  âppeller  mucilage  vitriolé  ,  à  raifon 
qu’il  reffemble  mieux  au  vitriol  qu’au  poir- 
Origine  reau:  Car  il  emporte  âuec  foyles  teintures 
dilaffaut  &  impreffions -malignes  ,  âcres  &  acides^, 
tÇtieçt*’  non  du  poirreau,  mais  du  vitriol  ,  &  parin- 
ferualîes  de  temps  les  exhale  ôc  mefle  d  au¬ 
tant  plus  facilement  auec  les.efprits  vitaux 
&  animaux ,  qu’elles  font  auffi  toutes  fpiri- 
tuelles,  &  fymbolifent  ou  confpirent  plus 
toft  auec  lejs  chofes  fpirituelles  qü’auec  les 
terreftres ,  dont  le  cœur  &  le  cerueau,  aihli 
que  dit  aeftécy  deflus  }  en  recherchant  le 
uege  de  la  partie  dolente-,  font  aflaillis& 
affiegez ,  foit  que  cela  prouienne  d’obftru- 
«ftion  ,  foit  d’acidité  vitriolée1,  .eftreignant 
êc  ferrant  les  arteres  carotides  :  tellement 
que  la  faculté  vitale  en  eft  empefchée  de 
paffer  au  cerueau ,  foit  auftlque  telles  con- 
üulftons  procèdent  de  la  fubftance  des  ven¬ 
tricules  du  cerueau ,  eftrecie  par  la  mefme 
acidité  &  ftipticité  :  ou  bien  d'vn  fel  armo- 
niac  fort  acre ,  qui  eftant  en  ladite  humeur- 
pieque  &  defçhire  les  menyngés  plus  fen- 
ubles,  dont  s’enfuit  la  deprauation ,  voire 


ia  priuation  des  principaux  offices  &  fon¬ 
dions  de  lame,  à  fçauoir ,  de  l’intelligence* 
de  la  mémoire  &  du  difcours  de  la  raifori  , 
tantoft  plus ,  tantoft  moins ,  félon  que  la 
qualité  de  l’humeur  mercuriale  vitriolée, 
où  fon  acidité  &virulence  effc  plus  ou  moins 
maligne  :  Car  nous  fommes  tous  fubjets  à 
vne  infinité  de  vapeurs,  qui  de  diuers  en¬ 
droits  du  corps  montent  en  noftre  cerueau  : 

Mais  fi.  elles  n’ont  cefte  propriété  &  nature 
vitriolée,  les epilepfies n’en  prouiendront 
point  ,  aufquelles  félon  le  tefmoignage 
d’Hippocrate  mefme,les  melacholiques  fôt  peitr<jU9y 
plus  enclins  que  les  autres  :  Les  melancholi-  UsmeU». 
ques  (  dit-il  )  deuiennent  facilement  épileptiques,  theliquet 
&  les  epilepttques  melancholiques.  Et  ce  d’au— 
tant  que  telles  gens  abondent  en  humeur 
vitriolée,  acide,  telle  qu’éftlamelancholie, 
comme  nous  auons  dit  auparauant. 

Les  petits  enfans  font  fort  fubjets  à  cep  ur€JU(^ 
mefme  mal,  non  à  caufe  qu’ils  ont  le  cer-  iesp„its 
ueau  pituiteux  :  Car  fi  la  caufe  de  l’epilepfie  enfans 
ou  de  fa  fœur  l’apoplexie,  confiftoit  fimple-  enclins  à 
ment  en  la  feule  pituite ,  chacun  y  feroit  en-*  qdepft* 
clin,  ce  qui  répugné  à  l’euenement  :  Comme 
ainfi.fpitque  nous  voyons  plufieurs  hydro¬ 
céphales  exempts  de  telles  maladies,  quoy 
qu’ils  ayent  le  cerueau  remply  d’humidité 
aqueufe:  mais c’eft à raifon qu’en l’eftomac  >  ' 
de  plufieurs  fe  fait  vh  amas  de  laid  aigre  & 
mal  cuit,  lequel  venant  à  fe  corrompre,  ac¬ 
quiert  vne  telle  nature  qu’il  dégénéré  en 


m  6-ES  MALADIES,' 

quelque  venin  airugineux,  verd  &  vitriole, 
ce  qu’on  peut  remarquer  es  matières  de.ee- 
fte  couleur  qu’ils  reiettent  &  vomiffent,dôt 
ils  endurent  delref-grandes  douleurs,^  de. 
uiennent  plus  enclins  à  ce  mal.  C’eftpour- 
quoyl’epilepfte  eft  nommée  d’Auinccnne 
maladie  puerHe  ou  mere  des  petits  enfans, 
mais  il  l’euft  qualifiée  plus  proprement  du 
furnom  de  maraftre.  ;  ; 

Xièpinipn  Quant  aux  caufes  des  Apoplexies,  que 
dt  G*lun  çajjen  dit  eftre  vne  mefme  chofe  auec  Cel- 
hTcaujh  lès  de  l’epilepfie,  &  qu’il  fou^ient  n’éftre 
veneneufes  ny  douées. d’aucune  qualité  a- 
^ylexieÿ/  ctiuennais  affeure  que  c’eft  Amplement  vne 
*pl*ffi*  jhu tueur  froide  &  efpaiffe  telle  que  femble 
ejea  ^Ur~  eftre  la  pituiteeou  femblablement,  il  ne 
met  autre  differéce  entre  ces  deux  maladies,. 
ii  grieues  &borribles,finon  que  l’apoplexie 
s’engendre  par  l’entiere  priuation  de  kt 
puiiTance  animale  dont  les  nerfs  font  defti- 
tuez,  mais  que  fepilepfie  prouient  du  mou- 
■  uement  depraué,  lequel  eftdiuifé  en  quatre 
efpeces, à  fçauoir,  tremblement,  palpita^ 
tion,  concuffion  &  conuul'fioii  :  dont  les 
deux  dernieresfetrouuét  enl’epilepfïe^co- 
me  veulent  fes  difciples ,  &  principalement 
les  mouuemens  conuulfifs.  Cefte  opinion 
di-je  cft  trcf-abfurde,  fuiuant  laquelle  on 
afligne  toufiours  la  caufe  de  l’apoplexie  à  v- 
ne  feule  humeur  froide  &  craffe,  aufti  n’eft 
elle  moins  ridicule  que  celle  qui  afferme, 
que  Fepilep fie  procédé  d’vnc  mefme  caufe; 

.  N  .  '  -.  r  :  . ,  \ 1  -V  Jl 


DV  'CE  R  VE  AV.  11$ 

laquelle  nous  auonsja  fuffifamment  refutée 
&  explorée  par  beaucoup  de  raifons  qui  en 
vain  feroient  icy  répétées,  ayans  à  cefte  fin 
déduit  amplement  les  opinions  de  l’vne  &r 
f  autre  fie<fte,tant  Hermétique  que  Dogma¬ 
tique  Xur  cefte  matière.  Lefquels  Dogma¬ 
tiques  neantmoins  prefque  tous  d'vnmef- 
me  confentement  font  confifter  les  caufes 
des  vrayes  apoplexies  en  la  quantité  d’vnc 
humeur  pituiteufe,  qui  en  vn  moment  rem¬ 
plit  tout  àcoüples  ventricules,  tel  qu’eftic 
fcntiment  d’Ægineta,  &  celuy  de  Galien  au 
lieu  fufallegué,  ôùil  efcrit:  que  les  Apople¬ 
xies  &conuulfions  font  caulées  par  vue  hu¬ 
meur  -pituiteufe,  ou  melanchoLique.  Pour 
autant  (dit-il)  que  l’efpaifiëur  eft  commune 
à  toutes  deux,  dont  il  inféré  que  la  caufe  & 
fourcë  du  mal  refide  en  l’efpaiffeür  de  l’vne 
8c  l’autre  humeur  qui  boufchent  les  pores. 

S’il  eft  ainfi,d’où  vient  que  la  précipita 
tioh  de  ce  mal  eft  fi  grande,  &fon  aflàutfi 
foudain  qu’il  fe  fait  envn  inftant,&  comme 
par  vn  tourbillon  inopiné  àb  b  at&t  errafte 
le  malade,de  forte  qu’auec  raifon  elle  prend 
fa  nomination  du  verbe  grec  qui 

vaut  autant  à  difb que  pfoûerner,  ou  ietter 
par  terre,  d autant  que  ceux  qu’elle  enua- 
hit ,  fëmble  eftre  comme  touchez  du  ciel, 
.ou  frappez  de  quelque  foudre.  Dites  moy, 
ie  vous  prie,  les  matières  de  nature  craffè,& 
pesate,  qui  sot  difficiles  à  mouuoir(au  iuge- 
ment  de  tous  les  Médecins)  p  eüuent  elles  a- 


114  DES  maladies 

uoir  celle  propriété  d’exciter  vn  mou'ue, 
ment  fi  foudain,  précipité  &  tant  horrible  î 
Carrelle  humeur  efpaifté  ne  fe  peut  amalfer 
dans  le  cerueàu/inon  par  quelque  interual- 
ie  de  temps  &  peu  à  peu,  comme  ainfifoit 
que  fa  génération  ne  Te  puifle  faire  en  vn 
moment,  ny  auec  précipitation.  Cepen¬ 
dant  quand  elle  s’alfemble,  ou  quvne  par¬ 
tie  d’icelle  s’eftamalTée,  le  cerueau  en  eftant 
;  remply,-  comme  on  peut  conieélurer,  pour- 
quoy  demeure  elle  li  long-temps  oyfiue 
auant  que  fufciter  le  paroxyfme,  fans  pro¬ 
duire  nul  effeél  au  parauant  linon  long-tcps 
apres,  &  ce  finalement  le  fruiét  meur  de  l’a¬ 
poplexie  :  veu  qu  au  moins  elle  deuoit,  & 
pouuoit  faire  precqder  quelque  moindre 
mal ,  comme  vn  grand  appétit  de  dormir, ,  ’j 
bu  quelque  autre  pefanteur  allbupilfante? 
On  dit  qu’aucuns  tels  auant-coureurs  ont 
açcouftumé  de  précéder  comme  la  pefan¬ 
teur,  douleur  &  tourno'yement  de  telle,  la 
faim  de  dormir,  lefquels  precurfeurs  néant- 
moins  font  indices  de  vapeurs  fpirituelles 
dont  le  cerueau  eft  remply,  &  qu’à  caufe  de 
fon  imbécillité  il  ne  peut  digérer  ny  difiï- 
per,ou  euàcuer  par  les  emonéioir’es  deftinés 
à  cellé  propre  filmais  en  eft  rendu  nubi- 
leu'x,  troublé  Sc  capable  de  conceuoir  tels 
lymptomes,  pluftoft  que  de  croire  qu’ils 
prouiennent  d’vne  humeur  crafle,  laquelle 
s’eft  amaftee  au  cerueau,  &  y  relide  pourvu 
temps.  .  ~  > 


DV  C  E  R  V  É  A  V.  11S 

N’auons  nous  pas  fuffifamment  "tefmoi- 
gné  qu'en  plufîeurs  petits  enfans,tant  pitui¬ 
teux  qu’autres,  on  âpperçdit  dés  tumeurs 
pleines  d'eau,fîgnifians  que  leur  cerueau  eft 
remply  d’humidité,  lefquels  toutefois  n’en¬ 
courent  point  l’apoplexie,  &ne  fentent  au¬ 
cun  des  fUfdits  lignes  precur  feu  rs,  à  fçauoir 
lapcfanteür,  tournoyemét,  endormifTemét 
&  douleur  de  telle,  qui  neantmoiris  fur'uie- 
nent  aux  yurongnes  &  grands  betiueurs  de 
vin  par  les  fumées  ôc  vapeurs  de  la  trop 
grande  quantité  de  vin  qu’ils  ont  beu,  les¬ 
quelles  font  môtées  au  cerueauîEtveu  qu’i¬ 
celles  vapeurs  font  fpirituelles,  non  efpaif- 
fes,chaudes,ny  froides,  elles  produifent  tels 
effe&s  dedans  le  cerueau  :  voire  y  caufent 
quelquefois  vil  endormiflement  li  profond, 
&  vn  fommeil  tant  difficile  à  interrompre, 
que  lefdits  yurongnes  n’en  peuuent  eftre 
deliurés  &  priuez,  que  les  vapeurs  ne  foiét 
entièrement  difiipées.  Qui  plus eftlemel- 
me  Hippocrate  a  laiiTe  par  efcrit  fur  la  fin  de 
fon  liure  touchant  lés  flatuofitez^que  celle 
maladie  prenoit  fa  fource  dés  vents.  Et  à 
la  fin  du  liure  des  petites  glandes,1  il  efcrit 
çes  paroles  :  Si  le  cerueau  eft  rongé  de  quelque 
ehofe,  il fonffre  v  ne  grande  perturbation^ entende-  * 
tncnt  fc  depraue,  &  l^cerueau  met  en  csnuul/ion 
&  diftraSHon  l’homme  tout  entier  qui  én  (by  mefi- 
me  ne- profère  aucuneparele,  mais  eft jiffiquê >.&■ 
ctft e  indtjpojiîion fè  nomme fideratton.-  "■  - 

N’âpperçoit  on  pas  femjblablementqus 


1x6  dses  maladies 

tels  fymptomes^ont  excitez  par  des  fumées  1 

&  vapeurs  de  charbons  ?  Et  aullinevofton 
pas  tomber  en  vn  moment,  voire  fouuent 
perdre  l’haleine  comme  apoplectiques, 
ceux  qui  eftans  aftoupis  dorment  en.  lieu 
où  font  retenus,  &  d’où  ne  peuuent  s’exila^ 

1er  les  vap eurs  fiiligineufes  d’vn  feu  de  char¬ 
bons  ardents  ?  Les  caufes  de  tels  fympto- 
mes  ne  fe  doiuent  elles  pas  rapporter  à  tel¬ 
les  exhalaifons  fuligineufes,  chaudes,acres, 
corroliues,  pénétrantes,  &  de  grandes  for¬ 
ces  qufrempliflent  le  cerüeau  pluftoft  qu’à 
des  obstructions  de  cerneau  neés  de  la  vif- 
coûté  &  pefant eux  de  telles  humeurs  efpaift 
les  &  froides; 

opinion  Parquoy.  nous-  concluons  fuiuarit  l’opL 
a:s  Her -  nion  des  Hermétiques  ,  qif  il  me  faut  ipas 
»,  toufiours  attribuer  les  caufes  de  telles  apo- 
.plexiés  à  certaine  pituite- froide  8c  efp.aiS'é^ 
éd’itpo-  ou  à»  quel  que  autre  humeur  femblableunais 
fltzie.  pluftoft:  à  des  exhala.isps.n.çbuleufesquldnt 
monté  a u  ce r u e au ,  &  y  font  enclofesne  plus 
ne  moins  que  les  nuées  efpanduës  en  l’air: 
qui  eftans  pleines  d’eau  ‘d’humeuf  non 
feulement  froides  &ftmplement  humides, 
mais  ayanev  vne  qualité  efficacieufe  &.aéH~ 
ue,  foitqp’clle  foit  falée,foit  mercuriàle,ou 
fulphurée ,  elles  fe  glacent  &  congèlent  à 
l’inftant,  comme  il  peut,  aduénir  à  caufe  de 
Tefprit  yimqlé  &  glacial  qui  s’y  eft  ttanf- 
porté,  Tén^jnaladie  naiÿ  êU  .Vh-UCibirient 
'ÆiccUcf^'^,,&..eQBgeUsiqn':qujs;^i3fe® 


DV  CE  R  V  E  A  V.  _  _  U? 

vitriolée  produit  par  fon adftriéHon  8c 
coarctation.  Et  de-là  prouient  fans  doute 
l’apoplexie,  tantoft  grieue  ,  taritoft  legere, 
félon,  la  vertu  &  abondance  tant  de  la 
quantité  que  de  la  qualité  des  matières. 

Mais  nous  auons  ja  cy  deflus  en  tant  de 
lieux,  8c  E  clairement  defçouuert  TinEgne 
8c  admirable  vertu  coagulatiue  de  l’éfprît , 
vitrioléjaquelle  demeure  inuincible  au  mi¬ 
lieu  des'  flammes,  où  fuiuant  l’opinion  com¬ 
mune  toutes  chofesfe  diffoudent,  &  nôob- 
ftant  le  feu,  elle  fait  efficaciëufement  paroi- 
ftre  les  forces  qu’elle  a  de  congeler:  De  for¬ 
te  quil  feroit  ennuieux  &  fuperflu4’ en  par¬ 
ler  d’auantage. 

Entre  les  .Dogmatiques,  Auincenne  me 
femble  auoirlc  mieux  rencontré  quant  à  la 
recherche  dès  caufes  def  apoplexie,  atten¬ 
du  qu’il  les  rapporte  à  certaine  matière  de 
qualité, ftiptique  ©u  a  d  ft  r  ing  e  rit  e  :  ÇV/e opila* 
ttoft, dit  il, (parlant  de  l’apoplexie)  fsfait  qudd 
ce  qui  caufe  delà  douleur ,  ou  ce  quiempefcbe,  oufe 
meut  par  mouuemenî  de  contraclion,  efi paruenu 
au  cerneau,  ou  bien  quelque  qualité  furuenante  en. 
iceluy  qui  le  rend  adftrîngem  <&c.  Aurefte  nous 
aduoüons  bien  qu’aucunes  apoplexies  ^en¬ 
gendrent-  au  El-  d’ au  très  caufes,  comme  â\n 
phlegmon  ou  inflâmation-  :çPvh  âpofteiEO, 
ou  de  quelque  effufion  de  fang  dans  le  çer- 
uèau  par  ouuerture  ou  rupture  d  vne  vèiq¥s 
eh  quoy.  nous  né  voulons  pas  contredire 
aux  Dogmatiques.  7 


Ï2.S  DES  MALADIES  ^ 

Outre  ce  nous  auons  touché  quelques 
autres  caufes de  l’apoplexie  en  défendant  le 
party  des  Dogmatiques, à  fçauoir  l’arreft  de 
refpric,quand  il  eft  etnpefché  de  fe  tranf- 
porter  8c  communiquer  au, cerneau,  par 
f’obftruâriô  des  arter es  carotides  &  des  vei¬ 
nes  iugulair es,à  caufe  par  aduantur e  des  va¬ 
peurs  adftringentes  8c  malignes  qui  refer¬ 
rent  8c  fendent  plus  eftroittes  telles  parties, 
ou  pour  autres  caufes;  où  nous  auôns  pa¬ 
reillement  allégué  l’authorité  d’Alexandre 
Benoift  en  la  circoncifion  du  prepuçe  fans 
douleur  ny  fentiment.  Audi  auons  nous1 
dit  que  ceûe  maladie  peut  eftre  fufcitée  par 
contufion ,  8c  par  fraéture  du  crâne  8c  au- 
'  très,  caufes  fcmblables.  Mais  nous  ne  fai- 
fonsicy  nulle  mention  de  telles  apoplexies, 
en  la  cure  defquellçs  nousfômcs  de  mefme 
aduis  que  les  Dogmatiques,  8c  approuuons 
comme  eux  la  faignée,  qu’on  peut  mefme 
repeter  fouuentesfois  :  principalement  fi 
on  a  recogneu  par  lignes  que  le  mal  pro- 
uient  de  phlegmon  ou  d’autre  effufion  de 
v  fan  g  dans  le  cerueautAins  nous  parlons  en 

ce  lieu  des  vrayes  apoplexies  dont  l’origine 
eft.inf erne  8c  occulte,  laquelle  eftant  feule¬ 
ment  8c  limplemcnt  rapportée  à  vne  hu¬ 
meur  efpailTe  8c  froide  ,ce  fera  çhofe  ridicu- . 
lé  8c  de  tnauuais  gouft  aux  leures  des  Her- 
meiqques  qui  ont  vn palais  bien  fauourant. 
la  para-  :  îjM  chofes  fufdites. ,  pn  déduira  auffile$ 
fyfte,  vraies  caufes  de  la  paralylie,  çfquelles  de- 

génerenc 


B  V  €  E  R  V  E  A  V.  ÎÏ? 

generent  fouuent  les  apoplexies,  comme 
nous  -auonsja  cy  deuant  fait  entendre.  Car 
telle  humeur  vitriolée,  ou  glace  liquéfiée 
di (Toute  par  vertu  naturelle, ou  par.fecours 
artificiel,^  difp.erfée  en  quelque  endroit  di| 
eerueau,QU  par  tout  iceluy,  voire  a?anft>or* 
tée  en  l'etenduë  des  nerfs  par  tout  l’efpine 
du  dos,vexant,engourdi(rànt  8ç  afïpupiïlàht  ^  ; 

telles  parties  par  Ton  acidité  conftipante,  mrnUs 
piordicante  êç  acre,  félon  que  telles  a çiM?  à$9H- 
te z  vitriolées  ont  accouftumé  d'agaèer,  re¬ 
ferrer  &  hebeter  les  dens,  telle  humeur  vh? 
triolée,  di  je,  ou  glace  produit  pu  amène 
telles  maladies  &  fymptomes,  corne  les  ep? 
gourdilTëmens  &  endormiflèmens  de  merp-? 
bres,que  nousauos  dit  eftre  auanteoureprs 
&  voifins  de  la  paralyfie,  d’où  aulîi  Ton  peut 
facilement  recueillit  que  f’apüplexie  s’en*, 
gendre  de  mefmes  eaufes,  à  fçâupir  4’ YM 
humeur  crue,  adftringente  &  aceteufè,  non 
pas  jfimplement  froide  &  efp.ai(Te,çar  corn? 
bien  voions  nous  iournellement  de  deflm? 
xions  du  eeyuèau  en  la  poiéferine,  dont  ïéf 
parties  nerueufes.  font  remplies,  fans  e^ 
gourdiffement  ny  endormillement,  &  fans 
.  tranfport  de  Tefprit  animal  en  iceliesi  danl 
auffi  les  membres  eftant  arroufez,  ou  ecm-a 
blez  de  çefte  defluxion,  nelaiflent  toutefois 
de  retenir  leur  rnQuuement  &  fentiment, 

Femel  s’eftudiant  |  rechercher  exa£t^ 
ment  &  fubitement  les  eaufes  de  la  goy  Wf  a 
les  deduiç  de  tehçf  defeionSjQÙ  tQWi  if@J! 


î?0  DES  MAI  ADI  ES 

les  membres  ne  font  point  abbatusou  e'fto- 
nez,ny  priuez  de  fentiment, dequoy  les 
plaintes  ôc  cris  des  malades  rendent  fuffi- 
fant  tefmoignage.  Telles  font  les  raifons 
que  les  Hermétiques  obieélent  aux  Dog¬ 
matiques  fur  celle  qüeflion. 

Au  furptus  les  vns&  les  autres  affignent 
Caufedu  mefmes  caufes  du  tournement  de  telle, 
Z7nUe  quand' ils  le  rapportent  à  des  vapeurs  hali- 
tejle.  tueufes  ôc  fpirituelles.Neantmoins  les  Her¬ 

métiques,  ainll  qu  auons  dit  çà  Ôc  là  en  ce 
traitté,  diuifent  en  parcelles  chaque  chofc 
interieure,confiderans  aulE  attentiuement, 
ôc  recherchans  fubtilement  chacunes  par¬ 
ties  de  l’anatomie.  D’ou  vient  qu’ils  affer¬ 
ment  que  telles  vapeurs  du  exhalaifons  qui 
caufent  les  vertiges,prouiennent  de  refînes, 
car  très,  où  foulphres  contenus  dans  l’efkK 
mac ,  ou  autre  vifeere,  ou  bien  d’vne  fub- 
flance  de  fang  plus  onétueufe  ôc  fulphurée: 
lefquelles  emportent  auec  foy  la  teinârure 
d’vne  fuye  noire  fort  effîcacieufe  pour  tein¬ 
dre  ôc  noircir,  toutesfois  fans  nulle  acrimo¬ 
nie  telle  qu’en  contient  le  fel  armohiac  en 
fes  exhalaifons  mercuriales  ,  comme  il  fe 
voit  és  fumées  de  certains  bois  qui  entrai-  . 
lient  quant  &  foy  les  exhalaifons  du  fel  ar- 
D iutrs  moniac,dont  tels  bois  produifent  abondan- 
ejfeSisdts  celles  élleuans  ôc  tranfportansés  yeux  qui 
exhalai-  en  font  frappez  ôc  infe&ez  de  rougeur  <fe- 
** ns‘  acrimonie.  Cequinadmet,&:neprouienr 

pas  de  la  fumée^  c&halaifon  d’vne  eau  fun- 


DV  CE5.VE  AT.  Ï$I, 

pie,  ou  d’vn  bouillon  gras,  ou  des  vapeurs 
excitées  &  efleuées  de  l’eau  ou  de  la  terre 
en  temps  nubileux.  Car  les  fumées  ou  ex- 
halaifons  qui  font  càufes  de  tels  vertiges, 
n’apportent  aucune  douleur,  à  raifon  qu’eU 
les  n’ont  aucune  nature  de  fel,  mais  de  refî¬ 
ne,  d’huile  8c  de  fouphre,  c’eflpourquoy  il 
n’en  procédé  nulle  acrimonie,mais  elle  pro- 
uient  toute  des  Tels,  ainfi  que  tefmoigne 
l’experience  ordinaire,  car  ces  fumées  on- 
élueufes  font  bien  noires  &efpaiires,def~ 
quelles  aufE  on  extrait  vneteinélpre  noi¬ 
re  :  mais  elles  n’ont  rien  de  mordicant  Si 
acre  comme  les  fels.  Or  tout  ainh  que  ces 
fumées  s’expirans  des  fels,  caufent  des  don* 
leurs,  migraines,  veilles  8c  piufieurs  refue, 
ries,  de  mefme  les  on&ueufes  fufçîtent  feu¬ 
lement  des  tournemens  de  tefte,  8c  telles 
maladies  obfcures  &  noices,fans  acrimonie 
ny  fentiment  de  douleur,  foit  quelles  ayene 
leur  fiege  aucerueau,  foit  quelles  naiifent 
d’ailleurs,  par  la  propagation  de  la  caufe  ef¬ 
ficiente  du  malrcomme  quand  par  les  veines 
ou  arteres  inferieures  êc  extérieures  du  cer¬ 
neau,  il  monte  en  l’artere  de  la  membrane 
choroide  vne  certaine  fumée  noire,  laqudU 
ayat  inegalemét  tournoyé  çà  ÔC  la  és  artères 
ou  cauitez  du  cerneau,  efroeut  diuerfe- 
ment  les  humeurs  ,  agite  les  efprits  ani¬ 
maux  ,  Sc  engendre  le  vertige  Amplement 
ainfi  nommé/eion  que  telles  fumées  feront 
plus  @tt  moins  efpaiftes  gç  noires, 


132.  *>ÊS  M  At  ADIES 

Ce  yertige  Amplement  ainfi  dit,  proce* 
de  aufli  quelquesfois  tant  du  ventricule  que 
des  entrailles  mai  difpofées,par  Ample  com¬ 
munication  de  certaine  vapeur  trompeufé 

füfcitée  par  quelque  humeur  corrompue* 
Toutefois  de  quelque  caufe  que  ces  fumées 
foient  excitées,  A  elles  font  vrayemënt  r  efi- 
neufes  8c  remplies  de  tein&ur e  noire,  alors 
s’engendre  vne  maladie  vrayement  fcoto- 
matique  ou  vertigineufe:  en  laquelle  l’en* 
rendement  eft  obfcurcy  de  tenebres,  8c  la 
veuëtroublee3de  fortç  que  le  patient  eftime 
que  la  telle  8c  tout  le  corps  luy  tourne  en 
roué.  C’eft  pourquoy  il  ne  fe  comporte  pas 
en  forte  qu’il  demeure  ferme  (comme  diék 
Auincenne)  ains  il  tombe  8cc.  Dont  il  ad- 
uient  quelquesfois  que  non  feulement  il 
perdla  veuë,  mais  fa  ràifon  8c  fon  iugemenc 
viennent  à  eflre.  priuez  de  toute  cognoif* 
fance.  Ce  qui  procédé  de  telles  fumées  fort 
noires,  qui  offufquent  grandement  la  clarté 
8c  fplendeür  de  nos  efprits,  les  rempliflans 
de  tenebres  fort  efpaifies  quiôbfeurciflènt 
leur  lumière  à  la  femblance  du  Soleil,  qui 
couuert  de  guilées  tref-ëfpaiffes  &  fort  noi¬ 
res,  ne  nous  peut  départir  fa  lumière. 

Mais  n’entend-je  pas  qu’aucuns  fe  moc- 
quent  à  caufe  que  ie  recognois  en  nos 
corps  des  refines  &  gommes,  dont  fe  peut 
extraire  vne  noirceur  propre  à  teindre }  ar- 
reftésvoûs  vn  peu  icy,mes  amis,&  faites  dil- 
Xeélion  du  fang,  afin  que  par  l'anatomie  â’ï* 


BY  CERVEAY,  ïtf 

èeluy  vous  appreniez  qu’il  contient  beau¬ 
coup  plus  de  fortes  de  teindures  noires  que 
je  ne  vous  raconte.  Voyez  le  laid,  qu’on 
dit  eftre  vn  fang  bien  cuit,  8c  en  exprimez  la 
jfubftance  fulpnurée,  ou  le  beurre,  lequel  e- 
ftant  embrafé  ou  enflammé,  combien  ie 
vous  prie  tirera  on  de  fuy  es  noires,  ayans  la 
vertu  de  noircir  ï  La  noirceur  attachée  à  la 
membrane,  monftre  âflez  que  le  fang  nour- 
ridant  l’humeur  vitré  &  eriftallin  en  l’œil, 
depofe  8c  quitte  en  ce  faifant  fes  excremens 
hoirs.  Remémorez  vous  aufli,  &eonflde- 
rez  attentiuement  çe  que  i’ay  enfeigné, 
touchant  l’analogie  8c  fympathie  que  les 
métaux  ont  auec  les  végétaux,  8c  les  végé¬ 
taux  auec  les  animaux,  par  ce  moyen  com¬ 
prendrez  vous  facilement  ce  que  nous  di¬ 
rons  icy,  Vous  m’aduoüerez,  ce  croy-je, 
que  le  laid  des  animaux  retient  la  teinture, 
vertu  &  impreffion  des  herbes,  dont  ilsfe 
repaiirentj.  Quefivousl’ofeznier,voilales 
vaches  qui  ayans  mangé  des  aulx,  vous  don¬ 
nent  du  laid  Tentant  les  aulx:  voire  le  ren¬ 


dent  de  mefme  couleur  que  les  fleurs  quel-  \ 
les  ont  mangées.  Apprenez  donc  par  cela 
combien  eft  vray  8c  folide  ce  que  i’ay  dit 
touchant  l’analogie ,  accord  &  fympathie 
des  chofes  entre  elles.  C’eft  aflez  voire  trop 
parlé  de  l’effence,  différences,  fieges  8c  cau- 
fes  de  cefdites  maladies ,  8c  ce  conformé¬ 
ment  aux  opinions  tant  Dogmatiques  que 

des  Hermétiques. 


B  E  £  MALABIEâ 


m 


Chap.  XII. 


Méthode  que  tiennent  les  Dogmatiques  en  U 
cure  de  l’Epilepfte ,  monfkrant  aucuns  ve~ 
tnedes^dont  les  .Anciens  fe  feyuoient  en  ge¬ 
neral  és  paroxjfmes  ou  acce %  de  U  mala*. 
diee  '  / 

J  t  eft  maintêftahtteffipsd’entrepfendrelâ 
cure  de  fi  grands  maux,  Sc  par  mefme  mé¬ 
thode  propofer  les  plusexquis,  elegans,  ôt 
feurs  remedes  dont  le  fertTvne  &  l’autre  fe*, 
été,  afin  que  ceux  qui  font  afiaillis  de  telles; 
maladies  en  reçoiuent  quelque  profit 
bon  fruiéh  Car  le  principal  bütdvilvraÿ 
<8c  fidele  Médecin  eft  d’exceller  plüftoft  en 
effeét  qu’en  parole,  attendu  qu’on  ne  guaric 
pas  les  maladies  par  eIoquence,foit  Hebrai- 
que.  Grecque,  ou  Latine,  mais  elles  fe.de J 
ftruifent  par  remedes  deuëment  Sc  conue-*, 
nablement  préparés  &  adminiftrez  félon 
l'art,  moyennant  qu’on  senferue  en  temps' 
opportun» 

Pour  donques  Commencer  àtraitterde 
la  cure  de  ces  quatre,  maladies,  fuiuant  la 
méthode  qu’auons  ja  tenue, nous  commen¬ 
cerons  par  l’epilepfie,  à  laquelle  nous  ioin-; 
«Irons  en  leur  rang  les  aütres  maladiesqui 
l’auoifinét.  En  premier  lieu,nou$  prodüirôs 


BV  CUTEAV. 

tous  les  remedes  communs,  dont  s’eftferuy 
la  plufpart  des  Dogmatiques.  Apres  quoy 
nous  mettrons  enauant  l’ordre  &  corre- 
éeion  que  les  modernes  y  ont  adiouftez, 
puis  en  fin  nous  prefcrirons  la  droite  ma¬ 
nière  de  façonner,&  reformer  tels  remedes 
communs,  foit  au  chois  des  fimples,  foit  en 
leur  préparation,  félon  i’ingeniofité  &  in- 
duftrie  de§  Spagiriques  & ’Hermetiqües. 
Auffi  ne  paierons  nous  pas  fous  filence  les 
fpecifiques  preferuatifs ,  5c  tref-excelléns 
fecrets  5e  magifter  es,  qu’ils  prenêt  ordinai¬ 
rement  rat  des  végétaux  que  des  métaux  8c 
minéraux.  Et  talcherons  de  ce  faire  fi  fa¬ 
cilement  que  le  public  en  puilïe  remporter 
quelque  fruiét,  Ne  nous  efloignans  point  > 
de  la  méthode  curatiue  des  Dogmatiques, 
laquelle  au  contraire  nous  fuiurons  d’aufiî 
prés  qu’il  nous  fera  pofllble  en  l’vfage  8c 
adminiftration  des  remedes  pratiqués  entre 
iceux  :  afin  que  par  ce  moyen  nous  prote- 
ftions,&  faifions  profeflion  d’auoir  mutuel¬ 
le  correfp.ondance/&:  concorde  auecieeux, 
laquelle  nous  délirons  eftre  toufiours  entre¬ 
tenue  parmy  nous-,  8c  auflipour  monftrer 
que  nous  ne  fommes  rudes  8c  ignorans,  ny 
amateurs  de  fchilme  ,  comme  on  nous 
açcufe. 

L’epilepfie  donc,  pour  finalement  venir 
au  propos,  &  Commencer  par  celle  mala¬ 
die  fi  grieue  &  horrible,  à  laquelles  toutes 
perfoanes  tant  hommes  que  femmes  font 
I  ihj 


ijg  ht  S  li  A  fc  A  è  i  É  s 

egalement  fubieCts,  fans  aucune  confiera^ 
tion  de  leurs  âges,veu  mefmes  qu’elle  abor¬ 
de  lés  petits  eiifans  âu  berceau,  à raifon  de- 
■Ami  ?.  quoy  Auicehhe  comme ja nous  auons  dit  cy 
Atmoifl  deiliiS,  l'appelle  mere  des  petits  ehfans.  L’e- 
ù/ms  pilepfie  di-j  e,  requiert  deux  fortes  de  cure, 
tbs.Se  ÏVhe  prophylactique  j  ou  pour  preferueè 
l'autre  Therapeutiqüe,ou  pour  guarir.  Cel¬ 
le  cÿ  a  lieu  és  aîîauts  &  par oxy  fmes,afih  do- 
àer  lacaufe  Conioincte  du  malprefent,mai$ 
l’autre  fert  à  empefcher  la  génération  delà 
çaüfe  antecedente,oü  matière  qui  faiét  nai- 
ftre  l’epilepfie:  laquelle  génération  ne  fë 
peut  faire  que  par  fucceffion  de  tempï; 
quoy  que  l’affaut  du  mai  &  le  fruiCt  meur  dé 
fes  fymptomes  fe  falïent  en  vn  moment  au 
p  oinct  de  temps  indiuidut  Ouilfautcon- 
liderer  que  parfois  elle  dêûient  fi  furieufe 
&  violente  que  traittant  le  pauure  malade 
âuec  outrage  cruauté,  elle  ne  l’abandon- 

îie  point  que  premièrement  elle  pe  fait  mi- 
fèrablement  fait  mourir  d’yiï  genre  de  mort 
le  plus  eftrange  qu’on  fçauroir  excogiten 
Ârtt.U»,'  C’eftpourquoy  Aretée a  efcrit-,Q<« repilepfie 
/«  'wfi-  ^  V*e  ^0rte  variable  &  monfirueufe, 

aPel^e  des  Latins  morbtis  comitialis,  laquelle 
'  efi  terrible,  fort  aiguë  &  très  danger eufe  en  fes  ac- 

cez  :  v eu  qu'un  f eul  affaut  a  quelquesfoù  emporté 
l'komire.Vaul  dit  le  mefme  au  liu.  5.  chap.  ifi 
Comme  ainfi  fait  donc  que  ce  fie  maladie  efi  en 
quelques  vnsfon  aiguë,  elle  caufefoudain  la  mort , 
tant. par  fis  frequentes  irritations,  que  par  la  vio - 


Z>V  C  E  R  V  S  À  V»  ï$f 

îenci  de  [es  fymptùmes.  Nous  la  deuons  auiÊ 
fconfiderer  comme  vne  maladie  langoureu¬ 
se  &  de  long  rraict,  en  tant  qu’elle  excite  di- 
iiers  paroxy  ânes  tantoft  plus  rares,  tantoft 
plus  frequens, maintenant  plus  longs,main» 
tenant  plus  Courtsî  lefquels  durent  iufqu’à 
ï’extrefme  vieiîleife ,  voire  iufqu’au  tom¬ 
beau,  &  ne  Te  termine  point  auant  la  mort. 

Çe  qui  eft  confirmé  par  le  fufdit  Paul,  quâd 
11  adioufte  encor  es  à  ce.qu’âuorts  cydeflus 
rapporté  de  luÿ:  Qu  en  quelques  vus  elle  s’ eft  end 
fi  loin ,  que  fi  Findijpofition  ne  cejfe  enuiren  l'ange 
de  puberté,  oh  an  temps  des  purgations  lunaires t  ott 
des  imprégnations  :  ou  bien fi  elle fiiruient  apres  ce 
temps  la,  on  en  meurt  fort [ouuentfinon  que  puis 
apres  il  y  [oit pourueu par  quelque  remede  conue- 
nable. 

Outre  cefte  obferüation  necelTaire  ah  Olfitaa- 
Médecin,  touchant  l  afpreté  8c  longue  du-  t,0?  re~ 
rée  de  çe  mal,  il  doit  auffi  neceiîairement,&  J^turT 
foigneufement  prendre  garde  à  la  nature, 
différences  &  caufes  de  la  maladie,  au  tem¬ 
pérament,  à  l’aage  ôc  au  fexe  des  malades, 
afin  de  trouuet  &  prefcrire  le  vray,legitime 
&  afTeuré  moÿefi  d’y  remedier.  On  pourra 
bien  ordonner  quelque  cure  generale  pour' 

.toutes  Epilepfies  :  inais  celle  qui  prouient 
du  cerueaü,en  requiert  vne  particulière  qui 
doit  autre  que  celle  del’Epilepfie  procédant 
du  ventre,  ou  d’autres  membres  plus  efloi- 
gnés.  Et  tout  ainfi  que  celle  qui  s’engendre 
de  fa  morfure  d  vn  fcorpion,  ou  de  quelqttc 


IjS  DES  MAIADIÊS 

autre  caufe  externe,  veut  auoir  d’antres  të- 
medes  que  ceux  dont  on  fe  fert  contre  les 
epilepfies  nées  de  corruptions  &  venins  qui 
font  dedans  le  corps-  comme  celles  cy  de¬ 
mandent  vne  cure  differente  de  celle  qui  fe 
fait  par  corruption  de  fèmence,ou  promeut 
d’vne  indifpofltion  de  matrice.  De  mefmc 
la  complexion  d’vn  corps  gros,  gras  &  pi¬ 
tuiteux  requiert  vne  autre  forte  de  cure  que 
cellè  d’vri  corps  maigre  &  bilieux:  la  com- 
plexion  fanguine  vne  autre  que  la  melan- 
cholique.  L’enfant  pendant  encores  à  la 
mammclle  fe  doit  traiter  autrement  que 
celuy  qui  a  défia  vefeu  fept  ou  huiél  ans,  le¬ 
quel  auiïi  doit  eftre  penfé  d’vne  autre  ma¬ 
niéré  que  celuy  qqi  a  défia  attaint  &  paffé 
l’aage  de  puberté.  Les  femmes  qui  pour  la 
fupprefïîon  de  leurs  mois,  Bc  les  impuretés 
de  leur  matrice  font  fuj  etes  à  celle  maladie, 
noüs  exhibent  d’autres  indications  curati- 
ues  que  les  hommes,  qui  d’ailleurs  &  pour 
autres  caufes  fout  affligés  de  mefme  mala¬ 
die.  •  '  ' 

Voila  ce  qu'il  nous  cornaient  foigneufe- 
ment  obferuer  tant  en  la  preferuatiue  qu’en 
la  curatiue  :  efquelles  premièrement  nous, 
apporterons  touflôurs,  des  remedes  gene- 
raux,dont  nous  deriueroihs  &  enfeignerons 
les  remedes  particuliers,  félon  les  diuerfes 
efpeces  &  caufes  de  la  maladie,  &  les  tem* 
peraments,  aage  &  fexe  des  maladies. 

Nous  pratiqueros,  &  appropiieros  àcha- 


T>V  CERVÏAV.  133 

güne  forte  cfepilepfie  celle  droite  maniéré 
de  remedier,&  choifiros  toutes  lesplusbël- 
les  fleurs  des  remedes  qui  fe  trouuent  chez 
tous  les  plus  célébrés  Dogmatiques  tant 
<3recs  qu’Arabes  &  Latins,  fioit  anciens,foit 
modcrnes,pour  en  faire  vn  bouquet,  lequel 
nous  ornerons  8c  embellirons  des  excellen¬ 
tes^:  pretieufes  perles  &  ioy aux  des  Her¬ 
métiques,  en  fomme  nous  ne  cefleros  point 
de  trauailler  &  veiller  iufques  à  ce  qu’ayons 
fincerement  rapporté  au  bien  public,  8c  l’v- 
çilité  de  nos  prochains ,  tout  ce  que  Dieu 
nous  a  eflargy. 

Parquoy  nous  commencerons  par  la 
Thérapeutique,  c’eft  à  dire  par  la  cure  de  la 
maladie  quand  elle  vient  à  liurer  aflauts  8c 
fufciter  des  paroxyfmes.  En  quoy  rien  n’elt 
du  tout  requis  que  la  feule  indication  cura- 
tiue  qui  confifte  à  appaifer  8c  reprimer  la 
violence  du  mal.  Et  pour  continuer  paç 
ôrdçe  la  méthode  curatiue  que  nous  nous 
fournies  propofée ,  croians  que  tout  luge 
équitable  l’approuueroit  comme  elegante 
8c  vtile  :  pour  le  refpeéfc  <|ue  i’ay  voué  à 
f  efchole  des  Dogmatiques,  nous  leur  don¬ 
nerons  le  premier  lieu  au'front  de  celle  ba¬ 
taille,  &  mettrons  en  auant  la  méthode  8c 
les  remedes  dont  ilsfeferuent  pour  comba- 
trc  vne  fi  grande  8c  outrageufe  maladie 
quand  ellç  exerce  fa  cruauté.  Voicydonc 
ce  <lu,cn  cfcrit  OribafeSynops.  liu.  8.cha,3. 
Quand  qttelquvn  efi  tombé*  il f «moindre*  tenir 


140  ti.S  MALADIES 

&  drejfer  les  membres  retirez.  &  diftraifîs,puk 
lùy  cwirir  la  bouche  &  y  mettre  le  deigt>  ou  vue 
plume  trempée  en  huile  de  glayeul ,  afin  d'arra - 
çherJa  pituite,  il  faut  pareillement  excrer  les  fens 
awc  des  fente  urs,  comme  de  Veucedanum  ou  queue 
de  pourceau,  de  fuc  Cyrcnien  {c  efi  a  dire  d'ajfité 
fcstida )  de  bitume,  dè  cedre.  de  poix.  Apres  les r 
accez  s'il  n'y  a  aucun  ernpefchem  en  t  on  tailler  a  la 
veine  du  coude.  Si  tajfautne  donne  aucun  relaf- 
çhe,  on  frottera  les  parties  extrefines  auec fin  api f- 
fne,  &  appliquera-  on  la  ventouje  cnuiron  le  cœur: 
que  Jî  pour  ces  chofis  lam  aladie  n  a  point  ceffé,  il  y 
a  fort  peu  d'efperance,  &  toutesfois  le  Médecin 
luy  pourra  hardiment ,  &  par  force  verfer  en  la 
bouche  du  cafioresn,  &  fie  cyrenien  auec  miel  & 
vinaigre,  mais  il  introduira  par  le  fondement  vne 
decoüion  de  centaurée  ou  coloquimhe.  Ceux  qui 
releuent  de  la  maladie  ayansrecouuert  leurs  for¬ 


ces  fe  doiuent purger  auec  hiere •  Etcefie  efi  lapar* 
fÿte  curé  de  l'eptlepjîe  recente  &  aiguë, 
faut  Æ-  paul  Ægineta  inculque  cela  meftne  pref? 
Uoïytba.  qu’en  mefmes  termes,  Àëtius  en  parle  aufli 
%l,At t.  comme  il  s’enfuir»  L'epilepfee  donc  venant  a 
tetr.%  fer  s' énaigrir  &  irriter  ,il faut  lier, oindre  &  drejfer  les 
z.ska.i}.  membres  tors  &  retirez, puis  la  bouche  efi antott^ 
uerte,  on  y  fourrera  vne  plume  trempée  en  huile» 
principalement  de  cypre s  ou  deglayeuLau  de  nar* 
cijfe,  &  par  ce  moyen  prouoquera  on  le  vomijje- 
ment;  pour  attirer  de  lefiemac  les  humeurs  conte¬ 
nues.  Il  faut  pareillement  exciter  iesfèns par fin- 
teurs,  comme  fie  Veucedanum ,ou  de fus  C  trente# • 
Si  l’ajfaut  continué,  le  Médecin  vfant  hardimeni 


35  V  ÇERVEAVi  141 

de  contrainte ,  &  feparant  tes  mafchoires.verfera 
du  caftoreum  en  la  bouche,  &  du  fisc  Cireniena- 
uec  de  Foxymtl ,  ce  quaya n tr étiré, an  introduira 
par  le  fondement  vne  decoclion  de  Centaurée  ou  de 
Calamenthe ,  ou  bien  d'ariflolechie,puis  les  forces 
eflans  recouuertes:  on  purgera  auechiere  de  Celo - 
quinthe.  Ainfi  les  autheurs  Grecs,  comme 
aufïi  les  Arabes  fe  font  efforcés  d’appaifer 
8c  chaffer  lesparoxyfmes  decemalparvhe  - 
mefme  forte  de  remedes,  ayans  en  cec  en¬ 
droit  fuiuy  le  canfeil  de  Galien, expliqué  au 
liure  des  parties  mal  difpofées. 

Par  ces  remedes  les  Anciens  releuoient 
de  paroxyfmes  en  toute  forte  d’epilepfie. 
Ceux  qui  en  eftoient  trauaillez ,  foit  du’ils 
.  fulTent  gens  nobles,  ou  de  baffe  condition, 
les  formulaires  defquels  remedes  nous  a- 
lions  prefque  mot  à  mot  puifé  de  leurs  ef- 
çrits,  afin  que  quant  à  la  méthode  de  reme-  , 
dier,  on  voy  e  la  différence  qu’il  y  a  entre  les 
anciens  Dogmatiques,  &  leurs  fe&ateurs 
modernes,  tant  en  la  variété  des  remedes 
qu’en  leur  diuerfe  préparation,  adminif|raT 
tion  8c  vfage.  Ce  que  nous  ferons  voir  à 
l'œil  cy  deffouSjCar  il  nous  conuient/non- 
ftrer  par  certain  ordre  &  fil  continuel  (pour 
éuiter  confufion)  quelle  méthode  ils  ob~ 
feruoient  &  pratiquoient  en  la  cure  théra¬ 
peutique ,  fpecialement  des  petits  enfans 
qui  pendoient  encores  à  la  mammelle,  8c  ne 
pouupient  fupporter  les  fortes  médecines 
dont  p  euuent  vfer  ceux  qui  font  plus  aagezy 


î4i  DES.  M  ALAWI  ES 

Çair  comme  ainü  16, it  que  les  enfans.qui  a~ 
îai&ent  font  fort  enclins  à  çefte  maladie, 
dont  le  plus  fouuent  ils  encourent  la  mort* 
ils  ont  pourueu  à  leur  fanté  &  conferua- 
tion  autant  foigneufement  qu’il  leur  a  elle 
poflible.  ... 

cuu.  Entre  les  Dogmatiques  antiens  de  na- 
pour  le-  GreCque  y  Aretée  Gappadocien  a  fur 
des  petit* tous  f°rt  amplement  &  particulièrement 
tnflm.  fraitté  de  la  cure  des  petits  enfans  affligez 
de  tels  aflauts  epüeptiques,  c'eft  pourquoy 
il  m’a  femblé  bon  de  tranfcrire  icy  difertc  • 
ment  fes  propres  mots  &  mefmes  paroles, 
d’autant  qu’il  fembîe  exprès  defcouurir  & 
cxpofer  fingulierement,&  par  le  inenu  tout  " 
ce  "qui  conuient  à  la,  reftauration  d’vn  en* 
fant  affailiy  de  conuulfîon  epileptique.  Par - 
quoy  (dit-il)  aux  enfans  a  qui  ce  mal  extraordi¬ 
naire  fur  aient  de  corruption,  ou  de  trop  grand  re- 
froidijfement*  le  vomiffement  des  viandes, ou  delà 
pituite ,  ou  de  quelques  autres  aliments  que  ce  foit 
leur  efi  ordinairement profitable*  mais  les  plumes 
imbues  dtvnguent,  ou  déhuile  de  glayeul  excitent 
F  appétit  de  vomir.  Néanmoins  il  n  en  faut  pat 
oindre  l'entrée  de  lagorgefufques  aux  con unifions , 
il  efi  auffi  befoin  de  ferrer  les  baiaux,  tournant  & 
panchant  l'enfant fur [on  ventre  .car  cefie  façon  efi 
fort  eonuenable  pour  faire  vomir.  Mais  Ji  la 
mafcboire  de  deffut  fe  retire  &  deftord,  ou  fi  les 
mains  &  les  ïambes  font  agitées ,  eu  les  yeux  efien- 
dus  enfimble  auee  tout  le  corps,  alors  il  cep  nient 
tirer  &  oindre  Us  mains  pour  ks  Adoucir  :  rcdnf 


BV  CERVEÆV.  I4> 

ferles  yeux  biaifez,  empefcher  doucement  que  les 
parties  droiBes  nefe  courbent  ou  tordent*  fomen¬ 
ter  les  membres  froids  auec  vieille  laine  graffe ,  & 
auec  vieux  dr appeaux,  outre  ce  vous  oindrez,  le 
fondement  de  miel,  auec  de  la  rue  ou  auec  [alpette 
ou  refine  liquide  y  mefiée,introduifez.les  aujfi  don . 
cernent  dedans  iceluy  fondement, car  ils  attrainent 
les  vents ,  l' extraction  defquels  efi  le  remedeace 
mal  h  petits  en  fans.  JD' abondant  s'ils  peuuent 
avaler  vne  medecine ,  celle  cy  leur  fera  donnée: 
vne  partie  de  Cardamome ,  va  fcrupule  d'airain 
brûlé  >  quon  leur  prefentera  à  boire.  Car  ou  ils 
vomiffent  enfemble  les  humeurs  quimolefientl't- 
fiomac,  ou  bien  le  ventre  fe  defeharge .  Ceteclegme 
eu  fucement  efe  au  fi fort  bon ,  de  C  ardamomc.fene- 
uéfiueille  c?hyfopc:dc  chacun  pareille  quantité  que 
méfierez,  auec  nitre  &  vne  portion  de  racine  de 
glayeul ,  pour  puis  apres  yerfer  le  tout  en  la  bou*f 
ch  Ci  ayant  premièrement  déferré  &  ouuert  les  mafi 
chaires.  Iettez.  le  auffi  plus  auant  quel' entrée  de 
la  gorge,  afin  qu'ils  le  puiffentauaHer.  Ceschofes 
fout! fort  expedietes  aux  petits  en  fan  s,  aujfi  profitent 
elles  bien  aux  ieunesgens .  M.  ais  pour  le  vomi  fie- 
ment  on  choifira  encor  es  quelques  remedes plus  ef- 
fecacieux,  comme  de  narctjfè,  bulbe,  feneuè  &  hy- 
fepe  égalé  quantité,  d'airain  &  de  pointe  la  moitié 
moins  que  des  précédons,  h  tout  meslé  enfemble 
auec  du  miel  fiait  es  le  prédrefians  doute  cela fujfira 
pour  ofier  la  violence  &  affrété  du  mal .  Voila 
ce  qu’en  dit Âretée  efcriuainfort  ancienne 
tref-celebre,. lequel  comme  il  appert ,  n’i. 
«lté  attaché  à  suüc  feéte,  aiufï  que  luy  mejk 


ï44  ®ES  maladibs 

tne  demonftre  apertement,  veu  qu’il  nt 
confentpasàDemocrite,  Archigene,  Hip¬ 
pocrate,  Ariftote&  à  quelques  autres,  Ice- 
Juy  a  bien  vefcu  depuis,  puis  qu’il  le  cite  par 
fois  comme  refpioin ,  &c  enfuit  par  deflus 
tous  autres  le  ftile  d'iceluy,  ç’eft  à  dire,  vfe 
d’vne  brieueté  accompagnée  de  grauité. 
Mais  il  ny  a  aucune  apparence  que  Galien 
ait  eu  cognoiflànce  de  fes  efcrits,veu  qu’en 
nul  endroit  de  fes  liures  il  n  en  fait  mention, 
&  fi  Galien  a  fuecedé  en  aage  à  Ægineta,  il  . 
femble  qu'il  a  leu  les  liures  d’iceluy,  comme 
ainli  foit  qu’il  commence  de- la  forte  fon  . 
quatriefme  Hure:  le  croy  quArettus  Cappado- 
cien  dit  ainjî  &c.  Aëtius  en  parleauffi  en  dU 
pers  lieux.  Entre  les  Ioniques  il  excelle  en 
propos,  éloquence,  &  fentepces:  pour  in-, 
terprete  duquel  nous  auons  eu  Paul  lunius 
Craffus  trefûlluftre  perfonnage  de  noftre 
$ecleT  II  ny  manque  qu’vne  feule  chofe,  a 
fçauoir  que  l’exemplaire  grec  eftant  poufry 
de  vieilleife  &  vermoulu  en  plulîeurs  eu» 
doits,  il  nous  a  laiife  l’interprétation  muti¬ 
lée  ,  imparfaite ,  defiointe  &  par  pièces: 
de  forte  que  les  quatre  premiers  chapitres 
de  l’œuure  entier  traittant  des  caufes&  li¬ 
gnes  des  maladies  aiguës  font  perdus  ou  du 
tout  imparfaicis.  Et  qui  plus  eft  le  cinquief- 
me  chapitre  touchant  l’epileplie  dont  il  eft 
icy  queftion,  fe  trouue  auffi  tronqué  àdpn 
.  commencement.  Mais  nous  nous  fournies 
Sapement  eftoigne?  de  pqftre 


»V  CERVEAV. 

afin  de  monftrer  l’antiquité  &  excellence 
de  cet  autheur,  lequel  toutefois  en  la  cune 
mefmes  des  petis  enfans  nereiette  pastels 
remettes;  metalliqües&  autres  femblâb'les, 
qui  au  iugemènt  de  plirfîeurs  eftaiis  plus 
pernicieux  que  falutaires,  ce  feroitpechét 
mortellement  de  les  introduire  au  corps: 
mais  pluftoft  il  les  admet  fans  crainte,  &ne 
fai&  difficulté  de  preferire  aux  petits  enfans 
qui  alaiétent  encores,  vn  fcrupule  d’airain 
brufle  fans  nulle  autre  préparation,  voire 
d’auantage  à  ceux  qui  font  plus  aagez  pour 
les  prouoquer  à  vomir.  Laquelle  forte  d’e- 
uacuation  efîoit  aüflî  fouuent  qu’heureufe- 
ment  pratiquée  des  Anciens  en  telles,  8c 
beaucoup  d’autres  maladies ,  ainfi  que  cy  attp 
apres  nous  dirons;  plus  clairement  en,  fon  uhdnm* 
lieu.  Et  toutefois  prcfque  tous  abhorrent 
ce  genre  de  remede,  comme  reffemblant  à 
l'antimoine.  Lequel  neantmoins  peuteflre 
deuëment  préparé  8c  adminiftré ,  non-par  -• 
quelque  Empirique  ignorant,  mais  .pjfivjn 
oüuriet .  &  Médecin  expert ,  en  forte  qu’a% 
uec  tref-heureux  fucçez  on  le  peut  em-, 
ploy er  ou  faire  prendre  fans  crainte  d’au¬ 
cune  violence,  &aueç  moins  de  danger  que 
l’ellpbore  blanc ,  çonuulfif  tant  v-fité  6c  fi. 

^  Hippocrate ,  Galien,  8c  à  toute 
l’antiquité.  le  ne  pariepas  du  verre  d’anti- 
nous  auons  improuué  &  r  e- 
iettq  l’vfage  au  Eure  de  la  préparation  fpa- 
gyrlque,  quenousmeifmes  enlumiereilya 


DES  MAtADIÎS- 

vingt-rept  ans  8c  d’auantage ,  mais  i’aÿ  pour 

exemple  propofé  l'antimoine,  afin  de  mon- 

ftrer  que  pour  toutes  maladies  prouenans 
de  tein&ures  aftrales  &  fort  enracinées,  on 
peut  tirer  tât  de  l’airain  brûlé  que  deTariti- 
moine,  qui  tous  deux  ont  vne  nature  vitrio- 
léé>cé"me  auffi  du  vrtribl,mercure,roupEre, 
autres  minéraux  &  métaux  femblables, 
XMC'Ilese  <*es  *emedcs  autant  vtiles,yoire  plus  excel- 
d«s  rtme~  lens  quebeuXqu’oW  prepare  ordinairemeg 
des  métal-  ou  peut  préparer  des  vegetaux.Les  Anciens 
Ufues.  fe  f5t  feruis  d’eftuues,  &  d’eaux  métalliques 

s  chaudes,comme  il  appert  dans  Aretée  liü.  i.1 

de  là  cur  e  des  longues  maladies  chap.  y.tbûa 
chant  la  cure  de  la  melancholie.  CÀr  dit-il 
les  medkitmens'  qui  s  engendrent  en  icelles  fparS 
'  lant  des  eaux  chaudes  de  leur  natüre,^»f 
èàithÙ  zftuoir  le  bitumé,  ou  le  joulphre ,  ou  l'alun, 

fies  mef-  &  beaucoup  plus  d autres facultez.,  Qui  pluseft,; 
prirent  Us  nos ;  Médecins  modernes  qui  mefpriFént;  &*• 
minéraux  reiétterit  &  ont  en  fi.  grande  ho.rreur  l'viage 
y  ont  tou .  de  'tïlsiremedes  metalliqùe^lBht  aftrain&s'' 
etm**'  d’y  auoir  recours  8c  d’y  enuoyer  leurs  mala¬ 
des  quand  par  leurs  diuers  remedes  pris  des 
végétaux,  iîs-ne  les  peuachfcfoulager,&  ont 
^  perdu  toute  efperance' de  les  pouiibir  re- 
mettre  èli  bonne  difpofkion.  Donilësma-= 
fades  rëçbment  tant  &fi  grands  allegéniëhs( 
(comme  'l’experience  fait  vebir  àux^yëux 
d’vn  chacun)  que  l'experience  mefme  doit 
clorre  la  bouche  à  telsmefdifans.&  defdai- 
gnçux,^^  ççftç  eaufe doiütnt's’abEèhit 


BV  CÈRVIAV»  X47 

de  mefprifer  ,  &  blafmer  d’ores  en  auant 
.  des  remedes  ü  vtiles  &  falutaires.  Mais  re¬ 
tournons  à  n.OiTtre;  propos ,  &  apres  auoir 
produit  les  remedes  dont  en  general  les  an¬ 
ciens  fe  feruoient  es  paroxyfmes,  ou  aecez 
de  la  maladie.  Produirons  maintenant  en 
premier  lieu  les  vulgaires  ou  cpramuns^ue 
les  Dogmatiques  ont  toufiours. ac co uftu mé 
de  pratiquer  auj ourd’huy  pour  cet  effaà:,  8c 
ceux  aulîi  qui  ont  efprouué  les'ëxçèîïéntes 
préparations  des  Hermétiques.  Cequ’ayâs 
fait ,  nous  entreprendrons  la  preferuatiu.e 
félon  la  méthode  fufdife,  où  nous,  ferons 
femblàbl,ement  yebir  les  remedes  des.  An-  - 
j6iens  qui  feruent4  tellement  ext^per  celle 
longue  maladie  qu’dleîne  r-euienneplus^ou 
pour  le  moins  fontlpropf  es  Ôcconueiiables 
pour  appaifer,  Sc,  addoucirfesparoxy  fines, 
-&-empefcher.l  sur  snccez  trop  frequés^  puis 
enifin  nous  adiouftetons  pour-complément 
à  tout  cefubjeét  lesoanemens des  rémedes 
-Hermétiques,  &  les  dégantes  préparations 
fpagirîqûes  tirez  desyegetaux,  animaux&r 
:metaux^  dù..nous  né.  padèrons  fbusfikmce 
'kis  moinsjfîpecifiqueiderjemïklierà^cemdL. 
-Et  p  rémiereme  nt  nous  ënttâitreroris  en  g©» 
•ïtearatmr— - — '* 


.  dècjefHy  ttoffi3dldwàiryi& 

-lès1  r  eçodusnc  plusafFedueii  femenrfous  «f- 
ancë-  <^«iperççuroit quelque frùi<Sè.r 

■  :-v  iü 


©ES  MALADIES 


I4S 


Ch  ap.  Xltl. 

Indications  particulières  du  pavoxyfme  epi- 
leptique,  auec  la  description  cf aucuns  formu¬ 
laires  de  rcmedes  pnns  en  la  boutique  des 
Dogmatiques ,  afin  de  reprimer  la  hiolence 

Inika-  T)o  v  r  donques  repouffer  l’aflaut  oups- 
mm  ton-  JL  roxyfme  du  prefent  mal,  les  intentions 
tenant  ^fi«&au%J£ileson  vifera  principalement, 

« - T**»  *a  înatieÉe* 

'0tt4dfaireicuirc  &bien  digerer-  les  vapeurs 
efpaifles  caufansle  mal,  ou  d'euacuer,  arra¬ 
cher  &  diuertir  lamatiere,de  corriger,con- , 
tempérer,  ou  enfxaindre  fon  acrimonie  ve- 
neneufe  -&-virulente,  &  finalement  de  for¬ 
tifier  le  ceraeau-  &  autres  parties  du  corps 
rnal;difpofées,ce;qp?on  effectuera  par  reme- 
jdes.  tant  internes;  .qu’externes  >:  làpfçauoir 
pourdiifiper  ou  faire  digerer  telles  vapeurs, 
jub nous  faudrtrnemployer  &  ordonner  des 
«aux  theriacales/diuerfcs.  fenteurs  &  par- 
Jfoms>  des  linimentSi  y^huiies^!  conune  auiE 
âes  emplaftres,  eataplàfmes,iachets  Sc  au» 
très  femblables.  Et  pour  les  dcfraciner  de 
diuertir,ou  mefmes  euacuer,nous  nous  fer- 
«irons  de  purgations,  vomitoiresiclyfteres» 

fttccemenSamafticatoites^veficatoirçsjYe^ 


BV  CERVEAV.  1 4* 

toufes,  ligatures  &  frotemens.  Maislacon- 
te mperation  &  corre&ion  des  matières  ma¬ 
lignes  &  veneneufès  fe  feront  par  antido¬ 
tes  ou  contrepoifons  antiepileptiques*  & 
par  médicaments  du  tout  propres  &fpeci- 
nques.  Quant  à  la  corroboration  des  par¬ 
ties,  &  la  modération  ou  addouciflement 
des  horribles  fymptomes  qui  accompagnée 
celle  maladie,  tels  quefontlesdeftorfesou 
tortures,ies  conuulfîons  ou  pafmoifon$,les 
grincemens  de  dents,  iettemens  d’efeume, 
&  autres  chofes  femblables,ony  remédiera 
par  les  moyens  que  nous  expliquerons  en 
quelque  autre  lieu. 

Voila  les  intentions  8c  l’ordre  vniuerfeh 
que  nous  fommes  refolus  de  fuiure  fans  au¬ 
cun  deftourbier,  8c  que  tous  vrais  Dogma¬ 
tiques  doiuent  preferire,  afin  d’abolir  les 
paroxyfmes  de  celle  maladie.  Mais  comme 
ainfi  foit  que  tels  alfauts  epileptiquesfont 
tref-cruels  &  fort  violens,  aoordans  les  ma¬ 
lades  d’vne  façon  horrible,  que  non  feule¬ 
ment  les  affiftans  en  font  frappez  de  ter¬ 
reur,  mais  les  plus  célébrés  &  plus  experts 
Médecins  en  l’art  s’en  ellonnent  auffi  :  veu 
pareillemét  que  le,  plus  fouuent  ilsn  aban¬ 
donnent  point  -lefdits  malades  qu  apres  les 
auoir  fait  mourir,  il  conuient  y  apporter  vn»: 
tref-prompt  8c  foudain  remede,  fans  regar¬ 
der  ny  attendre  la  méthode  curatiue  qu’a- 
uons  preferite  enfonrangjCarle  péril  con¬ 
fie  au  retardement ,  mais  nous  la  finirons 
K  üj 


ïj©  DES  MALADIES 

quand  la  maladie  nous  accordera  tirëues,  8; 
promettra  ôc  donnera  quelque  longueur  ou 
interuale  de  temps.  Or  attendu  que  les 
petits  enfans;,  melmes  ceux  qui  pendent en- 
cores  à  la  mammelle,  font  fort  fubje<5fcs8e 
enclins!  tellesWdadks^ defquels  certes  on. 
doit  pluftoftauoir  compafsion  que  des  au¬ 
tres)  il  eft  raifonnable  que  nous  çommen- 
cions  par  la  curé  d’iceux,&  remarquionsles.. 
remedes  qui  de  leur  propriété  fpecifiqueles 
peuuent  autant:  foulager  que  leur  tendre; 
aâge,<  &  faible  natiire  le  permettent.:  : 
o  Alors  donc  qu’ils  fouffriront  l’aflaut  du 
mal,refcume  pituiteufe  de leur  bouchéfe- 
râf  efluiée  le  pluftoft  que  faire  fe  pourra, 
leurs  dents  feront  dëfferrées,  &  on  empef-v. 
cbera,'Ou  prendra  bien  garde  que  par  le  fer¬ 
rement  d’icelles  :  leur  langue  ne  foit  bleffée, 
ou-  mefrnes  coüppéeV  Ge  qu’on  accomplira 
‘  par  le  moyen  dVne  cuiller'  d’argcntdnter- 
pofée  entré  les  dents  d’enhaut  &  celles 
d’embas,  &  pouflee  bien  auant  dans  le  go- 
fier  ,îou  auec  quelque  petit  b aft o n  de.r e glif- . 
fe^ou  de  piuoine,  ou  mefmes  d’yuoire,  s’il 
efbbefôin  de  crhofe  plus  folide*  Puisayantf 
trempé  le  doigt  en  huile  d- amendes  douces 
on  le  mettra  dans  1’ouuerfurc  du  gofier,  afin 
d'attirer  &  faire:  forcir  la  pituite  ou  phieg- 
me,;  Pendant  lequel  moment  de  temps,  ;la 
noUtricefirottera  &  o  mdral,enfantdel, hui¬ 
le  fôiuanr cbmpofé,  lelong.  de  l’efpinedu 
depuièi le  derrière  delà  telle  iufqu’è 


D  V  CE  R  V  E  AV.  IJI 

l’autrebout  deladiteefpirie. 

Prenez  huiles  de  rué  &  de  vers:  de  chacun 
deux  onces t  huile  de  caftoreum  vne  once  »  &  Us  y' 
meslez  aucc  vn  peu  d eau  de  vie. 

On  frottera  &  enduira  pareillement  du 
mefme  huile  les  bras  &  les  iambes,  fi  elles-, 
font  retirées  en  ferrant  lejaoulcedel’vn  & 
l’autre  pied ,  comme  aufli  les  doigts  des 
mains, ou  bien  les  eftreignant  médiocremët 
de  quelque  autre  ligature.  Oh  prefentera 
aufli  à  flairer  vn  petit  bouquet  compofé  de 
rue  &  de  piuoine,  y  adiouftant  en  leur  fai- 
fon  le  petit  muguet  &  les  fleurs  de  foulcy 
&de  tiUet,  L’entrée  des  oreilles,  les  narines 
&  les  tempes  feront  aufli  fomentés  auec  la 
compofition  fuiuante. 

Prenezvne  dragmede  thériaque  d’ Alexandre, 
confeElures  cE  AlKermes  c fr.de  Hiacinthe.de  cha¬ 
cune  vn  fcrupule  &  demy.eaux  de  piuoine  ,  petit 
muguet >  &  cerifes  noires  de  chacun  demie  once , 
puis  meslerés  tout  enfemble.  D’auantage  on  fe¬ 
ra  tref-bien  de  faire  humer  à  l’enfant  vne 
pleine  cuiller  d’argët  de  ladite  eau,  y  adiou¬ 
ftant  vn  peu  de  fyrop  de  piuoine.  On  appli- 
quera  auffi  fur  la  tefte  ce  fur  l’eftomac  le  ca~ 
taplafme,ou  cerat  qui  s’enfuit. 

Prenez  poudres  de  racines  de glayeul» fleur s  de  Caupùfi 
piuoine ,  guy  de  chefne.  de  chacune  vne  dragme»  mu 
poudroe  de  fleurs  de  menthe»  mille permis  .betoine» 
thym,  mariolaine  de  chacune  demy  dragme. pou¬ 
dres  de  femences  de piuoine»  bayes de genieure»  de 
chacune  vne  dragmt  &  demie,  tberiaque,  mithri- 
K  iiij 


Vomi* 
foire 0 


m  DP?  MALADIES 
dat.de  chacun  fi  dragmes, huile  de  cafioreumdeZ 
mion  ce,  huile  d’aneth,  rue  &  menthe,  de  chacun 
vne  once  &  demie ,  le  mitridat  &  U  thénaqüt 
foiet  fondus  au  feu  auec  les  huiles, puis  oh  y  adioti- 
fierapeuapeule  huiles  hors  dit  fe'u.dequoy  on  fe¬ 
ra  corne  vn  empUflre,  y  meslant  aujfi  de  la  cire  en 
façon  de  cerat.  Cela  eftendu  fur  vn  linge,  ôc 
façonné  en  emplâftre  ayant  la  forme  de  la 
lettre  T.;  foit  appliqué  fur  la  coufturé 
couronnàle  ,  &  vn  autre  eh  forme  de 

bouclier  ftomachal  foit  appofé  fur  l’orifice 
du  ventricule,  voire  fur  l’endroit  par  oüTé 
col  eft  eonioint  au'defriere  delà  telle,  qui 
eftce  qu’on  appelle  nuque. 

Si  lé  mal  n’eft  vaincu  par  ces  reniedes,  & 
(\  le  retour  desparoxyfmes  eft  frequent  au 
temps  des  intermiflions,&  pendant  le  repos 
On  prouoquefa'le' VOmi'ffement  auec  vne 
•plume  qui  fera  arroufée  d’huile  d’amendés 
douces,  &  fourrée  bien  auant  dans-lé  go- 
fier.  Où  à  mèfme  fin  prenez,  vinaigre  jciUiti- 
que  plein  vne  cuiller  d'argent ,  huile  d'amendes 
douces  demy-cuiïlerée  auec  vn  peu  de  jucere  an- 
rhô  fût:  meslet  tout  enfemblê  <&  lefaitphuméra 
l'enfant.  ''  "  * 

Mais  pour  incilèr  la  matière  mucilagi- 
netife,dontles  vapeurs  peuüent  exciter  tels 
paroxyfmès;  &  pour  1  attirer  hors  par  quel¬ 
que  doux  vomitoire:  il  faudra  pahchèr  l’en¬ 
fant  fur  la  fdce  &  eftoinac  au  près  d’vn  feu 
moderé,depeur  qu’il  ne  deuienne  froid,afin 
que  par  ce  moyenil  vomilfe  plus  facilemetv 


BV  CERVEAV.  .  I# 

D’abondant,  fi  on  luy  peut  commodément 
donner  vn  clyftere ,  il  conuiendra  le  prépa¬ 
rer  en  cefte  maniéré. 

Prenez,  racine  dlariftolochie  ronde, polypode  de 
chefne  ,  fimençe  de  cartbame  de  chacun  deux 
dracmes^femence  depiuoine.de  cumin  de  chacun 
vne  dragme  &  demie,  d'ont  ferez,  vne  decoElion 
auec  du  laitt.  De  laquelle  prenez  cinq  çu fîx  onces, 
hierapicra  de  (jditn  tmù  dragme  s  .miel  anthofat 
•une  once,  huile  de  rué  &  de  lis  de  chacun  vne  on~ 
ce,  du  tout  meslê (bit  fait  vn  clyftere.  Si  l’enfant 
ne  peut  vfer  de  clyftere,  aulieud’iceluy  on 
fe  feruira  d’vn  fuppofitoire  aflez  acre.  I  ob- 
mets  icÿ  les  fternùtatoire's,defquels  fe  pour¬ 
ront  veoir  cy  apres  plufieurs  deferiptions, 
qu’il  ne  faudra  employer  finon  apres  tous 
autres  remedes,  &  feulement  à  l’extremité. 

Car  és  petits  enfans,la  tendreté  &  imbécil¬ 
lité  du  cerueau,qui  pour  Iaplufpart  eftauiïl 
greué  de  la  quantité  des  humeurs  &  va¬ 
peurs,  doit  eftre  fufpeéte  &  venir  en  confi- 
deration,  depeur  que  la  màtiere  eftant  ef- 
mette:  par  vn  fternutatoire,  cefte  foudaine^*™“** 
agitation  ne  les  fuffoque  pluftoft  que  de  les  y-,  ictuent 
remettre  en  meilleur  eftat.  Ç’eft  pourquoy  donner 
l’application  de  tels  remedes  enuers  les  pe-  aux  petits 
tirs  enfaris  fe  cloit  faire  auec  circonfpe&ion  eHfan^ 

&  prudence,  afin  que  le  fuccez  n  en  foit  au- 
tre  qubn  ne  defîre.  prêta»* 

Ce  font  la  les  remedes  qui  deliurent  or*  ùon. 
dinairement  les  petits  enfans  de  paroxyfme 
vrgent:  dont  la  préparation  facile  fe  peut 


ÏJ4  DÉS  MAL  Api. ES 

expediefc  prefqu’en  vn  moment,  &  admini. 
Ære.r  promptement  félon  l’occurrence  du 
temps  &  du  mal.  Pour  mefme  effeéfc  les  ve- 
getaux mous  fournirent  auffi  de  femblabes 
remedes,  qui  ne  laifTent  d’eftre  fpeeifiques, 
mais  font  de  préparation  plùs  longue  Sc 
plus  exadte  que  les  vulgaires,  &  requièrent 
vn  expert  Médecin  qui  fçache  non  feule¬ 
ment  difcourir,  mais  auffi  pratiquer  l’art 
fpagirique ,  Jefquels  remedes  nousinfere- 
rons  icy  quelques  formulaires  :  mais  com¬ 
me  ainfi  foit  "que  telles  préparations  de¬ 
mandent  vn  peu  plus  de  temps,  ondes ap- 
preftera  de  bonne  heure , à  ce  qu’on  ksv 
trouue  préfts  en  cas  de  neceffité,  pour  le 
foulagement  des  malades  de  quelque  fexe 
8c  aage  que  ce  foit.  ,  -, 

Rondelet  Fvn  de  mes  premiers  Précep¬ 
teurs,  &  homme  certes  de  grand  renom, 
qui  de  fe  s  voyagès  foit  en  Italie,  foit  ail¬ 
leurs,  a  raporté  de  fingulieres  &  rares  ob- 
feruatiôns  d’experiences ,  auoit  pour  pre- 
feruatif  &  remede  fîngulier  vne  lienne  eau 
d’hirondelle,  dont  le  formulaire  eft  conte¬ 
nu  en  fes  efcrits,  le  ne  puisaffiez  compren¬ 
dre  par  quelle  conie&ure  ou  raifonne- 
ment  on  a  premièrettientreçognuquetéls 
oifeaux  auoient  la  pr  opriété  &  vertu  de  re¬ 
médier  a  cefte  maladie,  en  forte  qu’à  ctfte 
fin  on  ait  diftillé  leur  eau ,-  finon  par  ad- 
uanture  que  l’experience.  [foit  tiret  des 
efcrits  d’Alexandre-  Trallian  -,  iiure 


EV  CERVEAV. 

premier  chapitre  5.  onil  traicte  des  cho¬ 
ies  qui  duifent  naturellement  aux  épilepti¬ 
ques  :  car  cet  Autheur  efcrit  qu’entre  plu- 
heurs  autres  remedes  fpecifiques  qu’il  em¬ 
prunte  d  „A.rchigenes  ,  d’Apollonius,  Théo¬ 
dore,  Xenocrate  &  d’autres  Médecins  & 
Thilofophes  anciens  ,  celuy  cy  fait  auffi 
merueillesjàfçauoir  de  deux  petites  pierres, 
l’vne  deiquclles  eft  noire ,  mais  l’autre  eft 
blanche.  Mettez  (dit-il)  celle  cy  fur  l’epi- 
leptique  tombé  ,  &  elle  l’efueillera  :  mais 
celle-là,  c’eft  à  dire  la  noire ,  foit  liee  fur  la 
peau.  Ôr  les  Hirondelles,  comme  on  dit, 
donnent  premièrement  ces  pierettes  à 
leurs  petits,  lefquelles  ne  fe trouuent pas 
aifément  fi  ce  n’eft  en  coupant  du  tout  par 
morceaux  tous  les  petits.  Quant  à  moy  i’ay 
peu,  de  confiance  en  tels  remedes  &  autres 
femblables’,  dont  cy  apres  nous  ferons 
mention.  T outefois  files  racines  de  piuoi- 
ne,  d’angelique,  le  caftoreum  8c  autres  in- 
grediens  y  font  adiouftez  comme  i’ay  ac- 
couftumé  de  faire,  à  raifon  qu’ils  font  pro¬ 
pres  pour  fortifier  le,  cerueau,  &  diffiper, 
voire  confommer  les  vapeurs  qui  engen¬ 
drent  celle  maladie  par  leur  obftruéHon  &: 
qualité  maligné,  la  faculté  qu’aie  remede 
tant  de  guaranrir  le  patient  de  l’aifaut  du 
paroxyfme,  que  d’extirper  la  caufe  du  mal, 
fe  doit  pluftoft  rapporter  à  leur  efficace  ôc 
vertu  qu’aux  autres  ingrediens. 

Soit  donques  propofée  pour,  exemple 


J.  AU  d’hi' 

rondelles 
de  no/ire 
préféra» 

ïn  ». 


1]6  DES  MALADIES 

cefte  eau  d’hirondelle  de  na&xtft  prépara,» 
tion,taquelle  eft  admirable  en  vertu  &  bien 
expérimentée. 

•  J> renez.  en  leur  faifon  fept  ou  huiü  nichas  de 

petits  hirondeaux, couuerts feulement  de  poil follet» 
dr  non  encor  es  reueflus  deparfaites  plumes.  Agen - 
ctz  les  dedans  vn  vaijjèau  de  terre  verny ,  bien, 
bouché  pour  y  cftré  reuerberez  iufqu'a  tant  qii ils 
foienttous  réduits  en  poudre  auec  leurs  entrailles  et 
plumes.  Prenez  trois  onces  dé  cefte  cendre  (de  la¬ 
quelle  n’y  ayant  pas  ft grande  quantité,  vous  fou- 
ftrairez  autant  durefte  qu il  y  manquera  de pou¬ 
dre  J  deux  onces  de  cendre  de  crâne  humain,  pou¬ 
dres  de  racines  de guy  de chefne,  Angélique,  Ze- 
doaire  :  de  chacune  vne  onceçfr  demie, femenee  de 
piuoine, grains  degenieure  concaftez:  de  chacunjix 
dragmes,  caftoreum  vne  onces(ue  des  racines,  & 
feuilles  de  piuoine, vin  aigre jcillitic:de  chacun  vne 
Hure ,  eaux  d’hyfope , de  fleurs  de  tillet,  de  petit  mu¬ 
guet  ,  de  fange ,  de  ro/màrin  :  de  chacune  vne  liure. 
Le  tout  Joit  macéré  dans  vn  vaijfeau  bien  bouché 
par  quelques  tours  au  bain  Marie, puis  on  leferà 
diftiller  és  cendres  a  petit  feu  iufqu’a  Jtccité.  On 
prendra  garde  que  la  diftillation  ne  fente  nulle¬ 
ment  le bruslé. 

Mais  pour  renforcer  cefte  eau  &  augmenter 
fa  vertu  t  prenez  les fcces  arides  a  force  de  feu 
reduifez  les  en  poudre  fort  blanche,  puis les  ayant 

mis  dans  UmanchetOufiltreàrhipocras.verfez 
par  dejftts  la  liqueur  difttllét  qu'on  renuerfera 
plufieursfois  fur  fa  chaux  la  coulant  de  mefme. 
istfqucs  à  ce  qu’elle  ait  tirégft  emporté  auecfiy 


DV  CERViAV.  ïtf 

h  fel  auqutlgift  & confiftclafoHHerainevertu  du 
rtmede ,  & par  ainft  vous  aurez,  vne  eau  de  longue 
duree,  laquelle  ne  fera. fimplement&  greffier ement 
dtffillee  comme  les  vulgaires  qui  acquièrent  in - 
continent  quelque  mucidité &  corruption,  mais  fe¬ 
ra  imprégnée  des  propriétés  &  vertus  de  tous  les 
{impies ,  dont  on  verra  par  V expérience  en  tout 
temps  &  lieu  des  merueillcux  effe&s prouenans  de 
tort  fpagirique.  Ce  qu’il  faut  aufli  remarquer 
de  toutes  les  autres  eaux  diftillees:  à  fçauoir 
qu’il  les  faut  confire  en  leurs  Tels,  finous 
voulons  qu’elks  foient  douées  de  vertus, 
ainfi  qu’auons  difertement  &  particulière¬ 
ment  enfeigné  au  chapitre  des  eaux  en  no, 
ftre  Pharmacopée  des  Dogmatiques  refti- 
tüée,  on  en  fera  boire  aux  malades  aagez 
plein  vne  cuiller  d’argent  à  intention  de  les 
releuer  de  leur  cheute  Sc  eftonnement,  & 
de  chafîbr  le  paroxyfme.  Quant  aux  petits 
enfaiis ,  il  leur  en  faudra  faire  prendre vn 
peu  moins.  Or  afin  de  poürueoir  aux  pa- 
roxyfmes  frequens,  &  empefeher  leur  re¬ 
tour  ,  on  continuera  l’vfage  d’icelles  par 
quelques  iours  confecutifs,  comme  nous 
dirons  cn  traitcant  de  là  cure  des  Epilepfies. 

I’ày  autrefois  compofé  cefte  mefmeeau 
parvne  aü'rre  façon  de  préparer. 

Prenez  quatre  ou  cinq  nichées  de  petits  hiroHr 
deaux  que  vous  couperez,  âi  morceaux  auecleursp^^ 
plumes  ou  poil  follet,  &  leurs,  entrailles  faitesAcs  fmjditt. 
cuire  en  cinq  ou fix  fextiersethydromel  en  rnefene 
façon  qm  Us  autres  chairs  to'ûiüenten  la  marmd 


•Ij-S  DES  MALADI  ES 

te.  Adioufleky  les  racines  &  J émences  de  pimine^ 
d'angelique ,  guy  de  chejne,  raclure  de  crâne  hu¬ 
main,  cerne  de  cerf,  grains  degenieure pilez,  di. 
damjmclif]e3betoine,thym,  hijjope:  de  chacun  au¬ 
tant  que  bon  vous Jemblerade  bouillon  en fiitfon 
exprimé  dans  laprejfe  &  bien  coulé.  A  iexpref- 
fim  ou  eolature feront  adiouflees  les  ehofes  fuiuah - 
ter, macis,  noixmufcade,  doux  dé  girofles, candie: 
ide  chacun  deux  dragmes,  eaflotteum:  demie  omi- 
fleurs  pourprées  de  mouron ,  de  petit  muguet,  deü- 
lier  arbre,  de  rofmarin ,  faùge,  b eioine:  dé  chacu¬ 
nes  vn  ou  deux  pugilles ,  fafran  demie  drkgme, 
camphre  deux  dragmes ,  eaux  de  fletmdepm. 
.nier  &  de  foucy-:  de  chacune  vneliure,  le  rompit 
!  digerJ enfemble durant  quelquesiours , puis on  di- 
flsllera  la  liqueur  fumant  Fart,  de  laquelle  onfWa 
:prendre  dremf^cukler  pëndani’te  paroxyftke^ 
hors  iceluy  i  i  feîün  que  requerra  la  maladièhll 
conuiendra  fomenter  aiiec  la  rnéfme  "li¬ 
queur  les  parties  iûferieüregd^s'ôreilidïïêc 
-narines  du  patient.  En  Façéà  prefque  fè'%- 
blabie  le  préparé-  vne  exGelLèntemàu:^ 
jpies  trcs-propres  à  cefté  ftiakdievnoüs^tf- 
mom  pareillement  ddforké^fâmoftre Ëb&jK 
-trîieie  des  D  o  gmatiqubs  reformée  :  1 

&  £  S  i  e?ëftvnéfomme;  quie  k  tburm  e  ntéè  de 
cefte 

accompagnée  -de > quelque  mdi%©Fkion  de 
^natrice  :  on  luy*  fera»  ap'pïdbæncksç  par  fosT 
, .  narines  dès  Fenteurs,  commç  de^albanuèl, 
de  rue,  d’afla  fcbtida,  de  plum  es  de  perdrix 
-grillées,  parqübyk'.matriééefti.EiaVaflîejé^tî 


DV  CERVBAV.  IJ5> 

tepôtt.flce  en  bas,  on  bandera  auiïl  bien  fore 
les  cuifles  &  les  iambes,  voire  on  applique¬ 
ra  fur  le  nombril:  des  courges ,  ou  vne  ef- 
cuelle  de  terre  enueloppée  chaudemét  d’vn 
linge,pleme  de  vin,dedans  lequel  ayent  efté 
cuits  la  melifle,  le  calament,  la  matriciere 
êc  autres  femblables:  Au  demeurant  on  ap¬ 
pliquera  par  dedans  &  au  dehors  les  autres 
remedes  fufdits,fi  ce  n’eft  que  par  aduantü- 
re  il  faille  augmenter  la  dofe  des  medica- 
rfteiis ,  8c  adioufter  aux  clyft eres  faits  de  dé¬ 
codions  céphalique,  la  benite  laxatiue, 
l'hiere,  ou  lacrée  de  Paccius,  &  d'entre  les 
miels  le  mercurial ,  remede  fpecifique  8c  , 
propre  à  toutes  fufFo cations  de  matrice , 
auee  quoy  fe  pourront  encor  es  mettre,  vaae  - 
oüdeux  dragmes  de  caftoreum.  Les  mef- 
mes  remedes,  &  la  façon  de  les  adminiftrer 
feruirorit  aüx  enfans  plus  âgez,&  aux  hom¬ 
mes,  augmentant  la  dofe  félon  que  l'âge  & 
forces-  d’Vn  chacunle  fembleront  requérir, 
y  employant  auffi  fans  crainte  ceux  qui  ont 
plus  de  vertu  J  car  Tepilepfîe  en  requiert" 
de  grands  8c  efficacieux,  dit  Àfet’ée;  Mais 
il^-faut  foigneufement  prendregafèe  àBien 
ptiüér  le  cerueau  de  fes  empelchemens,.û 
rîndifgolition  dont  il  efl:  tr  auaillé,  v  i  ent  im¬ 
médiatement  d'iceluy ,  8c  ce  par  remedes 
qdi'opefent  le  plus  prompt  emeht  qiie  faire 
fe’ pourra .  comme  par  efrhins  &  fternutâ- 
toirés  conuenables.  Mais  h  lé  mafpréhd  fi 
foùrce  du  Ventricule,  oh  employerâ  (bd- 


I  £o  des  maladies 

dain  les  remedes  qui  ont  la  vertu  d’exciter 
le  vomi'iTement.  S’il,  prouient  d  ailleurs, 
faudra  pareillement  fecoürir  chaques  par¬ 
ties  auec  leurs  remedes  propres,  à  cède  fin 
s’enfuit  vnfternutatoire, 

Stetntita-  Prenez,  racines  de  glaïeul,  fleurs  de  inar'jotaint 

eaire.  friches,  d'hyj ope,, fernences  de piuoine,  nielle,  doux 

de girofles ,  poiure  :  de  chacun  vn  f crapule ,  et H el¬ 
lébore  blanc  demy  (crupule}vne poudre  qu'on  fouf- 
fiera  es  narines:  Ou  bien  prenez  demy  dragmt 
d'ammoniac  y  deux  d'agmes  de  pyrtthre réduit  en 
poudre  fort  menue  que  mejlérez  &  pefrirtzauee 
Juc  de  racines  de  glaïeul  pour  en  faire  vnepetitt 
maffe  conformement  a  t art ,de  laquelle  vous  pren- 
*  drez  telle  quantité  que  bon  vota  femb  1er a ,  é“ 
l'ayant  vn  peu  cfchaujfee  deuant  le  feu  fur  le  bout 
â'vne  eJpafiule,fouret  la  chaude  es  narines,  dont 
verrez  eftre  attirée  hors  grande  abondance  # ea» 
fcreufe.  Ce  remède  eft  pour  certain  conue- 
nabie  à  la  cure  de  certaine  forte  d’epilepfie 
&  apoplexie,  à  fçauoir  quand  le  çerueau  eft, 
trop  rcmply  de  pituite  8c  humidité  excre- 
meuteufe  dont  prouient  le  mal. 

On  peut  femblabiement  faire  vue  autre 
ilernutatoire ,  qu’il  ne  fera  befoin  de  fou- 
fler  és  narines,  mais  fuffira  de  les  parfumer 
de  fon  odeur  qui  excitera  plufieurs  grands 
eflernumens.  Celle  méthode  me  .  férable 
meilleure  &  plus  conuenable  au  but,  VÇU 

>  que  les  poudres  introduites  par  foudement 

vexent.  &  endommagent  le  cerueau  des 
hommes  êc  enfans  plus  -délicats ,  voire  les 
"  "V  offen* 


dv  Cerveav  i£i 

©ffenfent  &  bleffent  auec  plus  de  violence. 

Prenez,  vne  dragme  d’helleboré  noir demie 
dragme  de  mafiic,  qu on  les  coupe  &  lie  dam  vn 
ndüet  de  fine  toile  qui  fe  macérera  en  eau  depimi- 
ne>  on  dans  quelque  autre  eau  çonnenable,pnis  on 
l'approchera  du  nez  pour  en  perpeuotr  l’odeur, 
car  il  fera  eflernuerfians  violence ,ou  tien àftiefme 
fin.  ■  .  .  • 

Qu’on  prene  racines  deglaieul,  &  dejcpdame3 
ou  pain  de  pourceau  s  de  chacun  vne  dragme,  de 
caftoreum  va  [crapule,  d’heUebore  blanc ,  thymfie- 
mence  de  nielle:  de  chacun deux firupules,  dont  (è 
fiera  vnnoïiet,  l’.vfage  duquel  fera  tel  que  cy  dejfus. 

Les  Anciens  n’ont  eù  aucun.  vomitoir£ 
plus  excellent  que  l'hellebore  blanp;:Noüs 
en  pourrions  biendeferire  plufieursmoi-ns 
violents,mais  plus  affeurez  que  tous  les  au¬ 
tres  indifféremment:  &  entre  tous,  iefui- 
,uant  eft  vn  rcmede  fingulier  &  fort  propre 
à  toutes  telles  fortes  de  maladies^cleff  à  fça- 
uoir  le  fiel  extrait  de  vitriol  rougee fiant  beu  iuj- 
qu’d  vnficrupule dans  vrtfyrop  fcyllitic.  eÇar  .alors 
il  fera,  merueilles ,  le  mefme  felinfpiré’  és 
narines  prouoque  aüffi.  excellemment  la 
fternutation.deliurant  le  cerueaude  fes  ex- 
cremens  fer  eux  fans  violence.  Etueftuy  re- 
mede  eft  tiré  de  l’art  fpagiriquerlequei  tou¬ 
tefois  opéré  plus. efHeûcieufement.«Sc.auec 
meilleur  fuccez  qufe,  l'airain.  hrüfté ,  :  qui 
(comme  nous  auons  dit)  a  efté.forr  pratiqué 
des  Anciens.  ■ 

Iceux  en  outre  pour  appaifer  l’affaut  epi- 

k  ■&. 


I  Gi  DES  MAIAOÎES 

ieptique ,  prenoient  entre  autres  renie, 
des  le  fang  découlant  dés  malades  mef, 
mes,ou  par  les  narines,  ou  de  quelque  au-- 
tre  endroit  du  corps  (ce  qui  arriue  fouuent 
cjuad  les  malades  venâs  à  tomber  inopiné- 
jd idym.  mgt  fe  meurtriffent  en  quelque  partie)& en 
JlUx’  fomentoifnt,  voire  oignoient  lesleuresdu 
malade  afin  de  refueiller,  &  faire  prompte- 
'  ment  refoudre  le  paroxyfme.  Mais  fi  apres 
-  -  la  cheute  il  n’y  aüoit  effufion  de  fang,  on 
Cquloit  poindre  &  lanciner  les  pouices  des 
pieds ,  ou  tirer  du  fang  de  quelque  autre  , 
partie  naurée,  Deqtfoy  AlexândreTrallian 
Im  e  7.  Î5  gpcr  jt  ajn£  félon  les  commentaires  d'Apol¬ 
lonius,  &  conformément  aux  plus  anciens 
remedes.  Quand,  dit  il,  vn  ept  Ieptique  eft  tom~ 
bé,jiparpiqueure  vouéluy  tirez,  du fangdes grads 
doigts  des  pieds,  puis  en  oignez,  [es  leures&fen 
frontyilenreleùerà. 

Aucuns  fe  trouuent  au  iourd’buy  quipaf 
ùtux  Certains  mots  efcrits  fur' vn  billet  pendant 
moyens  de  aucoLpar  charaéteres,  fortileges  ,  &  eh- 
nmtditr.  cpa nteméns  ofent  bien  promettre  la  guari- 
fon  de  eefte  maladie,  &  des  autres  qu’on 
rient  pour  tres-grieues  &  incurables:  façon 
de  remedier  que  i’âÿ  en  abomination  ôc 
exécration,  car  toutesmaladies ,  &princi-' 
paiement  les  plusgrieues  (telle  qu’eft  entre 
aHtresl-epilepfie)ont  béfoin  de  quelque  cé¬ 
lébré  Médecin  tref-do&e ,  fublime  &  bien 
verfé  en  l’art,  qui  cognoilfant  exactement 
la  natUté  desmaux,  enfembleleurs  caufes. 


®v  CERYÏAV. 

y  apporte  pluftoft  des  vrais  &  propres  re- 
inedes  qued’imiter  vil  T erpander,  Arion  ôc 
Ifomenes  Thebairi,  lefquels  ainfî  qu’efcrit 
AgrippajChalîoient ,  où  appaifoient  les  ma¬ 
ladies  mefmes  don  t  on  ri’efperoit  point  la 
guerifon,  par  chaiifons  &  douces  mélodies. 
Or  combien  que  ie  tienne  cela  pour  fables, 
&  pures  folies,  i’aduoüe  neantrhoins  auec 
tous  vrais  Médecins  que  les  douces  chan- 
fons  &  harmonies, fait  de  viue  voix,  foit 
d’inftruments  muficaux  ont  beaucoup  d’ef¬ 
ficace,  &  duifent  fortàplufieursmaladies> 
Car  vn  efprit  trouble  fe  raffied  &  rappaife 
par  ce  moyen,  ainfi  qu’on  peut  apprendre  * 
par  l’hiftoire  de  Dauid  à  l’endroit  du  Roy 
Sàül.  Qui  plus  eft  i’approuue  ce  qu’ont  ef- 
crit  quelques  autres  autheurs,à  fçauoir  que 
çeux  qui  eftanspiqués  de  tarantules ,  en  de- 
uiennent  fi  infenfez  qu  ilsfautelent  perpe-» 
tueilement,&  nepeuuent  eftredeliurez  de. 
cefte  phrenefie,  que  premièrement  elle  rie 
foit  appaifée  par  doux  accords  &  harmo- 
nie,ou  muficale,oü  inftrümentaic,  les  paro¬ 
les  emmiellées  dont  on  nous  amadoue  & 
enforcele ,  tefmoignent  quelque  chofe  de 
femblable ,  car  comme  fouuentefois  nous 
fommes  efmeus,  &  prouoquez  à  fureur 
par  paroles  aigres  &  accompagnées  de  me¬ 
naces:  de  mefme  au  contraire  nous  fommes 
addoucis  &  accoifez  par  doux  &  amiables 
propos,  tant  eft  grand  le  ppuuoir  que  le? 
paroles  ont  fur  nos  efprits,  ^ 


164  DES  maladies 

D e  là  toutefois  ne  doit  on  pasinferer  que 
les  enchantemens,  barbotemens  de  paro¬ 
les  jCharaéter  es  Rendus  au  col,  &  autres  tels 
remedes  ayent  vn  certain  ôc  ferme  fonde-, 
meut  auquel  nous  puiflions  &deuions  nous 
arrefter.  Vray  eft  que  les  Anciens  fe  font 
feruis  de  quelques  vns  defdits  remedes, 
comme  ceux  qui  ont  mefme  efcrit  desliga- 
TraUUn  tures  qui  refirent  naturellement  aux  epi- 
i^vmtà  ^eP^es  5  que  Tralban  rapporte  des 
commentaires  d'Archigenesrlefquesreme- 
des  font  maintenant- appeliez  des  noftres 
ïAmuleta  ou fermœillets. 

.  Le  Iafpe  reflemblant  en  couleur  à  l’air  ou 
àlâ  pierre  callaïde  mis  &  porté  fur  le  doigt, 
apporte  deliurance,  le  front  aùflï  d’vnafne, 
lié.  &  porté  fur  la  peau  produit  mefme  e£- 
feéfc,  ce  que  font  pareillement  la  chryfolite 
&  le  corail  fuiuant  le  dire  dudit  Trallian. 
Galien  y.*  Galien  a  mis  en  vfage,  &  fort  prifé  la  racine 
desfim-  de  piuoine  pendue  au  colt  &  le  guy  de  chef- 
fltt’  ne  a  femblable  vertu.  OnfaitaiiflIcas.au- 
>  -jourd’huy  de  l’ongle  d’alcé,  laquelle  enclo- 
Sb  dans  le  poing,  foit  en  tout,  foit  en  partie, 
chàlfe  incontinent  le  paroxyfme,  autres.en 
£ont  des  anneaux  pour  les  port  er  drdmaire- 
ment  en  quelquVn  des  doigts.  Les.com- 
mentaires  de  pluüeurs  efcriuainé  ont  don¬ 
né- occafion  de  rechercher  la  caufed’vn  tel 
foulagement  :  lefquels  efcriuans  que  ce- 
fté  efpece  d’animal  eft  fubieét  à  l’epilepfe, 
on  dit  qu’auffi  toft  qu’il  fent  approcher  Pal- 


DY  CERVEAV.  \d$ 

faut  ,  il  met  l’ongle  de  fon  pied  au  près  de 
fôn  oreille ,  &  fe  garantit  ainfi  du  paroxyf- 
me.  Mais  quant  à  moy,  i’ay  fort  rarement 
ou  plultolt  nullement  apperçeu  iufquesicy 
l’experience  &  vérité  de  telles  vertus  mira-: 
euleufes,  &  neantmoins  ie  ne  veux  pas  du- 
tout  reiett er  ou  denier ,  les  proprietez  de. 
tels  remedes,  principalement  s’ils  font  pre- 
fcrits,  mis  en  pratique,  8c  auffi  feurement 
que  deuëment  adminiftrëz  par  va  fcauanü 
Médecin  qui  fe  foirbien  exercé  en  la  leétu- 
re  des  vieux  autheurs,  comme  d’Albert  le 
grand,& des  autres  grands  philo fophesdefi 
quels  ont:  fait  des  commentaires  touchant 
les  vertus  des  pierres,  &  autres  chofes  fem- 
bl»bles  qhi  femblent  auoir  quelque  nature 
phy  lîognomique.  Et  de  fait  Galien  n‘a  efté 
induit  à  employer  la  piuoine  quilpendoit, 
&  faifoir.  porter  au  col,  finon  pource  qu’c¬ 
itant  verfé.en  rexperiencë  d'icelle,  il  reco- 
gnoifloit  queTans  beaucoup  efchauffer  elle 
efloit  auffi  ap eritiue,iOuauoit  la  facultéde 
diffiper  la  matière  veneneûfe  de  l’epilepfle:, 
par  l'on  euaporation,  à  Oâufe  delafubtilité 
de  fes  parties,&  pour  la  force  de  fôn  odeur. 

Nous  adioulterons  aufdites  vertus  la  fî- 
gnaturede  celte  planté,  le  fommet  ou  telle 
de  laquelle,  auant  que  les  fleurs  en  foient 
efclofes,  a  quelque  rapport  &  femblance 
au  crâne  Humain,  fur  lequel  paroift  vnc 
coullüre  en.  forme  de  ;  couronne  es  parties 
intérieures',  de  laquelle  il  y  a  vne  rougeur 
L  iij 


tflfl  DE?  MAUDIS  s 

comme  de  fleurs,  tirant  fur  le  noir,  8c  qu| 
refemblant  à  quelque  foudre  reprefente  au 
crâne  comme  l’epiiepfie  ,  maladie  fou¬ 
droyante,  cë  qui  teflnoigne  que  c’eft  vu 
remede  conuenable  à  cefte  maladie.  D’à- 
uantage  les  anciens  meus  de  quelque  fu_. 
perdition  ont  recouru  aux  oracles  ,  afin  de 
tro.uuer  vn  remede  pour  guarjr  cefte  mala¬ 
die  fl  grieue  8c  cachee.  Dequoy  le  fufdit 
Trallian  efcrit  ainfi  au  mefme  lieu.  On  dit 
que  Démocrates  Athénien  eftant  en  fon  aîdoïefcen- 
ce  Tourmenté  d’vneepilepfoyje  tranfporta  a  Delphe 
&  pria  le  Dieu  qu'il  luy  vottluft  dire  lequel  des 
remedes  qu'on  luy  prejentqit  luy  ferait  vtile,  il  eut 
pour  reftonfe  les  paroles  Juiu  antes.  * 

begregefumecapramaioresruris  dumma ~ 
Eu  cerebro  vmnes  éiauis  4dto tergora  circ& 
Afulpplici  vermi  pécaris  defronte  reuulfo. 

Démocrates  ayant  quy  ces  paroles,  me- 
ditoit  ce  quelle  Dieu  /c’eft  à  fçauoir  le  dé¬ 
mon)  vouloir  dire  par  iceux.  Qr  eftant  all| 
trouuer  Theognofte  Dernocratien  ia  aagé. 
nonante  hui(5tans>  iliüy  communique. 

Iceluy  admirant  fort  la  prudence 
du  Dïeçt ,  l’obfcurite  du  diuin  Pythias ,  & 
fon  propos  ambigUjil  eh  donna  le  feps  con¬ 
formément  aux  paroles  qui  s'enfument,  la 
tefte,  dit-il,  des  çheures  du  trotippeau  fe 
remplit;  naturellement  de  plu  fleurs  vers  fé¬ 
lon  la  cônftitution  dti  cerueau,  8c  l’animal 
venant  à  efternuer  ,plufteursvers  tombent 
es  flariftes  de  la  ch  cure  ;  Il  faut  donque| 


.©  V  C  £  R  V  E  A  Vta  1^7 

«ftendre  vn  veftement  pour  les  receuoir}tde 
peur  qu’ils  ne  touchent  à  terre,-&  en  mettre 
vn  ou  trois  dans  la  peau  cTvne  brebis  noire 
pour  l  a  lier  tendrement  au. col,  car  cela  refi¬ 
lle  naturellement  à  ce  mal.  Or  qui  niera, 
que  celle  forte  de  remede  fait  fort  deshoiw 
nefle&  très  inepte?  en  tant  qu’il  eftforty  de 
la  boutique  de  i’autheur  dé  toute  corrup¬ 
tion,  faulfeté  Semenfonge,  Mais  laiflons 
cela,  comme  aufïi  beaucoup  d’autres  telles 
abfurditçz  & ,  inepties  tres-grandes  ,  £? 
oyons  quel  iugement  en  faifoit  le  mefmç 
Trallian ,  lequel  adiouftant  ,  puis  apresyn 
l  ong  catalogue  d  iceux  remedes  proféré  lés 
propos  fuiuans>  dont  les  Hermétiques  fe 
peuuent  feruir  contre  quelques  opiniaftres 
Pogmatiquesde  noftre  temps?  Les  Ancfoni 
{dit-il)  ont  dit. que  ces  chofes efioient  pomme na¬ 
turellement  ejficacieufès ,  ce  fi  a  diré  agifibicntpàr 
vne  nature (écrite.;  MaisctUes  que  nous  mettons 
en  axant  font  ainfî dites  a  caufo  de  quelque  vpye& 
raifon  appelles  desG recs  méthode t  autfifautslque 
le  Jldedecin  expert  remédié  en  toute  maniéré ,  fo 
foruant  tant  des  chofes  naturelles  que  de  raifon 
foientifique ,  &  de  méthode  artificielle  ,  d’autant 
qui en  toute  maniéré  il fauticomméon  dit,  chemi¬ 
ner  droift pour  deliurer  l'homme  de  longue  &  per- 
nicieufe  maladie.  Pour  mon  regard,  te  veux  met- 
tre  tout  en  vfage:  d  autant  qu'en  ce  temps  plüfieurs 
ignorant  reprenentcoux  qui vfont des ehofis  natu¬ 
re  lies,  ie  me  fois  baillé  garde  de  pratiquer  conti¬ 
nuellement  ceux  des  remedes  qui  opèrent  naturel¬ 
le  iîij 


i6%'  JD  E  S  M  A  L  A  D  I  E  S 
renient,  &'  rftt  fuis  tffotcê  dt  vaincre  les  maladies 
par  v}eihodè  &  raifin  artificielle.  Mais  te  fçay 
qüefiÀ/  aliment f&  médicaments  on  a  du  tout 
guttïÿ  fiait  feulement  dés  épileptiques ,  mais  Aujfi 
tflnfiéhrsàuires'rnalddies&c. 

*  “'Maïs;  ptourquoy'  lions  arreftons  nous! 
rè^ÏTSfeie  ^Hépl-braBle  Fpeâtacîedçs 
rÿHë^0ëpîlept:iques  ?  Pourquoÿ:  aufii  Ûi~ 
tioîS^ôû^iiprrëïïf  de  vqircles  toürmefiffr 
èrtlels2  &  ë  fpbtmëntrables  qui  abbatedtfëff 
j&it j înëfmé  dé^plûs  courageux?"  Sortons 
â^Ô'è^fifiàlemënt  etè  celle  priifotf  Fihàjs  de 
f|ûéP  ç&fte  tBurnerô'ïis  no.üsü  iVôulartsëm-. 
Vèi'dpsi  màîhrëuf  fië  ¥ômb  éïdîîSHrrous  pasën 
•pàiîn® n MSs^p p.  u3aàîitatë£në;fe'r!aril  fît 
gliftë/vë#  que  les  p  ariens  ont  parfois  quël-i 
^^mtermiffiQn  de  leurs  douleurs,  qui  par 
^^l^e^ûnter^iifîtidn  dunai re'teiïent  au- 
c%Vê;s¥ôisV  Së^vïeniiënt  à  sræppaiferd  C’ëffi1 
>nrêffiS0s^leS‘'Mb- 
Èàî,qtfesv&  Princes^  ornez  dë.âiàdeme& 
^S«^%iescontMbûent  à  cefté  taille,  &  que 
t  ous  les"lîoïSMe^  iivdiffé r  e  mmë rît  de  quel¬ 
que*1  aage^dè  Texe'-  cfüe^  cë  Toiidônt  fujets  à 
Mifera.  tribut; o  Combien  les  vbit  drî'triftës- , 

*****  &afcbatü§'î  Combien 

eftîmi?  iregdrd  -éft  il  affreux &  p'enerrant,  leur 
5»4.  fk€ê  pailestbrfe&  dîffofme  î  Cbiîibiën  fort 

le$squiendeme^rî  &  tàrdiues 

à^KyïrCôlïîb'iën  éftdëür  tèfte  efbraqië^ 

^vr*Maitee-4e  tbtfrnemeiis  HBrî  fin  il  pa* 

■  ■  (ni  .T.  . 


DV  C  E  R  VE  A  V.  \6.Çf 

roift  en  chaque  partie  de  leurs  corps  !  Com¬ 
bien  la  difpofition  de  tout  iceluy  eif  depra- 
üéë  8c  corrompue  j  de  forte  que  pour  la 
honte  dVnefivilaine  8c  laide  maladie  dont 
Üs  fe  voient  efclaues,  ils  aimeroient  mieux 
eftre  enfëuelis  dans  terre,  dequoy  ilriefe 
faut  efmerueiller.  Car  comme  efcritAre- 
téè  '.Si'pehdant  les  accez.  les  malades  fe  regar- 
doientmütuellepient,  &  voy oient  tout  ce  qu'ils  en¬ 
durent,  ils  s^ofler oient  la  vie  les  vns  aux  autres: 
maie  lapriuation  des  fensi  &  l'abolition  de  la  veut 
tache  ce  qu'il  j  a  de  cruel  &  hideux  en  chacun 
d ’jc««A?/?NéîèdHfént*"cePâ(nres  àrüis) ay  éz  ie 
vous  prie  bonne  efperance,  8c  ne  perdez 
courage  :  ains  chaifez  de  vos  cœurs  toute 
triftelîe  que  rous-deuez  pluftoft  auoir  en 
exécration,,  &  releguer  iufques  aux  Gara- 
manthes,  que  de  permettre  qu  elle  s  infinuë 
ên  vos^êlprits  :  carfivônsconceuéz  bonne 
efperance.de  voftre  gu^tifon,  8c  elles  per- 
fuadez  de  la  fidelité,  fcienee  8c  expérience 
des  Médecins,  vous  auez  défia  acquis  deux 
principaux  moyens  de  voftre  reftauration 
plus  prompts  8c  afteürez  que  riuîs  afitres 
qu’on  Vous  fçauroit  -  ordonner. Outre  ce 
vous  troïuierëz  cefté  b  outiqu  ëdb  ô fidam- 
ment  'garMe^des  rêhiédès^üe-lësMêdé'cins 
tant,  D Ogiéa’tiqûés'que  Hermetiqués  ont 
de  toute-  ancienneté  vpratiquéz  nulqjiés  à 
prefent.  Puis  nouspaflerons  à  céuxqiîe  les 
vns-  &  les  autres  ont  de  leur  ternrps  fîièceflî- 
uemént  ihuentéz r8c ; èxper imeiitez'i 1  àu flî 


1-7 O  DES  maladies 

chacun  4e  quelque  aage  &  fexe  qü’ilfpic, 
trouuera  déployées  en  eeftemefme  bouti¬ 
que  les  marchandées  qui  conuiendront  à 
fon  vfage,  &  non  feulement  cela,  mais  on 
leur  enleignera  par  quelle  voyeur  méthode 
ils  fe  le  pourront  &  deuront  feurement  ap. 
pliquer. 

Et  pour  facilement  &  auec  bon  fuceés 
mettre  cela  en  effeefc,  nousefperons  quela 
grâce  de  Dieu  ne  nous  manquera  point, 
C  eft  pourquoy  nous  le  prions  humblemét 
"qu’il  faffe  tourner  &  rapporter  le  tout  à  fa 
gloire  ôc  au  bien  de  noftre  prochain* 


Çhap,  XIV. 

lAethoâe  Pharmaceutique  &  chirurgique, 
obferuée  par  les  Anciens  Dogmatiques  en 
la  cure  de  l’ Epilepfie ,  auec  quelques  def- 
çnpuons  dp  remedes. 

.  y  es  remedes  qui  conuiennent*  à  la  pre, 
JL  feruapue  ,  &  dont  les  Anciens  Dogma¬ 
tiques  fe\font  feruis  pour  preuepir  »  &4tt 
éout  retrancher  les  tours  &  retours  d’vne 
longue  Epilepfie  j.fe  doiuent  façonner  & 
Ta#  in.  compofer  par  le-moyen  des  trois  inftrumés 
de  M^deoine,à  fçauoir  par  Diaste,  Pharma? 
frefitti**  cie  &  Chirurgie.,  Quant  à  laDiçte  nous  en 
Vf*'  différerons  l’explication  iufquà  la  fin  4# 


çy  csRf  eav.  -pyt 

cefte  confuîtation.  Mais  nous  produirons 
icy  les  remedes  que  les  Dogmatiques  em¬ 
pruntent  tant  de  la  Pharmacie  que  de  la 
Chirurgie»  Qr  comme  ainû  foit  que  les 
Anciens  nous  les  ont  .eQnfufémem,& fans 
aucun  -ordre  laiflez  par  eferit,  en  les  pref- 
criuant  nous  fuiurons  la  méthode  que  les 
nouueaux  Médecins  leurs  fedtateiirs  ont 
bbferuée  &  nous  om  enfeignée.  Afin  que 
par  ce  moyen  onpuifle  cognoiftre  qu’il  y  a 
foufiours  eu  quelque  grand  défaut  en  l’arc 
qui  eftoit  requis  à  fa  perfection. 

Hippocrate  n’a  mis  en  auant  beaucoup 
de  remedes  contre  cefte  madadie,  auffi  n’a  il  ^ 
a  (fez  clairement  &  par  aucun  ordre  preferit 
la  maniéré  de  les  adminiftrer:  fon  feui  pro-  uee  ies 
P  os  ayant  efté  de  reprefenter  quelque  Idée  ancien* 
generale  de  la  Médecine,  de  forte  que  par  Dogma- 
iceluy  les  ieunesMedeeins  ne  peuuent  eftre  f'^***?  y 
duits  a  la  pratique,  ny  moiflonner  linon  i‘epntpfie 
bien  peu  de  ce  qu’il  a  feme,yeu  que  les  feuis 
hommes  doCtes  &  bien  verfez  en  l’art,  nop 
les  ignorans  5c  apprentifs,  remportent  du 
frui&  des  brieues  &  grau.es  fentences  d’ice-  * 
luy.  Entre  autres  remedes  purgatifs  il  or¬ 
donne  contre  cefte  maladie  l’vfage  dçs  deux 
hellébores, principalement  du  blanc,  fila 
maladie  eft  aduenuë  par  correfpondance, 
afin  de  pçquoquer  le  vomiflemenr.  Le 
mefine  Hippocrate  fait,  cas:  du  pyretre  en¬ 
tre  les  fimples  qu’il  enioint  de  prendre  par 
de  dans,  ôc  ceux  qu’il  veut  eftre  appliqués  aq 


Yji  DES  M  A  L  A  D  I  ES  '  ~ 

dehors,  Corirre  ce  mal  Diofcoride  prefcrit 
là  freffiire  dé  Heure,  &lefoyed'afne  rofty 
&  mangé  quand  l’eftomac  eft  à  jeun  il  ap- 
prouue  auffi  le  càftoreum  pour  mefme  fin. 
Entant-  que  cefte  maladie  eft  chronique,& 
que  le  cerueau  en  eft  premièrement indif- 
poféj  Aretee  commence  la  cure  d’icelle  par 
îéétiqfï  dëla  veiné  du  coude,  afin  de  tirer  du 
fang  vniuerfelleméntde  tout  le  corps:  &  de 
celle  du  front,  pour  vue  deriuation particu. 
liereV  D’auantàg'e  il  demande  auffi  d’ouurir 
les  arteresffi'tuéês  derrière  &:  douant  les 
oreilles  ,  à^bnditiôri  toutesfois  que  cela  fe_ 
puifle  faire  fansàîêfàillance  -de  coeur.  Car 
fdît'irîj  ia  defaillâhêe'de  coeur  excite  lama- 
làdie:iJPq'u’r  euàcüèr  l’humeur  ,  il  recom- 
mandé  1’hiere  &fos  re  me  d  e  s;  quiactir  et  fort 
dudëïuëà'ù.'  C«r,-ainfiqu’ildk-,  four -qualité; 
fop^qf^bie'ikfostdôufouf^ftîifidièüftceît- 
cqres  qu’il“  êft  feéfoïfî  d’efçh'àUfFer  la'  tefté;' 
d*  au  tant  que  lé'feüy  eft  profitable.  Illdité 
feinfblàbfomét-î ’duUértü.re  rtes-  planchesdu 
éfanêPâüec  le  Afepan;  pburuih  q®.’  elle'  Ct  feè 
cë-breft  Sc  cuiïüéâà'blementÿdbritfilenfe fl 
gnèauffi  îa  maniéré. Il  recommande  pareil- 
foménr  ^l’applidatiqn  des  cantharides  iuf- 
qii-à.yéficâtidnso'èilenfeigneueiqüi  eftHk 
gîîe-'êênèéeirà'ifé  d-éftre  ofoffefüdpSik  ma¬ 
ladie  eft  füféieeë  par  indifpofîri  On  d  ü  veii- 
rficûîe,  il  admet  ën  la  purgatipn  là  thyine^ 

îëedc-chameléeiqiiifont  fortir&defteicher 

les  humeurs  pituiteufes.  -  Auffi  -ne  pafle  il 


dY  cerveav.  i 7| 

fous  filence  l’application  des  cucurbites  ou 
ventoufes ,  des  emplaftres  &  cataplafmes, 
lefquels  ont  la  vertu  d’attenuer,de  digerer 
par  exhalaifons,  8c  de  rendre  les  corps  flui¬ 
des  8c  fpirablês  comme  il  parle.  Le  mefme 
fe  feruoit  en  la  cuce  de  médicaments  cui- 
fans,fortifians,  produifans  bônes  humeurs, 
8c  pr ouoquans  l’vrine,comme  de  la  comp  o- 
fition  de  viperes&  de  l'antidote  Mithrida- 
tique,  mais  à  ce  qu’il  dit ,  il  n’y  a  rien  meil¬ 
leur  queje  couïllon  du  bieure,  c’eft  à  dire  le 
caftoreum,  beu  fouuentefoisdansl’efpace 
d’vn  mois  auec  hydromel.  En  fin  il  conclud 
non  fans  horreur  &  exécration  du  remede* 
qu’il  en  a  veu  aucuns  lefquels  beuuoient 
pleins  verres  de  fang  d’hommes  decolez,ou 
autrement  tuez  :  &  fe  dit  auoir  leu  quelque 
autheur  qufprifoit  8c  emploioit  le  foye  hu¬ 
main  pour  viande  &  nourriture.  Mais  cela 
dit  il,  foit  eferit  pour  ceux  qui  font  parue- 
nusiufqu’à  cefte  mifere  extreme. 

Galien  fubuenoit  aux  epileptiques  auec 
oxymel  fimple  8c  fcillitic.  Il  compofoit 
aufli  de  la  ftpiillevne  certaine  faufle  ou,  fau- 
mure  qui  tenoit  lieu  d’aloës  en  la  purga¬ 
tion.  Entre  autres  médicaments  il  approu- 
uoit  grandement  la  piuoine,  foit  prifeau 
dedans,fôit  pendue  au  col  par  dehors,com- 
me  il  eferit  d’vn  certain  garçon. 

Il  eftimoit  pareillement  que  l’agaric,  fe- 
fely  8c  le  fruiéfc  de  fpondily*  comme  aufli  la 
racine  d’Âriftoloçhe  longue  fronde  beuë 


174  DES  W  AiL  À  D  I  i  s 

auecde  l’eau, profitoientaux  épileptiques» 

Oribafe,  PaulÆginere,Aëtiusraportent 

Se fuiuent  mot  à  mot  ledit  Galien,  dont 
Æginete  eft  fur  tout  vray  litige, lequel,  auec  ' 

les  fufriommez,  en  emprunte  &  tire  tous  Tes 
remedeSjComme  on  peut  véoir  par  leurs  ef- 
efits.  Quant  à  Paul  il  parle  particulière¬ 
ment  d’vn  certain  Iulian  ,  niais  les  ayant  ' 
tous  efprouuez  il  a  finalement  recoùrs  à  là 
Theriaque  :  &  eferit  en  outre  que  les  eftu* 
ues  naturelles  cônuiennent  à  ce  fte.  maladie» 
Aëtius  adioiiftequelque  excellente  The¬ 
riaque  particulière  qu’il  deferit  pour  remé¬ 
dier  à  l’epilepfie.  Mais  il  loue'  &  approüüê 
lur  tout  quelque  certain  remede  qu’il  em- 
prune e  de  Serenus,aüquel  nul  autre ,  com¬ 
me  il  dit,ne  doit  eftre  accomparé,car  iceluy 
çuit&  euacuë'.rexcellente, artificielle  &  iii* 
genieufe  compofition  d’iceluÿ  eft  telle  qui 
s'enfuit. 

Prenez,  cafter  eitm ,  hellsbore  blanc, feammonte: 
de  chacun  deux  dragmes  .opoponax  .cumin  thebdi- 
que, centauree,  nitrefoulphre  vif aurone.  ammo. 

-  niac. ftirax  rouge,  femence  de  rué  fauuage,  dbfyn-  ' 
rhe:  de  chacun  vne  dragme,  les  ayant  pilez:.  &  crû 
b  lez.,  on  les  mettra  dans  def  l'eau  pour  en  former 
des  pilules  greffes  comme febues  d'Ægypte,vom  en  . 
donnerez :>  ou  ferez  prendre  vne  chacun  iotirauec 
quatre  verres  d’oxymel. 

Ccfte  eft  l’vne  dès  deux  compolitions  & 
formulaires  diuinsqueles  Anciens  ont 
recommandez ,  où  toutefois  le  nitre 


DV  CERVEAV.  .  ifs 
fculphre  vif  tant  improuuez  de  plufîeurs 
tiennent  prefque  le  premier  lieu,6u  pour  le 
moins  y  femblent  eftrc  le£  principaux  iïï- 
grediens ,  l'hellebore  &  la  fçammonée  y 
font  aufii  admis,le  feuî  nom  desquels  tout  e¬ 
fois  efpouuerite  les  Oreilles,voire  l'homme 
tout  entier  <  Mais  quelqu’vn  exceptera  que 
la  venimeufe  &  pernicieufe  qualité  defdits 
/impies  s’abolit  &  efteint  par  celle  excellen¬ 
te  ôe  nortpareille  préparation?  n'eft  ce  pas 
Vne  folie  &  fubtile  préparation  que  de 
tremper  &  mefler  des  poudres  auec  de 
l’eau  ?  Neantmoins  telle  eft  celle  tant  celer 
bre  &  li  diuine  préparation  des  Anciens. 
Nous  pourrions  en  adioufter  cent  autres 
femblabl  es  à  celle  cy ,  lefquels  nous  paie¬ 
rons  fous  filence,  craignans  que  la  prolixité 
plus  grande  qüe  ne  permet  la  nature  du 
traitté  ne  nous  tourné  à  blafme,d£ de  peur 
qu’à  l’imitation  de  Cain  qui  defcouurft  la 
vergongne  de  Noë  fon  pere,  ayans  mis  en 
oubly  l’humaine  charité  enuers-noftre  pro¬ 
chain  ,  nous  femblions  vouloir  à  delTeiia 
pourfuiure  ces  préparations  vulgaires  des’. 
Anciens  fi  gromeres  &ftupidesquelesen- 
fans  melmes  s’en  moquent  j  comme  fi  nous 
les  acculions  de  ftupidité&  ignorance,  ja 
n’aduienne  que  nous  le  fafîîons:  veupiüf- 
toft  qu’il  eft  raifonnable  que  chacun  iouc 
ceux  qui  par  leur  foin,  diligence,  &  veilles 
alSdueües  nous  ont  Fourny  lés  femences,& 
ictré  les  fondemens  de  la  médecins,  outre 


I7S  DES  MAI  ADI?  S 

qu'auec  candeur  ils  nous  ont  faits  partiel-  ! 

pans  de  leurs  trauaux  ôc  œuures.  ils  font 
aucunement  excufables  en  confideration 
de  leur  fiecle  qui  eftoit  encores  obfcurcy 
d’efpailfes  tenebres  :  car  il  eft  plus  facile 
d’adioufter  aux  chofesinuentées^quedeies 
inuenter  premièrement.  A  ce  but  vifent  j 
auffi  mes  pro  p  os,  afin  que  le  dire  d’Hippo-  ' 
crate  foit  trouué  bien  véritable,  à  fçauoir 
que  la  medecine  n’eftparuenuëà  telle  per¬ 
fection  qü  on  n’y  puifte  rien  adioufter,  mais 
qu’on  y  peut  tounours  reprendre,  corriger 
ou  adioufter  'quelque  çhofe,  en  laquelle 
opinion  i’ay  efté  grandement  confirmé  ily 
a  trente  a, ns  ôc  d’auantage  par  vn  certain 
vieillart  digne  de  refpeét  &  de  grand  fçà- 
uoir  nommé  Guinterius  Anderrètcus  a  qui 
l’efcole  de  medecine .  eft  fort  obligée:  ice- 
luy  recognoiflant  qu’on  pouuoit  de  iour  en 
iour  profiter  en  l’eftude  de  medecine,  en 
vieilliflant  il  vacquoit  perpétuellement  à 
l’eftude ,  &  n’efpargnoit  aucun  labeur  ny 
veilles.  Et  quoy  qu’il  fuftaagé  de  feptante 
ans  ôc  plus,  neantmoins  fefouciantpeude 
noircir  fes  mains  (ce  que  nos  délicats  ab¬ 
horrent  tant  auiourd’huy)  il  s’addonnoit  du 
tout  apres  les  charbons,  &.trauaiIloit  à  ba- 
ftir  des  fourneaux,  afin  de  chercher  par  tels 
inftrumçns,  ôc  tirer  comme  du  puis  de  De- 
snocrite  les  fecrets  de  nature  qu’il  auoit  en 
grande  adminiftration,  regrettant  vne çho¬ 
fe  tant  feulement,à  fçauoir  que  Dieu  neluy 
auoit 


».V  CE  RVEAV.  .  Vft 

auoît  piuftoft,  &  des  fa  jeunefle  donné  la 
cognoifiance  d’vn  fi  grand bien, & d’vn arc 
tant  excellent  :  Auffi  m’aigüillonnoit  il  en 
toutes  maniérés  à  embralîer  cefte  fciénce 
{ combien  qu’auec  de  très  do&es  Médecins 
Hermétiques  d’Allemagne  i’aqois  défia  mis 
la  main  à  l’œuurey  &  m’exhortoitfort  foi- 
gneufement  de  ne  faire  aucune  perte  de 
temps ,  non  pas  mefme  d’vn  moment.  Le 
mefme  pourehalFpit  tellement  la  vraye 
çhymie  6c  lëxadfce  préparation  des  remè¬ 
des,  qu’il  entretenoit  toufiours  trois  ou 
quatre  Doreurs  Médecins  de  l’affiftance 
defquels  il  fe  feruoit'ën  fon  amure,  à  la 
louange  &  recômandation  dudit  art ,  com¬ 
me  rres-vtiles  &  fort  neeeflaire  entre  les 
parties  de  medecinçs,  il  a  do<5!ement  cora- 
pofé  vn  liure  de  la  naedecine  tant  ancienne 
que  nouuelle.  s 

Mais  pourfuiuons  àexpliquer  les  autres 
remedes  des  autres,  anciens  ,  &  les  formu¬ 
laires  qu’ils  ont  preferits  pour  la  cure  de 
cefte  maladie. 

Ruffe  Ephefien  n'a  point  touché  à  cefte 
partie  de  jnedeçine  ,  ayant  feulement  fait 
trois,  liures  touchant  les  appellations  des 
parties  du  corps  humainicomme  auflïquel- 
ques  fragmens  des  medicamens  purgatifs, 
&  vn  traitté  des  maiix  de  la  velcie  &  des 
reins. 

Alexandre  Trallian  duquelnousauons  ia 
fait  mention,  &  qui  entre  les  anciens  nous 
M 


I78  DÈS  MALADIES 

femble  vfer  d’vne  facile  &  claire  méthode* 
voire  exceller  en  traitant  de  la  diagnoftique 
&  Thérapeutique,  eferit  touchant  cefte 
maladie  comme  il  s’enfuit. 

Il  commencé  en  premier  lieu  à  traiter  de 
la  cure  despetits  enfans,  à  caufe (ainfiqu’iî 
eferit)  quecejle  maladie  leur  efl fort  ordinaire^ 
très  familière  :  fi  vn  enfant  non  (eUrédelamam- 
mette  eft  travaillé,  il  ri'eftptâ  d'aduis  qu’on  s'effor¬ 
ce  d’y  apporter  quelque  remède pour  le guarir3  car 
( dit-il )  l'aage  vient  &  la  chaleur  s' augmente,  qui 
diffipe  l’humidité fuperfluë,  rempliffantlji  ventri¬ 
cules du  cerveau.  Il  confeille  toùtesfois  dé 
-prendre  foigneufement  garde  que  le  laid 
de  la  nourrice  ne  vienne  à  degerierer  de  fa 
-bonté  &  couleur  blanche,  qui  eft'vn  indice 
de  fapurèté,en  c  ouleu?  ter  n  e,  v  e  rdé  ôttnôi- 
ïe,  &  auffi-qu’iln  ait  ^nemaüu  aile  ou  puât  e 
odeur,  ny  aucun  gouft  mal  plaisat-ou  acide, 
„  toà-is  qtpilfôïf  dojuxî-LaTûbftacë  d’fcelüy  ne 

ny  tr©pclài¥e  ©u  âqueüfeîmÿ-tropefi 
proHtênh  ÿaiflb^^omjdeine  defbrmagë;  Car  tel  tài&j 
duUsfi  dit  ifengédre  couftumieremét  &lepl9fôm 
aerripui  uérdês&Suulfios  &]obftru£tiôsdè  rîeif^de 
là  îiotrsconcluonsfacilemét  qu’il  fkiteftre 
foignêuxde  c  h  oifirvnen  o  ur  r  ice  biéâifp  o- 
f&igcltemperées^oubiendè  corr^réb  api 

propri^so  mauuiâstlpèràmérpàf 

ïegiKiedeviure7qiaîllï&xpliqueaUlong)àfin 
de  rendre  fon  laid  tât  aliméteux  que  mëdi- 
camérenx^M'als  pj&iaib  hsiébfans  jü^âà'géz  & 
frurezjburretté  éfânrregimê 


5  Y .  ;  O  ER  VE  A\T.  tfÿ 

leur  prefefit  pour  rcmedc'cuifant ,  &:  atté¬ 
nuant,  il  ordonne  l’vfage  sde  certainedecov 
étion  dTlàyflopé  prirïfe  ai-r  matin,  fk  pirinci- 
palemenC'durant  tour  l’hiue-r.  Par  le  moyen, 
de  ceremedéiïalfeure  que  parfucèeffion 
de  temps  plufleurs  ont  .efté  guaris  §t  gna- 
rentis  dejtialadie  :  adiouftant  àla  melme& 
fufdite  .decoétion  quelque,  peu  d’oxymel 
iîmple.  £n  temps -d’Efté  il  faifoit  boire  la 
décoction  d’anis  auec  le  mefme  oxymeL 
Mais  fi  la-cpmplexion  de  l’enfant  eftoit  me- 
lancholique,il  ordonnoit  ladecoétion  d’E- 
pithym.  Pour  vn  médicament  fbiutif  il 
emploioit  1’hiere  :  laquelle  toutesfois  il  ne 
faiio^t  prendre  à  ceux  qui  ejftoient  trop  jeu- 
nes.£c  délicats.  Car,  dit  il,  le  trop  bas  aagè 
ne  peut-  fupporter  l’efficace  d’icelle  hiere* 
Mais  à  ceux  qui  font  aâgez,  vigoureux  8c 
robuftessComme  auffi  melancholiques,  elle 
leur  eft.ytile,  Il  vautdoncques mieux pre- 
fienteç,  aux  jeunes  vn  pe u  d’Epithym  auec  de 
l’hiera.piqra.  Or  quand  le  mal  ne  fe  pou- 
uoit  domter  par  tels  temedes  à  caufedela 
pidigniré  &pbftination  de  l’hümeür  8c  ma- 
;y  auoji't  craipteque l'accez  ou 
p ar oxy fine me  r et o urnaft,  il  purgeoit  auec 
l’antidote  Tbeodqrete,  dont  ilaùgmentoit 
la  faculté  purgatiue,y  adiouftant  quelques 
grains  de  Coloquinthe,  ou  quelquepeu  de 
Jèammonee.  Celle  antiçjcit-o  nommée.TJbe- 
odbrete  (c’eft  à  dire  conférant  yn  bénéfice 
diuin)  fe  trouue  defcrite  par  NicolasMy- 
M  if 


Vertm  de 
l’antidote 
Thtoit- 

rete. 


i8q  des  maladies 
reps  au  liure  des  Antidotes,  fe&ion  i.  chap, 
up.  ii 6.  X17.  &  118.  car  il  produit  quatre 
defcriptions  diuerfes.T  rallian  femble  vfur- 
per  entre  autres  celle  du  116.  ou  principale¬ 
ment  du  117.  à  raifon  que  ledit  Myrepsef 
çrit  quelle  conuient  à  vue  grande  maladie: 
comme  aqffi  aux  Epileptiques,  Demonia- 
qucs,aux  douleurs  de  cefte,voireaux  indif- 
pofîtions  de  la  poidrine  ,  &  à  ceux  en  1*6, 
ftômac  defquels  la  nourriture  s’enaigrit,  & 
pareillement  à  ceux  qui  ont  le  meüne  en¬ 
droit  &  le  ventre  mal  difpofez,brefil  en  dit 
merueilles,  &  affermé  qu’icelle  compofi- 
tion  duit  à  beaucoup  d’autres  maladies  Fort 
grieües“&  defefperees:  Tellement  qu’en  fin 
riconclud  que  cet  Antidote  eft  vrayement 
vn  don  de  Dieu  .Car  quiconque  T  aura  employé, 
en  apperceura , comme  il  efcrit,  vn  heureux Juccez, 
Que fi  cjiielquvn  sen  fert  vneou  deux foü  durant 
leprintemps  &  V  automne, <&  ne peche  beaucoup  en 
ion  régime  de  viure,  vn  tel  ne  Je^a  fubieftd  auch- 
nés  maladies.  Il  rejoudra&  dijjipera  tout  en pre¬ 
nant  le  matin  quantité  de  noixpontique.  Voila 
ce  qu’efcrit  Myrepfus,dont  ie  m’elmcrueik 
le  que  Jes  boutiques  font  aüiourd’huy  par 
tout  defgarnies  d’vne  fi  efficacieufe  compo- 
fition,  qu’on  dit  eftrecelie  cy  :  àl’occanon 
-de  :  çh épargnant  qu’elle  ne  perifTe  i’en  don- 
neray  vne  defcription  prife  duâit  Myreps, 
encoresque  T  tallian  l’ait  fupprimée  &  paf- 
féêfous  mence. 

C  prenecjpy  de  nard, feuille  de  girofle,  fit* 


D  V  CERVEAV.  l8l 

fran,cajjèy  epithym,  fleur  de  ionc  odoriférant,  tny-  x 
robolans  de  chacun  trots  dragmes ,  d'aloës  tanne 
t me  once  &  demie, cafloreum, gingembre, mafiich: 
de  chacun  vne  draqme ,  glayenl  l ilyriqtte fix  dra- 
gmes,  anacarde,  agaric  :  de  chacun  vne  dragme, 
cabaret  fix  dragmes  ,femence d’ache  'vne  dragrne, 
de  coq  vne  dragme  &  demie, de poiure  trçis  dra, 
gmes,  defenoil  &  de  [on  fuc:  de  chacun  vacance* 
pilez,  le  fenotl  dans  vn  matrast& U  faites  macérer 
par  trois  t  ours ,  apres  quoy  il  fera  bien  cuit  &fob- 
gneufement  coulé.  AdioUpeZ  y  fufflfante  quantité 
de  miel  A  t  tique,  ou  de  fuecre,&  derechef  mettez 
le  cuireiufqua  confidence  de  mtefpuis  vous  pile¬ 
rez.  &  broierez,  les  efpeces  les  v nés  auecles  autres . 
Que  s’il  y  a  quantité  de  fenoil ,  tirez  en  le fuc,  & 
voue  ferez  vn  meilleur  antidote.  Cela  fe  trou- 
uera  eferit  dans  Myreps  tourné  en  latin,  & 
cfclaircy  d’annotatiôs  par  Leonard  Fufcfe. 
Le  mefme  Trallian  certifie  que  plusieurs 
font  releuez  de  cefte  maladie  à  l’aide  de  çet 
Antidote  ,  les  remedes  fufdits  y  eftans  ad- 
iouftez.  Si  nonobftanr'cela  lemal  eûoitfî 
obftiné  qu’il  ne  cedaft  à  tels  remedes,  &  de¬ 
meurai!  ferme  en  fon  aigreur, il  pr  enoit  vne 
pilule  de  fa  compofxtiont  laquelle  a  tant 
d’efficace  que  rien  plus.  Or  elle  fe  fait  d’a- 
loe‘ ,  feammonée ,  coloquinthe,  gomme  de 
bdellium:  decbacun  vne  once  qu’on  méfie¬ 
ra  auec  fuc  de  choux,  la  prife  fera  de  trois 
ou  quatre  fcrupules  ,  félon  les  forces  de 
1  enfant.  Mais  à  ceux  qui*  font  aagez  *  on 
pourra -leur  en  faire  prendre  iufqu’à  fix 
M  iij 


1%X  DES-  ïli'A  t  ADI  ES 

(crapules,  8c  quand  mefmeson  leur  en  pre, 
fenteroit-d’auantage,  ainfi  qu'il  dit,  ils  n’en 
receueroient  aucun  dommage,  tant  ils  pur¬ 
gent  doucement  &  feurement  les  feuls  épi¬ 
leptiques  n'en  font  pas  allégez ,  maisaufli 
les  vertigineux  8c  goût  eux.  voila  les  reme- 
des  purgatifs  des  Anciens. 

Trallian  adioufte  les  purgations  particu¬ 
lières  aux  vniuerfelles,  &  n’obmet  point  les{, 
deriuations  &  r euulfions  fait  espar  maftica^: 
tôires  &  gargarismes,  aufquels  il  ioincfc  l’v^ 
Sage- du  bain,  .ne-.fupprune pasles’ vomi» 
toiçes.  . 

-  Si  la  racine  du.  mal  prôuiét  de  l’eftomach* 
il  y  fubuient'pàr  .eüacuaçion^ de .  l’humeus. 
peccante  qfii  eft  en  iccluy, laquelle  de  quel¬ 
que  qualité  'qu’elle  foit,  s’extirpe ,  ou  par 
chplâgôgues ,  ou -par  phlegmagdgues,  ou 
-par  meîanagoguès,auili  ne  met-il pas.en  ou- 
bly  les  choies  qui  fortifient.  >  .  .  r  -  ^  :  ' 

Maisjfi  la  maladie  prend  ?fd_  fourcp  de 
quelque*  autre  îùembre,  c’eft.o:ùril  applique 
fon  premier  &  prinoipalremed.e,,  Certes, dit 

dit-nqui  qkmd'ëlc  xfcoit  furie point  dde fdifir^ 
difon.léttir  -^mlqUes  treytofîtez.  ffardesmoutariS’ 
d^^cffmdû^piéduue&nicuH-  Ujtymt:dortôpûrgç(  j 
Attfç>,des  pilules  euacu.ans  lap'émtè&lhûinèur 
tnçfapsko’Hqites,  ïappliquayrftir,  larpâytie  indif- 
pisétdkiàhofesi  mefvies  qui  lapauHoientexulcertt 
efçhaufferi  dè -forte-  qu'elle  ehfua,  &  beaucoup 
dsku&œjt'têtn'-firth  îenidemmenu  -Gequayaat: 


DV  CERVïAY.  î8j 

fait,  le  ieune  homme  deuint  Jain.  Or  le  remede 
quon  luy  auoit  appliqué  &  dont  il  fut guary >,  eftoit 
[herbe  nommée  pajferage  ou  nafitort  fnuuage. 

^-Quelques  autres  remedesproduifintaujfi  le  meÇme  ‘  : 
ejfecl,  mais  non  fi  bien  que  cefte  herbe.  Ce  font 
lesparoles  de  T radian,  qui,  comme  i’ay  dit, 
n’oublie/pas  en  eeftê  maladie  les  vomitoi- 
res,*îyiæs  bains,ny  ie  véhément  exercice  du 
eorps,‘®y  ;ies  autres  chofes  femblables  qui 
feruent,  &  font  neceffaires  à  vn  bon  régime 
de  viure.  .  I>  •  •  :  ;  .  *v 

Mais  au  mai  iouëteré,  &  quieftant  in- 
domtéreiettoit  toutautre  médicament,  il  y 
oppofoit  ce  dernier  remede,à  fçauoir  1  hel¬ 
lébore  blanc:  dont  icmefme  Trallian  pref- 
crit  le  formulair eque Paul Æginete  tranf- 
cdt.de. mot  à  mot. ..s’efloignant.  b eaucoup 
dudit  Trallian  en  la  feule  dofeoü  poids  des 
ingrediens.  Car  Paul  eferit  des  dragmes  en  paum. 
lieu  desrfiliques  de_Trallian,  chacunes  d ef-  ureytha» 
quelles>pefenr  feulement trois  grams,&  zc~ptre  ij. 
ftreint  toute.îa  compbfition  à  vnefeule  do- 
fe  que  nul  ahimalneipdurroit  fupporter. 

:  Si  e mlâ  dofe  no&sf uiuib ns  auili  la  deferi- 
ptioir  &  redepte  jdudit  Paul,  dans  laquelle 
entrent  bayes  des  laurier  dépurées,  poiure 
blanc,  elypiadisjeûpborbe,  ùellehore  blâc: 
de  chacun  huiéfc  ïdragmes ,  c’  eft  à  dire  vne 
once:  de  chacun.  Il  n’y  auroit,  comme  i’ay 
dit,  cheual  il  généreuse  qui  peuft  fupporter 
telle  in£decine,hon  pas  mefmela  moi¬ 
tié  fàns' danger  de  mort./'  Car  Paul  eferit 
M  iii) 


i&4  DES  M  A  LADIES 

âinfi  :  Peur  vue  fou  donnez,  ces  chofes  au  te  vin 
doux  oh  aura  trempé  la  eoloquimhe.  Parquoy 
le  formulaire  de  la  recepte  de  Trallian 
quant  à  là  dofe,eft  beaucoup  plus  raifonna- 
ble  que  Celuy  d’Ægineta:  Car  au  lieu  de 
chaques  dragmes  des  ingrediens  que  Paul 
ordonne,  T  rallian  preferit  feulement  huiéfc 
filiques  :  chacune  defquelles  pefent  trois 
grains,  &  ce  auec  l’infufîon  de  coloquinthe 
macerée  en  vin  doux.Ce  qui  rqe  femble  en- 
cores  excedèr  la  raifon  :  8c  il  n’eft  croya¬ 
ble  que  les  eftomachsde  ce  temps  làayent 
peu  fupporter  des  remedes  fi  forts  &  viq- 
îents,  les  Anciens  n’ay  ans  auili  preferit  au¬ 
cunes  préparations  pour  euiter,  le  dàngeÿ 
qu’on  en  pouuoit  encourir. 

Quant  aux  preferuatifs  naturels,  comme 
il  les  appelle,  qui  par  quelque  conuenance 
occulte, &  propriété fauorablé feruentà la 
guarifon  de  celle  maladie-,  le  mefrqe  Tral¬ 
lian  les  recommandé  de  la  bouche  d’au- 
truy  (à  fçauoir  d’Apollonius)  &  fait  boire 
le  propre  fang  du  malade,  remede  qui  com¬ 
me  nous  auons  défia  dit,eft  certes  fort  cruel 
&  entièrement  deteftàblen  il  fait  en  outre 
mention  des  petites  pierres  tirées  des  hi¬ 
rondelles,  du.  foy e  de  belette,  descendres, 
de  l’oifeau  ofliphage;  Mais  principalement 
de  la  racine  de  folanum  du  moreîle  cueillie 
au  déclin  de  la  Lune,pilée,exprimée  &  ré¬ 
duite  en  lue  qu’on  donnera  à  boire  par 
quelques  leurs  au-  marim  lequeià 


D  V  •  C  E  R  V  E  AV.  l8j 

èc  comme  il  a  obferué,  eftvn  fecrct  nonpa- 
reil,  &  merueilleux  remede. 

Mais  A&uarius  Autheur  auiE  Grec,  ex¬ 
plique  feulement  la  nature,  différences  8c 
caufes  de  ce  mal,  ayant  paffé  fous  filence  la 
méthode  &  les  remedes  pour  le  penfer. 

Celfe  Prince  des  Médecins  Latins,  félon 
qu'il  eft  bref  &  fentencieux  à  l’imitation 
d’Hippocrate  ,  des  belles fentences  duquel 
il  a  embelly  prefque  tous  les  chapitres  de" 
fes  eferits,  eft  tref-bref  à  deferire  la  cure  de 
telle  maladie.  Et  neantmoins  il  adioufte 
quelques  cautions  fur  la  faignée,&  obferue 
foigneufement  les  momens  des  temps  aux¬ 
quels  les  remedes  fe  doiuent  adminiftrer: 
choififfant  pour  tirer  du  fang  Sç  purger  a- 
uec  hellebore  noir,  lés  heures  mefmes  des 
paroxy  fines,  confeillant  auflîde  garder  fort 
foigneufement  âpres  l’affaut  le  régime  de 
viure  conuehable  qu’il  preferit.  Que  II  le 
mal  ne  cede  à  tels  remedes,  il  eft  d’aduis 
qu’on  recourre  à  l’hellebore  blanc ,  pour 
s’en  feruir  trois  ou  quatre  fois  fans  interpo- 
fitiô  de  beaucoup  de  iours ,  en  forte routes- 
fois  (adioufte-il)  que  jamais  il  n’en  reprene 
finon  quand  il  fera  rencheu,  finalement  en 
la  continuation  du  mal  il  commande  de 
s  oindre  de  vieil  huile  non  feulement  le 
ventre,  mais  le  corps entier,  de  l’agiter  par 
plufieurs  exercices ,  8c  frotter  par  longs 
frottemens  horfmis  la  refte  &  le  ventre. 
Enapresle  purgation  eftantreiterée  parles 


$8 <*  ces  maladies  ' 

-médicaments  fiufdits,il  ordonne  qu’on  oi¬ 
gne  la  telle  rafée  d’vn  liniment  compofé 
d’huile  yicily  de  nitre  8c  d'vn  peu  de  vinai¬ 
gre:  par  dedans  on  prendra  du'  caftoreum. 
En  fin  il  vient  aux  reuulfions  &  deriuations 
qu’il  effectue  en  tirant  du  fang  par  fauatel. 
les  &  applications  dé  ventoufes  y  adJou- 
•Ttant  encores  pour  extrême  fecours  le  fer 
dont  il  fait  incifion,  &  les  cauteresardens 
dont  il  brufle  le  derrière  de  la  tefte,afin(dit 
il)  que  l’humeur  pernicieufe  vienne  à  s’ef- 
coviler  par  là.  Que  fi  l’vfage  &  effay  de  tous 
lefidits  remedes  ne  furmonte  le  mal ,  il  dit 
qu'il  eft înüi'ncibie  8c  incurable. 

Scribonius  Largus  en-ffon  liurc  dés  com- 
pofitions  medecinales ,  ctep'.  z.  nous  prbi 
pôfie  fis  réPâëdes  ou  obferuations  Eihpirb 
ques.  Le  premier  dvud  dèr-t  ai  ne-herbe  que 
les  Grec*  -à  Ton  dire  nô'tâent  ota vvfo&rï'ôcies 
Laian0jdnMle5qu’auarft  toute  autre  viande 
iî  êhibintâumaladedemàrtgereftaRt  ènco  - 
res  iomëMérÇey  8c  ce  depuis  le  premieriuf- 
q fïbfm e  iour  delà  Lune.  îfcàdmèt 
aufïï-fe&ît&iee  de  chearèaoipri'nfeîdaTsi’efi- 
pace-de44e#piours,IPSÆefficulesdeîcr)3Co- 
dilêe/dëdivfiïgede  l’o^ymdlj  Enlaquara»- 
cdmpofitâondu  mefmediure, 
ilr  me^^%dant  eertl«recnet  IVneæfatç©* 
ne  de 'Gpvaf,  dont  ilfedjt  auoir  vetc  de  mer- 
ueill eux  efffeéfcs  en  diuerfès  curesr-  maÜSià 
vray  dirêe’eft  vn  remede  de  femme  fentant 
pluftoifedà; boutique  de  magie  qiiedem^» 


DV  C  E  R  V  E  A  V.  187 

decine,  veu  q&’énle  comppfaht  on  obfètue 
cecy ,  à  fçattoir  que  le 'miel  A  trique  foie 
meflee  auée  la  raclure  d’y  noire  8c  (ce  qui  eft 
comme  la-  bâfe  8c  fondement  du  fec-ret) 
quon  y  adioufte du fang de  tortue  8c  de pi- 

feon  j  à  condition  toutefois  que  pour  les 
ommes  malades  on  tire  approprie  du 
fang  des  animaux  malles,  &  pour  les  fem- 
mesjdes  femelles,  lequel  fang  ne  fe  doit  ex¬ 
traire  de  tour  endroit  dès  animaux,  attendri 
que  le remede  n’auroit-aucune  vertu  ny  ef¬ 
ficace  s’il  n’eftoit  tirédu  col  de  l’vn,'&  dès 
veines  dei’autre  animal  fîtuéi  fdùs  lés  aides 
auec  vn  dçrapointü,  faitdë  cetiUré pôiifcet 
effect,  &jfcon°ferroit  d^gardôlt:ieditvemo- 
de  en  autrèiHoi&e  quede4>uï£;tDr  l’ordre 
qu’il  faur/tenir  en  administrant  ceremede 
qui  fe  prend lefpace  de  trertt e  iour-s  conti¬ 
nuels,  commençant  audecoursd’e  laLUne? 
8c  en  obferuant  la  quantité -de  ladôfe,  eft 
tel  qu’il  s' enfu it :  qu’ o n  en  d  ©nn e  t'r ors  Cuil¬ 
lerées  at  la premiete  foisycinqàla  fé  condé, 
puis  on  viendra  à  fepr|poun  ia-  troi^èfméi 
à  neuf  p  enrôla  quatriefitvepSc  finalement-  o'fï 
paruiendra  iufiqu’à  vnreTans  paS&r  plus  ou¬ 
tre,  puisretdurnant  fekmTordre  &  proce¬ 
dure  qu’on  a  tenue, -faudra  premièrement 
defeendre  à  neuf,  ptris:à  fept,à  cinq,  à  trois, 
&repeter  en'apreslemelmëordre  que  def- 
fus,  en  montant,  defeendant  tant  qu’on  foie 
paruenilaai.Ærëntiefme  rôtir.:  Tout  cela  rùe& 
que  puresillufions  &  tromperies  qui  occü- 


lS8  6  JS  -  'MAI  AD  I  E  S 

pem  le  lieu  de  quelque  remede  ytile  &  fa* 
Iutaire,  parquoy  ie  fuis  eftonné  comment 
ces  vieux  Autheurs  ont  raifonné  fi  imperti- 
nenment  &  rédigé  par  efcrït  des  chofesfi 
friuoles  &  ridicules  fans  nulle  confidera- 

tion.  Çe  qui  toutefois  eftmuny  &recpm? 
mandé  du  tiltre  .d’ancienneté.  Quant  i 
Mafceîlus  3  il  eft  aflez  euidenrque  fon  liure 
cft  entièrement  compilé  de  remedes  empi* 
riques,  à  raifon  dequoy  on  la  furnommé 
Empirique,&  coufu  de  toutes  les  expérien¬ 
ces  de  tous  Autheurs,  comnifcde  Galien lis 
ure  des  partiel  mal;difpofées,d.’ Ar  chigenes, 
Apollonius,  îdelâclite  Tarenrin>&  d'autres 
que  Galien  allégué  ,  comme  aulîi  des  Mé¬ 
decins  Latins ,  ài^auoir  dePline,  Apulée, 
Celfe,  Apollinaire,  Defignatian,  ou  mefme 
de .  Silurius,  Eutcopiüs  &  d’Aufoné  parent 
de  ce  grand  Poëte  Hermétique  qui  auoit 
feulement  vefeu  quelques  années  auparaà 
uant ,  lequel  Marceîlus  nupoint  tu  hoiite 
dçiCon.fefîèr  en  fon  liure  d’experiences  qu’il 
aù-ek  beaucoup  apprins  delà  populace,  ou 
meftnes  des  femmes,  ny  aufE  d’.enrremcfler 
en  fondit  liure  descharaélerès  profanes ,  & 
paroles  d’enchancemens  qu’il  a  tirées  du 
Paganifme  quoy  qu’il  fuft  Chreftien.  Ou 
femblablement:  aûprsmierehapitreide  fon 
liure  il  a  >exp©fé.  en  paffant*  i!c  comme  pai 
maniéré-  d’acquit; tne  feuler ecepte  contre 
la  maladie  dontek  queftion,  laquelle  rece- 
pte  n'cû  pas  digne  d’eftre  récitée,  nymif"e 


DV  CERVEAV.  189 

par  efcric.  Nous  n’auons  cité  l’authorité  de 
cec  autheur  àautrefînqüepourmonftrerà 
quelques  vns  qu’à  tort  ils  defcrierit  &  blaf- 
raent  certains  formulaires  de  remedes  qu  o 
pratique  aujourd’huy,  lefqucls  toutefois 
Font  rares  &finguliers,  &  fe  trouuent  def- 
crits  és  liures  de  Paracelfe  :  Par  la  auffi  nous 
leur  faifons  veoir  qu’à  l'imitation  des  Phà- 
,rifiens  qui  ne  cognoiflans  pas  leur  aueugle- 
ment  vouloient  ofter  le  reftu  de  l’œil  des 
autres,ils  condamnent  &  mettent  indigne- 
ment  lefdits  remedes  ,  veu  qu’ils  valent 
beaücoup  mieux,  8c  font  beaucoup  plus  ex-  ***  v«r*- 
cellens  que  les  refueries  &  faliaces  des  An-ce/-f*‘ 
ciéns.Car  il  n’y  a  perfonhe  douée  de  raifon, 
hy  aucun  Ci  àueugle  8c  loufche  qui  ayant  tât 
foit  peu  mis  le  nez  dans  la  grande  8c  petite 
Chirurgie  de  Paracelfe,o fe  auec  raifon  nier 
qu’il  ayt  luy  feul  de  beaucoup  Furpaiîe  & 
deuancé  tous  les  autres  quant  aux  prépara¬ 
tions  mefme s  des  medicamehs  vulgaires  8c 
externes,  tels  que  font  les  huiles balfarin^ . 
que$,les  vnguents  cerats,  emplaftres  &  au-  ' 
très  de  tel  genre.  -  - 

Mais  fi  nous  confîderons  les  remedes  in¬ 
ternes  qu’il  a  employez  8c  prins  d’entre  les 
minéraux,  il  faut  certes  aduoüer  que  pour 
l‘exa&e  &  feure  préparation  &  adminiftra- 
«ion  d*iceux,il  mérite  à  tref-bondroi&Ie 
fouuerain  degré  d’honneur  entre  les  Mede- 
cins  Ôc  Philosophes.  Car  iaçoit  que  l’Anti¬ 
quité  en  ait  pratiqué  Ôc  mis  en  yfage  quel- 


Ï5>0  DES  MALADIES 

ques  vns ,  comme  nousauons.4efia  remar¬ 
qué  en  la  cure  de  celle  maladie, nean'tmoins 
elle  n’a  eu  cognoiflanee  de  plufieurs  autres 
grands  &  exceliens  remedes,  qu’on  extrait 
au|ourd’huy  du  vif  argent,  rouiphre,  anti¬ 
moine ,  vitriol,  &  d’autres  matières  fem- 
bïables  :  l’vfage  defquels,  quoy  qu’interdit 
par  les  ignorans,  comme  de  medicamens 
vcneneux,malings  8c  mortels, fe  recognoift 
„  aujourd’huy  par  expérience  tref-vtile  & 
ExeeUeee  poct  faiutaire  pourueu  qu’ils  foient  deuër 
des  Chy.  ment  preparez^-attendu  que  les  maladies 
miques  mefmes  les  plus  obftinées  &  enracinées 
font  domtécs  &  vaincues  par  iceux  ,  les¬ 
quels  autrement  fë  mocquent  desremgddf 
prins  des  végétaux  comme  trop  foibles,j&' 
y  reüftent  petulammçnt.  Mais  certes  ,  ce 
n’eft  pas  fans  le  deshonneur  &  ignominie 
de  la  Médecine,  ou  pluftoft  des  Médecins 
qu’on  voit  en  Italie,  Allemagne,,  France - 
autres  Royaumes  &  Prouinççs,  voire  eixdir 
merfes  Academies  ornées  &3ionoréesd’yni  t 
grand  nombre  de  célébrés  Médecins,  plu¬ 
fieurs  Empiriques,  qui  n’ayanSmefmesaur 
cune  intelligence- des  lettres,  toutefois  par 
leurs  remedes  folutifs  faits  de  mercure  & 
-d’antimoine,  comme  aufii  par  leur  Laudar 
nüm  &  autres  tels  ingrediens,  tant  metailb 
.quesquevegetatifs,tellemenrqUÊllernent, 

&  allez  mal  préparez ,  ilsme^lai&ntàl^* 
porter  plus  d’allegement  '&  f9qlagemetit^ 
toutes  maladies  ^nefmçs  çontagieufçs^1 


DV  C  S  &7fAYi 

fort  grieues,  &  aux  pius  poignant  es  dou¬ 
leurs  ,  auec  vnc  petite  dofe  de  leurs  doux 
médicaments  que  ne  fontpluiieurs  Méde¬ 
cins,  d'entre  œux  mefnies  qui  font  en  gran¬ 
de  réputation,  par  le  moyen. de;  leurs  emri 
plaftres  de  Iean  Vigo,&~par  leurs  remedes 
mercuriaux,  anodyns,  lenitiFs  &  narcoti¬ 
ques.  A  raifon  dequoy  iceux  Empiriques 
par  leur  expérience  fi  certaine  8c  falutaire* 
accompagnée  d’effeCts  fi  puiflans  deüan-? 
cent,  &  par  leur  crédit  8c  introduction  ban- 
nilfent  des  nobles  familles  tels  DoCteurs 
Médecins-  qui  les  furpaffent  de  beaucoup 
en  doCtrine  8c  fçauoir.  Combien  cela  eff 
ignominieux  ,  il  m’ennuie  de  le  monftrer 
plus  amplement  ,  car  ces  DoCteurs  Mede-  Gateni- 
cins  nes’en  efmeuuent  nullement,  mais.afin  fies  ne  sef 
qu’ils  ne  femblent  ignorer  rien,  Ccpouuoir  lotzn“fa- 
apprendre  quelque  chofe  de  nouueau,ils 
aiment  mieux  mourir  en  leur  vieille  peau  anrlinnt, 
( comme  ils  difent)  qu’à  l’imitation  du  fer- 
pent  bien  aduifé,  la  quitter  pour  en  pren¬ 
dre  vne  nouuelle,  de  peur  qu'ils  ne  foient 
reputez  difcipïes  de  ceux,  fur.  lefquels  ils 
s’attribuent  le.pouuoir  d’enfeigner .  Et  ain- 
fi  leur  orgueil  &  arrogance  font  que  les 
dodes  propos,  l’eloquenceplaufible  fuiete 
aux  autres  effeCts  devenais  d’operations,ne 
peut  rien  effectuer,  ains  eft  contrainte  d’y 
£eder  honteufement,  car  ny  la  langue  He- 
braique,ny  la  Grecque,  ny  la  Latine,ny  au- 
cune.autre  éloquence  ne  peut  remedier  aux 


iyi  DES  MALADIES 

maladies ,  mais  bien  la  cognoiffance  de  la 
lumière  naturelle, &  l’experience  &feure 
adminiftration  des  chofes  qu’elle  a  produi¬ 
tes.  Il  ne  fera  par  aduanture  mal  à  propos 
de  reeiter  en  ce  lieu  que  ie  fus  il  y  a  quelque  j 
temps  appelle  par  vn  certain  perfonnage 
vaillant  &c  très  dode,  pour  dire  mon  aduis 
fur  vue  melancholie  hypocondriaque  qui 
le  tourmentoit  :  Quand  ie  luy  eu  expofé 
tous  lesaremedes  communs  des  Médecins 
qui  fe  prenènt  és  boutiques  des  Apoticai- 
res  pour  remédier  à  ce  nîal,il  fe  difoit  en a- 
uoir  efté  remply  d’vue  fi  grande  quantité 
qu’il  mettroit  bas  toute  efperarice  de  gue-^ 
riforiyfi  derechef  il  luy  falloitfuiureladite 
méthode  qut  fon  eftomach  ne  pouuoitfup- 
pôrter,  ains  lareiettoit  êc  auoit  en  horreur, 
d’abondant  if  difoit  qu’il  s’eûoit  pareille^ 
ment  fëruy  des  remedes  d’vn  certain  Empi¬ 
rique  ,  dont  il  faifoit  grand  eftime,&  fur 
tout  d’vn  certain  médicament  laxatif  de 
nuilefaueur,lequel  eftant  prins  mefmes  en 
fort  petite  quantité,  purgebit  fi  excellem¬ 
ment  &  auec  fi  peu  de  difficulté ,  qu’il  itJ 
preferoit  à  tous  autres  remedes,  l’ayat  fou- 
uenrefois  expérimenté  depuis  quelques 
années,  il  me  monftramiflLlabafeoufon^ 
demènt  de  ce  remede  purgatif  (qui  eftoit 
yne  poudre  fort  blanche,  &  fans  aucune  fa- 
ueur)  &  demanda  mon  aduis  fur  iceluy,non 
à  intention  de  le  rendre  meilleur,mais  pour 
entendre  ce  qu’il  m’en  fern  bl  o  it,  &  fonder  fî 


î>  V  CIRVÉAV. 

i’en  aüois  cognoiflance  ou  non;  Quand  i’eu. 
recognu  la  matiere(ceque  pouuoit  faire  le 
moindre  apprentif  de  l’ârr  fpagirique)  pouf 
facisfaire  à  fa  queftion  &  demande,  ie  fis 
refponfe  que  ie  n’improuuois  ny  approu- 
uois  le  fufdit  remede,  qu’iln’eftoicàreiét- 
ter,  pource  que  i’ eftois  bien  afîeuré  que  tel¬ 
le  matière  &  fuje&  pduüoic  feruiràcom- 
pofer  des  remedes  purgatifs  d’excellente  & 
admirable  vertu,  &  qui  eftans  pratiquez  & 
mis  en  vfage  par  vn  fcauant  Médecin  bien 
verfé  eh  cet  art ,  emporteroit  le  prix  fut 
tous  autres*  Qu’auffi  ne  l’approuuois-je 
pas,  d’autant  qu'il  prouenoit  d’vn  Empiri-  ct1& 

que  ;  lequel  par  aduanture  n’eftoit  aifez  ex-  .Ap¬ 
pert  en  ceftuy  art,  &  à  qui  comme  auffi  à  fes 
iemblables,  il  eftoit  défendu  par  toutes 
bonnes  loix  d’exercer  &  pratiquer  la  méde¬ 
cine,  veu  qu’ils  ne  peuuent  rendre  raifon  de 
leurs  a£tions,mâis  entreprenent  toüt  àl’ad- 
uantuie  &  fans  certaine  feiende,  Sc  s’il  e£* 
cher  -  que  quelques  autres  plus  Doutes 
qu’eux,leur  ayent  enfeignévn  remede  con- 
uenant  à  quelque  maladie,  ils  l’ofent  bien 
approprierf  à  toutes  indifféremmét  en  quoy 
paroiiï:  vn  grand  erreur  8c  foibleiTe  de  iuge- 
ment,  car  la  méthode  de  guarir  les  mala¬ 
dies  ,  la  nature  8c  propriétés  des  medica- 
mens,  &  la  maniéré  de  les  parfai&emént  ÔC  , 

&deuëment  préparer  leur  eft  du  toutinco- 
gneuë,  &  mefmes  la  plufpart  de  telles  gens 
n’ont  aucunes  lettres:  Ceftpoutquoy  il  ne 
N 


154  DES  MALADIES 

faut  pas  fe  beaucoup  fier  à  leurs  remedes  j 
comme  s’ils  eiloient  certains  8c  alfeurez, 
mais  leur  préparation  nous  doit  eftre  fufpe- 
cfce-,  comme  àinfi  foit  qu'ils  n’ont  aucune 
cqgnoiflànce  duveninqui  gift  fecrétement 
rdansle  médicament,  ous’il  leur  eft  fiotoire, 
its  ignorent  le  moyen  de  le  corriger ,  ou 
pluftoft  de  l’en  feparer  8c  retrancher  :  lef- 
quelles  operations  8c  adminiftrations  font 
le  fait  des  fçauans  Médecins  bien  verfez  en 
l’art,par  qui  feuls  elles  fuccederont  heureu¬ 
sement  .Mais  ma  refponfe  ne  demeura  pas 
fans  exception,  tant  il  eftoit  addonné  à  fou- 
ftenir  &  defédre  fon  Empirique,  m’obie&at 
suffi  que  jadis  les  Empiriques  n’auoient  efté 
moins  fameux  8c  renommez  parmy  les  An¬ 
ciens  que  les  Méthodiques  &  Dogmati¬ 
ques  :  alléguant  Theffale  pour  exemple, 
contre  lequel  (s’il  euft  manqué  de  renom) 
Galien  ne  fe  fuft  fi  aigrement  ny  furieufe- 
ment  cfieué  par  fes  eferits.  Il  adioufta  en 
outre,  pour  preuue  de  fes  raifons  ce  que 
Celle.  Prince  des  Médecins  Latins  eferit  en 
la  préfacé  de  fon  çetiure  de  Medeciné:  où 
il  faifoit  paroiftre  que  Celfe  luy  auoit  efté 
bien  familier,  &  qu’ilauoit  foigneufement 
feuillette,  voire  imprimé  en  fa  mémoire  les 
efçritS;  d’iceluy  ,  veu  que  fans  faillir  il.enre*- 
çitoit.non  des  fentences  entières,  mais  des 
pages  toutes  au  long.  Encor  es  difoit-il,  d’a¬ 
bondant  :  vos  Médecins  reflemblent  à  nos 
îurifconfultes  ou  Aduocats  qui'fçauent 


DV  CERVEAVt  195 

bien  toutes  les  loix  &:  les  enfeignent  aux 
autres  ,  mais  quand  il  faut  confuiter  fur  le 
fait  de  quelque  plaideur  ,  ils  hefîtent  8c  do¬ 
tent  dans  l’incertitude  ne  fçachans  par  où  \ 
commencer  ny  finir.  Que  s'ils  eftoient con- 
traincfsùl’entrer  en  chairepour  y  defendre 
quelque  procez,  onlestrouueroitfiappre- 
tifs  8c  rudes  qu’ils  inciteroient  à  rire  les  lu¬ 
ges  &  tous  les  auditeurs,  quand  mefmes  ils 
auroient  efté  leurs  difciples.  Auflinefortil 
deleur  efchole  des  difciples  fi  parfatisqu’iis 
payent  encores  befoin  d’eftre  nouuelle- 
ment  in ftruits,  mefmes  par  quelqueProcu- 
reur  vulgaire,  lequel  quoy  qu’ignorant  du 
tout  les  loix,  en  fçait  toutesfois  beaucoup 
mieux  l’vfage  8c  pratique  que  tels  Do¬ 
cteurs,  ce  qui  eft  le  chef  8c  principal  nœud, 
de  la  matière.  Ainfi  voit  on  aujourd’huy  Dogmn* 
pîufieurs  jeunes  Médecins, ^célébrés  Do-  tiquesdif* 
Cteurs,  qui  en  chaire  difcourent  elegam-  C0UT^tma  * 
ment  de  toutes  les  parties  de.Medeeine,  8c 
principalement  des chofes qui concerént la  matierede 
diagnoftique  &  therapeutique,  voire  l  vfa-  Medesine 
ge  des  parties  ou  l’anatomique.  SiDiofco 
ride  &Theophrafte  les  oy oient  parler,  foit 
de  la  nature,  foit  de  la  forme,  proprietez  8c 
vertus  tant  des  fimples  que  des  animaux, 
ilsleursbailleroienr  lâmain,*&feébnfe^^e- 
roieht  vaincus  par  iceux.  Mefué  mefme  8c 
Nicolas  ne  font  pas  leurs  femblablesquant 
à  la-  compofition  des  antidotes  &r  aufres  re- 
medes3  comme  auûl  à  donner  les  reigles  .  -  ' 
N  ij 


15)6  DIS  MALADES 

pour  les,  faire,  tant  iis  font  de  magnifiques 
promeifes  en  chaire,  &  ce  auecvne  conte¬ 
nance  fourcilleufe.  Mais  fi  onles  appelle 
pour  donner  confeil  à  quelque  malàde,& le 
deliurer  d’vne  fiéure  continue  ,  ou  bien 
pour  ofter  vne  pleurefie,dyfenterie,hydro- 
Leurftu-  pifie,  epilepfie,  ou  quelque  autre  maladie 
fidité  en  grieue,foit  aiguë,foit  ehronique,bon  Dieu 
U  praù  -  combien  font  ils  eftonhez ,  encores  qu'én 
taftant  le  poulx,&  contemplant  l’vrine  ils 
femblent  eftre  merueilleufement  indu- 
ftrieux  &  affeurez  en  l'art,  dilfimulans.  tant 
qu’ils  peuuent  leur'eftonnement,  S’il  eft 
neceflaire  d’ordonner  vn  régime  de  viure 
au  malade,  il  faut  qu’ils  apprenent  leur  le¬ 
çon  de  quelque  vieille  qui  ait  accouftumé 
d’afilfter  &  feruir  le  malade,  s’il  eonuient 
enfeigner  au  patient  le  formulaire  d’ vn  me- 
dicament ,  ils  apprendront  la  maniéré  de 
l’expofer,  8c  ce  qui  fera  befoin  de  faire,  de 
quelque  Apotichaire  mieuxverfé  qu’eux  en 
cet  art,  ou  pour  le  moins  ils  le  prendront 
pour  correcteur  de  leurs  receptes.  En  fin 
.  tels  nouueaux  DoCteurs  ont  encores  befoin 
d’vn  n  ouueau  maiftre  ou  Précepteur  en  la 
pratique^ne  plus  ne  moins  que  l’inftruCtion 
des  Procureurs  (qu’on  appelle)  eft  necef- 
faire  aux  ieunes  &  nouueaux  Aduocats, 
Ze  Medi»  comme  nous  auons  dit  cy  deftiis.Parqnoy  il 

ùn  *  yous  eft  notoire  combien  grand  cas  on  doit 

W  ^aire  —  Wage  &  expérience,  ôc  combien 
JA xferie.  eft.  requis  tant  en  noftre  pf  ofelfion 


©V  CERVEAV.  197 

qu’en  la  voitre.  Car  àinfi  que  le  mefme 
Celfe  adioufte  au  mefme  chapitre,  il  cfl  cer¬ 
tain  que  U  méthode  & façon' de  remédier,  ne  pro¬ 
fite  d’auaniage  que  Inexpérience. 

Beaucoup  d’autres  arts  n  ont  befoin  d’v-  Lgs  ms 
ne  fi  abftrufe  &  fecrete  recherche  de  leurs 
caufes,  entant  qu’elles  ne  fontfiincertai-  wmtÂf- 
uesnycant  imper  ceptibles,mais  ont  de  cer-  firsnts... 
tains  fondemens  pour  appuy  qui  paroiffent 
mefme  à  veuc  d’œil,  &c  fur  quoy  ils  baftif- 
•fent  auec  fermeté  &  âffeurance,  c’eft  à  dire 
fur  des  caufes  que  l’experiençe&demon^- 
fixation  nous  rend  certaines.  Car  ny  le  la¬ 
bourage,  ny  la  nauigation  ne  requiert  vné 
profonde  méditation  d’efprit,  &  ceux  qui* 
s’y  addonnent  n’ont  befoin  d-’acquerirvne 
longue  habitude  de  fciences  &  difcipl ines/^»  »  ■ 
mais  d’vu  long  vfage  &c  exp erience  par  \&4  j4tf  f4Ttt 
quelle  ils:  deuiennent  grands  maifir es;  &: 
parqiennent  à  la  perfe&ion.  Quoy.  qu’il' 
en  foit,  en  voftre  medecine(difoir-il)  on  a 
fouüent  apperçeu  qu  vhe  mefme  chôfe  a- 
uoit  des  effe&s  contraires,  à  fçauoir  de  laf- 
cher  8c  referrer,  de  profiter  &  nuire,  foit  au 
régime  de  viure,foit  en  l’adminiftration  des** 
reme.desn  laquelle  contrariété  s’eft  pluftoft 
recôgneuë  par.  expérience,  que  parraifon. 

Les  hommes  diligens  (  dit  Celfe )  voyant  qu’il 
aduenoit  iournellenient  de  telles  &  fernh labiés  ex  - 
periences ,  qui  pour  laplufpart  auoient  vti meilleur 
fiiccez.,ilsles  ont  remarquées  :  puû  ont  commen¬ 
cé  do  les  ordonner  aux  malades.  Ainfi eft née  U 

'  N  üj 


IgsS  DES  MALADIES 

médecine  difctrnant  les  chofespemicieufes  efauec 
Its  [alut aires, par  la  font é  des  vns&Umort  des 
autres,  puis  les  remedes  efians  trouuez., les  hommes 
ont  commencé  à  diji  surir  de  leurs  formulaires  : 
parcjHoy  U  médecine  napas  eftéinuentêe  apres  la 
raijon ,  mais  apres  linuention  de  la  medecine,  on 
sejl  addorinè a  rechercher  laraifon.  Vous~voyez 
(dit-il)  que  ie  me  fers  des  raiforts  &àutho-, 
'  ritez  deCelfe,afin  de  monftreràvous  autres 
Do&eurs  Médecins  que  les  Empiriquesne 
font  tant  à  mefprifer  que  vous  dites,  8c 
principalement  ceux  qui  fe  difent  auoir 
puifé  de  refchdfe  de  Paracelfe ,  8c  de  fes  fe, 

.  dateurs,  plusieurs  belles  expériences  8c  ex* 
cellens  remedes  qui  tournent  au  grand 
profit,  commodité  &  fanté  des  malades ,  & 
qu’iceux  font  prendre  &  boire  au  defaut  8c 
degouft  des  vulgaires  dont  on  les  opprime 
ckaçun  iour.  Et  jaçoit  qu’ils  ne  fçaenent  n y 
puilfent  entretenir  leurs  malades  pardou, 
ces  paroles  8c  par  difeours bien  orné,  poly 
■  8c  dode:  comme  vous  faites,  ils  ne  laifiept 
toutes  fois  dé  les  contenter  ,  leur  ordon, 
nans  des  remedes  ôcvne  cure,  par  le  moyen 
dequoy  ils  font  deliurez  de  toutes  leurs  ma¬ 
ladies.  langôureu  fes  que  vous; tenez  pour 
incurables:  auffi  vous objederont ils aüee 
Celfe  c/ue  l'efprit  &  eloquencepenuent  vaincre, 
maü-tjue  les  maladies  fe  guarijjent  non  par  élo¬ 
quence  aim  par  remedes .  A  c es  propos  &  rat¬ 
ions  fi  plaufibles,armées  de  l’authorité  d’vn 
tel  &  fi  grand  perfpnnage  qu’eft  noftre  Çel- 


D  V  C  E  R.  V  E  AT V  I9'9 

fe,  ie  fuflc  demeuré  muet  fli’eufFe|msen 
oübly  ce  que  i’aifois  autrësfois  leu  dans 
iceluyi  &  foignetifement  obferuc  en  ladite 
préfacé  :  pourtant  luy  réfpondis-je,  qu’il 
enténdoit  &  appliquoit  mal  les  paroles  de 
Celle,  non  pour  auoir  tronqué,  retranché 
ou  corrompu-  quelque  chofe,  riy  de  fes  pa¬ 
roles  ,  ny  de  fon  fentiment,  mais  d’âutarît 
qu’il  auoit  palTé  Fous  lilence  la  conelufion 
que  Celfe  mefme  inferoit  :  lequel  apres  ces 
rparoles  y  rien  ne  fert  d’auantaçe  a  la  cure  que 
r expérience,  adioufte  en  fuit  e  (ce  qu’il  audit 
fupprimé  )  Combien  donc  qu'il  y  ait'  plufours 
chojes  qui  n’appartiennent  proprement  aux  mef- 
rnés  arts  :  ioUtesfou elles  Uürsferuent en  excitant 
d’ejprit'de  iouurier.  Parquoy  bichqUécefîecàn- 
templaiion  de  nature  ne  rende pas  le  Médecin  plus 
capable,  neantmoins  elle  profite  a  la  midecinêi  & 
tlefi  y  ray  ftmblable  que  Htppo  erate,ErœfïJïrdte, 
&tous  les  autres  qui  non  eontens  dé  méditer  fur  les 
fiéures  &  léspl-ayés, ont  aüffvëh-qïtetquê partie  re  - 
cherché  lanature  des  ehôfeSynonïéftfMe^decitisù 
cet  egard ,  mai/ plue  grands  Médecins,  ©r  fa 
tnedecine  a  befoin  de  raifon,  non  és  caufes  obfcures 
ny  ês  aclions  naturellesi  mais  fouiientefois  ailleurs. 

On  peut  Audi  veoir  fur  la  fin  de  là  mefme 
préfacé,  qu’il  a  eu  en  plus  grande  eftime  les 
Médecins  Rationels  6c  Dogmatiques  que 
les  Empiri^iies  :  car  céüx-la  coniïderënt  ëc 
'voyent-plufieurs  chofesimais  CeuxCÿpre- 
ment  feulernent  gaf dè  aux  plus  faciles ,  ne 
'plus"  ife!lmoihrquVùx  vulgaires  6c  cômûhs. 

N  iiij 


fPou,r  preuue  &  confirmation  dequoy 
il  cite  l’authorité  d’Hippocrate,  lequel  dit 
qu'il  fapt remédier  ayant  efgard  tant  aux  chofes 
communes  qu'aux  propres  &  particulières.  Âpres 
auoir  fuffifamment  confirmé  les  raifons 
fufdites,  il  cqnclud  en  fin  tout  ce  propos  8c 
difeours  comme  il  s’enfuit.  Donques  pour 
retourner  a  mon  propos,  teflirne  que  Umedtciner 
doit  eftrerqtiqn elle  &  informée  des  caufès  cuidcn* 
tes, quant  aux  obfçures  il  les  faut  toutes  reïetter  non 
de  la  pensée  de  l  ouurier,  mais  de  l'art,  laçoit 
donques,  luy  dis-je,  que  vous  vous  feruiez 
de  l’aUthprité  de  Celfe,  fi  n’au'çz  vous  pour¬ 
tant  obtenu  entier  gain  de  eaüfe  :  mais  il 
vous  conuient  dire  auec  luy,  qu’on  doit  vé¬ 
ritablement  beaucoup  prifer  de  louer  les 
belles  expedences,fanslefquelles  on  ne  fait 
nui  cas  du  Médecin,  ôç  qu’au  reb  ours  ç’eft 
. .  mal  faitr  dmue&iuer  auec  tant  d’aigreur 
oMtsM/t  conrre  Empiriques, qui  deieursTongs 
■  voyages&deleurs  fréquentation  s& com¬ 

munications  auec  gens  do&es,  ont  rappor¬ 
té  &apprins  plufieurs  beaux  <Sç  admirables 
,fecrets  de  nature,  qu’vn  Médecin  fedentai- 
r  e  &  qui  vit.  entre  les  murailles  de  fa  maifon 
-deurqit  auoir  honte  d’ignorer,,  c’eft  chofe 
.iqique  de  condamner  ce  dont  on  n’a  nulle 
?çq^gUpii|ànce,  &  celuy  efttropduperb.e  qui 
.d^ftoutnulavqlonté  de  vouloirprpfiter?en 
mieux..  Quant  à  moy  ie  confiefTeingenUe- 
ment  quç  i’ay.  beaucqu^apprins; de  telles 
gçns^auiïi  promets-je  dé  demevirer  tqu& 


DV  CÎRVÎAV.  iOI 

jours  en  volonté  d’apprendre  quelqne  part 
où  ie  puilTe  eftre.  Pour  voftre  regard,  il  faut 
quevous  aduoüiéz  qu’vn  Médecin  Dogma¬ 
tique  &  rationel  tel  que  ie  fay  profeflion 
d’eftre,  pratiquera  beaucoup  mieux  &:  plus 
feurement,  voire  auec  plus  grand  fruiét  la 
mcdecine  qu  vn  Empiriqueignare,  l’igno¬ 
rance  duquel  eft  perpétuellement  accom¬ 
pagnée  d’iniquité ,  témérité,  orgueil  &  ca-  . 
lomnie.  Car  comme  dit  le  Comique  ?  Un  y 
a  rien  pim  inique  ny  plus  iniufie  que  l'homme 
ignorant:  d'autant  qu*  (on  opinion  il  ny  a  rien  de 
bien  fait  finance  que  luymefine  fait.  Mais  mon 
Antagonifte  ne  fe  tenant  encores  du  tout 
pour  bleffé  &  vaincu,  &  comme  il  eftoif  fur 
le  point  de  me  relancer  fes  dards,  ie  prins  fi¬ 
nalement  congé  de  luy,  &  reprins  le.  cours 
dont  en  faueur  ie  m’eftois  deftoui  né  ,  & 
pour  l’interruption  duqueii’ay  peu  fubirla 
reprehenfion  de  plufieurs,  mais  principale¬ 
ment  des  Médecins  Arabes  que  ie  retardois 
trop  long-temps,  ne  -leur  départant  afTez.à 
temps  l’Honneur  quileur  appartient  egale¬ 
ment  aux  louanges  de  tous  autres.  Mais  ie 
les  ay  exprez  remis  en  ce  dernier  rang,  à 
çaufe  que  fur  tous  lés  Anciens  ils  ont  pres¬ 
crit  vne  méthode  de  guar  jr  les  maladies  fl 
facile  quelle  s’accorde  auec  la  noftre  d’au- 
jourd’huy ,  6c  en  approche  de  fort  près. 
Car  les  remedes  que  les  autres  ont  defcrits 
.pefle  melîe,  font  par  eux  difpofez  félon  vn 
prdre  fi  facile  queles  jeunes  Médecins  nef- 


201  DES  MAI  A DI  ES 

perans  aucun  fruid  ou  vtilitc  des  autres,  eny 
reçoiuent  vn  grand  profit  &  auancement^ 
en  l’art,  c’eft  à  dire,  tant  en  la  pratique 
qu'en  la  théorie. 


Ch  af.  X  V. 

OÙ  pd-r  les’.e faits  de.  Mefué  il  efî  monfîré  de 
quelle  méthode  les  jérabês  fi  font  fer  m  en 
ld  cure  de  L* Epilepfiet 

r  voicy  en  combien  grand  nombre 
Vjf  Tont  lefdits  Arabes,  qui  pour  lapluf- 
p  art  ont  efté  Roy  s.  Princes,  &  Philofôphes 
Hermétiques ,  lefquels  à  cefte  caufe  défi¬ 
rent  affêdüeufement  que  ie  les  mette  au 
rang  de  ceux  qui  parleur  autho tiré  font 
pfefts  de-defendrcj  &  confirmer  mon  opi¬ 
nion,  voire  de  l’amplifier  8c  enrichir,  me 
côtraignas  à  ce  faire  commepar  force.  Audi 
lesreçôryq  é,  embra{re,&  refpede  volôtie'rs 
commedr-ëf-chers  ,8c  vénérables  pères, 
moyennant  que  par'  quelques  remedes  ils 
me  fortifient  contre  les  morfures  veneneu- 
fes  des  Momes&  enuiéux  que  ie  preuoy  de¬ 
voir  prendre  de  -la  occafion  de  s’efleuer 
contre1  moy  &  dé  me  blafmcr,  pour  autant 
que  fe  m’oie  Isouiirir  des  boucliers  de  plti- 
''fieurs  d’entre  eux' queue  confefle  m’auoir 
êfté  incongneus  iufqués  àprefent.  En  voi- 
cy  lé  catalogue  tüïu  pâr'hô’us  félon  l’ordre 


D  V  CERVEAU  'laj 

de  l’alphabet:  Aboaly,Achme  filsd’Abra- 
ham  en  Ton  liure  intitulé  Viaticum  peregri-  Orties. 
nantium ,  c'eft  à  dire,  prouifîon  de  ceux:  qui 
voyagent  ,  Agazo,  Allai,  Albumazar ,  Al- 
buerjAmuramAuincenne^uerroësjAuen- 
zoar,Ebezenzar,  Elabin,  Hunain  Hamech 
fils  de  Zachar,Hara  fils  de  Hamech.Elenge- 
zar,  Haly  abbé ,  Haly  fils  de  l’abbé,  Ifaac 
abenamaran.  Mefué,  Raby,  Razis,  Sabot 
fils  de  Zuzer,  Serapion  Roy  de  Medoraft,. 
le  fils  de  Serapion,  XirafiRoy  de  Med.  Ze-  , 

zar:  Il  y  en  a  eu  plufieurs  autres,  tous  certes 
grand  renom,  que  nous  auons  dénombrez 
&  difpofez  par  ordre  alphabetique  fans 
confideration  des  temps  &  aages  d’vn  cha¬ 
cun,  &  ce  afin  feulement  d’en  honor  er  ce- 
ftuy  noftre  traité ,  non  de  le  remplir  d’vne 
grande  lifte  de  leu'rs  receptes.  D’entre  tous, 
ceux  cy  feuls. viendront  ànoftrefecours,  à 
fçauoir  Rafis ,  Auincenne  ,  &  principale^ 
ment  Mefué:  Car  iceluy  ayant  efté  prefque 
.le  dernier  de  tous  en  aage,&  les  ayant  pref¬ 
que:  tous  veu  de  fes-yeux  ,  il  nous  fuffira 
pour  tous,  comme  celuy  qui  les  citant  en 
fes  commentaires  a  par  maniéré  de  dire  tiré 
la  quinte  eflenee  de  leur  doctrine,  &  prin¬ 
cipalement  de  leurs  remedes  qu’il  a  choifis 
au  ec  beaucoup  de  foin  pour  ofter  non  feu¬ 
lement  la  maladie  dont  il  eft  maintenant 
queftion,  mais  toutes  autres.  Or  ledit  Me¬ 
fué  parle  de  ceftuy  mala  de  fà  cure,  au 
liuré  qu’il  a  fait  touchant  les  maladies  du 


104  -DES  MAL  AD  t!  S 

Methci»  ceruc3LU> au  cliapitrê  de  Tepi1  cpfie,  où  il  cf. 
*u< fuit  Crit  q^'en  la  cure  d'icelle,nous  deuons  npu$ 
Mefut  et*  propofer  fix  intentions  &  indications  :  la 
if  ettrt  dt  première  defquellesilmetauboregimede 
l'-iftUpJt*.  viure,  oupour  parler  comme  luy,  il  fait  cô. 
i.muntio  regime  au  viure  qui  gift  en  ladmi- 

niftration  de  fix  chofes  non  naturelles  qu’il 
11  •  explique  affez  au  long.  La  fécondé  inten- 

-  don  difpofe  &  approprie  la  matière,. ceft 
adiré  la  .cuit  &  digéré,  afin  que  l’expuliîon 
en  foie  plus  facile  ,  ce  qui  s’effectue  par  le 
-moyen  de  la  fquille,  êc  des  remedes faits  de 
fadeco&ipn,  ou  de  yinaigre^ou  d’oxymel. 
y  adiouftânt  les  fyrops  d’hyffope,  d’acore, 
de  ftoecas,  d’origan  &:  d’autres  tels  ingre- 
III,  die  ns  dont  il  fe  compofe  des  ap.ozemes.  La 
troifefmeretranche  la  matière,  comme  il  ' 
parle,  c’eff  â,  dire  l’euacuë,  &  à  fon  dire  les 
euacuations,cIyiferes,fuppofitoircslegers, 
.ou  aigus  produifent  cet  effcët.  Pour  lëua- 
jfiuâdonjl  employé  principalement  ce  dont 
.les  Anciens.  £e^  predeceffeurs  tant  Grecs 
cqu  Arabes  auoientaccouftumédcfe  feruir: 
à  fçatioir  l’hiere-Diacolocynfhidos,  qu’il 
effimé  b  eàueoüpvmeûn e  contre  tous  maux 
dé  tefte,  ■  Il  en  4onne  la  defcription ,  ôc&c 
piufîeursautrespurgations  ftmblablevoù 
aneÇme  fans  aucune  préparation  &  corre- 
cHon,çntr  ent  l’eüphorbe,<5£  lesautres  efpe- 
ees  de  gom.meefcbauffantes  j  ja  fcammo- 
mé  e,lapierre.d’azur,  le  b  or  ax,l’hcUeb  or  c,la 
^©loquintke^.icjturbit  &  autres  tels  reœc* 


C  V  CÏRVEAY.  20| 

des  benings.  Entre  les  euacaations  il  ap- 
prouue  la  faignée  Faite  par  la  faphene  ,  la 
prouocationdesbemorrhoïdes,&desmen- 
ftruës  es  femmes.  La  quatriefme  intention 
met  le  regime,ainfi  qu’il  parle,  en  lacon- 
uerfion  du  refidu  aux  parties  diuerfes  &  op- 
pofées,ce  que  les  modernes  appellentre- 
uulfion  ou  deriuation  :  effets  qui  s'accom- 
pliflent  par  gargarifmes- ,  fternutatoires, 
mafticatoires,Yômiflemens,applicationsde 
ventoufes,  comme  auili  des  topiques  vefi- 
catoires  ôc  caüftiques,  ou  mefme  du  feu  a- 
étuel ,  par  ligatures ,  frottemens  ôc  autres 
telles  chofes..  La  cinquiefme  intention  y 
f  pour  me  feruir  de  fes  propres  mots)  recti¬ 
fie  le  membre  mandant  fi  aucun  y  en  a,  &  le 
cerueau.  Par  celte  façon  de  parler  autre¬ 
ment  fort  gcoflîere,  cri  comparaifon  del'e- 
legance  moderne,  il  entend  la  corrobora¬ 
tion  des  parties  ou  membres  expülfifs ,  &L. 
dont  la  maladie  prend  fa  première  fource» 
tel  que  font  l’eftomach ,  la  matrice  ou  tout 
autre  membre  d’ou  le  mal  fie  déduit  pre¬ 
mièrement.  La  fixiefme  intention  corrige  vr. 
&  amande  les  accidens  par  l’adminiftration 
des  remedes  propres  ^rcOnuena.bks,  qui  de 
leur  vertu  ôc  propriété  repriment  &  arre- 
ftentjôu  appaifent,ou  efteignentdutout  les 
paroxy  fines,  ou  pour  le  moins  empefchent 
qu’ils  ne  reuiennent  fi  fouuent.  Or  félon 
toutes  ces  intentions,  il  met  en  auant  plu¬ 
sieurs  formulaire?  des  remsdcs,  en  partie  de 


to6  D  ES  MAI  AD.  IE  S 

fon  intention  propre, en  partie  empruntez 
àeé  autres  autheurs,  comme  de  Democrite 
Hippocrate,  Diofcoridé,  Galien,  Tralliar^ 
Oribafe,  Ioannique,  Mathema ,  Araffi,  Se- 
rap.  &  autres.  Si  vous  defirez  ouyr  infinis: 
autres  formulaires  de  remedesdes  Arabes, 

mefmes  les  plus  célébrés, qui  duifent  àmef-  ' 
mes  intentions,  8c  font  prefque  mefme 
chofe  que  les  precedens ,  ou  leur  reflem- 
blent,  lifez  Haly  fils  de  l’abbé,  chap.  n. 
liure  5»  de  la  pratique.  Comme  aulïïRaze 
i.  comment,  chip,  del’epilepfie.  Auincen-, 
ne  fen.  i.  traité  t.  chap.  u.  Car  il  feroit  en¬ 
nuyeux  de  déduire  icy  parle  menu toutee 
qu’vn  chacun  d’iceux  produit  contre  cefte 
maladie ,  veu  mefmes  que  ce  font  remedes 
du  tout  femblables,  deferits  feulement  par 
vn  autre  ftil,  8c  comme  ja  noi»s  auons  dit, 
prefque  tpus  empruntez  des  Autheurs' 
Grecs  &  Latins.  Il  m’a  femblé  bon  d’en  e- 
ftaîer  feulement  quelques  vns  en  ce  tr  aité, 
pour  donner  à  eognoiftre  de  quels  remedes 
nos  Trifayeuls  fe  font  feruis  en  la  cure  des 
maladies, &  faire  veoir  quel  ordre  ils  ont 
fuiuy  en  l’adminiftration  d’iceiix,  ôc  quel 
©rnement ,  ou  mefmes  accroiiïement  y  ont 
adiouftétant  nosayeulx  que  nos  peres,  afin 
qu’on  ce  fie  finalement  de  s’efmerueillér,  ou 
mefmes  de  dire  (comme  plufieurs  croyent 
aujourd’huy)  que  c’eft  chofe  hors  de  toute 
creance  que  nous  qui  fommes  enfans  de  ces 
-  peres  iàipuifiions  contribuer  quelque  cho 


BV  CERVïAY.  Z07 

Ce,  Toit  à  l’efclaircilTemé  t,foit  à  Pembelilfe- 
ment  de  la  medecinet  Auflî  certes  ne  dou¬ 
tons  nous  point  qu’en  ce  mefrae  combat, 
no  fixe  pofterité  ne  vienne  à  nous  rauir  la 
.  victoire  par  la  grandeur  de  fes  faicts  ,  $c  fô 
gloire  d’vne  plus  grande  indulitie. 


Ch  a  p.  XVI. 

Méthode  des'  nome  aux  Tsogmàtiques  en  U 
cure  de  l’ Epdepfie,  où  eji  contenue  i’tf Li¬ 
te  des  médicaments  procède ^  de  leur  ef- 
chole. 

L’c' r  d  pce  qu’auons  entreprins  de  fui- 
ure  dés  le  commencement ,  nous  con¬ 
traint  de^  mettre  en  euidence  les  Dog¬ 
matiques  modernes  j  afin  d’expliquer  les 
plus  beaux  &  plus  fpecifiques  remedes 
qu’ils  ont  ihferez  en  leurs  èferits  thérapeu¬ 
tiques  pour  la  cure  de  celle  maladie,  entant 
qu’elle  eft  chronique.  Or  de  chaques  na¬ 
tions  nous  aupnschoili  quelques  Autheurs 
fort  célébrés  ,  lefquels  nous  auons  cogneus 
tant  par  eferits  que  par  conüerfation  pen¬ 
dant  nos  voyages*  Car  de  les  vouloir  tous 
dénombrer  ôc  appeller  nom  par  nom,  ce 
feroit  chofe  fort  laborieufe,  ioinétàcela 
que  noftre  difeours  feroit  infîny.  En  ou¬ 
tre  nous  alléguerons  feulement  ceux  qui 
depuis  cent  ans  ,  ou  quelque  peu  au  delfus 


ioé  DÉS  MALADIES 

D  ont  vefciï  8c  efcrit  en  Italie,  France  &  Aile*1 

tï  *L  ’  magne.  Entre  lefqueis  ont  fteury >  Alexan- 
ntHHtam e  dre  Bendift  ,  Symphorian  Campege  de 
mefme  aage  que  ledit  Benoift  &idnamy, 
comme  on  peut  veoir  par  les  lettres  qu’ils 
fe  font  eferites  l’vn  à  l’autre.  Sauonarole, 
Catinarius  Richard,  l’ Anglois ,  Arculan, 
Placentin  ,  Gramier ,  Gatiniere  ,  Fufque, 
Leonelle  Fauentin,  Montagnan ,  Trinca- 
nelle,  I.  Scock,  l’Ange,  Bayre  *  Vuirfung, 
Manard  ,  Fernel  ,  .Rondelet,  Valeriola* 
Cappiuaccius. 

La  Méthode  qu’ils  ont  tenue  en  la  cu¬ 
re  de  l’Epilepfie  entant  que  c’eft  vne  ma¬ 
ladie  de  long  trai^fc  ,  a  efté  telle  que  touf- 
jours  ils  ont  commencé  parle  bon  régime 
;  de  viure ,  la  defeription  duquel  fera  retnife 
à  la  fin  de  ce  Confeil ,  ainfi  que  dit  a  efté 
cy  deuant ,  car  nous  preferirons  icy.  non 
feulement  le  régime  de  viure  particulier, 
mais  auffi  le  general  &  commun  à  plufteurs 
autresmaladiesj  c’eftà  dire  qui  peut  conue- 
nir  à  cefte  maladie  ,  &  à  celles  qui  l’auoifi- 
nent,  de  toutes  lefquelles  nous  efçriuons 
Leur  me-  cn^emblement. 

tUi™  m  QH5nc  à  l’adminiftration  des  autres  re- 
U  cure  de  medes ,  ayans  imite  les  Arabes,ils  y  proce- 
l’epiepfit  dent  félon  la  méthode  fuiuante  que  i’ap- 
prouue  moy  mefme  ,  8c  fuy  volontiers 
enprarique.  Neantmoints  nous  auons  en 
en  cet  endroit  befoin  d’vne gfande obfer- 
uadon*  Car  comme  ainfi  loit  que  pte- 
'  “  •'  ficurs 


t>V  C  E  R  V  E. AT;  ZG$' 

ficursjk  complexion,  l’aage  &  le  tempéra¬ 
ment  font  diffembîables,&  les  caufesde  ce- 
lie  maladie  diuerfes  en  plufieurs  de  ceux 
qu’elle  attaque,  il  conuiendrà  pr endre  gar¬ 
de  à  toutes  ces  ehofes-,  Pourtant  les  obfe'r- 
uerons  nous  tellement  ,  &  examinerons 
toutes  en  particulier  par  vne  méthode  fi  ai- 
fée }  quil  en  reuiendra  beaucoup  de  profit 
à  tout  Lecteur,  fuit  il mefme apprentifde 
medecineiau  lieu  que  de  la  lecture  prefque 
de  tous  les  praticiens  qu’on  appelle,  il  ne 
remportera  finort  bien  peu  d’vtilité.  ph*Tm& 
Nos  Dogmatiques  donc  fe  fouuenans  iie 
des  préceptes  de  leurfouuerâin  Dictateur 
êc  Coryphée  Hippocrate  i.  aphor.  22.  & 
auflî  de  Galien  m  de  lârnethodé,  chap  4* 
commencent  toufiours  leurs  cures  par  les 
euacuations  vniuerfellesj  craignans  toutes- 
fois  que  les  excremens  endurcis  par  la  con- 
ftipation.du  ventre,&  par  ce  moyen  empeff 
chez  de  fortir  ou  d’eftre  pouffez  horSj  n’in- 
troduifent  és  membres  les  exhalaifons  pu⬠
tes,  &  ne  viennent  à  infèéter  les  causés  d’i- 
ceux  de  leur  mauuaife  odeur;  d’où  pr^biieii- 
nent  de  grands  fy mpromes.  Premièrement 
&  aüant  toutes  chofes  ils;  baillent  yncly  Ité¬ 
ré  amoliffantjpuis  quelque  minoratif,com- 
me  iis  l’appellent,  &  incifif,  qui  precedent 
les  préparations  &  purgations  d’humeurs, 
fuiuans  en  cela  le  confeil  de  leur  fçauant 
.  Coryphée  Galien  lib*  z.  âphor*  9.  sionexte- 
me  t  dit  il  ,  çr  wciji  les  humeurs  crajfes  &  vîj~ 


2IÔ  DES  MAtÀDüî 

yuettfes  qui  font  dedans  le  corps ,  poiimeu  qttsn 

mure  les  conduits  par  où  les  tranfportèt  £r  attirent  les 
medicamens  purgatifs  ,  alors  la  purgation  Juccedera 
bien  en  tous,  mais  f  on  négligé  cela  procurant  le  vo~ 
mijfement  Cr  la  defcharge  du  ventre ,  les  purgations 
fè feront  anec  difficulté  cr  non fans  trench  des,  cr  par 
fois  quelque  tournement  de  tefie,  grand  degoufiy  ma.it- 
Mais  pouls  ,  foibleJfe  trauail. 

M'-nora*  Pour  minoratifs  ils  emploient  ordinai» 
rement  le  Diaeatholicon ,  diamanna ,  dia- 
fené,  diabeften,  diaprunum  laxatif  defcrits 
par  Razis,Mefué,  Nicolas  Prçuoft,  Nico¬ 
las  Alexandrin  ,Montagnana,  Florenzola& 
autres/  Auffi  font  ils  prendre  tels  minora- 
tifs  en  forme  de  deco&ion  oû  potion  con- 
uenable  à  cet  efFedt,  dans  laquelle  auroient 
parauant  efté  cuites  quelques  feuilles  de  fe- 
né:  ou  en  forme  de  bol  :  Ailleurs  on  fe  fert 
vulgairement  de  poulpe  de  eaffe  extraire 
,  •  nouuellement,  remede  qu’ils  tiennent  pour 

dlVcaffe  vn  fingulier  8c  du  tout  bening.  Mais 
M  i’ay  en  môy  mefme  fort  fouuent  expéri¬ 
menté  le  contraire  ne  m’eri  eftant  onques 
feruy  quaüec  vn  grand  changemét  ou  grie- 
ue  efmotion  ,  ce  que  i'ay  femblablemenc 
veu  aduenir  en  pluiieurs  autres  de  mefme 
tempérament  que  mo.y.  Car  comme  ainfî 
'  •  loit  que  la  caiPe  a  vhe  faueur  douce,  elle  fe 

tourne  facilement  en  bile  dans  vn  çorpsbi* 
Inuvteu.  lieux  ou  de  complexion  cholérique,  ce  que 
mied’it  ^ait  pareillement  la  manne.  Joignez  enCCN 
Zllt ,  res  à  cela  que  fi  par  diftillatiop  faite  au  bain 


DV  CERVÉÂV;  Xll 

niarié  vous  en  tirez  de  l’eau,  il  en  for  tir  a 
(comme  auilï  dû  rhieî)  vue  liqueur  merueiU 
ieufement  forte,  acre  &  mordante ,  8c  par 
ëonfequerit  tref-châude,  c’eft  à  dire  fof  t  ef- 
chauffante.  Laquelle  force  ne  peut  procé¬ 
der  dû  feu  de  là  diftillation,  quoÿ  que  quel¬ 
ques  autres  en  gazouillent  autrement.  Ce 
qu'on  peut  recognqiftre  pàrexperiéce,  car 
on  n’extraiéfc  de  la  poulpe  des  ffielons,Cour- 
ges,  coings,  Concombres  &  d’autres  tels 
früiéfcs  qu  vne  eaü  froide  8c  de  mefme  natu¬ 
re,  c’eft  à  dire  froidure,  que  les  fruits  dont 
ellefe  tire.  Car  nulle  chofe  n’impartit  ce 
qu’elle  n’apoint,  comme  nous  auons  ia  dit 
cydeffus.  C’eft  poürquoy  quand  on  vou-  caffens 
drl  mettre  la  caffe  en  vfage,il  le  faudra  faire  fe  doitad* 
atiec  grande  circonfpeéiion ,  c’eft  à  dire  minijiret 
ayant  premièrement  fondé  qu’elle  eft  la  llu’a"'e 
nature  8c  complexion  d’vn  chacun  à  qui 
on  l’ordonne.  Car  le  malade  pituiteux, & 
dont  le  corps  eft  gros  &grasenpourravfer 
auec  feureté:  mais  vn  autre  ne  îe  pourra 
nullement  faire  fans  en  reeeuoir  du  dom¬ 
mage  8c  de  l'incommodité,  le  ne  veux  don- 
ques  pas  qu’on  croy  è  que  i’en  improuue  ou 
condamne  l’vfage  :  mais  par  l’anatomie  8t 
diffe&ion  intérieure  que  i’ en  ay  fouuentes- 
fois  entreprife,i’ay  bien  voulu  demonftrer 
ce  qu’elle  contient  dedans  foy,&  que  fon 
vfage  n’eft  pas  toufioursreceuableentout 
fubie&,veu  que  les  pleuretiques  aufquels 
tous  autres  purgatifs  font  defedus  ne  pour- 


%l%  DES  MALADIES 

roientfe  l’appliquer  feuremét ,  quoyqu’en- 
tre  tous  autres  medicaméts  elle  Toit  eftimée 
bénigne  &  temperée.  Qui  plus  eft  fi  vous 
faites  feulement  prendre  la  poulpe  d’icelle, 
f  eftomach  en  deuient  fi  plein  &  enflé,  que 
pour  la  grande  quantité  des  vents  ^qu’elle  y 
a  fufeitez  il  fe  defuoye  8c  eft  fort  tourmen¬ 
té,  ce  qui  eft  tres-dangereux  &  pernicieux 
à  ceux  qui  envfent,  mais  fi  vous  la  délayez 
mefrne  en  grande  dofe  dans  quelque  déco¬ 
ction  propre  &  conuenable,que  clarifierez 
Sc  coulerez,  y  adiouftant  puis  apres  vne  on¬ 
ce  de  fyrop  de  chicorée  auec  rhabarbe,  ou 
de  fyrop  rofat  laxatif,  les  malades  qui  la 
boiront  s’en  trouuerony  mieux  félon  l’opi¬ 
nion  d’aucuns  Médecins.  Quant  à  nous 
pour  amoindrir  la  matière  des  epileptiques 
nous  employerons  auec  meilleur  fuccez 
Topiate  purgatiue  dont  s'enfuit  la  deferip- 
tion. 

purgative  Prene^  polypode  O'  guy  de  chejne , femence  de 

de  du  Cdrthame:  de  chacun  deux  onces ,rafins  de  cormthe 
shtfnt .  purgezjle  leurs  pépins  yreglijfe:  de  chacun  vne  once, 
pruneaux  doux,  iuiubes  :  de  chacun  vingt  en  nombre, 
fèmence  depiuoine,  charbon  bénit:  de  chacun  demie 
mce,fleurs  de Jdulfi,  de  tiilet  arbre,  de  petit  muguet: 
de  chacun  vnpugiîle,  fleurs  de  chicorée ,  violettes, bot 
rache,  buglofè,  rojès  :  de  chacunes  deux  pugtlles,  fin- 
.  tal  citrin  trois  dragmes ,  canelle ,  anis  :  de  chacun 
vne  dragme  &  demie,  le  tout  foit  cuit,  exprimé  CT 
clarifié  en  fifififahte  quantit  é  de  cefle  decoBio  efclair- 
mijè  dans  vn  vaifeau  de  verre, adioufleifeuih 


DV  CERVEAV.  HJ 

les  de  fine  mental  trois  dragmes  ,  agaric  trochifque, 
rbabarbe  :  de  chacun  Jîx  dragmes,  epythim  vn  pugde 
£r  demy,le  vaijfeau  de  verre  bien fielLé  gp  pofé  dans 
le  bain  marie  y  demeure  l’efpace  de  trois  tours,  afin 
que  le  tout  s  y  d.igere  afuffi fiance  :  puis  on  l'efiremdra . 
Mettezjncores  dans  ïexprefiion,  poulpe  ae  câfle,  ta¬ 
marins  auec  eau  tirée  de  violettes  :  de  chacun  trois 
onces y  de  la  meilleure  manne  de  grenade ,  penides, 
fkccre  violât  enjuffifimte  quantité  :  faites  en  vn  ele- 
Buaire  cuit  a  perfeBion  fuiuant  l’art . 

Ce  médicament  peut  eftre  nommé  Ànti-  Son  vf*-_ 
dote  Catholique,lequelpeut  remediernon 
feulement  à  l’epilepfie,  mais  auflî  à  diuerfes 
autres  maladies  tant  aigües  que  langoureu- 
fes,  8c  doucement  euaeuer  &  referrer  tou¬ 
tes  humeurs  fans  aucun  efchaufement  ny 
douleur  quelconque.  Cet  antidote  &  beau¬ 
coup  d’autres  fe  trouuenf  par  nous  defcrits 
en  noftre  Pharmacopée  des  Dogmatiques 
reformée,  dont  la  dôfe  eft  demie  once  en 
forme  de  bol.  Que  fi  la  forme  de  breuuage 
femble  plus  agréable,  on  difloudra  le  reme- 
de  en  vne  decoétion  ou  eau  conuenable, 
dans  laquelle  il  trempera  vne  nuiét  durant* 

Puis  le  lendemain  on  clarifiera  tout  auec 
aubin  d’œuf  conformément  aux  préceptes 
de  l’art.  Pour  ceux  qui  auront  befoin  d’vne 
purgation  plus  forte,  on  pourra  adroufter  à 
cefte  potion  quelque  fyrop  rofat  laxatif, 
auec  de  la  rhabarbe  ou  du  fené  d’entre  ceux 
que  nous  auons  defcrits  en  noftre  Pharma¬ 
cie:  lefquçls  fip  peüuent  fimplement  &  con- 
O  iij 


-AT*  MALADIES 

üenâbîeffîent  adminiftrer  pour  purger  mefl 
me  les  enfans  pour  ieutiés  &  délicats  qu'ils 
foient,&  feruir  de  minoratif. 

En  lieu  de  minoratif,  aucuns  mettent  en 
yfage  les  pilules  d’aloë  &  d’hiera,les  faifans 
prédreàceux  qui  ayâs  l’eftomac  trop  foible 
&  delicat,ne  pëuuent  fupporter  les  potions 
ny  les  b  oies.  Nos  pilu)es  d’aloë  deferites  en 
nos  autres  eonfeils,  &  principalement  en 
noftre  Pharmacopée  font  fort  bonnes  8ç 
excellentes  pour  cet  effeét ,  furpalTans  de 
beaucpup-eii  vertu  }es  Aloëphangines,  les 
pilules  d ’aloë  rofat  &  celles  d’aloë  laué  :  Ia- 
çoit  que-l’aloë  bien  &  deuëment  préparé  & 
îaué,  ferue  comme  de  baufme  à  l’eftomâc  êe 
aufoye  ^  &  foit  tellement  recommandé  par 
Celle  qu’il  enjoint  de  le  mefler  en  tous  au= 
très  lieux  purgatifs  nuilibles  au  ventricule, 
pour  y  tenir  lieu  de  correctif.  Le  remede 
auin  Aloëndaire  defcrit  par  Guinterius  An- 
dernacus  au  iiure  dé  jà  pefte  ,  ou  faloc  fe 
voit  préparé  dyne  autre  façon  que  lavul- 
gaire,  eft  réputé  ^ort  excellent. 

Le  diafenna  de  Montagnana,  pu  celuy 
inefme  qti’auons  preferit  en  noftre  Phar¬ 
macopée  ,  dans  lequel  nous  aucps  fubftitué 
au  lieu  du  tartre  crud,  la  cremeur  ou  cryftal 
de  tartre ,  eft  pareillement  vn  purgatif  bé¬ 
nin  g  &  doux,  lequel  peut  conuenablement 
feruir  de  minoratif.  Faut  icy  adioufter  le 
fyrop  de  fené  de  noftre  defcription. 

Voila  j  eflite  des  remçdes  qui  purgent  le 

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DV  CE&VEAV.  2ÏJ 

Îdus  benigneraent  &auec  plus  de  douceur,, 
çfquels  duifent  grandement  à  la  purgation 
de  la  première  région  du  corps ,  &  dont  les 
plus  exoerts  d’entre  les  Médecins Dogma- 
tiques  feferuent  à'mefme  fin.  Nous  y: au o ns 
candidement  departy  &  adioufté  le  peu 
d’efprit  &  dxnduftrie  que  Dieu  nous  a  cf- 
largy. 

Apres  donc  que  la  première  région  du  Prépara 
corps  eft  purgée  félon  qu’il  a  eflé  çtiâ  cy  der  des 
uant,  on  met  peine  de  cuire ,  atténuer  &  ^}Simeurs’ 
préparer  les  humeurs,  &ceauantquepaf- 
ler  à  l’extirpation  de  la  racine  du  mal  :  Car 
four  remedter  gr  efmouuoir,  les  chofes  cuites font  vti- 
les,non  les  crues t di&  Hippocrate.  Or  à  cela  cq- 
gnoiflons  nous  que  la  concoââon  des  hu¬ 
meurs  fe  faiâ:  deuëment  au  corps , quand 
félon  Hippocrate  les  corps  deuiennent  flui¬ 
des, c’eft  à  dire,  lors  que  la  matièr  e  congelée 
&C  fixe  fe  liquéfié  Sc diifout ,  les, chofes  cor¬ 
porelles  fe  reduifansen  fpirituelles, ouïes 
fpirituelles  fe  changeans  en  corporelles  , 

C’eft  à  dire  ,  quand  Les  chofes  efpaifles  fe 
fubtilifent ,  &  les  fubtiles  fefpaififlent . 

Cefte  efpece  de  vraye  coétion  (  laquelle 
toutesfois  nous  n’affermons  pas  çftre  du 
tout  celle  dont  Ariftote  faiâ:  mention  au 
4*  des  Meteores,  chap.z.)  fera  par  nous  ex¬ 
pliquée  plus  amplement,  &  auec  plus  de 
clarté  en  vn  autre  lieu;  Aufllendemonftre- 
rons  nous  les  propres  effeâs  en  ce  mefme 
traité  3  quand  cy  apres  nous  viendrons  à 
O  iiij 


des  maladies 

parler  des  remedes  que  les  Hermétiques 
èmployent  à  la  concoction  des  humeurs 
peccan tes3&  de  leurs  vray  es  préparations. 

-  Pour  préparatifs  pn  met  en  pratique  les 
apozeme's ,  hydromels  ,  oxymels  &  fyrops 
çonüenables  àceftëfin  :  Defquels  remedes 
les  boutiques  des  Apoticaires  font  par  tout 
remplies  j  comme  auffi  les  liures ,  tant  des 
anciens  que  des  nouueaux  praticiens.  Or 
d’entre  tous  les  préparatifs  dont  les  plus 
fçauans  Dogmatiques  en  general ,  ont  ac- 
eouftumé  de  fe  feruir,  le  defctiray  icy mé¬ 
thodiquement  vn  feul  formulaire  d’Apo- 
zeme,  à  l’exemple  duquel  on  pourra  com- 
pofer  îesdiydromels,  oxymels  êç  autres  tels 
remedes  duifans  à  cet  effeët. 

\4p»%e-  Qu'on  prene  racines  de  peuoine ,  gai  anges,  cyprès,  . 

ta?,  angehaue,  rofeau  aromatique,  de  chacun  demie  once, 
racines  dé  dent  de  chien,  d’ajflerges,guy  dechejhe,  de 
chacun  fix  drachmes,  chicorées  auec  toutes  fes parties, 
etîdiue  ,-Jcariole,  fumeterre,  honbelon,  melijfe,  prime? 
ueré,  aig-remoine ,  '  cetera  ch-,  polytnc  de  chacun  vne 
poignee,  germandree,  chamepyiis,  hyjfipe,  thitn,  mar¬ 
jolaine,  menthe,  de  chacun  demi  poignee  ou  manipule, 
fièmençes  diank,  chardon  bénit ,  peuoine,  fèfeli  ',  citron 
Çr  (on  efcorce  de  chacun  trois  drachmes  ,  fleurs  de  'rofl 
marin  ,foulcy,  betoirie  de  chacun  vnpugille ,  fleurs  de 
tiÜet  arbre,  de  petit  muguet  de  chacun  vnpugille  O' 
demy ,  fai&es-en  vne.  decoBion  en  vne  Hure  <£r  demie 
£oxymel flmple,  l'ayant  coulée  er  clarifiée  dijfoudez:: 
y  fjrops  d'efiorce  de  citron  ,  de  floechas  &r  de  betoine, 
de  chacun  trois  onces ,  faiftes-en  vn  apozjme  fie  voua 


DV  C  E  KV  E  A  V.  11? 

drotttcttifèrez^ d'une  drachme  de  dtamofchtim  doux* 
poM-  en  vjOr  par  quinze  tours. 

Tels  apozemes  tiennent  le  premier  rang 
entre  les  préparatifs,  efquels  font  comme  jp 
amaffees  prefque  toutes  les  herbes  des  prai¬ 
ries,  &  toutes  fortes  de  fleurs  pour  lapluf- 
part  capitales  &  chaudes  :  Car  prefque  tous 
eftiment  que  cefte  maladie  aflaut  principa- 
lemét  le  cerueau.  Et  comme  ainfi  foit  qu’ils 
en  rapportent  la  caufe  à  vne  matière  pitui-s- 
teufe  &  froide  :  fans  contredit ,  ils  compo- 
fent  &  prefcriuent  leurs  apozemes  de  Am¬ 
ples,  pour  la  plufpart  efchauffans.  Néant- 
moins  ,  outre  la  première  &  principale  in- 
difpofltion  du  cerueau  ,  iceux  ont  auflief» 
gard  au  cœur,à  l’e  ftomaeh,  à  la  ratte,  ôc  à  la 
matrice  fîc’eftvnefemmequi  foit  malade, 
d’où  vient  qu’ils  y  méfient  Lesremedes  cor¬ 
diaux,  hépatiques,  fpleniques,&hyfteri- 
ques. 

En  outre  ,  veu  auffi  que  lesdiuerstem-  c  ^ 
peramens  des  malades  doiuent  venir  en 
confideration,les  vnsèftansde  coinplexion  téiesre. 
phlegmatique,  les  autres  de  bilieufe ,  &  les  medts. 
autres  de  melancholique .  Et  attendu  pa¬ 
reillement  que  les  vns  font  gras  &  replets, 
les  autres  maigres  &  àttenuez,les  vns  aagés, 
les  autres  ieunes  :  Et  finalement  qu’on  doit 
foigneufement  prendre  garde  au  fexe,  &  le 
diftinguer,  félon  que  toutes  ces  chofes  di- 
uerfes  auront  efté  obferuées,  il  faudra  fem- 
blablçment  appliquer  &  pratiquer  diuers 


*1$  D*S  MAI  A  DIE8 

remcïks:  Comme  (par exemple)  fuppofé 
que  nous  ayons  à  penfer  quelque  bilieux: 
en  la  cure  d’iceluy ,  il  faudra  fabftenir  des 
remedes  chauds  qui  pourroientconuenirà 
quelque  malade  pituiteux  :  ou  pour  le 
moins  fi  aucuns  font  vtiles  ,  on  les  deura 
temperer  par  des  froids  ,  afin  qu’ils  caufent 
moins  d’inflammation  ou  d’incommodité: 
Ce  que  le-s  dogmatiques  obferuent  fort 
eftroittement .  Mais  pour  parler  librement, 
il  me  fçmble  qu’on  fe  doit  peu  fier  aux  rai- 
fons  de  ceux  qui  des  fimples  qualitez  de 
froid,  chaude  &c,  font  deriuer  &  dépendre 
toute  la  vertu  &  faculté  des  remedes  :  Car 
La  ve«»^exPer^ence  tePm°igne  aAéz  euidemment 
curatiue  qucn  telles  maladies  qu’eft  l’epilepfie ,  tel- 
&  mede-  les  qualitez  font  entièrement  froides,  oîfi- 
einale  des  ues  &  de  nul  effeéfc,  ce  que  nousauons  ja 
Jîmplesnet ouché  ailleurs  :  'de,  forte  ,  qu’à  prefent  il 
K**6  de$  Jie&  Pâs  neceAaire  d’en  faire  plus  ample  re- 
qnalitez.  pétition.  Et  qu’on  ne  penfe  pasque  cefte 
opinion  me  foitparticuliere,ny  que  ie  l’aye 
empruntée  ou  mendiée  de  Paracelfe  :  Hip¬ 
pocrate  eft  de  mefme  fentiment  que  nous 
enfonîîurede  lamedecine  ancienne qua¬ 
tions  ja  cité  ailleurs,  où  ayant  rejette  les 
hypothefes  de  ceux  qui  attribuent  la  vertu 
des  chofes  à  la  chaleur  ,  froidure  &  autres 
qualitez  femblables,  il  l’affigne  pluftoft  aux 
puiffantes  8c  efficaçieufes  tacultez  des'fa- 
ueurs ,  à  fçauoir  de  l’acide ,  de  l’amer,  &c. 
qu’à  icelles  ;  d’où  il  appert  que  l’opinios 


B  V  CE  RV  1  A  V,  110 

4’Hippoerate  approche  bien  prés  de  celle 
des  Hermétiques  ,  comme  nous  auonsde-* 
duit  plus  amplement  en  vn  autre  lieu. 

Faut  donques  apprendre  de-ià  qu’on  ne 
doit  pas  regarder  à  la  feule  chaleur  des  Am¬ 
ples,  veu  que  ny  la  piuoine,ny  le  guy  de 
chefne,ny  le  tiliet,oules  fleurs  de  petit  mn- 

fuet,  l’ongle  d’alce ,  le  crâne  de  i’homme? 

eau  de  cerifes  noires,  d’hirondelles,  Sc  de 
pies  ny  aucuns  autres  tels  remedesfpecifî- 
ques  11e  fe  mefurentpas  à  l’aune  de  telles 
qualitez  çhaudes,&  que  les  plus  célébrés  ÔÇ 
plus  experts  Médecins  Dogmatiques  ne  les 
employeur  pour  ce  regard  à  la  cure  de  celle 
maladie.  '  .  '  „ 

En  lieu  des  fufdits  apozemes  deftinez  à 
la  préparation  des  humeurs,  i’approuuerois. 
pluftoit  l’vfage  des  hydromels  &  oxymejs 
qui  font  propres  à  telles  maladies  t  d’autant 
que  celuy  qui  fe  lés  applique  en  reçoit 
moins  d’incommodité  &  de  degouft  que 
desapozemesî  Ioinéfc  aufli que  leurs  vertus 
feconferuent  plus  long-temps  en  leur  en¬ 
tier  ,  de  forte  qu’on  s’en  peut  aufli  long 
temps  feruir  fans  qu’ils  viennent  à  £c  cor¬ 
rompre,  ce  qui  eft  tres-requis  en  ces  mala¬ 
dies;  à  fçauoir  que  l’vfage  d’iceux  s’eftende 
non  iufqu’à  fix  ou  fept  iours  tant  feule¬ 
ment  ,  mais  aufli  à  pïufieurs  mois ,  car  c’eft 
ainfi  que  fe  doiuent  domter  &  furmonter 
les  .  maladies  chroniques  &  açquifes  pat 
long  traiék  de  temps, 


Hydromel 

antepïle- 


Il  O  DES  MALADIES 

Pour  donques  préparer  l’humeur  qui 
eftcaufe  efEciente  de  la  maladie,  l’hydro-, 
meLiuiuant  fera  tres-conuénable. 

PtenezjadurC  de  buts  trou  onces,  enule  campant, 
guy  de  chefne,guy  de  couldre:  de  chacun  vne  once  & 
demie,  raclure  de  corne  de  cerf,  O"  de  hoisrhodien  :  de 
chacun  vne  once ,  femences  de  charbon  bénit,  citron, 
rué  :  de  chacun  demie  once ,  faites  les  macérer  par 
vingt-yuatre  heures  en  hmcl  linres  d’hydromel, puis 
cuire  mfqu acohjomption  d’vne  tierce  partie, y  adiou- 
fiant  jiçr  la  fin  decoShon  de  fleurs  de  tillfit  arbre,  de 
petit  muguet  Çr  de Joulfi  :  de  chacun  deux  pugilles, 
de  Jqmlle  préparée  vne  once,  qu’on  les  coule  finalement 
a  trauers  la  manche  a  l’ hipocras,  o-  les  aromatijhifi 
bon  vous  fetnble  auec  vnpeu  de  canelle ,  dequoy  foit 
failli  vn  hydromel anttpileptique.  Pour  le  rendre  meil-' 
leur  Or  pim  vide,  onypeut  adioufier  quelques  petites 
gouttes d’efpnt  de  vitriol,tant  quil  demenne  acide  gr 
fort plaifant  au goufi.  il  conuiendra  boire  de 
cet  . hydromel  chacun  iour  au  matin  &  fur 
lefoir,  &  eontinuera-on  à  ce  faire  par  vn 
long  efpace  de  temps. 

Or  combien  que  l’efprit  de  vitriol  foie 
vnremede  fingulier  &.tres-excellent  à  telle 
forte  de  maladies,  neantmoins  en  faueur  de 
ceux  à  qui  les  remedes  prins  des  métaux 
fontfufpe&s  &  odieux  fans  aucune  raifort 
(comme  nous  dirons  incontinent  )  au  lieu 
d’iceluyvous  pourrez  mefler  vne  ou  deux, 
voire  phifieurs  onces  de  vinaigre  fcillitic, 
lequel  eft  du  tout  vitriolé,  &  pourtant  non 
reietté  des  Anciens  &  nouueaux  Dogn^^th 


D  T  GS  HT  SA?.'  211 

qties,  mais  beaucoup  prifé  &  eftimé  entre 
tous  les  préparatifs.  Ou  bien  au  lieu  d’hy¬ 
dromel  ,  qu’on  fafle  cuire  les  iîmples  fus- 
mentionnez  enoxymélfcillitiG,qui  incife- 
raplûsfort,  &  cuira  l’humeur  peccante. 

A  mefme  fin  pouuons  nous  femblable- 
ment  employer  le  grand  oxymel  helleborat 
de  Iulian,tantde  fois  recommandé  par  Gefr 
ner  contre  l’epilepfie  ôc  autres  maladies  de 
tel  genre:  lequel  à  fon  dire  deterge,  incife 
&diflipe  à  merueilles  toutes  humeurs,  les 
chaflant  du  corps  &  ouurant  les  conduits, 
tant  au  dedans  que  par  dehors,  bref  il  en  dit 
merueilles,  de  forte  que  ie  m’éftonne  com¬ 
ment  les  boutiques  en  font  dégarnies  ,  ôc 
pourquoy  les  MedeGiris  ne  s'en  feruent  or¬ 
dinairement.  Là  defcription  d’iceluy  fe 
trouue  en  la  Pharmacopée  d’Aufbourg  & 
ailleurs. 

Pour  mefme  effeéfc  fera  conuenable  l’eaa 
fuiuante  qui  fepourra  préparer  en  la  faifon 
des  herbes  Sc  fleurs ,  &  eftre  gardée  pour 
s’en  ferüir  quand  il  en  fera  b  efoin. 

Prenezjnoiiueües  racines  d’angelifue,  aulnée , 
doive  :  vue  once  de  chacunes, racines '  de  buis,  de  pi- 
'  nome  cueillie, Ji faire  Je  peut,  ejuand  la  Ztine  decroif 
aufignedu  Lyon,  guy  de  chifae  recent  :  de  chacun 
deux  onces,  diElamehlanc  vne  once,  fèmencesde  char- 
hon  bénit, de  citron  ,  d’oreille ,  pomcelame  ,  pinome 
cueillies  cr  efcorcées  au  decroiffknt  de  la  Lune  :  demie 
once  de  chacunes,  noix  mnfcade  ,  macis  de  chacun 
trois  dragmesfleHn  d?  cutula fatida,  de  fixe** :  de 


iii  ••  DES  UAtkùtis 
chacun  trois  pugilles, fleurs  de Jauge,  flocchàs ,  petit 
muguet:  de  chacun  deux  pug.  redmfe en  poudré 
grojjïere  les  chofès  a  puluerifer  ,  Cr pdc. ^  celles  qu'il  \ 
faut  piler,  afn  de  les  mettre  puis  apres  tremper  l’efi 
p ace  dé  quatre  tours  dans  le  bain  marie  en  deux  liures 
de  chacunes  des  eaux  qui  y  enfument,  a  fçauorr  de 
rue,  de  cerifes  noires,  fleurs  de  tillet, fleurs  degenefl  & 
de  millepertuis .  Cela  fait,  expnmezjesfort  en  laprefl 
■  fe  ,  &  adiouflezjt  l’exprefion  les  efpeces  de  diamof 
chum,  diamargaritum froid ,  diacoralhum  ;  demie 
once  dé  chacune,  raclure  de  corne  de  cerfvne  oricé,  coru 
feClion  d’ hyacinthe,  confection  d’alkermes,  thériaque  * 
‘vieille  :  de  chacune  demie  once,  tme  dragme  de  car» 
phre.  DerechefmettaJ.es  digéré? par  deux  tours  au 
bain  marie ,  &  les  difl liés finalement  par  di filiation 
faite  es  cendres.  Four  chaque  dofe  on  prefentera  de¬ 
mie  once  de  cefle  eau,  aquoy  fi  vous  adiouflerje  fiel 
extraifl:  die  la  te  fie  morte,  ou  des feces  réduites  en  cen¬ 
dre,  ayant  reuerfe  ladite  eau fur  les  cendres  de  fis; feces 
tant  quelle fiit  imprégnée  de  la  vertu  du  fiel,  le  remè¬ 
de  en  fera  beaucoup  meilleur  :  Carlamoindre  parcel¬ 
le  d’iceluy  apportera  plus  d’ milité,  que  les  décodions 
d’hydromels  par  nous  defirites  pour  grandes  qnen 
J oient  les  dofis,  y  méfiant  toufiours  quelques  petites 
gouttes  de  vitriol ,  ce  qui  eft  vn  fecret  fpecifi- 
que  à  cefte  maladie,  comme  nous  auons  ja 
fouftenu  au  procès  intenté  entre  les  Dog¬ 
matiques  &•  Hermétiques,  &  ainfi  qu’il  ap¬ 
pert  par  les  b  elles  fleurs  dont  i'ay  orné&  en- 
,  richy  les  préceptes  desDogmatiques  en  cet 
J’eauïfuf.  enc*roit-  D’auaritage^ia  mefme  eau  Ternira 
Ht». J  non  feuiemét  à  préparer  les  humeurs  picui-j 


SV  CERVEAV.  iij 

teüfes,  melancholiques  &  bilieufes  ,  Toit 
quelles  pechent  feparément, foit  conioin- 
tement:  mais  elle  fera  auffi  fort  vtile  es  apo¬ 
plexies,  vertiges ,  refolutions  4é  membres 
&  autres  telles  maladies,  c’efl  à  dire  pour 
s’en  preferuer  éc  empefcher  le  retour  des 
paroxyfimes,  pourueu  qu’à  chaque  quartier 
dé  Lune,  vous  en  faifïez  prendre  vue  once. 
Elle  fe  peut  aufîi  bien  8c  feurement  donner 
ésaccezmefmesdela  maladie,  pour  y  fer- 
üir  de  remede,  6c  afin  de  repouüér  &  dom- 
ter  la  violence  des  affauts,  ôc  en  deliurer 
fortfoudain  les  malades. 

Si  vous  confiderez  exa&ement  cefte  ,  eau 
qui  a  la  vertu  de  produire  trois  puiflaris  ef- 
feds  tout  enfemble  ,  à  fçaûoir  de  çrefer- 
uer ,  préparer,  8c  de  reftablir  la  fanté,  vous 
trouuerez  qu’elle  eft  faite  8c  compofée  en 
partie  de  Amples  cordiaux,  comme  de  raci¬ 
ne  d’angelique ,  zedoaire,  didame,de  fe- 
mences  de  charbon  benit,citron  &  d’autres 
femblabies  qui  refiftent  aux  malignes  qua¬ 
lités  des  humeurs  peccantes  8c  mortifères, 
en  partie  des  racines  &femences  de  peuoi- 
Jie,  guy  de  chefne,  8c  autres  de  tel  genre 
que  les  Üedecins  tant  anciens  que  moder¬ 
nes  ont  tenu  8c  célébré  pour  vn  remede 
fpecifique contre l’epilepfie:  enpartie  auffi 
de  ceux  qui  duifent  fort  à  la  corroboration 
du  cerueau,  de  l’eftomach,  8c  des  autres  vif- 
ceres  :  vous  y  trouuerez  pareillement:  ad- 
jouûée-Ia  raclurc  de  buis,  dont  la  première 


224  DES  MALADIES 

inuentionvientparaduanturede  nous  qui 

l'auons  fembiablement  rapportée  en  la 
compofition  des  apozemes  &  hydromels: 
brefi’yay  expreflement  fait  entrer  ces  fim* 
pies ,  comme  les  fleurs  de  fuzeau,  le  cam- 
phre,&  l’eau  de  rue  à  caufe  qu’ils  ont  cer¬ 
taines  vertus  fpecifiques  à  çefte  maladie: 
dequoy  nous  allons  rendre  les  raifons  de 
peur  que  ne  femblions  auoirfait  quelque 
chofe  mal  à  propos  &  fans  confideration. 
Les  mauuaifes  odeurs  de  cotule,  fuzeau  & 
Souphrt  camphre  ,  demonftrent  afîez  qu’ils  >  font 
anodin,  pleins  d’vn  foulphre  puant  Sc  narcotique, 
mais  qui  eft  aufll  lenitif  :  laquelle  efpece  de 
foulphre  eft  tres-propre  &  fort  conuenable 
pour  adoucir,  appaifer,  &  efteindre  vn  fou¬ 
dre  fi  ardant ,  qui  monftre  fa  furie  dans  le 
ciel  de  noftre  cerneau ,  y  faifant  comme  ef- 
clairer  ces  aflauts  epileptiques  :  dequoy 
rend  fuffifant  tefmoignage  la  compofition 
dorée  de  noftre  Nepenthes,  remede  qui 
apporte  vntres-prompt  &  finguïier  allege- 
.dnato-  me«t  en  cefte  maladie.  Et  afin  que  vous  en- 
mieintt-  tendiez  plus  particulièrement  les  caufes 
tïture  du  qui  m’ont  induit  à  y  adioufter  la  raclure  de 
r^hT'r  ^u^s’au  demeurant  fort  puante,  &  qui  of- 
fenfele  -cerueau:  fçachez  qu’il  a  certaine 
faculté,  vertu  narcotique ,  &  contient  quantité  de 
foulphre  afloupiflant,  par  quoy  il  eft  rendit 
puant,  ne  plus  ne  moins  que  ïa  cicuë,  la  rue, 
la  mandragore,  Sc  toutes  les  fortes  de  pa- 
'  uot,  lefquels  rendent  vue  odeur  mal  phi- 
faute» 


SV  CïîlVEAV.  .  ilf 

fàtfte  à  caufe  qu’ils  font  narcotiques  .  c’elt 
à  dire ,  teints  &  irifeéfcèzd  vn  fouphre  nar¬ 
cotique  en  trop  grande  abondance.  loînéfc 
auffi  que  la  verdure  perpétuelle  du  buis,  fa 
deleéfcation  &  nailîance  és  montagnes  & 
lieux  pierreus,  font  vn  indice  qü’eh  toutes 
fes  parties  il  contient  vne  nature  du  tout  vi¬ 
triolée,  fignature  intérieure  d’icelüÿ.  D’a¬ 
bondant  quand  par  diftülatioh  ori  extrait 
del’eaü  de  fa  raclure,  il  en  fort  plus  grande 
quantité  dé  liqueur  acide  mordicame,  pi¬ 
quante,  &  folutiùe  comme  efprit  vitriolé, 
que  d’autre  humeur.  Audi  tout  ainfi  que  le 
vitriol  fufpâffe  to’us  lès  autres  métaux  èn  - 
quantité  de  foiilphre  nârcotique,de  mefmè 
ee  fimple  participe  entièrement  a  l'a  nature' 
d’iceluy,  &s’enreueft,fon  efprit  croift  ex- 
cefliuement  és  lieux  montagneux  &  pier¬ 
reux  ou  il  fe  plaift,  fucceànt  &  acquérant  de 
làvnfdülphfe  de  tres-mauuaife  odeur,  le¬ 
quel  à  force  de  feu  fe  réduit  eri  huile  d  vnë 
extreme  puanteur.  C’èft  vn,  grand  argu¬ 
ment  d’iCelle  vertu  riaredtique ,  que  pouf 
grande  que  fbitiadduleur  des  dents,  quand 
mefme  ellefufpafièroit  toutes  autres  dou¬ 
leurs,  elle  l’appaifeen  vn  nioment,pourueu 
qu’on  fourre  vri  curedent  trempé  en  forv 
huile,  dans  la  racine  de  ia  dènt  doulou.reu-; 
fe,  laquelle  ri’eft  pas  fi  toft  touchée  que  la: 
douleur  s’enfuit ,  &  la  quitte  comme  par 
miracle  ou  enchantement.  C’eft  donques 
Vn excellent  remède  lenitif  entre  tous  au- 
P 


XlG  DES  MALADIES 

très  fimples  ,  lequel  fert  auffi  d-anti’dotê 
nompareil  contre  tout  venin  &  vermina¬ 
tion  s’il  meft  permis  d’ainfi  parler,  qui  le 
plus  fouuent  font  caufes  des  epilepfies  :  tel 
qu’eft  le  ioulphre  narcotique  du  vitriol  en¬ 
tre  les  minéraux ,  lequel  tient  le  premier 
lieu  en  la  cure  de  cefte  maladie,  comme 
nous  enseignerons  plus  amplement  en  vrt 
autre  lieu,,  X’adioufteray  encores  icy  les  ex¬ 
périences  que  i’ay  de  cefte  huile  de  buis, 
qu’en  effect  nous  attôns  recognu  aiïoir  vne: 
fi  grande  vertu,  qu’elle  fürmonte  toutes 
douleurs  quelconques,  corrige  les  corrup¬ 
tions.  8c  putréfactions,  fait  mourir  8c  fortir 
les  vers,&  chafle  &  confume  les  vapeurs 
malignes,  dont  s’engendrent  les  epilepfies 
fympatiques,  qui  àla  fin  fechangent  facile-: 
ment  enjdiopatiqu.es.: 

Huile  St  Outre  ces  raifons  que' nous  aùons  confir- 

bouHcra*  mées  par  pratique  &  experience,vn  certain 
perfonnage.ALeman,  Medecinde  grand  re- 
nom  afferme  par  fes  efcrits,  que  l  huile  de 

1  bois  Heracïien ,  par  le  moyen  duquel  Mar¬ 

tin  Rolad  en  fes  centuries  fedit  auoir  remis 
plufieurs  epileptiques  en  leur  fanté,  &  ap» 
paifé  les  douleurs  de  dents,  cet  effoit  huile, 
de  buis  extraicbpar  diftilation,  non  de  gua- 
iac  commeûl  croioit  auparauat.Mais  com» 
çien  qu’on  nadioufte  pas  foy  à  leurs  efcrits, 
ie  fuis  toupesfois  bienaffeurépar  mes  expe- 
riences,:que  cqbois  de  buis  contient  focre* 
tement  en  foy  yne  grande  ,  vertu  a no-dyne* 


D  V  CBRVEAV.  2.2-7 

St  comme  quelque  Hercule  donateur  de 
telles  maladies  fi  grieues.  Vn  feuî  Martin 
Roland  ou  pluftoft le  fils  qui  liiy  a  fuccedé, 
digne  heritier  de  fi  merueilieux  fecrets,'&: 
dvn  tant  admirable  &  fi  do&e  pere  me 
pourrareprendre,  fieh  lieu  de  l’autre  bois 
ie  choifi  8c  mets  en  vfage  celuy  du  buis,c’eft 
di-je,luy  qui  me  peut  contredire  ,  8c  à  qui 
feul  appartient  de  mettre  en  lümiere  tel& 
fecrets  nomparèils  pour  en  faire  partici¬ 
pant!  a  Republique  de  Medecine,  car  nous 
ne  fommes  pas  liez  pour  nous  mefmes,  mais 
pour  feruir  à  nospai's,  païens  &  amis.  Que 
fi  ce  tant  précieux  bois  Heraciieu,  plus  ex¬ 
cellent  que  les  cedres  mefmes  du  Liban,  à  ^ 
caufe  de  ces  vertus  fi  notables,  tré  veut  pa- 
roiftre  en  public  fur  le  théâtre  de  Médeci¬ 
ne*  Qufil  nous  foir  permis  de  faire  I’efiay 
de  noft're  bois  de'  buis ,  &  d’experim enter 
les  forces  d’iceîuy  en  telle  forme  qu’cn  le 
voudra  préparer.  Car  foit  que  mettiez  en 
vfage  fa  deco'6Hoii  ,  fort  fon  eau  ou  huile, 
vous  en  apperceüréz  des  effets  merueil- 
leux  en  H  CUré  dés  maladies,  fémblables  à 
celles demtnous  traitons,  pour  les  raifons 
par  nous  j  a  alléguée^.  Mais  ie  me  fuis  arrê¬ 
té  par  trop  à  examiner  cé  point  delà  prepa- 
tion,  if  eft  temps  dé  paifer  à  l’euacuation  8c 
purgation,âfin  que  nous  apprenions  quand 
&  comment  on  la  doit  faire,  8c  fi  elle  eft 
toufiours  necefiàire  en.  ce  genre  de  ma- 
ladies.  -  ■  — 


21%  DES  MALADIES 


Ghap,  XVII. 

S>e  tHeüebore  noir  dont  comme  des  autres 
remedes  yiolens  nullement  ou,  peu  ccw- 
gez^  ,  les  Anciens  fe  font  firuts  de  fes 
admirables  l/ertut  prejque  contre  toutes 
les  plus  grimes  maladies  yauec  la  manière 
de  le  préparer* 

v -y  o  v  s  auons  cy  douant  demoriftré  de 
INL  quelles  purgations,  vomitoires  &  an¬ 
cres  tels  remedes,  les  Anciens  Ce  feruoient 
‘ordinairement  en  vne  maiadie  fi  grieue  :  à 
fçauoir  de  l’Heîlebore  blanc  ôc  noir,  qui  à 
cefte  fin  eftoient  les  principaux  félon  l'opi¬ 
nion  de  Galien  mefme, Coryphée  des  Mé¬ 
decins,  né  &  florifiant  cinq  ou  fix  centaines 
d’années  apres  le  temps  d’Hippocrate,  re- 
cognu  de  tous  pour  Inftaurateur  de  la  Mé¬ 
decine  Dogmatique,  lequel  toutesfois  par 
les  formulaires  qu’il  a  preferits  de  tels  pur¬ 
gatifs  dangereux  &  violera  ,  ne  rnonfke 
que  trop  euidemment  combierypeu  ou.a- 
uec  combien  peu  de  iugement  il  les  refor¬ 
ma  &  corrigea  en  ce  temps-la  :  veu  qu’il 
n’a  finon  ineptement  corrigé  l’hellebore 
blanc*  dont  comme  tefmoignent  fes  com¬ 
mentaires  fur  le  i.  aphor»  liurej.  il  vfoic 
principalement  enk  cure  de repilepfiejafin 


ÔV  CERVEAV.  12? 

d’en  reprimer  la  violence  à  prouoquer  le 
vômiflèment,  qui  comme  dit  le  bon  hom¬ 
me  Mefuéliure  des  fimp.  chap.  dernier  de  ,  . 

î’heilebore,  ne  fe  fait  jamais  qu'auec  des  ac-  Ytffiml' 
cidens  pleins  de  terreur.  Quelque  peu  de 
verfets  auparavant,  ilenfeigneen  ces  ter-  itm. 
mes  quel  fentiment  il  en  auoit:  l'hellebore 
blanc ,  dit-il ,  molette  les  corps  de  noftre 
temps ,  voire  leur  eft  comme  vn  venin  qui 
à  vray  dire  les  fuffoque,  Celfe  liure  2.  cha¬ 
pitre  ij.  parle  ainfi  de  fhellebore.  Or 
quand  les  longues  &  fortes  maladies  ne 
font  accompagnées  de  fleure ,  telle  qu’eft 
l’epilepfie  ou  phrenefie,  on  vfera  auffi  de 
l’hellebore  blanc ,  lequel  n’eft  pas  bon  à 
donner  ny  en  hyuer  ny  en  Efté ,  mais  tres- 
bien  au  Printemps  ,  &  paflablement  en 
l’Automne.  Quiconque  l’ordonnera,  doit 
premièrement  faire  en  forte  que  le  corps 
de  celuy  qui  le  prendrafoit  humide.  Il  faut 
fçauoir  cela,  que  tout  tel  médicament  le¬ 
quel  fe  donne  à  boire,  ne  duit  pas  touflours 
-aux  malades,  maisnuit  touflours  aux  fains. 

Dequoy  l’experience  d’aujourd’huy  rend 
fuffifanttefmoignage.  C’a  neantmoins  efté 
le  premier  ou  principal  remede  que  les  An¬ 
ciens  mettoient  en  vfage  pour  exciter  le 
vomiftement  en  l’epilepne,&  autres  grie- 
ues  maladies  aufquelles  il  conuient.  Tou- 
tesfois  auant  l’exhibition  d’iceluy,ils  em- 
pioioient  quelques  médicaments  légers: 
êar  au  préalable  ils  difpofejnt  le  corps  à  ettre 


43 ô  DES  MÀLAD  ÎES 

lafché  par  des  purgatifs.  Suiuans  eû^eçl^ 
l’aduis  d’Hippocrate  4,  aphor.  13.  afin  qu’a- 
uec  moins  de  difficulté  ils  fi  lient  for  tir  les 
excremcns  tant  par  vomiflement  que  par' 
Telle  :  Qrt  au.oit  pareillement  égard  au 
temps  ,  à  l’heure  &  au  tempérament ,  & 
quelquesfpisonfedonnpitbien  garde  d’en 
prefenter  a  jeun  ,  mais  on  l’adminiftrait 
pluftoftl’eftomach  eftantraffafié  &rempîy, 
afinquelevoiniirementeuftvn  meilleur  & 
Prépara-  moins  fafcheuxfuccez.,  Quant  àfaprepa- 
t*finfe.  ration  d’iceluy  Toit  qu’elle  fe  fade  aueç 
teintes*  niorceaux  d  e  ^rand  raifort,  efquels  on  fi- 
anciens  choit  des  raclures  d’hellebore,  les  y  laif- 
foit  on  macerer  J’efpace  dVn  iour  entier, 
d’où eftant  retirez ,  oninfufoitles  rouelle? 
de  raifort  en  oxymel ,  pour  en  apres  lésa?- 
ualler  &  confecutiuement  boire  par  delîus 
l’oxymel  mc'fme,  foit  qu’elle  fe  façe  auec 
yne  pomme,  ou  par  infufion  en  oxymel,  ou 
par  quelque  autre  maniéré  de  telle  prépa¬ 
ration. 

T outes  telles  préparations  di-j  e  font  en¬ 
tièrement  ineptes,  froides,  $c  fans  aucune 
induftrie,  en  comparaifon  des  autres  belles 
préparations  de  l’vn  &  l’autre  hellébore, 
que  nous  deuons  à  l’art  fpagyrique,  &  qui 
comme  utiles  &necefîaires  fe  yoienr  diuer- 
fement  deferites  en  forme  d’hydromel, 
oxymel ,  d  extractions,  pilules,  &  tablettes 
dans  noftre  Pharmacie  reftituée.  Telle¬ 
ment  qu’il  n  e-ft  içÿ  befpin  df  les  dénombré? 


dv  Cerveav.'  23 1 

chacunes  à  part  foy.  Car  c’eft  chofe  bien  Vtrtm 
certaine  qu’entre  les  végétaux  purgatifs,  admira- 
l’hellebore  principalement  noir  bien  8c  Unit 
deuëment  préparé  eft  vnfouuerain  &  très-  CheUebon 
prompt  remette  pour  les  maladies ,  que  les  m>r° 
Hermétiques  furnommênt  aftraîes,  c’eft  à 
dire  qui  ont  des  racines  fi  profondes^  &  des 
feminaires  tant  occultes,  &  pourtant  duit 
il  grandement  à  la  cure  8c  totale  extirpa¬ 
tion  d’vne  tant  8c  fi  grieuc  maladie  qu’eft 
celle  cy.  Or  il  eftnotoire  que  Hippocrate 
a  grandement  loué  8c  prifé  l’heliebore,  veu 
qu’il  en  parle  ainfi  :  stlefi,  dit-il,  admimfiré en 
temps  opportun  bien  h  point  a  qui  il  conuient, 
laieunejfede  cet  homme  lu  enefirenouuellee,Ja  fan- 
té  parfaitement  entretenue,  fin  tempérament  cor¬ 
rigé,  &  les  aff étions  de  l’efprit  modérées.  Qui 
plus  eft  le  bon  homme  Mefué  adioufte  que  it$ 
la  vertu  dl  tceluy  amande  les  corruptions  de  tous  les 
vtfeeres,  rend  la  pureté  a  leurs  humeurs  ,  euaciië  \^Qte 
ësr  purge  aufii  facilement  que  pmjfamment  la  bile 
fabule  mejlee  auec  la  pituite  crajfe  ,  celle  cy 
auec  la  bile  noire ,  votre  toutes  humeurs  ènfimble, 
anfii  que  parfottefficace  propriété  il  purifie  toute  la 

majfe  du  fitnp,  &  la  nettoye  de  fes  impureté^.  Il 
pénétré  tellement  toutes  les  reines  qu’il 
en  fait  fortir  8c  de  tout  le  corps,  toutes  les 
feees  &  immondices,  il  le  dit  auoirvne  ver- 
ru  fi  efficacieufe  que  les  parties  mefmes  les 
plus  efloignées,  voire  l’extremité  de  la  peau 
né  font  exemptes  de  fon  attouchement. 

'C’eft  pourquoy  ce  remede  eft  fort  excel- 
P  iiij 


^ L  DES  MALADIES 

lent,  fpecifique  &  propre  à  purger  le  cer- 
uea'u,  la  telle  entière,  tous  les  organes  des 
fens,les  nerfs,vifceres,  la  vefcie  &  lamatri- 
ce,  c’eftauffivn  lingulierpreferuatif  contre 
l’epilepfie  dont  nous  traitions ,  la  raelan- 
cholie,manie,  paralyfie,  vertige,  &  migrai¬ 
ne.  Voila  les  louanges  quef  antiquité  don¬ 
ne  à  l’hdïebore  ,  dont  les  Dogmatiques 
d’auiourdhuy  s’abftienneut  du  tout,  crai- 
gnans  le  danger  d’vn  fi  grand  nombre  de 
fÿmptomes  qu’il  fufcite,'à  fçauoir  n’eftant 
finou  tellement  quellement  préparé.  Or 
attendu  que  c’efl  vn  remede  d’vne  fi  grande 
yertu,  ôc  fort  conuenable  à  chalTer  la  mala¬ 
die  dont  eft  queftion,  &  reftablir  la  fanté, 
nous  adioufterons  icy  delFous  quelques  for¬ 
mulaires  efquelies  Ffiellebore  fera  la  bafe 
$e  la  purgation, &  y  tiendra  le  premier  lieu. 
Si  quelqu’vnen  defire  d’auâtage  ilies  pom> 
ta  extraire  de  noftre  Pharmacopée.  Ou  fi 
vous  voulez  faire  prendre  quelque  plus 
doux  &  commun  remede  à  ceux  qui  font 
peuaduancezen  aage,  comme  aux  en-fans, 
ou  aux  perfonnes  trop  délicates,  &  à  l’imi¬ 
tation  de  Galien  leur  prçfenter  fouuentes- 
fois  paç  chacun  an  1  amer  remede  4’aloë, 
nos  pilules  catholiques  d’aloë  defcrites  en 
noftre  Pharmacopée.  &  ailleurs,  femiront 
d’vn  fuffifant  remede  quifera  plus  bening, 
&  plus  agréable  que  s’il  elloit  d’aloë  non 
préparé.  On  y  trouuêra  auffi  prefcrits  dh 
pers  purgatifs  foit  fimplçs  foit  compotes. 


DV  CERVEAU, 

.vulgaires  ©u  nonvulgaireSjqui  feroient  maj 
à  propos  trânfportez  en  ce  rraitté  icy. 

Il  nous  fuffira  donc  de  defcrire  comme 
il  s’enfuit  ce  feul  fyrop  iielleborat,  pour  va 
remede  purgatif  t±es-vtile  &  fort  propre 
aux  epilepftes. 

Prenezjràcines  du  meilleur  O"  way  hellebore  nott 
vne  once  ,  polypode  de  che(he,femence  de carthame:  Syrophil 
de  chacun  vne  once  £r  demie,  guy  de  chejhe,de  coul-  Itborat. 
drier  :  vne  once  de  chacun  ,  turbith  gommeux  ,  a- 
garic  trochifqne,cabaret:  de  chacun  fix  dragmes,fe- 
mence  de  pomme,  d' dnis,citron,chardon  bemt,ozeiUes 
de  cha.  trois  dragmes,diBam  de  Crete  fleurs  de  tillei 
arbre,  de  fôuljï,  petite  centauree,  millepertuis:  de  cha¬ 
cunes  deux pugilles,  fleursdeviolettes  ,buglofè  ,  blanc 
d'eau,  vn  pugille  &  demi  de  chacunes  ,  faites 
lesmacerer  en  fùjfifante  quantité  d'oxymel  fcillkic, 

CK  d'eau  de  fumeterre  ,  £r  ce  dans  vnvaijfeau  de 
verre  bien  bouché  d  la  chaleur  du  bain  marie  par 
deux  tours  au  moins:  puis  les  faudra  fort  ejpreint 
dre  cr  clarifier.  Macéré ^  par  apres  en  deux  li¬ 
mes  de  cefie  coulature  ,  &  y  faites  digerer  ait 
mefme  bain  marie  par  quatre  tours  vne  once  de  la 
racine  de  vray  hellébore  chofi  ,  trois  onces  de  feuil¬ 
les  de  fèné,  vne  dragme  de  macis,  ÇrAUtant  de  doux 
de gyrofles,  comme  aufi  de  canette.  Derechef exprt- 
mez^les  bien  fort  par  vn  ioür  vu  deux  purifie -g, 
les  audit  bain  marie  fuiuant  l art  ,  ofiant  pour  le 
moins  vne  ou  deux  fois  le  tour  les  feees  qui  paroi  front 
au  fond  du  matras,  purifiant  encores  ce  quily  au- 
ra  de  plus  pur,  Cr  réitérant  cela  iufqu'a  ce  que 
*4  matière  ne  rende  plus  aucunes  feces  au  fond  du 


3.34  DES  MALADIES' 

vaiffedu.  Cela,  e fiant  faicl,  adioufiezjy  fiffifantt 
quantité- de  fhccre  violât  four  Le}- cuire  £r  réduits 
en  firof  y  méfiant  fur  la  fin  vue  onc,t  demie  de 
decoBion'de  rbabarb  e,maceréscr  exprime^fèparemet 
en  fkc  de  rofes  p ailes ,  du  toM  méfié  par  enfimble 
foit  fait  vn  fijrop ,  la  prinfe  duquel  fera  d’vue  ou 
deux  onces.  Il  fe  donne  Simplement ,  ou  auéc 
eau  de  petit  muguet  ,àdiouftant  tpufiours 
h.  la  potion  quelques  gouttes  d’efprit  de  vi¬ 
triol  préparé  félon  l’art,  Ceftuy  eft  l’vn  de 
nos  fyrops  purgatifs  antepileptiques  , 1  vfa. 
ge  duquel  ne  peut  nuire ,  mais  beaucoup 
feruir  à  toutes  perfonnes  indifféremment, 
foit  enfans  ou  femmes,foit  j  eunes  ou  vieux, 
gras  ou  maigres,  ou  de  quelque  tempéra¬ 
ment  que  ce  foit,  moyennant  qu’on  .fadmi- 
niftre  en  telle  dofe  que  la  foibleflé  ou  forte 
nature  de  chaque  malade  pourra  Suppor¬ 
ter.  Le  mefme  remede  s’approprie  &  duit 
grandement  aux  apoplexies,  paraly-fics, 
melancholies  Sc  autres  maladies  Sembla- 
blés  qui  font  auffi  profondément  enra¬ 
cinées.  - 

Toutesfois  fi  la  perfonne  affligée  de  telle 
maladie  eft  vue  femme,  comme  cela  n’arri- 
ue  que  trop  fouuent,  la  racine  de  couleurée 
ou  vigne  blanche  fe  deura  adioufter  au  fy- 
rop  purgatif:  on  pourra  mefme  faire  entrer 
en  la  purgation  le  fecula  brioniæ ,  duquel 
nous  auons  baillé  la  defcription  &  prépa¬ 
ration  en  noftredite  Pharmacopée ,  8c  qui 
gft  ynremede  hyfterique,  Spécifique  &fin* 


DV  GBRVIAV.  231 

guiier  pour  lafcher,  telles  que  font  pa¬ 
reillement  les  extradions  faites  desfucs  dè 
mercuriale,  8c  de  rue  qui  fe  trouiient  auiïl 
au  mefme  lieu.  /- 


Chap.  XVIIL 

J)es  réunifions  &  deriuations  ,  operations 
~  de  chirurgie  &  des  remedes  confortatifs 
tant  generaux  que  fpeciaux  des  Dogma 9 
tiques . 

Ie  s  reuullîons  8c  deriuations  qu’on  en- 
ytreptend  au  fuieéjt  de  celle  maladie, fe 
feront  commodément  par  clyfteres  acres» 

.  attra&ifs  &  corrolifs,  comme  aulîi  par  füp- 
politoires ,  apoplegmatiques,  mafticatoi- 
res,  errhins,  gargarifmes  8c  fternutatoires.  Operatias 
Btpour  aulïî  emprunter  quelques  remedes 
de  fa  Chirurgie,  on  fera  deifément  ouuer-*,?‘ 
ture  des  hemorrhoïdes,  femblablement  on 
paillera  les  veines  des  chejuille's  des  pieds 
pour  en  tirer  du  fang,  principalement  11  le 
ruai  prouient  de  la  fuppreflîon  des  mois, 
comme  il  efehet  le  plus  fouuent,  fera  pa¬ 
reillement  vtile  l’application  des  fangfucs 
Ihr  le  frôt,  enuiron  les  oreilles  &  autres  en¬ 
droits  du  cerueau  cômodes  à  cet  effet,  ff  la 
çaufedumal  relide  principalemet  en  iceluy  » 

Maîs  ffla  maladie  prend  fa  fourçe  de? 


maladies 

partiesinferieures,  il  fera  fort  expedientde 
fcarifîer  les  pieds ,  iambes,  cuifîes ,  hypo- 
condres,  &  d’y  appofer  les  ventoufes,  qm 
pour  la  reuulfion  des  parties  fuperieures, 
feront  auffi  conucnabîément  appliquées 
fur  les  efpaules.  L’vfage  des  fortes  ligatures  * 
&  frottemens  fera  pareillement  fort  com¬ 
mode. 

bvr  Qui  P^us  011 P eut  beurèufement  paf- 
dJcau-  f er  aux  cautères  a&ueîs  ou  potentiels,  les 
tttes.  impofant  &  bandant  fur  la  future  coronp.- 
le,  derrière  la  telle  ou  à  la  ioindhire  d’icelle 
auec  le  col,  afin  de  faire  paflage  àla  matière 
pernicieüfe ,  filecerueau  eneftmolefté  le 
•premier:  Autrement  on  creufera  des  emon- 
ctoires  aux  endroits  dont  on  verra  procéder 
la  caufe  du  mai,pour  endiuertir  &  extraire 
la  matière  qui  s’euapore  &  découlé  fouuent 
des  cuides,  jambes,  pieds,  &  de  femblabies 
parties  inferieures  &  fort  efloignées. 

Quant  à  la  matière  des  remedes  fufdits? 
mon  intention  n’efl  pas  de  l’examiner  plus 
au  long,ny  plus  fubtilement,  veu  principa¬ 
lement  qu’elle  eft  notoire  à  tpus ,  ék  qu’en 
deduifant  la  cure  du  paroxyfme  de  celle 
maladie ,  nous  en  auqns  j a  amplement  dif- 
couru. 

Il  relie  donc  que  fuiuans_  la  metfiode 
preferite  nous  difions  comment  on  pourra 
corroborer  les  parties  mal  difpofées,  corri¬ 
ger  leur  intempérie,  &  diffiper  la  matière 
peccante  des  autres» 


BV  CMVEAV.  237 

Les  remedes  propres  à  conforter  font,  - . , 
les  conferues  de  racine  de  peuoine,  acore,:  * 

pyrethefles  efcorces  des  citrons  &  mirobo- 
îans  confits  :  item  les  conferues  de  fleurs  de 
fauge,  rofmarm,  ftoechas,  betoine,  les  per¬ 
les,  coraux,  l’yuoire  ,1e s  cornes  de  licorne 
&  de  cerf,  tous  préparés  félon  l’art,  les  ef- 
pices  de  rofat  aromatic ,  diarrhod.  diamb. 
diamofchum,letifiantde  Galien,  dianthos 
de  Nicolas,  diamargaritum  chaud  d’Aui- 
cenne,diacaftoreum,  les  confe&ions  d’hya¬ 
cinthe,  de  grenades,  d’Alchermes&  autres 
de  tel  genre ,  foit  Amples,  foit  composez 
qui  font  en  vfage,  8c  s’approprient  en  di- 
uerfes  formes,cornme  en  opiat es,  conflits, 
tablettes  :  où  les  modernes  ont  accouftumé 
de  toufiours  adioüfter  quelques  fpecifiques 
pratiquez  aujourd’huy  en  la  cure  de  celle 
maladie,  tels  que  font  l’ongle  d’alce,  le  cr⬠
ne  humain,  le  guy  de  chefne ,  la  femence  8c  specifi* 
racine  de  piuoine.  Mais  quant  à  l’ongle  ques  â 
d’aine,  dont  l’vfage  eftoit  familier  aux  An -  l'eptUpJî* 
çiensfla  pratique  en  ell  prefque  abolie  chez 
les  nouueaux  Médecins. 

.  Or  quand  on  veut  employer  ceux  defdits 
Spécifiques  dont  Pvfage  eft  commun,  on  les 
choifit  fuiuant  quelques  certaines  obferua- 
tions:  comme  quand  l’ongle  d’alce  fe  prend 
pluftoft  du  pied  de  derrière,  que  de  celuy  de 
deuant,  qu’aucuns  le  portent  enchafle  dans 
vn  anneau,  en  forte  qu’il  touche  à  la  peau, 
autres  le  portent  pendu  au  col  immédiate- 


Z58  ©Eè  MALADIES 

ment  fur  la  chair  nue  :  &  eftant  ainfï  àdmi- 
niftré ,  il  acquiert  le  bruit  d’auoir  lavertu 
de  guarir  entièrement  cefte  maladie,&  auf-  . 
fideguarentir  foüdainlemalade  de  ballant 
&  paroxyfme,  ainlî  qu’ont  remarqué  ïean 
Agricole  &  Ammonius.  Quelques  autres 
'  font  prendre  fa  raclure  &  poudre  que  Gef- 
ner  tient  pour  vn  fingulierremedé  v,  liure 
des  belles  à  quatre  pieds  chapitre  del’alce. 

il  y  a  pareillement  quelques  obferua- 
tions  en  l’vfage  du  crâne  humain,  à  fçauoir 
qu’on  choififle  pluftoft  le  deuant  que  le 
derrière  d’iceluy  :  que  pour  vne  femme  il 
faut  approprier  le  féminin,  pour  vn  hom¬ 
me  le  mafcülin.  Or  fon  adminiftration 
vulgaire  eft  telle,qu’aucüns  font  feulement 
prendre  fa  poudre  fans  nulle  autre  prépa¬ 
ration,  les  autres  le  donnent  calciné  &  ré¬ 
duit  en  cendre  fort  Planche.  Pour  ceux  qui 
par  calcination  croient  le  rendre  plus  fpe- 
cifique  ,  ils  font  reprins  de  ceux  qui  n’ap- 
tbameur  prouuent  pas  vne  telle  préparation,  d’au- 
radicale  tant  qu’à  leur  dire  il  n’y  a  plus  d’humeur  ra- 
mfe  <on  dicale ,  &  rfy  refte  aucun  principe  de  vie 
cluan^  ^  bruflé,  c’eft  pourquoy  ils  trou- 
uent  meilleur  qu’on  le  prefente  en  forme 
de  raclure  fans  autre  préparation  quelcon¬ 
que.  Mais  iceux  ne  pénétrent  pas  éncores* 
alfez  auat ,  &  ne  difcernét  pas  auec  pruden¬ 
ce  fi  le  crâne  recent  çft  meilleur  que  le  dé¬ 
terré,  &ceîuy  qui  dés  long-temps  a  perdu 
Ton  lue  &  eft  priué  de  fon  humeur^ 


f)  V  CERVEAV. 

Quanta  ces  diligens  recherchons  d’hu- 
fiieur  radicale  ôc  de  principe  vital, s’ils  igno¬ 
rent  &  ne  recognoinent  pas  que  l’vn  &  l'au¬ 
tre  font  comprins  és  fels  des  chofes,  ils  ne 
méritent  pas  d'eûre  nullement  qualifiez 
grands  &  vrais  Philofophes,  ny  fcrutateurs 
'des-fecrets.de  nature,  ains  fophiftes  &  pe- 
dans,  qui  tournans  le  Grec  en  Latin,  &  rai- 
dans  des  longs  difcours  pleins  de  babil  es 
chaires  de  l’efchole  publique ,  s'attribuent 
foutes  chofes  grandes,  ôc  pour  eftre  admi¬ 
rez,  de  quelques  jeunes  ignorans  leurs  dif- 
ciples,  feperfuadent  faulfement  qu'ils  font 
releuez,  voire  efleuez  iufqu'au  plus  haut 
des  Cieux. 

Mais  nous  auons  âflez  clairement  parlé 
de  ces  chofes  en  nofire  traître  de  la  matière 
medecinale  des  Anciens  Philofophes  ,  & 
ailleurs  en  beaucoup  d’endroi&s,  tellement 
qu’il  feroit  fuperfiu  de  les  repeter  &  rap¬ 
porter  en  ce  lieu.  Pour  icy  nous  y  adiou- 
fterons  feulement  vn  formulaire  de  remè¬ 
de  confortâtif  en  forme  d'opiate,  comme 
il  s’enfuit 

Prenezjsonferws  de -  fleurs  de  rofmarin-,  femme , 
iuglofl}  de  chacunes  demie  once,  e fcorce  de  citron  con- 
fit  enflicre,  deux  dragmts ,  foudres  deguy  de  chéjne , 
fimenc e  de  femme  ,  ongle -  d'alce  :  demie  dragme 
de  chacun }  crâne  humain  calciné  iufqtta  blan¬ 
cheur  vne-'dragme  £r  demie-,  corail  fref  are,  ferlec 
préparées,  corne  de  cerf  préparées  ,  corne  d(.  licorne  : 
quatre  Jcru fuies  de  chacun,  wayefierrede  bezeard 


Qpiate 

cofortatift 


i40  PES  MALADIES 

vn  fcrupule , dramofçhtim  doux,  diatriafntal .  de 
chacun  deux  fcrupules,  vieille  thériaque,  confeHtori 
d'hyacinthe  :  de  chacun  vnedragme,  dont  auèc  ton- 
férue  de  citron  faites  vn  opiate  mol.  Le  malade  en 
prendra  tous  les  matins  aufli  gros  quvne  noifetteou 
andine,  continuant  lu  ce  faire  par  vhe  longue  ejpaâ 
de  temps ,  incontinent  apres  chaque  prinfe ,  il  boi~ 
ravn  petit  trait  d'eau  de  petit  muguet,  er  de  fleurs 
de  tillet  qui  font  au  fi  jpecifques  Cr  fort  bonnes  et 
ce  mal.  Pour  rnefhie  vfage  on  fera  fernbiablement 
prendre  l'eau  £ hirondelle  ,  ou  de  pies ,  dejquellet 
nous  auons  fait  mention  cy  denant . 

Il  y  auffi  en  hoftre  Pharmacopée  quel-» 
ques  autres  eaux  theriacales  ant épilepti¬ 
ques,  qui  duifent  pareillement  à  fortifier 
les  membres:  ce  feroit  chofe  fuperfiuë  d’en 
tranfporter  icy  les  deferiptions. 

Des  fufdits  remedes,  nous  en  pdüuons 
femblablément  compofer  d’autres  formes, 
comme  des  eleétuaires,  tablettes,  &  autres 
de  telle  forte ,  qu’on  fera  prendre  chacun 
four  aux  heures  du  matin. 

Tels  font  les  eonfortatifs  generaux,  qui 
fe rapportent  principalement  à  l’indifpofi- 
tion  du  cerueau  où  eft  le  fiege  de  telles 
maladies,  au  jugement  des  Dogmatiques. 

Mais  b  la  racine  ou  feminaire  du  mal 
conhfte  dans  l’eftomach,  on  adiouftera  aux 
precedens  remedes  ceux  qui  luy  conUien~ 
nent.  Que  fi  la  caufe  de  la  maladie  pro- 
uient  de  la  matrice  indifpofée,  on  aura 
pareillement  efgard  à  icelk. 


DV  C  E  R  VE  AV.'  Î4I 

Âüffipour  fortifier  particuliérement  les 
parties,  on  fe  feruirà  d’epithemes,Fqmenta- 
tions,  fuffumigations ,  bàüfmes,  emplaftres 
8c  autres  de  mefme  gehre  propres  au2  par¬ 
ties  mal  difpofées; 

Quoy  qu’il  enfoit.c’eftchofe  bie  certaine  sulflanct 
qu’être  les  trois  principes  hypoftàtiqües  le  fixeduftl 
fel  eftle  plus  fixe  de  tous,  8c  quéniceluy  gi- 
fent  fecretement  des  teintures  &rimpreinôs 
très  fermes:d’oùviét  que  la  terre  ayât  efpui- 
fé  &  confumé  les  liqueurs  8c  huiles  des  ani¬ 
maux,  les  feuls  os  domiciles  dés  Tels,  quoy 
qu’entier ement  delfeichez  au  tombeau,  re¬ 
lient  neântmoins  fi  fixes  &  fi  Fermes  que 
nulle  longueur  de  temps  ne  les  peut  vaincre 
ny  furmonter  :  car  encores  qü’ils  s’atté¬ 
nuent,  leurs  Tels  toutesfois  ne  Te  perdent 
aucunement,  mais  demeurent  cachez  par- 
my  la  terre.  D’autrepart  jaçoit  qu’eldits 
os  y  ait  grande  quantité  de  fel,  neântmoins 
pouf  eftre  incorporé  auec  b eaucoup  de  ter¬ 
re  qui  retient  fes  forcés,  il  ne  produit  au¬ 
cuns  efFeéts  de  fa  vertu,  tels  qu’il  a  accoù- 
ftumé  de  faire  eftant  diftraict  &  feparé; 
Auffi.ne  peut  il  monfirer  l’efficace  de  Ton 
bâufme,que  premièrement  il  ne  foi  t  difiout  , 
d’auec  les  parties  terreftres  qui  luy  font 
eonioihéteSi  Ce  qu  on  ne  pourra  ïamais  ef¬ 
fectuer  que  par  la  feule  calcination,  laquel¬ 
le  réduit  les  fels  en  cendres,  dont  auec  fon 
eau  propre  ou  quelque  autre  chofe  conue- 
nable  àmefme  effeCt,  le  philofophe  &  ou- 


DÉS  MALADIES 

urier  expert  rire  vn  excellent  &  précieux 
felquieftantimparty  ànos  veines,  fe  peut 
vrayement  appeller  humide  radical,  doué 
de  qualitez  a&iües ,  ou  facultez  beaucoup 
plus  efficacieufes  que  celles  du  crâne  tout 
fimple,  d’auantage  l  humeur  dïceluy  calci¬ 
né  iüfqu’à  parfaite  blancheur,  peut  fembla- 
blement  refoudre  &  difperfer  le  fel  en  tous 
les  endroiéfcs  du  corps. 

ïe  n’improüue  pas  icy  là  commune  pré¬ 
paration  &  calcination  dont  aucuns  Do¬ 
gmatiques  ont  cognoiflance,  bien  que  cy 
deiîous  nous  en  deuions  bien  toft  inférer 
d’autres  plus  {impies  8c  plus  pures,  enfem- 
bleleur  droi&  vlage.  Ce  fera  quand  nous 
produirons  lés  remedes  des  Hermétiques, 
de  qui  nous  tenons  8c  auons  apprins  ces  ex¬ 
cellentes  8c  belles  preparationsPhilofophi- 
ques. 

T  ouchant  l’vfage  du  guy  de  chefnejla  fe- 
mence  de  piuoine  &  fa  racine,  on  fuit  pa¬ 
reillement  quelques  obferuations  en  leur 
cueillette,  car  les  racines  &  femence  de  pe- 
uoine  fe  cueillent  au  decroilFant  de  laLune, 
&  le  guy  de  chefne  s'amafle  bien  en  mefme 
temps,  mais  quand  luppiter  eft  tres-fauora- 
ble  en  l’vne  de  fes  maifons,  c’eft  à  fçauoir 
lors  qu’il  r  egarde  la  Lune  d’vn  t.rine  ou  Tex¬ 
tile  afpeéfc. 

Nous  auons  ja  fuffifamment  touché  cy 
dfeflus  les  expériences  de  tels  remedes  pro¬ 
pres  à  ce  mal  8c  à  la  cure  d’içeluy,  aüeç  les 


Î>V  ÈIRVEAV.  243 

raifons,  fur  quoy  elles  font  fondées,  non- 
ôb fiant  cela  i’en  adioufleray  encores  quel¬ 
ques  vnes  en  leurs  propres  lieux. 

Par  cela  voit  on  clairement  qu’es  remè¬ 
des  fortifians  tant  generaux  que  particu* 
liers  ,  les  Dogmatiques  ont  accotiftumç 
d’employer  les  fleurs  de  fauge ,  rofmarin, 
ftoechas,  betoine, la  femcnce  de  peubine, 
les  grains  de  genieure  &  autres  tels  Amples 
qui  font  prefque  tous  efehauffans  &  odo- 
rans,  8c  d’introduire  le  mufe  8c  l’ambre  eft 
telles  compofition s  j  pource  que  :(consme 
nous  auons  dit  ailleurs  en  débat ant  leur 
eaufe)  ils  ont  prefque  tous  opinion  que  ce^ 
fie  maladie  prouient  dê  caufe  froide,&icci^ 
le  crade  &  pituiteufe  ,  dont  il  s’enfuir- que 
les  remedes  incififs  ,  efehauffans,  8c.  atte^ 
nuans  y  font  grandement  requis.  Ce  néant-  Gale»i*- 
moins  l’experierice  nous  à  fouuent  démon-  fies  »r<lo» 
ftré  que  tels  remedes  efriiaufFans  &  odori-  n'nt 
ferans  augment enr  &'  irritent  ces  maladies  £ 
pluflofl  que  de  les  amoindrir  &  furmon- 
ter.  Cela  naduientil  pas  d’autanr  que  le  &  odorat 
mufe  êc  femblables  odorans  font  carybari-  en  ce  fit 
ques,  c’efl  à  dire  appefantiflàns  8c  remplif- 
fans  le  çerueau,  8c  y  faifans  croiflreles  cau¬ 
ses  repletiues  ?  Qif  ainfî  ne  foit,  l’experiemf 
ce  ordinaire  nous  refmoigne  que  les  fem~ 
mes  fubiedes  aux  affedions  ou  maux  de 
matrice, coufins germains,  ou  pluflofl:  frè¬ 
res  de  celle  maladie,  font  tombées  en  des 
allants  hyfteriques  qui  en  vn  moment  les 


244  OES  MALADIES 

ont  terraflees  &  abbatuespourauoir  feule» 
ment  flairé  des  gands  parfumés  de  mufc, 
lay  moy  me  fines  veu  plufieurs  perfonnes 
qui  ne  pouuoient  pas  mefmes  fupporter 
Todeur  d’vne  rofe,  Cms  eftre  à  l’inftant  faifis 
dvn  rhume»  &  agitez  de  grands  efternu- 
mens,  voire  mefmes  tourme  ntez  de  grieues 
douleurs  de  telle  »  tant  ces  odeurs  fortes 
Sc  vapou'reufes  rempliflent  ,efmeuuent  & 
troublent  le  cerueau.  Ce  que  les  Dogma¬ 
tiques  deur oient  fort  foigneufement  obfer- 
ucr  enfa  pratique  ordinaire  de  leurs  con- 
fortatifs,  qui  caufent  fouuentesfois  plus  de 
mal  que  de  bien.  Ceffc  pourquoy  nous 
Verrons  cy  apres  en  fon  propre  lieu»  que 
les  corroborans  fpecifiques  dont  les  Her¬ 
métiques  fe  feruent  »  ont  vn  e  nature  bien 
autre  &  fort  differente,  où  aufli  auec  plus 
de  vraÿfemblance  clarté  Sc  certitude  ils 
allégueront  le?  raifons  pourquoy  leur fdits 
remedes  conuiennent,  &  font  appropriez  à 
celle  maladie. 


3?  V  CERVEAV.  24 S 


Ch  a  p.  XIX. 

Ou  eft  monftré  la  maniéré  d’extirper  U  ra¬ 
cine  de  l'eptlepfie ,  £57*  y  font  produisis 
les  vemedes  propres  à  cefte  intention . 

Reste  à  expliquer  ,  ou  defpîoier  les  StmiLti* 
moyens  de  pouuoir  arracher  ,  6c  du  rts^e 
tout  extirper'les  reliques  de  cefte  maladie: 

Car  comme  ainft  foit  que  lesfeminaires  d’i-  ^  txtirptr. 
celle  font  profondément  enracinez  8c  très 
occultes,  mal  aifément  les  pourra-on  defra- 
ciner  &fubjuguer  par  (impies  &  légers  re- 
medes  tant  feulement ,  yeu  mefmé  que  les 
communes  purgations,  reuulfions,  deriua- 
tions  8c  confortations  adminiftrées  par 
quelques  iours  ne  fuffiroiënt  pas  à  les  dom- 
ter.  Mais  il  eft  requis  beaucoup  plus  de 
temps  à  l'extirpation  de  telles  racines,  ceft 
à  dire  que  peu  à  peu,  8c  par  lu  fuite  conti¬ 
nuelle  d’vn  long-temps  il  faut  employer  & 
pratiquer  les  remedes  fufdîts,  nonobstant 
quoy  fi  le  maLperfifte  8c  demeure  viâro- 
tieux ,  il  faudra  neceflairement  attoir  ret 
cours  aux  dietes  chroniques  qu’on  appelle, 
ceft  à  dire  aux  remedes  hydrotiques,  dia¬ 
phoniques  8c  diurétiques  :  comme  aufiî  Indicatios 
âux  fpecifiques  propres  qui  vifent  à  totale. 
îpent  extirper  telles  caufes  occultes,  &  à  *c*y*Pn 
réprimer,  voire  efteindrela  maligne  &:  per- 

QJn 


tÀfG  DES  Mil  ADIÊS 

nicieüfe  qualité  dont  la  maladie  eft  ordinai¬ 
rement  accompagnée  :  afin  que  par  eè 
moyen  les  entrailles  foient  depeftrees  des. 
impuretés  Sc  obftruéfcions  qui  les  remplit. 
fent,&  qüe  les  humeurs  fuperfluës  inci  fées* 
atténuées,  refontes  &euaouées  par  les  vri¬ 
lles  en  foient  du  tout  efpuifécs  &  confu- 
mées:  &  qu’ainfi  les  veneneüfes  &  mali¬ 
gnes  vapeurs  for  tentée  s'exhaler  par  fueurs*. 
de  forte  que  rœconomie  des  membres  de? 
prauée  fe  püiffe  remettre  e|i  fon  entier,  & 
laçomplexion  du  corps  s’attremper  Sc  af¬ 
fermir.  Car  en  cefte  maniéré  les  conco¬ 
rdons  ferontfacilitées,  Sc  toute  la  maife  du 
fang  repurgée  ,  par  l’exclufion  vniuérfelle 
de  la  corruption  contagieufe  &  veneneuië, 
qui  entretient  &  fait  croiftre  fouuentesfoiS 
toutes  les  câufes  decemah 
Ûlaphà.  Entre  les  reifledes  qui  fe  rapportent  à  ces 

intentions  cufatiues&côfortàtiues,iegua? 
flux.  jaG  balfamic  St  odorant,  bois  indien,  com-  * 
me  âufli  le  bois  de  fafîafras  qu’on  nous  à* 
mené  de  la  Floride  où  il  croift,  &  dont  lafa? 
Ueür  aromatique  reptefentant  la  douceur 
du  fenoil  eft  de  tres-bongouft:  ces  bois,  di- 
jc,  tiennent  le  premier  lieu  entre  tous  les 
-  hydrotiqües  &  diaphotetiquesîàuffi  l’vfage 
en  eft  ordinaire,  &  profitable  à  toutes  ma¬ 
ladies  obftinées  &  chroniques.,  dont  les 
çaufes  font  froides,&  à  toutes  complexions 
&:  natures  replètes,  eraffes  &  pituiteufes. 

Entre  les  fudoriques  dont  on  fe  fertcom- 


BV  CERVEAV.  *47 

inunément ,  lafalfeperiile ,  &la  racine  de 
chine  font  ceux  qui  efchauffent  le  moins:  à 
raifon  de  quoy  ils  font  .employez  à  telles 
maladies,  qui  ont  des  raçinés  occultes,  & 
font  de  long  traict,  apres  s’eftre  inutilemét 
feruy  detous  autres  remedes  :  lefquels  hy- 
drotiques  font  appropriez  par  quelques 
Dogmatiques  aux  perfonnes  fort  maigres, 
$rgardezpour  l’vfage  d'iceux,  &  de  ceux 
quiontlefoye  extrêmement  chaud,  tenans 
la  decodion  de  tels  fimples  pour  moires  da- 
gereufe  que  qelle  qui  fe  compofe  de  guajac, 
ou  d’autre  médicament  plus  chaud  :  com¬ 
bien  que  d’autres  font  cas  du  guajac,  &  luy 
donnent  le  principal  lieu  en  la  cure,  non 
feulement  des  petites  veroles,  mais  aufïi  des 
epilepfies,  paralyfies  8c  femblables  maux 
chroniques  qui  ne  cedent  à  aucuns  remedes 
vulgaires:  toutesfoisla  décoction  d’icehjy 
s’attrempeeny  méfiant  la  raclure  du  bois 
rhodien,  ainfi  nommé  des  Apoticaires,  & 
qui  autrement  s’appelle  Afpalathum  rofat, 
ne  reffemblant  pas  feulement  au  fantal, 
mais  rendant  prefque  mefme  odeur  que  la 
rofe,  dontl’vfage  eftaujourd’huy  fort  fre¬ 
quent  :  on  le  mefle  prefqu’en  toutes  autres 
décodions,  efquelles  la  chaleur  du  guajac, 
&  des  autres  hydrotiques  chauds  le  doit 
modérer,  impartifïànt  à  la  decùdion  vue 
odeur  &  fàueur  très  douce,  &  fort  agréa¬ 
ble.  '  -  ’  “!  -  ; 

Les  Bois  de  Laurier  8c  de  genieure  font 

üi) 


24S  DES  MALADIES 

au{ïi  nombrez  entre  les  hydrotiques  com¬ 
muns,  on  s’en  fert  vulgairement  es  mala¬ 
dies  froides,  &  à  l’endroit  des  temperamens 
pituiteux&  humides,  telles  que  isôt  certains 
genres  de  paralyses,  contractures  8c  catar¬ 
rhes,  En  mefme  rang  font  raportez  Therbe 
nommée  vlmaria,  le  chardon  bénit,  laraci- 
ne  de  grancje  bardane  8ç  autres  tels  Simples 
qu’il  feroit  long  de  reciter  tous  en  ce.lieu, 
où  il  pourra  Suffire  d’en  dénombrer  quel¬ 
ques  vns  des  plus  communs,  aufquels  -com¬ 
me  à  vue  anchreTaçrée  pnnfe  aurâg  des  vé¬ 
gétaux,  les  plus  célébrés  8c  plus  fameux 
Dogmatiques  ont  acçpuftumé  de  recourir 
çs  maladies  les  plus  grieues  8c  obftinées,  en 
faifans  plufieurs' fortes  de  décodions ,  efi 
quelles  ils  meflent  vn  ou  deux  defdits  Sudo¬ 
rifiques  en  quantité  tantoft  plus ,  tantoft 
moins  grande,  félon  que  requièrent  le  fujet 
&ladiuerfe  complexion  ou  tempérament 
des  malades,  ■  '  1 

Quant  à  nous  qui  traitons  icy  de  l’epilep- 
15e,  nous  y  exposerons  les  médicaments  hy¬ 
drotiques,  qui  nous  Sembleront  eftre  plus 
propres  &  plus  Spécifiques  à  la  maladie, 
pour  les  raifons  qu ’auons  ja  fufalleguées,&- 
qui  en  vain  feroierit  icy  répétées.  Or  pour 
ne  nous  point  efçarter  de  noftre  ordre  & 
méthode  commencée,  cy  apres  nous  enfei- 
gnerons  pareillement  enfqn  lieu  'quels  re- 
naedés  conuiendront  mieux  à  cefte  ma.la- 
dié  j  &  feront  auffi  propres  &  Spécifiques 


pv  Cerveav.  249 

aux  autres  maladies  qui  l’auoifinent  de  plus 
prés  ,  /  , 

,  Prenezraclure  de  bois  de  buis  deux  oncesC^demie,  re  *" 

raclure  de  bois  de  geneurier ,  racine  de  femme,  guy  ifus 
de  chefhetvne  once  <£r  demie  de  chdcun,  raclure  de 
bois  rhodien,  de  corne  de  cerf:  flx  drachmes  de  cha~ 
çun,  raclure  d'yuoire ,  racine  de  chine,  fèmence  de 
chardon  bénit  Cr  efcorce  de  citron  :  de  chacun  vnt 
once,  macer exiles  vingt  quatre  heures  durant  eti~ 
huiEi  hures  d’eau  de  fonteine  tiede  :  Puis  les  faites 
cuire  mfqud  confimption  d’vne  tterce  partie, y  ad- 
ronflant fhrla fin  de  la  coEhion  deux  pugils  de  fleurs  de 
tillet  arbre,  cr  autant  de  petit  muguet,  cela  fait  vous 
pajferezje  tout  a  trauersla  manche  à  l’hippocras ,& 
donner ezji  boire  la  coulât  ure  en  do  je  de  cinq  ou  fix 
onces.  Celle  potion  à  la  vérité  fe  peut  vti- 
lement  prefenter  &  faire  prendre  aux  hom¬ 
mes  affligez  de  ce  mal  épileptique,  de  quel, 
que  aage  &  temp  eirament  qu’ils  foiennyeû 
qu  elle  vife  plüûoftà  l’abolition  des  quali- 
tez  venimeufes  &  malignes ,  qu’à  difliper 
par  fa  chaleur  les  craffes  &  pituiteufes  hu¬ 
meurs  du  cerueau,  puis  les  refoudre  &  eua- 
cuer  par  fueurs  qu’elle  aura  fufcitées. 

Il  y  a  certains  corps  de  complexion  natu¬ 
rellement  fort  humidés  ,  pour  l’vfage  def. 
quels  ie  ne  craindraÿ  point  d’adioufter  à  la 
decoétion deux  onces  de  raclure  de  guajac, 
lequel  eft  fort  balfamic  comme  ja  nous  a- 
uons  dit ,  &  qui  eftant  mis  aü  nombre  des  t 

fudorifiques ,  ne  peut  qu’il  ne  refîfte  aux 
Qqrruptions  &  vermineufes  putrefa&ions 


2LJQ  CES  M  A  L'A  D  I  ES 

des  vapeurs  malignes  qui  caufent  fort  fou» 
uent  l’epilepfie  fympatique.  Pour  moy  ie 
ferois  prendre  aux  riches  en  lieu  d’eau  com¬ 
mune  les  décodions  des  eaux  d’vlmaria,  fu- 
meterre,  ou  des  fleurs  de  tillet,  &  petit  mu, 
guet  qui  font  fpecifiques  à  telle  maladie, 
ou  mefmes  au  lieu  de  décodions,  veu  que 
la  force  du  feu  en  fait  exhaler  la  partie  mer- 
curiale  oufonefprit  aigret,  fenpjentatif,  & 
fudorifique,  ainfi  qu’auons  efcrit  en  noftre 
confeii  touchant  la  verole,  il  feroit  meil» 
leur,  &  i’aimerois  mieux  faire  digerer  ces 
Amples  au  bain  marie  l’efpaee  de  trois  ou 
quatre  ioursjpuis  les  mettre  das  vne  cornue 
qu’on  appelle,  afin  d’en  tirer  l’eau  à  la  cha¬ 
leur  du  bain  vapoureux;  iufqu’à  ficcité, 
moyen  par  lequel  fe  peut  extraire  la  totale 
fubftance  d  vne  chofe  fans  aduftion,  quant 
au  marc  ou  feces  qui  relieront,  il  s’en  fera 
vhe  decodion,  laquelle  tiendra  lieu  de  vin, 
tant  dedans  que  dehors  ie  repas.  Ce  qu’on 
efFeduera  alternent  pourueu  que  fur  iceluy 
marc  aride  on  verfe  fuffifante  quantité 
d’eau  commune,  dont  fera  faite  yne  deco- 
dion,  qui  eftant  efpuifée  ,  &  le  marc  def- 
feiché ,  on  le  réduira  en  cendres  blanches 
par  reuerberation,  qui  feront  mifes  dans  la 
chauffe  à hipp ocras  auec  vn  peu  de  canelle 
concaflee,  cela  fait  ie  voudrois  pafTer  &  re- 
pafler  tant  de  fois  à  trauers  lefdites  cendres 
la  première  eau  diftillée,  qu’elle"  eufl:  attire 
à  foy  lefel  des  feces  qui  la  rendra  plus  eflf* 


D  V  CERVEAV.  Ift 

cacieufe&plusvitriolée.  De  cefte  eau  fi¬ 
nalement  ainfi  préparée,  il  fuffira  d’en  pre- 
séter  à  chaque  fois  deux  ou  trois  onces,  dot 
fe  pourront  veoir  des  effeCfcs  admirables. 

Patainfi  voit  on  clairement  de  quels  or- 
iiemens  fpagiriques  nous  amplifions  &  en- 
fichilfons  par  occafionîes  remedes  vulgai¬ 
res  des  Dogmatiques  ,  qui  autrement  fe 
trouuerôient  peu  fertiles,  voire  du.  tout 
inutiles ,  fi  on  les  adminiftroit  tels  qu’ils 
font  &  fans  eftre  augmentez  par  l’art  fp a- 
girique.  Mais  attendez  vn  peu  (mes  amis) 
qu’en  leur  propre  lieu  ils  vous  foient  repre- 
Tentez  fous  vnplus  noble  ÔC  plus  bel  orne¬ 
ment. 

Quandles  Dogmatiques  emploient  tels 
remedes,  ils  appellent  cefte  cure,  faire  diæ-  j7a*ne, 
te,  pouf  ce  qu’alors  on  encharge  ordinaire--  z*te  et 
ment  de  tenir  vn  régime  deviure  fort  eftroit  t^ei 
qui  atténué  &  delfeiche.  Quelques  vns 
pourfuiuent  à  garder  ce  régime  de  viure 
parvne  allez  longue  efpace  de  temps,  c’eft’à 
direiufqu’àaq.  30.  ou  40.  iours  ,  afin  que 
ces  maladies  fi  rebelles  viennent  petit  à  pe¬ 
tit,  ôc  par  longue  fucçeiîîon  de  temps  à 
eftre  données  &  vaincues.  A  d’autres:  fuffit 
la  diæte  de  10.  ou  ïj.  iours,  8c  pourtant 
n’outrepaftent  ils  point  ce  terme.  Ce  que 
ie  n’approuue  en  façon  quelconque,  car  les 
humeurs  qui  caufent  les  maladids ,  font 
bien  agitées,mais  non  diflîpées  ny  confu- 
niçes  en  fi  peu  de  temps. 


iji  p  H  S  M  A  L  A  D  I  E  S 

Durant  tout  le  temps  de  la  diæte  (com¬ 
me  auflî  au  parauant)  on  purge  le  malade 
de  fix  iours  en  fix  iours  par  quelque  remede 
propre.  Que  s’il  a  le  ventre  conftipé,  outre 
le  remede  fdfdit,il  luy  faudra  bailler  vn  cly- 
liere  amolifïànt.  Et  ce  qui  eft  le  dernier  ep 
celle  çure,tout  ainlî  qu’on  l’aura  commen¬ 
cée  par  vne  medecine  laxatiue,  auffi  la  fau¬ 
dra  il  finir  par  fembiable  potion,  laquelle 
façon  de  remédier  a  fuccedé  heureufement, 
êc  refforry  Fon  effeél  contre  telles  maladies 
chroniques  8c  obftinées  à  l’endroit  de  quel¬ 
ques  vns  qui  eftoientde  complexion  char¬ 
nue  &  replete,  &  d  vn  tempérament  humi¬ 
de  8c  pituiteux. 

A  d’autres  elle  a  plus  apporté  d’incomr 
Teüecurç  modité  que  d’allégement  :  car  tant  s’en  faut 
ies  Do.  qUe  }e  cerueau  vienne  à  s’en  deffeicher 
éteint  comrïie  OIÎ  elpere, cqu’ata  c°ntraire il  en  de- 
re (fouît  uiétit plus  humide  &  plus  fuieél  aux  çatar- 
f  m  fin  rhes.La  raifon  efl  que  le  fiang  enflammé  par 
tjfetl  en  tels  remedes  efchauffans,  exhale  &  rené 
uw /mets  p]us  granc}e  abondance  de  vapeurs  qui  rem- 
pliffent  d’auantage  le  cerueau ,  8c  ainfi  le 
rendét  trouble  8c  nubileux,Voire  pluuiemc, 
c’eft  à  dire,  feruent  de  matière  aux  défla¬ 
tions  8c  diflillatlons  qui  fe  font  en  plufieurs 
endroits  du  corps;  A  quoy  il  faut  foigneu- 
fement  prendre  garde ,  de  peur  qu’on  ne 
prefcriue  tels  remedes  indifféremment,  & 
mal  à  propos.  O  n  doit  pluftofl  foigner  à  ce 
que  les  yrines  foient  prpuoquées  pat  tels 


DV  CERVEAV.  Tft 

remedes,  car  tous  fudorifiques  fontcomu- 
némentreputez  diurétiques,  ou  bien  que  ^ueij-09t_ 
le  fangfoit  purgé  par  tranfpiration  infenil-  recom - 
ble,  de  peur  que  le  corps  eftant  par  violen-  manits, 
ce  contraint  de  fuer,le  fang  ne  vienne  à 
s’en  efchauffer  outre  mefure. 


Ch ap.  XX. 

Des  eaux  minérales  Spécifiques  à  ce  fie  mala¬ 
die  >  aufquelles  les  Dogmatiques  enuoient 
ordinairement  leurs  malades  apres  quen 
hainils  ont  effrouué  tous  leur  remedes , 

CT*  de  leurs  faculté^. 

Sï  l’âdminiftration  de  tels  remedes  fucce- 
de  peu  fauorablement ,  &  s’il  en  reuient 
peu  de  fruiét,  les  mefmes  Dogmatiques  ont  Efiuues 
accouftumé  d’enuoyer  leurs  malades  aux  &  eaMX 
eftuues  ou  eaux  minérales  &  métalliques  m>nerale* 
dont  la  nature  femble  nous  faire  iournelle- 
met largeife  enp.lufieurs  endroi&s  de  l’Eu¬ 
rope.  Mais  n’eftans  pas  contraints  de  les  re¬ 
prendre  de  plus  loing.il  nous  fuffira  de  re-> 
cercher  celles  qnenoftre  France  &  les  lieux" 
circonüoifins  nous  fournilfent  :  où  nous  ne 
manquerons  point  d’eaux  ferrées:,  plom- 
bees,argentees,anrimoniales,  vitriolées,  a- 
lumineufes,nitréufes,gemmées,fulphurées 
ny  bitumineufes  :  lesquelles  nous  verrons 
produire  diuers  &  merueilleux  cffets,pour* 


254  DES  MALADIES 

ueu  qu’on  les  prene  bien  à  poind,  &  qir  eL 
les  foient  emploiées  par  des  experts  &  do¬ 
utes  Médecins  à  la  cure  de  plusieurs  mala¬ 
dies.  Lefquels  effeds  s’accompliflent  no¬ 
toirement  par  diuerfes  euacuations  fpecifi- 
ques  &  propres  à  chacunes  defdites  eaux, 
car  les  vnesremedientjjar  fueurs,  les  autres 
Wpar  prouocations  d  vrines ,  les  autres  en 
*  *  purgeant  par  le  ventre,  les  autres  par  vo- 

miflemens  ,  ôc  les  autres  finalement  par 
tranfpiration  infenhble.il s’en  trouue  d’au¬ 
tres  qui  ont  d’autres  propriété spar  le'moyé 
desquelles  on  guarit  ordinairement  les  ma-  . 
ladies,  fans  aucune  euacuâtion  man'ifefte,  à 
fçauoir  ez  vifcêres  qui.  feruent  à  la  nutri¬ 
tion  de  leurs  obftrûdions  tartarées,  &  des 
impur etéz  mu cilagineufes  y  attachées,  ou 
bien  en  reftabliflant  le  bon  tempérament 
dont  elles  fe  font  départies,  &  corrigeant 
&  reftaurant  toute  la  deprauation  qui  peut 
eftre  en  l’œcondmie  d’iceux. 

Mais  ie  demanderois  volontiers  à  ceux 
qui  inuediuent ,  &  abbayent  tant  contre 
les  remedes  métalliques,  ou  prins  entre  les 
métaux  &  minéraux  (au  rangdefquéis  nous 


Calent* 
fies  eftat 
au  bout 
deleutt 
remedes. 


fioa.  mettons  les  pierres,fucs  terreftrcs,  foit  fels, 
ioilTaux  ^~0*t  h°ulphres)  pourquoy  apres  auoir  effayé 
mine*  tousautresremedes,&.cognu  leur  imbecil- 
Taux*  lité  és  maladies  les  plus  grieues  Ôc  defefpe- 

rées,  ils  ont  recours  aux  uftuues  minérales* 
©u  eaux  medicamenteufés,  puifque  ils  leid 
-oftcnt  toute  vertm&  maintiennent  qu'elles 


DV  cervïav. 

font  mortes  &  du  coût  oyfiues.  Cela  n  eft  ce 
pas  recognoiftre  contre  leurs  plaintes  in- 
iuftes  qu’en  telles  eaux  y  a  certaine;  fubftan- 
ce  métallique  douée  d’vne  grande  vertu,  à 
laquelle  fe  doit  attribuer  la  guarifon  de  tels 
&  li  grands  maux ,  que  fi  ladite  vertu  3c  ef-  Salent- 
ficacen’eftoit  en  ces  eaux  par  les  effences  fies  on* 
minérales,  quel  autre  efFeâ:  pourr oient  a-  , 

uoir  les  eaux  thermales,  finon  d’hutneéfcer  ’^Jonie^ 
&  refroidir  ?  Arriéré  donc  cefte  peruerfe  Sc  mine* 
perplexe  opinion  qu’ils  ont  des  fubftances  raux. 
métalliques,  félon  laquelle  ils  s’imaginent 
faulfement ,  Sc  veulent  obftinëment  con¬ 
clure  qu’elles  n’ont  aucun  principe  vital. 

Ils  ne  difputent  pasauec  moins  d'abfurdité 
&  témérité  en  niant  que  les  fubftances  des 
métaux  ayent  quelque  analogie  &  commu¬ 
nication  auec  la  nature  de  l’homme  :  veu 
qu’ils  apperçoiuent  3c  font  contrainéfcs;  de 
confeffer  que  par  la  vertu  de  telles  eaux 
l’homme  eft  iournellement  deiiuré  3c  rele- 
uédetant&  fi  grandes  maladies  /  fort  que 
cela  fe  face  par  dererfion  des  impuretez  qui 
s’accomplit,ou  par  vomiftement,oü  par  dé¬ 
tection.,  ou  par  vrines,  foir  auffi  qu’au 
traire  tels  fymptomes;fereftreignentfe§iëvr 
mettent  en  leur  difpofition  naturelle  rpd?  y 
1  adftriétion  des  eaux  Sc  des  vertus  metald  * 
liques  :  fait  finalement  que  tous  captèthes,- 
&toute  forte  d’Hemorrhagie  oü  aUÆùrïe’  5  v 
flux  quelconque  viennent  à  s’app'ài'fer/dt  .  ' 

leur  cours  trop  violent  à  s’arreftér  &  triode- 


Z$6  DES  MALADIES 

rer.  En  outre  par  le  moyen  d’icelles  ëziii 
thermales,  &  auffi  dés  fubftances  &  vertus 
métalliques ,  tantoft  oh  efteint  les  ardeurs 
fiéureufes  oufiéures  ardetescaufées,  foit  de 
pituite*  Toit  de  bile,  non  par  quelque  quali¬ 
té  rafraiehiflante  tarif  feulement,  mais  par 
vne  faculté  beaucoup  plus  efficacieufe  & 
beaucoup  plus  noble ,  tantoft  on  corrige 
l’irttempetie  de  toutes  parties  froides, non 
par  quelque  qualité  chaude,  mais  par  vne 
efficaçeplus  puiflante.-i  Ainft  voyons  nous 
eftre  corrigées  &  temperées  toutes  tu* 
meurs  froides  8c  pituiteufes,  8c  infinis  au* 
très  effeéts  admirables  fe  produifent  contre 
toutes  fortes  de  maladies  par  lefdites  eftu- 
ues,  félon  la  diuerfifié  des  eifences  métalli¬ 
ques  dont  elles  font  do  üées  8c  imprégnées. 
Qui  ofera  donc  maintenant  nier  qu  a  raifon 
de  tant  de  vertus  &  effeéts  fi  grands,  qui  pa* 
roiifent  à  veu'ë  d’œil ,  les  métaux  ne  font 
point  vitaux,  8c  fouftenir  qu’ils  n’ont  aucu¬ 
ne  vertu  d’efprits  vitaux,  finon  quelque  in* 
fenfé,  8c  plus  aueügle  qu’vue  taupe?  Qui 
pourra  maintenant  maintenir  que  ces  re- 
medes  ji’ont  aucun  rapport,  ny  conuenance 
auee  Ja  nature ,  tempérament  8c  comple- 
xion  de  l’homme?. Et  qui  déniera  vné  fi  e- 
ftroite  confpiration  8c  concorde,  à  ces 
B’o#  pro  chofes:qui  s’aident  8c  embrafiènt  les  vnes 
sedent  les  les  autres?  Parquôy  tant  de  puiflances  da- 
tfftfcàes  t.ànt  de  vertus,  tant  de  miracles  qui  & 
matra»*  fG£t  journellement  en  la  cure  de  figrieues 

&  fortes 


BV  CÎRVEAV,  257 

&  fortes  maladies,  demonftrent  aflez  corn-  t , 
bien  a  de  puiffance  &  de  force  la  tein&ure 
de  telsefprits  métalliques ,  &  l’impreflion  effettidc* 
vitale  (tant  s’en  faut  qu’elle  foit  nulle)  fur-  mine- 
pafsât  la  vertu  &  l’energie  de  tous  autres  re-  raux, 
medes:  Tellemét  qu’il  n’eft  befoin  que  d’in- 
fpedion  oculaire  à  laquelle  les  plus  auçu* 
gles  ne  feront  difficulté  de  croire.  Néant- 
moins  ie  ne  m’arrefteray  pas  à  ce  feul  genre 
de  preuue  quoy  que  puiffant  &  folide,  ainsi 
ieverifieray  encores  cy  apres  par  raifons  <Sç 
demonftrations  bien  euidentes,  les  vertus,- 
facilitez,  proprietez  defdites  eaux,  ounouâ 
réfuterons  quant  &  quant  les  opinions  pum 
riles  ôc  ridicules  de  ceux  qui  eftimenc  que 
les  métaux  ou  fubftances  métalliques  n’ont 
aucun  principe  vital,  &  qui  félon  la  fenten» 
ce  de  Galien  les  appellent  apocruftiques  ou 
repereuffifs,  difansaulli  qu’ils  font  plu ftoft 
mortels  que  falutaires,  Ôc  pourtant  ne  doi-  j 
uent  eftre  prins  au  dédis  du  corps  i  ny  admis 
es  purgations  interieuresrà  quoy  toutesfois 
ils  font  deftinez  &  ordonnez  par  les  dpdes 
Médecins  bien  verfez  en  leur  préparation* 

&  ce  auec  heureux fuccez  ôc  au  grand  pro¬ 
fit  de  tous  maladesjdë  forte  que  les  maladies 
mefme  les  plus  defefperécs  en  font  vain- 
cuës,&  leur  cedent  ne  plus  ne  moins  qu’aux 
eaux  minérales. 

Donques  pour  confirmer  la  vérité  des 
remedes  métalliques ,  ie  me  feruiray  du 
argument,  par  lequel  vn  certain 


2jS  t>ES  MAIA9IËS 

nouuel  apprentif,  &  içcluy  auffi  ieune  e$ 
l’vnc  qu'en  l’autre  fe&e  de  médecine,  fc 
vanta  chez  quelque  célébré  Médecin  (de 
qui  i’ay  apprins  cefte  arrogance  de  ieuneffe) 
qu’il  m’auoit  attaqué,  &  par*  la  force  d’icc- 
luyimpofé  filence,  publiant  aiftfî  le  trjom» 
phe  auât  la  vi&oire.  Mais  nous  remettrons 
ce  different  en  vn  autre  lieu,  où  nous  pro- 
poferons  bien  toft  les  remedes  des  Hertne- 
ïiques  contre  cefte  maladie  dont  eft  que- 
ftion,  &  y  verrons  que  les  métalliques  tien¬ 
nent  le  premier  rang,  ou  pour  le  moins  ne 
«doiuenteftremis  au  nombre  des  derniers, 
làmefmesprouuerons  nous  auffi  par  noftre 
Mini»  refponfe  au  nouice  fufdit,  que  tels  remedes 
9*»%  ne  nefont  nullement  priuez  d’effence  vitale, 
fintpmt  ny d’efpritsfort  capables  d’agir:  mais  que 
/evh^  pluftoft  ils  ont  vne  vertu  plus afteurée,  &  v- 
ne  vie  plus  excellente  que  celles  de  tous  les 
autres  medicamens ,  pour  excellens  qu’ils 
puiffent  eftr  e,principalement  en  vertu  &  e~ 
nergie.  Ce  que  nous  enfeigneronsnonpar 
quelque  opinion,  vague  &  erronee,  mais  le 
vérifierons  par  folides  &  certaines  raifons 
fondées  fur  la  pratique  &  expérience  mef 
me. 

Jbtl»»»  ® r  entre  les  eaux  thermales,  les  acides  & 
rame  afi-  &  vitriolees(telles  que  font  celles  de  Spas, 
propriété  dePouques,&  mille  autres  femblables  que 
la  nature  produit  en  diuers  lieux)  conuien- 
nent  tres-bien  aux  affections  epileptiques, 
m  '*  <k y  font  fort  propres,  dequoy  nousauons 


BV  CU7EA  V* 

cy  deflûs  rendu  la  raifon,  &  pourtant  ne  la 
répéterons  nous  point  icy.  Les  eaux  ferrées 
occupent  le  fécond  lieu  apres  les  vitriolées 
en  la  cure  de  celle  maladie,  de  telles  eaux 
ferré.ès,  s’eft  depuis  peu  defcouuerte  vne 
fource  en  DanemarK;  Leur  vertu  paroift 
fur  tout  en  celle  maladie,  fi  le  mal  prouient 
de  l’indifpofition  des  parties  qui  feruent  à 
la  nutrition,  ou  de  la  matrice;  Gar le  vitriol 
quieftvenerien,  &  comme  le  premier  eftre  s  - 
du  cuiure  ou  de  V enus,  a  grande  conuenan-  Jte 
ceâuec  le  fer  ouMars,veu  que  l’vn  fe  tranf-  vitriol  *• 
muë  facilement  en  l’autre,  &  fe.re.ueft  de  fa  «uUfit. 
nature,  comme  on  fçait  vulgairement,  ce 
que  lesPoëtes  inftruits  par  iesPhilofophes, 

&  cognoiflans  les  fecrets  de  nature  ont 
myftiquement  reprefenté  fous  les  amours 
de  Mars  &  Venus,  à  raifon  de  la  fympathie 
qui  fe  trouue  entre  ces  deux  métaux. 

Entre  les  eaux  vitriolées,  font  aulfi  com» 
prinfesles  Antimoniales.  Car  l’antimoine, 
comme  efcrit  Paracelfe  liure  de  l’Aurore,  9ùdo, 
eft  de  mefme  genre: que  le  vitriol.  Elles 
tiennent  le  troifiefme  lieu  en  la  cure  de  ces 
maux,  principalement  quand  ils  precedent 
(comme  il  arriue  fouuent)de  quelque  ma» 
tiere  putride  &  vermineufe ,  dont  s’efleuét 
au  cœur  &  au  cerueau  des  vapeurs  perni» 
cieufes  &  veneneufesqui  caufént  fouuen* 
tesfoisl’epilepfie  :  Lefquelles  matières  vi- 
rulétes  font  euacuées  par  les  mefrries  eaux» 

&  chaflees  le  p  lus  feuuent  par  fèlles ,  quel» 


2.6.0  pE  S  MALADIES 

V_/',quefois  auffi  elles  fortent  par  vomîfTement; 
mais  rarement.  Si  efdites  eaux  vous  laiflcz 
tremper  quelque  temps  vne  pièce  d’argent; 
elle  en  acquerra  vne  couleur  d’or,  ce  qui 
eft  vn  ligne  trefcertain  pour  cognoiftre 
l’eau  antimoniale,  auffi  produifent  elles  des 
efFe&s  admirables.  Les  encoffbifes  en  Gaf. 
cogneme  femblent  eftre  telles,  ou  retenif 
quelque  cbofe  de  la  mine  de  1  antimoine.  : 

Mais  touchànt  ces  eaux  &  leurs  effe&s 
merùeilleux,  nous  en  efcrirons  vn  traitté  à 
part,  dans  lequel  fera  amplement  déduit 
-n*-  tout  ce  ^qüi  appartient  à  cet  argument, 
nous  y  defîgnerons  8c  defcrirons-  auffi  par 
leurs  nomsles  principaux  bains  SS  elïuues 
de  toute  l’Europe;  auec  leur  vertus  8c  pro- 
prietez.  "Ce  fera  en  noftre  liure  de  la’ nature 
occulte  des  chofes,  8c  des  myfteres  de  l’art 
ôcc.  où  nous  renuoions  le  lecteur,  afin  qu’il 
"  ..  ne  £  attende  pas  en  vain  que  notai  en  traj» 

tfiJtutU  ttOBB'iey  plus  au  long.  Nous  dirons  feule- 
ea'eaux  ment  que  la  nature  à-comblé  &  enriCfry  nq- 
mmtralts  lire  France  de  telles  eaux  medicamenteufes 
plus  qu’aucun  autre  pays,&  principale- 
■mentnoftre<5afcogne,  qui  tout  le  long  des 
monts  Pyrenés  en  eft  abondamment  pour- 
tieuë  ,  auffi  entre  autres  montagnésy  lefdits 
By  tenez,  fourniffient  toutes  fortes  de  pré¬ 
cieux  métaux  &  fubftànces  métalliques, 
dont  les  Romains  ont  autresfois  tiré  dé 

frands  threfors  &  des  richeffies  fans  nom- 
re  ;  leurs  veftigés  y  pâroiffent  eiicores ,  8c 


BV  C  !RV  E  A  V.  ZÔÏ 

cela  n  eft  de  merueilles,  veu  que  leur  vertu, 
Sc  grande  prudence  a  fubiugué  8c  foufmis  à 
Ton  Empire  pr  efque  tout  le  monde. 

Outre  les  fources  de  Gafcogne  nous  a- 
uons  encores  d’autres  eftuues  en  Langue- 
doc  nommez  B  alernes,  d’autres  en  Dauphi¬ 
né,  au  Lyonnois ,  Bourbonnois,  en  Auuef- 
gne,auNiuemois,en  rommeprefqu’en  tou¬ 
tes  les  contrées  &Prouinces  de  ce  Royau- 
me,de  forte  que  la  nature  fembie  auoir  lar¬ 
gement  diftribué  aux  pauures  8c  aux  peu¬ 
ples  circonuoifins.,  vn  II  grand  bénéfice 
poureniouïf  fans  defpens  8c  au ec  peu  de 
peine  quand  ils  auroient  befoin  de  remede. 
Et  icelle  nature  a  fi  grande  affluence  de  tel¬ 
les  richeffes  qu’en  tous  endroits  elle  fait  an¬ 
nuellement  découler  ou  fortir  de  fon  fein 
de  nouvelles  fources  de  telles  eaux  comme 
les  deux  ou  trois  qu’elle  nous  a  produites, 
&  fait  faillir  depuis  trois  années  en  ça,l’vne 
auprès  de  Roüenjl’autre  prés  Montbeliiard 
fituée  és  limites  de  Champagne  8c  de  Bour- 
gongne.  Combien  grande  eft  leur  vertu  & 
faculté,  &  principalement  de  celle  qui  n’eft 
pas  efloignéê  de  Montbelliard,le  traitté  vé¬ 
ritable  qu’vn  certain  Médecin  tref-doéfce 
&fort  célébré  a  fait  de  fes  proprietez  en 
rend fidele  tefmoignage.  Quandnous  con¬ 
finerons  cefire  bénignité  8c  libéralité  de  na¬ 
ture,  qui  par  vne  fouueraine  grâce  de  Dieu 
fournit  au  genre  humain  tant  de  remedes  fi 
excellens,  ne  reprend  elle  pas  &  condamne 


x6l  DES  Mll^DïES 

l’inhumanité  &  cruauté des  Médecins  mer¬ 
cenaires  &  inexorables  qui  marchandent  fi 
vilainement  leur  art  î 
Outre  les  fùfdités  eaux  &  thermes ,  ily  a 
encores  plufieurs  fortes  dë  fanges,  fulphu- 
réës,  bitumineufes,  &  qui  ont  la  nature  & 
propriété  de  quelques  fels  rlefquelles  con- 
uiennent  aux  maladies  froides,  comme  à  la 
paralyfîe  &  autres  femblabïes.  Nature  les 
ayant  tirées  de  fon  promptuâirë  pour  les 
donner  de  furcroifi,afin  que  les  enfans  n  ac~ 
cufent  dè  chicheté  vne  mere  fi  benigne* 
En  certains  lieux  y  à  pareillement  des 
bains  dont  f’efcoulent  des  efgoüts  appeliez 
des  Italiens  Doulchés,  àraifôn  de  leur  dou¬ 
ce  liqueur  qui  fe  peut  vtilement  employer 
à lauer  la  téfte  ou  les  autres  parties  du  corps 
mal  difp.ofées,  car  leur  humidité  fuperfluë 
vient  par  ce  moyen  à  fe  défleicher,&  fur 
tout  le  ceruëau  pituiteux  en  eft  grande¬ 
ment  foulage  &  fortifié.  Par  tel  remède 
auflî  quelques  Epileptiques  reçoiuerit  gua- 

rifon,  ou  beaucoup  d’allegement» 

Voila'  donc  vn  abrégé  des  remedes  tant 
internes  qu’externes,  qui  fe  rapportent  à 
diuèrfes  indications  &  intentions,  &  dont 
les  Dogmatiques  fe  font  feruis  iufqu  à  pre“ 
fait  en  la  curé  de  l’Epilepfico 


8V  eERVEAV. 


Chap.  XXL 

Touchant  les  indications  &  obfiruations  de » 
Dogmatiques  tant  anciens  que  nouùeautç 
en  la  cure  du  Itertipe  ou  tournement  de 
tejle. 

Qv  a  n  t  aux  vertiges  ou  tournemens  commit. 

detefte  que  ia  plufpart  des  Dogmatir-  apho  17.J 
ques,  &  Galien  mefme ,  appellent  petites  e^ 
pilepfies,  iceux  les  traittent,  &  y  remédient 
prefque  par  mefmes  moyens,  que  ceux  lef-  v™j 
quels  félon  mefmes  indications  curatiues  filoiüts 
nous  auons  propofez  pour  la  cure  des  epi-  Degma u 
lepfîesc  ou  bien  au  moins  y  a-il  fi  peu  de  dif-  *'•$**' 
ference  entre  les  remedes  de  l’vne  &  l’autre 
maladie,  &  en  la  méthode  qu’on  tient  à  les 
penfer,  que  leur  cure  ne  mérité  pas  d’eftre 
feparée ,  car  il  n’y  aucun  Médecin  tant  foit 
peu  verfé  en  la  Medecine  qui  ne  fçache  bie 
difeerner  Sc  choifir  les  remedes  pour  les 
approprier  tantoft  à  l’vne,  tantoft  à  l’autre 
maladie,  félon  que  le  temps  6c  le  lieu  luy 
femblent  le  requérir  :  veu  mefmes  qu’elles 
ontvn  grand  rapport  &  conuenance,tant 
au  regard  de  leur  nature  que  de  leurs  caufes 
&  des  parties  mal  difpofées. 

Il  y  a  feulement  cecy  de  particulier  à  ob^ 
feruer,  qu’es  mefmes  paroxy  fines,  outre  les 
ligatures,  applications  de  ventoufes, inie- 


it>  4  DES  MALADIES 

étions  de  clyfteres  acres  &  irritans,  dont  on 
a  âccouftumé  d’vfer  pour  deterger^il  faut 
Ateutie  arroufer  la  telle  de  vinaigre  rofat, faire  cui- 
la  cure  des  re  du  ferpolet,  ou  fpondyle,  ou  lierre,  ou 
longues  'autres tels  fimples  dans  de  l’huile:  &  pre* 
ehafitre  ’iemer  aux  narines  du  vinaigre,  pouliot, 
}.&  4-.  menthe  8c  autres  femblables,  &  ce  félon 
l’opinion  d’Àretée. 

jfâtof  Aëtius  fuiuaîit  1  adüis  d’ Archigenes  &  de 

tetrab.t.  Pofîdonius,  confeille  d’ouurir  la  veine,  foit 
ftrm  i.  m  commencement  du  mal,  foit  par  après, 
ehap.7.  moyennat  que  les  forces  du  malade  le  puif- 
fent  füportera  que  rien  n’y  repugne,& prin- 
Saignée.  cipalemeht  fi  la  maladie  prend  fa  fource 
d’vne  matière  fanguine  8c  chaude. 

Mais  en  cefte  feignée ,  félon  que  remàt- 
*  Jg que  Damafcene  ,epn  fe  donnera  garde  de 
cure  du  tirer  le  fang  routa  coup ,  ou  de  faire  feua- 
vertige,  cuation  comme  en  vn  tas,  ainfi  que  dit  Aër 
tius:  D’autant  qu’à  chaque  occafionles  ma¬ 
ladies  fe  laiftent  cheoir,  c’eft  pourquoy  il 
eft  d’aduis  qu’on  réitéré  plufieurs  fois  la  fai- 
gnëé  iufqu’à  deuë  quantité.  Il  adioufte  en- 
cores  Cefte  obferuation,  à  fçauoir  qu’en  ti¬ 
rant  le  fang ,  8c  àl’inftant  mefme  de  la  fai- 
gnée,  il  faut  arroufer  le  chef  de  vinaigre  & 
d’huile  rofat  meiîez  auec  fuc  de  polygone 
ou  de  lierre,  8c  en  mefme  temps  appliquer 
fur  le  ventre  vn  tortillon ,  ou  Hoquet  de  lai¬ 
ne  trempé  en  huile  rofat  ou  ænanthin. 

.  Le  mefine  Aëtius  au  mefme  liüre  &  cha¬ 
pitre  ,  fuade  qu’âpres  auOir  inutilement 


BV.  CERVEAV.  l6f. 

cflayé  tous  autres  remedes  tant  generaux 
que  particuliers,  &  f^t  les  euacuations  ge¬ 
nerales  de  purgation  &  de  faignée,  on  incn- 
felesarteresqui  font  au  cerneau  ioignant 
les  tempes  fur  les  oreilles ,  afin  que  nous 
virons,  des  propres  termes  dudit  Autheur. 
Paul  fouftient  la  mefme  opinion  fur  la  fin 
dun.  çhap.  du  liure  3,  touchant  la  médeci¬ 
ne,.  Quant  a  ceux,  dit-il,  cjquels  y  a  chaleur  de 
tefie,  Cr  tintement  d’ereilles  ,  caufez^par  des  va* 
peurs  trop  chaudes  qui  s'ejleuent  par  les  arteres , 
nom  admettons  aufii  l’ouuerture  des  arteres  de  der~ 
riere  les  oreille,  Damafcene  eftde  pareille  opi- 
pion  au  mefme  chap,  Quand,  dit-il,  cefie  dom 
lotir eufe pafîton  de  vertige  efi  caûfèe  par  des  efpnts 
vapoureux  qui  font  montez^  au  cerueau  ,  <£r  arre-  - 
Jiez.  es  arteres  ioignant  les  deux  oreilles  ,  en  forte 
que  lefdites  arteres  paroijfent  enflez^par  dehors,  alors 
l mcifion  des  mefmes  arteres  fera  prefque  l’vmque 
Cr  pim  fngulierremede.  Laquelle  faignée  par 
les  arteres  n’eft  pas  toutefois  approuu.ee  de 
tous,  pOurce  que  fouuentèfois  elle  ne  fuc* 
cede  pas  conformément  à  l’intention  cura- 
tiue  félon  l'opinion  mefme  de  Galien  3.  des 
parties  mai  difpofées.  chap.  8.  &  Auincen, 
fen,  t .  traité  j.  chap.  3 .  ptife  en  telle  mala¬ 
die  la  laignée  de  la  veine  d’auprès  les  oreil¬ 
les  qu’il  appelle  coye ,  Car,  dit-il,  elle  efi  très 
borne  en  la  cure  de  toutes  les  efpeces  materielles  du  ver * 
tige.  Parfois  on  la  cauterife  ï  &  ce  bien  à 
propos,  d’autant  que  par  telle  fe&ion  tou¬ 
tes  fortes  de  vapeurs  &  exhalaifons  fe  tranf- 


z66  des  maladies 
pireat  &  exhalent  j  de  quelque  part  qu’elles 
fe  foient  efleuées  au  cerueau,  ce  qu'on  fait 
Tr»ue-  ordinairement  apres  que  les  euacuations 
e attendes  generales  ont  précédé.  Car  U  cure  du  cerueau 

rloïdesêr  ne  ^olt  a^er'-  ^eiimt  Ce^e  du  e°r}>s  vniuerfel  4, 
f ils  mm-  therapeut.  dauantage  la  prouoeation  des 
finies.  Hemorrhoïdes  ez  hommes,  &  des  menftru- 
ez  femmes  fera  fort  vtile  &  tref-neceflaire 
en  ces  maladies,  car  c’efl  vne  efpece  de  faiT 
gnée  fort  eonuenable.  Apres  l’eflay  de  tels 
remedes,on  taillera  le  derrière  de  la  telle  ar 
uec  vne  lancette,  comme  dit  Oribafe  fyn. 
liure  S.  chap.  y.  A  mefme  fin  les  modernes 
Cautères.  &  nouueaux  appliquent  les  cautères,  foit 
aéhiels,  foit  potentiels,  principalement  fur 
la  future  coronale,  au  moyen  dequoy  les 
exhaiaifons  &  fuyes  noires  &  refineufes, 
caufes  efficientes  de  ces  maladies  viennent 
àf’expirer  &  pafler  par  le  cerueau  comme 
par  vne  cheminée.  Ce  font  là  les  indica¬ 
tions  &  obferuations  qu’ont  accouflumé 
de  future  les  Anciens  &  les  Modernes  en  la 
cure  de  ces  maladies  ou  vertiges.Quant  aux 
autres  remedes  qu’on  peut  choifîr  &  em- 
ploier  tant  à  fen  preferuer  qu’à  fen  deli- 
urer,on  les  trouuera  expofez  entre  les  pre- 
feruatifs  &  curatifs  des  fufdites  epilepfies, 
romme  nous  auons  ja  donné  cy  deffiis  à  en¬ 
tendre. 


©V  CIRVjSAŸ* 


Chap.  XXIL 

Des  indications  çuvatiues  de  ?  apoplexie  tint 
generales  que fteçiales  t  y  compnns  les  re¬ 
mèdes  ,  félon  la  méthode  des  Dogmatiques „ 

E  h  traittant  l’apoplexie  qui  eft  mife  au 
rang  des  maladies  les  plus  aiguës,  &  qui  Ç 
te  plus  {ouuent  traine  à  la  mort  Ion  malade, 
ou  à  tout  le  moins  dégénéré  en  vn  autre  ma-  titnspdr. 
ladie  tref-grieue ,  à  fçauoir  en  paralyfîe,  il  tieulitret 
y  a  quelques  particularitez  à  obferuer  au-  quU  faut 
très  qu’en  la  cure  des  epilepfies,  bien  qu’en  *9  rew4? 
general  ce  qui  duit  à  l’vne  puifle  conuenir 
à  l’autre  maladie,  y  eu  quelles  font  voifines 
&  précédées  prelque  de  mefmes  caufes,  & 
qu’à  1  opinion  des  Dogmatiques  elles  occu¬ 
pent  vn  mefmé  éndroid  du  corps  :  ainfi 
qu’il  eft  eferit  au  comment»  aphor,  45.  z.  & 
èn  d’autres  lieux  ja  alléguez. 

Ce quele  Médecin  doit  donques  obfer- 
uer  eft  qu’il  luy  conuient  confiderer  exacte¬ 
ment  la  nature  du  mal  ,  &  prendre  garde  fi  _ 
l’apoplexie  eft  ou  extrêmement,  ou  medio- 
crement ,  ou  peu  grieue,  car  lësMedecins  y  plegkt 
recognoiflênt  &  eftabliflènt  autant  dé  de¬ 
là1^2  tlefquels  fe  difeernent  principalement 
à  la  refpiration,  plus  ou  moins  libre  ou  em~ 
pefehee,  plus  ou  moins  forte  ou  debile ,  car 
en  vne  petite  oufoible  apoplexie,  l’haleins 


Galtt», 


'Apople¬ 
xie  mor 
telle. 


*£8  DES  MALADIES 

tient  quelque  ordre, quoy  qu’inégal  en  vne 
forte  ^grande,  elle  eft  forcée, &  procédé 
auec  difficulté  ,  mais  en  vne  tref-forte,la 
refpiration  defaut  tellement  que  les  mem¬ 
bres  femblenteftre  du  tout  priuezde  fend¬ 
aient  &  de  mouuement ,  auffi  n’apperçoit- 
on  rien  de  refte  qu’vn  obfcur  haleinement 
és  poulmons  &  dans- la  poiéfcrine.  Ainfi 
eognoift-on  la  grandeur  de  la  maladie  par 
la  grande  difficulté  qu  elle  apporte  à  la  ref- 
piration,comme  il  eft  efCrit  au  3,' des  parties 
indifpofées.  ,x 

C’eft  là  ce  qu’vn  Médecin  bien  aduifé 
doit  iudicieufement  cOnfiderer,  aufli  luy 
faut-il  foigneufement  prendre  garde  au 
pouls,  contempler  la  couleur  du  vifage,  & 
ebferuer  toutes  autres,  chofes  dignes  de  re¬ 
marque  ,  à  fçauoir  fi  le  malade  eft  gran¬ 
dement  afloupy,  fi:  on  l’oit  ronfler,  tantoft 
plus  haut,  tantoft  plus  bas,  &  s’il  refpiré  a- 
uec  beaucoup  ou  peu  de  difficulté,s’ii  eft  pi¬ 
qué  &  Iâciné  en  diuers  lieux  du  corps,  fi  par 
le  mouuement  du  corps  il  séble  auoir  encor 
du  fentiment  ou  non.  Auquel  cas  il  deura 
fuiure le  confeil  d  Archigenes,  à  fçauoir  de 
commencer  par  le  prognoftic  qui  luy  figni- 
fiera,  &  fera  iuger  fi  telle  apoplexie  extrê¬ 
mement  forte  eft  mortelle,  pour  le  décla¬ 
rer  aux  autres.  Car  ainfi  faifant  il  pouruoi- 
raà  fa  renommée  &  à  fon  honneur,  &  ofte- 
ra  pu  chalfera  arriéré  de  foy  toute  occafion 
de  mefdifance  &  de  blafme  ,  fe  rameute* 


DV  C  ERV  E  AV»  -lé? 

aant  cet  aphorifme  du  grad  Dictateur  Hip* 
pocrate,  gttartfld  maladie  qu’on  appelle  forte  at>o~  ^ 
plexieejl  chofe  tmpoJ?ible,gudnr  U  âebile  rieft  chojè  4  % 
faite-.  La  débile  toutefois  fe  peut  bien  güa- 
rir  comme  annote  Galien  en  fes  comment. 
ôcc.  mais  le  plus  fouuent  elle  fe  termine  en 
Paralyfie. 

Lé  Médecin  ayant  donne  &  prononcé  la 
fentence  du  prognoftic  ne  doit  pourtant  a- 
bandonner  du  tout  le  malade  fans  remede, 
quoy  que  celle  maladie  trëf-gtieüe  8c  fort 
dangereufe  eh  fon  genre  ne  femblé  pro¬ 
mettre  aucune  efpërance  de  fanté,  fîno'h 
que  paraduanture  il  le  trouue  en  l’agonie 
mefme  de  la  mort,  &  rendant  les- derniers 
foufpirs,  car  alors  il  faudroit  le  commetre 
aux  Médecins  de  l’ame.  Mais  tandis  que  le 
Médecin  y  verra  quelque  efperâce  de  pou- 
uoir  reereer  le  malade,  apres  auoir  premie-  Méthode 
rement  inuoqué  le  nom  du  Dieu  fonuèrain,  de  proct* 
Prince  des  Médecins  ,  à  ce  qu’il  benifle  les  tertnU 
remèdes.  Il  employera  toute  fa  diligence  r 
&  foh  induftrieàfecourir  le  malade  ,  8c  ie^ 
prendra-fur  tout  garde  à  la  couleur  du  vifa- 
ge  du  patient  :  que  s’il  eft  fort  rouge  ,  &  le 
pouls  vn  peu  plus  plein  8c  plus  violent,  fi  le 
corps  n’eft  pas  atténué,  mais  pluftôft  rem- 
pîy  d’humeurs,  tout  cela  fignifie  que  l’apo- 
plexieprouient  de  la  plénitude  des  vaille- 
aux  &  d’àboridanee  de  fahg ,  &  pdùrtant  il 
commencera  à  y  rémedier  par  la  feignée 
^ui  entre’autres  eft  vn  fingulier  &  fpecifi- 


â7©  OES  maladies 

queremedé. 

Mais  de  fçauoir  quelles  veines  il  faut  ou*, 

urir ,  &  quelle  quantité  de  fang  on  doit  ti¬ 
rer,  grande  ou  petite,  peu  à  peu  ou  tout  à  la 
fois:  &  ce  qui  doit  précéder  la  million  du 
fang ,  c’eft  ce  dequoy  il  ne  confie  pas  aflèz 
entre  les  AutheursGrecs,Arabes  ny  Latins, 
tant  Anciens  que  nôuueaux,veu  que  tou¬ 
chant  ce  point  ils  font  d’opinions  diffe¬ 
rentes. 

,  .  .  Ayant,  comme  nous  auôhs  dit*  preuué& 

dts’atuies  Preju£®^e  Malheureux  fuccez  du  mal.  Ar- 
muhlnt  chigenes  tire  hardiment  du  fang  de  la  veine 
faféigntt  du  bras  droit  félon  les  forces  du  malade, 
Galien  en  fon  introdudion  confeille  de  ti¬ 
rer  du  fang  fout  à  l’heure.  Aëtius  employé 
auant  toutes  chofes  les  oignemens  conue- 
nables  &  vtiles  à  celle  maladie ,  &  enduit  le 
corps  vniuerfel,  mais  principalement  le 
cher  :  aufli  prouoque  il  le  vomiflement ,  & 
aiguillonne  le  ventre  par  clyfteres  acres.Ce 
qu’eflant  fait,  il  fuade  qü’on  taille  la  veine, 
&  croit  que  la  feélion  &  miflion  de  fang  fe 
doit  faire  en  la  main  droite,  &  diuifer  la 
quantité  du  fang  qu’on  veut  extraire,  C* 
u faut,  dit-il,  efmoutmr  feulement,  non  deflrtiire  les 
forces  gr  eftemdre  la  chaleur.  On  aura  pareille¬ 
ment  égard  au  pouls  pendant  l’euacuationi 
Comme  aufli  à  la  couleur  du  vifage  &  à  h 
refpiration.  Nonobflant  quoy  n’y  ayant 
nulle  apparence  de  mal,  la  feignée  fe  réité¬ 
rera  en  toute  feureté. 


DV  CERYEAV.  1 71 

Oribafe fyriop.  liu.y.  ehap.  6.  félon  l’o-  •paul\W“ 
pinion  dephilomene  fuit  prefque  la  meffne  (},a^ 

{procédure.  Paul  Ægineta  au  contraire, 
aiffant  toutes  autres  cliofes  en  arriéré,  viet 
incontinent  à  la  million  du  fang,  pourueu 
qu'à  la  raifon  des  caufes  fufdites  elle  Toit 
neceflaire,  Parquoy,  dit-il,  a  ceux  qui  fi  feuuent 
aucunement  traitter  ou  penjèr,  il  leur  faudra  fiudain 
incifir  la  •veine,  s’ils  ont  quelque  relafihejn réité¬ 

rera  la  fiEtion,Zÿ  leur  tirera  on  du  Jungle  mejme  tour 
ou  le  lendemain.  Quoy  qu'il  ne  donne  pas  à 
entendre  de  quelle  veine  il  entend  parler, 
neantmoins  faut  fuppoferque  c’eft  de  cel¬ 
le  du  coude  :  mais  comme  ainfi  foit  qu’il  y 
aitjplufîeuis  veines  au  coude,  aucuns  ch-oi- 
lilîent  la  céphalique,  &  de  telle  opinion  eft  Azmtml 
Auincenne  voulant  auffi  qu’on  en  tire  a-  fin.i  tra. 
bondance défiant.  Ztb*,i+ 

Rhafisconfeiile  quelque  part  de  percer 
les  veines  iugulaires,  l’opinion  duquel  eft 
improuuee  par  Marc  Gatinarius,  Médecin 
bien  renommé  entre  les  modernes,  à  caufe 
qu’on  ne  peut  linon  auec  grande  difficulté 
refouder  leur  play e.  Ailleurs  le  mefmeRha- 
fis  eft  d’aduis  qu’on  face  ouuerture  en  l’vns 
&  l’autre  céphalique,  mefme  dans  l’efpacë 
d’vne  heure.  Mefué  s’accorde  à  celle  opi¬ 
nion,  confeillant  d’incifer  les  deux  cepna- 
liquesle  pluftoft  qu’il  fera  poliible,  &ce  a- 
uec  million  de  beaucoup  de  fang,  afin,dit-il 
que  le  cerueau  patifle. 

Halylefils  Abbé  cftime  qu’en  ce  genre y 


i?i  maladies 

d’apoplexie,  qui  comme  dit  a  elle,  procédé  ! 
notoirement  d’abondance  de  fang,  il  con» 
uienr  incifer  la  céphalique,  ou  mefme  îafa- 
phene,  par  plus  grande  reuulfion. 

Alexandre  B enoift  fort  célébré  entre  les 
AUxan-  nouueaux  Medecins,recommande  prenne- 
dre^ha  rement  ce^e  m^on  ^ang  rcuulfîue.  faite 
Tlha.  tf.  autalon,  ou  à  la  iambe,  puis  incontinent 
*  apres  celle  qui fe  peut  faire  des  veines  qui 
parodient  enflées  enuiron  du  gofier. 

T ouchant  l’adminiftration  de  ce  remede, 
voila  les  diuerfes  &  differentes  opinions 
qu  en  ont  les  Autheurs  n’agueres  citez,  qui 
excellent  8c  font  eminens  parmy  les  Grecs 
&  Arabes,  car  de  les  rapporter  icy  tous  en 
particulier,  nous  n’en  verrions  iamais  lafin. 
Orie  prié  le  Lecteur  8c  les  jeunes  Méde¬ 
cins,  aufquelsiededie  ces  miens  efcrits  de 
prendre  en  bonne  part  ce  que  i’efcriray 
bien  toft  ey  apres.  Pour  moy  i’approuue  & 
loiielafaignee  foudaine  en  l’apoplexie  qui 
eft  fufcitee  par  abondante  de  fang,  pour- 
ûeu  que  les  forces  du  malade  le  permettent, 

&  qu’on  ait  j  a  prononcé  fa  fentence  tou  - 
chant  la  grauité  8c  le  péril  de  là  malâdie. 
Car  s’ilfemble  bon  défaire  quelque  e [motion,  ejid  on  la 
façe  au  commencement  du  mal ,  dit  Hippocrate 
.  principalement  en  celle  maladie  fi  aiguë,la- 
quelle  ne  donne  aucunes  treues,en  premier 
lieu  tirez  du  fang  de  la  mediâne  *  ou  cépha¬ 
lique  d  es  deux  bras,  félon  que  laneceffitéle 
requerra  :  D’auantage  files  forces  permet¬ 
tent 


i> y  GERVîAV.  171 

tcnc  de  pafler  plus  outre ,  &  fi  l’enflure  des 
Veines  iugulaires  le  requiert,  comme  il  ef- 
chet  fouuentefois  quand,  par  afcenfion  le 
fangeft  tranfporté  des  parties  inferieures 
aux  fuperieures,&  quand  beaucoup  de  va¬ 
peurs  ôc  d’exhalaifons  montans  en  haut,  ôc 
faifant  enfler  les  veines  iugulaires,  menacée 
d’eftranglement  ou  fuffocation,  en  ce  cas  ie 
trouue  bon  qu’en  toute  feureté&  fans  nul¬ 
le  crainte ,  on  incife  la  veine,  auflï  croy-je 
que  ceftuy  eft  le  plus  fingulier  ôc  feur  repae— 
de,  à  fçauoir  d'ouurir  les  veines  gutturales 
ou  iugulaires,  qui  eftanspar  trop  remplies 
dufang  tranfporté,  ou  des  vapeurs  efleuees 
empefchentrefprit  vital  de  pafler  au  cer- 
ueau,  dont  s’engendre  celle  maladie,  com¬ 
me  de  i’vne  des  principales  caufes  ,  uinfi. 
qu’auons  remarqué  cy  delïus.  Or  c’eft  en 
vain  que  Marc  Gatinarius  fait  difficulté  de 
les  ouurir,  à  raifon  que  la  playe  fe  referre 
mal aifément,  car  fi  nous  fçauons  la  manié¬ 
ré  de  la  bien  refouder  fans  bandes  ou  liga¬ 
tures,  àquoy  nous  fommes  dés  long-temps 
accouflumez,  il  n’y  aura  que  peu  ou  point 
de  difficulté*  car  à  cet  effeét  pourra  fuffire 
l’emplaftre  de  poixou  de  telle  matière  glu- 
tineufe  appliqué  fur  la  playe  qui  la  reioin- 
dra  entièrement,  ou  bien  fi  on  met  le  doigt 
fur  l’ouuerture  pour  y  laifler  par  l’efpaee  de 
quelques  heures  (comme  on  a  accouftumé 
de  faire  ez  inciflons  de  veines  ôc  dart.eres, 
receuëspar  quelque  grande  playe,  dont  le 


*74  DES  XîAtADIÉS 

fang  ne  fe  peut  arrefter  par  autre  moyen)  U 

mefme  fe  pourra  faire  commodément. 

Mais  pour  monftrer  qu’en  ce  genre  â’s. 
poplexie,l’vniqueremedeeftla  million  du 
fangfee  qui  toutefois  n’eft  pas  Tans  danger) 

/  i’adioufleray  ençores  finalement  ce  que 
limita  ^e^us a  Par  e^cl‘it  eî?  ces  termes,  si 

*  tous  les  membres  Jontrefoultsfce  quil  entend  de  L’ apo¬ 
plexie )  lamtpondufang  apporte  la  mort  ou  lit  déli¬ 
vrance.  ^/t  peine  trouvera  on  ïamaisvn  autre  forte  Je 
remede  qui  puijfe  reflabhr  la  Jante,  Jomentesfois  elle' 
retardé  Jèuîement  la  mort,  mau  par  dedans  elle  de- 
ftrmcl  la  vte,jî apres  la  Jaignée  le  mouvement  ny  le 
fenùmentne  retourne  Joint,  il  ny  a  plus  d’èjperànce, 
comme  au  contraire.  Apres  qu’on  aura  tiré  da 
fang,  il  fera  bon  de  faire  inie&ion  de  clyfte- 
res  acres  :  &  mefme  Rafis  confeille  de  com¬ 
mencer  la  cure  par  ce  moyen,  afin  d’atti¬ 
rer  &  Faire  defeendre  ez  parties  inferieures,’ 
&  arracher  ainfi  la  matière  qui  a  fufeité  la 
maladie  :  A  laquelle  reuulfion  duiront  auffi 
grandement  les  fr  ottemens  ou  frictions  vey 
nementes,  les  ligatures  for  tes  &  eftroittes, 
&les  ventoufes  appliquées  fur  les  parties 
inférieures ,  ce  qui  feruira  pareillement  à 
Nota,  châtier  le  profond  fommeil  du  malade.  Se¬ 
lon  l’aduis  du  mefme  Rhafis,il  fera  encores 
expédient  en  celle  apoplexie  fanguine  d ’ap- 
pofer  vne  grande  cucurbité  fur  la  future 
corônale,commeauflifur  l’efpaule  gauche 
auec  grande  flamme,  car  cela  rend  la  vie  à 
ceux  dont  on  defefperoit,  faifant  paflàge 


D  V  CIE  R  V  E  AV.  tjf  . 

aiix  efçrits  vitaux,  &  mettant  leur  vertu  en 
liberté.  v 

Semblablement  en  ce  genre  de  maladie  Uniment 
on  n’obmettra  point  les  linimens  oxyr-  d‘»xyr- 
rhodins,  lefquels  fe  feront  fur  la  telle  rafee 
quand  la  maladie  viendra  à  commencer. 

Or  l’oxyrfhodin  fe  fera  d'huile  &  de  vinai¬ 
gre  rofat,  dans  lequel  aura  cuit  du  ferpolet, 
mais  on  prefentera du  cafloreum  aux  nari- 
nés,  comme  veut  Archigenes,  ce  que  plu- 
fieurs  des  anciens  onttrouué  bon,afîn  qu’au 
commencement  on  ne  vienne  pas  inconti¬ 
nent  aux  refolutifs  plus  violents,  &  qui  ef- 
chauffent  d’auantage.  Lvfage  desflernuta- 
toires  fera  pareillement  fort  commode 
pour  deliurer  particulièrement  le  cerueau 
d’obftruélions:  où  faut  obferuer  qu’on  doit 
toufiours  commencer  par  les  remedes  plus 
doux  ou  moins  violents,  &  ainfi  fecourir 
promptement  le  malade  en  toutes  manié¬ 
rés  comme  cy  deflus:  Lequel  ne  pouuant 
en  façon  quelconque  effare  efueiîlé  de  ce 
profond  afloupiffement,  &  la  parole  libre 
ne  luyeftant  point  rendue,  ce  font  de  très-  sigmd * 
certains  indices  d’vnemort  prochainement  Wârf- 
le  Médecin  '  ne  fera  nullement  coulpable, 
principalement  fi  au  préalable  il  a  déclaré 
le  mauuais  augure, &  a  de  bonne  heure  pre¬ 
neuse  prédit  le  dangereux  euenement  dy¬ 
ne  telle  maladie,  Mais  fl  apres  la  droite  ad- 
miniftration  des  remedes  propres  &  cônue- 
nables  que  Dieu  aura  commencé'  de  bcnir. 


2.7^  B  S  s  MALADIES 

on  voit  qu’il  y  ait  quelque  efperancc  de  re- 
ftitution  ,  faudra  hardiment  continuer  la 
cure,  afin  d’extirp er  &  diifiper  le  refte  des 
feminaires  du  mal  par  remedes  digeftifs,  e-, 
uacuans,  refolutifs,  &  côfortans  les  parties 
qui  font  en  mauuaife  difpofition,  &  deli- 
urermefme  le  cerueau  de  fes  incommodi- 
rez  par  purgations  &  confortations  pro¬ 
pres  à  cet  efre&jle  grand  nombre,  desquel¬ 
les  ilferoit  fuperflü  d’accumuler  en  .ce  lieu:, 
Veu  que  d’entre  les  remedes  que  nousa- 
uonsjamisenauant  pour  la  cure  de  l'epi- 
lepfîe.  Les  Médecins  iudicie-ux  pourront 
choifir  ceux  qui  conuiendront.  au  fuied, 
car  d’autant  que  ces  deux  maladies, font  voi-. 
Unes  l’vne  de  l’autre,  &  ont  conuenance  en-, 
femble,  les  remedes  del'vne  font  communs 
à  l’autre  &  au  rebours,  tellement  que  tou¬ 
tes  deux  s’en  peuuent  mutuellement  aider. 
IlmefufEra  icy  d'auoir  propofé  ce  qu’on 
doit  particulièrement  obferuer  ez  apople¬ 
xies  qui  naiifent  d’abondance  de  fang,com-, 
me  tefmoignent  les  indices  &  marques 
dont i’ay  cy  deflus fait  mention. 

Quant  aux  préparatifs  nous  n’en  auons 
rien  touché,  à  çaufe  que  la  maladie  ne  don¬ 
ne  aucun  relafche,  non  pas  mefmes  à  fon 
commencement,  mais  on  les  peut  prefcrire 
iniites  <luand  elle  viendra  à  décliner. 

&cureie  Mais  fi  lapoplexie  eft  engendree  d’vne 
l'apople -  humeur  pituiteufe  froide  &  congelée, 
Kitphit*  co mnffe  il  efchet  fort  fouuent  à  l’opinion 


DV  CERVîAV,  277 

des  Dogmatiques,  elle  aura  pour  marques 
vn  vifagé  do  pâlie  couleur,  tempérament 
pituiteux ,  cerueau  appefanty  &  ailoupy, 
comme  auflî  la  vieilleue.  Or  le  Médecin 
s’y  comportera  en  forte  que  s'il  s’affeure 
d’en  pouuoir  releuer  le  malade,  &  s’il  co- 
gnoiil:  que  la  maladie  n’efl  pas  du  tout  in-  . 
curable  ny  defefperée,ayant  premièrement 
declaréle  prognoftic,  comme  cy  delïus  il 
commenceralaçureparvnçlyftere  fort  at¬ 
tractif,  qui fera  compofe de  la  decoEhon  céphalique 
demehffe ,  origan,  rué,  mariolftine,calament ,  hetome, 
fimence  die pemme, grains  de geneivrier,  fleurs  de  char¬ 
ma.  centauree  cr  de  fcmblabus.  En  fuffifante  quan¬ 
tité d’ icelle  on  mettra  cuire poulpe  de  coloquinthe  vne 
dragme  Çr  demie,  agaric,  fené  :  de  chacun  trois  dr'a- 
gmes ,  puis  en  la  coulature  de  cefe  decoElion  feront 
di [fout es  deux  onces  de  miel  anfhojat ,  vne  dragme  de 
Jel gemme ,  vne  once  £r  demie  d’huile  nàrdin  & 
autant  d’anethm. 

Si  les  Apoticaires  ne  font  prefens,oule 
cas  aduenant  qu’ils  foient  trop  efloignez 
du  malade,  afin  toutefois  que  ledit  malade 
11e  foit  defpourueu,  ou  n’ait  manque  d’vn 
prompt  remede,  pource  qu’entre  autres 
maladies  celle  cy  requiert  vn  tref-fou- 
dain  remede ,  on  prendra  vn  bouillon  de 
marmitte  iufqu’à  vne  liûre,  dans  lequel  on 
difîbudra  autant  de  fel  marin  qu’en  peut 
prendre  &  porter  vn :  bouillon  ,7  à  quoy 
faudra  adioufter  de  l’huile  de  noix.  oud’oli- 
ues,  oudu  beurre,  comme  auflî  de  la  lieds 
S  iij 


DÏS  MAlADüS 

vin  feiche  ou  liquide,  toutes  lefquelleç 
chofés  Te  peuuent  foudain  recouurer  en 
quelque  maifon  qüe  ce  foit,  dequoy  fera 
fait  vn  clyftere  dont  or>  fera  inieéHon. 

Sileloifir  permet  de  faire  cuire  dans  Je 
bouillon  ou  eaii,  la  fauge,  rue,  le  thym, 
origan,  hilïope  8c  quelques  telles  de  choux 
qui  fe  trouuét  âifémét  par  tout,il  fera  meil¬ 
leur  ,  8c  à  la  decoâ:ion(fi  c’eft  aux.  charnps, 
ou  en  quelque  chafteau  8ç  autre  lieu  efl oi¬ 
gne  de  ville,  où  y  ait  manque  d’Appticaire) 
on  y  adiouftera  1  efcorCe  de  fuzeau ,  qui'  fe 
recouure  par  tout,  ou  des  grains  d’hyebles 
iufqu’à  fuffifante  quantité ,  &  la  quantité 
du  ici fufdit  fera  difToute  auec  les  huiles  le 
miel&  beurre  qu’on  tf  ouiie  par  tout,  dont 
'ferez  vnciyftere. 

.Mais fU’afFair  e fe palfe ez  villes,  à  telles 
decoèbions  céphaliques  que  nous  âuons  cy 
deffus  propofées  ,  on  adiouftera,  le  dia-r 
phenicon,  la  benite ,  Huera  ou  facree  de 
Paccius,  l’hiera  diacolocynthidos  8c  au¬ 
tres  de  tel  genre,  au  moyen  deqüoy  les  cly- 
Heres  acquerront  vne  plus'  grande  vertu 
d’attirer. 

Or  afin  qu'on  euft  toujours  des  remedes 
prefts  8c  appareillez  pour  cet  effet,  nous  a- 
uons  defcrit  en  noftre  Pharmacopée  l’huile 
de  coloquintlie  fîmple  8c  compofé  que  l’A- 
poticaire  pourraau.fll  facilement  préparer 
qu’aucun  autre  hüile,  fuft  elle  la  plus  fim- 
<ple  de  toutes,  afin  qu’on  les  <fpwue  prefts 


BV  Cervïav.  279 

en  fa  boutique  quand,  il  fera  befoin  de  s'en 
feruir.  Car  fi  vous  prenez  vne  once  de  cet 
huile,  &  la  diffbudez  dans  vn  bouillon  ou  vf*&*&** 
quelque  decoétion  céphalique ,  ou  autre 
femblable,  vous  aurez  incontinent  préparé.  maUdie, 
vn  clyftere  dont  inieéfcion  eftant  faite,  il  ap¬ 
porter  a  vne  grande  vtilitë^'attiran  t  &  difli- 
pant  toute  matière  qui  caufe  ce  genre  de 
mal.  Cancefte  maladie  requiert  que  dés  le 
commencement  le  ventre  foit  lafché  parle 
moyen  d3vn  fort  &  puifiànt  clyftere,  qui  ar¬ 
rache  du  cerueau  la  matière  peccante,  &  la 
ramene  aux  parties  d’enbas ,  ainfi  que  dit 
Damafcene  liu,  3.  chap.  de  l’apoplexie. 

Outre  ces  huiles  de  coloquinme  tant  fîm- 
ple  que  compofé  :  lefquelsne  font  pas  vfi- 
tez  ez  boutiques  des  Apoticaires ,  bien  que 
tref-neceflaires,  l’art  fpagyrique  nous  en 
enfeigne  d’autres  qui  font  beaucoup  plus 
attractifs  &  plus  vtiles  que  tous  aurres,nous 
delbrirons  en  fon  propre  lieu  la  manier  ein- 
duftrieufe  de  les  extraire.  T els  clyfteres  fe 
doiuent  réitérer  félon  quen  verra  eftre  de 
befoin ,  au  lieu  d’iceux  on  pourra  fubfti- 
tuer  des  fuppofîtoires  compofés  de  trochif- 
ques  alhandal,  de  felde  nitre,  &  d’euphor¬ 
be  :  lefquels  fe  bailleront  auffi  vtilement,  fi 
le  clyftere  introduit  tarde  trop  à  fortir  & 
faire  fon  effedt  ,  .mais  afin  qu’en  atten¬ 
dant  par  aduartture  trop  long-temps  le  fuc- 
cez  de  tels  remèdes  ,  on  rie  perde  tant  foit 
p  eu  de  temps,  on  vfera  de  frottemens  vers 
S  iiij 


aSo  des  maladies 
en  bas ,  ôc  de  fortes  ligatures  furies  parties 
inferieures  du  corps,  &  ayantreiettéle  cly- 
ûere,ôh  appliquera  placeurs  ventoufes  en 
diuers  endroi&s,  à  fçauoir  fur  le  col,  fur  les 
efpaules,  aux  narines,  euilfes,  ïambes  &  ce 
aueo  fcârification,  mais  incontinent  apres 
il  faudra  prefenter  &  faire  prendre  le  vomi- 
.  .  toire qui s’enfiiit,  -  ; 
omt  et“  firenezjacmes  de  cabaret,  fomences  de  raifort-  d’a- 
* :  *  neth,  d'ortie  :  trois  dragmes  de  chacun,faites  en  vne 
decochon mfou'd la-^uantite  de cmcj  onces,  d.ans  la¬ 
quelle  vous  delayerez.  deux  onces  d'oxymel fimple,dont 
fora  faitvn  vomitoire.  Toutesfois  auartt  l’vfa- 
ge  du  vomitoire,  fi  on  apperçoit  que  le 
pouls  foit  fort ,  que  Je  malade  ne  foit  pas 
beaucoup  vieil, mais  de  bonne  complexion 
&  replet,  quoÿ  que  tous  les  indices  d’vne 
apoplexie  fanguine  n’apparoiflerit,  néant- 
moins  les  clyfteres  eftans  rendus  fans  que  la 
parole  foit  reuenuëaumalade,  ie  ne  crain- 
drois  point  de  prefcriré  la  faignee  de  l’vne 
&  l’autre  cephalique,dont  toutefois  on  ne 
doit  tirer  beaucoup  de  fang  :  Iaçoit  que  peu 
des  Ancfiens  &  des  M-odernes  ordonnent  la 
phlébotomie  en  celte  maladie,  &  qu’on  me 
puiiFe  obiecfecr  que  fans  aucun  exemple  ie 
la  prefcrits  'inoy  feul.  Mais  i’en  appelle  à 
Mefué  &:  aux  Médecins  de  Paris  qui  n’ef- 
pargnefit point  1k  faignée  en  aucune  forte 
deparalyfie  &  apoplexie  :  lefqüels  ie  Côn- 
feflè  itfauoir  rendu  plu  s  har  dÿ  en  C  élâ,qüoy 
que  ien’approuue  pas  la  faignée  trop  am-. 


Dv  CERVEAV,  281 

pîe&exceffiue. 

Si  le  malade  reuient  à  foy,  c’eft  à  dire  re¬ 
prend  le  fens&  la  parole,auant  le  vomilFe- 
ment  onferafoigneuxdeluy  faire  prendre 
rnelegere  purgation  auec  les  pilules  feti- 
des.de  cochis,  dorees,  d’agarie,  pourueu 
qu’il  les  puilfe  aualer  :  linon  luy  ayant  ap- 
p'ofé  vne  gondole ,  on  y  mettra  la  potion 
qui  s’enfuit. 

PrenezJC  agaric  trochifqué deux  drachmes ,feuil-  ? 

les  orientales  de  Ccné  trois  drachmes ,  qu’on  les  mette  r 
macerer  &-  cuire  en  fnffijante  &  égalé  quantité 
d- eau  de  betoine  &  de  petit  muguet, Jeton  la  doJè,dif- 
Joudez^eh  la  coulature  zme  drachme  &r‘ demie  de 
t  hier  a  de  Paccius,  demje fcrupule  de  caJloreum,vne 
fcrupule  de  vieille  theriaquejjix  drachmes  d’oxymel 
Jîmple,  puis  en  faites  vne potion.  La  quantité  de 
l’hiera  le  pourra  augmenter  ou  diminuer 
félonies  forces  du  patient,  car  le  mauuais 
gouft  du  remede  ne  doit  venir  en  conlidera- 
tion,  veuque  Te dnalàde  eft  priué  de  tout 
fentiment,&  qu’il  le  faut  exciter  &  éfmou- 
uoir  par  tousmoy  ens.foit  par  remedes  dés¬ 
agréables  &  violensjvoire  prouoquans  tant 
l’appetit  de  vomir  quele  vomilfement  mef~ 
me.  En  ce  cas  les  Anciens pratiquoient  vn 
.  remede  beaucoup  plus  violent,  à  fçauoir 
l’hellébore.  En  telles  maladies  ne  faut  pas 
fuiure  l’aphorifme  d’Hippo cr ate ,  que  les 
chéfes  cuites  font  propres  à  remedier  &c. 

Mais  plùftoft  s’il  y  a  quelque  émotion  à  fai- 
f€*  qu’on  la  façe  dés  le  commencement,  de 


iSi  ©ES  MALADIES 

le,  plus  foudain  qu’il  fera  poffible.  C’eft 
aulîi  pourquoy  nous  n’auons  nul  efgard  aux 
remedés  préparatifs  &  conco&ifs. 

Outre  telles  euacuations  &  reuuffîons 
litret  ï»-  generales  3  faut  venir  à  l’adminiftration  des 
t tnt, des  particulières  qui  deliurét  le  cerueau  de  fes 
~tœe des.  empefchemens,  tels  que  font  les  pftarmi- 
ques  &  fternutatoires  qu’on  foufHera  dans 
les  narines  par  le  tuyau  d’vne  plume,  bien 
qu’il  foit  priué  de  tout  fentiment ,  car  les 
errhins  &  mafticatoires  n’y  pourroient  de 
rien  féru  ir,  à  caufe  du  profond  fommeil  dot 
il  eft  alfoupy, linon  qu’il  s’en  reueillaft,  & 
reprinft  fesfens.  Où  ne  doiuent  eftre  pâlies 
fouz  filencé  les  médicaments  qui  ont  la  for¬ 
ce  d’exciter  <&  aiguillonner  la  vertu  alfou- 
pie  du  cerueau,  tels  que  fontles  parfums  de 
caftoreum,  d'alfa  fœtida,  d’opoponax,  de 
/  galbanum  quon  luy  mettra  fouz  les  nari¬ 
nes  pour  les  attirer:ou  bien  auec  leurs  pou¬ 
dres  macerees  &  meflees  en  eau  de  vie,  ou 
huile  foit  de  faug.e,  foit  de  nard  on  fera  vu 
Uniment,  dont  la  bouche,  les  narines  & 
l’entrée  des  oreilles  feront  enduits,  voire  la 
telle  rafée  enuiron  la  future,  côtonale  &  la 
ioin&ure  du  col  au  derrière  du  cerueau  s’én 

pourra  femblablement  arroufcr»  D’auan- 
tage  fi  la  maladie  eft  defefperee,on  impofe- 
ïaiurle  fommet  ou  fur  le  deuant  de  la  telle 
vnepqileardente,quiparfa  chaleur  lique' 
liera  l’humeur  amalTée&  congelée,  à  quoy 
faccedera  va  Uniment  compofé  des  pou- 


.D?  CERVEA  V.  *8$ 

drcs  de  fauge,  bayes  de  laurier,  de  piuoine, 
hylTope,  grains  de  feneué,  çaftoreum ,  gy^ 
rofles,  macis,  poiure,  glayeul,  grains  dal- 
Icermes,  opoponax,  benioin,  méfiées  auee 
huile  de  çaftoreum  ou  de  nard,  &:  d’autres 
chofes  femblables,  y  adiouftant  de  l’eau  de 
vie,  &fi  bon  vous  femble,vn  peu  d’euphor¬ 
be,  dont  la  tefte  fera  enduite.  Qn  en  com- 
pofera  auflî  vn  emplaftre  comme  il  s’enfuit. 

Prene^pondredc feneué  vne  once  gr  demy, fiente  Cats- 
de  (heures  gr  de  pigeons:  demie  once  de  chacune,  piafrat 
poudres  de  ftmence  de  peuome,  grains  de geneur enraci¬ 
ne  de  glayeul & fleurs  de  fange;  deux  drachmes  de 
chacun,  feuilles  de  rue  hachée  bien  menu  vite  poignée r 
dont  anec fijffante  quantité  devin,  miel  gr  vinai¬ 
gre  fera  fait  vn  emplaftre  ou  cataplafne  qu’on  appli¬ 
quera  fur  la  teinture  du  col  anec  le  deyyicre  de  la  tefte . 

Les  eonfortatifsfedoiuent  auflî  foigneu-  Ctrroh^ 
fement  mettre  en  vfage,  lefquels,  fi  faireje  ***$*' 
peut,on  introduira  par  la  bouche,apres  que 
les  euacuations  generales  auront  précédé: 
îeisque  font  la  theriaque,  les  confections  . 
d’hyacinthe,  d’alKermes,  anacardine,doree 
Alexandrinê ,  tous  infufez  Sc  macerez  en 
eaux  ou  décodions  propres  &  éonuena- 
bles  :  telles  que  font  auflî  les  eaux  theriaca- 
les,&antapople<3:iquesdeferites  en  noftre 
Pharmacopée  :  Et  plufieurs  autres  reine- 
des  fortifians  tant  generaux  que  particu¬ 
liers  pour  l’vfage  du  cerueau,  defquels  nous 
auons  pareillement  fait  quelque  mention 
tntraittant  delà  cure  de  l’epilepfie*&  qui 


Cure  de 
laparaly 
fi». 


1S4  ÜES  M  A  t  A  D  T  ES 

tous  feruirpnt  tref-  bien  à  cefte  fin. 

Si  le  malade  reuierit  à  foy  (ce  qu’on  doit 
coniedurer  &  efperer  par  là  droite  adinini- 
ftration  de  tant  de  remedès,  autrement  les 
aurions  nous  prefcrits  en  vain)  on  aura  le 
îoifir  de  procurer  &  faire  en  forte  qure  les 
reliques  du  mal  foient  du  tout  oftees&  peu 
à  peu  anéanties.,  car  alors  les  euacuations 
preparatiues  ,  reuuîfîoris ,  deriuations  & 
confortations  fe  pratiqueront  à  Ioifir  :  lef- 
quelles  n’ cm  pe  ficher  ont  pas  feulement  le 
retour  des  paroxyfmes,  mais  pourront  auifi 
eJFeduer  fientiere  6c  parfaite  guerifon. 


Ch  a  p.  XXIII. 

Touchant  U  cure  de  la  Paralyfie  &  de  j es 
ejpeces  ,  comme  aufêi  de  U  droite  adrntnt- 
fh'ation  des  remedes  félon  t  opinion  des 
Dogmatiques. 

Comme  ainfi  foit  que  telles  apoplexies 
ontfouuent  accoutumé  de  degenerer 
&  fo  terminer  en  Paralyfie,  laquelle  eft  ou 
d’vne  feule  partie.ou  mefme  delà  moitié  du 
corps,ilrefte  que  nous  parlions  àuffi  vn  peu 
de  cefte  maladie  :  veu  pareillement  que  les 
principauxremedesparnousexpofez  en  U 
‘  curede  l’epilepfïe  chronique  fie  peuuét  ap¬ 
proprier  à  cefte  maladie,  nous  y  renuoyons 


D  V  -CE  RV  E  AV.  î8; 

tes  ieunes  Médecins*  afin  que  d’vne  .infinité 
dediuers  remedes  que  nous  y  auons  arnple- 
mentexpliquez,  iis  en  choififlent  St  cueil¬ 
lent  les  plus  belles  <k  plus  vtiles  fleurs,  car 
ils  trouueront  que  rien  n’y  manque  pour 
toutes  intentions  .&  diuerfes  indications 
curatiues.  C'efl:  p.ourquoy  nous  n’adiou- 
ileronsrien  pour  la  cure  de  celle  paralyfie 
fymptomarique ,  outre  quelques  poinéls 
qui  méritent  bien  d’ellre  obferuez  en  l’ad- 
miniftration  particulière  des  Femedes,foit 
que  celle  paralyfie  prene  fon  origine  doit 
deriueederapoplexie,foit  (comme faire  fe 
peut;  qu’elle  prouienne  d’ailleurs,  car  il  y  a 
iemblableme.nt  quelques  efpeces  de  coli¬ 
ques  &  de  fleures  qui  par  crifes  &  (comme  Auctit*ts 
en  dit)  par  meraflafe  partent  &  degenerent 
en  paralyfies  quelques  fufFocations  de  ma-  nentpar 
.  trice,ainfiqu’auons  aucunefois  remarqué,  tr»/e  ?» 
fe  font  aufll  finalement  conuerties  en  cet>arabJ*e» 
genre  de  maladie  :  mefme  fuccez  ont  eu  pa¬ 
reillement  certaines,  fortes  de  verole,que 
despefanteurs  de  telle  &  alToupiflemens  ac¬ 
compagnez  de  vertiges  frequens  auoient  ja 
long-temps  précédées  auant  leur  nai  fiance: 
lefquélles  on  n’a  peu  domter  riy  vaincre  par- 
autre  moyen  que  des  feuls  remedes  qui  par 
quelque  propriété  fpecifique  efleignent  la 
maladie  :  tel  q  u’efl  le  mercure  philo fophi- 
que  ou  philolophiqüement  préparé,  com¬ 
me  nous  enfeignerons  vn  peu  apres.  S’il  ad- 
uient  donc  que  la  paralyfie  furivienne  à  l  a- 


popjexie,  ou  dégénéré  en  celle  qui  aura  jà 
efté  traitée  par  les  fufdits  remed  es  euacuas,  1 
reuulfifs,  ddfeichans  8c  fortifians  :  pour  en 

toutes  maniérés  foulager  tant  plus  la  natu¬ 
re,  &  la  defcharger  dii  pefant  fardeau  qui 

'  lafait  prefquefuccomberv  ilrefteraquele 

j  eune  Médecin  façe  principalement  ce  qui 
s’enfuit,à:fçauoir  qu’il  employé  iournelle- 
ment  des  préparatifs  conuenablcs  pour  ciri- 
re  la  matière  8c  la  rendre  fîüide,  &  pour  fa-' 
cilirer  l’euacuation,  8c  qu’ainfi  il  purge  le 
refte  des  humeurs,  ou  les  difpofe  à  eftre 
purge  es,  car  à  cela  fe  rapporte  8c  ennuient 
fort  bien  f  aphorifme  de  çe  grand  dictateur 
Hippocrate  :  Les  chofes  cuites  fe  doiuent  admint- 
Jfrer  pour  remcde  er  purgation,  non  les  crues.  ' 

V eu  la  gr  ande  conuenance  qu’a  cefte  ma¬ 
ladie  auec  les  epilepfies  chroniques, d’en- 
■Remtiet.  tre  ^es  hydromels  &  autres  fortes  de  prépa¬ 
ratifs  que  nous  auons  ia  cy  deuant  prefcrits 
en  la  cure  defdites  epilepfies ,  on  pourra 
aufli  choifir  8c  tranfporter  icy  .ceux  qui  con- 
uiendront  le  mieux  à  cefte  maladie,  &  y 
fembleront  eftre  les  plus  propres  :  il  me  fuf- 
firade  defcrire  feulement  vn  formulaire  de 
recepte  qui  fe  pourra  approprier  &  feruir  à 
H  j  _  toutes  autres  fortes^  de  Paralyfie,  comme 
mil  'fié ti-  *>vn  ^es  P^us  "excellais  fpecifiques ,  8c  des 
fiqtte.  plus  commodes  remèdes  entre  tous  prépa¬ 
ratifs. 

.  Prenez  racine i  d'acore  ,  ■&>  d’cnule  campant; 

.  deux  onces  de  chacune  Raclure  de  tais  de genèaner ,&* 


D  V  C  E  RV  Ê  A  V.  îîf 

Âe  boisrhodien  :  vne  once  £r  demie  de  chacuri,hyjfofe, 
herbe  a  lïfaralyjie,  fleurs  de  petit  muguet,  floulci,  la- 
vende,  de  chacun  deux  fugàs,.quon  les  macéré  far 
vingt-quatre  heures  en  flx  Hures  d’hydromel  flmfle, 
fuis  on  les  fera  cuire  iujqua  conjomftion  de  moitié, 
apres  quoy  vous  les  couler  és  a  travers  la  manche  a 
l’hiff ocras,  les  aromaùferez^ auecvn  feu  de  ca¬ 
nette,  cr  de  noix  mufeade.  ~  Que  le  malade  frene  de 
cet  hydromel  quatre  onces  le  matin  £r  autant  fur  le 
floir. 

L’vfage  du  mefme  hydromel  fe  deura  con¬ 
tinuer  non  feulement  par  plufteurs  iours, 
mais  par  plufieurs  femaines,voire  quelques 
mois.  Iay exprès adioufté  à  ce  formulaire 
les  fimples  qui  m’ont  femblé  eftre  plus  atte- 
nuans,  cuifans  &  efehauffans  au  commen¬ 
cement:  &quoy  quelamatiere  caufant  la 
maladie  foit  du  tout  cralle,  froide,piruiteu* 
fe  &  obftruétiue,  telle  qu’on  la  conieéhire 
eftre  le  plus  fouuent  :  i’y  ay  toutefois  aufft 
méfié  (ainft  qu’on  peut  veoir)  le  bois  Rho- 
dienpourtemperer  le  refte,car  il  eft  plus 
adftringent  &  corroboratif  qu’atténuant,  jromif 
Qif  on  croye  doc  que  i’aye  ainft  fait  cela,  dey»/&î. 
peur  que  la  matière  eftant  par  trop  liqué¬ 
fiée  &  atténuée,  il  ne  s’en  efpandift  çà  8c  là 
es  nerfs,diuerfes  parties  qui  augmenteroiét 
fluftoft  le  mal  qu’elles  ne  le  diminueroient, 
ce  que  les  ieunes  Médecins  doiuent  bien  re¬ 
marquer,  afin  de  tout  adminiftrer  droite* 

«>ent  &  auec  feur  été. 

Mais  pendant  l’vfage  de  l’hydromel,  on 


188  DES  MAIABIES 

baillera  plulieurs  clyfteres ,  8c  Ce  pour  Ig 
moins  de  deux  iours  en  deux  iours. 

La  matière  du  mal  ainfi  traittée  8c  prépa¬ 
rée,  fe  purgera  finalementj  non  toute  en- 
femble  à  vne  feule  fois  par  quelque  fort 
médicament,  ains  par  fnteruales  &  peu  a 
peu,  ceft  à  dire,  auec  vn  apozeme  ou  déco¬ 
ction  laxatiue  qu’on  fera  prendre  par  plu¬ 
lieurs  iours,  dont  s'enfuit  le  formulaire. 

Prenez^  polypode,fené ,  carthame  ,  de  chacun  dix 
drachmes, ,  raifins  de  connthe  ,  regliffe,  de  chacun 
demie  drachme,  flmences  £  anss,  de  fefely,  detixt  dra¬ 
chmes  de  chacun ,  fleurs  de  chicorée,  de  violettes  ,  de 
bonirache,  zm  pugil  de  chacunes,  agaric  mcbifijuea- 
uecfa  ligature  demie  once,  feuilles  de  fené orientales 
vne  drachme  &  demie,  dont  ferezjvne  decoBion,  dif 
Jojidez.  en  vne  hure  de  fa  coulature,Jyrop  de  chicorée 
auec  rhubarbe,  de  chacun  deux  onces,  du  tout  [oit fait 
vn  apozeme  pour  trois  dofes  en  la  dermere  defquelles 
vous  adïouflerezyne  drachme  Çr  demie  de  diacar- 
ahame,  Çr  autant  £  de  fluaire  de  citron. 

Apo-remt  λ4aîe^infi  purgé  répétera  ÏVfag.e de 
laxatif,  l'hydromel  préparatif,  auquel  prias  par 
quelques  iours  fuccedera  alternatiuement 
la  purgation:  celle  fécondé  administration 
d’hydromel  &  de  médicament  laxatif  fe 
continuera  en  celle  maniéré  par  vne  allez 

longue  efpace  de  temps.  Mais  li  quelqu’vn 

fe  veut  paffer  d’vne  nouuelle  deco&ion, 
qu’il  prene  deuxliures  de  l'hydromel  fufdit, 
8c  y  façe  cuire  &macererde  fené,  turbitb, 
hermodades,  vne  once  de  chacun  iufqu’à 


D  V  CERVE  AV,  lîp  ' 

tant  qu’il  refte  vne  liure  de  décoction  clari- 
fiée;  dont  on  pourra  prefenter  au  malade 
deux  ou  trois  onces,  félon  qu'il  fera difp.o fé 
à  la  purgation ,  &  Ce  par  trois  ou  quatre  . 
jours  diuers  du  mefme  continuels,  fi' ïâ  na^ 
ture  d’iceluy  moins  delicatepeütfüpportèr 
autant  de  purgation. 

Après  ces  longues  préparations  8ç  vaciia- 
■tions  moins  efchàufrantes  &  violentes,  on 
peut  palier,  à  de  plus  fortes  &.  plus  viol  en-  Rtmdit 
tes:  telles  que  les  pilules  fetides,  celles  d  e  pi™  vio. 
bdellium,  d'euphorbe,l'hiere  de  Paccius  ou  leni« 
de  JLogadius,  &  autres  hieres  femblables, 
d'autres  remedes  plus  attractifs,  lescopofi- 
tionsoù  entrent  la  fcaminonee,  lli'ellèDôre 
&  l'euphorbe  ,&  pîüfîeurs  autresmedica- 
mens  dont  les  anciens  8c  les  modernes  ont' 
abondance  :  leiqüels  toutefois  ne  doiüent 
eftre  adminiftrez  fans  caution  ou  ailée  té¬ 
mérité,  quoy  que  le  mal  procédé  notoi¬ 
rement  de  caufe  entièrement  froide,  &  que 
le  malade doit  de  cômplexion  cralTé,répletè 
&  pituiteufe ,  comme  dit  Trallian,  car  les  Trait. 
paralyfies  qui  ont  entiahÿ  des  Cofpk,  atte- 
nüèz, maigres,  &  de  foye  bouillant,  &  qui  * 1  €‘ 

font  caufées  d’exhalaifons  &  qualités  chau¬ 
des  &  feiches,  réiertent  tels  remedes  com¬ 
me  eftans  plus  nuiiîblês  qu’vtiles,  ainfi  que' 
nous  dirons  cy  apres.  - 

Mais  quelques  vns  obièét  eront  que  tant  obhBii, 
s  ^aut  qu’ils  ntrifent  &  foient  contraires, 
qü’à  l’oppolîte  l’antiquité  a  trouué  bon 


i90  DES  MALADIES 

qu’on  emploiaft  les  remedes  mefmes  qui 
peuuent  caufer  la  fiéure  qui fert  de  remede 
aux  maladies  des  parties  nerueufcs  ou  des 
nerfs,felon  Faphorifme  dHippocrate, 
le  ne  puis  certes  approuuer  celle  façon 
de  remedier  jauffine  luis  ie  pas  feul  qui  1  im- 
prouue  :  entant  qu’elle  elî peu  droite  &  af- 
feurée,  car  vne  petite  fiéure  pourr.oitjbien 
apporter  de  l’vtilité^mais  vne  grade  caufera 
plufloft  du  dommage,&  auancera  la  mort, 
que  de  reftablir  la  ianté.  Nonobftant  cela 
nous  approuuons  l’hrere  fiimple  de  Galien 
r  r  que  toute  l’antiqui té  a  eue  en  recomman¬ 
dation  :  les  pilules  de  hiere  auec  rhâbarbe 
&:  agaric,  &  les  pilules  d'aloë  rofat,  aipli  di¬ 
res  pour  ce  qu  on  les  arroufe  fort  fouuent 
defuc  de  rofes,  ou  quelles  font  le  plus  fou¬ 
uent  imbues  du  incline  fuc.  On  auallera 
•deux  defdites  pilules  vn  peu  de  temps  auant 
que  difner  ou  louper,  &  ce  à  l’inftant  mef¬ 
me  qu’on  prendra  l’hydromel  préparatif: 
car  elles  fortifieront  1  eftomach,  &:  excite¬ 
ront  vne  ou  dèux  felles,  par  quoy  la  nature 
wfera foulagéé  cc  aidée.  ' 

Aùffi  ne  faut  il  pas  obmettre  icy  l’vfage 
fions»  des reuulfifs,  où  l’inieclion  frequente  des 
clyfteres  fera  fort  commode ,  moyennant 
qu’en  premier  lieu  on  commence  par  les 
plus  beniiigs  d'iceux  ainfi  que  dit  a  efté, 

puis  faudra  paifer  à  de  plus  forts,  plus  attra- 
élifs  &  plus  euacuans, efquelles  fie  peuuent 
difloudre  lesfufidites  hieres  de  Paccius,  Lo- 


D  V  CERVEAV,  2f>I 

gadius ,  labenite  laxatiue,  ôc  autres  de  tel 
genre. 

Pour  le  regardées  fternutatoires,  errhins, 
mafticatoires,ils  duiront  grandement  pour 
deliurer  particulier  ementle  cerneau  de  Tes 
empefchemens^pourûeü  queles  plus  doux, 
plus  benings  &  moins  attra&ifs  aillent 
toufiours  deuant* 

Refte  à  prefent  que  pour  fuiürelametho-  Confit* 
de  commencée ,  nous  parlions  desremedes  taUft- 
qui  fortifient  le  Cerueau  &  les  parties  ner- 
ueufes,  &  aufli  de  ceux  qui  euacuentles  re¬ 
liques  du  mal  ,  Recorrigent  Tintemperic. 

Entre  les  confortatifs  font  nombrees  les 
conferues  des  fleurs  de  fouley,  de  betoine, 
fâuge,rofmarin ,  les  racines  d’acore  confi¬ 
tes,  la  confection  anâcardine,le  diacafto- 
reum,&le  caftoreum  mefmë  tout  Ample, 
que  tous  les  Anciens  &  napdernes  mettent 
au  nombre  des  plus  excelîens.  Item  le  dia- 
mofehum ,  diambre,  la rofatede  guaj àc,de 
falfeperille,  de  bois  de  geneure.Rc  de  fera* 
blables.  ; 

:  Ezremedes  externes  qui  foulagent  gran-  ^eintdst 
dementles  parties  refoutes  &  paralytiques  .  ' 

font  comprifes  les  fomentations  de  pépins, 
ou  marede  vendanges,  fi  le  malade  fe  cou- 
chefuriceluy  chaud ,  ou  en  eft  fomenté, 
comme  auffi  la  decoétiond’vn  renard  con- 
fumé  iufqu’à  feparationdes  os,  fi  vous  y  ad- 
iouftez  en  la  cuifant  des  herbes  céphaliques 
&  propres  aux  nerfs,  les  eftuues  feiches  y 

T  H 


ZjZ  DES  MALADIES', 

conuiendront  aufîi,&les  bains  faits  de  tel-, 
lesberbeS  cuites  dansle  bouillon  du  renard 
ou  dedans  du  vin,  dont  le  malade  pofé  dans 
vne  cadette  conuenable,  receura  la  feule 
vapeur  ayant  le  chef  defcoùuert  &  libre,ou 
bien  eftant  rais  dedans  vn  vaifteau  propre  à 
cer  effe&ily  prendra  les  vapeurs  ifluës  de 
tuilles  ou  briques  ardentes  fuffoquées  de 
telles  .décodions,  d’où  ledit  malade  eftant 
retiré  8c  tranfporté  dans  vn  lid  ehaud,on  le 
doit:  difpofer  aux  fueurs :  T oütesfois  quand 
il  fortira  des  fomentations,  ou  des  eftuu.es, 
foit  feiehes,foit  humide  s,  il  fera  bon  de  fro- 
ter  d’huiles  8e  linimens  conuenables,  non 
feulement  les  parties  refoutes ,  mais  auili 
l’endroit  du  col  ioignant>au  derrière  de  la 
tefte,l’efpine  du  dos,  &  les  principes  ou  ori¬ 
gines  des  nerfs,  dont  telles  refolutions  pro¬ 
cèdent  comme  des  parties  premièrement 
indifpofees. 

Or  entre  les  remedes  qui  fe  trouuent  ez 
boutiques  des  Apoticaires  font  les  on¬ 
guents  dits  Aragon ,  Martiatum ,  d’Agrip- 
pa,  les  huiles  de  renard,  de  coftis,  de  nard, 
de  laurier,  de  caftoreum,  de  poiure  ,  de 
briques  ,  de  palme  de  chrift  *  çanabin, 
l’huile  de  fauge,  de  rue,  de  vers,  de  there- 
benthine  &  autres femblables,  comme  auffi 
le  petreole  qüe  nous  fournit  la  nature  :  def- 
quels  ou  fimples  ou  meflez  auec  les  moiiel- 
Ies&  axonges  de  cerf,  d’ours,  de  pard ,  cî® 
taiflbn,  d’anguille ,  &  de  femblables  (entre 


DV  CERVEÀY.  ,  29$ 

îefquelles  Taxonge  de  l’homme  eft  excel¬ 
lent  )  y  adiouftant  encores  les  poudres  des 
herbes  céphaliques,  du  tout,  di-je,  cuit  & 
formé  en  linimens  ou  onguens  aueedre  8c 
therebenthine  ,  les  parties  douloureufes 
foient  fomentées,  frottées  ôc  enduites  par 
dehors.  U  fera  fort  vtile&  bien  à  propos 
d’adioufter  aux  fufdites  huiles  &  grailles 
l’onguent  de  ieunes  chiens  compo£é,lon-- 
guent  farçy  d’oie  engraiffée  auec- Ample 
poixnoire,  ouauffi  auec  feuilles  de  guy  de 
‘pommier,defauge  d’herbe  à  la  paralyfie  ha¬ 
chée  bien  menu  :  voire  mefme  auec  cafto- 
reum,  go  me  ammoniaque,  &  bdelliumdif- 
fouts  en  vinaigre  pour  mieux  penetrer:  les 
bayes  degeneure  &  dé  laurier  concaffez, lés 
doux  degyrofles,nolx  mufeades,  cubebes, 
poiure,  tous  groflierement  pilez  peuuent 
auffi  commodément  entrer  en  la  far ce  £u£- 
dite,  chacun  félon  quantité  &  dofe  coaue~ 
nable,  car  le:  ventre  de  boifon  eftarit  farcy 
de  tout  cela*  & le  failant  roftir  à  pécitifeu, 
il  en  fbrtira  &  tombera  dans  la  le  dhefrite 
remplie  d’eaux  de  fauge^  de  betoïnevyne 
graifTe  qüL  mageant  fur  ces.  eaux  de  p  e  ur 
'qu’elle  ne  brufle ,  fera  enfin  feparéevapres 
que  l’oyeferâcuiteà  petfeéfcion,  &  appro¬ 
priée  en  liniment  dont  les  parties  refoutes 
feront  frotées  &  fomentées,  ou  toutesfim- 
^lés  ou  medées  auec  autres  conuenabîes. 

L’huile  de  ferpent  deferit  par  Symphof 
îian:  Campege:,  tôc.  plüs  expredement:  par 
;  T  iij 


Guiyn. 

traft. 

de.pardly» 


*44  DES  MALADIES 

tUb  7  Anthoine  Guaynier  excellens  Medecins,eft 
derL'lt  vn  remede  fingulier.  à  toute  forte  de  para¬ 
it, [typent  lyfiê,  &  duifant  grandement  à  toutes  mala¬ 
dies  des  nerfs.  Ledit  Guaynier  fe  dit  l’auoir 
expérimenté  auec  quelques  autres  remedes 
fort  bons,  8c  en  auoir  apprins  la  recepte 
d’vn  certain  Hermite  chymique  lequel 
ayant  inutilement  employé  vnlong  temps 
à  foüffler  les  charbons  8c  manier  les  fouf- 
flets  chymiques,  voire  y  ay  ant  perdu  toute 
fa  peine,  s’eftoit  enfin  addonné  à  la  diftilla- 
tion  des  eaux,  8c  extraction  des  huiles  qu'il 
auoit plus  fauorablement  apprinfes  parle 
mefme  art  chymique.  Guaynieraduoüe  ce¬ 
la,  &  ainfi  tefmoigne  que  l'art  fpagyrique 
fert  grandement  à  la  medecine  :  n’ay ant 
point  honte  de  confeflér  que(bien  qu'il  fuft 
célébré  Médecin)  il  auoit  apprins  vn  fi  ex¬ 
cellent.  8c  vtile  remede  d’vn  alchy mille 
ignorant,  &  homme  de  néant.  ^  Ainfi  reco- 
gnoit  il  candidement  pour  bonnes,  les  cho- 
fes  qui  font  bonnesrdé  foy„,  &  ne  les  mefpri- 
ferderquelque-partrqu  ellesviennentrrGe 

que  les  hommes  pemeûs  8c  fuperbes  nemr- 
brafientnymereç  oiuent  pas  auée  telle  fyn- 
cerité',.  quoy  que  eonuaincus  :  mais  nous 
fonamesplusmefchans  que  nospercs,&  no- 
ûreraee  fer  ajencores  plus  vitieufequenous 
nsïfommes.  -dm  ,  :  d  * 

.  AhmefiTietraittédedit  Ouaynier  defcrit 
=  lhujle  desCi;Cdgn.es,auecr6ngueht  appel- 
-  "  ‘  ‘  ‘  iéde  gomme  j'aufll^fo.rr  .excellent  contre 

T  *  V'  ’  "  ~  ~  •  J  -  -  '  •• 


BV  C  ERVTE  AV.  1$)^ 

telles  maladies. 

Valeriola  en  fes  obferuations  de  médeci¬ 
ne,  lîure  4.  ©bferu.  4>  dépeint  femblable- 
ment  vn  onguent  fort  fingulier  pour  la  pa- 
ralyfie.  Nous  en  auons  aulïi  deferit  plu-  ' 
fieurs  en  no ftre  Pharmacopée  :  lefquets  fe 
rapportent  à  mefme  fin,  &  font  de  linuen- 
tiori  des  Dogmatiques,  aufquels  nous  âd- 
jouftérons  incontinent  en  ce  traité  d’autres 
topiques, enfeignez  aux  Hermétiques  par- 
l’art  £pagyrique,&  extraits  tant  dés  métaux 
que  des  végétaux  &  animaux  :  dont  nous 
amplifierons  &  ornerons  (félon  noftre  pro¬ 
pos)  le  difpenfaire  des  Dogmatiques,  tant 
s’en  faut  que  nous  ay  ons  intention  de  l’im-  ' 
proüluer  &  condamner  ,  comme  aucuns 
veulent  faulfem.ent  perfuader  aux  autres, 
êç  comme ;  tels  nous  noi refilent  de  calom¬ 
nies,  voire  nous  accufent ,  ie  ne  fç'ay  de 
quoy'. 

Les  Médecins  vulgaires  tendent  mefme 
à  cefte  fin,  quand  apres  auoir  en  vain  ef- 

f'rouüé  tous  autres  rcmedes,  ils  relèguent 
eurs  paralytiques  aux  eaux  minérales,  & 
aux  bains  fulphurez ,  alumineux ,  bitumé 
neux  &'  nitreux,  dont  on  peut  iournellemet 
veoir  des  merueilles.  ‘-irr  . 

Tels  font  les  bains  de  Bourbonnoisy  & 
de  Gâfcogne,  à  fçauoir  d’excellence  &  vti= 
lité  admirable.  Ce  que  pour r oit  bien  tef- 
moigner L  le:  tref-nôble  feigneur  de  Beau- 
lieu  quia  fort  héiiréùïenient  expérimenté 
T  iiij 


ÏC)6.  DES  MALADIES 

les  eaiix  de  Spas ,  Ôc  plufieurs  autres  dçsre- 
nie  des  fufdits  :  içeluys’eilaut  par  vne  cheu- 
té  tellement  bletfp  taupe  la  ïambe  auec  la 
édifié,  que  la  paralyfie  efolution  dei  vue 

&  l’autre  partie  s’é  enffiiuit,de  forte  qu’el- 
les  perdirent  tout  mouuement  &  :  fend, u 
ment,  neantmoins  par  la  grâce  de  Dieu  il  a 
e&é  enfin  tellement  peftitué,  qu’il  peut  , 
maintenant  aller  &  cheminer^  oireaccom-  ; 
plir  fes  fondions  ferieufes&  royales,  pour 
îeconferuer  &  affermir  toujours  en  meil¬ 
leur  eftat ,  nous^acquittans  de  nos  déupifs-, 
&  pfomefies  ,.qui  d’vne  fqy  particulière ÿne 
tiennent  oblige  à  y n  fi.  grand  perfonnage, 
nous  defploierons  icy  quelques  remedes, 
qui  puiiTent.  apporter  vn  fingulier  &  très 
excellent  fecours  à  telles  maladies,  lefquels 
nous  emptunterQnsdu'CAtalpguedesreme-  - 
desdes  Hermétique^  procédez  delart  fpa-, , 
gyrique,  '  '  VT  v  .  ".Wm 

Quelques  /  .  Mais,  ern  rDadininiftratfon  des  rçmedes 
phferu*.  preçedeps,  &  principalement  des  topiques . 

Fadmini 

fiction  atteniipnt  l^-plus  li;faut.queiev.. 

des  topt-  j  eune'  A|e4ecin  confidçee  foigneufement 
jw.  ’  (cot^in^npvâia^ons  ÿiÇR 

en  pafîant)  la.  natuf  e  de j^paraiyfiç ,  le  > 

tempérament  dumfijadê  :  afin  quefidafpua- 
ladie  prend £qn  origine  d’vne  matière  frpi-’ 
de,. .pituireufe.  &,  çralfe;  file  malade,  eff  de  i  ' 
pareilfecomplexion,  ç*éftà  dire  pituireufe,, r 
&  4]|  WPlbre  pat; çfytique^eft  * • 


©V  CE  RV  E  AV.  '  $97 

a  perdu  le  fentiment,  de  forte  qu’il  faille 
ftimuler  &  exciter  fon  afloupiflement,  afin, 
di-je  qu’en  ce  cas  il  choififTe  à  cefte  fin,  & 
pour  remedier  à  ce  mal,  les  onguents  &  li- 
jiim'ens,  foir  fimples,  foit  corripofez  qui  ont 
^ne  vertu  plus  fubtile,  penetrante,efchauf- 
faiite  &  plus  arrenuante.  Mais  combien 
que  lacaufe  de la  maladie Fuft materielle,& 
le  malade  bilieux,  fi  toutesfois: la  partie  in-  ' 
difpofée  s’amaigrit  &  tombe  ou  eft  défia 
tombée  en  chartre  ou  atrophie  (ce  qui  arri- 
ue  fouuent)le  Médecin  s’abftiendra  de  re¬ 
mèdes-  fort  refolutifs  8c  efehauffans,  qui 
peutient  defleicher  d‘auantage.&  augmen¬ 
ter  l’atrophie  :  autrement  il  cauferoit  plus 
de  dommage  que.de  profit}auqueh:asfuffi~.‘ 
rafelon  mon  jugement  la  decoétion  de  re-i 
na^rd,  d’intefti'nsj&de  telle  de  mouton,  dans 
laquelle  on  aura  mis  cuire  les  {emencesa- 
nodynesj/po.ucueù  que  la  partie  malade  en 
foit  fomentée,  de.  oin&e  de  iinimens  on 
d’huilesconuenahles^c’eil;  à  dire,£ort  douxf 
peu  c.hatidsjJaquelie  partiefera  enuelop- 
pe eide  laine  grade o inéte^  ou  dVne  peau-  de 
appropriée jpour  .cet  effed.a  - 1  '  i  c 
QcstemedesforehtidQnc  prudemment  & 
ludicieufement.  adaplez  âuxrpafaly  fîes'î  foit 
quelles  rfidfht  nées  d’ap6plexieifj:fqit  que 
de  foy  elles  apeat-pour  caufe  ’hnè  mariera 
,  -y  :  -  '  i  mS--.-  ~  '  '•i'3 

Mais  fi  l’abondance  des  humeœrsefpaiîTes) 
a  Ç&pas  çaufe  efficiente- de  jse|>eamlad&. 


25>8*  DES  MAI  AD  I  E  S 

ains  pluftoft  la  qualité  que  la  quatitedes  ex- 
halaifons ,  qù  la  ficcité  enfemble  auec  la 
chaleur  molèftepluftoft  que  l’humidité  ac¬ 
compagnée  de  froidure,que  deura  on  faire 
alors'?  Il  faudra  pour  certain  changer  dp. 
tout  la  procedure  qu’on  tiendra  en  la  cure. 
Tr*U  Zi».  °r  4UÇJ€S  paralyfies  pui lient  eftre  fufci- 
ïr.eh*  u>\  ïées  pàr  telles  caufes ,  Trallian  en  efttéf- 
Autrtef-  moin,  lequel  entreles  Anciens  l’a  foigneu- 
fecedt  fement  remarqué  :  &  entre  les  modernes, 
fsrxiy/it,  Guaynier rraitté  9.  chap.  S.  où  il  parle  non 
dtffttentt  feuleinét  de  îaparalyfie  fanguine,me)âcho- 
iila  pr?.  lique  &  cholérique,  mais  aulH  de  celle  qui 
ftme.  s  égédre  de  mauuaife  côplejciô,  sas  màticre.' 

:  En  ce  genre  de  maladie  il  eft  requis  que 

St»  ans-  le  Médecin  fçache  bien ,  non  feulement 
ternie  in-  l  externe  &  fuperficieile  anatomie  d’icelle, 
teneur^  maisauilrl’irtter  ne  &vitale  de  laquelle  nous 
auo  ns  parlé  a  illeur  s,  &  me  finecy  delfus  en* 
difcouram  des.vray  es  caufes  de  la  paralyse, - 
vite  bonne  partie defquellés  nous  auons  ra- 
pprtée  à  i  acidité  de  certaine  humeur,non 

limplem ent . fro id  e  &  Humide ,  mais- acid ey 
piquante  y 'âllbupiiranré  de  (pour  l’appéller 
par  foidnom^  entièrement  vitriqldu^td 
prou  ientdésvap  eurs  delà  melanch  olibyr  o- 
diiiteeft  nous;  que  les  D  o  g  m  at  iq  u  e  snvefîbè 
recognoiflént  acide, dont  les  vapeurs  e’ftans  1 
refoutés  &>  d  ecb  pie  es  ez  ;p  art  i  e  sn  e  r  u  eufë  s  y 
elles  caufent  raÉoupifTement  &  priuatibn 
de fentïmenc.:  ,1,  .  *  :  -  -  * 

^  amltqmconque  èxaminera  'fôign^ 


D  V  C  E  R  V  E  A  V.  *95* 

femétcefte  humeur,  &  conférera fes  facul- 
tez  &  effe&s  que  l’antiquité  a  attribué  à 
l'humeur  melancholique ,  auec  la  liqueur 
vitriolée,  cognoiftra  facilement  combien 
grande  eft  la  fympathie  ,  conuenancc  & 
femblançe ,  afin  que  ie  ne  die  indentité  de 
l’vn  &  l’autre,  comme  nous-  auons  dit  ail¬ 
leurs  plus  amplement.  Ce  qui  mérité  bien 
d’eftre  necerfairement  remarqué  &  cônQ- 
deré ,  car  à  peine  pourrâ-on  autrement  dis¬ 
cerner  les  Caufes  delà  paralyfie,  &  y  trdu- 
uer  des  remedes  :  veu  qu’en  vain  tafchera 
on  de  remédier  à  ces  maux  tandis  qu’on  au¬ 
ra  opinion  que  par  remedes  communs  & 
vulgaires,  c’eft  à  dire,  efchaüffans  &  deirei- 
chans,  il  faut  fubuenir  à'toUte  forté  de  pa¬ 
ralyse.  Ce  que  Tralîian  ayant  tres-bien, 
apperçeu  (quoy  quefous  vne  (impie  efpece 
de  chaleur  feiche,  ou  de  qualité  froide,  qui 
accompagnent  1  ’  humeur"  m  e  1  a  n  c  h  o  li  que  , 
oïl  fubftance  vitriolée ,  ne  plus  iie  moins 
que  l’ombre  fuit  le  corps)  il  la  bien  à  .pro¬ 
pos  efcrit  eniCés  termes  contenus' au  luire 
&  chapitre  cottez  cy  dedus.. //  n’-eft  pas'fjon^ 
dit-il,  de prefenterftielpue  remedè  ‘purpdtjfJt  telles 
autàHtïÿu&ïàtâ 

principalement  itâieré,  &ehiôêW}pt!  cmtpofittÿhÉ^ 
tpuehl? euphorbe efreritré fkp-Mtyè-ëe-éjU  ils  nëprâfî- 
teht  derien,  lapicïWeÈésnerpPen ’ép  etmrés:phté'd&- 
pnentee.  l’ay  certes  cogne  H  vol  homme  jwpar  tr-fjfyfl- 
Jh  beaucoup  de  foucy,  gy*  par  ïeufhe  eflant  êe'fàfiM 
p^ljd^iiepfai^èllémmt  opfènp&dtdüpiï-  eb-dprè?ffà 


JO  O  D  JE-S  MAL  A  D  I  E  S 

de  ïhiere,  qtdd foft  deuenu  tout  immobile,. &■>  prep 
qjie  mort, fi  on  ne  l'enfi  changé  au  contraire,  <£r  s  il  ne  . 
Jèfufifemj  tant  de  bretmages  que  de  viandes  Çr  au- 
pes  remedcs  tous  humeclans  peur  je  rendre  tempe-ré: 
mais  principalementje  dîners  bains,  onÜion  d’ huile 
&  dé  eau  nu fiées  par  enfemble,  changement d'air, 
de  toute,  récréation, :ç>ar  il  efioktfifh, enclin  a  couroux , 
yefiant promqifé. par  le  medicartknt  qui  auoïtamafié 
la  jrile  ijune.  awfi,  certes  fi  c'efi  vne  qualité  cr 

principalement  vne  intemperie  chaudc,  onfe  doit  ab- 
fienir  d,e  mandes  trop, acres  :  gr  encoyes  plus  de  celles 
qui  ohtvne  vertu  medecinale&  ptirgatme.  Paréil- 
Ixment ceu^qujfita  excefiiuemerttfiroids  ne  doiuent 
mnplmvfir  des  nmedes  purge  an  s^  attendu  .que-  tek 
hpgepunespeu^ç^efire gmr.is  (inonpar  le  fini  régime 
iç-wm;.  Gftfpnfi&s  paroles  dë-Tralliaiv c 
n  I?§ur  1  es.fpeoifiqu  es  &  vrais  remedes  qui 
^ppfiçHeatà  toute  fopte  de  paral)îfié3  nous 
déSerêfojxs  d’en, par  1er  iufiqu-enleur  propre 
Ikkp  ;a.feiau.oir,  quand  n  oüs  dedujronslaraei 
at;me  des  Hermctiquçs:  où  Ji  vefe 
na  qu/on.peut  prescrire  l'vfage  des  purgav 
p  r  epar  an  §  5  ceuulfifs ,  &x  o  nfpr  tarif  s.  qui 
fieront  fpecifiques  &  bien  appropriés  à  là 
vraie  cavifiL^  du  ■mal,reeogneuë  particulière» 

.  î&^^esdie&netrques  :ou  auflï  nousrexplr- 
^AÇtQns  les  ,}.*ç^n;edes-  qui  dùifent  propre- 
-  -frient  aux  paralyfics  nai (Tantes  de  mauuaifç 
&  maligne  qualité,  comme  nous  au o ns  dit 
jcy  deuaaitj  &,efquelles  y  a  quelque  fpecifr* 
&  pa.ft  j cqliçre  eneçg*ev  ou  faculté  d’é^ 
^aoue^puxiget;  de  dppiptçr  la  çnaladie. 


£>  V  CÉRVÎAV,  3©t 

52  dont  l’vfage  fera  tref-affeuré,catnon  feu¬ 
lement  ils  corrigent  là  mauuaife  complei 
xion  qu’on  a  acquife, mais  auffrl’efteignent 
8c  aboliffent,viuifient  la  chaleur  fufFoquéc, 

&  de  toute  leur  propriété  fortifient  lés  par¬ 
ties  nerueufcs. 

Quant  à  quelques  autres  paraly  lies  qui  Pa**b‘ 
aduiennent  peu  Touuent ,  defcritcs  par  les 
Dogmatiques  receus,  8c  qu’on  appelle  hu¬ 
morales,  c’eft  à  dire,  fufcitéespàr  abondan¬ 
ce  de  fang,  ou  par  bile,  ou  par  melancholie, 
outre  les  vulgaires  qui  font  attribuées  à  vne 
humeur  pituiteux ,  extrêmement  froid  8c 
congelant,  on  peut  lire  ce  qu’entre  autres 
Guaynier  enfeigne,  traité  9.  chapitre  8.  du¬ 
quel  fi  nous  ne  raportons  lès  propres  paro¬ 
les,  au  moins  en  expoferons  nous  le  fens  qui 
été  tel  :  Il  veut  qu’en  premier  lieu  on  com-  Cure  de 
mence  la  cure  de  la  paralyfie  fanguine  par  l*  ?*vab 
vn  clyftere  qui  fera  fuiüy  de  faignée,  fi  les  /'*'*’ 
forces  du  malade  la  peUuent  fupporter,  8c  &uine- 
pourueu  que  rien  ne  i’empefehe.  Pour  ce¬ 
lle  euacuation,  dit- il,  les  Médecins  de  Pa¬ 
ris  tirent  d’vne  fuitte  iufqu’àtroisliuresde 
fang,  ou  mefme  d’ avantage,  fondez  fur  ce¬ 
lle  raîfoii  que  la  phlébotomie  diminue  8c* 
cuacuë  l’abondance  &  quantité.  Mais  vous 
dit  il  (parlant  au  Leéteur)  s’il  efehet  aucu- 
nesfois  que  tu  fois  contraint  de  tirer  vne  fi 
grade  quotité  de  fang,  donez  vous  bien  gar-  beaucoup 
de  de  faire  vne  fi  grande  euacuation  route  à  de  fang, 
ynefois.&envn  moment,  car  vous  opéré- 


'  ^ 
ibt  É  fis  WA  LADIES 

Lez  plus  feurement,  fi  vous  la  diuifez  eii 
deux  ou  trois  répétitions,  incifant  au  matin 
labalilique  de  l’autre  cofté,au  foir  la  cépha¬ 
lique  du  mefme  cofté,  &  le  lendemain  les 
veines  de  la  langue:  laquelle  million  de  fang 
ainfi  adminiftree  petit  à  petit  fera  (comme 
il  inféré)  moins  dangereufe ,  &  fe  fêta  a- 
uec  beaucoup  plus  de  feureté  que  lautre. 
Parquoy  on  peut  voir  que  ce  n’eft  pas  d  au¬ 
tour  d’huy,  mais  dés  l’aagë  denosayeuisque 
les  Médecins  de  Pari-s  ont  eu  le  bruit  d'eftre 
grands  faigneurs,  combien  toutefois  qu’au¬ 
cuns  mieux  aduifez  &  plus  iudicieux  ne  doi- 
ucnt  eftre  comprins  fous  ce  prouerbe,  ains4 
exceptez  du  nombre  de  ces  Medecineaux 
vulgaires,  tel  que  Guaynier  a  elfe  de  fon 
temps,  lequel  condamnoitla  méthode  des 
autres,  tels  qu'ont  auffi  efté  de  noftre  temps 
les  tréf-celebres  Médecins, le  Grand  &:  Du- 
r et  qui  en  tout  fuieéfc  ny  en  toutes  fortes  de 
maladie  ne  permettoient  pas  vne  li  grande 
million  de  fang  :  laquelle  eft  par  trop  célé¬ 
brée  de  plulieurs  qui  l’adminiftrent  auec 
trop  de  hardielîé  &  fans  conlideration, 
nayansnul  efgard  à  l’aage  ny  aux  iours  cri¬ 
tiques,  ny  aux  autres  Chofes  femblables 
qu’il  faut  obferiier.  Les*Anciens  n’eftoient 
point  £ï  addonnez  à  telle  faignée ,  qu'ils 
vinlfent  à  l’ordonner  brufquement  &  fans 
nulle  caution  ou  meure  deliberation, non 
pas  mefme  ez  apoplexies  ny  paraly  lies  pro¬ 
cédées  d’abondance  de  fang,  efquelles  tou- 


D  v  Cervïav.  203 

tesfois  iafaignée  eft  vn  remede  fingulier.  ^ 
Voicyce  quen  dit  Aretee,  quand  il  entre*  delà 
prend  la  cure  de  l’apoplexie  &  paralyfie.  cure 
la faignte,  dit  il,  eftvn  grand  remede  amenant  à  maladies 
vue  grande  maladie, finon  qifon  dchnque  en  tirant  aigues 
fias  de  fang  qu  il  ne  fdüdbit.  C’efl  chofie  difficile  fb*P'4» 
de  conleBurer  la  mtfiire ,  car  fi  vaut  en  tirez y  vn 
feu,  trop  ,  vous  aurez^prcjque  eflranglé  l'homme, 
y'npeude  Jung  efi  très  efficacieux  four  confiriter  la, 
vie  ,  veu  que  c’efl  l'entretien  de  la  vie,  C7“  de  [ali¬ 
ment  du,  corps .  Si  vous  rien  tirezjfas  ajfezJvoUs  ri  au- . 
rez^nen  faiB  de  grand  par  vn  grand  remede ,  car 
ta  caufe  demeure  encores.  Mais  il  vaut  mieux  de-., 

Imquer  par  faute  d'en  tirer  ajfez^,  car  s’il  Jemble 
tju  menait  trop  peu  tiré,  cr  fi  on  apperçott  quelques 
bon  fUccés ,  il  fera  expédient  d'incifer  là  veine  de 
rechef,  laquelle  fera  ouuerte  dans  le  creux  du  coude, 
car  elle  efi  fluide  an  fenefire.  ^/Cufii  doit  on  confide- 
rer  en  la petite  apoplexie  ( c’efl  a  dire  en'  la  paralyfie) 
les parties  refontes prendre  garde  fi  là  refolution 
\  efl  au  coflé  droit  ou  au  fineflre  :  car  comme  on  dit 
couflumierement  d  faut  tirer  le  fang  des  parties  fai¬ 
nes  ,  veu  que  le  fang  &  la  matière  découlent  facile¬ 
ment par  icelles  des  parties  ôffenfees, grc.-  , 

Alexandre  Traliian,  parlant  de  la  paraly- 
fie  fanguine  efcric  ce  qui  s’enûiit.  si  doriques 
vous  remarquez^  qu’il  y  ait  abondance  de  fang,  il 
faudra  faire  vne  petite  ou  moyenne  euacuation  deuant 
l'autre  vniuerfetle ,  car  il  ne  conuient  pas  leur  tirer 
beaucoup  de fimg,quoy  qu'ils  en  ayent  abonda.mment: 
niais  on  doitplufiofi  recourir  aux  remedes  qui  s’ap¬ 
pliquent  fur  les  Ueux. 


J04  Ï>ES  M  AtÀDÏÉS 

Xfïf  Ac.tius  difcourant  de  la  faignée  cohuéna. 

bleen  l’apoplexie,  veut  que  la  miffîon  du 
vj,  a8.  fang  fe  fàçe  par  diuifion,  c’eft  à  dire, peu  à 
peu  &  feparement,  Car  il  faut  feulement  ef 
mouuoit,  dir-il,  non  defrmre  les  forces  gr  efieindyè 
la, chaleur.  Puis  au  chapitre  fiiiuanr  il adiou- 
fteà  ce  propos  de  la  million  du  fang  en  la 
parâlylie  engendrée  d’humeurs  abondantes 
ôC  de  fane.'  il  efi  donc  euident ,  dit-il ,  fi  on  doit 
'  euacuer  h  humeur  redondante.  Or  il  fjfa  meilleur 
commencement  que  par  fühon  de  la  veine,  pourueu 
que  ï nage  le  permette ,  comme  aufi  /’ habitude)  le 
temps,  l'efude,  te  progrès^,  le  vmre  Çr  les  autres 
chofes  qui  ont  accoufumé  d’empefher  la  faignée. 
Mais  il  faut  que  l' extraSl ion fit  modereè,depeur  qu’il 
ne  demenne  froid,  car  la  froidure  auec  la  fcherefe 
confia  maladie.  C’ef  pourquey  d  faut  feulement 
vnpen  amoindrir  la  matière  par  mcijion  de  veine,  O* 
principalement  en  ceux  qui  fini  plus  aduance^en 
ange,  la  detra&ion  fc  fera  des partiales plus  faines . ; 

Il  appert  donc  âfîez  par  ces  tefmoignages 
quel  doit  eftrele  droit  vfage  dé  la  phlébo¬ 
tomie  en  telles  maladies,  où  faut,  obferuer 
auec  diligence,  qu’on  n’en  doit  vfer  qu’a- 
uec  grande  caution  &  circonfpeétion  non 
temerairement  félon  la  couftume  d’aucuns 
qui  n’ont  autre  remede  quelconque;  Ce 

qui  eftant  pratiqué  autrement  par  plu- 
fieurs,  il  n’eft  que  trop  notoire  combien 
grand  en  eft  l’abus,  &  le  remède  fallacieux 
voire  pernicieux, dire  que  cefte  couftume 
longue  &  inueterée  eft  p ailée  en  loy  qu’on 

nepeuf 


Î>V  C  EïtVEAV. 

ne  peut  abroger,  c’eftvniugement  très-ini¬ 
que,  &  vne  tref-mauuaife  reigle  d’opinion. 

La  Phlébotomie  eftant  accomplie  on  pour- 
fuiura  ce  qui  refte  à  faire  en  la  cürede  là  pa- 
ralyfie  fanguine ,  où  feront  employez  les 
préparatifs  pour  tempérer  le fang,les  pur¬ 
gatifs  conuenables,  les  reuulfifs  &  deriua- 
tifs  propres  &  necefTaires,  8c  les  topiques 
appropriez  au  niai:  qui  eftans  commodes 
&âuihblés  à  chaque  efpece  de  mal,  feront 
choifis  au  nombre  de  ceux  que  nous  auons 
amplement  déduits. 

Ez  paralyfîes  nées  d’humeur  bilieufe,acre  Curation 
8c  chaude, pour  difpofer  ladite  humeur  à  ^ejafaÿ 
eftre  purgée  il  ne  faudra  pas  l'attenuer  &  ef-  ** 
chauffer  :  mais  au  contraire  on  la  refroidira 
8c  efpeffira  par  régime  de  viure  conuena- 
ble  à  Cet  effeéfc,  8c  par  la  droite  adminiftra- 
tiô  des  remedes  choifis  à  cefte  fhijC’eft  à  dire 
que  des  préparatifs  on  mettra  en  vfage  ceux 
qui  efchauftent  le  moins, 8c  des  purgatifs, 
ceux  pareillement  qui  font  temperez.  Le¬ 
quel  chois  s’obferuera  aufli  en  l’application 
des  topiques  exterieurs^c’eft  à  dire,  des  fo- 
mentationsi  linimens,  onguens ,  emplaftres 
&  bains.  curti» 

Silaparalyüeprendfa  fource  de  melan-  Ia  f6Taitm 
cholie,  on  fuiura  mèfme méthode  curatiue, 
afin  que  les  caufes  foient  oftées  par  reme-  thtliqua* 
des  qui  leur  conuiennent  :  lefquels  on  mo¬ 
dérera  &  temperera  en  forte  que  cela  fefa- 
çe  fans  trop  grande  deficcation.  Efquélles 
V 


jOÔ  DES  MALADIES 

cures  de  toutes  fortes  de  paralyfie  on  pren¬ 
dra  foigneufement  garde  à  ce  qu  es  autres 
remedesfoientmeflez  les  medicamens  qui 
par  quelque  propriété  fpecifique  dont  re- 
pugnans  au  mal. 

le  ne  voy  point  ce  que  les  Dogmatiques 
peuuent  maintenant  defirer  de  moy  ,  ny 
poürquoy  ils  s’en  doiuent  plaindre:  Mo  y 
di-je,  qui  fuis  entré  fi  auant  en  toutes  les 
boutiques  de  France,&  des  autres  pays,voi- 
re  y  ay  fi  exactement  confideré  tout  ce 
qu’elles  contiennent  de  richelfes  &  d  orne¬ 
ment,  qu’il  n’y  a  calfettes'  ny  baillés  d’or, 
d’argent  &  de  bois  élégamment  peintes  & 
figurées  ,  dont  ie  naye  veu  les  remedes  y 
contenus  pour  les  defploier  &  départir  lar¬ 
gement  en  lacure  des  prefentes  maladies,& 
defquels  ie  me  fuis  fauorablement  feruy 
moy  mêfme  qui  fuisauffi  Dogmatique.  Si 
ontrouue  que  i’aye  obmis  quelque  chofe, 
cela  fe  deur a  pîuftoft  attribuer  à  vne  recer- 
che ,  non  encores  alfez  fubtile  ny  exaéle, 
qu’àma  mauuaife  foy,  car  ie  ne  l’auray  ob- 
mife  à  intention  de  priuer  aucun  de  ii 
grands  threfors  &  richeiTes ,  tant  s’en  faut 
que  i’en  voululfe  eftre  defpourueuë  la  Ré¬ 
publique  de  Medecine,  à  renrichilfement 
&  ornement  de  laquelle  ie  mets  toute  mon 
induftrie  :  Mais  il  eft  impoffible  qu’en  vne 
fi  grande  abondance  &  multitude  de  reme- 
desilnevous  en  foit  efchappé  quelqu’vnj 
en  quoyj  implore  icy  le  jugement  des  Do= 


DV  CERYEAV.  307 

£teurs  &  célébrés  perfonnages  à  ce  qu’ils 
approuuent  &  fauorifent  mon  ehtreprife, 
&  me  tiennent  non  comme  énüieux  êc 
homme  de  mauuaife  foy  ,  mais  me  reco- 
gnoiiïent  pour  candide  &  fyncere,  voire 
pour  leur  amy  &  vray  frerei 
Pour  le  regard  des  Hermétiques, ie  m’af. 
feure  bien  qu'ils  ne  s’efleueront  point  con¬ 
tre  moy  pour  me  reprendre  de  ce  que  Cen¬ 
tre  en  leurs  colleges,  afin  d’y  mendier  &  re¬ 
cueillir  quelque  chofedeleurs  efcrits,  afça- 
uoir  quelques  vns  de  leurs  extraits,  efien- 
ces,  magifteres,  fecrets,  teinétures  8c  autres 
tels  remedesTpecifiques,  comme  des  quin¬ 
tes  eflences  &  bâufmes  très  puiflans  8c  fort 
efficacieux  pour  la  cure  des  maladies,  afin 
que  par  leurs  vertus  8c  effe&s  on  iuge  de 
l'excellence  8c  preeminence  qu’ils  ont  par 
delTus  tous  autres.  ^Auffiies  prie-je  qu’ils 
permettent  d'entrer  auec  moy  quelques 
fcaûans  &  célébrés  perfo images  d’entre  les 
Dogmatiques  :  qui  par  zele  &  affe<5Hon 
qu’ils  portent  à  l’antiquité  retiennent  bien 
&  derendent  fort  &  ferme  leurs  vieilles 
opinions,  mais  toutesfois  font  menez  d’vn 
elprit  fi  candide,  modefte,  droit  8c  non  fi- 
niftre ,  voire  font  remplis  de  prudence  8c 
doébrine  fi  folide,  qu’à  tout  le  moins  nous 
efcouteront  ite  pluftoft  amiablement ,  que 
de  nouis  porter  aucune  enuie  &  haine  pre^ 
cipitée  ,  ny  de  nous  condamner  comme 
mefchans  8c  ahufeurs.  le  m’ofe  auflî  bien 
V  ij 


jo8  des  MALADIES 

perfuaderque  quand  ils  auront  veu  à  l’œil 
la  préparation  &  l’efficacè  des  remedes,& 
auront  eftéenfeignez  en  l’efchole  des  Her¬ 
métiques,  ils  les  embrafleront  ;  les  défen¬ 
dront  de  tout  leur  pouuoir,  &  leurs  donne¬ 
ront  de  tres-grandes  loiianges,  auec  vne  ar¬ 
deur  d’efprit  non  moindre  que  l’enuie  &  la 
haine  qui  les  ont  autresfois  pouffez  à  les  ex- 
ploder,  condamner  &  auoir  en  exécration. 


Ch  ap.  XXIV. 

Montrant  que  la  Liturgie  mechdnique  des 
Hermétiques  efi  decoulée  de  F  (économie 
boutique  de  U  nature  fecrete:  leur  pro¬ 
cedure  en  la  cure  de  l’cptlepfiey  ejl  aufit  con¬ 
tenue  auec  la  légitimé  préparation  ctaucms 
remedes . 

Or  fus  voyons  donc  maintenant  ce  que 
font  les  Hermétiques,  car  nous  fouî¬ 
mes  paruenus  à Touuroir  dVn  de  nos  Con¬ 
frères  HermetiqueSjlequel  ayant  toutesfois 
efté  inftruid  en  l’efchole  des  Dogmatiques, 
eft  paruenu  au  Do&orat  de  leur  profeifton»: 
Son  érudition  eft  fi  grande  qu’encores  que 
fouuentesfois  on  l’ait  tiré  en  de  longues 
difputes,il  a  neantmoins  fi  courageufement 
refifte  à  fes  aggreffeurs,  que  finalement  il  a 
remporté  layidoire  auec  beaucoup  de  gloi- 


DV  cerveav.  ,  JO  9 
re  :  non  toutesfois  fans  eftre  fécondé  de  ce  fret 
grand  Coryphée  le  premier  Médecin  de  no-  cbefiitn 
ftre  très-grand  &tres-puilfant  Roy, auquel  Roy  de 
confrère  &  collègue  bien  aimé,  fa  Maiefté  Jr*nte 
a  donné  permiffion  de  baftir  vn  ouuroir  ou 
laboratoire  auec  toutes  fortes  de  fourneaux  3 
pour  préparer  Sc  pratiquer  des  remedes  fpa« 
gy tiques.  C’eft  auilî  pourquoy  vous  pour¬ 
rez  entrer  plus  librement  en  cefte  efchole, 
dont  pour  certain  l’entrée  vous  femblera  ? 
fort  eftroite  de  prime  abord^mais  vn  peu 
apres  vous  trouuerez  qu’elle  fe  dilate  Sc  } 
f’eflargitpeuàpeucomme  la  lettre  Pytha-  fifndtl* 
.gorique,  par  la  figure  de  laquelle  Pythago-  lettre  Py. 
re  a  reprefenté  la  voye  qui  conduit  à  la  ver-  thagm. 
tu,  dont  l’entrée  eft  à  la  vérité  bien  difficile  2»*. 

Sc  efpineufe,maisle  refte  du  chemin  eft  bien 
vny,tref-facile,& fort  plaifant  au  voiageur. 

Outre  plus  on  trouuera  que  cefte  efchole 
eft  remplie  d’efpines,  de  ronces  &  d’orties 
qui  toutesfois  ne  font  à  reietter,veu  que  les 
plus  doux  Sc  plus  beaux  frui&s  font  ordi¬ 
nairement  munis  de  telles  armes.  A  raifon 
de  quoy  on  a  accouftumé  .de  peindre  par 
tout  aux  frontifpices  des  portes  vne  roze 
enuironnée  de  fes  efpines  auec  cet  emblè¬ 
me,  Beauté  rieft  fans  difficulté.  C’eft  donques 
à  vous  ô  hommes  pleins  de  candeur  qui  n’e- 
ftes  point  affis  au  fiege  des  enuieux  &  mef- 
difans,mais  ornez  de  toutes  les  vertus  con- 
uenables  aux  vrais  difciples  Sc  feéibateurs. 
d’Efculape  &  d’Hippocrate,  c’eft,di-je,à 
V^üj 


310  DES  MALADIES 

vous  qu’il  eft  permis  d’entrer  icy.  (Sapnqus 
ne  fouffrons  pas  volontiers  qu’on  nous  fé- 
pare  d aueç  vous  ny  vou s  d’auec  nous,  mais 
pïuftoft  nous  fouhaittons  cl’eftre  perpétuel¬ 
lement  vnis  auec  vous,  Içachans  bien  qu’v- 
,ne  telle  vnionvousfera  aulîï  aggreable  qu’à 
nous.  Âuïîi  ne  doutons  nous  point  que  par 
^Ia  conciliation  &  concorde  dès"  y  ns  &  des 
autres  la  medecine  abbatuë  ne  vienne  à  fe 
reléuer  au  grand  profit  de  la  Rcpubliquc,Sç 
au  prompt  foulagement  des  malades,  en¬ 
tiers  lefquels  nous  foraines  obligez  d  exer- 
'  cer  :  toute  humanité  8ç  charité,  y  eu  qu’ils 
,  font  nos  prochains. 

25  tftri*  Mais  nous  foraines  ja  entrés  dedans,  re- 

fuon  ie.  gardez  de  routes  parts  à  l’enuiron  s’il  fe  re- 
ïomjrorv  preientera  à  vos  yeux  tant  de  yailîèaux,  àe: 
boiftes,  grandes,  moiennes,  petites,de  tant 
de  fortes  ,  &  qui  contiennent  vne  infinité 
d’efpeces  &  de  remedes  tant  {impies  que 
çompofez  propres  aux  maladies,  foit  inter¬ 
nes;  foit  externes,  comme  il  Pen  voit  grand 
nombre  ez  boutiques  des  Apothicaires. 
On  ne  peut  admirer  en  cet  ouuroir  tant  de 
fards  &  de  peintures  au  dehors,  mais  tout 
y .paroift  Pale  &  noircy  de  charbons:  vous  y 
verrez  çà  &  là  çonfufément  des  fourneaux 
conftruiéts  pour  diuers  feux,  en  forte  qu’il 
y  en  a  quelques  vns  qui  fourniront  du  feu 
luifant  perpétuellement  iour  &  nuiéf,  com¬ 
me  ceux  des  Veftales,en  oultre  on  fe  pourra 
iieantmoins  efmerueiller  de  yeoir  en  celle 


D  V  G  ERVEAV.  Jir 

boutique  vn  nombre  infiny  de  vaiiïëaux  fi¬ 
gurez  en  formes  diuerfes,  voire  efpouuen- 
cables,  qui  donnent  pourtant  fubiect  de  ri- 
fée  aux  hommes  ignorans  &  ftupldes,  mais 
pccafion  d’admirer  l’induftrie,  aux  feauans 
&  ingénieux.  Car  les  gens' doctes  fçauent~ 
que  celte  variété  d’inftruments,  a  fçaüoir  de 
vaille  aux  &de  fourneaux, n’elt  aucunement 
faite  à  plaifir  ou  ridicule,  ny  excogite'e  fans 
raifon:  comme  ainfi  foit  qu’ils  n’ignorent 
pasquel  art  opéré  à  l’exemple  &  imitation 
de  la  nature,  laquelle|ait  fes  fonctions  dans- 
les  entrailles  de  la  terre  comme  en  fon  grad 
ouuroir.  Et  tout  ainfi  qu’en  ces  fourneaux 
la  nature  exerce  continuellement  fes  diuer¬ 
fes  diftillations,  euaporations,fublimations 
ou  exaltations,  circuiations,re6tifications, 
çohobations  3c  autres  telles  operations  au 
ventre  de  la  terre  comme  en  fon  grand 
Athanor,  où  elle  a  fes  propres  feux,  fbit -de 
char  bons,  foit  de  foulphr  es,  bitumes  &  de 
telles  chofes  oleagineufes  ,  lefquels  elle 
tempere  deuëment  par  degrez:  de  mefme 
l’art  enfuit,  8c  parfait  ingenieufement  auec 
fes  diuers  inftrumens  l’artifice  de  nature,  la¬ 
quelle  n’a  pas  moins  befoin  de  fes  fours  r  e- 
uerberatoires  du  Mont  Æthna,  lequel  ard  Ar*. 
toufiours  fans  celle.  Car  d’iceux  comme 
des  antres,  cauernes,  rochers  ,  cailloux,  &  c*deU 
pierres  qui  ont  l’entrée  eftroitte,  le  refte  du  met 
eorpseftant  large  &  capable,  &  font  de  di- 
uerfe  figure,  les  Chymiques  ont  emprunté 
Y  iiij 


.  DES.  MALADIES 

leurs  reuerberatoires,&:  vaifleaux  diuers,  à 
fçauoir  droi&s,  courbes,  obliques ,  longsj 
courts ,  ronds ,  quarrez,  amples,  eftroiéfcs, 
bouchez,&ouuerts-.C’eft  de  là  qu’ont  prins 
leur  origine  les  retortes  ou  cornues,  lesrna- 
tras,  pellica;ns,fublimatoires,tantoft  feel- 
lez  tàntoft  non  feellez,  à  la  femblance  de 
tels  inftrumerits  naturels  propres  aux  calci¬ 
nations  ,  Sublimations ,  reuerberations  & 
Circulations,  dont  {aillent  tant  de  diuerfes 
fortes  de  fontaines  $c  bains  chauds  ou 
froids.  9 

Mais  outre  ces  diftillations  aqueufés  & 
Humides,  nature  produit  aufli  par  telles 
Operations  dès  meteores  fecs  &  iceux  ful- 
phurez,  falez  &  mercüriaux  tels  que  font 
les  ArCenics  ,realgars, orpins, antimoines, 
cynnabres  &  autres  de  tel  genre  procrées 
éz  entraillesde  la  tërre ,  comme  aùffi:  infi¬ 
nies  fortes  de  chaux  métalliques  qui  s  y 
trouuent  &  f’en  tirent.  Ioint  encores  vn 
nombre  infiny  4e  fels,  dont  les  vns  réduits 
en  eaux ,  les  autres  congelez  font  veoir  à 
l’œil  les  merueilleux  efEedsdes  operations, 
calcinations,  diflblutions,filtrations  &  coa-i 
gulations  que  la  nature  tafehe  d’effe&uet 
par  tous  moyens.  Et  l’art  n’imite  pas  la  na¬ 
ture  en  ces  feules  operations,- mais  aufli  ez 
,  ëlixatiohs&aflations^oireezconco&ions 
m 7ma^(  naturelles  qui  s’appellent  meurtjfemens ,  cù 
quelles  l’art  fé  baftit  vn  feu  propre,  lequel 
ne  brufle  pas  ny  eonfume3  mais  circule? 


DV  CERVEAV,  315 

cuit,  fomente,  nourrit,  &c  vegete  ofl  donne 
vigueur,  tel  que  le  bô  Tr euifan  &  les  autres 
vrais  Philofophes  nous  l’ont  dépeint:  d’où 
eft  procédée  cefte  fentence  inferee  au  mi¬ 
lieu  de  la  cheminée  dé  l’ouuroir:  le  feu  cr 
l'd%ot  vous  ! uffiront .  Or  eft  il  maintenant  temps 
de  monftrer  ce  qui  eft  contenu  dedans  ce 
cabinet  ou  boutique  chymique,  &  quels 
iemedes  s’en  peuuent  tirer  :  faut  aufli  veoir 
entre  tant  de  remedes  qui  s’y  trouuentfbien 
qu’ils  occupent  vn  petit  lieu,  &  qu’en  de 
tref-petitesboiftes ioient  enclos  de  grands 
threfors  fort  rares)  ceux  que  nous  deurons 
choifîr  :  à  fçauoir  ceux  qui  félon  diuerfes 
intentions  curatiues  font*  fort  conuenables 
aux  maladies  dont  eft  queftion ,  en  quoy 
nous  fuiurons.  de  reçhef  la  méthode  que 
nous  auons  commencée  par  les  Dogmati¬ 
ques. 

Donques  pour  commencer  par  les" Epi- 
lepfies,  foit  qii’on  les  confidere  comme  ^ramè 
maladies  aiguës^  alors  principalement  que  «k,  epiU - 
le  paroxyfme  vient  fbudain,  opprime  le  ma-  ffinprifi. 
lade  &  finit  incontinent  :  Soit  comme  Ion- JtsHer- , 
gués  &  chroniques  qui  retournent  par  in- 
terualles,  ou  mefmes  entretiennent  par  fois 
le  paroxyfme  vn  longtemps,  &  ne  fe  termi¬ 
nent  que  par  mort.  Les  Hermétiques 
|  déclarent  que  les  caufes  des  ces  maladies 
font  pluftoft  àftrales  &  {pirituelles  que  ma* 

|  terielles  3c  craftes,  comme  nous  auons  défia 
âmpknienc  dcduit,  &  qu’elles  font  àccom- 


^4  des  maladies 

pagnées  de  certaines  qualitez  malignes  & 
virulentes,  à  raifon  de  quoy,  fans  attendre 
la  méthode  des  digeftions,  conçoftions  & 
préparations , ils  s’efforcent  autant  qu’ils 
peuuent  de  donner  prompt  fecours,&  d’en- 
fraindre  leur  violence  &  vertu  pernicieufe. 
Or  comme  ainfi  foit  que  nous  ayons  ia  cy 
deffusexpofé  l’origine  &  premiers  fcminaiT 
res  de  quelques  Epilepfîes,  lefquelles  nous 
auons  appelle  Analepfies  &  Catalepfies, 
'veu  -auffi'  qu’il  ;a  efté  dit  qu’elles  s’engenr 
drent  de  vapeurs  mauuaifes, acres  &  vene- 
neufés  qui  s’exhalent,  ou  d’vn  fang  impur 
desla matrice. ou  de  laid  corrompu  &  de 
femence  gaftée ,  ou  de  quelque  autre  hu¬ 
meur  atrabiiiaire  &  vitriolée:  &  que  les  nû-- 
nes-de  lamaladiegifent  cachées  ou  dans  Te?: 
ftomach.  en  la  maife  du  fang,  ez  inteftins, 
en  la  rare  ou  au  inefentere,  en  la  matrice 
&  autres  parties  du  corps,  d’ou  les  petits  en- 
fans  la  peuuent  acquérir  ,  &,ainfi  attirer  à 
.  foy  la  caufedu  mal  en  tettant  :  A  celle  cau- 
fenous  ferons  eflite  des  remedesr  qui  con-  ’ 
uiennent  AepuifTent  eftré  appropriez  à  tou¬ 
tes  ces  fortes  de  maladies  indifféremment 
de  quelque  aage  &  fexeque  forent  les  malar 
des,  tel  qu’eft  l’eau  Theriacale  qui  s’enfuit. 
Eauxihf  Preneur acines  d’angehque,  de  zedoaire,  bardant, 
vtata  es.  J£grZQnerd,,  tormentille,  btfiorte  ,  epule  campdne, gen¬ 
tiane  ,  petafite:  vne  once  demie  de  chacunes,  ra¬ 
cines  de peuome  majle,  gr feuilles  cueillies  quand  l & 

;  Zune  decroiJ }  au  figne  du  Lyon,  raclure  de  buis,gny  d  e 


P  y  Ç  ER.  VJ?  A  Vf 
«fe  noifitier  :  de  chacun  deux  onces „ 
fimtal  citym,  bois  d’aloés,  myrobolans  de  toutes  fortes* 
vue  once  de  chacun ,  disant  blanc  flx  drachmes ,  her¬ 
bes  de mdijfe,fcabieufi,  ozjille,fumeterre,  aïgrem<n- 
ne,  rite,  mouron ,  matriciere ,  menthe  rouge  ,  abfinthe 
ponîic,  htjfepe  ;  de  chacunes  deux  poignées,fimences 
de  charbon  be/ut,  de  citron,  peuoine  ,  fifiely,  grains  de 
gêneur e  :  de  chacun  demie  once,  cubebes,  macis,  noix. 

‘ mufiade ,  canelle  :  trois  drachmes  de  chaçun,fieurs  de 
genefl,  mille-pertuis,  centauree  mineure,  tillet  arbre ", 
Jetit  muguet,  fiulcy ,  lauande  :  de  chacunes  denxpur 
gils,  fleurs  de  chicorée, buglojfe,  r 07e rouge  vne pngnee . 
On  prendra  tes  racines, herbes  Cf fleurs  les  plus  récen¬ 
tes  qu’on  pourra  trouuer  félon  l’oportumté  du  temps y 
dont fi  préparera  cefie  eau  theriacale,  ce  piton  pourra 
fort  commodément  faire  en  Efié,  vett  qu’alm  tous  lefi 
dits  jimples font  en  leur  force  gr  vigueur,  il  faudra 
piler  bien  menu  dans  vn  mortier  toutes  ces  racines , 
herbes  &  fleurs  nouvelles.  Que fi  elles fint fiiches,ait 
defaut  de  récentes,  onles  concajferagrofiierement.  Lé 
tout,  bien  méfié enfimblefiit  mis  dedans  vn  pot  verny 
de  fit f fi fimte  grandeur,  en  forte  que  tout  le  meflangey 
pmjjèeflre  contenu  au  large:  furquoy  vous  verfiretg, 
les  eaux  dijhllees  depnmeuere,  de  petit  muguet,  des 
fleurs  de  tillet  gr  de  fiulcy  y  vne  liure  gr  demie  de 
chacunes,  les  eaux  de  mehffe,  d’hvffbpe,  de  y 0  (marin, 
de gene fl  ,  demie  liure  de  chacune :  bon  vin  blanc  deux 
lettres,  ou  autant  qù il  en  faudra  pour  arroufir  ce  niefi- 
iange ,  quon  remuera  fiuuent  par  dedans  auec  la 
mainouauecvne  cuiUier  ,  afin  qttil  s’humeEle  tant 
mieux gr  boiue  la  liqueur  :  Puis  ce  pot  fort  eflroitte- 
ment  bouché  en  forte  que  rien  ne  syenpuijfè  expirer, fiif 


$l6  DES  MALADIES 

efchaùffée  à  peut feu,  iufiqua  ce  que  U  matière  de- 
uienne  tiede,  afin  quelle  je  fermente  mieux  gr  plue 
facilement  par  lefpace  de  fept  eu  huift  tours  :  Car 
tant  plus  la  macération  fera  longue,  tant  meilleure fe¬ 
ra  la  fermentât  ion,  puis  ayant  exprimé  le  tout  on fepa- 
rera  cr  pajfera  l'exprefiion  a  trauers  d'vu  linge. 
^Apres  quoy  vous  efpreindrez^  bien  les  feces  dans  la 
prejfe  pour  enfin  les  rendre  fort  fitches.  T  oute  cefie  li¬ 
queur  exprimer  fint  verfee  en  plnfieurs  alcmhcs,  ou 
bien  qu'on  la  recueille  toute  enfemble  dedans  vn grand, 
difiillatojre  de  cuiure  auec  vn  réfrigérant  (vaijfeaux 
dont  les  „ Apothicaires  doutent  toufiours  efire  pourueus 
pour  extraire  les  eaux  &  huiles  des  végétaux)  afin 
d’endifiiller  l'eau,  qui  fiera  excellente  eyr  de  grand 
prix.  Cependant  onreduira en  cendres  afeudereuer- 
btre  les feces  fufchtes  qui  efioient  refiees  :  fur  lefquel- 
_  les  bien  calcinées, vous  verfere^c^reuerferez^  chaude- 
mcntïëaU  precedente,  iufquà  tient  quelle  en  ayt  ex- 
irai  et fin  fil,  en.  ainfi  la  rendra  on  plus  forte  ty  tffi* 
Vf  Age  de  <acieufi;  Néant  moins  icelle  toute jimple  Cr  fins  ad? 
eejls  tau.  dition  de  fin fil  peut efire feuremént  çyrauec  bon  fisc- 
çezprefentée  ey prinfiau  matin  le  poids  d’vne  demie 
once,  pour  U  curation  ey  précaution  de  toutes  epilep- 
fiesyjoit  idiopathiques,  fut  fympatiques,  entons  âges 
<y  temperamens  :  Car  elle  ri  a  pas  feulement  la  vertu 
de  préparer  {y  dë  fortifier  le  malade,  mais  àufii  elle 
attaque  les  qiialitezjnaltgnes  de  quelque  part  quel¬ 
les procèdent,  c’efi pour  certain  levray  çy  fpecifiqut 
antidote  de  cefie  maladie. 

addition, 

Honobftant  cela  afin  que  celle  eau  foitefi* 


C  V  CIRVS  AV,  J 17 

corespPnoble,pl9  parfaite  &  de  plus  grade 
vertu  ou  energie  plus  fpecifique  cotre  eefte 
maladie,  onl’âplifierades  additiôs  Fuiuates, 
fVj?  à  falloir  qu'en  quatre  liures  de  ladi  te  eau  on fer 4  • 
digerer  par  quatre  tours  dedans  le  bain  marie ,  quatre 
onces  de  la  meilleure  thériaque  de  Venixe  ou  de  Mont- 
pelle)-,  vne  once  cy  demie  de  cofeSho  df hyacinthe,  de¬ 
mie  once  de  la  cofetho  d' alkçrmes, poudres  de  diamar- 
gant,diacoral,letifiant  de  Galien ,  deux  drachmes  de 
chacuntdiacafioreum  demi  once  ou  mejhie  d’auatage: 
denxdragmes  de  caforeum  Jîmple ,  vne  dragme  de 
caphreje  tout  bien  méfié  cy  mis  dedans  vn  vaijfeau  d 
long  col( iju'o  appelle  marras)  tres-bie  bouché:  En  apres 
vous  le  diflillerés  par  i  'alébic  a  chaleur  de  cendres,  Cy 
cohoberés  par  trou  ou  quatre  fois  U  eau  difiillée  fur  fs 
-  feces,prenat  bié garde  que  lefditesfeces  ne  fe  dejfeichet 
par  trop,de peur  que  la  liqueur  extraite  ne  sete  le  bru- 
lé:ce  qui  toutefois  nef  a  craindre  ,fi  la  dijhllation  Je 
fait  au  bain  marie  vaporeux,  me  fine  iufqu'a  Jîccité, 
tomme  nous  auons  dit  ennofire  Pharmacopée.  Par  ce 
moye  on  extraira  vne  eau  fort  excellete ,  non  feulement 
cotre  toutes  epilepfies,  mais  aufii  apoplexies  cy  para- 
lyjtes.  St  vous  reduifes  en  cendres  tes  feces  de  ceffe  fé¬ 
conde  dijhllation,  Cy Jî  félon  l'art  vous  en  tirez ^  auec 
eau  de  melijfe  le  fèl  que  dijfoudrés,  filtrés,  CT  coagu- 
lerezjtfin  de  le  rendre  plus  pur  CS'  plus fubtil,  pour  en 

2 res  le  mefler  auec  fin  eau,  dans  laquelle  il  fi  dijfou- 
a  incontinent, telle  eau  acquerra  des  forces  beaucoup 
plus  amples,  CT  vne  energie  bien  plus  puijfante. 

Voila  la  méthode  8c  manière  de  bien 
eompofer  les  eaux,  &  d’extraire  la  vertu  des 
choies,  laquelle  fe  doit  attribuer  &  rappor- 


JlS  DES  MALADIES 

ter  à  l’art  fpagirique. 

Mais  quelque  pédant  ignorant,  d’efprit 
groffier  8c  ftupide,  parefleux  &  nonchalant 
mefprifera  toutes  ces  chofes,  d’autat  qu’el- 
les  ne  te  font  en  vrt  moment,  ains  que  telle 
operation  requiert  vn  efpace  de  temps 
fort  long,  8c  qu’en  cet  art  y  a  de  la  difficül- 
té;  Ce  qui  n’eft  point  de  merUeilles,veu  que 
fon  ignorance  eft  fi  grandequ’il  ne  fçait  pas 
mefme  la  façon  d'extraire  le  fel  auquel  con¬ 
fiée  la  principale  vertu  des  chofes,  comme 
nous  auons  dit  ailleurs,  ou  n’en  a  que  bien 
peu  de  cognoifiance.  Mais  ceux  qui  ont 
vn  bel  efprit,  doctes  &ftudieux  des  fecrets 
&  chofes  releuées,  qui  fe  plaifent  toufiours 
à  pratiquer  la  Medecine  auec  honneur  & 
gloire,  &  qui  aiment  d’auantage  leur  pro¬ 
chain  qu’aucun  gain.  Ceux  là  di-je  n’y 
trpuueront  nulle  difficulté,  mais  tout  leur 
fera  facile  :  encores  qu’il  foit  queftion  de 
remedier  à  des  maladies  aftrales ,  pour  la 
guerifon  defquelles  les  remedcs  communs 
groffier ement  préparez  font  du  tout  infuf- 
fifans&  de  nulle  efficace.  Quant  à  la  diffi¬ 
culté  de  cefte  operation  laborieufe(fi  aucun 
y  en  a)  elle  fera  tolerable  veu  la  grande 
quantité  du  remede  qu’on  acquiert  par  ce 
moyen ,  laquelle  ofteral’ennuy  d’vne  fi  lon¬ 
gue  répétition  :  principalement  fi  le  vaif- 
feau  de  cuiure  rend  beaucoup  d’eau:  veu 
auffi  qu’elle  retient  long-temps  fa  vigueur, 
force  &  energie:  &  attendu  qu’on  la  fai* 


DV.  CERVEAV,  jlf 

prendre  enfort  petite  dofe  ;  tellement  qu’il 
ne  fera  pas  mefme  befo in  de  reiterer  l’ope¬ 
ration  vne  feule  fois  par  chacun  an:  en  fom- 
me  l’experience  de  fa  vertu  eft  h  grande, 
que  fon  fruiét  &  mcrueilleufe  vtilité  ne  .re- 
compenfera  que  trop  la  peine  &  le  temps 
qu  y  aura  mis  l  Ouurier. 

Orfon  vfage  fera  tel  ;  à  fçauoir  qu’aux 
petits  enfans  attaquez  de  cefte  mala¬ 
die  ,  on  leur  fera  prendre  voire  aualler 
par  force  s’il  eft  impoffible  défaire  autre¬ 
ment,  vne  demie  cuillerée  d’icelle  eau  auec 
vne  ou  deux  gouttes  d’huile  d’ambre  :  Par 
quoy  il  aduiendra  qu’ils  feront  incontinent 
releuezdu  paroxyfme.  Apres  quoy  il  fau¬ 
dra  continuer  l’vfage  du  mefme  remede 


iufques  à  quinze  ou  vingt  iours,  voire  d’a- 
uantage,&  ce  tous  les  matins.  Il  eft  certain 
que  par  le  moyen  d’iceluy  remede  plufieurs 
enfans  ont  efté  pleinement  guéris  de  cefte 
maladie  fans  répétition,  leur  ayant  baillé 
quant  &  quant  forces  clyfteres,  &  corrigé 
l’intemperiedeleursnourricespar  bon  ré¬ 
gime  de  viure.  D’auantage  la  mefme  eaufc 
donne  vtilement,  &  auec  fauorable  ïuccez  — 
à  toutes  perfonnes  de  quelque  aage  &  fexe 
qu’elles  foient,  tant  afin  de  les  preferuer  fe^meS 
que  pour  les  deliurer  de  cefte  maladie.  £**{**■. 

Mais  fi  c’eft  vne  femme,quipar  indifpofi-y»«^^. 
tion  de  matrice  foit  tombée  en  cefte  mala-  roxyfms. 
die,on  méfiera  auec  la  mefme  eau  la  teintu-  'püepn- 
te  des  grains  meurs  d’a&e,  comme  l’appel-  îuti  C9m' 


32.0  h  ES,  maladies 

le  Paracelfe,dont  nous  auoris  enfeigné  îi 
Iriufnt  defctiptioft  èn  n°ftr^  Pharmacie  reformée, 
/>«»/*”.  vous  y  meflerez  aufli  (fi  bon  vous  femble) 

les  huiles  de  buis  &  de  caftoreum  extraits 

par  artfpagyrique  :  de  ehacuti  trois  ou  qua¬ 
tre  gouttes,  l’vfage  en  fera  long,  &  s’admi- 
niftrera  fans  irttermiffion. 

Si  la  maladie  eft  fufcitée  &  caufée_par  in- 
\  difpofitiond’eftomach,foitqueles  patiens 
foient  hommes  ou  femmes,  il  conuiendrà 
diifoudre  en  cefte  eau  deux  gouttes  d’huileS 
de  menthe,  canelle,  de  rofmarin  &  autant 
deshuiles  de  femences  d’anis,  &  de  peuoine 
extraits  femblablement  par  art  fpagÿri- 
que,quifoientdiftillésaueceau  fimple  à  la 
façon  d'extraire  l’huile  des  femences,  com¬ 
me  il  eftnotoire  à  tous  chymiques. 

Que  fi  la  première  8c  fécondé  diftillation 
de  ces  eaux  Theriacales  femblent  a  quel- 
qu’vn  11  eftre  fans  difficulté  8c  longueur  de 
temps ;  (veu  toutesfois  que  cela  eft  faulx),. 
pour  monftrer  combien  les  Hermétiques 
font  abondans  enremedes,  8c  par  cpmbien 
de  diuerfes  maniérés  ils  les  forment  &  pré¬ 
parent  (tant  ils  font  induftrieux)  en  lieu  d’i- 

^  celles  ie vous  fubftitueray  d’autres  remedes 
qui  fe  compoferont  en  forme  de  fyrops, 
dont  l’vfage  fera  plus  agréable  8c  plus  faci¬ 
le,  8c  qui  fans  exception  vaudront  mieux, 
ôc  feront  beaucoup  plus  vtiles  que  tous  au¬ 
tres  vulgaires  :  Defquèl  s  nous  auons  pareil¬ 
lement  Fait  les  defcriptions  en  noftre  Phar- 

maco- 


DV  CERVEAV.  $11 

Iriacopée  des  Dogmatiques  pour  l’embellir 
de  c  es  ornemens  ëc  richefles  fpagyriques. 

Prenezjlonc  racine  de 'peuoine,guy  dechëfhe  :  de-  an  “ 

mie  once  de  chacun,  de  la  meilleure  canette  fx  dra- 
gmesfeurs  de  foulcy,  petit  muguet,  tittet,lauendr,de 
chacunes  vnpugil,rofs  rouges  deux pugils.  On  pren¬ 
dra  le tout  fcc aride  non  recentrer  coupera  on  ia 
racine  de peuoine  en  petits  morceaux:  mais  le  refe  fit 
mistelqu’il  ejl  fans  concajfatton  dedans  vn  matras, 
quon  appelle,  de  tufie grandeur  ,  furquoy  on  verfra 
ajfez^  bonne  quantité  d’eaux  de  vie  ,  de  fange, 

Cr  degeneuref  elles  fe  peunent  recomrer  comme  en 
^Alemagne  ,  <Çr  dont  aufi  nous  auons  enfiigné  le 
formulaire  en  nojhredite  pharmacopée.  ^Æu  defaut 
d’icelles  vous  prendre-^  de  l’eau  de  vie  extraite  du 
meilleur  vin,  laquelle  firpajfera  la  matierè  de  quatre 
doigts.Levaiffeau  bien  bouché  en  forte  quenen  ne  s3  en 
puijfe  expirer, fit  colloqué  dans  le  Bain  Marie,  ou  ex¬ 
posé  aux  rayons  du  Soleil  par  trois  on  qnatres  tours,  où 
l’eau  de  vie  acquerra  vne  couleur  ronge,  efant  impré¬ 
gnée  de  la  vertu  des  fimples  :  Laquelle  eau  fera  fipa- 
ree  des  feces par  douce  inclination  :  a  dix  onces  d’icel¬ 
le  faudra  adioufer  trois  ou  qnatres  onces  de  pierre 
blanc puluerisé ,  £r  remuer  le  tout  auec  vne  ctiittier 
d’argent ,  en forte  queie pierre  y  fit  diffout  dans  vn 
plat  d’argent  :  puis  auec  du  papier  ardent  on  em- 
braferal' eau  de  vie,  tournant ou  agitant  fans  cejfe  la 
matière  auec  vne  cuillier  d'argent,  on  lama  bru  fer 
l  eau  devie  nf  qu’a  tant  que  le  jyrop fit  affezjnit,  ou 
fmbleplus  ou  moins  fort.  Car  alors  qu’il  fera  temps 
on  e femdra  la fiamme  de  l’eau  de  vie,  la  Juffoquant 
dvntrenchsir  ou  afiette  d’efain  oud’ argent.  Ce 


jll  DES  MALADIES 

fyrop  ainfi  préparé  à  la  mode  des  Herméti¬ 
ques  fera  vn  tref-excellent  remede  antepi- 
leptique.  Il  fuffira d’en  faire  prendredetni 
cuillerée ,  Toit  pour  preferuer  de  maladie, 
foit  pour  en  deliurer.  A  mefme  fin  duit  la 
macération  des  fleurs  de  foulcy,  lauande, 
petit  muguet  faite  ennoftre  hydromel  mal- 
uatique  par  l’efpace  d’vn  mois,la  dofe  en  fe¬ 
ra  d’vne  ou  deux  onces  qui  fe  prendront  au 
matin. 

Or  comme  ainfi  foit  qu’en  telles  maladies 
on  a  prefque  tpufiours  accouftumé  d’eua- 
cuer  par  purgations  les  corruptions  &  mau- 
uaifes  humeurs  contenues  dans  les  entraii- 
les,dont  les  malignes  vapeurs  fufcitent  or¬ 
dinairement  cefte  maladie.  Pour  cet  effet, 
au  lieu  des  remedes  purgatifs  prins  des  vé¬ 
gétaux,  c’eft  à  dire,  en  lieu  de  cafle,  catholi- 
fuftAÙû  con’  diaphenic,  triphereperfique,  eleduai- 
re indien  majeur  &  mineur,  confe&ion  de 
Hamech,  hiere  Ample  ou  de  Paccius  &  Au¬ 
tres  tels  médicaments  benings  ou  violens, 
qui  apportent  fouuentefois  plus  de  domma¬ 
ge  que  de  profît,faut  choifir  ceux  qui  péné¬ 
trent  iufques  au  feminaire  du  mal  :  Entre 
lefquels  nous  voyons  que  l’antiquité  a  touf- 
jours  recommandé  l’vn  &  l’autre helleborè; 
mais  nous  eftimons  principalement  le  noir, 
d’autant  que  le  blanc  cueilly  en  nos  monta¬ 
gnes  froides  eft  fi  crud,  dangereux  &  con- 
uulfif,  que  i’en  improuue  du  tout  l’vfage,  SC 
confeillerois  de  le  reietter. 


DV  CERVEAV.  fZf 

Qui  plus  cft  nous  auons  veu  fouuentcs- 
fois  combien  grands  &  griefs  Symptômes 
naiflent  mefme  del’hellebore  noir,  croif- 
fant  en  nos  montagnes  6c  vulgairement 
préparé.  C’eft  pourquoy  i’enay  défia  enfei- 
gné  cy  defliis  au  chapitre  17.  quelques  pré¬ 
parations  tirees  des  Spagyriques,  afin  de 
rendre  fon  vfage  plus  affeuré.  Mais  les  fui- 
uans, corrigez  félon  leur  efchole  .&  difcipli- 
ne,  feront  aufli  vtiles. 

Qtfonprene  donc devray  hellebore  noir  produifant  c^\ntt 
des fleurs  pourprées  <&*,  fi faire fi  peut ,  qui  fiit, non  a-  ejjtme  de 
ride, mais  nouuellement  cneilh,autant  quil  en  faudra  i’heüeho  - 
pour  emplir  de  fis  racines  concajfees  grpilees  la  moitié  te  ae‘rz 
d'vn  fiçlembic:  faites  en  difii lier  par  le  bain  marié 
vaporeux  (qui firt  a  difliller  fans  aduflion)  autant 
d’eau  qu  elles  en  pourront  rendre.  Quant  d  la  matière 
fiiche  qui  refera  au  fond  de  l’alembic,elle fira  concafi 
fie  &  remifi  dans  vn  matras  d  long  col,  fur  icelle  on 
verfira fin  eau  propre  :&r  notezjjue  la  quatité  des fè¬ 
ces  concajfees  doit  eflre  telle  que  leur  eau  diflilee  lesjur - 
pajfe  fiirnage  de  trois  doigts  en  large.  Le  tout  fiit 

pofé  au  Bain  pour y  eflre  digéré fix  ou  huiSh  iours  du - 
rantfiufqu  d  ce  que  li éauteinBe  &  imprégnée  de  la 
couleur  des  racines  fiit  deuenuè  rouge ,  puis  verfiz^ 
l'eau  par  inclination,  Cria  remette^toute  fimple  di¬ 
gérer. encor  es  vne fois  au  bain  marie  chaud,  car  cefie 
ficonde  coElion  meurit  &  corrige  d’auantage  ce  qu  ily 
a  de  crudité, aufitfipare  elle  toufiours  quelques  impu- 
retexjjuirefidenî  au  fond  en  forme  d'hypoflafe  ou  fi- 
diment.  En  apres  cefle  eau  bien  digeree,  cuiBe  £r  de- 
purée fiit  remifi  dans  vn  petit  alembic,dont  elle  dijhl- 

X  ij 


3*4-  des^maiadiés 
1er  a  encores  iufijua  ce  que  la  matière  refie  au  fond  dû 
vaijfeau  en  confifience  de firop,qui  efi  le  vray  baufine 
&  quinte  ejfence  d'hellebore. 

C’eft  l’vne  des  meilleures  &  plus  fa» 
elles  méthodes  d’extraire  là  quinte  elTence 
non  feulement  des  hellebor es,  mais  auffide 
l'aulnée ,  chelidoine  &  d’autres  tels  vege» 
taux:Nous  enfeignerons  fon  vfage  cy  apres. 

.  Si  les  racines  fraifehes  d’hellebore  noir 
ne  fe  peuuent  recouurer,niais  feulement  les 
feiches  (veu  que  chacun  ne  peut  pas  touf. 
iours  auoir  les  recentes ,  comme  ceux  qui 
font  efloignés  des  montagnes)  leur  baufme, 
quinte  eflence  ou  extra&ion  fey>reparera  en 
la  maniéré  fuiuante  pour  remedier  aux  epi- 
lepiies. 

Autre  On  prendra  donc  des  racines  de  vrdy  hellebore  noir, 
ttraflto  cueillies  au  mois  de  Septembre ,  le  Soleil  efiantdufignc 
d  htüeho-  £a  £Une^  m  Bdie-f,  aumois  de  Mars,  c  efi  à  dire 
enuironl'vn  oui’ autre  Equinoxe;  car  alors  les  racines 
font  vertueufes  çr  tontes  mouillées  de  leur  humeur  na¬ 
turelle..  Les  ayant  bien  mondées,  mis  trempes  en  vin 
liane,  O- fait  de(feicher,pilezjes  dedans  vn  mortier 
de  marbre  auecvn pilon  de  bois,  efi  ans  concajfees,  cou¬ 
pelles  aueedes  ciseaux,  aïnfi les  ietté s  dans  vn  a- 

lembic  de  verre, efpandant par  dejfus  les  eaux  de  t>e- 
uome,des fleurs  de  petit  muguet  &  de  fiulcy,de*cha~ 
cune  autant  qu  A  Jufflr a  pour  les  abreuuer  &  mouil¬ 
ler ,  efqiïelles  eaux  on  aura  peu  adiou  fier  de  l’ejpnt  de 
vitriol, afin  de  les  rendre  vn  peu  acides.  On  iàïrrœdi- 
gerer  toute  cefle  matière  par  vingt  quatre  heures  hfe» 
moderég  dont  la  liqueur  fit  en  findifiillée  &  recueil* 


DY  CERVIAV,  3  Z  J 

l le  dans  vn  récipient  adapté  au  chapiteau  de  l’alem- 
hic,jnon  a  perfeéhon  ou  mfiquk ficcité  entière:  mais 
en forte  que  les feces  f oient  encor  es  humides, fur  lefqnelr 
les  vous  refpandrezj' eau  dijhllee,  CT  les  mettrez^  en- 
cores  digérer  par  autres  vingt-quatre  heures,  afin  d'en 
exprimer  puis  apres  tonte  la  liqueur  Crfitbfiancé  dans 
vneprejjè  accommodée  pour  cet  effeB  ,  ayant  Jeparé 
Çr  remis  les  feces.  Toute  l’exprefiion foitreuerfee  dans 
l'alembtc, pour  derechef  en  difiiller  l’eau  tant  quel 
rèjle  au  fond  vne  conffience  deJjrop  ou  de  miel:  fepa- 
rezjCr  remettezjncores  vne  fois  les  feces  dedans  l’a • 
lembic,  comme  nous  anons  dit  fur  lejquelles  vous  re- 
fandrezjefie  eau,  afin  de  reietter  leur  digefiion  par 
vingt  quatre  heures,  CT  dé  en  exprimer finalement  tou • 
telafiibfiance  auec  la  prejfe  fort  ferrée,  referuant  k 
part  les  feces  arriérés,  Cr  méfiant  l’exprefiion  auec  la 
Jufdite  conffience  de  Jyrep,  Mais  l’eau  difiillée  fit 
refiandué fur  lefdites  feces  comme  au  par auant,  pour 
faire  vne  infufion  qui  en  apres  fera  exprimée  CT  mife 
auec  le Jyrop  :  Cela  f  fera  continuellement  iufqua  ce 
que  les  racines  ou  leurs  feces  ne  rendent  aucune  fauem. 
Ce  qui  dénoté  pour  certain  que  l’exprefiion  efi parfais 
te,  cr  l’ejfence  des  racines  tontes  efpuifee. 

En  apres  vous  verjèrezi  dedans  vn  matras  k  long 
col  les  Jyrops  qn ' aurezjeJhruezjomme  nous  anons  dit 
çydejfus,  lefiquels  d’ vne  hure  de  racines,  rendent  enui- 
ron  quatre  onces  de  baujmei  adiouflezjyle  tiers  ou  le 
quart  des  eaux  difiillees  CT gardées  (car  la  quantité 
des  eaux  referuêes  efi  plus  grande  que  celle  des  Jyrops) 
Ct  remettezjugere-r  levaifieau  dedans  le  Bain  Marie , 
tufqu’k  tant  que  l’eau  fiait  teinBe  en  couleur  rouge  : 
pre  s  qnoyon  la  vtr fera  par  inclination,  crfiparera  dtp 
-  X  iij 


p:S  DES  MALADIES 

fediment  refiant  au fond, le  mieux  que  faire fi  pourra, 
quony  reuerfe  encores  de  nome  Ue  eau,  puis  on  ia  fipa- 
rera,  ce  qu'il  faudra  reiterer  par  tant  de  cohobations 
iufqua  ce  que  toute  ce  fié  Jubfiance  de  miel  extraite 
foit  pajfée  en  ces  eaux  en  forme  d'ejfence  pure  ey- 
tres-claire  :  Laquelle  cohobation fera  parfaite,  s'il  ne 
refie  rien  au  fond  du  vaijfeau,finon  quelque  lie  inutile 
eyr  defiituée  d,e  toute  couleur  ou  teirt&ufe,  qui  efile pi¬ 
re  venin  de  l  hellebore. 

Cela  efiant  acheué,ou  me  fine  pendant  l'operation, 
vous  reduirezje  marc  en  cendres  a  feu  dereuerbere  fé¬ 
lon  l'art,  O"  ce  apres  l'auotr  bien  efpremt,  puis  ayant 
fcparé  a  petit  feu  l 'eau  qui  contient  les  teintures  fufdi - 
tes,  tant  qu'il  refie  vne  confifience  de  (yrop,ouplufiofi 
vn  tres-precieux  baufme  a  hellebore,  on  tirera  tout  le 
fil  des  cendres  auec l'eau  extraite  conformement  aux 
reigles.  de  l'art,  l'eau  en  efiant  imprégnée  confite, 
on  ia  verfira  dans  ce  firop  ou  baufme  d'hellebore  re¬ 
muant  &  méfiant  bien  le  tout :  puis  elle  fiera  dijhUée 
de  rechef,  iufqu'a  tant  que  la  matière  demeurant  au 
fond  foit  encores  vne  fois  réduite  a  confifience  de  jyrop 
ou  de  baufme,atiee  lequel  fer  a  méfié  &  comomt fin fil 
qui  contient  en  fày  la  principale  vertu  pmgatiue  de 
V hellébore.  Vn  fcrupule  de  ce  baufme  helle- 
borat  diffbut  en  vne  ou  deux  cuillerées  de 
fon  eau,  ou  d’autre  liqueur  conu enable,.eft 
vn  inerueilleux  purgatif  &  excellent  mon* 
dificatif  de  la  mafle  du  fang:  lequel  ne  fufEt 
pas  feulement  àdomterles  epilepfies,  mais 
il  eft  auffi  tres-éfEcàcieux  pour  fubjuguer 
toutes  autres  maladies  déplorables  8c  aftra- 
les,  telles  que  font  les  efpeces  de  manies  & 


BV  C  ER  VE  AV.  3*7 

melancholies  qui  fe  mocqüent  ordinaire¬ 
ment  des  remedes  vulgaires.  Et  qu’on  ne 
m’obieéfe  point  icy  la  difficulté  de  l’opera¬ 
tion,  carTvtilité  &  l'excellence  du  remede 
nelarecompenfe  que  trop:Ioint  aufli  qu’el- 
le  eft  tref-facile  à  ceux  qui  y  font  tant  foit 
peu  verfez.  Quant  aux  defpens  qu’ily  con- 
uient  faire,les  riches  à  qui  ces  remedes  fem- 
blent  eftre  dediez,  les  payeront  facilement» 
&  ils  leur  feront  rendus  auec  grande  vfure. 
Car  c’eft  à  iceux  que  nous  auons  dédié  des 
préparations  fi  excellentes:  Mais  pour  ac¬ 
commoder  nos  préparations  balfamiques 
aux  gens  de  moyennes  commoditez  à  qui 
ces  médicaments  pourroient  fembler  trop 
chers,  comme  auffi  à  la  capacité  des  Apoti- 
caires  inexperts,  il  conuiendra  faire  ce  qui 
s’enfuit.  En  lieu  des  eaux  de  peuoine,de  pe¬ 
tit  muguet&de  fouley,  on  fubftituera  l’ex- 
tradibn  des  racines  d’hellebore,  faite  par 
décodions  réitérées  auec  petit  laid,ou  laid 
diftillé,  8c  fouùentefois  exprimées  de  mef- 
me ,  afin  que  la  vertu  dès  racines  pafle  en 
i’expreflïon  8c  y  demeure.  Ce  qu’il  faudra 
repeter  tant  de  fois  (à  fçauoir,  reuerfer,  re¬ 
mettre  bouillir,  &  exprimer)  que  la  derniè¬ 
re  expreffion  n’ait  aucune  faueuf.  Ce  qüi 
tefmoignera  que  toute  la  fubftance  &  vertu 
de  hhellebore  fera  paflee  ez  eaux,petit  laid 
ou  liqueur  exprimée. 

Or  en  chaques  liures  delà  liqueur  expri¬ 
mée  vous  adioufterez  deux  onces  de  feuilles 
X  iiij 


'  DE  S  M\A  LADIIS 

de  fené,cloux de  gy  rofles,  canelle,maeis  :  de 
chacun  vue  dragme  &  demie,  femencesd’a- 
•  nis  &  de  fenoil  doux  :  deux  dragmes  de  cha¬ 
cune,  deux  pugils  de  fleurs  de  rofes  rouges 
vn  pugil  des  fleurs  de  nénuphar:  tout  cela 
eftant  infusé  &  exprimé,  verfez  en  l’expref- 
fion  autant  de  gouttes  d’efprit  de  vitriol 
qu’il  en  faudra  pour  rendre  toute  mixtion 
vn  peu  aigre.  Ceux  qui  par  ignorance  im- 
prouuent  &  rejettent  l’vfage  de  l’efprit  vi¬ 
triolé  en  medecine,  duquel  toutefoisonne 
peut  aflez  priferny  eftimer  l'excellente  ver¬ 
tu,  foit  à  extraire  les,  teintures  des  medicar- 
mens,  foirpour  fermenter  toutes  les  chofes 
efquelles  on  le  mefle ,  foit  à  contempercr 
leur  trop  grande  chaleur,  &  corriger  leur 
malignité  :  ceux-là ,  di-je,  en1  lieu  dudit  ef- 
prit  y  mettront  pour  chacunes  onces  autant 
de  fuc  de  citron  ou  de  limons  (lequel  imité 
la  nature  de  vitrioîjqu’ifen  fera  requis  pour 
l’enaigrir,le  tout  foit  bien  ma<~eré,digeré& 
fermenté  trois  ou  quatre  io urs  durant:  puis 
on  l’exprimera,  on  extraira  aufli  par  diftilla- 
tion  faite  au  bain  marie,ou  ez  cendres  chau¬ 
des  la  liqueur  de  l'exprefliô,iufqu’à  tant  que 
ce  quireile  au  fondait  acquis  vne  confiften- 
ce  de  miel:  à  quoy  vous  adioufterez  fuffifan- 
:  te  quantité  de  myrrhe  &  de  maftich  pulue- 
rifé,  &,fi  bon-vous  femble,  vn  peudéirha- 
barbe,  pour  en  faire  vn.epetite  malle  de  pi¬ 
lules.  D  ont  on  fera  prendre  feulement  vne 
pilule  po'ur  chacune  dofe  :  l’opération  delà- 


BV  C  E  R  V  E  A  V.  W 

quelle  fera  heureufe,  8c  pénétrera  iufques 
aux  racines  &  leminaires  du  mal, afin  d’arra¬ 
cher  8c  d’efpuifer  tout  ce  qu’il  y  aura  d'im¬ 
pur  8c  corrompUjCe  que  les  remedes  vulgai¬ 
res,  comme  nous  auons  dit,  ne  peuuent  nul. 
lement  effectuer. 

Auec  la  première  elFence  d’hellebore,que 
nous  auons  vfürpée  comme  meilleure  que 
l’autre,  &  dont  nous  auons  promis  le  droidt 
vfage,  on  pourra  conjoindre  (fi  bon  vous 
femble)  l’extrait  d’aloes,  de  fené,  d’agaric  8c 
de  rhabarbe,  ou  l’extraiâ:  de  feammonée  8c 
de  coloquinthe,  defquels  extraits  les  for¬ 
mulaires  fe  trouuent.  en  noftre  Pharmaco¬ 
pée  des  Dogmatiques  reformée  :  dont  on 
compofera  vne  forme  d’opiate,  ladofede 
laquelle  foit  vn  fcrupule  :  ouy  méfiant  fuffi- 
fante  quantité  de  myrrhe  ,  caftoreum  8c 
poudre  de  fené,  il  s’en  fera  des  pilules:  vne 
feule  defquelles  prinfe  feulement  en  dofe 
d’vn  demi  fcrupule,  ou  d’vn  fcrupule  entier 
pour  les  plus robuftes,  opéré  tref-puifiàm- 
mentparfelle  fans  aucune  efmotion.  Si  l’e- 
pilepfie  fie  fait  par  correfpondance  delà  ma¬ 
trice,  vous  y  pourrez,  fi  bon  vousfembles 
adibufter  l’eflence  ou  huile  de  fæçulabrio- 
niæ  &  d’alfa  foetida. 

Il  y  a  encores  quelques  autres  maniérés 
de  préparer  8c  d’extraire  l’effence  d’helle- 
t>ore  ,  lefquelles  nous  auons  deferites  ailr 
leurs  àu  liure  que  nous  fifmes  il  y  a  vingt- 
f ifiq  ans  &  d.’auantage,  touchant  les  prepa- 


3J.O  DES  maladies 

rations  fpagyriques ■,  où  nous  renuoions  les 
Pharmaciens  peu  ou  point  exercez  ez  ope¬ 
rations  chy  miques,qui  y  pourront  trouuer, 
comme  auffi  ailleurs  vne  préparation  fort 
aifee,  voire  vulgaire,  &  vne  operation  de 
fortpetite  defpcnfe. 

Voila  donc  l’explication  des  remedes  que 
les  Hermetjques  prenent  entre  les  végétaux 
pour  purger  en  ce  genre  de  maladies ,lef- 
quels  à  raifon  de  leurs  vertus  fignalées  ne 
s’approprient  pas  feulement  aux  epilepfies, 
mais  conuiennent  auffi  tref-bien  au  vertige 
Ôcz  l’apoplexie.  Quant  aux  purgatifs  métal¬ 
liques  beaucoup  plus  nobles  &  plus  excel- 
lens,  4onr  lefdits  Hermétiques  fe  feruent 
pour  euacuer  les  caufes  occultes  desfufdi- 
tes  maladies,  nous  les  différons  en  leur 
propre  lieu. 


e k ap.  xxv. 

Des  réunifions  ^denudtion  s  &  autres  inten¬ 
tions  curati&es  des  Hermétiques  t  comme 
du  fil  de  leurs  confortât  ifs  fieeifques, 

Po  vr  le  regard  des  reuulfions  &  deriua- 
tions  neceffaires,les  Hermétiques  lesre- 
elyflttes  Çoiuçnt  &:  r  ecommandent  auffi  bien  que  les 
des  De-  D ogmatiques ,  fur  tout l’vfage  frequent 
gmati.  des  clyfteres ,  mefme  des  irritans,  horfinis 
toutefois  les  décodions  céphaliques  qui  ênr 


nv  Gïrveav.  .  33r 

flament  &  efchauffent  par  trop:  au  lieu  def-  qnts 
quelles,  &  de  1  hiere  de  Paccius  ou  de  Loga-  P rauk 
dius,&  d’autres  tels  remedes  trop  efchauf- 
fans  &  attirans,  qui  en  la  cure  de  ces  mala¬ 
dies  font  vulgairement  introduits  en  tels 
clyfteres,&  qui  pour  la  plufpart  (comme  dit 
a  efté)  engendrent  quelques  matières  plei¬ 
nes  de  vapeurs,&  des  exhalaifons  chaudes  & 
feiches.  Au  lieu,di-je,  de  tout  cela  ils  fùb- 
ftituent  en  leurs  clyfteresvnremede  purga¬ 
tif  beaucoup  plus  excellent,lequel  fans  ma- 
ilifefte  fentiment  &  qualité  de  chaleur  ex- 
cefliue,  a  toutefois  vne  vertu  &  faculté  fort 
attraétiue,  par  laquelle  il  opéré  merueilleu- 
femertt  bien.  Tel  qu’eft  le  fafran  métalli¬ 
que  ou  des'  métaux,  comme  ils  l’appellent, 
qui  eft  vne  certaine  préparation  fpeciale  de 
l’antimoine  préparé  auec  nitre  :  par  lequel 
nitre  l’antimoine  eft  rendu  fixe  &defpôuïl- 
lé  de  fon  fouphre  arfenical,  en  forte  qu’eftat 
ainfi  cuit  à  perfection,  onle  peur  prendre  au 
dedans  par  la  bouche  fans  aucune  violence 
ou  perturbation  de  corps  :  Beaucoup  moins 
eûneut  il  le  corps,eftant  meflé  &  infufé  dans 
la  decoétion  de  çlyfteres.  Mais  nous  parle¬ 
rons  cy  apres  plus  amplement, tant  de  la  ver¬ 
tu  &  excellence  de  ce  remede,  que  de  fon 
vtilité  &  merueilleux  efFééts. 

Outre  l’vfage  frequent  de  telsclyfteres, 
qui  ont  quelque  particulière  vertu  &  fpeci- 
fique  energie  eomienant  à  la  nature  de  ces 
maladies,  &c  qui  opèrent  auffi  félon  lafacul- 


33*  DES  MAL  ADI  ES 

cé  &  propriété  des  décodions,  qui  fepcu- 
uent  diuerfifier,  y  adiouftant  toufîours  quel¬ 
que  remede  fpecifique  ,  fans  regarder  au 
moy  en  d’efchaufFer  ou  de  refroidir  :  Ce  qui 
toutefois  eft  trop  curieufement  obferué  par 
les  médecins  vulgaires,  ,  - 

Les  mefmes  Hermétiques  ont  pareille¬ 
ment  en  auffi  grand  t  eftime  que  les  Dogma¬ 
tiques  ,  la  prouocation  du  voiniCement, 
Eouuerture  des  Hémorroïdes  8c  des  men- 
ftruë's,  comme  aufïi  la  fedion  de  la  veine  fa- 
phene  ou  mefme  d’vn  autre,  félon  qu’il  eft 
expédient  ,1’application  des  ventoufes,frot- 
temens,  fortes  ligatur es,  fternutatoire;s,  er- 
rhins,  mafticatoires,&  ce  pour  particulière¬ 
ment  defeharger  le  cerueau.  En  fomme  il 
n’y  a  aucun  de  tels  remedes  qu’ils, nadmet- 
tént,  veu  mefme  qu’ils  r eçoiuent  les  cautè¬ 
res  foit  aduels,  comme  ils  les  appellent,  foie 
potentiels  t  d  autant  que  leur  vfage  fert  aux 
réunifions  8c  deriuations. 

VamU  Mais  toutefois  les  Hermétiques  fe  fer- 
fësre.  uent  de  ce  vomitif  &  fternutatoire  fîngulier, 
au  lieu  de  tous  autres:  à  fçauoir  du fel  de 
vitriol  deuëment  préparé,  qu’ils  employent 
auec  tréf-bon  fuccez  n’en  faifans  prendre 
que  peu  de  grains,  diffouts  dans  vne  deco- 
dion  conuenable,  ou  en  eau  diftillée,  ce  qui 
prouoque  vn  doux  8c  vtile  vomiflement.  Le 
mefme  fel  e fiant  foufïlé  ez  narines,  defehar- 
ge  particulièrement  le  cerueau,  &  le  repur? 
ge  à  merueilles  :  L’vfage  d’iceluy  eftbeatt- 


D  V  e  E  R  V  E  A  Vé  .  353 

coup  plus  falutaire  ,&  moins  nuifible  que 
l’hellebpre  blanc,  qu’on  â  vulgairement  ac- 
;  couftumé  die  mettre  en  vfage  pour  cet  effet. 

Pour  corroborer  &  affermir  le  çerueau  8c  Con^f: 
parties,  offenfees,  voire  pour  corriger  l’in-  tatifs  des 
temperie,  &  refondre  les  reliques,  les  Do-  dogmati* 
gmatiqués- font  ferüir  à  celle  fin  les  perles,  2*<sv 
margarites,  coraux,  granates ,  rubis,  faphis, 
l’hyacinthe,  le  Iafpe ,  la  pierre  d'azür,  l’or  8c 
l’argent  réduit  en  feuilles  ou  limaille,  la  cor¬ 
ne  de  cerf,  celle  de  licorne,  le  camphre.  Ici 
chermes  &  autres  de  tel  genre  :  dont  ils 
comppfént  les  confections  d’aikermes, 
d’hyacynthe ,  de  granates ,  diamargaritum, 
de  irubis,  de  pierre  eftoillée  ou  d’azur,  com- 
#  me  auffid’antidote  Alexandrin,  le  diainarga- 
ritum  chaud  &  froid,  pu  mefme  l’antidote  tidotts 
de  margarites  &  de  coraux  d’efcrite  par  Ni-  leB.  io* 
colas'Myreps  :  Lefquelles  confections  re-  ebaP 
çoiuent  l'or  &:  prefque  toutes  les  pierres  W 
precieuCes  de  autres  tels  corroboratifs  qu’on 
admet  aufli  pour  fondement  &  bàfede  plu- 
fieurs  autres  antidotes,  &  ce  fans  nulle  pré¬ 
paration  des  ingredüens,.hprfmis^;u’ils  font 
feulement  réduits  en  poudre,  comme  nous 
dironsincontinent,  '  r  ^  u 

Or  enlieu  d’iceuxremedes  groffieremenc 
préparée  qui  feruent  pluftoft  à  dorer  leven- 
tricule  auec  l’eftomach,  8c  à,  les  enduire  de 
pierres  qu’à  fortifier  le  cerneau,  veu.que  l’e- 
ftomachne  peut  cuire  ny  vaincre  tels  reme¬ 
ts  grofiiers ,  ny  par  confequent  les  tranf- 


334  DES  maladies 
porter  ez  veines,  afin  quels  fubftance  de 
noftre  corps  en  püifle  iouÿr  :  Ceux  cÛén, 
Confort,  tre  les  Hermétiques  qui  font  tant  foit  peu 
desHtr-  exercitez,  ont  di-je  accouftumé  de  fubro- 
mtupeo  ger  cn  leur  plaCe  les  magifter es  de  co¬ 
raux  &  de  perles  ex tr aids  artificiellement 
auec  acidité  vitriolée  de  montagne  ,  ou 
auec  celle  qui  diftille  du  geneure,  guajac, 
ôc  bois  de  chefne  ,  qui  comme  nous  a- 
uons  pieça  enfeigné  au  cinquiefme  lime 
de  noftre  grand  miroir  du  inonde  ,  a- 
bonde  en  telle  acidité  par  deflus  tous  au¬ 
tres.  Comme  auffi  les  eftènces  de  rubis, 
grànates  ,  efmeraudes  ôc  faphirs  extrai¬ 
tes  par  le  moyen  de  telle  acidité  vitrio¬ 
lée  qui  gift' fecretement  au  fel  marin,  ou 
de  nitre  Ôc  de  pierre  ,  laquelle  auffi.  le 
moindre  operateur  dés  Spagyriques  fçait 
Teintures  tirer  ôc  feparer  defdits  fels  ,  lefquels 
iesfter -  Spagyriques  reduifent  telles  pierres  pre- 
cieufes  en  effences-  tèindes  de  leürs  pro¬ 
pres  couleurs  ,  comme  celles  des  rubis 
ôc  granatés  retiennent  la  couleur  rou¬ 
ge  &  folaire  ,  celle-d’hyaeynthe  k  tein¬ 
ture  jaune  ,  celle  de  l’efm eraude  la:côu- 
leur  verte  Ôc  de  Venus  ,  du  fapphyr  vné 
teinture  fapphyrique  &  Lunaire.:  Aùf- 
quels  pareillement  eft  notoire  l’artifice 
d’extraire  la  teinture  de  Kermes ,  bien 
autre  ôc  different  de'  celuy  ,  par  lequel 


D  V  CERVE  A  V..  -  3 51 

les  Teinturiers  tirent  la  couleur  de  l’ef~ 
carlate  ,  c’eft  ainfi  qu’en  noftre  pharma¬ 
copée  Spagyrique  nous  auons  enfeigné 
à  tirer  artificiellement  les  efTences  &  hui¬ 
les  de  camphre  &  de  crocus  ou  fafran  ;  6c 
monftré  clairement  là  mefme  à  premiè¬ 
rement  calciner  l’or  6c  fargent  pour 
les  tranfmuer  en  liqueur  potable .  par 
le  moyen  des  feules  huiles  de  gcne- 
ure  ,  6c  de  fauge  deuëment  préparées 
6c  appropriées  à  cet  efFeét  :  Lcfquel- 
les  eflences  foit  qu’elles  ayent  con¬ 
fidence  de  fel  ,  ou  forme  d’huile  3  fbit 
quelles  foient  fimples  6c  feparees  ,  ou 
auffi  méfiées .  les  vnes  auec  les  autres» 
fe  prenent  ordinairement  dansvn  bouil¬ 
lon  ou  quelque  autre  liqueur  conuena- 
ble  :  &  par  ainfi  font  elles  diftribuées 
en  nos  veines  ,  leurs  efprits  fe  con« 
uertifiàns  &  meflans  ez  noftres  ,  qui 
en  eftans  corroborez  6c  rendus  plus 
forts  ,  peuuent  facilement  6c  fans  nul¬ 
le  difficulté  arracher  6c  ydü  tout  extir¬ 
per  les  feminaires  ,  voire  mefme  les 
plus  occultes  racines  de  toutes  ces  mala¬ 
dies. 


D’auantage  ,  au  lieu  des  conferues 
de  rofmarin  peuoine  ,  fauge  6c  autres 
femblables  ,  les  HermetiqüeS  fubftituent 
pour  mefme  effeét  leurs  huiles  &efiences: 


336  DÉS  MALADIES 

a  en  lieu  aulïi  de  thériaque  ou  de  mithridae. 
ils  employent  leur  eiTence  extraite  auec  eau 
de  cornette  de  ieune  cerfïoumefme  les  eaux 
qu’ils  appellent  theriacales  ,  antepilèpti- 
qücs,  antapopletiques;  &  antiparaly tiques 
&  autres  telles  eaux  fpecifiques ,  qui  con- 
uienHent ,  &  font  propres  à  ces  maladies! 
defquelles  nous  auons  ja  parle  çy  deflus, 
êc  dont  nous  auons  deferit  en  noftr édité 
pharmacopée,  les  formulaires  empruntez 
de  i’efchole  Spagyrique  ou  Hermétique, 
afin  d’en  amplifier  5t  illuftrer  les  preferua- 
tifs  des  Dogmatiques,  qui  autrement  font 
à  part  foy  deftituez  dé  tout  ornement  & 
bien  fceance.  ;  - 


Ch  a  p.  XX VL 


De  U  préparation  Spagyrique  du  Crâne  hu¬ 
main  fpecifique  à  l’epilepfie. 

Sv  a  n  t  aux  remèdes  Spécifiques ,  les 
Dogmatiques  ,  ainfi  qü’auons  dit  eil 
ieu ,  en  pratiquent  beaucoup  de  fem- 
blables:  Entre  lefquelles  nous  auons  def¬ 
erit  nos  eaux  antepileptiques  d’hirondel¬ 
les ,  de  pies,  ornées  &  amplifiées  de  pa¬ 
reilles  additions  des  fels  extraits  d’iceux 
oifeaux  Sc  prins  des  Hermétiques ,  entré 
lefquels  Dogmatiques  ,  mais  principale¬ 
ment  modernes,  il  n’y  a  aucun  qui  ne  prefe- 


DV  •  CÉRVEAV.  337 

te  le  crâne  humain  à  tous  medicamenspro-  jymerq 
près  &fpecifïques  à  celle  maladie,  appro-  opinions 
prians  le  crâne  humain  à  la  femme,  &  le  detDo- 
mafculin  à  l'homme,  neantmoins  ils  ne  font  gmatt- 
pas  bien  d’accord  entre  eux  touchant  la  pre-  i“es  i6!i' 
paration  d’iceluÿ  :  veu  qu’ils  veulent  qu’on  ‘  Ia 
le  prene  réduit  en  cendre  blanche  *  les  tien  du 
autres  fans  calcination  ny  aucune  prépara-  aanehu- 
tion,  mais  tel  qu’il  eft  de  foy:  eftimans  que  nain. 
Fardeur  du  feu  confume  8c  delfeiche  tout 
humeur  radieal,  dé  tour  principe  vital,  en 
quoy  ils  fe.  trompent  grandement,  &  mon- 
firent  par  cela  que  la  feule anat o mie  exté¬ 
rieure  des  chofes  leureft  notoire,  nonl’in- 
terne,  &  que  iufqu’à  prefent  ils  fe  fontamu- 
fez  feulement  à  l  efcorce  des  chofes,  non  au 
noiau  ou  à  la  moüelle,  comme  nous  ferons 
veoir  cy  apres  quand  rious  parlerons  des-ad- 
mirables  vertus  &  effedls  des  fels. 

Nous  introduirons  donc  icy  la  prépara¬ 
tion  du  crâne  félon  l’induftrïe  des  Herméti¬ 
ques  î  d’oi  nous  tir erons  des  remedès  mer- 
ueilleux ,  particulièrement  contre  l’epilep- 
fxejl’excelléte  &  fînguliere  préparation  du¬ 
quel  eft  fon  magiftere,  Leauslfefa.it  en  mettant 
•vn  ou  deux- crânes  recens  bien  defuiezjle  toute  chaire  -Magifî?~ 
&  coupez,  en  morceaux  ou  raclures,  dedans  vue  cor-  *****  eTa~ 
nuë  ou  retorte,  qu’on  appelle,  an  tuyau  de  laquelle 
foit  adapté  vn  récipient  capable,  de  peur  quvnmp  ja  prtp[.i 
ejlroit  ne  vienne  a fe  brifr  par  la  force  &  abondance  ratio»-, 
des  ejprits  frtàns  de  la  retorte, plantée  enterree 

dans  du  fable.  En  laquelle  operation  H  ne  faut  nul- 


Stldt 
tr  an* 
humai». 


333  DES  MALADIES 

lement  épargner  le  feu  quon  appliquera  félon  l'art 
dejfus  dejfous  Cr  a  l'entour  pour  le  fouffier  continuelle- 
met  Je  forte  que  la  retorte  en  fait  enfiambée  Cretnbra- 
sée:  aufi  ne  cefera-on point  d’entretenir  le  feu  iufqua 
ce  qu'il  ne  forte  plue  d' effrite  blanchafres  de  la  cornue 
auvaje  récipient,  ce  qu’on  cognoifira  facilement  a  té- 
elarcijfement  dudit  vafe  ,  la  clarté  duquel  tefrmi- 
gnera  affez^qu il  ri  y  refie  plus  aucuns  efirits  s'exha¬ 
lant,  ny  huile  rouge,  dont  il  efioit  troublé  &  obfcurcy 
auparauant.  Cela  efiant  apperçeu,  on  né  continuera 
plus  le  feu,  maie  on  le  lairra  efietndre  de  fymefme 
petit  a  petit, Cr  les  vaifieaux  fe  refroidiront  fans  qu’on 
y  touche,  ny  qu  on  les  remue  de  vingt-quatre  heures^ 
afin  que  les  e finis  s'ajfermifient  aloiftrdanslc  reci- 
fient, &  s  y  arrefient  ou  demeurent  coys .  D'oufina* 
lement  on  verfera  &  fèparerala  liqueur  Manchafire 
£r  trouble  comme  laicl,  qui  difitüe  ordinairement  de 
chaque  crâne  en  quantité  d’emiron  quatre  ou  cinq  on- 
ces,  &  fir  laquelle  nageront  ennironfix  dragmes  ou 
demie  once  d’vn  huile  aufii  rouge  quefang  :  Mais  les 
fie  ces  refiees  au  fond  de  laretorte,noires  comme  vn  char - 
ion  broyé.  Je  deuront  réduire  en  cendres  blanches  a  feu 
de  retterbere  :  dont  on  extraira  lefel  mec  eau  depeuoi - 
ne,  ou  auec  quelque  autre  de  nos  eaux  difiillées  ante- 
pileptiques.  Car  le  phlegme  d’vn  ou  deux  crânes  nt. 
•  fournit  Juffire  à  cet  ejfeft,  finon  que  par  aduanture  on 
en  tire  abondamment  de  plufieurs  crânes.  Ce  fl foit 
dijpMt, filtré  er  coagulé  auec  la  mefne  eau,  ce  qu  on 
réitérera  plufieurs  fois  iufqu'a  ce  qu'il  foit  parfaite¬ 
ment  mondifié  dépuré,  mais  toutefois  pendant  que 

vous  sacquerez,  à.  T  operation  de  cedit fiel,  vous  rèpete- 
rvqsar  trois  on  quatre  fois  ladifiillatmde  la  liqueur 


DV  CERVEAV.  .. 
eoniointe  auec  fa  teinture  fiumageante.  Or  comme 
ainffiit  que  tout  cela  rend  -une  couleur  tref-forte,  four 
Ven  Priuer  on  paffera  la  liqueur  a  traiter  s  vnpeu  de 
colchotar  calciné  de  vitriol  de  Çyj>re  ou  de  Hongrie 9 
qui  en  deuiendr a  vrayement  dorée  &  tres-precieufe, 
contenant  en  fin  huile  ou  fouphre  le  mercure  mejlé a- 
kec fa  teinture, dans  laquelle  liqueur ji  vous  faites  difi 
foudre  fin  propre  fil,  qui  a  part  fôy  çr  tout  Jîmplé  ejl. 
vn  fouuerain  rernede  contre  l'epilepfe,cefira  vnreme- 
de  tres-parfatft  :  Duquel  fi  vous faites  prendre  deux 
ou  trois  gouttes  dans  vne  demie  cuillerée  d’eau  ante» 
pileptique  ou  theriacale, durant  cr  hors  le paroxyfine, 
continuant  a  ce  faire  chacun  iour  par  l’ejpaced'vn 
mois, vous  obtiendrez^  auec  l'aide  de  Dieu  laparfaitt 
guerijoh  de  cefle  maladie . 

addition, 

À  Ce  Magiftere  de  crâne  Humain  préparé 
Comme  deflus,  fi  vous  adiouftez  efleriée  oit 
inagifteréT dé  perles  &  de  coraux  :  de  chacun 
vne  dragme,  diamofeum,  diacaftoreüiti  :  de 
chacun  demie  dragme ,.  efprit  de  vray  vi¬ 
triol,  c’eft  à  dire  extrait  auec  fa  verdure, 
vint-quatre  gouttes ,  huile  de  femences  de 
peuoine  vingt- gouttes,  miel  anacardin  vne 
bhce,le  tout  foie  méfié  enfemble,foit  circu¬ 
lé  dans  vnpellican  au  Bain  Marie  pat  trois 
bu  quatre  iours.  Cela  efiaht  fait  oh  gardera 
foigneufement  la  liqueur  extraite  pour  en 
prefenter  quand  il  fera  befoin,vn  fcrüpule, 
ou  feparement,  ou  dâns  quelque  autre  li¬ 
queur,  telles  que  foftt  les  precedentes,  & 


340  DES  MALADIES 

vo’en  verres  pr  ouenir  de  merueilleux  effet*, 
^Abrégé  de  cefte  préparât  ion. 

;  Genx  qui  craignent  d’employer  tant  de 
temps  &  de  trauaii  en  ces  préparations, 
quoy  que  tref-ytiles,  pourront  tenir  vne. 
méthode  plus  brieue  qui  s’enfuit,  c  eftàfça- 
uoir  ,  Quon  prendra  vn  ou  deux  crânes  nouneüe- 
ment  defeharnes ,  qui  naurot  iamais  effe dans  ter¬ 
re  où  enfepulturh,  puis-,  on  {es  réduira  en  morceaux  ou 
en  raclure,  dont  là  liqueur auec  les  ejpntsifèra,  comme 
cy.dieJfM, extraite pardifltllation  dans  laretorte,  ce  qui 
Je  parfaiB  en  vn  feul  tour:  en  apres  vous  dijhllerez^ 
encores  Jimplement Joute,  cejle  liqueur,  par  deux  fois», 
afin  de  ta  rendre  plus  pure,  laquelle  .operation  nere - 
quiert  pas  vn  tour  entier.  quatre. onces  de  cejle  li¬ 

queur  fi  vous  adioujlèzynë  dragme  de  cajloreumre- 
chitjdem  dragme  de  dumofinm  &  autant  de  con - 
fëitioft  dfulcbermeSj'uM once.de  bnel  anacardm,  tOef^ 
U%btenletout  enjèmblejejitbjirnez^ençoresa chaleur 
dèhsendtés  par  Talenhb{c jjjfj  adioufte^  dieffencede  ce-, 
ram  ^deferlûextmiteanec  e^rii-d§Vjriol,vne:: 
dxdgtiiederhacmejwrùmeaufii  vingt  gouttes  dhui-. 
la  d'ambre, dix  géuttés  d’£u%§>ddçanelle1  &  autant 
J*  belle  d':ank,  ^finalement Jvomfaitesprendrevn 
JèupsdedrceJlemixtion'.damquelqueeauconuenable,' 
Vous  verre^des  meràfiMÈsiponrueu.que;ltvJige  rien 
J^jomtrdifcmdÂuhdivP^tune a  t autre,  .  :  r,  . , 

*■'  \  'JdtûkKè  préparation  du  crâne  ta  Jlits:  r 
•'  fai  If  Je  toutes. 

-•aÇonune  ajnfi  foit  ,<jiie  les  crânes  «cens 


©V  CERVEAV.  -341 

ne  fe  recouurent  pas  toufiours  ,&  que  la  ma¬ 
niéré  de  les  defcharner  n’ effc  pas  facile  à 
tous,  comme  à  ceux  qui  pratiquent  ordi- 
nairementles  anatomies  :  enlieud’iceuxfc 
pourront  employer  ceux  qu’on  tire  fraif- 
chement  des  fepulchres  yencores  que  leur 
Bonté  n  égalé  pas  celle  des  autres,  pour  au¬ 
tant  qu’il  y  a  moins  ou  point  d’effence  mer¬ 
curiale,  dont  les  recens  &  non  enfepulturez 
ont  abondance  :  Car  la  terre  n’en  a  rien  ef- 
puifé,  comme  de  ceux  qui  ayans  efté  long,, 
temps  couuerts  de  la  terre  nitreufe  des  Ci¬ 
metières,  &  par  confequent  defpouïllez  de 
toute  chair, moiielle,&  de  la  liqueur  mercû- 
riale  &  fulphurée  qu’ils  auoieiit  deîeur  pro¬ 
pre  nature,  en  font  deuenusfecs,  arides,  ce 
qui  n’aduient  pas  àleurs  Tels,  qui  à  caufe  de 
leur  nature  plus  fixe  reliante  au  refîdudcs 
os  ne  peuuent  e lire  attaquez  de  la  terre,tant 
s’en  faut  qu’elle  les  puifle  confumer.  Car 
ainfî  voit  on  prefquc  par  tout  des  os  qui  fe 
conferuent  nets  &  entiers  iufqu’à  vue-infi¬ 
nité  de  fîeclesjfans  détriment  ny  perte  aucu¬ 
ne  de  leur  fojtnfe  pu  fubftance  plus  fixe.  Or 
ii  faut  choifir  les  cranesqui n’auront  gueres 
demeuré  au  fepulchre,  defquels  on  extraira 
le  fel  en  la  maniéré  fuiuante  :  lequel  fera  vn 
rcmede  plus  fingulier  &  plus  fpecifique»aux 
epilepfies,  que  fi  on  prefentoit  la  feule  pouÇ 
dre  non  préparée ,  ou  mefme  calcinçê  iuf- 
-qu’à  blancheur,.  car  le  fel  artificiellement 
cxtraiél .  du  crane  fe  refout  facilement  enli- 

Ÿ  üj  ' 


541  D  E  S  M  A  t-A  l)  I  E  S 

qheur,  qui  Ce  communique  mieux  à  nos  vei- 
nés  &  efprits ,  &  pénétré  d'auantage  que 
huile  poudre  ou  cendres  ençores  hebetées 
8c  opprimées  pàf  leur  terre  &mafle  corpo¬ 
relle.  Auquel  fel  confident  pour  certain, 
&  font  abondamment  contenus  l’humeur 
radicale,  &  le  principe  vital,  non  feulement 
des  crânes,  mais  aufii  de  toutes  autres  cho- 
fes.  Dont  il  s’enfuit  que  ceux  d’entre  les 
fîmples  qui  font  plus  abondans  en  feront 
d’auantage  de  vigueur,  8c  refiftent  plus  vcr- 
tueufement  aux  jniurcs  des  temps,  de  forte 
que  huiles  froidures, ny  chaleurs  ne  les  peu- 
uent  de  ftruire,  vaincre  ny  faire  perdre  leur 
verdure  8c  vigueur,  ce  qui  toutcsfois  arriue 
aux  autres  qui  en  font  moins  remplis.  Le 
mefmë  fe  voit  cz  animaux ,  entre  lefquels 
Ceux-là  font  plus  vigoureux,  &  de  plus  lon¬ 
gue  vie,  qui  ont  naturellement  plus  grande 
quantité  de  feL  D’auantage  les  parties  de 
l’animal  qui  en  ont  plus  grande  abondance. 
Comme  les  os,font  moins  fubietes  a  corrup: 
rion,  8c  plus  efioignees  de  leur  fin.  Les  for¬ 
mes  des  chofës  refidcnt  cafchées  efdits  fels. 
Ce  que  nous  efclaircirons  cÿ  apres  par  exe* 
pies,  afin  que  chacun  puifle  veôir  à  l’œil,  & 
comme  tafter  auec  les  mains  toutes  les  pro- 
prietez  8c  effets  admirables  qui  gifent  fé- 
cretement,  8c  font  contenus  en  ce  principe 
Vital -  '• .  ■-  "  •'  '•  - 

Pour  doncques  enfeigner  la  façon  d’ex- 
|raïrc  facilement  le  fel  du  crâne  fans  p  erte 


»v  cerviav.  .343 

de  temps  ny  grands  defpens ,  en  faneur  des 
Pharmaciens  &  Operateurs  moins  indu- 
ftrieux,  comme  auflî  dés  malades  qui  par 
indigence  font  contraints  de  sabftenir  de 
grands  frais,nous  procéderons  en  la  manié¬ 
ré  qui  s’enfuit. 

Prenezjrois ou  quatre  crânes ,  ou mefmeéV  auanta- 
ge,  qui  confine  nous  auons  dit,  ri  auront  gueres  demeu-  **'£™*' 
ré  dans  terre,  meetezjes  en  morceaux  (  i  entend  parler  ft\&e  (fa„ 
feulement  des  tefis  fans  les  mâchoires  ou  mantibules)  ne 
çela  efiant fait,  ils feront  bien  detergezjCF  nettoiezjt-  main, 
uec  du  vin,  fuis  infufizzen  vin  blanc,  dans  lequel 
en  aura  macéré  des  doux  de gyrofies,  macis,  fieim  de 
rofinarin,  de  muguet,  tillet,  foulcy,  CF  de  fauge:  Ce 
qu  en  apres  il  faudra  repet er  deux  ou  trois  fois,  afin 
qu  ils  Joient  bien  abbreuuez. „  de  ce  fie  mfufion  de  vin. 

Lefdits  morceaux  de  crânes  ainfi preparezjàient  mis 
dedans  vne  coupelle  de  terre  non  vernie  qui  efiant  posée 
dans  le  four  dereuerberationdit  /Cthanor ,  on  les  y  ré¬ 
duira  en  chaux  en  cendre  blanche  d  feu  de  charbons 
non  de  lois.  Iettezjadite  cendre  dans  vnmatr ai  dé 
verre  :  fier  laquelle  vous  ver  ferexjtutant  d’eau  de  rofi 
-  marin  quelle  fumage  de  qu  atre  ou  cinq  doigts.  Le 
vaiffeau  foit  bien- lut é  auec  fapmCF cire  d’ Efpagne, 
afin  que  rien  ne  s’ enpuiffe  expirer,  puis  ilfèr a  colloqué 
au  Bam  Marite  bouillant, pour, y  efire  digéré  CF  circulé 
par  quatre  ou  cinq  tour s,  auquel  temps  Veau  Je  teindra 
<Cf  imprégnera  du  fel  des  crânes  comme  vne  lexiue: 
le  vaiffeau  efiant  refroidi ,  on  efpmfèra  V  eau  par  incli¬ 
nation,  cf  de  rechef  on  efiandra  de  Veau  recentefur 
la  matière  pour  faire  vne  muueüedigefiion  CFcircu- 
lation  comme  dejfus,  ce  qu  ilfaudrareitererplufienrs 
Y  iiij 


P‘>*tes- -, 
ls  no* 
gtiiatiq. 


.344  des.  maladies 
fox  tufqua  ce  que  tout  le  fil  fit  pafée%j4ux:  de  refit 
eammpregne'e  de Jêl  on  pomra.prefienter  demi  cuillerée 
déârgetpourîa  cure  de  l’.epâepfie  chronique fiitprefin- 
te ,  fit future  ou  d  venir. Mais fi  nom  voulos  fieparerle 
fl  (le  cefie.  eau,  on  verferatontes  les  eaux  imprégnées 
das  vn  .ydebic  ou  l'eau fera  dijhllée  du  fil  qui  refera 
aufond'dumefine^lembic  :  fivomledefirezjendre  . 
plus  pur  &  cryfiallin,- il  acquerra  vne  expreme pureté 
pari  folutions, filtrations coagulations fiuuent  réi¬ 
térées  en  mefme  maniéré  :  il  efi  trefippècieuxCr  de 
grande  vertu  efiant  feulement  méfié  auecles  efiences  . 
de  coraux,  perles,  Çr  autres  telles  matières  antepilep. 
tiques.  .•  •  \  •  ' 


C  H  A  P.  XXVII. 

Ve  U  pleniere  refolut ion  (ÿ*  confomption  du 
femwdire  des  maux  fufdits,  duec  l’ffdge& 
préparation  des  remedes  locaux  3  félon  les - 
Hermétiques. 

Po  v  r  entièrement  refoudre  &  confu- 
mer  les  reliques  des  epilepfies,  longs 
tournemens  de  telle,  &  des  Apoplexies  qui 
degeiiBreiit  en  Paralyfies.  Apres  les  prépa¬ 
rations ,  évacuations ,  réunifions ,  deriua- 
rions  &  corroborations  precedentes.  Les 
Dogmatiques  ainfi  que  défia  il  a  efté  dit, 
pratiquent  les  Diætes  qu’ils  appellent,  c’eft 
à  dire  les  décoctions  hyd.rotiqu.es-  &  fudori- 
fiques  compofées  de  guajac  ,  chine  ?  falfe 


DV  CERYEAV.  .  HS 
perile,  faffafras  &  d’autres  tels  fudatifs  vul¬ 
gaires.  Quant  aux  Hermétiques,  ils  admet¬ 
tent  bien  tels  remedes  à  rnefme  fin  &  inten¬ 
tion;  mais  outre  ce  ils  y  meflent  encores 
leurs  Tels,  ou  liqueurs  acides,  qui  en  moirir 
dre  dofe,&ians  exces  de  chaleur  font  beau¬ 
coup  plus  duilibles  aufdites  maladies.  Hydroti* 

En  cecy  furpaffent  ils  encores  les  Do-  fpe* 
gmatiques  qu’entre  les  hydrotiques  vege-  afiquet 
taux,ils  en  cognoiffent  &  ont  quelques  fpe-  4es  Htr“ 
cinques*  qui  par  certaine  propriété  con-  g 
uiennent  fingulierement  :à  chacune  de  ces 
maladies:  comme  pour  PEpilepfie  ils  ont  cet 
hydrotique  {pecifique,  a  fçaüoir  le  guy  de 
chefne  préparé  :  la  femence  de  peuoine,  & 
la  raclure  du  bois  de  buys ,  laquelle  peut 
rnefme  remedier  aux  vertiges  inueterez. 

Contre  les  paralyfies  ils  employent  vn  hy¬ 
drotique  de  bois  de  genëureauec  fleurs  de 
foulcy,lauende,&  de  rofmarin  eh  grande 
quantité,  adiouftans  leurs  fels  à  chaqueshy- 
drotiquès  pour  les  rendre  plus  vtiles,  com¬ 
me  auili  quelques  gouttes  des  liqueurs  aci-  »  . 
des  d’huile  ou  d’efprit  de  vitriol.  Outre  tout 
cela,  ils  ont  d’autres  hydrotiques  prins  de 
fubftances  métalliques  encores  beaucoup 
plus  excellens  &  meilleurs  que  les  autres* 
defquels  nous  parlerons  cy  apres  en  leur 
propre  lieu,  dot  on  pourra  apprendre  com¬ 
bien  ils  font  abondans  &  riches  en  reme¬ 
des,  &  combien  ils  ont  d’excellence &d’in- 
duftrie  à  préparer  &  cuire  lesbydrotiques 


34$  maladie’? 

tirez  des.  végétaux  :  par  quoy  aufli  on  verra 
combien  il  s’en  tire  de  belles  obferuations 
qui  furpaflent  toutes  les  vulgaires,  moyen¬ 
nant  que  fans  aucune  malueillance  la  chofe 
foit  iugée  félon  l’équité.  Outre  les  formu¬ 
laires  que  nous  arums  défia  defçrits  cydef- 
fuSjCela  paroiftra  encores  plus  clairement 
par  ceux  que  nous  auons  amplement  pref- 
dits  en  noftre  Pharmacopée  reformée. 

Pour  remedes  topiques  fe  rapportansà 
mefme  intention  curatiue ,  &  duifans  tant 
aux  èpilepfiesinueterées,qu’aux  apoplexies 
&  paralyfies,  en  lieu  des  huiles  de  caftb- 
reumjfaugejbetoinejruc,  renard^nard,  lau¬ 
rier,  poiure,  &  de  femblables  vulgaire¬ 
ment  vfitez  :  comme  aufli  des  communs  on¬ 
guents  Mar  tial,  d’ A  grippa,  &  de  bdellium, 
dont  on  prefcrit  les  formulaires  afin  d’en 
oindre  les  parties  mal  difpofées,  en  lieu, di- 
je,  de  tels  remedes ,  les  Hermétiques  fe  fer¬ 
ment  d’huiles  beaucoup  plus  fubtils,  plus 
penetrans,  attenuans,  difeuffifs  &  fortinans 
les  parties  nerueufes  que  les  autres;  Lef- 
quels  fans  addition  de  l’huile  commun  d’oli- 
.  uesfe  tirent  induftrieufement  de  toutes  for- 

fM***9  tes  de  gommes,  de  caftoreum  ,  fiyrax  ,  ben¬ 
join,  fîeurs  de  fauge,  de  rofmarin,de  betoi- 
ne,de  fouley,femences  de  peuoine,bayes  de 
-laurier,de  geneure,poiure  &d’autrestelsa- 
romatiques ,  de  quoy  aufli  ils  compofent 
auec  eau  de  vie,  des  baufmes  tref-excellenS 

èc  odoriferans  pour  mefraes  intentions» 


D  y  ce  Ry  e  A  y,  ^47 

Quand  à  cc  que  plufieurs  Dogmatiques  v- 
fent  aujourd’huy  des  huiles  de  terebenthi-  " 
ne,petreole,çire  &  briques  ou  tuiles,  foit 
fimpleSjfoit  compofez,  ç’eft  chofe  bien  cer¬ 
taine  qu’ils  ont  mendié  tels  remedes  chez 
les  Spagyriques!  comme  auffi  lès  autres  hui¬ 
les  qu'on  extrait  ordinairement  de  toutes 
refînes,  graines  &  axonges,  dont  fe  çompo- 
fent  mefrne  des  linimens  admirables  :  les¬ 
quels  font  principalement  conuenabies  aux 
contractures,  &  àlaparalyfie  :  Leurs  prépa¬ 
rations  fe  peuuent  veoir  en  noftre  Pharma¬ 
copée  Dogmatique ,  amplifiée  &  ornée  de 
de  tels  artifices  Spagyriques*.  Nous  n  adiom 
fteronsiçy  deflous  que  deux  ou  trois  formu¬ 
laires  de  tels  remedes  locaux  qui  font  fort 
’vtilës,  principalement  à  toutes  fortes  de  pa- 
ralyfîes  &  contra&ures,  foit  récentes ,  loit 
inueterées.  ^ 

Prenez^  huiles  de  refînes  &  de  terebenihlne  extraits 
fpaginquement:  de  chacun  zme  Hure  gr  demie, galb. 
bdel.  fèrapin  :  de  chacun  quatre  onces  ,  cafror  deux  g;  *>»- 
onces  ,bemom,fljrax  calant,  de  chacun  im  once  gr  dé-  traüuves. 
mie,graijfes  de  teffon,  de  conmfâ'oye,  d'anguille:  qua¬ 
tre  oncesde  chacune,  moüelle  de  pied  ae  bœuf  deux 
onces,  excellente  eau  de  vie, deux  liures, bayes  de  gêne¬ 
ur  e,  de  laurier,  femence  de  penoine  pilées:  deux  oncei 
de  chacun ,  doux  de  girofles  ,  noix  mufeade  pilez,  de 
chacun  deux  onces  ,  poiure  long,  demi  once,  fleurs  de 
feuge,  derofmarin,  betoine,  lauende,foulfi  :  de  chacu¬ 
nes  deux  pugils,  fuc  d’ejeorce  d'hieble  gr  de fk%edU: 
quatre  onces  de  chacun  :  mettezje  tout  dedans  vn  ma* 


£4-8  DES  MALADIES 

fias  de  verre  k  long  col,  pour  y  efire  digéré  quatre  ou 
cinq  tours  en  fient  de  cheual  chaud,  ou  dans  le  bain 
■marie,  afin  que  les graijfis s j  fondent,  que  les  gommes 
sj  dtjfoudent  par  le  moyen  de  le  au  de  vue,  ztr  que  Us 
fjprits  Cr  ejfencesdes  aromates  Cr  Mtr  es  ingrédient 
y  JèientfieparezjCr  extraits.  En  apres  le  tout  efiant 
encor  es  chaud  on  le  coulera  <gr  exprimer ahien fort  en¬ 
tre  la  prejfe,£r pour fùbtilifir  ddauantage  l’exprefiion, 
ou  la  réduire  en  quinte  ejfence  plus  fkbtile  £r  (piri- 
fuelley  elle fera  ver  fée  dans  vn  alemhic,  ou  dedans  vne 
cornue  de  c  mure,  qui font  des  inf rumens fort  propres  k 
âifiiller  lesgraijfes  <tyr gommes  enfimble,ou  mefme: 
Jeparèment ,  ce  qm  Je  fera  en  appliquant  le  feu par  de-, 
grezjout  a  l’entour,  comme  requiert  la  dijhllation  de 
telles graijps.  Parce  moyen  vous  aiyrezyn  baufine  ou. 
huile  copieux  £r  de  grande  vr?tu,participant  des  ver¬ 
tus  de  tous  les  mgrediés  :dont  vous  fiparerés, fi  bon  vous 
fimble  a  trcs-lente  chaleur  la  fiubfiance  aqueufe  du. 
vm  difillê des  autres fiscs,  ou  b  len  vous  ne  la  fipàc 
rerez^  nullement,  cela  efiant  lai fs é  k  pofire  difiretm. 

On  frotera  de  cefte  huile  toute  l’efpine 
du  dos, depuis  le  derrière  delà  î efte  iuiqu a 
la  dernier e  ou  plus  baffe  vertebre,  corpmç 
suffi  les  parties-paralytiques  dcrefoijtes,  a- 
pres  quoy  on  les  enueloppera  auec  de  la  toi- 
fon  graffe  faupoudréé  de  grains  de  geneur e, 
ôc  d’autres  céphaliques:  dont  vous  exprime¬ 
rez  des  effetis  merueillcux  en  toute  forte 
de  paralyfîe  8c  contracture,  bref  en  toutes 
indifpofitipns  de  nerfs.  . 


DV  CERfÉAV*  34t 

.Autre. 

-  Pnntzjnuiles  de  cire  gr  de  brigues  composes,  & 
tels  qu’on  les  mime  dejcriis  en  nojhe  pharmacopée  die? 
Dogmatiques  reformée, de  chacun  vne  liure  gr  demie , 
benioin,ftyrax  calamite  :  trois  onces  de  chacun ,  cajlo- 
reum,  myrrhe  ,  de  chacun  deux  onces,  euphorbe  demi 
once,  iettesgle  tout  dedans  vn  vaijfeau  deveire,  qui 
ejlant  bien  bouché  fera  mis  dans  vm  cane  ou  en  quel¬ 
que  autre  üeufroid,ajin  qù  en  peu  de-temps  les  gommes 
Je  dijpudent  gr  conaertijfent  ennature de baujme par¬ 
le  moyen  des  huiles:  Jîuquel,  bien  qu  a  part Joy  défia 
excellent  gr  de  grande  vertu,  fi  -vous  adioufeçggr 
mejlez^  bien  par  enjèmble  quatre  onces  d’huilé  launn 
extraiEl  f>agyriquement,graijfes  d’ours  &  detaijfîn 
préparées  aùjSi  chimiquement  :  dé  chacune  trois  onces , 
vous,  aureyvn  baufme  tref- excellent  gr fort pénétrants 
lequel  Jèra  pareillement  fort  efjjcacieux  pour  toutes 
maladies  des  nerfs,  grpour  renforcer,  les  parties  qui  en 
feront  ointtes,  car  tous  les  jimples  qui.  conmennent  au».., 
'nerfs,  entrent  gr  laijjent  leur  vertu  en  ces  huiles,  de  çpre 
Cr  de  briques  compofeZj 

Nous  auons  aulîï  enfeigue  en  noftr  édité. 
Pharmacopée  à  faire  tels  huiles,  voire  ceux 
de  laurier  8ç  de  grailles  fans  addition  d'au¬ 
tre  huile:  A  l’exemple  defcjuels  formulaires» 
tput  Médecin*  tant  foitpeu  verfé  ez  extra¬ 
dions  chymiques  pourra  facilement  exco- 
giter  &  préparer  infinis  autres  tels  remedes 
fort  excellents,  comme  chacun  peut  claire- 
ment  veoir  &  expérimenter.,  En  outre  vous 
Ije  ^?r.ez  pas  mal  d’adioufter  à  ces  huiles  de7 


MS  MALADIES 

Cire  8c  de  brique ,  les  fleurs  de  fouphre,  caè 
elles  s’y  peüuent  aufll  bien  diffoudre  qu'en 
huile  de  tefebenthine,  moyennant  que  cela 
fefaçe  en  quelque  lieu  chaud:  Mais  toute¬ 
fois  le  baufme  eil  acquerra  vne  odeur  mal 
'plaifajite ,  à  raifon  dequoy  nous  n’adiou- 
flonsïçy  lefdites fleurs,  neantmoins fi  vous 
voulez  en  vfer  pour  ddFeicher  d’àuantâge, 
vous  pourrez  vous  feruir  du  baufme  fol- 
phuré  de  Martin  Roland  defcrit  en  fes  cen¬ 
turies  :  par  le  moyen  duquel  il  feditaüoir 
Fait  des  mérueilles; 

Vous  auez  8c  Voyez  donques  icy  comme 
dans  vn  tableau  les  ornemens  &  tîefors  des 
remedes  chÿmiques  tant  internes  qu’exter¬ 
nes,  tirez  des  végétaux  8c  animaux  pour 
toutes  indications  curatiues  qui  coriuien-- 
lient  à  ces  maladies  ‘  Quant  aux  métalliques 
nous  les  auons  remis  à  vn  autre  lieu  vers  la 
fin  de  cet  efcrit  comme  eftâs  plus  exceilens, 
La  Mi-  P^us  efficacieux,  8c  produifans  des  effeds 
aerautc  plus  admirables  que  les  autres*  En  quoy 
tant  o-  nous  fuiuons  auffi  la  méthode  des  Dogma- 
dttux  tiqucs,qui  apres  auoir  inutilement  employé 

*"  *es  remedes  plus  foibles.  &  eflayé  pour  neât 
%Tleur  ceux  des  végétaux  &  animaux,  recourent  en 
font  vn  fin  le  plus  fouuent  aux  métalliques,  quand 
txtreme  ils  enüoient  leurs  malades  aux  eftuues  & 
tefogs.  eaux  minérales.  Comme  à  des  remedes  plus 
alfeurez  :  &:tourefois  ces  bonnes  gens  là 
s’oubiiahs  eux  mefmes  les  condamnent  SC' 
rerettérit  ailleurs  :  rie  fÇacharis  pàs(coriimë 


DV  CERVEAY.,  JJÎ 

«quelques  autres  qui  aiment  mieux  mourir 
en  leur  vieille  peau  ôc  grolîlere  ignorance, 
queper  mettre  qu’on  les  façe  honteufement 
changer  d’opinion,  comme  ils  difent)  qu’en 
Te  contredifant  ainfî  ils  font  paroiftre  leur 
grand  aueuglement  &  ignorance^  voire  en¬ 
courent  le  blafme  d’ëftre  obftinez  &  opi- 
niaftres  en  leurs  erreurs,  ignorans  qu’en  ces 
genres  de  remedes  l’art  peut  mefme  exceder  - 
éc  furpafler  en  excellence  la  nature  à  l’imi¬ 
tation  de  laquelle l  il  baftit  fur  le  fondement 
qu’elle  apofé.  Cela  fe  voit  pareillement  en 
toutes  aütres  chofes  qui  feruent  de  médica¬ 
ment  ,  ou  d’aliment,  car  foit  que  la  nature 
produire  la  rhabarbe,  coloquinthe  &  d’au¬ 
tres  purgatifs,  foit  le  froument  &  les  raifinsi 
pour  aliment,  l’art  efi  toutefois  requis  'paut 
parfaire  ces  chofes  naturelles  ,  en  forte  propnelet 
qu’elles  puiflent  feruir  à  l’homme,  &  pour  dens  de  ; 
les  rendre  coriuenàbles  à  la  narure  d’iceluy,  n,atHie  * 
&  plus  propres  foit  à  la  medecine  foiç  à  la  „ 
nourriture  :  Ceque  les  àuêuglés  mefme petPj^  **  * 
ûent  bien  recognoiftre  par  tout  aux  infu¬ 
sons  des  remedes,  à  l’arf|£ce,diy)aih,^:Ta- 
çon  du  vin,qui  à  vray  dire  font  de  tref-bel- 
les  &  fort  excellentes  préparations  de  Harr| 
fans  lefquelles  ces  aliméns.&medicamens 
prins  tout  cruds  feroient  beaucoup;pkis- 
nuifibles  à  la  vie  humaine,.qu’vtiles  &  fans: 
profonde  racine  ou  feminaires  occultés  i 
Vray  eft  que  les  remedes  vulgaires  &  cqm- 
rnuns  que  la  nature  produit  d’elle  mefrae^ 


jfz  DES  MALADIES 

pourroient  bien  feruir ,  8c  -eftre  employez 
fans  nul  artifice  plus  exquis  :  Mais  s’ils  ne 
profitent  de  rien,  la  raifon  veut  qu’on  ait  re¬ 
cours  à  de  .plus  forts  8c  plus  vertueux,  8c 
comme  en  Fepilepfie, lepre,  apoplexie,  ek 
croiieUes  &  autres  telles  maladies,que  nous 
traitions  icÿ,  dont  la  fierté- cruelle  &in- 
domtable  ne  peut  eftre  vaincue  ny  rabatuë 
Hemties  qu’auec  vnè  mafle  Herculienne..Ccft  pour- 
«x te.  quoÿ  ce  dbunerain  Didateur  Hippocrate 

rMttrs.  <Üjfoit  bienâ  propos,qu’aux  maladies  extre-? 
mes.il  faut  employ  er  des  remedes  extremes. 
Or  entre  tels  remèdes  extremes;  c’eft  à  dire 
extrêmement  forts  &  efficacieux,  ceux  que. 
nous;  aùons  appelle .metalliquestiennent le 
premier  lieu;:  Defquels  nousauons  main- 
..  tenant  occaftonde  parler.' 

Ch  ap.  X X VIII. 

l'anatomie  intérieure  &  liitale ,  hertu 
&  excellence  de  certains  fels^prms  de  s  mi¬ 
néraux  &'ÿ&iftques  aux  maladies  frfdkesy 

T*  isM  s  D  ogmatiques  mefme  fçauent  frien- 
1~>  &  font  contraints  d  aduoiiér  que  lesre* 
modes  métalliques  font  tels  :  ,veu  (comme: 
nous  auonsrdït  py  deïlusl.qufentotites  mâla- 
dies  defefp ertes  y  on  les  remèdes  vulgaires 
x  notpeuuent  rien,  ils  recourrent  aux  eftuues 
&  eaux  minérales,  pleines  d'efprits  métalli¬ 
ques 


t> v  Cerveav.'  .  5J3 

qües,  dont  ils  expérimentent  diuers  &  mer¬ 
veilleux  effets, commetefmoigne  leur  vfa- 
ge  ordinaire  furpaffant  tout  poids  de  rai- 
ions  &  amas  d’argumens.  Efficace 

Or  entre  les  fabftances  métalliques  (qui 
font  de  trois  genres)celles  qui  fe  rapportent 
à  la  nature  du  fel,  6c  qui  participent  d’auan- 
rage  à  la  {implicite  élémentaire ,  ont  vite 
plus  grande  vertu  &  facilité  d’agir.  Quant  à 
la  nature,dons,  proprietez,  effeéfcs  6c  excel¬ 
lence  de  ce  principe  vital ,  nous  différons 
d’en  traiéfcer  en  noftreliure  de  la  nature  fe- 
çrete  des  chofes& des  myfteres  de  l’art,  co¬ 
rne  en  ion  propre  lieu:  eftimans  qu’il fuffit 
de  monftrer  icy  prefentement  combien 
lourde  faute  commettent  aucuns  Dogmati¬ 
ques,  qui  en  la  cure  de  l’epilepfîe  condam¬ 
nent  l’incinération  &  exténuation  du  fel  de 
crâne  humâin,reïettans  auffi,  &  explodans 
l’vfage  des  autres  fels  extraits  de  diuerfes 
choies  pour  nettoyer,  purger  ôc  deterger  Proprie- 
toutes  les  impuretez  de  noftre  corps  qui  *'\dei 
plantent  les  feminaires  de  toutes  les  mala-  **  s‘ 
dies  dont  nous  fommes  attaquez  :  D  efquels 
(fi  la  nature  n’a  point  defchafïe  telles  im¬ 
mondices  par  le  moy  en  d’vne  bile  nitroful- 
phurée,  ftimulant  la  faculté  expuîfiue  dans 
î’inteftin  jeun,  &  la  prouoquant  à  euacua- 
tion)  naiffent  plufieurs  fortes  de  maladies. 

Or  le  fiel  eft  de  mefme  efpece  que  les  fels 
naturels  deterfifs,  comme  aufîi  les  vrines, 
qui  feruenc  à  vn  autre  genre  d’euacuation. 


2J4  des  maladies 

ainfi  qu’auons  dit  ailleurs. 
tneu/ra.  Èncores  fe  trompent  ils  d’auantage-en  ce 
Jttai t  des  qu’ils  eftiment  que  les  incinérations  &  ex- 
ftisntfe  tradions  priuent  entièrement  les  fels  de 
eanfumt  ieur  principe  radical  8c  vital  :  Par  quoy  ils 
donnent  a£  fez  à  entendre  que  l’anatomie  vi- 
ZZr  taie  &  intérieure  des  chofes  naturelles  leur 
eft  bien  peu  notoire,  ou  mefme  du  tout  in- 
Cognuë,  quoy  qu’ils  apperçoiuent  par  tout 
les  efprits  vitaux  des  chofes  auec  leurs  ver¬ 
tus  &  effe&s  admirables ,  mais  fans  iuge- 
ment.  Car  Pexperience  ordinaire  prinfe 
des  odeurs,  faueurs  8c  couleurs  des  chofes 
fuffiroit  à  les  inftruire,  s’ils  n’eftoient  ftupi- 
des  de  nature,  ou  ne  vouloientmalicieufe- 
rh'ent  demeurer  en  leur  aueuglement,  car 
^al***^ l’interiëure  8c  viue  anatomie  ne  paroift que 
"dtstbofes  t^P  en  ces  puiflantes  qualitez  là  ,  qui  ne 
d’c»  pto-  prouiennent  d’ailleurs  que  des  fels,  &  prin- 
mtnnent.  cipaiement  des  métalliques. Cela  par  exem- 
uinato-  ple,fe  manifefte  aü  fel  fuccrin,qu’on  tire  du 
IrUuZdt  auec  Paeidiré  du  vitriol  ,  prince  de 

Saturât*  tous  ^cs  végétaux,  ou  pour  mieux  dire  auec 
la  ceîefte  effence  acide  de  ce  vray  neétar: 
veu  que  panda  force  de  tels  mepftruesou 
diffoluans  le  plomb  fe  réduit  prefque  tout 
en  fel,  qui,  comme  les  fels  vulgaires ,  peut 
eftre  fondu  8c  dilfbur  en  eau  commune ,  8c, 
eftre  filtré  8c  coagulé  de  mefme  que  les  au¬ 
tres.  Ddceluy  réduit  à  ficcité  on  peut  fui- 
iiant  l’art  extrade  des  efprits  quiferefou- 
dent  en  eau  de  vie  fort  odorante  8c  tref-ad- 


fiv  es rvë'av.  .  3;; 

îtiitables  ,  laquelle  senflera  auflî  foudain. 
que  la  vraye  &  plusfübtile  eflence  de  vin, 
fon  propre  foulphre  &  teinture  y  furna- 
geant  aufli  rouge  que  fang,dont  le  vrây  Phi- 
îofophe  collige  l’vnité,  la  triade  eftantâf- 
femblée  par  vnion  :  Ce  qui  eft  le  vray  dif. 
foluant  de  l’or,  comme  nous  âuonsja  def- 
crit  ailleurs.  -  ^ 

7  C’eft  principalement  de  celle  four  ce  que  R  emedes 
les  vrais  Médecins  Hermétiques  voulansg*»*™»* 
poürüeoir  à  la  fanté  du  genre  humain  doi--^*1  HeTm 
tient  puifer  leurs  generaux  &  fouuer  ains  r e- 
ihedes  Contre  les  epilepfies,  vertiges  8c  apo¬ 
plexies  ,  que  nous  tr aidons  icy^  &  aufli  con¬ 
tre  les  lepres,  chancres  &  telles  maladies 
tref-grieties  &  inuihcibles. 

Pour  le  coral,  qui  cil  va  arbriflèau  métal-  Anato« 
iique  croifîatit  ez  rochers  marins,  &  tenant  m,e^ 
l'a  vie  d’vn  efprit  de  Tel  végétatif,  comme toral' 
ainfî  foit  qu’il  reflemble  tout  à  la  nature  du 
fel,  &  veu  aufli  que  fon  corps  peut  eftre 
prefque  tout  réduit  eh  fel  ,  moyennant  les 
diflbluàhs  qu’auoïis  touché  cy  deflüs,  les¬ 
quels  eftans  euaporez,  &  la  fubftance  faline 
du  coral  deffelchée,  11  s’en  tire  pareillement 
Vne  eau  dé  vie  tref-ardantc  qui  s’enflamme 
aufli  comme  l’eflènce  de  vin,  auec  fa  teintu¬ 
re  ne  plus  ne  moins  rouge  que  fang,  laquel¬ 
le  nage  fur  l’eau  par  le  moyen  de  la  circula¬ 
tion  ou  jredification  :  Si  ladite  eau  &  tein-  AntUtu 
ture  font  bien  meflées  enfemble,  elles  four- 
'tiiront  alors  va  antidote  fort  excellent 
Z  ij 


fopltlti  - 
2»«v 


Ttrltsl 


Cor - 

àï&HX. 


55é  ©ES  MALADIES 

contre  les  epilepfîes  &  apoplexies,pouruea 
qu’on  en  prené  quelques  gouttes  dans  de 
l’eau  ou  liqueur  conuenable.  Cet  artifice 
e fiant  par  nous  pourfuiuy  félon  la  méthode 
mefme  que  nous  auons  obferuce  en deferi- 
uant  le  menftruë  de  Saturne,  ou  enla petite 
Lunaire,  ou  en  l’œuure  vegetable  de  Ray¬ 
mond  Lüle,  operations  que  nous  auons  def» 
crites  en  noftre  rtaidé  de  la^matiere  Mede- 
cinale  des  plus  anciens  Philofophes  :  nous 
en  tirerons  vn  tref-certain  &  fingulier  dif- 
foluant, lequel  réduira  l’or  en  vraye  quinte 
efïence,  ce  qui  eft  tref-facilç  à  tous  vrays 
Philofophes. 

On  peut  auffi  extraire  vue  eau  de  vie  fem- 
blable  des  perles  ,  iiTuës  de  mefme  fource 
que  les  coraux,  car  les  perles  fetrouuent  ez 
coquilles  de  mer  argentées  de  diuerfesçou- 
leurs,  lefquelles,  couleurs  diuerfçs  prouien- 
nent  des  efprits  du  fel,  comme  nous  auons 
enfeigné  parvn  exemple  propofé  en  noftre 
liure  de  la  'matière  Medecinale  des  plus  an¬ 
ciens  Philofophes,  quand  nous  y  parlions 
du  falpetre, paria  pénétration  des  efprits 
duquel  tout  le  corps  de  l’alembic  fe  teint  de 
diuerfes  couleurs  ,  rapportant  la  couleur 
d'opale,  c’eft  à  dire,  de  toute  forte  de  pein¬ 
tures. 

Or  combien  que  les  feules  eaux  de  vie,ou 
eflences  des  perles  &  coraux  foient  nom- 
brées  entre  les  plus  excellens  antidotes  qui 
d’eux  méfaits  peuucnt  récréer  8c  reftaurer 


DV  CERVEAY.  JJ7 

„  le  cœur  à  merueilles,  fi  toutefois  on  procc-  Vfajs 
de  plus  outre,  il  s’en  tirera  8c  préparera  vn  mtnftrues 
dilîoluant  lunaire  &  folaire  de  vertu  admi-  dtl'tr  & 
table  8c  incomparable,contre  lesepilepfies  dtl’ar- 
8c  toutes  maladies  defefperées  :  De  forte 
que  toute  perfonnc  de  Tain  iugement  tef- 
moignera  par  tout  de  la  vertu  &  efficaçe 
d'vn  fi  grand  remede,&  nul  n’aura  honte  de 
1’aduoUér,  finon  qu’il  foit  depraué  &  cor¬ 
rompu  en  fan  entendement  &  iugement. 

Mais  fi  quelquVn  fe  plaint  de  la  longue  preûcesim 
durée  des  operations,  &  de  la  cherté  d’vn  fatum. 
remede  fi  laborieux:qu’vn  tel  fçache  qu  auf- 
fi  eft  il  feulement  dédié  aux  riches  ,  &pâr 
nous  mis  en  auant  pour  1-vfage  de  ceux  qui 
n’efpargnént  aucune  defpenfe,afin  de  pour- 
ueoir  par  tels  fecrets  à  la  conferuation  de 
leur  vie,  &  fe  defpeftrer  de  mâux  fi  griefs  & 
tant  horribles.  D’auanragè  nous  lesexpo- 
fons  auflî  à  celle  fin  qu’on  voie  à  l’œil 
combien  merueilleufes  vertus,  proprietez 
êc  effeéts  vitaux  contiennent  en  eux  les  féls 
mcfmes  des  fubftances  métalliques,  &  auec 
combien  d’induftrie  8c  d’artifice  on  les  fait 
refoudre  8c  palier  en  eâu  de  vie,  outre l’o- 
pinion  8c  creance  mefmes  de  plufieürs 
grands  Médecins  8c  Philofophes  qui  fe  van¬ 
tent  de  fçauoir  toutes  cliofes. 

Quant  aux  rubis,  efmeraudcs  8c  hyacin- 
thés,  les  ayant  calcinez  partrois  fois  félôn  prfcteufts 
1  art  auec  fleurs  de  foulphre,  on  en  tire  fina-  fpectfi. 
lcment  auec  efprit  de  fei  vitriolé  des  elfen-  ^ues  au» 
"  '  ■  -  f"  --  -,  Z  iij 


médites 

fi/dites. 


3*g  DES  MALADIES 

ces  ou  teintures  fort vtiles pour  chafler les 
maladies  fufdites,  Les  eflenccs  d’efmeràu- 
des  &  de^rubis  fe  prenent  auec  eau  de  mu¬ 
guet  contre  repilepfie  &  les  vertiges,  mais 
latein&ure  d’hyacynthe  prefentée  auec  eau 
de  foulcy,  eft  vn  reme.de  fouuerain  pour  les 
paralyfies  &  contradures, moyennant  qu’a- 
presles  euaeuations  generales  ons’enferue 
par  quinze  iours  continuels ,  les  dofes  de 
ces  teintures  feront  de-cinq  ou  fix  gouttes, 
ou  bien  elles  fe  pourront  exhiber  conjoin¬ 
tes  à  leur  propre  menftruë  iufqü’àvne  cuil¬ 
lerée  auec  du  vin  ou  quelque  autre  liqueur 
eonuenable. 


,  Ch ap,  XXIX. 

33e  l’analyfe  ou  refolution  fpagyrique  du  fel 
marin &  dé  fon  admirable  "yertu  d'agir, 
tant  éSg  Végétaux  &  certains  métaux  s 
qu'au  corps  humain 9 

)L  nous  faut  pourfuiure  le  traité  ~de  nos 
Tels,  &  rechercher  auffi  les  metueilleux 
effecfcs  du  fel  marin,  qui  fert  ordinairement 
à  confire  toutes  fortes  de  viandes,  8c  dont 
T’yfiage  eft  fî  neceflaire  à  la  vje  humaine  que 
perfonne  ne  s’en  peut  pafler. 

Si  nous  commençeons  par  les  doux  cry* 
£aux  du  fel  marin,  qu  on  extrait  d’vne  ma» 


BV  CE  RVE  AV.  #$> 

tierc  fi  acre  &falée,  il  eft  certain  que  nous 
ferons  rire  &  inciterons  à  mocquerie  les 
hommes  ignorans  qui  nous  obie&ent 
que  c’eft  chofe  furpaflant  l’induftrie  de 
l’homme  ,  6c  de  vray  h  nous  nous  en. 
rapportons  aux  loix  &  reigles  de  leur 
Philofophie  ,  ce  fera  chofe  entièrement, 
ridicule,  mais  il  n’en  fera  pas  ainfi  fi  nous  en 
faifons  l’examen  fur  l’enclume  de  vérité 
bien  cogneuë  des  vrays&  légitimés  Philo- 
fophes,à  qui  feuls  nous  efcriuons  ces  cho- 
fes.  Or  il  m’a  femblé  bon  d’expliquer  en 
faueur  d’iceux  ce  fecret  tant  admirable, à 
condition  toutefois  qu’il  vienne  à  la  cor.  Pour  qui 
gnoiflance  des  feuls  enfans  de  l’art  qui  en/*»**/‘»a 
entendent  les  termes, &  ont  efi!  baptifez  en te* tet 
la  fontaine  de  vraie  Philofophie  ,  non  des  eheJetm 
hommes  ignorans  6c  ûupides  qui  mefdifent 
6c  blafment  indignement  vnart  fi  excellent, 
car  il  efi:  raifonnable  que  tels  detra&eurs 
droupilfent  en  leur  ignorance  &  aueugle- 
ment,  &  que  les  truy  es  &  pourceaux  foient 
empefehez  de  fouler  ces  perles  aux  pieds, 
tant  s’en  faut  qu’on  les  doiue  perdre. 

Le  Jel  marin  donc  foii  difioutyfiltré &  coagulé fè-  Prépara* 
Ion  V art,  auec  fin  dijfoluant  propre  <*r  naturel  tant  de  tt9n' 
foU  qu'il  acquiert  vne  parfaite  pureté  &  clarté  : 
fîx  hures  de  ce  fil  aiiifi purifé  cr  efclaircy ,  adioufiez^ 
du  difohiant  vitriolé  Çr  miellé ’/faifi  de  plante 
d  animal,  ce  qttd  en  faut  pour  fermenterez  corroborer  ' 
d  auantage,  afin  que  la  dtge filon  efi  ant faite  conuena- 
hlement  <&>  an  préalable ,  il  feras  de-  véhiculé  pour 
Z  iiij 


360  des  maladtes 

mieux  extraire  les  ejfntsaqueux,  fulphurezjy*  ‘vi¬ 
triolés,  doux  cr  acides,  qui  font  fermement  attache^ 
Çr  cachez^  audit  fel ,  ce  qui  doit  ejbre  fait  dedansvne 
loi  fie  â  wallembourg,on  dans  quelque  autre  qui  puf. 
feendurer  le  feu,  telles  que  font  les  retortes  de  Beauuak 
auec  lefquelLes  on  exprime  les  eaux  fortes  h  Paris. 

Le principal efi,qn  il faut  donner  le feu far  degrés,*, 
qnoy  l’operateur  bien  expert  en  tel  œuure  doit  fingneu- 
fement  vacquer.  A  cela  efi  aufii  requis  le  fourneau 
renerberatoire  d’Athdmr ,  dans  lequel  on  conduira 
l’ œuure  par  reigle  cr  par  mefure,  car  il  faut  que  le 
vaiffeauemlrafe/oit  J,e  couleur,  non  claire, mais pour- 
près,  de  peur  que  le  fel  ne  vienne  a  couler, & fonfiux  a 
empefiher  les  ejprits  de  dijhller  amplement,  &  filon 
qu  il  efi  conuenable.  Mais- la  cornue on  retorte  doit 
neccffairement  demeurer  au  fe»  p-oportionné  l'efiace 
^  de  bniM  ipurs,  durant  lequel  temps  on  prendratouf 
-tours  bien  garde  an  récipient  qui  doit  efirefifiais^ 
ample,  Cr  fermement  Inté  ou  enneloppé  de  fange  bien 
ferme  que  rien  n’en puijfe  expirer:  iufqua  cequon 
le  voye  trouble  &  remply  d‘ eftrits  vapotmux  & 

T  tester  blancs:  ejquels  la  vertu  (y- premier  efire  des  métaux 
efire  des  efi  tefoute  en  eau  mf acide.  Apres  que  les  efiritsfe - , 
me^ux.  rgnt  efpnifiz^,  fiir  la fin  de  la  di filiation  on f Mimera 
finalement ,ou  exaltera  au  col  & fômmet  du  récipient. 
Terre  fo-  la  terre  qit  oh  appelle  foliée, laquedey  adhérera  blan- 
bée,  chs  comme  neige,  on  la  nomme  aufii  Mercure  ou fui-  ■ 
.  phre  des  Fhilofophes  :  kfquelsdenx  noms  luy  conuien - 
nent  (Xrfint  donneyfa  bon  drotB. 

& ela  e fiant  failli.  Op  tons  les  vaijfeaux  refroidis,  en 
forte  que  le  tout foit  bien  r afis, on  defpoui  liera  les  vaif- 
feaux  de  leurs  couner tares,  çr  ayant  méfié  par  agstsp 


BV  CÉRVEAV. 

mnl'efiènce faltne  £r  jpmtueüe  ou  liquide, on  les  ver- 
fer  a  dedans  vnalembic  de  verre  .dont  il  conuiendrafi- 
parer  les  trois  principes  mf spirituels,  tref-fmples  £?* 
tres-efficacieux  ou  fort  penetrans  qui  font  contenus  en 
icelle,  afin  de  les  mettre  chacun  a  part, comme  nous  di¬ 
rons  incontinent, pour  en  apres  les  rajfemhler  envn  corps 
qui  ne  retiendra  rien  dé  heterogenee  ,  maisfiravraye- 
ment  homogenec,tr efifimplefvrt pénétrant, &  parfai¬ 
tement  efficacieux. 

Lalembic  &  le  récipient  lien  corner  fs,  ou ferme¬ 
ment  lutez „ fient  mis  dedans  le  Sain  vaporeux  chacun 
enfin  lieu,  pour  a  chaleur  tréfilent e fiparer  le phlegme 
infipide,  rendant  feulement  le goufi  d'vne  eau  inutile, 
Iceluy  e  fiant  fiparéen  ajfizfonne  quantité,  £r  ce  a 
chaleur  tres-lente,  comme  dit  a  efié,  on  mettra  l'alem- 
hic  en  lieu froid,  ou  fi formeront  des  petites  pierres  aufi 
fi  claires  &  transparentes  que  crjfial,  douces  au 
goufi  :  lefijiielles  efians  fiparées  £r  mifes  a  part,  on 
remettra  l'alemhic  dans  le  bain  doux,  pour  a  chaleur 
modérée  fiparer  de  rechef  le  phlegme  infipide  ,  apres 
qmyfi  vous  redoublera  expôfir  l'alemhic  au  froid,  Ü 
s'y  concreera  encores  des  petites  boules  de  glace  ,  & 
icelles  fort  douces:  Laquelle  operation  fi  doit  reiterer 
tttfqu  à  tant  qu'il  n  en  forte plus  aucunes pierrett es, &• 
que  le  refie  qui  en  difii  liera,  ne fi it plus  vn phlegme 
infipide  ,  mais  vne  acidité  vitriolée,  qui  comme  vn 
très- acre  ejpnt  de  vitriol,  pique  fort  la  langue,  &  fini 
tres-mordicante.  :  ^Ælors  on  cejfira  l'operation  & 
cherchera-on  au  fond  de  lalembic  vnvray  huile  de  fil 
vitriolé  Cr  acide,  dont  on  aura  extraiél  tout  phlegme 
infipide  eyr  inutile.  Mais  quant  aux pierrettes  cri  fia - 
Unes, encores  qu'on  les  mime  douces  en  Jaunir,  fine 


DIS  MAL  A©  IIS 

laijfent  elles  pourtant  d'auoir  vne  vertu  admirable, 
veu  fie  toutes  Jhnÿles,  ou  méfiées  auee  leur  huile  en 
Ttiffolu**  Juffifante  quantité ,  ce  fi  le  vray  menfime  Crditfol- 
d*  2  «r.  uant  du  Soleil  terre (he,  augmentant  Çr  aigiüjknt 
tad**'  fei  fro\r(iete'z~  vertus  vitales  &  vegetatiues, 
ne  plus  ne  moins  que  le  foleil  celefte,  fai- 
fant  fa  refidenCe  au  ligne  du  Belier,  où  Mars 
fe  plaift  grandement ,  femble  treflaillir  de 
ioye,  &  mit  paroiftre  fes  puiflantes  forces 
en  la  renaiflance  dés  chofes  mondaines,  ex¬ 
citant  par  fa  chaleur  ôc  vertu  les  efprits  des 
chofes  qui  eftoient  comme  affoupis  dans 
les  entrailles  de  la  terre,afin  qu’ils  s’efleuent 
vers  la  furface  d’icelle ,  &  que  les  racines, 
efcorces  &  tiges  de  leurs  indiuidus  ayant 
fentifesforces,iIsles  prodüifent  finalement 
ornez  de  verdure  &  de  fleurs  en  la  faifon  du 
prin-temps.  La  liqueur  balfamique  de  la 
terre,  telle  qu’à  noftre  dire  elle  fe  tire  des 
fels,  peut  aucunement-  imiter  ces  effeds  du 
Soleil  celefte,  car  nature  n’a  rien  produit: 
que  l’art  ne  puiffe  reprefenter  par  imita¬ 
tion,  &  ce  que  le  Soleil  celefte  peut  effe- 
du'er  par  fa  propriété  naturelle, fe  peut  auili 
en  quelque  forte  accomplir  par  le  Soleil  ar¬ 
tificiel  çhymiquement  préparé  &  prins  des 
chofes  terreftreSjCar  ce  qui  eft  en  basref 
femble  du  tout  à  ce  qui  eft  en  haut.  Cefie li¬ 
queur  balfamique  efiant  donc  tirée  du  fiel,  a  me  fine 
pouuoir,  moicnnant  quelle fit  méfiée  proportionnelle'' 
ment  auec  l'eau  ou  liqueur  pafîiue  qnife  trouue par 
Hat  en  abondance;  cetf  ces  chofes  e fi  ans  denètne# 


Dv  cerveav,  3% 

méfiées  l’vne  aucc  l'autre,  elles Je  defirempent  gr  con-  .  *  -s 
temperent  tellement  que  les  rofes, violettes  gr  autres  tl0nAfti„ 
fieurs  bien  que fîefiries  gr fiches, voire  des  long-temps  fiaeilt  des 
pruiées  de  toute  odeur  gr  vertu  vitale,  efians  néant-  rofestvio- 
moins  abreuuées  gr  imbues  de  cefie  mixtionyeprenentletm 

leur  ancienne  verdure  gr  autres proprietezjintales,gr  a 

recotmrent  vne  couleur  mejme plus  viue  gr  ndiue  que*. ' 
leur  precedente ,  dont  dufii  le  difioluant  mefinefe  tein¬ 
dra,  de  forte  que  le  mois  de  May  ne  produit  pas  tant  de 
fi  belles  fleurs  par  la  vertu  du  Soleil  naturel,  gr  prin¬ 
tanier  que  Vhyuer paroi  (ira  beau  grfertilpar  le  moyen 
de  noflre  Soleil  artificiel  eflandu  aux  racines  des 
herbes. 

si  donques  en  la  maniéré  fufdite  vous  conioignez^ 
proportionnellement  cefl'e  douceur  cryfiallinedefel  auec 
fin  propre  huile  ou  acidité  vitriolée,  gr fi  vous  y  ad- 
iouflesg  encor es  le  Soleil  dijfout philosophiquement,  gr 
réduit  en  quinte  effence  plus  rouge  que  Jung,  couleur 
,  qu  il  acquiert  de  la  decochon  ou  digeflion,  gr  de  fie 
chaleur  propre,  il  en promendra  vne  médecine  de  mer-> 
ueiüeufe  vertu  qui  pourra  vaincre  la  lepre  mefme,tant 
vnïuerfèlle  que  particulière  de  tout  le  corps,  les  epilép <-■ 
fies  gr  telles  maladies  indomptables ,  endofi  dlvnou 
deux  grains feulement. 

Nous  auons  ouy  dite  à  vn  certain  fçauant 
Médecin,  nommé  François  Reutzius  Po- 
meran  fort  ftudiêux  de  ces  elegances  chy- 
miquesj^c  tres-fubtil  indagateur  des  feerets 
de  nature,  que  lean  de  Montagne  S  trigien 
Médecin  Ancien  fort  celebre,&  d’vn  fingu-* 
lier  ôr  rare  fçauoir  enl’vne  &  l’autre  mede-  ' 
eine  (qu’il  anoic  en  grande  eftime,  &  dont 


364  ©es  maladies 

bous  auons  fait  mention  ailleurs  au  Catalo¬ 
gue  des  premiers  Hermétiques)  refoudoit 
ces  cryftaux  de  fel  en  huile  fort  rouge,  in¬ 
continent  apres  que  par  diüerfesfolutions 
&:  coagulations  ils  s’efloientcqncrées,  le¬ 
quel  huilé  reduifoit  le  folcil  en  liqueur  dans 
fon  propre  vaifîeau,  dont  procedoit  vne 
tref-excellente  medecine,  qui  enfa  eo&ion 
aaoit  experimété  les  differéces  de  toutes  les 
couleurs;  &:  de  laquelle  vn  grain  ou  deux  a 
chaque  dofe  pouuoient  feruir  de  remedes 
admirables  contre  les  maladies  fufdites. 

Plufieurs  Médecins  vulgâires  qui  s'arrê¬ 
tent  à  la  feule  anatomie  extérieure  des  cho¬ 
ies,  8c  ne  pénétrent  pas  iufques  à  leurs  en¬ 
trailles,  8c  qui  pour  la  plufpart  iugent  des 
.  'chofes  au  gouft  de  la  langue  &  du  palais,  & 
en  dedujfent  leurs qualitcz,  nefe  pourront 
perfuader  qu’au  fel  rendant  vne  faueur  fi  a- 
cre  8c  falée,il  y  ait  d'vne  part  vne  fi  grande 
douceur  douée  de  vertus  tant  admirables: 
&,d’autre  part  qu’on  en  puiffe  tirer  vneli- 
queur  vitriolique ,  8c  icelle  fort  acre  qui 
conuienne  auffi  à  des  effecfcs  fi  diuers  & 
puifians,  à  fçauoir  pour  faire  les  folutions 
Sc  coagulations  de  toutes  choff  s,  félon  que 
nous  aüons  amplement  déduit  en  noïtre 
traiâté  des  fignatures  internes  des  chofes: 
Ce  qu’en  vain  nous  répéterions  en  ce  lieu,  fi 
ce  n’eftoit  pour  inculquer  ferieufement  à 
nos  efprits,  qu’en  ce  principe  vital  des  cho¬ 
fes  dont  la  mer  efl  vne  mine  fort  abondante 


DV  CEJLV1AT/ 


Sc  trçf-fertile,gift  fecretement  vnemerirfc 
finie  de  fecrets& vertus  admirables. 


Ch ap.  XXX. 


Ve  U  pgndture  interne  du  vitriol 3  &  défis  il • 
uerfis  propriétés  ddiucrs genres  de  maladies,, 

De  s  remedes  fufdits  que  les  Herméti¬ 
ques  extraient  du  fel,il  nous  eonuient 
pafTcr  .à  ceux  qu'on  tire  particulièrement 
du  vitriol,  lequel  eft  vne  efpece  de  Tel  qui 
entre  les  autres  chofes  naturelles  n’eft  pas  la 
moins  corporelle ,  ainfi  qu  on  peut  reco-  ’ 
gnoiftr  e  par  ce  qu’il  nous  r epr efente  rouf- 
iours  l'elpece  de  Mars  &de  Venus,c’eftà 
dire  du  fer  &  du  cuiure,que  le  moindre  mef- 
mes  de  tous  les  Chy  miques  fçait  tirer  du  vi¬ 
triol,  &  par  le  moyen  d’iceluy  vitriol  con- 
uertir  Mars  en  Venus  dans  peu  d’heures  :  Mars  g/ 
D’où  les  PoetesPhilofophes  ont  prinsocca-  i*  Venus 
fion  de  difeourir  &  eferire  des  amours  de  bfiriu 
Mars  &  de  V enus,  feignans  que  leur  fils  Cu- 
pidon  eftoit  le  Dieu  des  amours  (c’eft  à  dire  *  **' 
ce  grand  accord,  fy mpathie,  &  mutuelle  af- 
feâion  qui  lie  toutes  chofes  les  vnes  auec 
lès  autres)  &  que  l’efcume  de  la  merauoit 
produit  Venus  propre  mere  d’iceluy,  à  rai- 
fon  dequoy  les  mefmes  Poetes  l’ont  fur- 
nommée  aphrodite  &  aphrogenée,  &  l’ont 
auffi  élégamment  que  vrayement  qualifiée 


D  E  $  U  AL  A  D  ïf  S 

ïnere  de  routes  générations,  voire  de  toüfé 
la  nature ,  fi  nous  comprenons  bien  leurs 
fens  intérieur.  Car  c’eft  ainfi  qu’ils  enuelop- 
pent  &  couurent  leurs  fecrets  myftiques 
fous  des  fîdiorts,afîn  que  les  feuls  efprits  re- 
leuez  paruiennent  à  l'intelligence  d’iceux, 
non  les  idiots.  Mais  nous  pourfuiurons  plus 
exadement  la  recherche  de  ces  myfteres,  & 
autres  ..fecrets  en  noftre  liure  de  la  nature 
occulte  des  chofes,  nous  contentans  feule¬ 
ment  d’adioufter  icÿ:  que  le  vitriol  verdi  à 
Signât*  •  j  éxterieur,  contient  toutefois  vne  rougeur 
vs  d»  v$-  intérieure,  &  que  fur  tous  autres Tels  il  eft 
*  remply  d’vn  vinaigre  terreftre,  lequel  méfié 
auec  de  Veau  fait  fermenter  toutes  chofes, 
ne  plus  ne  moins  que  le  leuain  de  farine  de- 
ftrempé  d’eau  fait  leuerla  parte  dont  on  fait 
le  pain  :  car  par  telle  putrefadion  &  mace- 
ration  de  lvn  &  l’autre  element  ioind  en- 
»«/»*«.*  ^emt>le,ce  vinaigre  de  nature  efleue  &  exci¬ 
te  par  fon  efprit  fermentant  en  l'interieur, 
la  parte  de  nature  donr  prouiennenent  les 
tranfmutations  ,  produdi  oris  ordinaires,  & 
chaques  indiuidus.  Et  en  premier  lieu,tou- 

.  .  te  fubftance  minérale  prend  fon  origine  de 

JuJuin*  rc^e  fermentation ,  les  efprits  de  laquelle 
tares  -ue»  teigncHt,  puis  apres  les  végétaux,  del’efTen- 
getables.  Ce  defqueîs  les  animaux  font  par  aptes  nour¬ 
ris  &  enrretenuSjComme  nous  auons  dit  ail¬ 
leurs,  mais  auec  plus'd’obfcurité  :  Car  nous 
différons  l’efclairciffemerit  de  ce  fubjed  en 
nortçedit  îiure  de  la  nature  occulte  des  cho= 


DV  CÏRVEAV.  3^7 

fes,  dont  le  Le&eur  ftudieux  remportera 
beaucoup  de  fruiéfc  8c  de  contentement. 

Quant  à  ce  que  Galien  opine  du  vitriol 
en  Ton  liure  des  fimples,  &  ce  qu’il  efcrit 
touchant  la  vertu  tranfmutatiue  diceluy, 
cela  fe  peut  apprendre  du  mefme  Galien, 
quand  il  raconte:  qu’il  apporta  des  mines 
de  Cypre  vn  certain  charbon  de  terre,  ap¬ 
pelé  mify  :  lequel  mis  en  quelque  coin  de 
fon  eftude,£e  changea  en  fory  par  fucccf- 
fiô  de  temps,  puis  en  chalcitis,  c’eft  à  dire  en 
vitriol ,  8c  finalement  en  çhalcanthum  qui 
n’eft  autre  chofe  que  Venus  ouïe  cuiure. 

Or  il  y  a  plufieurs  efpeces  de  vitriols.  Ce- 
îuy  de  couleur  bleue  qu’on  amene  d’Angle- 
terréV  8c  des  baffes  Àlemagnes  n’eft  pas  des  V*  ” 
meilleurs.Mais  ceiu/de  Hongrie  excelle  en 
bonté.Pour  laquelle  efprouuer,  il  conuient  J**®**» 
le  frotter  à  vn  coufteau:  fi  par  fon  attouche-,  “Ju¬ 
ment  le  coufteau  fe  teint  en  couleur  rouge  , 
ce  fera  vn  indice  de  fon  , excellente  bonté. 

Car  c’eft  chofe  certaine  que  Venus  eftinclu- 
fiuement  contenue  dedans  les  entrailles  d!i- 
celuv,laquelleMars  embrafle  au  premier  at~ 
touchement,tant  eft  grande  la  iympathie  8c 
mutuelle  correfpondance  entre  l’vn  &î*au- 
tre  metail.  Le  vitriol  Romain  eft  auflî  nom¬ 
bre  entre  les  meilleurs ,  pourueu  qu’il  nous 
foit  apporté  pur  8c  non  falfifié.  Car  celuy.. 
qu'on  amene  eft  fouuentesfois  priué  de  fon 
ochre  vitriolée  qui  contient  en  foy  la  fe- 
mençe  de  l’on  Autrement  le  pur  fe  vend 


3éS  SES  maladies 
beaucoup ,  la  liure  d’iceluy  ne  couftant  pas 
moins  qu’vn  efcu  d’or.  Mais  le  plus  excef 
lent  de  tous  eft  le  Cyprien  de  couleur  faphy- 
~  rique,  laquelle  eft  vnetein&ure  Lunaire  es 
parties  intrinfeques  de  fa  Lune  en  ftii- 
uant  de  près  la  perfe&ion  du  Soleil, delà 
vient  qUe  tel  vitriol  a  plus  grande  conue- 
nance  &  alliance  aueclor.  Par  cela  les  vrais 
Philofophes  ont  pareillement  appris  à  ex¬ 
traire  du  vitriol  Cyprien  de  couleur  faphy- 
rique  ,  vn  menftruë  &  diftoluant  de  l’vn& 
l’autre  grad  luminaire,  à  fçauoir  de  l’or  &  de 
l’argent.  Ce  qu’on  ne  peut  faire  des  autres 
efpeces  de  vitriol  fans  addition,  carie  vi¬ 
triol  de  Cypre  contient  en  foy  grande  quan¬ 
tité  d’or  ,  ce  qui  augmente  principalement 
fon  prix  en  forte  que  chacunes  liures  ne  fe 
vèndent'pas  moins  que  trois  ou  quatre  efcus 
d’or. 

Plufieurs  &  diuers  remedes  exceîlens  fe 
tir™'  Il  zircm  vitriol.  Car  comme  ainfi  foit  qu  a- 
vitriol.  uec  vérité  on  le  tienne  pour  la  prime  matie- 
•'  re  &  comme  le  premier  eftrede  la  nature 
métallique  ,  il  n’y  a  point  de  doute  que  fes  ! 
•  efprits  n’eftans  point  encores  chargez  delà 
malEueté  ,  folidité  &  efpelfeur  des  métaux, 
mais  retenans  la  nature  de  corps  fpirituel, 
ne  foienr  douez  &  participans  d’vne  effica¬ 
ce  &  qualité  viue  &  aéfciue,  c’eft  à  dire  d  vue 

vertu  immenfe  &  ineffable ,  dautant  qu  ils 

font  moins  efloignez  de  la  fimplieité  &  Pu' 
reté  élémentaire  ôc  minérale  :  Car  en  i c&uY 


DV  CERV  E  AV»  5^9 

vitriol  comme  en  leur  fource  gifent  fecret- 
terne nt  &  font  contenus  potentiellement 
tous  les  efprits,  vertus  &:  proprietez  de  tous 
les  métaux:  Et  principalement  les  efprits  vi¬ 
triolez  ou  veneriens,  comme  aullUes  Mar¬ 
tiaux,  Lunaires  &  S  olaires  :  lefquels  fe  con- 
joignent  à  luy  d’vn  fi  grand  eonfentement 
8c  accord  qu’ils  s'y  efpandent ,  8c  s'en  tirent 
mefme  en  grande  quantité.  D’où  vient  que 
les  efprits  extraits  du  vitriol  duifent ,  non  &  pr«- 
feulement  aux  maladies  du  féul  Cerueau  ,  pnete\ 
comme  Lunaires  :  mais  aufti  comme  vene-  dHvnml 
riens  8c  Martiaux  ils  fubuicnnent&  appor¬ 
tent  remede  aux  maladies  martiales  &  vene- 
riennes  du  cmur,  des  reins,  &  des  parties  de- 
ftinees  àlageneration.  Mais  (  £)ieu  aydant  ) 
nous  déduirons  ailleurs  plus  amplemét  celle 
fympathie  Aftronomique  &  Chymique,à 
fçauoir  en  noflre  liure  de  la  Nature  fecrete 
des  chofes;  Ilfiiffiraicy  delauoir  feulement 
touchée  en  pafiant ,  pourmontrerde  com¬ 
bien  grandes  vertus  le  vitriol  eft  doué  ,  8c  à 
combien  de  diuers  vfages  il  eft  propre  & 
conuenabîe  auffi  bien  que  les  eaux  métalli¬ 
ques  vitriolées ,  aufquelles  on  renuoyeles 
maladies  inuincibles&defefperees. 

Mais  fi  on  demande  poürquoy  cedit  vi-  Catifssd « 
îriol,  ou  les  remedes  qui  s'en  tirent,  entant 
qu’ils  poflè dent  vne  nature  Lunaire , 
tiale  ôc  vitriolique ,  font  propres  8c  fpecifi- 
ques  aux  maladies  du  cerueau  8c  des  reins? 
uioas  f  efpondrons  qu’il  y  a  mefme  qn  enla 
Aa 


37;a  .  •  maladies 

fauge  &  betoine ,  lefquclles  duifent  au  cer- 
ueau  :  les  fleurs  de  buglofle ,  de  bourrache 
&  autres  qu’on  tient  pour  cordiales  en  Teu- 

Ëatoire  que  Nature  a  dédié  au  foye,  en  la 
iolopendre  ouceterach  deftinéà  larate& 
à  fies  maladies  ,  &  en  infinis  autres  Amples, 
dont  les  vertus  font  encor  es  cachées ,  com- 
,  me  celles  qui  ne  dépendent  pas  des  qualitez 
Élémentaires,  chaudes  ou  froides  ,-mais  qui 
font  appuyées  fur  la  feule  expérience. 

Ma«  attendu  que  cela  eft  pluftoft  fe  taire 
que  refpondre  ,  nous  adjoufterons  des  rai- 
fions  euidentes  ,  qui  deraonftreront  que  le 
vray^prppre,  naturel  &  fpecifique  remedé 
des  Epilepfies  &  Apoplexies  eft  L’efprit  tiré 
du  vitriol,  qufpar  fa  propriété  iînguliere.re- 
fifte  à  telles  maladies,  ôc  les  extermine  faci¬ 
lement.  .  . 

Extrême  Rremierement,  Il  eft  certain  que  célapro- 
^de  l’efprit  uien£c^e  &  grande  fubtiliré ,  &  par  maniéré 
de  vitriol.  dire,  Spiritualité ,  dont  la  foudaine  vertu 

parurent  en  vn  moment  au  cerueau  êc  au 
e.œur,le£quels  fonr  principalement  trauaîl- 
lez  &  vexez  en  cefte  maladie  :  Car  comme 
nous  voyons  qu’ayans  verfé  en  la  bouche  de 
ceîuy  qui  par  dcfaillâce  de  cœur  s’efuanouit 
Sc  laifie  rcheoir,  ou  approché  de  fes  levres  & 
narines  l’efprit  de-vin  ou  eau  de  vie,  comme 
aufli  l’odeur  du  vinaigre  de  nature  vitrioli- 
qüe: ,  dautant  que  çes  chofes  touchent  in¬ 
continent  le  cœur  ,  le  patient  en.  eft  beau¬ 
coup  p'ius-recrée  8c  pluftofl:  releué  que  fi  oâ 


BV  é  E  '  R  V  £  A.  V.  yji 

ÏUy  fâifôif  prendre  quelque  gelée  ou  reftau- 
ranc  &  confommé  fort  délicat  &  alimen- 
feux  j  à  caufe  que  ces  chofes  font  priuées  de 
vertu  fpifituelle  penetratiué  ,  conuenable 
8c  communicable  à  nos  efiprits  ,  vniques  au- 
thcur  »'de  noftre  vie,laquclle  vertu  eft  fi  fub- 
tilemenr  &  profondément  attachée  à  l’ef- 
prit  du  vin  &  du  vinaigre ,  que- par  fa  feulé 
odeur  vitriolique  elle  refiiéille&  remet  en 
leur  entier  tant  nos  efprits  que  nos  fens  af- 
foupis. 

Doncon  peut  colliger  combien  grande  efi 
farfpiritualité,  fubtilité,  8c  l’attenuante ,  pe¬ 
netratiue  &  reftauratiue  vertu  du  vitriol, 
qui  frappé  fi  notoirement  &  promptement 
le  cerueau ,  que  fon  odeur  feule  fait  incon- 
binent  efternuer. 

Outre  telle  fubtilité  8c  fpiritualité  d’efîeh-  ... 

Ce,  par  laquelle  cét  efprit vitriolé fe méfie 
facilement  aueç  les  vapeurs  malignes,  me- 
lancholiqûes  8c  vitriolées ,  aufquelles  nous 
auons  cy-déuant  attribué  les  principales 
caufes  de  ces  maladies ,  il  produit  pîufieurs 
autres  effets,  comme  nous  auons  clairement 
8c  amplement  demonftré  ailleurs  :  Car  ice- 
luy  eftant  vn  grand  8c  fort  coagule  ,  par  fa  d“atl‘ret 
vertu  coagulatiue  il  peut  aifément  congeler  jei 
les  fumées,vapeurs  8c  exhalàifons  fpiritueU'  ehtfet. 
fes  8c  malignes  qui  s’efleuent  des  parties 
baffes  aux  fuperieures  :  afin  d’empefcher  les 
effeéts  qu’ils  produifent  ea  leur  fupreme 
exaltation.  vitriol* 

A  a  ij 


Sd  vertu 

de  dtfl'oti  - 

dre. 


lîyaeer - 
U a  ne  ver¬ 
tu  Ma- 
gneti^ue 
au  vitriol 
cotre  l’E  - 
filttfe. 


Ç]X  DES  M  A  LA  D  I  ES 

Nous  auons  fuffifamment  demonftrc  ail* 
leurs  ,  quelle  différence  il  y  a  entre  les  ef- 
prits  de  toutes  çhofes  concrets  &  coagulés 
auecleur  matière  corporelle  &terreih:e,  ôc 
ceux  qui  font  affranchis  de  ces  liens  corpo¬ 
rels,  foit  par  le  bénéfice  de  nature,  foit  par 
l’induftrie  de  l'art ,  tellement  qu'il  n’eft  pat 
befoin  de  la  repeter  en  ce  lieu. 

Mais  tout  estais  fi  la  caufe  efficiente  defces 
maladies  eft  cralfe,  materielle ,  &  obftruéti- 
ue  (  comme  croit  la  plufpart  des  Dogmati¬ 
ques  )  Ce  mefme  efprit  fouftienç  le  pàrty  ' 
contraire  ,  en  forte  qu’il  diffout,  atténué  & 
liquéfié  ces  matières  craffes ,  pour  ayder  par 
ce  moyen  la  nature  à  les  chafler  &  diffiper 
plus  facilement. 

radjouftèray  encores  vile  autre  raifon,  à 
condition  neantmoins  que  mes  Cenfeurs, 
lefquels  ie  tiens  pour  du  tout  inexperts,  non 
vrais  Dogmatiques  ou  fe&ateurs  d’Hippo¬ 
crate  (  tels  que  ie  fay  profelfion  d’eftre)  n’en 
riront  point  à  gorge  defplôyée,  ny  vomi¬ 
ront  arrogamment  fur  moy  leurs  mocque- 
ries  à  plein  gefier.  C’eft  àfçauoirvne  cer¬ 
taine  vertu  magnétique,  gifant  couuerte- 
ment  en  l’acide  efprit  métallique,  qui  ap¬ 
prochant  bien  près  de  l’energie  ou  aéiiuité 
&  implicite  delà  nature  élémentaire  ,  par 
cefte  fienne  vertu  aimantinè  alaforce  d’en- 
trainer,  domter  &  vaincre  ces  acides  efprits 
melancholiques  &  vitrioliques  de  l’animal 
que  nous  auôs  ditçydeflus  eftre  les  feuls  au= 


©V  CÏRVÉAV.  17$ 

theurs  &  ouuriers  de  ces  maladies.  Auffi  ne 
fera-ilpas  mal  à  propos  dé  rernouüeller  que 
celle  eft  la  raifoti ,  pour  laquelle  ce  grand 
Hippocrate  a  eferit  au  lieu  fus-allegué  :  Que 
les  MeUnchohtjues  deuensient  ai/ement  Epileptiques ± 
gr  les  Epileptiques  Melctncholiqties -,  d’autant  que 
les  caufes  de  l'vne  6c  l’autre  maladie ,  à  fçà- 
uoir  de  la  Melaneholie  &  Epilepfie  ont  vri 
grand  rapport  ôc  conuenance  les  vnes  auec  braille 
les  autres.  Qui  plus  efl  ,  i’ay  àcefle  finde- e 
monftré  aflez  clairement  envn  autre  lieu  ,  gnat.  in . 
que  lès  qualitez  attribuées  à  la  vraye  me-  ter  des 
lancholie  noire  ,  feroient  beaucoup  plus  «&*/*•• 
proprement  appellées  du  nom  d  humeur 
vitriolique,  ainlî  qu’auons  vérifié  le  tout 
parles  raifons. 

Or  celle  vertu  que  j’appelle  Magnétique  Te Ileve9 
s’elléd  plus  loin  que  l’attraélion  qui  Te  voit  **  M*~ 
enl  aimant  vulgaire  6c  au  fer. Par  cette  ver-  fe  voft 
tu  attracfiue,l’Arfenic  quiell  vn  grand  poi-  aufsi  e » 
fondement  vn  médicament  propre  &  con-  quelques 
uenable  pour  attirer  hors  du  corps  beau- 
coup  de  venins  :  où  l’huile  préparé  d’icelüy 
ellant  mefme  appliqué  à  l’extérieur,  feruira 
d’vn  remede  tres-vtile  &  fort  fingulier  à  la 
guerifon  de  toutes  vlceres  chàncreufes& 
arfenicales.  La  vérité  de  cê  mien  proposTe 
prouue  clairement  par  l’axonge  des  ferpens 
contre  leurs  morfures,  l’huile  dé  Scorpion 
contre  fes  piqueures ,  le  miel  contrelesaî- 
guillons  des  abeilles  ,  &  mille  autres  tels 
exemples  demonftrenc  ôc  côfirment  la  mef. 

A  a  iij 


.374  »ES  MAX  AD  IJ,. s 

me  chofe  :  Mais  nous  ferons  vn  pins  ample 
trai&é  de  Ces  matières  en  noftrc  liure 
de  la  fecrete  nature  des  chofes,  dans  lequel 
les  moqueurs  &  cenfeurs  ne  trouueront  pas 
des  enfeignemens  vulgaires  &  triüiauxcent 
.  fois  répétez  ,  comme  les  rapfodies  que  tel¬ 
les  gés.ont  accoutumé  de  ramafler  en  leurs 
efcritSj  mais  tous  propos  ferieux  &  graues , 
qui  au  regard  de  leur  fuj et  feront  admirez, 
des  efprits  modeftes ,  candides  &  paifibles. 

Oyons  maintenant  les  iihgulieres  pro- 
priet  ez  que  quelquVn  des  coryphées  de  la 
Médecine  Spagyrique  attribue  au  vitriol  : 
Ét  voyons  pareillement  les  diuerfes  prépa¬ 
rations  &  remedes  exquis  qu  il  en  tire  & 
enfeigne  a  en  tirer,  lefqueis  fe  rapportent  à 
diuerfes  intentions  curatiues3&  à  la  deftru- 
éiion,  non  feulement  de  ces  quatre  mala¬ 
dies  dont  nous  traiéfcons,  mais  aufli  à  la  guc- 
rifon  dé  plufieurs  autres  tres-grieues  &  dé¬ 
plorables  qui  profternent  le  corps  humain  : 

Tmet  T ellement  qu'en  ce  feul  indiuidu  metalii* 
fortes  de  que  bien  oc  exactement  préparé  ,8c  dextre- 
seme des  jqeht  anatomizé  en  toutes  fes  parties  inter- 
^d»vittiel  nes  &yltaks^on  peut  trouuer  vne  parfaide 

boutique  de  Pharmacien. 

Car  foit  qu  on  veuille  préparer  les  hu¬ 
meurs  en  toutes  maniérés ,  foit  qu  il  faille 
atténuer  les  matières  craifes  &  tartarées,ef- 
peffir  les  fubtiles  ,  expurger  les  impures, 
Êuacuér  les  fuperfluës  par  yrines ,  fueurs* 

defeharge  de  ventre, vomiifement,foit 


d  v  c  euteav.  -^-375 
qu’il  eonuienne  pen errer  &  ouurir  les  ob- 
ftru&ions,foit  finalement  qu’en  routes  ma¬ 
niérés  il  faille  reftaurer  la  chaleur  naturel¬ 
le  5  on  peut  cercher  des  remedes  en  cedit 
vitriol  :  Qui  plus  eft  ,  on  trouue  que  le  mef- 
me  vitriol  eft  vn  vray  anodin  propre  àap- 
paifer  toutes  fortes  de  douleurs,  dcfanii- 
dote  de  tous  venins  8c  mauuaifes  humeurs , 
comme  aufll  i’efteigneur  &  modérateur  de 
toutes  inflammations  8c  ardeurs fieureufes. 
Voicy  ce  qu’en  dit  Paraceife  tome  i.  page 
72.  Le  vitriol  ,  dit-il  ,  contient  enfjvnfuuerain 
laxattf  qui  pénétré  cr  mondifie  toutes  les parties  du 
corps,  secondement  il  pojfede  vn  adfiringcnt  :  En 
troi fie  fine  lien,  fi  on préparé fies  feuilles,  c  e fi  alors  vn 
ficret  enï epilepfie  :  Quartement  fi  vous  fepare^fs 
fleurs,  cefiravngrandpenetratif:  Finalement  fi  on 
*  cueille  fies fruicls,  ce fera  vn fingnlier  ircfiaurant  delà 
chaleur  naturelle  ,  car  le  vitriol  a  la  vertu  de  renou-  * 
ueller  &refiaurtr.  tom.  6.pag.$o$. 

Et  aumefme  tome  page  77.  Le  vitriol,  à it- 
il,'  efi  vn  purgatif fpecifique  pour  toutes  humeurs  ou¬ 
tre  naturelles-  La  préparation  d’iceluy  renied# 
eft  defcrite  au  mefme  lieu. 

Ailleurs  :  île f prit  de  vitriol,  dit-il,  préparé  par 
exhalai  fin fiche,  onpdr  d&coélion,  contient  en  fi)  vne 
tres-Jubtile  effenc'e  de  vitriol ,  Cr  produit  me  fines  ef¬ 
fets  que  le fl ,  au  cerneau ,  es  poulinons  cr  en  l’efio- 
tnac  :  D’auantage  il  a  en  foj  d’ autres forets  ,  a  fia- 
noir  contre  la  iaunijfe,  l'abondance  de  bile ,  le  degoufi, 
la  trop  grande repleti on  gr  le  calcul .  il  purge  aufsi 
los  po  aimons ,  remedie  a  la  pleure  fie,  au  mal  ca  du  que, 
àlagoutte,Jpafne,  Çrc.  A  a  iii^ 


575  dïs  maladies 
Et  encores  ailleurs:  Les  vertus  du  vitriofdiu 
il  'liii Je  font  paroi fire  tant  au  dedans  tjua  l’exteneur 
corps ,  font  tres-excellentes.  En  l intérieur  du  corps  il 

f  Uerit  la  uiunijfe,  le  calcul ,  lesfieures ,  les  vermines , 
'epilepjîe,  les  confiipations  de  ventre.  Herrs  le  corps 
ilrernedie  a  la gratelle  fixe  ,  a  la  leprre,  Crc.  Mais  il 
nefie&ue  rien  de  tout  cela  ^finon  quil fioit  préparé M 
car  efiant  crud,  il  ne  profite  de  rien.  1 

Si  aucun  defire  veoir  les  diuers remedes 
qu’en  tire  Paracelfe,  pour  toutes  fieures  in-^ 
tertniptentes,  quartes?tierces  &  quotidien-* 
nés, &auiïï  comment  illesmefle  aueclefel 
d/abfynthe ,  qu’il  life  la  3Z9.  page  du  3.  tom. 
en  la  pag.  8z.  84.  8j,  duquel  il  verra  pareils 
dément  Ton  vfage  contre  toutes  iortes  de 
Pelles  ,  ignées ,  aerées  ,  aqueufes  &  ter-, 
retires. 

Qifil  lifé  aufli  les  360.  &  387.  pages  du 
mefme  tome ,  ou  fe  voit  combien  il  eft  pro-.  ; 
pré  &  conuenable  à  la  phtifte  &  vermina« 
tion.  . 

S  emblablement, qui  voudra  fçauoir  com- . 
bien  le  mefme  vitriol  eft  duifible  contre 
tous  genres  de  manies ,  life  le  tome  4.  pag. 

5>i.  100.  104.  109.  110.  On  verra  pareille¬ 
ment  au  tome  j.  pag.  zz6.  comment  iceluy  ' 
vitriol  eft  le  r  emede  de  toutes  maladies  tar- 
tarées,  à  fçauoir  du  calcul ,  de  la  goutte  & 
d  autres  fembiables ,  eftant  aufsi  conjoint 
Mw fis*  auec  fel  ou  efprit  de  tartre  J  dont  fe  fait  le 
*trtùl  Vt’  fl^gi&ere  de  vitriol. 

En  Comme  qu’eft-ce  que  le  vitriol  ne  fai? 


BV  CIS.V!  A  V.  57  7 

point?  Voicy  encores  vn  excellent  remede 
qui  s’en  extrait  contre  les  douleurs  &  ma-  . 
ladies  des  yeux,  cataraéfces, onglées,  taches  . 

8c  autres  de  tel  genre  ;  defqueis  remedes* 
quiconque  voudra  fçauoir  les  formulaires  . 

8c  Compofîtions  fort  dégantés,  les  apprene  . 
au  tome  6.  pag.  156.  zy/.  238. 

Par  les  lieux  qu’auons  alléguez  çy  delîus, 

8c  par  la  pratique  ancienne,il  paroiftra  a(Tez 
combien  ces  remedes  font  efloignés  des  for-  '  . 
mülaires  &  préparations  des  Anciens mef- 
mes,  qui  attachez  feulement  aux  couleurs  vit^0ip€m 
externes, &  à  la  matière  élémentaire,  ont fini***"* 
ignoré  la  vertu  &  l’anatomie  intrinfeque  du  <«»*. 
vitriol,  caf  Aétuariusliure  z.  de  la  méthode 
cuïatiue ,  ehap.  5.  n’vfoit  point  autrement 
du  calchante  que  bruflé,  8c  puis  laué,ez  ma¬ 
ladies  des  yeux.  Celfe  pareillement  liu.  y» 
de  la  matière  medecinale,  ehap.  10.  voulant 
reftreindre  le  fâng  par  le  moyen  du  vitriol* 
n’employoit  que  fa  feule  matière  crafle  ad- 
miniftrée  en  forme  topique,  non  autre¬ 
ment.  • 

Galien  au  neufîefme  des  (impies ,  apres  ' 
auoir  remarqué  que  le  calchante  fetranf- 
muoit  fortuitement  en  Calchitis,  &  efcrit 
qu’on  apportoit  ce  médicament  deCypre 
en  grande  quantité ,  adioufte  ces  paroles  : 
yAn>  rcjle  te  juif  efmcrueillé  de  ce  remede, comment  ily  . 
a  vne  tres-forte  adjlriéhon  accompagnée  de  chaleur 
vehemente.  il  appert  donc  (adioitjf e-il)  que  fur  tour 
tes  chojès  d  peut  jèriur  a  conjvre  &  conjèruer  lés  inath 


#8  DES  MALADIES 

des  humides,  comme  celuy  qui  par  fa  chaleur  confirut 
.  /* humidité,  £r  par fin  adfiriâien ,  refirre  ccn(hpe 
la  fubfiance.  * 

Paul  Ægineta  liu.  G.  de  la  médecine,  & 
Oribafe  en  Tes  colled.  de  med.  liu.  iy*  en 

ont  eferit  mefmes  choies  que  Galien,  telle- 
que  par  celaonpeufvoir  de  combien  gran¬ 
de  admiration  a  efté  rauy  ce  Coryphée  des 
Dogmatiques,  apperçeuant  au  vitriol  vnefi 
grande  adftri&ion  auec  vue  chaleur  li  vehe- 
men„te. 

Mais  cela  n’eft  pas  de  merueilles  ,  veu 
qu’iceluy  auec  plulieurs  autres  liens  Séna¬ 
teurs,  s’eftant  arrefté  aux  feuîs  elemens  ex¬ 
térieur  s,  &  n’entendant  pas  la  vraye  anato¬ 
mie  des  chofes  pour  en  auoir  efté  peu  ftu- 
dieux  d’en  chercher  les  moiielles  intérieu¬ 
res,  a  du  tout  ignoré,  combien  grandes  e- 
ftoient  les  vertus  du  vitriol,  &  n’en  a  fçeu 
Padmihiftration  non  plus  qtiede  l’antimoi¬ 
ne  dont  nous  parlerons  incontinent. 

Car  les  Anciens  n’ont  approuué  l’vfage 
du  vitriol,  que  pour  l’employer  en  remede 
topique  ôc  extérieur  :  en  ay ans  compofé  vn 
emplaftre  qu’ils  ont  dénommé  Diaealchan- 
tum,  lequel  eft  ineptement  appellé  du  nom 
de  Diacalchiteos  par  les  Pharmaciens,  qui 
.  ne  fçauent  pas  la  différence  que  Galieninet 
entre  le  Calchitis  &  le  vitriol  ou  Calchan- 
tum:  lequel  eft  comme  labafe  dudit  em¬ 
plaftre. 

Pioféoride  le  preferit  mefme  tout  crua. 


DV  C  E  R  V  EAV. 

gr  fans  aucune  autre  préparation,  non  feu¬ 
lement  pour  l’appliquer  aux  maux  externes» 
mais  auiîî  pour  le  prendre  intérieurement 
deftrempé  en  miel  iufqu’au  poids  d’vne  dra- 
gme,  afin  d'en  faire  mourir  les  vers  afc ari¬ 
des  ,  8c  faire  pareillement  vomir  ceux  qui 
auroient  mangé  des  potirons  veneneux. 

Son  doéfce  &  diligent  Interprète  Mat- 
tbiole  approuue  &  recommande  comme  vn 
.remède  Singulier  au  calcul  &  à  l’afthme, 
l'huile  mefme  dudit  vitriol  prins  en  breuua- 
ge  auec  des  eaux  cqnuenables. 

Mais  Paraceiie  ayant  fuiuy  l’opinion  des 
vrais  Médecins  Chymiques,&  içeluy  eftant 
verfé  en  l’anatomie  interne  des  chofes  mé¬ 
talliques  par  delfus  tous  fes  contemporains 
j 5c  égaux,  pafle  plus  auant,  8c  enfeigne  infi¬ 
nies  préparations  8c  remedes  dudit  vitriol,  Tro“ 
$c  ce  par  la  Séparation  des  trois  principes,  à 
fçauoir  du  mercure ,  ou  efprit,  d’auee  fon  V 
•huile  ou  fouphre  8c  d’auec  le  fel::  qui  s’ad- 
miniftrent  ou  chacun  à  part,ou  tous  enfem- 
blc  :  Defquels  trois  principes  il  baille  à  co- 
gnoidre  les  efFeârs  &  vfages  diuers, les ap- 
propriant  chacun  à  chaques  maladies  félon 
leur  nature  &  proprietez,  à  fçauoir  le  fel  8c 
l’huile  plus  craîles,  pour  mondifier  ,  purger, 

•  euacuer  8c  guarentir  l’eftomach  &  les  au¬ 
tres  vifçeres;  qui  feruent  à  la  nutrition  de 
maladies  tartarées  ,  iffuës  de  matière  trop 
efpaifie  :  Mais  employant  l’efp rit  aux  mala¬ 
is  afirales,  comme  aux  apoplexies  8c  epf 


380  B  E  S  M  A  I  A  D  IIS 

lepïies  :  desquelles  nous  parlons  mainte* 
riant,  car  voicy  comme  il  en  parle  au  tome 
4.  pag.  562.363.  il  yavn  très-grand fecret  (dit-il) 
an  vitriol  four  le  mal  caduc ,  non  en  fin  huile,  mais  en 
javolatilité,  c  efi  a  dire,  en fon  ejfnt:  C'efi  pourqmy 
UvoUtilitê  nef  pas  krèietter,maü  illafaut  diftiller, 
pellicaner  ou  retorter  auec fon  huile  far  trois  ou  quatre 
fois  a,  feu  violent ,  car  l!  huile  acquiert  alors  vne  nature  i 
volatile.  Or  les  feuls  volatifs  dominent  fir  les  ajkes. 

Il  dit  aufli  en  vn  autre  lieu.  Ce  qui  doit  remédier, 
au  mal  caduc  doit  efhre  penetratif,  farcourir  toutle 
corfs,  &  chercher  le  cetre  du  mal, mais  corne  ainfifoit 
que  l’huile  dijt illi de  colchot ar  a  vne  nature  terre frty 
gr  ne  s  ejcoulefoiht  hors  de  l'endroit  ou  il  ejl  introduit, 
la  cure  de  l'èpilepfe  en  ef  d'autant  moins  parfaite. 

Il  eft  donc  befoin  de  grande  prouoyance 
&  induftrie  en  extraiant  le  feul  efprit  de  vi¬ 
triol  pour  la  guerifon  des  epilepfies,  auquel 
on  adiouftera  les  appendices  conuenables 
&  Spécifiques  à  dompter  vn  fi  grand  mal. 

Le  mefme  Paracelfe  non  content  delà  mé¬ 
thode  des  ancienSjCÔfiftant  à  extraire  le  feul 
phlegme  du  vitriol,  par  diftillation  iufqu’à 
lîccité,  paffoit  plus  outre,rendât  au  colcho- 
thar  rouge  le  phlegme  qui  en  efto.it  diftillé, 
&lc  cohobât  tât  de  fois,c  cftà  dire,le  reuer- 
rât  &  diftillât  par  neuf  ou  dix  fois,iufqu’à  ce 
que  to9  les  efprits  humides  &  fecs  fuflent  le- 
pairez  dudit  colchotar,  par  quby  leremede 
deuenoit  beaucoup  pPpuifsât&effiçacieux. 

Iceluy  donc  voulant  plus  Subtilement  at- 
tenuer  le  vitriol  de  Cyprc,de  Hongtie,ou  le 


D7  Cl  ftVlX  Vi 

Romain  (duquel  il  Te  feruoit  toujours  pluf- 
toft  que  d’vn  autre)  afin  d’en  faire  vn  œuure 
tres-excellent,  tiroir  premièrement  le  phle- 
gme  par  diftillation,  &  le  remettoit  tant  de 
fois  fur  la  tefte  morte  que  le  colchotar  en 
fuft  prefque  tout  imbu:  cela  eftant  fait, il 

{>renoit  du  meilleur  efprit  de  vin,  qu’il  met 
oit  auec  le  colchotar  imbu  de  fon  phegme 
&  efprit:  les  ayant  meflez  &  mis  dedans  vn 
vaifleau  de  verre  luté,comme  on  dit,&  bien 
couuert  pour  y  eftre  digerez&  cuits  l’efpa- 
ce  d’vn  iour  ou  deux,  il  faifoit  difiiller  le 
tout  dans  vn  récipient  à  pur  &  fîmplefeu 
augmenté  par  degrez,  iufqu  a  tant  que  par 
diftillation  tous  les  efprits  tant  humides  que 
fecs  vinflent  à  s’expirer  &  refoudre  en  li- 
queur,en  apres  il  putrefioit  &  digeroit  cefte 
liqueur  au  bain  Marie  pour  feparer  la  lie 
ou  fediment  d’auec  les  efprits,  puis  y  ayant 
adioufté  le  quart  d’eau  theriacaîe  cam¬ 
phrée,  il  diftilloit  encores  le  tout  par  deux 
ou  trois  fois  ;  Dont  fe  fàifoit  vn  remede  an- 
tepileptique  d’efficace  &  vertu  admirable, 
fi  durant  le  paroxyfmeonremployoità  et 
ueiller  le  malade,  &  fi  pour  fegarentirou 

f>referuer  de  la  maladie,  il  eft  oit  continuel* 
ement  employé  par  vneafiez  longue  efpa- 
ce  de  temps,  en  dofe  de  demy  fçrupule  aüe'C' 
quelque  liqueur  conuenable, 

Aucunefois  il  mettoix  auec  ce  mefme  et 
prit  de  vitriol,  des  feuilles  d’or  (qui  ont  ac- 
cottftmné  de  s’y  diifoudre,  pourueu  qu’il 


sr  x  i  a  b  ï  fs 

fbi.t  tref-bien  préparé  )  dont  il  compofoir 
fon  efprit  vitriolé  c'orreÆ  &  orific,  lequel 
cft  pout  certain  fort  conuénable  au  mefme 
mal,  comme  iceluÿ  mefinë  tefmoigné  éri  la 
page  ï6i.  du  tome  4.  ■ 

Encores  âdiùuftôi* itquélifuéfbis  à  cet  ef¬ 
prit  l-efTenCe  de  guÿ' de  é&éfrië,  &  les  ex¬ 
traits  de  peüoirie,  de:  M^déèranë  huniami6& 
chofes  femblâbles,  plits-^yWt  bien  rrféïîê  lé 
tout  aueé-efprit  de  virt&r  bifcuit  de  paindé 
feigle3il  le  dïftilloit  &  cohoboit  deuëmeritt 
Ge  remède  eft  vtile  &-  dé  grand  friiîéfc) 
moiennam  qu’omen  prëiîevnTtrlipûlé  àuée 
eau  conitenablé,  comm'e  dé  mugiieti  fleurs 
détillet,  &  autres  de  tei  genre.  5 

Èfâuuntagëlë  mefme  Paracëlfe  tome  3* 
pag.  3741  defcrit  vne  autre  belle  compofi- 
rio  n  qui  o  n  uié  Utt  tëf-bîéri  du'mal  ëpilëp  tri 
quès-&  dont  la  bâfe  etfclë  vitriol,  eii  voiëÿ 
le  formulaire.  -  b  ■  ;  ■■■■■■-  -  7  ' 

Antepi.  1  ^otnairfo  Wde.Hm^ïe  qmmchpurfsl 

hptique  loueurs  de  peiisme  de  cainphre , raclures  dd  yuoire,f<r 

de  F  ira-  de  ■:  demyi  once'  de  '  chacune',  difiillezjes  parlaretorté 
«elfe.,  m  colchotar  i  Prenez^  de  cejte  hqucurftow hures,  al- 
'  cbol  de  'vin  corrige,  eaux  de  nielijfe  £r>  de  valériane  : 
dé  chacun  denti  once,  côlchotar  vne  Hure,  reduifizjf 
encores  par  la  retorte,& ayant  prihs  vne  hure  de  la  U' 
’qüeUr  àiiec  deux  hures  de  colchot  acre  cent,  vous  les  du 
fiillerez. „  de  rechef  par  la  corme  l’ejpacede  vingt  quf 
tre  heures,  dont  fortiravnphlegme,  vne  liqueur  sg  vn 
huile:  cela  cfantfdit  onfeparera  lephlegme  au  Bain 
Marie,  &  l'a  h  futur  ou  eftrtt  tnêramd  darisle* 


BV  CERVEAV»  3% 

cendres:  Mais  on  extraira  t  huile  a  feu  violent  parle 
fable.  Le  phlegme  fe  donne  aux  enfans  le  poids  d'vnt 
dragme  auant  leparoxyfme,  la  liqueur  aux perfinnes 
aagées  en  dojè  ddvn  fcrupnle  :  mais  k  ceux  qui  ontpaf 
fe  quar ente  ans ,  on  leur  fait  prendre  mis  grains  ott 
gouttes  d'huile  auec  eau  d-efclaire,  ou  de  mariolaine. 

Nous  produirons  encores  pour  mefme 
fin  beaucoup  d’autres  telles  préparations  8c 
compofitions  fort  excellentes,  que  nous  a- 
uons  faites  8c  expérimentées  :  &  pareille¬ 
ment  celles  que  i’ay  apprinfes  de  plufîeurs 
autres  Médecins  fort  célébrés ,  mes  amis, 
qui  par  certaine  expérience  les  ont  recognu 
fort  propres  aux  epilepfies,  8c  aux  trois  au¬ 
tres  maladies. 

Il  n’eft  icy  befoin,  8c  le  temps  ne  permet 
pas  que  nous  parlions  d’vn  nombre  infîny 
d’autres  remedes  qu’on  peut  extraire  8c  pré¬ 
parer  du  vitriol,  &r  qui  conuient  tres-bien. 
à  plufîeurs  autres  maladies  tant  internes 
qu  externes,  comme  ceux  qui  font  grande¬ 
ment  falutaires  à  toutes  fortes  de  manies  8c 
nielancholies,  à  l’aftEme,  phtifîe,  imbécilli¬ 
té  &  douleurs  d’eftomach,  à  la  jaunifîe,  aux 
duretez  de  rate  &  de  fôye,  à  brifer  le  calcul 
8c  d’autres  maux  femblables  •Ç  defquels  re¬ 
medes  nous  remettons  la  defcription  en  no» 
ftre  Antidotaire  Spagyrique ,  qu’auec  la 
grâce  de  Dieu  nous  communiquerons  bien 
toft  à  la  republique  de  médecine. 

N ous  y  enfeignerons  auflî  diuerfes  tein- 
tur  es,  qui  par  le  moy  en  du  vitriol  fe  tirent 


3S4  BÏS  maladies 
des  fletirsjferaences  &  racines  des  végétaux 
afin  d’en  préparer,  altérer  &  corriger  toutes 
fortes  d’intemperies  :  dont  on  compofe 
encores  des  remedes,  qui  à  caufe  du  vitriol 
font  fpecifiques  à  plufieurs  autres  maladies. 

Nous  y  defcouurirons  pareillement  di- 
uers  genres  de  purgatifs  reflortiflans  leur 
effe&  par  Telle,  vomifiement,  vrines  &par 
Tueurs.  Audi  expoferons  nous  là  mefme  les 
remedes  propres  à  recreer  &  fortifier  les 
partresnobles,&  les  vrays  anodinsde  toutes 
douleurs  qu’on  extrait  de  fonfoulphre  vi¬ 
triolé  :  en  fomme  nous  y  monftreronsvnfi 
grand  nombre  de  d  iners  medicamens  tirez 
tant  de  cet  indiuidu  métallique,  que  de  l’an¬ 
timoine,  duquel  nous  parlerons  cy  apres, 
qu’il  pourra  fuffire  à  pleinement  garnir  & 
remplir  la  boutique  du  Pharmacien,  com¬ 
me  nous  auons  dit,  dont  fortiront  des  reme¬ 
des  beaucoup  plus  excellens,  plus  effica- 
cieux,  dc  plus  parfaits  que  les  vulgaires. 

Mej fpetife.  Mais  fi  quelqu’vn  de  nos  Cenfeurs  à  qui 
tels  fecrets  font  du  tôut  incognus,  excepte 
qu’il  y  a  des  venins  en  ces  minéraux  que  Ga¬ 
lien  éc  d’autres  qualifient  mortels  &  perni- 
deux  :  Nous  refpondronsj  que  fi  on  lit  ce 
qu’a  eferit  Galien  au  neufiefme  liure  des 
Amples  remedes  métalliques,'  de  principale¬ 
ment  ce  qu’il  dit  touchant  le  vif  argent,  il 

femble  nauoir  eftç  beaucoup  verféez  ma¬ 
tières  minérales  ou  métalliques,  dont  tou¬ 
tefois  il  a  eferit,  afin  qu’il  ne  femblaftrien 
ignorer 


»V  cïrvïaV.  3 1$ 

ignorer  quoy  qüe  touchant  le  vif  argent,  il 
ne  diffimule  point  fon  ignorance  :  Nous 
adioufterons  encores  pour  refponfe  à  tels 
Cenfeurs,  ce  que  le  do&e  Commentateur 
fur  Diofcoride  chap.  0.  de  l'antimoine  li~ 
ure  y.  a  efcrit  contre  aucuns  Médecins  de 
fon  temps,  gens  de  mefmc  farine  que  nos 
Ariftarqües ,  car  celuy  ayant  defcrit  quel¬ 
ques  curés  &  effe&s  admirables  du  verre 
d’antimoine,  dont  il  aüoit  feulement,  alors 
cognoiflànce,  &  rapporté  quelques  hiftoi- 
res  de  fes  vertus,  finalement  apres  en  auoir 
merucilleufement  célébré  leremede,ilad^ 
ioufte  ces  propos  :  Pourtant  ne  puis-ie  afez^ad- 
'mirer  !:  opinion  d3 aucuns  Médecins ,  ejhmans  l'anti¬ 
moine  ejïre  vn  venin  mortel,  car  comme  dtnjî fat  qn  ils 
font  profefion  de  la  Medecme,  nefçauent  ils  pat  lien 
qu  on  ne  peut  chotjir  aucun  remede purgatif,  pratiqué 
tant  des  anciens  que  des  modernes  :  lequel  foitpriùé  de 
fon  venin  ?  Fada  l'vn  &  l'autre  hellelore,  toutes  les 
efpeces  de  titymale  on  laifteron,  la  piijufe,  f  eîateré,  la 
coloqUinthe,  r euphorbe,  la  tapfie,Jcammonée,  mjmèd 
le'e,  entre  les  minéraux  la  pierre  d'azur,  la  pierre 
darmenie,  l’efcumc  d'airain  (de  laquelle  les  ^Anciens 
fi femoient  ordinairement  contre  l' hydrspife)  qUiofira 
mer  qüe -toutes  ces  chofes  ne  fient  accompagnées  de 
leurs  quaktefyeneneufes  ?  Que  pourront  ils  dire  de  la 
Jandarache.  venin  tres-permcieux,  laquelle  Diofcoride 
ne  laife-  tout  es  fou  de  prefcnre  eQpilules  demie!  pour 
les  ^/CflkmaUques,  comme- jÆuiéerme  met  aufi  en  v« 
fage  l’arfêic?  Mais  (dit-il)  eejl  aflh^parlédetels 
Medeêws  oprniajïres  qm  blafnient  ï  antimoine,  er/i- 


jg<S  Dis  MALADIES  . 

ploiet  lotir  ne  llement  des  remedes  beaucoup  pireso^phtê 
dagereux,  car  l’vjfàge  de  l'antimoine  bien&deutmet 
ddminlfire'yfalt  paraître  des  cures  miraculeufes  plufi 
toft  quantremet.  En  fin  il  conclud,  qne  ceux  là  ingens 
Crraifirmet  fort  fainemet,qui  prefir  tuent  l’antimoine 

ezjnaladies  chroniques£rdefefperées,fiitpitniteu[ès9 
fini  melancboliques ,  l'appellant,  main  de  Dieu, 

Nous  auons  mefme  fentiment,  &  faifons 
mefme  illationquele  do&e  Matthiol,  con¬ 
tre  nos  ohftinez  &  tref-fîgnales  Cenfeurs  : 
lefquels  pourront  veoir  incontinent  aucc 
admiration  (s’ils  ne  font  plus  ftupides  que 
bardes  &  afnes)  non  des  vomitoires  &  laxa¬ 
tifs  tirez  du  feul  verre  d’antimoine ,  mais 
plufieurs  fortes  de  purgatifs  fort  propres  & 
tres-feurs  pour  euacuer  fort  doucement, 
mefme  auec  chois,  les  humeurs  plus  pérni- 
cieufes,  corrompues  &  veneneufes,  comme 
ceux  auffi  qui  furpalfent  les  laxatifs  com¬ 
muns  8c  ordinaires  en  douceur  &  facilité. 

D’abondant  nous  leur  ferons  veoir  qu’on 
en  préparé  diuers  mondificatifs  dufang,  fu- 
dorifiques ,  confortatifs  8c  reftaurans ,  en 
poudres,  liqueurs,huiles,  extradions,elTen- 
ces,  8c  teintures,  bref  il  l’admireront  corne 
vn  autre  Prothée  fe  tranfmuant  endiuerfes 
formes  &  natures  :  lequel  s’employe  à  di- 
uerfes  cures  de  plufîeurs  fortes  de  maladies 
tref-grieues  8c  defefperées,  fçlonla  diuerfi- 
té  des  formes  qu’il  reçoit  en  fa  préparation. 

Qui  ofera  donc  pluftofî:  amoindrir  que 
célébrer  les  louanges  dvnfî  noble  remede* 


BV  CERVEAV.  387 

&  honorer  la  mémoire  de  ceux  qui  premiè¬ 
rement  l’ont  inuenté  &  introduit  (on  vfage 
en  la  republique  de  médecine  :  finonnos  in- 
fenfez  Cenfeurs,  &  que  ceux  qui  feront  au¬ 
trement  foient  auffi  pleins  de  malice  ? 

Mais  retournons  à  noftre  proposé  pour- 
fuiuons  l’examen  des  remedes  de  noftre  vi¬ 
triol  improuuez  par  tels  Cenfeurs.  Ils  re- 
iettent  l’tdagc  du  vitriol,  à  caufe  que  fon  cf- 
prit  eft  extrêmement  acide,fon  huile  fort  a- 
cre,&  par  confequent  bruflant  &  cauftique 
à  leur  iugement  :  mais  qu’ils  ayent  vnpeu 
de  patience  y  iufqu’à  ce  que  nous  leur  fa- 
cions  venir  noftre  Antidotaire  Spagyrique: 
dans  lequel  nous  expoferons  la  façon  8c  ma¬ 
niéré  que  nous  touchons  aufli  maintenant, 
comme  en  paflant,  à  fçauoir  de  dulcifier  les 
efprits  &  huiles  du  vitriol,  &  de  les  aualler 
auffi  doucement  fans  mixtion  qu’on  a  ac- 
couftumé  de  prendre  les  fyrops  de  limons  DafcwveS 
ou  d’acidité  de  citron  :  car  nous  y  enfeigne-  ùon  de 
rons  que  cet  huile  fe  peut  rendre  fort  doux  l'*fp*>*  ^ 
&  potable  par  digeftion  (  qui  addoucit  &  vltrloi‘ 
contempere  toutes  chofes)  oufimplement, 
ou  aaeedbn  propre  phlegme,  ou  auec  efprit 
de  vin  &  par  circulation,  ou  auec  huile  de 
tartre,encores  qu’il  foit  acre  8c  ioint  à  l’hui¬ 
le  acre  du  vitriol  :  Et  combien  que  cela  fem= 
bie  incroyable  à  nos  Cenfeurs,nous  le  pou¬ 
vons  demonftrer  8c  vérifier  par  certaine  ex¬ 
périence  toutes  &quantes  fois  qu’on  vou¬ 
dra,  afin  qu’ils  apprenent  de -là  à  eftre  fages* 

B  b  ij 


388  DES  MALADIES, 

ou  à  garderie  filence. 

Or  pour  mettre  en  euidence  les  grands  & 
principaux  remedes  qu’on  extrait  duvitriol, 
nous  commencerons  par  l'efprit  de  vitriol 
verd  que  tous  les  Hermétiques  tiennent  fur 
tou*  autres  remedes  pour  vn  fpecifîqué 
propre  aux  epilepfies  :  lequel  fe  fait  en  celle, 
manière, 

Extrd-  Brene^d’ excellent  vitriol,  fit  de  Hongrie, fit  po- 

fiionde  niain, autant  qnil  vous  plaira,&r  en  tiresje  phlegme 
*  a  tunt  eïtie  ^es  eJfïlts  commencent  à Jortir par  du 

lïecjk  *“  finht4m,jders  on  ofiera  le  récipient  pour  luy  en fuhfii- 
v  ordure.  Mer  vn  autre  recent ,  dans  lequel pajfer ont  tous  lesef 
prits  :  cela  efiant  fait,  vous  prendrez^duvitriol nou- 
ueau,.gr  de  rechef  en  .extrairez,  feparement  lephle- 
gme  les  éfpnts,que  mettrez)-  part,  vous  aurezjdeu 

prendre  <£r  difiiller  autant  de  vitriol  que  requerra  la 
quantité  duphlegme,  &:  des  efprits  que  defrezjtuoir, 
défi  a  fiauoir  deux  hures  de  l 'vn  &  l'autre,  oumefl 
me  d’auantage. 

.*  Dedans  leqhlegme  on.macerera  par  quatre  ou  cinq 

saurs  au  Bam  Maritales femences  de  mille  pertuis 
de peuome,  leguy  de  chefne,les fleurs  de  muguet, tillet, 
fiulcy,rofmarin,millepertnis,  &  lés  raclures  d’ymire , 
de  corne  de  cerf£r  de  crâne  humain,  le  tout  en  fiffi- 
fante  quantité,  dont  en  apres fit  faite  expefum,  la¬ 
quelle  on  difiiller  a,  ^AbhreiiHcz^decefie  difiidafwn 
trois  ou  quatre  hures  devitnol  de  Hongrie  récent,  & 
les  difiilez,  par  quatre  on  cinq  fois  au  Bain  Marie 
bouillant ,  ver fant  a  chaque  fois  la  liqueur  fur les  fè¬ 
ces,  afin  que  par  ce  moyen  le  corps,  du  vitriol  s  opure 
mieux  :  a  quoy finalement  vous  adioufierez*  l’eJfd 


f 


»v  Cerviav^  389 

^dUreiyëfèrué,  pofimt  le  tout  enfèmble  dansvn  ma- 
x  trdi  capable  a  Juffifance,  ayant  de  longs  tuyaux  de 
verre  ,  /’ extrémité  du  dernier  defquels  foit  eflargic 
corne  vn  entonnoir, fur  laquelle  vous  adapter ezj’alem- 
bic,<£r1?yiomdrezJ>ien ferme,  colloquant  puis  apres  le 
vaijféau  dans  le  Bain  Marie  bouillant  :  fïinji  pour- 
ueu  quon  opéré  bien ,  le fèul  efjmt fort  ira  auec fa  ver¬ 
dure,  JîJiibt  il  pénétrant  qu  il  égaler a  enpuijfance 
l'efprit  du  vin.  Qui  prendra  quinze  ou  vingt 
gouttes  d’iceluy  feul,  trouuera  que  c’eft  vn 
-reraede  tres-feur  aux  epilepfies , Toit  pour 
repouficr  l’afiaut  epileptique  ,  Toit  pour 
l’empefcher  de  venir,  eftant  adminiftré  fé¬ 
lon  la  maniéré  d’en  vfer  qui  fera  enfeignée. 

Si  duphlegme  imprégné  de  remedes ante- 
pileptiques ,  comme  defiiis  onabbreuue(au 
lieu  de  vitriol  de  Hongrie)  le  vitriolde  Ve¬ 
nus  ainfi  qu’en  la  derniere  operation,  alors 
ceTera  vnremede  beaucoup  plus  excellent 
à  penfer  toutes  epilepfies  :  duquel  fe  faudra 
feruir  Pefpace  d  vn  mois  apres  le  paroxyf- 
•me,  ou  mefme  iufqu’àla  fin  d’iccfle  mala¬ 
die  :  Sa  dofe  fera  de  douze  ou  quinze  gout¬ 
tes  auec  quelque  eau  theriacale,  propre  & 
fpecifique  à  celle  maladie,  ou  dans  Quelque 
autre  aufli  conuenablc:. 

On  doit  icy  noter,  que  fi  l’efprit  paraient 
iufqu’au  centre  ou  minière  du  mal,  le  paro- 
xyfme  qui  pourra  furuenir  fera  beaucoup 
moins  violent,  &  deuiendra  iournellement 
plus  facile:  de  forte  que  la  force  de  la  mala¬ 
die  commençant  deflors  à  diminuer  &  cef- 
B  b  iij 


|90  DES  MALADIES 

fer ,8c  là  fanté  à  pleinement  reuenir,  le  tna- 

lade  ne  fentira  plus  finon  quelques  tourne- 
mens  de  tefte,  mais  fans  conuulfions,  ny 
cheute,  &  mefme  fans  efeume  ny  priuation 
de  iugement  &  d’entendement  :  lequel  ver¬ 
tige  viendra  finalement  à  s’euanoiiir  du 
tout,  eftant  accompagné  de  quelque  doux 
fommeil.  Nonobftant  quoy  la  cure  ne  doit 
eftre  difeontinuée  iuiqu’à  ce  que  la  fanté 
foit  parfaitement  reftablie:  mais  au  com¬ 
mencement  de  la  guerifon,  le  malade  vfera 
de  purgations  fpecifiques,&  tiendra  vn ré¬ 
gime  de  viure  çonucnable  >  ainfi  que  nous 
dirons  en  bref. 

S  il  efehet  que  les  epilepfies  foient  hyfte¬ 
riques ,  accompagnées  de  fuffocations  de 
matrice,  on  adjouftera  à  lefprit  devitriolia 
teinture  des  grains  dade  ou  de  fuzeau  bien 
-  meurs  extraide  chymiquement  :  efqü'élles 
maux  hyfteriques ,  afin  que  le  tout  fuccede 
-mieux,  principalement  fi  nous  auons  affaire 
a  des  femmes  fort  riches  &  de  grande  au- 
thorité,  en  lieu  du  vitriol  deVenus  ,  il  fau¬ 
dra  fur  tout  employer  celuy  de  Iupiter  :  les 
feules  fleurs  ou  fel  duquel  font  vntrés-fou- 
dain ,  tres-feur  &  fpecifique  remede  àtou- 
tes  fuffocations  &  epilepfies  hyfteriques. 

S’enfuit  vn  autre  puiflant  remede  tiré  du 
vitriol  ,  que  nous  appelions  teindure  ,1e* 

Tenture  n°fl:re  defcription,  Prenez^,  fi  fa' 

de  vttttîi.  refe Peut  ’  vitriol  Cyprien  ,  m  au  defaut  d’iceluj, 
'  de  celuy  de  Hongrie  bien  vsrd  ,  non  de  couleur  blm 


Dv  cïrvïav,  35>ï 

(  tel  qu’efi  celuy  d’Allemagne )  autant  que  Ion  vous 
fimblera.  Car  fi  on  employé  d’autre  vitriol,  l’opera¬ 
tion  que  noua  attendons  ne Juccedera,  querarement 
à  grand  peine  :  qu’on  en  tire  à feu  de  cendres par  l’a- 
lembic  tout  le  phlegme  Çrl’efirit  qui  s‘ en pourra  ex¬ 
traire  ,  gr  qu  on  recueille  leur  grande  quantité  furie 
colchotar  refiant  au fond,  <cr  réduit  en  poudre  verfiz^ 
autant  de  ce phlegme  qu’il  en  faudra  pour  le fumager 
de  la  hauteur  de  quatre  doigts.  Pour  les  faire  rajfeoir 
ils  feront  expofizjjuelques  iours  a  la  froidure  de  l’ air, 
HA  remuezvne foison  deux  par  chacun  tour,  infqua 
tant  que  la  teinBure  fin  imprégnée  de  la  verdure  du 
:  vitriol  qui  enfiut  latres-beue  couleur  de  l’efineraude , 
ce  qui  aduiendrapour  certain,  moyennant  qu  on  pr en- 
ne  de  bon  vitriol.  Nous  feparerons  doucement  par  in¬ 
clination  ce  fie  teinture  verte  ,  afin  de  ne  rien  troubler 
&  ver  ferons  encor  es  de  nouüe au  phlegme fur  les fefiès, 
qui  extraira  aufisi  vne  temBure  cr  couleur  nouuelle. 
Que  fi  le  phlegme  vient  a  défaillir  auant  que  la  tein- 
Bure  fioit  pleinement  Çr  parfaiBement  extraiBe  du 
colchotar,  on  le  fiparer  a  des  premières  teinBure  s  jd 
extraiBes par  dijhltation  iufqna  confifience  de  miel  : 
Apres  qmy  refieront  au  fond  des  cryfiaux  fléaux 
Cr  tranfiarens  qu’ils  égalent  les  efineraudes  en 
beauté,  lefquels  je  deuront  garder  feparément  ;  Mais 
ce  phlegme  difiillé fera  reu  erféfiir  les  feffes  ,pourefire 
derechef  imprégné  de  cefie  verdure  efmeraudine  :  Ce 
qu  onreitter a  tant  de  fois  en  me  fine  maniéré  ,  qn  au¬ 
cune  verdure  ne  s’en  pui fie  plus  extraire.  Ve 
telle  verdure  finaragdine ,  il  conuiendra  fiparer 
le  phlegme  (qu’onrefiruera  toùfioûrs )  par  dijhllatton 
mfqu  'a  vne  confifience  de  miel ,  laquelle  expofee  en 

B  b  iiij 


3$>*  »E.S  maladies 

lie»  froid ,  produira  des  cryfi'aux  fimblables  a  efm \ 
raides  qu'on  toindra  gr  méfiera  atj.ec  lesprecedens. 

Mais  pour  en  auoir  fuffifante  quantité,  au  corn- 
.  mencement  de  Vœrnre  on  aura  dm  difiiller  par 
dîner  s  alembics  douze  ou  quinze  hures  de  vitriol. 

\yCyant  recueilly  quatre  ou  cinq  liures  de  ces  cry- 
fiaux,  &  iaeuxtr es- acides  3  on y  adioufiera  d'excek 
lentefprit  de  vin  gr  circuler a-on  le  toutjedansvn 
Pellican  bouché  hermétiquement  afin  quehenne  s  en 
expire  ,  puis  l' offrit  de  vmfera  difhllé  a feu graduel 
dans  vn  alembic  planté  dedans  du  fable,  ^presduoy 
le  coichotar  encorés  imbu  de  fin  huile  rouge  gr  pefian- 
îedemeurera  au  fond  :  auquel  coichotar  broyé  &  défia 
colloqué  envne  cornue  ou  retorte  bien  cnir-ajfée,  on  ver- 
fer  a  de  l'effrit  de  vitriol  méfié  aucceffrit  devins  le 
feu.fi  donnera  par  degrez^  l’efface  de  quatre  tours,  tek 
lementquen  fin  il  fait  fi  accreu  que  tout  l'huile  rouge 
Çr  fort  exquis,  forte  auec  lefidits  offrit  s.  :  duquel  vous 
feparerez,  au  bain  Marie  par  les  cendres  première¬ 
ment  l’eff  rit  devin,  puis  le fien propre  ,  de  façon  que 
l’huile  refie  au  fond  doux-acide  gr  fort  fauoureux, 
aufii  rouge  que  fang  ,gr  de  vertus  admirables  contre 
toutes  maladies  qui  ont  leur  fiege  en  vne  maùere 
çrajfe. 

Pour  redune  cet  huile  en  magifiere,  gr  en  faire  vn- 
grand  remede  epilepfique  3  on  le  méfiera  auec  fan, pro-- 
pire  effnt  vitriolé  qui  a  eflé extraicl  auparanant  gr 
circuler  a-on  le  tout  dedans  vn  Pellican  par  quelques 
tours  ,  dont  refùltera  vn  médicament  doux  gr  fit 
agréable,  qù on  ne pourra  iamais  afiez^efiimer.  con¬ 
tre  les  epilèpfies  gr  autres  maladies  afirales  ;  Princk. 
paiement-  fi  om  adiofite  de  l'or  calciné philofipbifiÇ- 


BV  CE  HVEAV.  3?y 

ment  &  refont  par  parfaite  filution  philofiphfiuc»  -  t 
La  dofe  fera  feulement  vneoudeux  gout¬ 
tes,  non  plus,  auec  eau  conuenable. 

À  vray  dire  cefte  Medecine  eft  d’vne  ver-  •  ' 
tu  &  energie  fi  grande  qu’elle  fubuient,non 
feulement  aux  epilepfies  ,  mais  auffi  aux 
apoplexies,  paralyfie ,  vertige ,  manie  ,  ex- 
ftafe,  fyncopes  ou  défaillance  de  cœur, à 
l’imbécillité  d’eftomac,  cachexie,  hydropi- 
fie,  au  calcul ,  &  à  toutes  maladies  hyfteri- 
quës.  Or  pour  faire  de  cefte  teinéture  vu 
Elixir  &:  pierre,  où  Medecine  vniuerlelle 
pour  la  fauté  &  purification  de  tous  corps 
faut  fuiure  la  méthode  &  maniéré  d’operer 
par  moy  j  a  deferite  en  mon  t  rai  dé  delà  ma¬ 
tière  Medecinale  des  anciens  Philofophes, 

&c.  comme  auffi  en  la  refponfe  qu’auons 
faite  à  vn  Cenfeur  Anonyme  :  lequel  abieri 
ofé  impugner  8c  reprendre  yiuement  ce 
dont  il  auoit  moins  de  cognoiffance»  ,  Elixir  it 
cpffin  donc  que  nom  faaons  de  la  ieinShire Jufdite  v  trw^ 
vn  Elixir ,  pierre  ou  medecme  vmuerfelle:  de  vitriol^ 
il  cènuiendrà  vfir  de  ta  méthode  fumante  :  la  teftè 
morte  refée  an  fond  apres  I4  fiparation  del'efnt  Cr 
de  ï huile  , fera  calcinée  a  feu  du  reuerber.e  d‘ ,j£th a- 
nor ,  pour  en  extraire  le  fil  auec  fin  propre  phlegme  : 
on  dépurera  ledit  fil  a  perfetlionpar  diuerfis (blutions., 
filtrations  coagulations  réitérées ,  auquel  vous  ad- 

toufi erez „  (  en  deue proportion  ,  &  par  mefure phdofb- 
phtqüe)  Ve  frit  de  vitriol  quaurezje fermé ,  tant  gu  il 
filmage,  de  deux  doigts ,  faites-le  digerer  O ”  dtfiller 
y  àdioufantée  nmnel  éfirif ,  epr?  rc itérant  tout  cet 


594  „  DES  maladies 

œtinre  iufquk  ce  que  la  partie  du  volatil  Jurpajfe  cel¬ 
le  du  fixe,  cr  que  par  voye  de fublimationle  fl Jufdit 
fe  ptufie  exalter  en  aigle  celefle  ,  plus  claire  tranf- 

parente  que  tout  tailler  perle .  <A, lors  incorpore^bien 
pafiujle  gr  philojophique  mejure  ou  poids,  ce  fil  ar- 
momac  ou  mer curial  attec  fa  propre  code  fdphuree: 
Et  finalement  apres  les  auoir  conjointes  tous  trots  en 
vn,faites-les  cuire  au  four  fecret  notoire  aux  vrais 
philofophes,  par  xmtemps  prefix  çr  fuffifant,iuf.. 
qua  ce  qu  on  les  voie  parf utilement  vms,  que  tou¬ 

tes  les  couleurs  varient,  O"  qu  en  fin  celle  de  pourpre 
les  farpajfe toutes  en  apparence  :  Ainfi  fera-on  vn 
EÏixir,  pierre  ou  medecine  vniuerfelle,  flui¬ 
de,  fort  pénétrante  &  permanente  :  Etvne 
vra.y  Salamandre  fixe  ,  qui  ne  peut  eftre 
vaincue  par  aucuns  degrez  de  feu ,  &  dont 
vnfeul  grain  pourra  mefme  fuffire  à  guérir 
les  plus  defefjperées  maladies  du  corps  hu¬ 
main. 

Ceux  qui  par  tel  foudre  &  feu  Celefte,fça- 
uent  bien  fulminer ,  incinerer,  philofophi- 
quement  &  vrayement  calciner  l’or ,  &  en¬ 
cor  es  que  ce  foit  vn  corps  tres-fixè  8c  bien 
aflemblé  ou  conjoint  )  le  réduire  en  fa  pre¬ 
mière  fubftance,racine  &  elemens  (laquel¬ 
le  redu&ion  ne  fe  parfait  auec  moins  de  la¬ 
beur  &  d’induftrie  que  fa  génération)  par 
celle  fulmination  &  fermentation  verront 
de  grandes  merueilles,  comme  ceux  qui  par 
ce  moyen  peuuent  douer  l’or  qui  cft  com¬ 
me  mort  &  inutile ,  de  vertus  vitales  3  8càc 
végétation  tres-efficacieufe  ,  &  en  fahc 


d  V  cerviav.  595 

ehofes  plus  grandes  qu’on  ne  fçauroit  dire 
ouefcrire. 

Celle  reduâ:ion(ainli  que  Paracelfeef-  P utref&i 
cric  en  quelque  lieu  )  fe  fait  parputrefa-  &,ea- 
étion  qui  réduit  toutes  chofes  es  racines 
dont  elles  font  engendrées  Sc  procrées:T el* 
lement  que  ce  qui  eft  de  terre,  dans  certain 
temps  retourne  en  terre}  ce  qui  eft  d’eaü  re¬ 
tourne  en  eau ,  &  ainli  des  autres  Elemens. 

T  elle  putréfaction  ne  fe  fait  linon  par  hu¬ 
midité  où  elle  confifte  &  opéré,  &  par  cha¬ 
leur  ou  corrolif  qu’elle  a  de  foy  ou  d’ail- 
lieurs.  Ainfila  corrofiô  corrompt  la  femcn- 
ce  au  champ  &  lamene  à  parfaite  putréfa¬ 
ction,  pénétrant  par  tout  fon  corps  &  l’oc¬ 
cupant  &  diflToudant.Pour  à  quoy  paruenir, 
faudra  mettre  en  aétion  ledit  corrolif,  &  ce 
par  la  feule  chaleur  qui  luy  eft  naturelle. 

De  mefme  le  fient  qui  n’eft  linon  le  feldes 
excremens  refoutes  eftables  ,rend  la  terre 
falée  &  chaude ,  par  laquelle  faulmure  & 
chaleur  les  feméces  fe  diftoudent ,  corrôm- 

Î>cnt&  font  animées  à  putrefa&ion  ,  apres  Hjtgtnt- 
aquelle  vient  la  régénération  &  multipîi- 
cation  de  l’efpece. 

Le  fel  de  telle  nature  (  comme  il  appert 
par  la  calcination  )  fe  voit  appertement  en, 
toutes  chofes  quelconques  :  demeurant 
mefme  ez  eaux  infipides,quoy  qu’inuifible-  . 

ment.  Mais  il  paroift  fur  tout  au  vitriol, 
comme  en  fon  premier  fubieCt,  lequelfe 
pouuant  tirer  de  tous  metaux,aulfi  tous  me- 


tfÇ  E  E  S  MAIAD  ris 

taux  fe  reduifent  en  iceluy,  comme  nous  ai 

upns  dit  ailleurs  :1a  maniéré  de  celle  redu- 
dion  à  fçauoir  de  tous  métaux  en  vitriol, 
fera  par  nous  enfeignée  ennoftre  Antido- 
taire  fpagirique:  De-là  vient  qu’on  extrait 
dudit  vitriol  tant  de  remedes  fi  finguliers 
qui  duifent  à  plufieurs  effeds -,  car  ïes'viis 
feruent  à  la  coagulation  des  efprits,  les  au¬ 
tres^  à  la  folution  des  corps,  les  autres  con- 
uierinent  à  d’autres  operations, car  le  vitriol 
eft  le  Lion  verd  de  Riplæus,  les  merueilleu- 
fes  forces  duquel  rie  fe  peuuent  affez  dé¬ 
nombrer. ny  p r ifer , mais  nos  Cenfeurs  neles 
p,euuent  comprendre,  ne  plus  ne  moins  que 
s’ils  efloient  du  tout  priués  d’yeux  &  d’oreil- 
Iqs  :  leur  efprit  eft  trop  ftupide  &  brutal 
pour  pouuoir  entendre  les  myfteres  que 
nous  enfeignons  touchant  le  vitriol  :  Pour¬ 
tant  aufii  ne  leur  prefente-j  e  pas  ces  perles, 
mais  aux  efprits  mieux  polis  &  plus  fubtils, 
qui  feront  mieux  leur  profit  de  nos  ef- 
crits.  Que  telles  gens  s’efmerueillent  feule¬ 
ment  auec  leur  Galien,  comment  il  fepeut 
faire  qu’au  vitriol  y  ait  vne  fi  grande  cha¬ 
leur  conioinde  à  vne  adftridion  fi  forte, 
veu  que  ce  myftere  furpafle  les  reigles  de  ' 
ces  D odeurs'.  Âiguifez.donc  vos  efprits, 
fubtils  Genfeurs,  &.  cherchez  les  caufesde 
tant  de  vertus  fi  grandes '&  fi  diuerfes  ail¬ 
leurs  qu’en  Galien  qui  les  a' obmifes:  &fi 
vous  voulez  deuenir  fages,foyez  ftudieux 
des  préparations  remedes  tant  admira- 


©  V  CERVEAV.'  $97 

blés  que  nous  auons  produits  du  vitriol,  par 
fa  viue  anatomie,  laifTans  ces  difcours  pro- 
près  aux  idiots,  touchant  la  vertu  qu’il  a  ds 
confire  &  conferuer  les  chairs. 


Chap.  XXXI. 

De  l'antimoine, 

L’Enuie,  obftination ,  rage ,  ou  pluftoft  la 
groffiere  &  ftupide  ignorance  de  nos 
eenfeurs  ,  lefquels  fe  dele&ent  à  babiller 
mal  à  propos  de  chofes  à  eux  incogneuës  ôc 
-qui  fe  veautrent  &  endormifient  volontiers 
-en  leur  ignorance,  ne  defpoüillans  pas  faci¬ 
lement  leur  vieille  peau,  pour  fe  reueftir  de 
quelque  meilleure  chofe  nouuelle  ,  mais 
eftans  fi  arrogans  qu’ils  euidéttout  Içauoir, 
&  maintiennent  qu’on  ne  peut  rien  adjou- 
fter  aux  efcrits  des  Anciens  ,  ny-  en  rien 
ofter  :  comme  fi  la  Medecine  eftoit  parue- 
nuë  au  fupreme  degré  defaperfe<5fcion:i’ôu- 
trecuidance  &  opiniaftreté  dif-je  de  telles 
gens,  m’a  donné  occafion  de  prolonger  ce 
rraiéfcé  quant  à  la  dilfeârion  du  vitriol  en  di- 
nerfes  parties  ;  afin  de  monftrer  combien 
•grande  eft  1’vtüité  8c  neceflité  de  cet  indi¬ 
vidu  minerai  incogneu  aux  Anciens. 

Celamefmenoüs  donneracy-aptes  fujet 
de  difcourir  par  aduenture  encores  plus 
amplement  du  Mercure  &  des  autresme» 


3S>8  des  maladies 
eaux  î  Et  icy  touchant  l'antimoine,  apres  le- 
quel  ils  abbayent  iufquesàen  deuenir  en¬ 
rouez,  le  blafmans  &  rejettans  comme  vn 
poifori  le  plus  pernicieux  de  tous  :  C’eft 

Îiou'rquoy  il  nous  faut  maintenant  réfuter 
eurs  menfonges,  efplucher  leurs  raifons,& 
monftrer  combien  ils  s’efloignent  de  la  ve~ 
rité>  verifians  que  les  diuers  &  mctueilleux 
remedes  extraits  dudit  antimoine,&  deuë= 
ment  appreftez  furpaflent  infiniment  infi¬ 
nis  autres  medicamens  vulgaires  quant  à  la 
cure  de  plufieurs  maladies  fort  defefperées. 
Car  il  eft  doué  de  mille  pr  oprietez  diuerfes 
&  excellentesjcomme  de  préparer,  purger, 
exciter  les  vomiiremes  Ôc  autres  de  tel  gen¬ 
re,  tellement  que  iamais  on  ne  fçauroit  afr 
fez  dignement  louer  ce  remede.  Pour  le¬ 
quel  defendre,  Matthiole,come  défia  nous 
auons  dit ,  n’a  pas  inue&iué  fans  raifon  à 
l’encontre  de  tels  Médecins  ignorans  & 
opiniaftres  :  Il  l  a  auffi  en  fi  grande  eftime 
qu’il  l'appelle  main  de  Dieu ,  comme  fi  c’e- 
ftoit  vn  remede  enuoy  é  du  Ciel ,  contre  les 
plus  grieües  langueurs  des  hommes. 

Or  voyons  premièrement  ce  que  les  An¬ 
ciens  ont  eferit  de  cetindiuidu  métallique, 
&  auec  quelle  raifon  ces  nouueaux  Cen- 
feurs  le  mettent  au  rang  des  venins  :  Confi- 
deronsauffi  de  quelles  facultez*  les  Anciens 
ont  dit  qu’il  eftoit  doué ,  quelles  prépara- 
rations,  quel  vfage  ôc  application  ils  en  ont 
admis ,  afin  que  tous  Lcd  eurs  équitables  &C 


©V  C1R.VE  A  V*. 

iudicieux  remarquent  à  l’œil  combien  l’a¬ 
natomie  externe  de  ce  medicamêt  cogneuc 
des  Anciens  par  fa  feule  efcorce ,  eft  impar¬ 
faite  &  du  tout  inutile,  voire  nulle  ,auprix 
de  l’interieur  que  les  vrais  Médecins  nous 
ont  enfeignée. 

Diofcoride  liu.  5.  chap.  59.  .ayant  parlé 
de  l’eflite  &  bonté  de  l’antimoine,  adjoufté 
ces  paroles  :  Quant  aux  faculté z.  C2-  propriété^  chant  ' 
â’iceluy  ,  il  a  vne  vertu  d’aflreindre  &  boupher  les  l'Anû - 
porcs  ou pajjages  du  corps ,  de  rafraifehir  ,  de  conpt^tauineç 
mer  les  excmjfances  de  chair ,  de  reprrerles  cicatrices 
Cr  de  mondifierles  vlceres  £r  ordures  des  yeux.  Sur 
la  fin  il  touche  la  préparation  du  remede  , 
cTou  Oribafe  entre  les  Anciens  Grecs  l’a 
empruntée  &  tranferite  en  fon  œuure  de 
Medeçine,  liu.  14.  de  fesColled:.  Onhrujle 
V antimoine,  dit-il ,  emironné  enduit  £ vne  crou- 

fle  de farine  couuert  de  charbons  ,  ïujqua  ce  que 

ladite  croufle foit  redmte  en  charbons,  ftpres  l’auotr  * 
eflé  du feu ,  onl'efieint  aueclelaicl  d’ vne  femme  qui 
a  enfant évnmafle  ,ouauecdu  vin  vieil.  ^tufsi  U 
Irtijle-on  a  feu  de  charbons  embrafez^par  fouffement, 
iufqua  ce  quil  foit  enflammé,  car  s'il  efl  tant  foit 
peu  brujlé  d'auantage,  ilfè  conuertit  en  plomb.  On  le 
laue  comme  la  cadmie  Cri’ airain  ,  aucuns  le  lanent 
comme  l’efcume  d’airain. 

Voila  leur  belle  préparation  ,  laquelle 
peut  donner  fuj  et  de  rire,  non  feulement  à 
tnoy ,  mais  à  plufieurs  autres  :  neantmoins 
par  ma  refponfe  ,  j’exeufe  l’antiquité  qui 
nous  a  candidement  departy  ce  qu’elle  £ça« 


400  :  des  maladies 

«oit  ,  rie  polluant  paffer  plus  outre. 

Pour  le  regard  de  ceux  qui  eftiment  que 
l'antimoine  Te  peut  fondre  &  changer  en 
plomb,  ils  tefmoignent  affez  qu'ils  font  peu 
verfez  es  matières  métalliques.  Iceux  ont 
bien  peu  obferuer  que  par  violente  calci¬ 
nation  &  ignition,quelque  portion  de  l’an¬ 
timoine  fe  conuertit  en  régulé  qui  reffem- 
ble  bien  a  vn  metail  >  mais  toutesfois  n’eft 
pas  plomb,  veu  qu’il  eft  fragile,fê  peut  ré¬ 
duire  en  poudre,&  a  vne  nature  ôc  proprié¬ 
té  fort  differente  de  celle  du  plomb: mais  en 
Cela  comme  au  refte,  ils  méritent  d’eftre  pa¬ 
reillement  exeufez. 

Galien  au  9. des  facultez  des  fimples  me- 
dicamens  ,  efcriuant apres  Diofcoride  tou¬ 
chant  l’antimoine ,  fait  quelque  mention 
de  fes  facultez  :  l!  antimoine ,  dit-il  -,.avnead- 
pnBioh pinte  k  vne  faculté,  defccatihe  :  a  raifon  de - 
fuojonlemefe  es  medeanes  pour  les  jeux,  a  fçamir 
tant  en  celles  put  fe forment  ex  collyres ,  quon  appelle 
f nesfiiches ,  lejquelles  on  nomme  proprement  collyres 
Jeiches. 

'  Paul  Æginetaliu.7.  delaMedecine,Ori- 
.  bafeliureij,  de  fes  Colleét.  Ætius  tetra,  1. 
fer.  2.  chap.  72.  fuiuent  la  feule  opinion  & 
prefque  les  propres  paroles  de  Galien  tou¬ 
chant  la  faculté  de  l’antimoine. 

Aétuariusliu,  6.  de  fa  Méthode  curatiue  ÿ 
en  eferit  ce  qui  s’enfuit. 

Pour  1‘  antimoine ,  qu'on  appelle  n  epant  point  Une, 
il  Jlmble  ajigir  vne  vertu  âdflringente  :  Mais  eflant ■ 


BV  CERVEAV.  401 

loue  y  elle  eft  tellement  refrnmée^ri  il  ri  a prefÿue  fluf 
aucune  moreUcité. 

Voila-  ce  que  les  Anciens  ont  eferit  tou¬ 
chant  lès  facultez  de  l'antimoine ,  dont  on 
né  peut  inferer  que  ce  foit  vn  médicament 
veneneux  ,  ou  colloqué  entre  les  perni¬ 
cieux  ,  comme  nos  cenfeur s  fe  perfuadent 
fauftement  &  fans  raifon  :  veu  que  les  An¬ 
ciens  luy  attribuent  pluitoft  vne  faculté  ad- 
ftringente  que  corrofiue. 

Ét  combien  que  Diofcoride  mette  au. 
rang  des  poifons  lé  falpetre  ,  8c  la  pierre 
d’azur ,  leur  vfage  fe  pratique  neantmoins 
en  Medecine ,  à  fçauoir  de  lapierre-d’azur 
pour  purger  l’humeur  melancholique  :  tel* 
moin  les  pilules  appellees  de  fon  nom  : 
mais  du  falpetre  afin  de  prouoquer  &  eua- 
cuer  les  mois  des  femmes ,  faciliter  f  enfan¬ 
tement,  chaffer  les  arriere-faix  &  pour  plu- 
fieurs  autres  maladies ,  e liant  priie  mefme 
par  dedans. 

Si  tels  remedes  qu’on  trouue  beaucoup 
plus  acres  font  admis  en  la  pratique  de  Me¬ 
decine  ,  fera-il  raifonnable  d’en  forclorre 
l’antimoine  ?  Que  fi  quelqu’vn  vient  à  ex¬ 
cepter  ,  qu’il  caufe  de  grands  &  laborieux 
vomifiemens ,  mefme  quand  il  eft  transfor¬ 
mé  en  verre  :  la  refponfe  eft  facile  :  à  fça¬ 
uoir  qu’vn  tel  Cenfeur  fait  vne  grande  inju¬ 
re  aux  Anciens  ,les  accufant  d’ignorance , 
&  monftrant  qu'ils  ont  eu  faute  de  fçauoir  ; 
car  iceuxné  cognoifians  pas  qu’il  aupit  vne 


Olifftiso 

Rtfpenfi} 


40i  »*■*■  waladies 

vertü  vomitûie  &  purgatiue,ont  tous  affcr» 
me  qu’il  efioit  doüé  d’vnc  facultécontrai- 
rc,  c’eft  à  dire  adftringente,  merme  àuant  la 
préparation  ou  lauement  par  lequel  3  ainfi 
que  croit  Aduarius  au  lieu  fuf-allegués  elle 
fe  reftreint  tellement  que  Ton  acrimonie 
mordicante  en  efl:  prefque  anéantie. 

Auffi  n  accorderay-je  pas  volontiers  que 
ce  foit  vn  remede  8c  poifon  fi  dangereux 
pour  exciter  le  vomiiTement,  car  qui  a  il 
de  plus  pernicieux  pour  engendrer  de  griefs 
fymptomes  que  les  hellébores,  &  principa¬ 
lement  le  blancîEt  neantmoins  les  Anciens 
ont  mefme  pris  ledit  hellebore  blanc(com- 
me  nous  auons  monftré  cy-deiTus  )  afin  de 
s’en  feruir  en  Medecine ,  8c  l’ont  adminiftré 
pour  vnfpecificjue  remede  dés  Epilcpfies. 

Le  mefme  fe  peut  dire  touchant  latapfie, 
l’elatere  s  le  pain  de  pourceau  ou  cyclame, 
les  tithymalles  8c  autres  tels  medicamens 
faifans  vomir  mefme  auec  grade  perturba¬ 
tion  lefquels  ne  font  toutesfois  exclus  de 
plufieurs  Eleduaircs  purgatifs  compofez 
qui  fubuiennent  à  diuerfes  maladies. 

Quoy  qu’il  en  foit ,  Diofcoride  8c  les  An¬ 
ciens  ont  excepté  l’antimoine  du  rang  des 
medicamens  veneneux  8c  ne  l’ont  pas  rap¬ 
porté  au  nombre  des  poifons  ,  comme  la 
.tapfie ,  l’hellebore  8c  autres  femblables  , 
dont  i’ay  fait  mention:  defquels  s’ils  ont  ad¬ 
mis  l’vfage  en  Medecine ,  à  beaucoup  plus 
forte  raifon  y  pourra-on  employer  l’anti- 


CV  C1RVEAV*  40$ 

moine  ,  duquel  nous  ferons  incontinent  la 
difleàioh.  , 

Nous  enfeignerons  les  parties  de  fon  ana- 
tomie  bien  autres  qu’on  n’a  fait  iufques  icÿ, 
&laiflansl’efcorcenouscxpoferonsfâ.tres- 
douce  moüelle  &  fes  entrailles:ce  que  nous 
accomplirons  par  préparations  chymiqufes* 
ne  nous  arreftans  nullement  à  ce  feul  verre, 
caufant  des  vomiffemens  fafcheux  &  en¬ 
nuyeux,  quoy  qu’aucuns  nouueaüx  empy- 
riques  Payent  en  eftime  :  Mais  nous  addort- 
nans  à  mille  belles  préparations  &  remedes  B™*** 
bien  excellens  qui  fe  rapportent  à  diuerfes 
iudications  curatiues  ,  voire  quiconüien-^,,,^ 
ncnt  fort  proprement  à  toutes  maladies  en  meme, 
general,  &  pouruoient à  celles  qui  font  à 
venir,eftans  propres  à  entretenir &con£er- 
üer  la  vie,tellement  que  nous  en  defcrirons 
êc  enfeignerons  vne  vraye  Panacée  oure- 
mede  emcacieuxà  toutes .fortes  de  cures. 

Item,  vn  Antidote  Panchrefte ,  duifant  à 
plusieurs  maladies. 

Item,  vn  Antidote  Pantagogue,  propre  à 
chalfer  &  euacucr  toutes  humeurs  :  vn  An¬ 
tidote  Theodorete ,  ou  conférant  vn  benet 
fice  diuin. 

Item,  vn  Antidote  Zoephile, à caufe de 
fon  admirable  vertuà  conferuer  la  vie. 

Item,  vn  Antidote  Soterion,ourêmede 
falutaire. 

Item,  yn  Antidote  Lyfipyreton,appaifant 
&  efteignant  toutes  Heures  ardentes. 

C  c  ij 


4©  4  O  E  S  H  A  ladies 

Itéra  ,  vn  Antidote  Théodoton ,  remede 
donné  de  Dieu. 

Item,  vn  Antidote  Theopempton, reme¬ 
de  enuoyé  de  Dieu. 

Item,  vn  Antidote  Panæreton,  ou  doiié 
detoutes  vertus. 

Item,  vnPolychrefte  ,  médicament  pro¬ 
pre  à  plufieurs  effets. 

Item,  vn  Ifocryfe ,  c’eft  à  dire  vn  remede 
qu’on  peut  comparer  à  l’or. 

Item,  vn  Lyfipone,  ou  anodin  diaphore- 
tiqueoftant  ia  douleur  :  Et  plufieurs  autres 
fortes  de  tels  antidotes  &  remedes  exquis, 
non  compofez  de  diüers  ingrediens  3  mais 
prisdu  feul  Antimoinedefquelstoutesfois, 
quoy  que  tirez  dVnfeul  ingr  edient/urpaf- 
fent  de  beaucoup  en  vertus  ceux  que  Nico¬ 
las  My  reps  a  recueilly  d’entre  les  fleurs  des 
Anciens,difpofé  &  deferit  par  ordre  en  Ton 
liure  des  Antidotes,  fe&ion  première:  Pour 
la  loiiange  &  grande  recommandation  def- 
quels,les  Anciens  ont  pris  plaifir  à  les  orner 
de  tels  noms  releuez  &  ampoullez. 

:  Mais  ceux  qui  liront  plus  attentiuements 
&  confidcreront  plus  iudicieufement  de 
quelles  chofes  ils  font  compofez ,  combien 
tout  y  eft  confondu  &  inféré  pefle-mefle 
fans.raifon  :  &  auec  combien  peu  de  iuge- 
mentdes  Anciens  y  ont  introduit  l’opiurft,la- 
mandragore ,  les  pauots ,  le  iufquiame ,  les 
iiellebores,  la  coloquinthe,  l’euphorbe ,  le 
fouphre  8c  autres  femblablss ,  fans  aucune 


BV  C  E  RV  EAV? 

préparation,  ceux-là ,  di-je,  s’ils  ne  font  en- 
rierement  belles  &  aueugles  fe  mocque- 
ront  pluftoft  de  tout  cela  que  d’en  louer  Sc 
approuuer  l’vfage  Sc  compofition. 

Ainfi  la  vérité  fille  du  temps  nous  eft  né cs 
&  acfclarcirentendemét  des  hommes  :  tel¬ 
lement  qu’ils  mefprifent  &  rejettent  du 
tout,  voire  banniftent  de  leurs  boutiques 
toutes  telles  compofitions  qu’on  exclud 
maintenant  des  nouueaux  difpenfaires. 

C’eftoient  neantmoins  les  perles  des  An¬ 
ciens,  Sc  les  plus  odorantes  &  plus  foiiefues 
üeurs  de  leurs  remedes  :  lefquels  n’ont  pas 
mefmc  efpargné  farfenic  ,  ny  oublié  le 
plomb  bruflé ,  ny  qui  plus  eft,  obmis  l’anti¬ 
moine  mefme  tout  crud  &  non  préparé  s 
que  nos  cenfeurs  reprenent  Sc  blaiinent 
auec  tant  de  vehemence. 

Il  eft  temps  que  nous  monftrions  auec 
combien  plus  meur  iugement  les  Herméti¬ 
ques  ,  Sc  principalement  ce  grandChymi- 
queTheophfafte,Paracelfe,ont  expliqué  la 
nature,  l’eflencc  Sc  toutes  les  qualitez  de 
rantimoine,&  l’ont  artificiellement  diflout 
en  toutes  les  parties  :  à  fçauoir  en  fonfel,. 
fouphre  &  mercures ,  comment  aüfli  ils  ont 
enfeigné  des  maniérés  de  le  préparer  bien 
autres  que  les  bruflemens  Sc  lauemens  vpl- 
-gaires  ,  pour  l’approprier  aux  Collyres  fé¬ 
lon  la  couftume  des  Anciens. 

Faut  pareillement  faire  veoir  comme  les 
Hermétiques  ont  remarqué  &  dçfcouuert 
Ce  iij 


4©6  DÊ'S  MAtABîES 

en  iceluy,  d’autres  vertus  plus  excellentes 
Se  d’autres  proprietez  fingulieres  :  Etcom- 
me  au  lieu  des  aftri&ions  imaginaires,  au 
contraire  ils  en  ont  produit  &  tiré  toutes 
fortes  de  vorftiflemens  doux,  modérez,  8c 
beaucoup  plus  feurs  ,  Sc  euacuans  auec 
moins  de  difficulté  que  ceux  quon  prouo-* 
que  par  le  moy  en  des  hellébores  ou  de  l’ai¬ 
rain  bruflé  ,  encores  que  les  Anciens  s’en 
feruifFent  &  les  adminiflrafFent  mefme  aux 
petits  enfans  ,  ainfique  nousauons  ditey- 
deifiis.  Nous  ferons  femblablement  veoir 
qu  en  iceluy  fefont  trouuez  diuersprefer- 
uatifs  admirables,  doux ,  benings  &lafchas 
fans  appétit  de  vomir:  De  forte  qu’en  cet 
efgard  ils  furpafFent  le  catholicon ,  diapbe- 
nic  ,  les  hieres  ,  tripheres,  ele&uaires, in¬ 
diens  majeurs  &  mineurs,  laconfe&iônde 
Hamech&  femblables.  Car  il  confiera  par 
nos  deferiptions  &  expérience ,  que  fi  nous 
employons  l’antimoine  à  la  purgation  du 
Ventre  ,  il  efl  propre  à  repurger  elediüe- 
ment  toutes  humeurs  corrompues  &  veni-* 
meuffes  :  attendu  que  par  fa  vertu  &  faculté 
il  efclarcit  &  purifie  toute  la  mafFe  dufan^  , 
fans  chaleur  exceffiue,  dont  il  efl  priué, 
comme  ainfi  foit  qu’il  efl  ou  infîpide  à  la 
langue,  ou  agréable  au  palais,  &  doux  plu-* 
tofl  qu’autrement  ,  &  veu  qu’il  fait  douce-* 
ment  paroiftre  fes  forces,  contre  la  couflu^ 
me  des  autres  remedes  agiffans  auec  grand# 
*(5^.  - 


BV  CÏRVEAV.  407 

En  outre  nous  enfeignerons  Tes  diuerfes 
préparations ,  8c  fes  excellentes  vertus  dia¬ 
phoniques  qui  produiront  des  effets  plus 
mcrueilleux  que  tous  autres  hydrotiques 
Guajacins,ou  autres  tels  remedes  :  Qui  plus 
eft,  nous  le  changerons  en  plulieurs  autres 
formes  :  à  fçauoir  en  remedes  confortans  & 
preferuatifs  beaucoup  plus  propres  &vtïij^ 
les  pour  entretenir  le  nectar  de  noftrc  vie  , 
corroborer  les  forces  du  corps  &  en  chaffer 
tout  venin  &  maladies  contagieufes,  que 
toutesles  autres  Conférions  d’Alchermcs, 
d’Hyacinthe,  les  Mitridates  &  Thériaques. 
En  fomme  nous  ferons  voir  en  cet  indiuidu 
metallique(encores  que  plulieurs  Cenfeurs 
ignorans  le  rejettent ,  condamnent  8c  déte¬ 
llent  comme  vn  lingulier  poifon  )  vne  mé¬ 
decine  vniuerfelle  qui  fera  la  medecine  des 
médecines,  8c  le  miracle  des  miracles,  ou 
merueille  des  merueilles.  * 

Mais  venons  prefentement  à  la  chofc 
mefme ,  8c  confirmons  la  vérité  de  nos  pro¬ 
pos,  tant  par  mes  propres  expériences,  que 
par  celles  d’autruy  ,  que  nous  auons  em¬ 
pruntées  des  eferits  8c  colloques  de  tous  les 
plus  dodes  Médecins  &  Philofophes  Her¬ 
métiques,  8c  les  emprunterons  ençores  fur 
plulieurs  préparations  &:  remedes  admira¬ 
bles  qui  fe  tirent  de  l’antimoine. 

Riplæus,  Northon  ,  Ilkac  Hoîlandois, 
Rupeciffa ,  Bafile  Valentin  de  l’Ordre  faint 
Bènoift,  8c  entre  tous  autres  Paracelfe,  ont 
C  c  iiij 


408  des  maladies 

collaudé  &  prifé  l’antimoine  fur  tous  auttes 

métaux:  Celui-çy  l’égalant  en  fesArchido- 

xes,  &  liures  de  la  lôgue  vie  ,  &  en  plufieurs 
autres  lieux ,  au  premier  eftre  ou  prime  ma¬ 
dère  de  l’or.l’ayânt  à  merueilles  &  foigneu- 
fement  examiné  en  toutes  fes  parties  ,  & 
n’ayant  rien  en  plus  grande  recommanda¬ 
tion  qu’iceluy  ,  mais  principalement  fon 
mercure  &  fon  foüphre:  car  il  énfeigne  que 
ledit  Antimoine  fe  procrée  d’vn  mercure  & 
fouphre  tres-purs  Ôc  très-parfaits  forme 
Sc  fplendeur  métallique  fous  efpece  de  vi¬ 
triol.  ' 

D’àuantage  ,  au  liu.  3.  de  la  vie,  longue 
chap.  6.  il  rend  tefmpignage  d’infinies  au¬ 
tres  vertus  admirables,  quir efident-en  icc-r 
luy«j 

îd  antimoine,  dit  il ,  au  tome  4.  pag.  105.  efle 
restaurateur  &  yenouateur  de  toutes  les  forcés  du 
■corps ,  ôc  au  6.  liu,  des:  Archidoxes  touchant 
les  magifteres,  feuillet  3  6.  L* antimoine,  dit-il, 
guérit  les  lepreux,  la  morphée ,  la gratelle ,  la  ladrerie 
m  lepre  léonine,  le  pourpre,  grc. 

Là  mefme  il  adioufte  :  Comme  ainfjoit  que  U 
matière  de  l' antimoine. ef  Jpoliatiue  mondif cati- 
üe,. dé-la  vient  qu'il  confime  l' impureté  du  corps,  ne 
plus  ne.  moins  que  nom  le  voyons  dépurer  l’or  &  l’ar¬ 
gent,  mais  fur  tout  il  remédié  incroyablement  A  U 
lepre . 

Et  ailleurs,  à  fçauoir  au  tome  6.  chap. 

30 6d’ antimoine  ofe  toutes  maladies, refaure  &re- 
nwuelte  les  forces  perdues.  Et  au  mefme  tome. 


T 


f>v  c'EkysAV.  409 

pag.  107.  La  quinte  efence,magîfiere_Cr  prime  ma¬ 
tière  de  l’ antimoine  nettoye  le  corps  de  lepre,  le  renoit- 
ue liant  &  rejlaurant  d  perfection.  Et  làmefmc, 
pag.  109.  Le  premier  efire  de  l’ antimoine  a  des  ver- 
tus  fi  grandes,  qui  il  tranjrnu'ê  tout  ce  a  quoyil  touche  : 
fipare  tout  ce  qui  naifl  de  l'humeur  radicale,  &  re¬ 
nouvelle  le  corps  par  fin  fondement. 

Et  au  tome  4.  pag.  70*  Le  magifiere  £  anti¬ 
moine  efi  vn  confortatif  en  l'épilcpfie.  Aumefme 
tome,  pag.  3 .  Laforce  de  l'antimoine  efifigran- 
de,  qui  elle  guérit  le  tres-gnef paroxyfine  de  l’epiïepfie. 
Et  en  la  pag.  84.  85.  &  88.  La  quinte  ejfence  de 
l antimoine  remedie  a  la phrenefie:  c  efi  aufiivn  con¬ 
fortatif  ez^contraBures .  Au  mefme  tome,pag. 
104.  &  pag.  f)r.  L'huile  d,  antimoine  prefiruede 
toutes  ejpeces  de  folie,  comme fis  fleurs  bien  préparée  s 
garentijfcnt  de  lepre,  tome  5.  pag.  173. 

Si  ie  voulois  tranferire  icy  tout  ce  qu’otï 
public  dudit  antimoine-,  &  dé  Tes  vertus  & 
racultez,  il  n’y  auroit  iamais  aucune  fin. 

Refte  que  nous  enfeignions  les  formulai-' 
res  &  artifices  des  diuerfes  préparations,  & 
remedes  que  ledit  Paracelfe  &  beaucoup 
d’autres feauans  perfonnages  ont  preferits 
deuant  &  apres  fon  temps,  &  que  pareille¬ 
ment  nous  y  apportions  noftre  petit  talent, 
félon  que  nous  lesauons  préparez,  compo- 
fez,  &  fauorablement  mis  en  vfage  de  nos 
propres  mains. 

Panacée  £  ^Antimoine. 

Sublimés  deux  ou  trois  fois  le  régulé  de  Marsefioil- 


Fixation 

dajel  jXT~ 
&mtae 


41O  DES  MALADIES 

lé  auec  fel  folâtre,  premièrement  exalté  par  trois  fi# 
auec  fel  martial,  vous  aure^par  ce  moyen  des  fleurs 
ranges, le fqi telles  lien  addottcies, puis  deffeichées  à  feu 
lent,  feront  de  rechef  eflleuées  pour  la  troiflejme  fois 
auec  colchotar.  Cela  fait,  garde^vofldites fleurs,  qui 
tflans  imprégnées  de  l’efprit  de  Mars  {y  de  vitriol, 
purgeront  deflabenignement,  Cf  dmr ont  grandement 
pour  e feindre  toutes  fleures  intermittentes ,  çy  à  la  cu¬ 
re  de  plufleurs  autres  maladies. 

En  autre,  prene^fel  MZrmomac  auec  pareille  quan¬ 
tité  de  chaux  viue,  Cf  les  calciner^par  trois  dmerfes 
fois  à  feu  violent,  foparant  chaque  fois  le fol  ante  eau 
chaude,  Cf  ce  par  dijfoüution,  filtration  Cf  coagula¬ 
tion#  remettant  toufiours  de  noimelle  chaux  a  chaque 
operation,  iufqud  tant  que  U. fol  fefige  Cf  deuienne 
hquable  comme  metail. 

Ce fol  fondu foit  mis  en  lieu  humide,  lequel  s  y  con¬ 
vertira  enliqneurtres-claire  Cf fort tranfparente  que 
vous  mmdifirés,  Cf  en  trois  parties  dicelles  di ffoudre^ 
peu  a. peu  vne  partie  de  mercure  meteorifle,  £r  telle¬ 
ment  ejfencifié  qu  'il  fopuijfe  réduire  en  cryflalfembla- 
ble  au  verre  de  veni^e,  abbreuués  entièrement  de  cefle 
dijjôlutiondu  papier  gris  non  collé,  grl’enfermezjlans 
vn  matr  'as  de  verre  accompagné  de  fonalembic  Cf  ré¬ 
cipient:  dont  vous  extrairezjtfeu  de  fable  vne  liqueur 
mercurielle  que  reSlifierés,cn  forte  qu elle paroijfe  fort 
claire,  rende  vne  tres-fonefue,  Cf  agréable  odeur 
fontant  le  mufle.  -  . 

Cefte  liqueur  eft  défia  tres-bonne  pour  de 
fioy  prouoquer  les  fueurs  dont  nous auons 
parlé  en  noftre  confeil  de  la  verole. 

En  la  meflme  eau  ou  liqueur  dijfoudés  vne  ou  deux 


Dt  cer-véav,  4ït 

ences  defdites  fleurs par  duierfes  cohobations, y  reuer- 
font  a  chaque  feis  de  nounelle  eau  ou  liqueur  infqua 
ce  que  tout  joit  dijfîut  :  &  vous  garderezjefle Jolu- 
tion  non feparée  d’ auec fon'menflrué . 

D  iffoudrez^ /epdrement  an  mefme  menflrut  vne  on~ 
se  de  perles  orientales  auec  demyonce  de  tres-heau  co¬ 
tai  foret  rouge,  qui  fi  dipudront facilement  en  ladite 
liqueur,  toignés finalement  l’vne  çr  l'autre  dificlution 
auec  celle  de  vos.  fleurs,  <£r  les  cohobezjpar  quatre  o» 
cinq  tours,  difli  liant  çr  reuerjdnt  par  quatre  flops  la 
liqueur,  & faifant  la  quatnefme  diflillation  mfqHtL 
flccité:  tant  que  les  perles  Cr  coraux  bien  iornéls,  m- 
ferez.  mcorpore^auec  lefdites  fleurs,  le  tout  fe  re~> 
duife  en  poudre  tres-fubtde  £r  fort  Jphrituellé «, 
^/Cdiouflez^a  ce  mefiange  iufqua  deux  drachmes 
de  teinture  d'or  faite  comme  nous  dirons  cy  apres,  fur 
qiusy  fera  vers p  de  l’ ejpr it  de  vin,  quon  feparer a  fina¬ 
lement  par  cohobattons  réitérées  par  deux  ou  trois  tours > 
afin  que  noflre  Panacée  £  Antimoine  reflù  au fond 
douce  de  vertus  Cr proprietezjidmirables, 

La  prifeeft  de  trois  grains  pour  les  petits 
enfans,  &  de  fept  pour  les  ieunes  gens  & 
perfonnes  d’aage  viril,  mais  aux  plus  robu- 
ftes  elle  fe  peut  adminiftrer  iufqu’à  8. 9.  ou 
mefme  10,  grains,  auec  vin  blanc  ou  autre 
liqueur  conuenable  dans  quoy  la  poudre  fé 
diilout  en  vnmomenç. 

Cefte  médecine  opéré  prefque  toujours 
infenfîblement  ,  quelqucsfois  par  feules 
lueurs,  autrefois  en  lafehant  doucement  le 
Ventre,  prouoquant  les  vrines,  mais  effe-* 
#uant  le  tout  fans  difficulté  où  trop  grande 


4Ii  B*5  maladies 

efmotion.  Elle  agit  plusfouuent  pàr  eof3 
re&ion  des  humeurs, &  reftauration  ou  cor¬ 
roboration  du  baufme  radical,  que  par  au¬ 
cune  aiitre  euaeuâtion  ïtiaùifefte,  ou  alteirà- 
tion  fenfible,  en  Tomme  c’eftvne  medecine 
fort  vniuerfelle  à  toutes  maladies,  mefme 
aux  plus  defefperées,comme  aux  epilepfîes, 
apoplexies,  paralyfies  *  à  toute  forte  d’hy- 
dropifle,  aux  cachexies,  maux  hy  ibériques, 
8c  autres  de  telgenre. 

On  la  doit  adminiibrcr  &  faire  prendre 
par  douze  ou  quinze  iours,  félon  la  grauitc 
&  grandeur  de  la  maladie,  ce  qui  peut  mef 
me  prolonger  la  vie  de  plufieursjannëes  (fi 
Dieu  le  p  ermet)  entretenant  la  fanté,&  pre- 
feruant  le  corps  de  diuers  maux, quand  mef¬ 
me  on  n’en  prendroit  quvne  feule  fois  par 
chacun  mois» 

Antidote  Pmchrefe  d’antimoine* 

Prenez  fleurs  rouges  de  régulé  Je  Murs,  &  lesre- 
uerherez „  dedans  vn  vaijfeau  de  verre  appelle  enfer, fl 
bien  coùuert  de  lut  très-ferme  que  rien  nes’enpuijfe  ex¬ 
pirer.  On  lama  ledit  vaijfeau  aureuerbere  d’athanor 
iiifqu  a  trois  ou  quatre  tour  s,  Cela  eflant  fait,  on  ex¬ 
traira  la  teinture  auec  vinaigre  radical, y  en  reuerfànt 
touflours  de  nouueau,  Cr  le  difiillani  tufqu  a  ce  gu  il 
fief  teigne  plus  d’aucune  couleur,  le  menflruëfoitf- 
paré  de  la  teinture.  Ce  l’ayant  arroufée  d  efpritJe  vin 
alcdisé  on  l’extraira  félon  l’art  fans  en  feparer  ledit 
èjpit  de  vin.  Il  fufHra  d’en  prendre  quelques 
gouttes  dansvn  bouillon  ou  liqueurconue- 


DV  CIRYïAV.  4IJ 

nableccar  elle  purifie  touteja  mafledü  fang, 
guérit  entièrement  la  morphée,  la  lepre,  les 
efcroiielles  &  la  veroîe  ,  reftaure  ôc  au¬ 
gmente  la  chaleur  naturelle  ,  confume  les 
vifcofitez  du  ventricule  ,  &  dcfcharge  le 
corps  de  tous  excremens.  C’eftyne  méde¬ 
cine  fort  propre  aux  coliques  6c  fufFo  ca¬ 
tions  de  matrice,  fi  pour  préparer  cefdites 
fleurs  on  fubftituë  le  régule  de  Iuppiter  au 
lieu  de  Mars.  L’efprit  de  vin  fe  pourra  Ji  eu 
veut ,  feparer  de  la  teinture  iufquià  ficcité, 
ficelle  teinture  fe  façonner  6c  dulcifier  par 
plufieurs  diftillations  d’eau  réitérées  de 
mefme,  pour  eftrc  finalement  defleichée,  la 
dofe  de  la  poudre  fera  de  trois  ou  quatre 
•grains. 

* Antidate  Pantagogue, 

Prenez^  chaux  de  régulé  de  Mars  eu  de  Venus  bien 
préparée  gr  calcinée  filon  l’art,  vous  la  dijfoudrezje 
mieux  que  faire fe fourra  auèc  efirit  mer  curial  de fiel 
gemme  fufible,  le  tout fit  en  apres  putréfié  gr  digéré 
pendant  quelques  tours,  puis  difiillé par  chaque*  de- 
greffe feu,  gr finalement  par  le  plus  violent  de  tous  : 
dont  fortira  vn  huile  e fiais  qu’il  conuïendra  atténuer 
gr  fubtilifir  par  r édification  :  aufii  le  dijh liera  on  de 
rechef feparant  les  feces  plus  crajfcs  d’aueefa  plus  pu¬ 
re  Itqueuç  :  ^Câioufiis  y  de bon  e/prit  devin,  circu¬ 
lant,  puis  difiiüant  le  tout,  en  forte  que  les  feces  plus 
efpaijfes  en  fient  toufiours  difiraites,gr  les  di filia¬ 
tions  amfi  répétées  par  trois  ou  quatre  fois.  On  gar¬ 
dera  fort  foigneufement  cefte  liqueur,com- 


4*4  BES  MAtA»iEs 

me  vn  remede  tres-vtile  à  toutes  maladies  ' 

vnc  goutte  de  laquelle  a  plus  d’efficace  pour 
altérer  a  euacuer  &  accomplir  les  autres  in- 
tentions  curatiues  que  Cent  bouteilles  plei¬ 
nes  des  décodions  d’herbes,  voire  des  po¬ 
tions  de  Rhabarbe,  car  elle  repurge  le  fang, 
excite  1  appétit  languifîant,  fortifie  l’eflol 
mach  &  les  autres  vifceres  de  la  nutrition, 
extirpe  du  tout,  ôc  extermine  la  racine  des 
cachexies  ,  comme  auffi  les  melancholies 
hypochondriaqües  ;  c’eft  vn  fpecifique  re- 
mede  contre  toutes  fortes  de  jaunifles,& 
hydropifies,putgeant  doucement,&  prouo- 
quant  les  vrines  ;  il  fuffit  d’en  donner  à  cha¬ 
que  fois  deux  gouttes,  non  plus,  en  quelque 
liqueur  conuenable:  pourueu  que  lamefme 
dofe  foit  prife‘ chaque  iour,ou  de  deux  iours 
Tvn  iufqu’à  certain  temps ,  eu  efgard  à  la 
grandeur  du  mal  &  aux  forces  du  malade. 
On  peut  auffi  redüirè  ce  remede  en  precipi^ 
té  8c  chaux  blanche,  rouge,  voire  mefineen 
jaune,  trois  ou  quatre  grains  d’iceluy  fuffi* 

ront  pour,  chacune  p^infe. 

Antidote  Zoephile  ou  Viwfiant. 

_  Prenez^  ^Antimoine  de  Hongrie,  a  dificretion,  cal- 
cînezzle  comme  fi  vous  le  vouUez.Hquefier  en  verre, 
puis  afin  de  /’  atténuer  d’ avantage -,  Cr  rendre  plus 
propn-e  a  efire  dijjbut ,  qn.on  le  fhbltme  auec  finye  blan¬ 
che  mercuriale,  apres  epuoy  il  fiera  dulcifié  :  pourac - 
croifire  fia  vertu  ,  <£r  le  dijjbudre  plus  facilement, 
vous  y  ejpandre^du  vinaigre  phdofiphupue fait  <&“ 


r  cr  cuvïav.  4 if 

préparé  de  la  liqueur  acide  de  rofée  eu  manne  celefie 
auec  le  mefme  f/fnt moine,  par  digérions  gr fermen¬ 
tations  philojophiqnes,le  tout  en  apres J oit  mis  gr  laïf 
fé  au  bain  m  ane  par  vn  ajfezJong-temps,gr  iufques  a 
ce  que  le  vinaigre  philofophique  paroijfe  teint  en  cou¬ 
leur  fort  rouge,  lequel  tout  £vn  train  s  addoucir a  pe¬ 
tit  a  petit  par  le fuccre  intérieur  dudit  Antimoine. On 
ver/èra  gr  reuerfera plufieurs  fois  de  nouueau  vinai¬ 
gre  philofophique  fur  ce  fie  matierefiufqu  a  tant  qu’il 
riy  refie  plus  aucune  couleur  de  teinture  :  jn iis  on  fera 
pparation  par  difiillation  iufqtid  fie  cite,  la  poudre 
efiant  adaoucie  par  frequentes  difiillations  aUec  eau 
de  pluye,vomy  adioufierezjuffifdnte  quatité  £  excel¬ 
lente  eau  de  vie  extraite  de  coraux,  laquelle  ayant  pris 
teinture,  vous  en  extrairez^  de  rechef  vne  couleur fort 
claire  gr  diaphane  ,rejfemblant  a  celle  d.e  rubis . 

ytpres  plufieurs  cohobations  gr  circulations  pro¬ 
pres  gr  necef  aires  pour  l atténuer  gr  Jubtilifir£a- 
uant âge,  vous  efchaufferez^le  tout  a  feutres-violent» 
mefme  des  le  commencement,  fans  s'arrefier  aux  de- 
grezjde  chaleur  plus  modérée  :  puis  auec  eau  de  vie  de 
coraux  on  extraira  vn  huile  £  f/Cntimoine  ronge,  doux 
gr  très- exquis,  ouvray  baufme  de  vie  qu  on  ne  fçau- 
roit  afiez^prifir  ny  efiimer.  On  le  peut  laitier  ft 
ôn  veut,  auec  l’eau  de  vie  fans  faire  fepara- 
îion  :  ou  pour  chacune  dofe  en  mefler  quel¬ 
ques  gouttes  auec  du  vin  ou  autre  liqueur 
conuenable  à-la  maladie  que  voulez  girerits 
telles  que  font  les  eaux  de  muguet,  de  la- 
uende  &  de  foülfi,  pour  les  epileplies,  apo¬ 
plexies  &  paralylîes:  telle  qu’eft  auflx  l’eau 
theriacale  contre  les  maladies  peftilentiel- 


4  lG  -  DES  MALADIES 

les  &  contagieufes  :  &les  eaux  de  fuméter- 

re  &  de  betoine;  car  c’eft  vne  medecine 

vniuerfelle  qui  efueille  les  efprits  aflbupis^ 
conforte  les  animaux ,  vitaux  &  naturels* 
purifiant  toute  la  mafle  dufang,  reftaurant 
le  bauYme  radical,  &  renouueliant  tellemét 
le  corps  humain  qu’elle  transforme  l’hom-i 
me  en  eftat  de  jeunefie,  enfommec’eft  vne 
médecine  fi  grande  &  fi  excellente,  que  fes 
loiianges  8c  vertus  admirables  né  fe  peu- 
•uent  afiez  publier  ny  celebrer,  car  c’eft  vn 
vray  baufme  de  vie ,  equipollent  au  vray 
mercure  de  vie:  dont  Paracelfefaid men¬ 
tion  au  tomeô.pag.  45.  comme  il  s’enfuit  ;  - 
Le  mercure  de  vie,ofe  les  corruptions  du  corps  humain 
ne  plus  ne  moins  que  la  pourriture fe  retranche  du  bois: 
'Jceluy  reftaure  la  vieille  fe,  cr  la  fait  rajeunir:  non 
qri il  engendre  vne  efsence  nouuelle  dans  î home ,  mais 
e? autant  qujl  preferue  de  corruption  la  quinte  efsence 
yrefant  encores  :  d'ou puis,  apres  naifent denouuelles 
forces,  tl  feparet impur  de  l'ejpnt  vital,  ofle  les  ongles 
des  pieds  cr  des  mains,  comme  aufi  le  poil  blanc ,  af¬ 
fermit  la  lettnefse ,  en  forte  que  la  vieillefse  n'en  peut 
plus  produire. 

Rupecifla  liu.  de  la  quinte  eflence,  chap. 
41.  parlant  de  l’exquife  &c  precieufedou^ 
çeur  8c  teinture  d’antimoine,  dit  cpieceft 
vn  tel  Cr  f  grand.  threfor,  que#  tout  le  monde  il  ne 
s  en  peut  tmmervn  femblable , 

Mais  quiconque  entreprendra  félon  la 
defcriptiond’iceluy  &  d’autres femblablés, 
d’extraire  celle  teinture  d’antimoine,  de 

:  1  l’antimoi- 


DV  CERVEAU  417 

l’antimoine  crud  ôc  réduit  feulement  en 
poudre,  auec  vinaigre  diftillé  devin,  quel¬ 
que  genereux  &  puiffant  que  foit  lé  vin ,  ÔC 
quelque  temps  qu’on  employé  à  le  digerer, 
ce  luy  fera  peine  perdue,  il  appartient  donc 
aux  vrais  Philofophes  de  fçauoir  les  diftin* 
étions  Ôc  compofîtions  de  tels  menftruës  ou 
vinaigres,  car  il  s’en  peut  faire  &  Compofer, 
ou  extraire  infinies  fortes  de  mille  chofes  di- 
uerfesdefquelsfediuerfifietfelonlavarieté,  ^  , 
proprietez  ôc  vertus  des  ingrediens,  car  il  y  jef  en* 
a  fort  grande  différence  entre  les  vinaigres  ftrues  fp* 
des  bieres  d’Angleterre,  de  Flandre  ôc  d’Àl- 
îemagne,  caufez  par  la  force  de  l’orge  ou  du 
froment,  ou  ceux  qu’on  exprime  des  cidres 
Ôc  poirezde  Normandie,  retenans  les  ver- 
tus  des  frui&s  dont  ils  prouiennent:  lef* 
quels  different  beaucoup  plus  du  vinaigre 
qu’on  t  ire  du  vin,  premier  de  tous  les  végé¬ 
taux,  Ôc  le  plus  vitriolé  de  tous  :  Qui  plus  efî 
les  vinaigres  de  vin  font  encor  es  fort  diffé¬ 
rent:  veu  que  le  vinaigre  extrait:  de  vin 
blanc  efi:  tout  autre  que  celuy  de  vin  clairet, 

&  les  vinaigres  des  vins  de  Cre'te,furpafsent 
de  beaucoup  en  vertu  ceux  des  vins  plus  foi- 
bles  tels  que  sot  ceux  deTurimÂinfi  le  petit 
vin  efl  bien  efîoigné  du  vineux  Ôc  genereux: 
tellemêt  qu’on  peut  inferer  de-ià  que  les  vi¬ 
naigres  de  ceruoifes,  cidres  ou  poirez,  vins 
non  meurs  &  debüe$,ne  fufHrôt  iamais  pouf 
diffoudre  les  cjhofes  métalliques,  ôc  ne  fer 
ront  fi  puiffans  que  ceux  des  hydromels  vi¬ 
neux,  qui  auec  manne  celcfte  ont  parcou- 
Pd 


4I§  DES  maladies 
ru  la  nature  animale  s’en  font  reueftuson- 
tre  la  vegetatiue,  &  par  ce  moyen  eftans  re¬ 
ctifiez  à  perfection,  fe  font  pleinement  ac¬ 
quis  des  vertus  fpirituelles  &  aerées,  de  for¬ 
te  qu’ils  furpaflent  tous  autres  quelconques 
en  faculté  de  diiïbudre ,  ce  qui  foit  dit  en 
paffant,afin  de  monftrer  à  plufieurs  qu’en- 
cores  qu’ils  ayent  de  vraies  &  certaines  ex¬ 
périences,  ce  n’eft  pas  toutesfois  fans  caufe 
qu’ils  font  fruftrez  de  leur  efperance,  &  ne 
paruiennent  pas  au  but  qu’ils  fe  font  propos 
fez  pour  n’auoir  point  cognu  les  vinaigres 
des  Philofophes,  les  propos  defquels  ils  ont 
mefuré  à  la  lettre  non  au  fens. 

I’adioufte  encor  es  qu’il  y  a  grande  diffé¬ 
rence  entre  le  vinaigre  fimplèment  diftillé, 
le  fort  vinaigre  diftillé,  le  fort  vinaigre  de- 
phlegmé,  le  fort  vinaigre  bien  re&ifié  &  al- 
Kalisé,  le  vinaigre  radical,  &  le  vinaigre  des 
Philofophes  qui  eft  vertueux  au  fouuerain 
degré  :  &  lequel  nous  compofons  &  faifons 
par  mixtion  &  deuë  proportion,  fermenta¬ 
tion  &  vnion  de  l’efprit  acide  animal ,  &  de 
l’eau  acide  mercurielle  auec  vegetableter- 
reftre,  afin  d’extraire  la  teinture  dont  auons 
fait  mention  cy  deflus,  pour  en  compofer 
noftre  antidote  Zoephile  d’antimoine. 

Quant  aux  autres  différences  des  vinai- 

fres,menftruës  ou  diffoluans  fufdits,&  d ’ii^ 
nis  autres ,  comme  aufïï  de  la  nature  des 
feux,  ce  qu’on  appelle  clefs  de  l’art,  nous  en 
traiterons  &  apprendrons  la  maniéré  de  les 


DŸ  CÉRVEÀV'  4îj 

préparer,  compofer  ôc  pratiquer  en  noftre 
antidôtaire  fjpagyrique,comme  en  lieu  pro¬ 
pre  &deftine  à  ce  trai&é  :  de  toutes  lefquel- 
les  chofes  la  fcience  eftant  fort  neceffaire, 

&  icelles  grandement  vtiles,  rl  nous  a  fem- 
blé  bon  d’en  toucher  icy  quelque  peu,&  dé¬ 
noter  le  lieu  où  elles  feront  amplement  dé¬ 
duites,  afin  que  le  Médecin  &  vray  Philofo- 
phe  Chymique ,  qui  comprendra  le  fens  dé 
nos  paroles,  ne  puifle  faillir  eh  l’operationv 
de  l’antimoine  ny  des  autre?  minéraux  Sc 
métaux,  que  nous  defcriuons  en  noftrédft' 
muure  comme  remedes  tres-excellens  con¬ 
tre  toutes  maladies  tant  foient  elles  defef- 
perées* 

Antidote  falutdire  et Antimoine. 

Trenezjregule  de  Iuppiter,  gr  Payant  mis  en  pou- 
dire ,  faites-en  vnfeye  ou fifran métallique  auec  fil  de 
■  fiulphreja  poudre  rouge  de  ce  foye  non fiparé d" auec  le 
fil,  bouille  dans  vn  lexiue préparé' de  cendres  claueU 
lée  &  de  chaux  viue,  infiqù  a  ce  pue  le  lexiue  fiit  de¬ 
venu fin  rouge, le  quel fera  versé  dans  vrivaijfeaù  par 
inclination  &  lentement,  pour  entier  que  quelques  fè¬ 
ces  ny  fiient  nieflées.  Le  lexiue  e fiant  vuilé,vom pre « 
cipitere-zja poudre  d’vne façon  vulgaire  auec  très-fort 
vinaigre  :  Le  tout  fait  laué £7°  addoucypuisauec  aci¬ 
dité  vitriolique  dé  hydromel  vineux,  alkahsée  de  fin 
propre  fil,  vous  en  tirerezja  teinture  ou  couleur,  dont 
oh  feparera  le  menfirue,  apres  quoy  vous  la  circulerez^ 
par  quelques  tours  auec  efprit  ardent  de geneure.  C ela 
ejlant  fait ,  vous  l’extrairez^ par plufieurs  cohobdtms 
Dd  ij 


dans  la  re forte  à  force  de  feu,  ^  en fiparerezfinale- 
tnent  l’ efprit. ardent,  fi  bon  vous  fimble,  afin  qu'au 
fond  du  diflillatoire  il  refie  vne  tres-douce  liqueur , 
qui  fera  vne  medecme  aufii  falutaire  en  toutes  mala¬ 
dies  de  poulmos  que  lebaufme,laiSl,ou  doux  beurre  de 
fiuphre:  De  laquelle  vous  ferez  prendre  trois 
ou  quatre,  voire  iufqu’à  fix  gouttes  dedans 
vn  bouillon,  du  vin,  ou  eaux  eonuenables, 
aux  phtifiques,  poufïïfs,afthmatiques,pleu- 
retiques,  ôc  peripneumoniques,  ou  pulmo- 
niques.  En  Tomme  c’eft  vn  remède  fort  fa- 
lubre,  tres-puifTant  &  bien  propre  àmer- 
ueilleufement  difïlper  &  efteindreplufieurs 
grieues  maladies. 

* Antidote  Ly fpirete  £ \Ant\moxne ,c 'eft  adiré 

propre  pour  appaifer  &  efleindre  toutes 
fleures  ardentes ■. 

Trene^  quatre  onces  de  fleurs  ronges  d’antimoine, 
deux  onces 1 de  fleurs  de  Jculphre  fubhmées  iufques  a 
parfaite  bldeheur,me ferles  auec  deux  fois  autant  de 
colchotar  de  vitriol  Hongrois  ou  Cyprien,  <&r  les  fitbh- 
mez^par  trois  fois,  dont  aurezjdes  fleurs  tre s-rouges > 
pounieu  que  vous  ayezfbien  opéré:  Lefquelles  il  fau¬ 
dra  effencifier  premièrement  auec  l’acidité  du  vitriol 
de  Venus, puis  auec  l'efprit  celefle  de  Saturne. Si  vous 
fçauez  bien  l’arc  de  cefte  efTencification, 
vous  ferés  vne  medecine  admirable,vn  vray 
Antidote  lyfipirete  appaifant  &efteignant 
toutes  fortes  de  fieures,mefmes  les  pefhlen- 
tielles,  moyennant  qu’on  en  prene  iufqu’à 
quatre  ou  cinq  gouttes  dans  quelque  eau 
convenable. 


©V  C1RVEAV.  4  U 

Zdntidote  theodote  £  Antimoine, 

Ioignezjn  deue  proportion  £rf<tr  ordre  conue  nulle 
les Jix  inferieures  planètes  terref res, auec  la Jupeneure 
.  fphere  efoillée  de  Saturne  comme  auec  la  première  ra¬ 
cine  des  autres,  pour  les  lien  amalgamer philojô- 
phijuement  calciner  enjemhle.  De  cejle  chaux  dépu¬ 
rée  auec  efpnt  aqueux  de  foulphre  montagneux,  par 
coholations  faites  en  heu  chaud,  O" par  macérations 
au  froid  fumant  Hart, 'vous  en  extrairezjvne  teinture 
aufi  rouge,>  claire  ey-tranjjarente  quvn grenat  :  de 
laquelle  on  feparera  le  premier  menfrue,  par  le  moyen 
des  eaux  de  pluye,puis par  diuerfs  coholations,  cireur 
latums  &  reciif  cations  necejfaires,  on  méfiera  ladite 
teinture  auec  ejprit  d'hydromel  vineux,  qui  extraira 
tellement  fa  couleur,  qu  il  endeuiendrarouge  comme 
vn  ruhis  auec  grande  Jplendeur  perjpicuité  :  Et 
par  ainfi  aura  coniointement  en  foy  la  vraie 
teinture  des  fept  métaux  ,  c’eft  vn  remede 
vrayement  diuin,  lequel  a  des  vertus  &pro- 
prietez  admirables,  &  que  Dieu  nous  eflar- 
git  pour  la  gùerifonde  toutes  maladies  en 
general,  mefme  des  plus  defefperées,  ladofe 
en  fera  de  trois,  quatre,  cinq  ou  mefme  fix 
gouttes. 

Antidote  theopempte  £  Antimoine. 

léor  ejfuré  trois  fois  par  T  antimoine  fin  examina-* 
teur,  foit  amalgamé  auec  deuë-quantité  O" proportion 
de  mercure  antimonial,  dont  fe  fera  vn  elechrum  mi¬ 
neur:  de  cejle  amalgamation  lauée  Cr*  repurgée  de  fs 

Dd  iij 


4Zl  DïS  maladies' 

plus  noires fiuyes,vous  ürerezjvnc  teinture  fort  exquifis 
auec  l'ejfirit Juif  four  e'  de  geneure opérant  en  mefine fa¬ 
çon  quez,  deux  préparations  precedentes  :  Laquelle 
teinture  diaphane  &  fort  tranfiarente  comme  rubis, 
fera  exercée  par  dmerfes  cohobations  auec  le  circulé 
mineur  de  Paracclfe ,  que  vous feparerezjn  apres jî bon 
vous  fimble,afin  que  U  teinture  refie  &  demeure  tou¬ 
te  feule:  Onia  gardera foigneufemër,comme 
vu  don  tres-precieux  enuoyé  de  Dieu  .aux 
hommes ,  remede  fort  Singulier  contre  la 
pefte,la  lepre,  toutes  fortes  de  morphée,  la 
ver  oie  &  autres  tels  maux  tres-griefs,  la  pri- 
fe  en  fera  de  trois,  quatre,  ou  cinqgouttes 
gueç  e-au  theriacale. 

Antidote  Panerete  d’antimoine, 

Prenez^  demi  Hure  £  Antimoine  de  Hongrie  calci¬ 
ne  lufqu'h  blancheur  fumant  l'art ,  vne  hure  de  Jùccre 
de  candie  tranfinué  en  forme  de fyrop  auec  circulé  mi¬ 
neur, dans  lequel  vous  mejleréspeti  a  peu  ladite  chaux: 
Le  tout  fit  digéré  par  quatre  ou  cinq  jours  au  Bain 
vaporeux, puis  difiillé par  degrezdefeu,  de cefie du 
filiation  fi  tirent  trois  fines de  liqueur  apres  la  fipa- 
ration  du  circulé  qui  fin  le  premier  de  tous.  La  pre¬ 
mière,  qui  eft  blanche,  fubuient  aux  vice? 
res  chancreux  8c  maladies  externes.,  Lafe-? 
conde,  qui  eft  iaune,  eft  propre  à  euacueç 
par  le  ventre  ôc  par  vomiflement.  Quant  à 
la  troùîeûne,  qui  eft  rouge  comme  fang,dé 
yn  doux  baufme,  qu’il  faut  feparer  des  ails 


DV  G  E  RV  E  AV.  -4Z3 

très  :  fî  par  trois  ou  quatre  cohobations  on 
lareétifie  8c  laue  auec  eau  de  rofes,oude 
buglofle ,  ou  de  chicorée,  la  tein&ure  que 
vous  en  feparerez  fort  rouge  &  douce,  fer$ 
merueilles  en  la  cure  de  la  lepre,  mor^hée, 

Sc  gangrené  eftantprefentée  en  quantité  de 
ûx  gouttes  auec  eau  de  fumeterre.  Contré' 
l’apoplexie  &  epilepfieladofeferadedeux 
ou  trois  gouttes  en  eau  de  petite  centaurée. 

Contre  la  pefte  on  en  prendra  dans  quelque 
eau  therîacale,  iufqu’à  fept  gouttes  qui  fe¬ 
ront  fuer  abondamment.  Lauda- 

Auec  la  mefme  huile  ou  teinture  rouge  »»»»  de 
Paracëlfe  compofoit  fon  Laudanum  dia-  2*r*ctlfc 
phoretic  &  folutif, qu’il  preferoit  à  tous  au¬ 
tres  remedes  contre  les  peftes,  &  fiéures  im 
termittentes ,  y  adiouftant  les  eflences  d’a- 
loes,  myrrhe,  fafran,  ambre  iaune  &  autres 
de  tel  genre,  dont  il  faifoit  des  pilules,  qui 
fe  deuoient  aualler  en  dofe  d’vn  demi  fcru- 
pule,  ou  d’vn  entier. 

Antidote  Polycrefle  £  «Antimoine, 

Tremzjvne  liure  de  régulé  de  Mars  ejloillé,  vne  U- 
ure  O-*  demie  de  mercurereduit  enmeteore  ejfenci- 
jiéy  les  ayant  p uluerifez  mejlezjnfemble ,  mettez? 
les  dans  vne  retort  e  accompagnée  de  récipient ,Jôujj>o- 
fent  du  feu  par  degrés,  &  faijantpar  ce  moyen  diftd- 
1er  vne  certaine  gomme  cryflalHne,peJante,fè  congelant 
dnfroid}gr fe  fondant  a  la  chaleur  :  laquelle  vous  rc- 
&ifierez^par  vne  dijhllation  ou  deux^feparanttouf» 

D  d  îiij 


4*4  DES  ^ALÂDIES 

jours  les  fee-es ,  fur  ce  fie  liqueur  verfezj. fjr  coholezjdni 
de  fois  ïcforitA  hydromel  vineux,  que  la  liqueur  v'ien- 
rie finalement  a.  s’addoucir  farces frequentes  cohoha- 
Mns,&  que  l’efrrit  e fiant feparé,  il  refie  au  fond  vn 
huile  et  Antimoine  très -exquis  £r fort  précieux,  qui 
cônuiendra  tres-bien  à  la  guerifon  de  plu- 
fieurs  maladies  &  icelles  fort  grieues.  Il 
do'mtera  autïi  les  fleures  tierces,  quotidien¬ 
nes,  &  principalement  les  quartes,pourueu 
qu’on  en  face  prendre  trois,quatre,  cinq  ou 
mefme  flx  gouttes,  eu  efgard  aux  forces  du 
malade ,  car  plufleurs  en  font  doucement 
prouoquez  ù  vomir,  les  autres  à  fe purger 
par  le  ventre  fans  vomiffement:  &  il  a  la  for¬ 
ce  d’arracher,  &  du  tout  extirper  les  racines 
ôc  feminaires  du,  mal. 

L’efprit  d’hydromel  vineux  feparé  com¬ 
me  nous  auons  dit  cy  defïiis,  bien  gardé  8ç 
finalement  imprégné  d’acidité  vitriolique, 
eft  vn  fouuerain  diaphoretie ,  bien  autre 
que  les  vulgaires,  moyennant  qu’il foit  ad- 
miniftré  en  dofe  de  demi  cuillerée,  ou  d’vne 
cuillerée  entière  pour  le  plus,  foit  feparé- 
ment ,  foit  méfié  aueç  du  vin  ou  autre  li¬ 
queur,  -  ; 

Antidote  ifochryfe  dé Antimoine. 

.  te  régulé  de  Mars frit  réduit  en  meteore  auec  aigle 
çelefre,  bien  luné  de fin  acrimonie  &  dejfeichc':  puis 
<auec  l'eau  frygienne  des  phdofrphes  composée  eniufe 
proportion  çr félon  l'art, des  deux  fris  frirïtuels  de  ’frfr 


cv  Cerveav.  41? 

phre  ér  de  mercure  ,  il fera  dijfout,  digéré,  &  fina¬ 
lement  précipité par  cohqb allons  reit crées,  vous  ofierez^ 
de  ce  précipité  les  eflrits  de  l’ eau  philofophique, dans  le 
reuerbere  £ \y€thanor,  remuant  toujours  ledit  précipi¬ 
té  auec  vne  efiatule  de  fer  *  infiqù’à  ce  qit  il  ait  acquis 
yne  couleur  saune  comme  fleur  de  joulfl  :  puis  vous 
le  laucrezjtuec  eau  depluye  diflillée.sur  cetre poudre 
dejfeiehéc  verfiz^  le  vinaigre  des  Pbilofephes  duquel 
ray  défia fait  mention  ,  les  digéré^  lufqn’a  tant 
quele  menflrue  fut  teint  en  couleur  de  rubis ,  reflans 
au  fond  quelques fe'ces  blanches.  Le  menïhrue  eslant 
fiparé  parles  cendres ,  il  demeurera  au  fond  vne  pou¬ 
dre  fort  léger  e  de  couleur  rouge, laquelle  poudre  fera 
encans  reuerberée  fous  la  grille  par  deux  ou  trois  heu¬ 
res  :  a  quoy  finalement  f  vous  adiouflez^f  eau  dé  vie 
degenevre  cr  les  digerezjuiuant  l'art ,  ladite  pou¬ 
dre  fe  commtira prefque  tonte  en  teinchire  extremé- 
ment  rouge  çyr  tant  admirable  en  vertus  quelle fi 
pourra  mefme  comparer  a  l’or  potable,  ou  d  latein- 
Shire  d'içduy.  - 

Elle  ouure  &  guérit  fans  douleur  toutes 
Apoftumes  internes,difîbut  le  fang  caillé  & 
purifie  le  çorropu:  c’eft  vn  fingulier  remede 
contre  la  lepre  s  les  efcroüelîeSjlaverole, 
la  pefte,&  infinis  autres  maux  -.Qui  plus  eft, 
elle  renouuelle  Idiome  &leconferuetres- 
Ipng  temps  en  fanté.  La  dofe  contiendra 
fix,fept ,  huit ,  dix  petites  gouttes  auec  vin 
ou  autre  liqueur  5  félon  que  requerra  U 
maladie,  '  *  \ 


41*  DES  MAL  AD  IÎS 

Antidote  Lyfipone  ou  Anodin  diaphoretic 
<£ Antimoine. 

Trente  vne  demylmre  de  Régulé ,  vne  Hure  de  fel 
nitre  purifié  CT  'nitrifié félon  Part  auec  fouphre  on 
fleurs  de fouphre ,  les  ayant puluerifez^,  bien  mefiè^ 
CT  rms  dedans  vn  cr sujet ,  vous  les  pofèrez^  enfeu  cir¬ 
culaire  ,  qui  on  augmentera  par  degn l'approchant 
peu  h  peu  du  creufèt,  uifqua  ce  nue  toute  la  matière 
fait  liquéfiée  comme  vn  met  ail fondu.  Tclors  iettez;J 
du  fer  ou  du  charbon  ardent pour  bru  fer  le fel:  ^yCpres 
quoy  vous  o fierez^,  dulcifierez^  CT  ferez,  deffeicher  le 
refidp ,  puis  auec  égalé  portion  dis  fel fufdit ,  il fera 
encores  b  ni  fié,  dulcifie'  CT  dejfeiché  >  réitérant  la  mefi 
me  operation  pour  la  troifiejïne'fois  :  la  poudre  refiante 
mifè  dans  vn  fixât oire  de  verre  bien  bouché  fera fo- 
metéepar  quatre  ou  cinq  tours  d  feu.de  fixation,  qu’on 
donnera  par  degrez^tufqu  a  tant  que  le  vaijfeaujoït 
finalement  deuenu  ardent ,  CT  que  la  pondre  aupara¬ 
vant  blanche  ait  acquis  vne  couleur  dejoulfi:  Circu - 
lezjnfinpar  quelques  iours  ladite  poudre  auec  eau  de 
vie  de genevre  bien  carrelle  dans  vn  vaijfeau  exatte- 
ment  boufehé  :  puis  ofiez^la  matière ,  CTyverfdnt 
par  trois  ou  quatre  fois  de  houuelleeau  de  vie  juniper i- 
fie,  CT  l’embrafant  toufieurs  ,  la  matière  fùfdite foit 
Irufiée  CT  finalement  bien  dejfeichée  :  La  dofe  en 
fera  dedemy'  iufqu’à  vn  fcrupule,  auec  d’ex¬ 
cellent  vin  ou  eauconuenable. 

C’eft  vn  Antidote  vrayement  Lyfipone, 
oftant  tk  appaifant  toutes  douleüts  deveri- 
rricule ,  inteftins,  &  matrice,  procedées  de 
quelque  caufe  que  cefoit ,  moyennat  qu’on 


DV  CERVEAT.  42-7 

\c  face  prendre  auec  vin  ou  eau  de  camo¬ 
mille.  C’eft  aulfî  vn  admirable  remede  pour 
les  vîceres  des  reins ,  de  la  vefcie  &  delà 
matrice,  voir e  à  1  excrétion  dés  mois  depra- 
ués,  &au  fluxmenftrual  des  femmes  :  le¬ 
quel  fe  peut  me  lier  auec  duvin,vn  bouillon 
ou  autre  liqueur  conuenaÊle  :  ou  bien  eftre 
pris  deux  ou  trois  fois  par  chacun  iour  auec 
mucilage  de  gomme  tragacant. 

Eftant  pris  en  mcfme  maniéré,  il  duit  auffi 
grandement  aux  fievres  intermittentes,  car 
il  purifie  &  repurge  le  fang"  par  fueurs  ,  8c 
fouuentesfois  par  tranfpiration  infenfi'bie , 
reftaure  lebaufmé  de  iioftrevie,&renou- 
uelle  entièrement  l’homme  par  fa  vertu  bal¬ 
samique.  -  • 

Pour  çompofer  &  préparer  cet  Antido¬ 
te  ou  anodin  diaphoretic  d’antimoine ,  ce 
temede  admirable ,  on  fuiura  mefme  mé¬ 
thode  8c  procedure  qu’es  régulés  faits  8t 
préparez  de  tous  métaux  ,  foit  conjointe¬ 
ment,  foit  feparément,&:  qu’en  1  antimoine 
erud ,  ou  calciné  félon  l’art  ,  ou  bien  qu’és 
fleurs  d’iceluy  foit  blanches  ,  foit  rouges  : 
lequel  remede  fe  pourra  facilement  eflayer 
8c  efprouuer  à  la  fânté  de  plufîeürs  malades 
par  vn  chÿmiqüe  bien  entendu  :  mais  vn 
ignorant  ne  le  pourra  faire  qu’auec  grande 
difficulté  ,  &  pluftoft  au  dommage  qu’à  la 
fanté  des  malades. 

Nous  nous  contenterons  de  ces  douces 
fleurs  ou  Antidotes  d’antimoine  cueillis  au 


4zS  DES  MALADIES 

iardin  de  noftre  Antidotaire  Spagyrique  , 
afin  de  les  rapporter  en  te  traiéfcé ,  &  les  ap. 
proprier  à  ces.  quatre  maladies  tres-grieues, 
defquelles  nous  traiéfcons  :  'meritans  bien 
d’eftre  inféré  z  par  tout  à  caufe  de  Tes  vertus 
tres-excellentes ,  8c  comme  nous  auonsja 
fuffifamment  déclaré ,  fort  efficacieufes  & 
puiffantes  contre  toutes  maladies  en  gene¬ 
ral.  Chacun  deurôit  grandement  dcfirer  & 
requérir  ces  remedes  ,  attendu  qu’e  flans 
.  bien  entendus ,  préparez  8c  adminiftrez  ils 
peuuent  arracher  &  du  tout  exftirper  tous 
les  feminaires  de  toutes  maladies  ,  pour 
grieues  &  defefperées  qu’elles  foient. 

Mais  ceux  qu’auons  rapporté,  icydoiuent 
fiifHre:  nous  referuons  pour  noftre  Antido- 
taire  quarante  préparations  &  compoficiôs 
dumefme  Antimoine,  8c  icelles  fort  excel¬ 
lentes  8c  tres-puifiantes ,  telles  que  font  les 
teincfcuxes  qui  fe  tirent  de  tout  le  corps  d  i- 
celuy  fans  aucune  diuifion  ,  fuiuant  l’opi¬ 
nion de  Paràcelfe  :  les  fecrets ,  magifteres, 
effences, huiles,  baufmes  ,  &  toutes  fortes 
d’eaux  de  vie  :  qui  font  diuers  remedes  du¬ 
dit  Antimoine,propres  à  plufieurs  maladies 
differentes,  tant  internes  qu’externés:com- 
me  nous  enfeignerons  amplement  en  no- 
ftf  e  Antidotaire:  où  nous  deferironspareil- 
lement  la  méthode  d'extraire  fes  mereures 
8c  de  faire  fes  régulés.  Aiifïï  n’y  obmettray- 
je  nullement  fes  diuers  fouphres  ,  fëls  8c 
fieursjdont  on  préparé  infinis  remedes  puf-* 


DV  CERVEAV.  4Z5> 

gat  ifs,  excitans  le  vomiflèmét ,  prouoquans 
les  Tueurs  8c  les  vrines,corngeans,reuulfifs, 
mondifians,  confortans,  bref  duifans  à  tou¬ 
tes  intentions  curatiues.  Ce  que  nous  dé¬ 
clarons  &  publions  difertement  en  ce  lieu  , 
pour  monftrcr  à  l’œil  combien  de  grandes 
&  admirables  vertus  refident  en  l’antimoi¬ 
ne,  incogneucs  à  l’antiquité. 

Certes,fi  d’entre  les  Grecs,  Arabes  8c  La¬ 
tins,  Galien,  Rhafis,  Celfe,  8c  autres  grands 
8c  célébrés  perfonnages  qui  ne  fe  font  pro- 
pofé  nul  autre  but  que  l’vtilité  publique,  8c 
l’ornement  ou  enrichiflement  de  leur  Art; 
{  à  raifon  dequoy  ils  méritent  grande  louan¬ 
ge  )  viuoient  encor  es  àprefent,  &  voy  oient 
de  leurs  yeux,  flairoient  de  leurs  narines ,  8c 
touchoient  de  leurs  mains  tant  de  belles 
fleurs  ou  remedes:Bon  Dieu!  de  quelle  ioye 
feroient-ils  rauis  ,  8c  auec  combien  grande 
induftrte  fomenteroient-ils ,  cultiuêroient 
8c  feroient  croiftre  en  leurs  iardins  telles 
femences  8c  fleurs,pour  en  cueillir  8c  amaf- 
fer  de  tres-beaux  fruits  bien  vtiles  à  la  Ré¬ 
publique  ou  communauté  des  hommes; 
imitans  la  bonne  foy  des  bons  laboureurs 
&œconornes,  afin  de  rapporter  le  tout  en 
bonne  confciéce  au  bien  public  &  à  la  fan- 
té  des  hommes  ,  n’ayans  nul  efgard  à  leur 
profit  particulier,  comme  les  hommes  de 
mauuaife  confidence  ;  tels  que  font  auiour- 
d’huy  quelques  Cenfeurs  qui  veulent  paT 
roiftre  bons  laboureurs,  encores  qu’ils  ne 


45ô  MAL  A  DÎB$ 

fçauent  dextrement  arracher  la  moindre  th 
ge  ou  racine ,  qui  pr efer ent  l’yuroie  au  fro- 
ment  &  les  chardons  aux  rofes  •  qui  ay= 
ment  feulement  à  moiffbnner3riullement  à 
femer  :  alaigres  8c  foudains  à  prendre ,  tar¬ 
difs  adonner  8c  fort  illiberaux  ,  addonnez  à 
leur  profit  particulier negligeâiis  I  vtiîité 
publique  ,  &  qui  tafchent  continuellement 
d'acquérir  de  la  gloire  en  blaimant  les  au¬ 
tres.  Telles  gens  ne  doiuerit  pour  certain 
attendre  autre  fin  que  celle  d’Icare ,  lequel 
meu  de  temeritédc  prefomption  ayant  plus 
entrepris  que  fes  forces  ne  pouuoient  por¬ 
ter,  8c  monté  plus  haut  en  l’air  que  ne  per- 
mettoit  fon  induftrie  8c  fonpouüoir,  fut  à 
la  fin  précipité  es  gouffres  êc  aby  fines.  Mais 
laiffons-les  en  leurs  erreurs  :  Qu’ils  décla¬ 
ment  &  s’efîeuent  tant  qu’il  leur  plaira  con¬ 
tre  les  remedes  chymiques  ,  &  employent 
toutes  leurs  forces  à  obfcurcir  la  fplendeur 
d  vne  fl  excellente  Medecine  :  tous  leurs  ef¬ 
forts  feront  vains  8c  ils  s’acqüerront  plutoft 
du  deshonneur  que  de  luy  empreindre  là 
moindre  note  d’infamie.  Mâispourfuiuons 
raccompliirement  de  noftre  deuoir  ,  &taf- 
chons  in.Cefïamment  de  procurer  le  profit 
du  public  autant  qu’il  nous  fera  poifible: 
Tropofons  donc  8c  defcriuons  les  autres  re¬ 
medes  chymiques ,  qui  par  vne  naturelle  8c 
fpecifique  propriété  fubuiennent  prom¬ 
ptement  aux  maladies  dont  nous  traid.ons 
la  cure.N ous  les  emprunterons  du  mercure 


Î>V  CERVÊAT.  43i 

de  l’or  &  de* l’argent,  qui  fans  contredit 
tiennent  le  premier  rang  entre  les  métaux 
ôc  leurs  facultez  Medecinales.Or  lesreme- 
des  que  nousen  produirons  icy,  feront  auf- 
fi  pris  de  noftre  Antidotaire  Spagyrique, 
comme  plusieurs  autres,  lefquels  nousluy 
rendrons  bien  toft  auec  vfure  fi  Dieu  le 
permet. 


Chap.  XXXII. 


De  Cor  &  de  C argent. 

GAlien  ôc  les  autres  Autheurs  Grecs  ont  Qp;tt;gn 
effcé  trop  peu  ver  fez  enlacognoiffance  ^es 
de  l’or  ôc  de  l’argent ,  pour  en  fçauoir  tirer  eiem. 
quelques  remedes.  Car  combien  que  l’an¬ 
tidote  de  perles  ,  ôc  le  letîfiant  de  Galien 
qu’on  appelle,  efquels  entrent  l’or  de  l’ar¬ 
gent  ,  foient  attribuez  à  Galien  ,  c’eft  tou- 
tesfois  indeuëment  :  veu  que  plufieurs  in- 
grediens  fimples  s’y  peuuent  recognoiltre 
qui  eftoient  incogneus  au  temps  de  Galien  , 
comme  remarque  fort  fubtilemét  Fuchfius 
fur  l’antidote  des  perles  que  Nicolas  My- 
repsluy  attribue,  liu.  des  Antid,  chap. 38. 

&  pareillement  Adolphe'  Occon  célébré 
Médecin  d’Aufbourg  en  Ton  difpenfaire" 
d’Aufbourg,  fur  la  compofîtion  duletifiant 
furnommé  de  Galien  ,  qu’il  a  iugé  faiifle  ôc 
fauflement  rapportée  à  Galien  par  Nicol  as 


»SS  «  Al  AD  ï  SS 

Myreps.  Et  défait  Galien  mefme  ne  fait  au¬ 
cune  mention  de  l’or  ny  de  l’argét  au  liu, 
desfacultez  desMedi'camens,  chap.  desre- 
medes  métalliques.:  Vn  feul Æginetaaulu 
ure  y.  de  la  Medecine  chap.  8.  touchant  la 
playe  du  fcorpiôn,efcrit  que  1  argent  appli¬ 
qué  fur  la  playe  ou  morfure  dudit  fcorpion, 
y  eft  meilleur  qu’on  ne  pouproit  croire.  Et 
Ætius  s’éfmerueille  tant  /comment  Tor 
auallé  peùt  remédier  &  donnerallegement. 
Parquov  ces  deux  remedes  pratiquez  en 
Medecine  ,  &  rapportez  es  antidotes  font 
fortis  de  la  boutique  des  Arabes,  qui  pre¬ 
mièrement  les  ont  appropriez  en  medica- 
mens.Céquife  voit  mefme  en  Nicolas  My¬ 
reps  compilateur  de  diuers  antidotes  ra- 
malfez  deçà  delà,  lequel  a  tranfcrit  en  fon 
Commentaire  les  principaux,  plus  excel- 
lens  ou  plus  propres  à  corroborer  les  for¬ 
ces  &  les  plusefficacieux  pour  guérir  toutes 
fortes  de  maladies  fort  grieu  es  :  efquels  en- 
trent  Tor  &  l’argent  réduit  en  feuilles  ou  ra- 
cléüres ,  fans  nulle  autre  préparation ,  ainfi 
qu’on  peut  lire  en  l’antidote  doré  Alexan¬ 
drin  ,  au  Diacammeron  ^  (  ou  comme  il  eft 
efcrit  au  Medicamentaired’Aufbourg)  en 
l’Antidote  de  la  pierre-rayonnée  ou  d’azur 
félon  Mefue ,  qui  s’en  attribue  Tinü ention, 
&  qu’ailleurs  il  appelle  auffi  comme  nous, 
eonfeélion  d’Alxermes ,  laquelle  ne  différé 
de  la  noftre,  flnon  en  ce  que  nos  Médecins 
font  aucunement  reformée  &  remife  en 
meilleur 


DV  CERVEAVt  45j 

meilleur  eftat  de  compofeion.  Iceluy  Me- 
fue  admet  ces  deux  métaux  en  l’Antidote 
dit  Argyrophore ,  en  celUy  de  faphyr ,  pour 
les  cardiaques  *  melancholiques  &  toutes 
maladies  cordiales,  comme  auffi  es  deux 
Ele&uaires  de  gemme",  chaud  &  froid  :  Il 
reçoit  pareillement  l’or  en  la  confe&ion 
cordiale  d’Alexandre  Benoift. 

Dont  il  appert  que  les  Anciens  Ce  font 
aucunemét  ferais  des  métaux  &  les.ont  em-> 
ployez  en  plufieurs  Antidotes  ôc  compofi- 
tions  excellentes  :  Aucunes  defquelles  font 
encores  en  régné ,  &  fe  pratiquent  ordinai- 
remét  pour  entretenir&  augmenter  les  for¬ 
ces  :  dont  les  Grecs,comme  nous  auons  dit, 
n’ont  toutesfois  eu  nulle  cognoifïànce  :  Ër 
la  méthode  de  les  compofer,ny  la  maniéré 
de  confire  les  medicamens  auec  miel  ou 
Ëuccre  pour  les  rendre  plus  fauouréux ,  ne 
fe  doit  rapporter  à  autres  qu’aux  feuls  Ay a- 
b  es. Car  d’entre  tous  les  Médecins  du  der¬ 
nier  fiecle,  ils  ont  traidéles  premiers  des 
vertus  des  pierres  precieufes  de- l’or  &de 
l’argent ,  qu’à  leur  fplendeur  &  pureté  ils 
ontrecogneu  n’eftre  pas  fteriles  de  puiflans 
effets:  ainfi  qu’on  peut  apprendre  de  Rha- 
fis ,  Serapion  &  autres  Arabes. 

Àuicenne  mefme  ,  que  nous  mettons  au 
tang  des  plus  célébrés,  efcrit  de  l’or  comme 
il  s’enfuit  lin.  z.  traid.  z.  L’m-,  dit-il ,  eft  natu¬ 
rellement  égal  çrfïikil  :  Et  parlant  de  fes  ver¬ 
tus  &•  operations,  il  adjoufté  :  la  limaille 
Ee 


454  DES.  maladies 

céluy  entre  es  médecines  de  la  melanchohe ,  &  le  cati. 
teref.tit  àuec  or  efi  meilleur  ,  O- fi  guérit  plus  prom¬ 
ptement.  E  fiant  retenu  en  la  bouche  il  ofie  la  puanteur 
d’icelle,  fa  limaille  entre. aiifii  es  médecines  lenitiues 
de  la  pelade^  mort-mal ,  on  le  méfié  pareillement  es 
breuuages,  il fortifie  là  veuê  réduit  en  alcoofcomient 
aux  maux  de  cœur  ,  au  tremblement  d’ iceluy  i  a  la, 
depr anation  d’entendement  ,  &  a  celuy  qui  parle 
efiant  tout fiul.Ez  àu  liuret  desMedecines  cor¬ 
diales  tr*  7.  iemefme  Aüicenhe  efetit  tou* 
chant  l’or  8c  l’argent  ce  qui  s’enfuit  :  on  efi- 
me  que  l’or  tient  le  milieu  entre  l’argent  l’hyacin¬ 
the,  efiant  inferieur  a  l hyacinthe  furpajfant  l’ar¬ 

gent,  la  complexiond’  iceluy  efi  temperée,  ref  ondant 
en  quelque  Jorie  a  fa  couleur ,  & fin  operation  vient 
defapropriete'tQmni  à  l’argent  il  en  parle  ain- 
'  fi.  L’argent  efi  aucunement  froid  Cr  fie  ,<£r fin  ef¬ 
fet  rejfemble  déeluy  de  l’hyacinthe,  excepté  qu’il  efi 
beaucoup  plus foible .  Mais  pour  entendre  quel¬ 
le  propriété  Àuiçenne  donne  à  l’hyacinthe, 
au  raefme  liüre  il  adioufte  vn  peu  apres  les 
propos  qui  fuiuciit  :  l’hyacinthe  fimble  efire 
temp&é.  il  a  la  propriété  de  recréer  Çr  conforter  le 
cœur,  &  de  refifier ferme  aupoifin ,  eyr  cefie proprie * 
té efi  vne  vertu  qu on  ne  doit  pas  attribuer  a  fis  corn- 
pojans  :  Mais  elle  procédé  d’icelle  en  me  fine façon  cque 
deîaymant fort  la  vertupar  laquelle  il  attire  le  fer,  de 
loin.  Quant  a  ce  qu’il  faut  perfhader  au  regard  dé 
t hyacinthe  ,  c  efi  que  mal  a  propos  diroii-on  que  quaà 
elle  efi!  irifirau  dedans  du  corps ,  la  chaleur  naturelle 
y  agit  tellement  quelle  tranfmuë/dijfoud  &  méfié  fit 
fubfiance  auec  vne  fui fonce fiiritueüeeuaporabk  , 


DV  CÉRVËÀV.  4 15 

filon  quelle  agifi  au fajfran  cyr  autres  chofis fimbla- 
blës.En fomme,c'efi  vne  incongruité  de  dire  que  l'hya¬ 
cinthe  faut  en fa  forme  Jubfiantieüe ,  de  par  la  cha¬ 
leur  naturelle ,  Çr  qu en agrès  elle fait far  oifire fin  ef¬ 
fet.  Car ,  comme  il  offert  par  le fins  ,fa fidfiance  efi 
bien  efioighée  de  telle  f  afi ion.  il  fimhle  donc  que  la 
chaleur  naturelle  ne  fait  aucune  mtfrefiion  en  fa  fiel - 
fance,ny  es  accidehs  infif  arables  de  la  for  me  d’icelle, 
maïs  feulement  en fin  vhïeté  grkeu  ,  en fies  qua- 
lit'efi  accidentelles  :  En  lafîtuatton  £r  lieu  ,  farce 
quauec  le fang  elle  la fait fenetrer  iufqu’ aux  fart  tes 
du  cæur.C'efl  fourquoy  tant  fins  elle  ejl  affrochée  du 
patient, fin effet  y  ejl  tant  fins  fort  imprimé.  Es qua¬ 
lité^,  farce  quelle  efihaùjfe  ladite  hyacinthe  :  or  la 


bre  j  car  quand  elle  le  débilité  il  fimble  attirer  la  f  ail¬ 
le,  on  le  frotte  mfquà  ce  quil  fin  efihaujfé , fuis  on 
V  approche  de  la  faille  £r  ill’ attire  foudain.  il  fim¬ 
ble  donc  que  la  dernier e  imfrefsion  de  nofire  nature, où 
de  nofire  chaleur  naturelle  en  l’hyacinthe  fiit  celle-là , 
turque  l'aéhd fiit  l’addition  de fin  ijfuëvers  ce  à  qtioy 
téd  naturellement  l' émanation  c^l  ’ addition  de  l’affro- 
,  chement,  grc. Ce  font  les  paroles  d5  Auicenne. 

,  far  cet  exemple  de  Phyacinte ,  on  pe"ut 
bien  comprendre  ce  qu’ Auicenne  &  les  au¬ 
tres  Arabes  ont  iugé  de  la  nature  &des  pro¬ 
priétés  de  Por  &  de  Pargent.  Quand  il  veut 
finalement  conclurre ,  qu'en  la  chaleur  na¬ 
turelle  n’y  a  nulle  puiiïance  cPagir 3  introdui¬ 
re  en  l'hyacinthe ,  ny  de  tranfmuer  8c  dif- 
fbudre  fa  fubftance.  Mais  elle  perfide  corn** 
Ee  ij 


4?6  DES  MALADIES 

me  elle  eft  en  fa  fubftance  vapourenfe  Sc 
fpirituelle,  ainfi  que  la  chaleur  fufdite  agit . 
à  l’endroit  du  faffran  ou  quelque  autre  cîio- 
fe  femblable:Ce  que  nous  luy  concédons  Sc 
à  tous  autres,qui  font  prendre  l’or,l’argent, 
le  faphyr,  l'hyacinthe  &c  les  autres  pierres 
pretieufes  réduites  en  poudre  fort  menue, 
laquelle  pour  fubtile  qu’elle  puilîe  eftre,  ne 
fepeuttoutesfois  domter  ny  difloudre  par 
la  chaleur  naturelle  ,  eftant  prife  à  l’inte- 
rieur  du  corps  :  Neantmoins  fi  les  métaux 
&  pierres  pretieufes  font  réduits  en  chaux 
philofophique  ,  en  eftences  ,  magifteres , 
huiles,,  liqueur  s  ou  teinétures ,  (  but  auquel 
■vifent  les  Hermétiques  pour  les  approprier 
à  medicamenter  le  corps  humain  )  noftre 
chaleur  naturelle  les  pourra  atténuer,  cuire 
8c  furmonter. 

Mais  il  eft  maintenant  temps  de  déclarer 
l’opinion  des  Hermétiques ,  &  de  mettre  en 
auant  les  excellentes  &  diuerfes  prépara¬ 
tions  &  operations',  comme  auffi  les  diuers 
remedes  qu’ils  ont  extraits  dePor  &  ded’ar- 
gent. 

Voyons  donc  ce  qu’en  efcrit  Paracelfe, 
quélefçauantDoéteur  &  le  Lecteur,  equi-, 
table  conférera  auecles  efçrits  des  Anciens 
&  les  examinera  tous  enfemble  pour  en 
donner  fa  fentence  ,  &  prononcer  d’vn 
meur  iugement  vers  laquelle  des  deux  pai^ 
ties  panche  la  victoire  ,  &  qui  a  le  plus  près 
frappé  au  but,  ' 


DV  CERVÏAV.  437 

Yoicy  donc  en  premier  lieu  ce  que  Para- 
celfe  efcriuoit  desmeraux  en  general. yjre- 
ueftus  de  leur  matière  crafle  ;  Lvfage  des  me-  Littré  des 
taux  nesl  pas fans  danger  en  la  Medecmefnon  qu'ils  tompofit. 

(oient  attentiez ,  altérez  &  ayans quitte  lem nature  mt*dl*t* 

.  //•  r  tr  r‘  autotn- 

metallique,  tranfmuezen  vne  autre  euence  :  au! si  * 

>  7  •  ;  7  p  rr  ri  J  mecemet. 

n  en  doit-on  attendre  beaucoup  d  effet  fi  La  prépara¬ 
tion  quenfi igné  l'^lchymie  ri en  pj-ecede  (applica¬ 
tion,  ccfl  a  dire,  s'ils  ne  font premièrement  réduits, 
puis  admtnijlrezi  au  malade  en  forme  de  fècrets.,hiii- 
les,l>aujfnes,quintes-effènces3  teinBures,  chaux, Jels, 
faffrans,  autres  fèmblahles . 

Parquoy  il  eft  éuident  que  tous  les  Her-  Vrayrfai 
metiques  rejettent  tous  les  Antidotes  &  ge  des 
Eleétuaires  confortans  efquels  on  admet  met aux • 
l’or,  l’argent  j  &  les  pierres  precieufes  ré¬ 
duites  feulement  en  poudre  crue  :  Car  eftâs 
ainfî  préparez  ,  ils  ne  feruent  qu’à  enduire 
l’eftomac  d’or  &  d’argent  :  comme  ainfî  foit 
que  les  préparations  Hermétiques  rédigées 
en  eflences ,  magifteres  &:  teindures^  pro- 
duifent  des  effets  beaucoup  plus  nobles. 

Mais  puis  que  nous  parlons  icy  particu¬ 
lièrement  de  l’or  &  de  l’argent *  voyons  ce 
que  les  Hermétiques ,  &c  fur  tous  Paracelfc 
efcriuent  dé  leurs  natures,  vertus  ,  &  pre- 
parationsrPuis  nous  enfeignerons  les  fleurs  chdaues 
creuës  en  nos  iardins,afin  que  chacun  jouïf-  créatures 
fe  de  mes  labeurs  que  i’ay  confacré  &  dédié  tendent 
à  tout  le  monde.  naturelle. 

T outes  les  chofes  qui  naiffent  &  qui  meu- 
rent  3  viennent  par  certains  degrez  au  fom-  *****  t9* 
Ee  iij 


458  bes  maladies 
mec  de  leur  perfe&ion,  fuiuarît  l’opiaiaft 
des  Hermétiques.  Eftans  vne  fois  arriuées 
ence  point,  elles  ne  reiTentent  plus  la  con¬ 
trariété  des  Elemçns ,  ny  aucune  chofe  quf 
'  puifte  caufer  leurdeftru&ion.  Cefte  égalité 
des  Elemens ,  ou  cefte  conformité  de  natu- 
_  re  eft  la  plus  noble  &  parfaite  de  toutes,ou 
quoy  pour  mieux  dire,  la  mefme  noblefl'e  &  per- 
c  on  fi  fie  feéfion  des  chofes  créées,  cefte  vniformité, 
l'excelle [•  qui  eft  vne  fubftance.  égalé  en  tous  les  Ele- 
ee  de  l  or.  mens  }  fe  trouue  principalement  &  refide 
en  l'or  :  auquel  pour  cefte  confideration 
aucune  diminution  ne  deftruétion  ne  peut 
furttenir:De  forte  qu’à  bon  droit  on  le  peut 
appeller  la  matière  de  toutes  les  pierres 
preeieufes  &  des  corps  qui  font  trânfpa- 
rans:  à  ràifon  dequoy  for  eft  ft  parfait,  qu’il 
lie  fe  trouue  rien  de  plus  noble  ny  de  plus 
Semer accompli  que  luy.  L’orftiddminen foy  nereçoii 
ne  perfe-  ml  dechet,  comme  dit  Attgurelhis.  Or  il  im- 
f“ne*  porte  beaucoup  de  confiderer  attendue- 
0  '  ment  cefte  parfaite  nature  del’or  t ;  car  elle 
•eft  égale  8c  vniforme  à  tous  les  Elemens, 
Poulie  comme  il  a  efté  dit  cy-delïus  :  Mais  toutes- 
M«»re  de  fois  on  reçognoift'én  luy  vne  double  natu- 
,r'  re  :  à  fçauoir  ,1’vne  fpirituelle,  ouaftrale, 
formelle,  volatile  :  &  l’autre  corporelle, 
materielle  &  fixe.  Nous  deuons  foieneufc- 
ment  nous  enquérir  de  l’vne  ôc  def autre , 
de  peur  d’errer  en  vn  labyrinthe  fi  amples  & 
afin  auffi  que  nous  en  puiifiôs  tirer  lavray  e 

matière  d’vne  grade  medecinë,&d’vn  élixir 


DV  CE  R  V  E  AV,  43^ 

fbuuerain  ,  laquelle  confifte  principale¬ 
ment  en  la  feule  nature  8c  fubftance  fo- 
laire. 

|  Or  attendu  que  ce  tref-noble  corps eft 
principalement  d’vne  fubftance  très-ferme, 
8c  vnie  parfaitement  à  foy-mefme  :  Nous 
n’en  pourrons  tirer  rien  de  bon ,  fi  nous  ne 
venons  à  fon  ouuerture  -,  fraction  8c  dilfo- 
lution.  Car  depuis  que  la  nature  eft  parue- 
nuë  touchant  ce  corps  a  fa  perfection  ,  8c  a 
ceffé  de  s’élabourer  8c  accomplir  d’auanta- 
ge ,  elle  a  dés  ce  mefme  temps  refigné  fon 
induftrie  à  l’art,  par  le  moyen  duquel  il  peut 
encores  receuoir  quelque  perfeârion  :  c’eft 
pourquoy  l’art  commence  où  defaut  la  na¬ 
ture  :  ne  fe  propofant  aucun  autre  But  que 
de  rendre  cefte  perfection  de  l’or  en  plus, 
haut  degré  ,  8c  de  la  retirer  d’vn  corps  ma¬ 
ter  ici  ,ann  delà  remire  fpirituelle,aftrale,dc 
la  nature  de  l’air  ,  &  finalement  propre  à 
feruir  gencralement  aux  médecines  ,  lef- 
quelles  peuuent  guérir  lës  maladies  qui  at¬ 
taquent  le  corps  humain.  Laquelle  médeci¬ 
ne  eftant  ainfî  accomplie  par  l’art ,  éft  indu¬ 
bitablement  douée  d’innnieS  vèrtus  ,  qui 
auparauant  languiffoient  comme  endor¬ 
mies  en  leur  cralle  fubftance  :  Et  fe  rend 
femblable  au  grain  qui  s’accroift  dé  multi¬ 
plié  en  nombre  ,  puiflance  &  vertus  ,  par 
l’induftrie  du  laboureur  ,  qui  ne  fend  pas 
feulement  la  terre  auec  le  foc  de  fa  charrue, 
4c  ne  la  préparé  pas  feulemenr ,  ains  encore 
Ee  iiij 


440  O  ES  MALADIES 

la  rend  comme  fécondé  parle  fumier  qu’il 
y  mec,  lequel  abonde  d’vn  feu  nitreux  ,  & 
d’vue  chaleur  fulphurée  ,  lequel  eftant  dé¬ 
nué  djudel,  la  nature  a  comme  referré  dan$ 
ce  mefme  fumier.  L’art  fait  donc  la  mefme 
raefee  operation  en  l’or  &  y  apporte  la 
mefme  induftrie ,  ou  pour  le  moins  fembla- 
ble  à.  celle  que  fait  le  laboureur  à  la  fe= 
mence.  v 

VlUifiea-  Qr  nous  vfons  en  l’art  de  diuers  feux  de' 
ion  nàtufe inteneurs  ,1a  vertu  deiquels  confia 
fte  à  digérer  Sc  viuifier ,  laquelle  vertu  l’ex- 
'  pert  artifanfçait  bien  exciter  par  vn  feu  ex¬ 
térieur,  Sc  par  iceluy  imiter  &  parfaire  tou- 
tesles  deçoéfcions  que. la  nature  apporte  en 
fes^opejEations,  afin  d’acquérir.  &moyenner 
la  maturité  &:  perfection  à  toutes  les  cho- 
fès  qu  elle  produit.. 

Senoa»  Ainfi  parle  moyen  du  feu,îe  monde  &  fes 
utilement  Elemens  pafler  ont  &  feront  renouuellez  8c- 
dn  mode,  çLangezde  leur  première  forme  ,  en  vne 
çryftalUne  beaucoup -plus  parfaite ,  pure  8c 
noble ,  qui  durera  éternellement.. 
guattê  l  art  fe  feruant.  de  diuers  feux  en  fes 

èJfhrumes  5?uures  ,  employé  aufli  quatre  organes  ou 
dtl'an.  Inftrumens  pour  accomplir  fon  artifice,  à , 
fçauoir,  la  diffolution,  ou  putrefaétion  :  par 
laquelle  U  réduit  l’or  en  fa  première  nature, 
êc  matière  (  autrement  l’or  demeurer  oit 
toujours  inutile)  tel  qu’il  eftoit  première- 
ment,quand  nature  commença  à  le  faire,  8c 
promouuoir  au  iounerain  degré  deperfor 


DV  CERVEÀV.  441 

dion.  L’autre  inftrumént  eft  la  fublima- 
tion,  par  le  moyen  de  laquelle  Pefprit,i’ame 

teinture,  les  forces  &  vertus  qui  gifoient 
feeretement  en  iceluy  or,font  extraits  &  fe- 
parez  du  corps  diffout  &:  ouuert.  Letroif- 
jefme  moyen  eft  la  calcination  &  naturelle 
digeftion  qui  réunit  l’efprit  &  Parne  auec  le 
corps,  tellement  que  des  trois  parties  fe  fait 
de  rechef  vn  tout,  par  vne  coniondionin- 
diftoluable. 

Le  quatriefme  organe  de  liart  eft la'fixa- 
tion,  par  laquelle  ces  trois  parties  diftindes 
ainfi  vnies,  font  fi  eftroitement  liées  les  vues 
auec  les  autres,  qu’il  eft  impofible  de  j  amais 
les  fepar  er  :Par  mefme  moy  en  l’or  qui  en  ap- 
paréce  eft  mort,fe  côuertir  en  orvital,vége- 
fertiie  d’vne  vertu  infinie  :  de  la  femence 
duquel  fi  on  prend  feulement  vn  grain.il  fe- 
ra  paroiftre  des  cures  tant  admirables,  que 
lafanté  du  corps  humain  en  fera  conferuée, 
&  la  vie  prolongée. 

Voila  les  confiderations  generales  des 
Hermétiques  fur  la  natur  e,proprietez  &  fa¬ 
cultés  de  Por;  lefquelles  font  beaucoup  plus 
profondes  &  folides,  que  les  difeours  &rai- 
ionnemens  des  Dogmatiques,  comme  tous 
hommes  de  fain  entendement  pourront  iu- 
ger  &  conceuoir  fans  nulle  difficulté. 

Mais  venons  aux  particulières  fpecula- 
tions  que  lefdits  Hermétiques  ont  rédigés 
par  eferit,  enfeignez  &  expérimentées  tou¬ 
chant  les  proprietez ,  vertus,  8c  plufieurs 


44*  DES  maladies 
grandes  operations  &  préparations  de  l’of,’ 
auec  les  remedes  infinis  qui  s’ en  tirent:  Et 
fans  nous  arrefter  au  grand  nombre  de  Her¬ 
métiques  lefquelles  ont  traité  çefté  matiè¬ 
re,  &  s’y  font  exercez  fort  heur eufement  5 

Voyons  les  efcrits  d’vn  feul  Paracelfe  5  pour 
fatisfaire  à  tous,  mais  principalement  aux 
hommes  enuieux  ,  8c  afin  de  faire  voir  des 
merueilles  à  quelques  çenfeurs  tres-ob- 
ftinez  8c  fort  opiniaftres. 

-  L’or ,  dit-il*  au  liure  iz.  de  la  tranfmuta-. 
tion  des  chofes  naturelles  ,pag.  308.  Seau 
liu.  de  la  renouation  8c  reftauration  ,  pag; 
'îoy  .ramene  le  corps  de  l’homme  a  vne  parfaite famé, 
guérit  ofîe  toutes  maladies,  &'rejhtuë  ou  renou- 
nette  toutes  fauteurs  :  Etau  liu.  de  la  vie  longue,, 
tome  6.  pag.  116.  lier  preferue  de  la  lepre,. 7. 
tome.  L’or  efi  le  plus  excellent  plus  pnijfant  de 
tous  les  Elixirs,  il  confème  le  corps,Çr  lègarentit  de 
toute  maladie,  ne  permettant  point  qu’il  vienne  a Jî. 
corrompre  :  Car  il  corrige  gr, amende  ce  qui  eft  impur. 

Au  mefme  tome,  liure  3.  de  la  vie  longue, 
pag.  173.  174.  parlant  de  l’or,  il  proféré  les 
tnefmes  paroles ,  luy  attribuant  autant  de 
vertus  &  proprietez  auffi  grandes,non  eftâc 
réduit  en  feuilles, ou  en  limàille,comme  les 
Anciens  l’ont  mis  en  vfage,  mais  philofoi. 
phiqqement  préparé,  c’ëft  à  dire  defpouïh? 
lé  de  fa  matière  cralfe  par  diuers  artifices, de 
amené  à  vne  parfaite  fpiritualité ,  pour  en. 
faire  vn  remede  conuenable  à  plufieurs  3$ 
diucrfés  maladies  fort  grieues. 


<  VV  CER7E  ATi  445 

Encores  enfeigne-il  à  tirer  derordiuer- 
fts  préparations:  &  en  extrait  (comme  auf- 
|i  de  l’argent  &  des  autres  métaux)  trois; 
principes,  à  fçauoir  le  vitriol  d’or,  qui  eftle 
jfel  d’icelùy ,  lefouphre  d’or,  &  le  mercure 
d’or  :  püis  de  ces  trois  principes.  Toit  cpn- 
joinâ:s,foit  feparez,  il  préparé  diüers  remè¬ 
des,  comme. 

Le  fecret  Ample- 
Le  feçret  vitriolé  r 
Le  faffran  I 

Le  magiftére  '  i  / 

La  liqueur  ! 

La  quinte  eflence  ^ 

L’Elixir 
Le  baufme 
""  L’or  potable. 

La  teinture  J 

La  méthode  &  vraye  façon  d’extraire  le  v- r-ei 
vitriol  d’or  eit  ehfeignée  au  tome  é.  liu.  de  j>ar  itm 
la  mort  des  chofes  naturelles,  pag.  191.  où 
mefrne  il  explique  la  maniéré  de  tirer  le 
foulphre  doré  :  &  monftre  que  les  vertus  de 
l’vn>  &  l’autre  font  diaphoretiqiies,  diureti-  er‘ 
ques  .&  mondifiantès  ,  dont  on  extrait  plu-  - 
fîeu’rs  remedes  propres  à  diuerfes  maladies. 

Mais  pour  féparer  de  l’or  Ton  mercure,&  Mncxi* 
îe  réduire  en  fa  première  matière  &  racine,  £6r.  ' 

le  moyen  de  ce  faire  eft  contenu  au  mefrne 
tome,  pag.  291. 437.  duquel  mercure  d’or  fe 
préparent  diuers précipitez  &  autres  excel¬ 
las  remedes  purgatifs  &  fudorifiques,ytais. 


Secret 
d’or  fim - 
fit. 


Secret 
d’or  vi¬ 
triole. 


Crocus  ou 
d’or. 


Ma^ifte  - 
tt  d’or. 


444  des  maladies 
antidotes  pour  dompter  les  elcroüelles, U- 
verole,  les  morphées,&  autres  telles  mala¬ 
dies  qui  prouiennent  de  la  mafledu  fang 
corrompue. 

Tels  remedes  fe  doiuent  prendre  inté¬ 
rieurement  en  fort  petite quantité,&iceux 
en  forme  de  poudre  deftrempée  dans  du  vin  ' 
ou  autre  liqueur,  ou  bien  en  pilules  formées 
de  quelque  conferue. 

Le  Ample  fecret  d’or  fe  trouue  defcrltpar 
le  mefme  Paracelfe  au  tome  4.  pag.-jéa. 
qu’il  dit  eftre  vn  fpecifique  8c  particulier  au 
mal  caduc,  &  fort  propre  à  toutes  fortes  de 
manies  &:  melancholies,  en  dofe  d’vn  demy 
fçrupule  ou  enuiron. 

Le  fecret  d'or  vitriolé  fert  grandement 
aux  me ftn.es  maladies^mais  principalement 
à  1  epilepfie  :  Il  eft  defcrit  au  tome  6. pag. 
ifjq.  8c  fa  dofe  n’eft  que  de  quatre  ou  cinq 
grains,  •  ... 

Mais  la  maniéré  de  faire  le  crocus  oulaf- 
fran  d'or,  fe  trouue  au  mefme  tome  6.  pag. 
440,  tous  lefquels  remedes  opèrent  par 
lueurs,  8c  quoy  qu’ils  excitent  de  grands 
flux  de  ventre,  fl  ne  laiftent  ils  pourtant  de 
penetrer  iufqu’aux  centres  des  maladies, 
d  ou  ils  extirpent  &  efpuifent  les  premières 
racines  8c  fourçes  du  mal-,  eil  récréant  & 
corroborant  les  feces  par  vn  moyen  notoi¬ 
re,  non  à  nous,  mais  feulement  à  la  nature. 

Quant  à  lafaçonde  préparer  le  magiftere 

d’or,  elle  eft  enfeignée  au  tome  6.  liu.  6.  des 


Dv  CERVEAV,  445 

fnagifteres ,  &  au  3.  liu.  des  Archidox.  tou¬ 
chant  les  réparations  des  Eleraens  :  C’eft  v- 
ne  vraye  panacée  &remedefortfingulierà 
toutes  maladies  pour  grieues  qu’elles  puif- 
fent  eftre,  telles  que  la  lepre,lesefcroüel- 
les,  le  mal  mort,  la  morphée,  les  morbilles, 
petites  &  grandes  veroies^  epilepfies,  apo¬ 
plexies  ,  paralyfies ,  contradures  8c  autres 
fembiables. 

Le  formulaire  8c  compofîtion  de  la  li-  . 
queur  d’or  fe  trouue  defcritë  au  tome  3.  liu.  $„*** 
a.  des  forces  des  membres.  Il  n’y  a  rien  de 
plus  excellent  ny  louable  en  ïa cure  des  con¬ 
tradures  que  les  liqueurs  d’or,&  de  niumlt, 
félon  que  Paracelfe  efcrit  au  liure  1.  du  tar¬ 
tre  traité  1.  pag.  2.  8.  Au  mefme  liure  8c 
traité3pag.'2.87.  ledit  Authetfr  rapporte  auf- 
fi  l’hiftoire  d’vn  certain  homme,  dont  ilde- 
xlare  le  nom,  qui  perclus  de  fes  membres 
par  Cinq  années  entières,  aur oit  du  tout  re- 
couuert  fa  première  fanté  par  le  moyen  de 
cefte  liqueur  d’or,  8c  ce  dans  l’efpace  de 
neufiours  :  Ladite  liqueur  eft  pareillement 
defcrite  en  beaucoup  d'autres  lieux  ,  que 
i’obmets  à  caufe  de  breueté 

On  appelle  quinte  eifence  d’or,  certaine  Qtùnît 
effence  fpirituelle  rouge  comme  vn  rubis,  effence 
laquelle  fe  fepare  du  corps  de :l’or,  8c  con-  *  ar* 
tient  toute  la  vertu  d’ieeluy,au  tome  4.  pag. 

Io6*  Onl’adminiftre  pour  la  curation  de  di- 
nerfes  maladies,  vne  ou  deux  fois  le  ioura- 
uec  du  vin  ou  quelque  decodion  conuen&~ 


44^  DES  MAL  ADtÈS 

Me ,  en  dofe  de  cinq,  ftx  ou  fept  graine 
»  *Ux,T  La  îîiethode  de  faire  l’Elixir  d’or,  efteni 
*r*  -  feignée  au  tome  6.  lim  3.  de  la  vielonguej 

ehfemble  les  yertus  &  proprietez  qifil.a 
contre  les  maladies,  mefine  les  plus  defef- 


Æattfrite 


pereesi 


£  or. 


Le  baufme  d'or,  la  maniéré  de  l’extraire. 


j  Or  po- 
table» 


auec  fes  yertus  &  facultés  ,  font  expliquez 
en  la  grande  chirurgie,  pag.  147.  Il  eft  prin¬ 
cipalement  efficacieiix  pour  remedier  aux 
loups  &  vlceres  farcineufës  &  chaiicreufes, 
moyennant  qu’on  le  prene  au  dedans,  & 
qu’il  foit  appliqué  par  dehors,  en  méfiant 
4|neiques  gouttes  auec  vne  autre  baufeie 
plus  léger. 

•  L’or  potable  &  l’huile  d’or  fans  corroff,  ainll 
qu’il  eft  contenu  au  tome  7.  liu.  des  degrez 
8t comportions,  pag.  361.  sextraicl auecefen- 
cedefèl  difiüée  de  calciné ,  qui  enapres fera  derechef 

taré  &  préparé ,  car  atnf  fefatt  le  meilleur  or pota - 
, tôm.  7.  liu.  dufel,pag.  148.  &tom  è.  liu; 
de  la  refufcitation  des  chofes  naturelles* 
pag.  398.  voicy  ce  qu’il  en  dit.  En  préparant 
V  or potable, le  premier  degréef  que  l’or  potable  denien - 
ne  volatil ,  &  ne fpuijje  plus  réduire:  ^/£cet  or  vola¬ 
til  on  adiouslcra  de  lejprit  de  vin,  & rendr a-on l  vn 
V autre  volatil.  Dans  le  mefmetome,aü  li¬ 
bre  intitulé  threfor  des  Alkymiftes,  pag. 
398.  eft  enfeignée  la  préparation  &  admini¬ 
stration  du  Vray  Or  potable,  comme  aufii  ail 
tome  4.  litn  des  membres'  racourcis ,  où  « 
jpropofe  ce  remede  comme  fort  finguhet 


ÔV  CERVEAY.  447 

&ax  coîitraâures ,  8c  leur  vray  fpecifiqùe. 
Brefeedit  or  potable,  &  la  maniéré  tant  de 
Je  préparer  que  de  s’en  feruir  font  defcrits 
par  iceluy  en  infinis  autres  lieux  :  Quant  à 
fes  vertus  8c  proprietez  elles  font  déclarées 
au  mefme  tome,  Üu.  des  membres  retirez. 
lly  a,  dit-il,  vne fi grande  vertu  en  l'or potable ,pu on 
ne  la  fiauroit  affez^prifir,  car  il  ny  a  aucune  vertu 
p lus  confortât  tue  :  de  fine  que  par  ce  remede  toutes 
maladies  fi  gueriffent,  O*  principalement  celles  put 
font  au  fouuerain  degré,  telle  pue  fi  la  ctmtraBure 
ey-c.  Qui  aura  volonté  d’apprendre  la  con¬ 
fection  d#  l’or  potable  en  plus  de  maniérés, 
voici  ce  que  le  do&e  Libauius  en  a  efcrit,au 
liure  de  l’Alchym.  traité  i.pag.93.&  94. 

La  préparation  de  la  teinture  d’or,  auec  ^“*turë 
fes  facultez  8c  proprietez  eft  exprimée  par  °  * 
le  mefme  Paracelfe  au  liu.  2.  de  fa  grande 
Chirurgie,  pag.  146;  8c  147.  en  ces*erme&i 
/’ appelle  teinture  d! or  la  couleur  de  fin  corps  me  fine: 
duquel  efiant  fipar  ée,  teüement  qu'il  demeure  blanc, 
l'cemre  fera parfaiB,  car  ia  couleur  0*  le  corps  fini 
chofis  differente  s  bvn  de  l'autre,  Crpourtat fiuffrent £' 
cRes  paon  lesfipare,  c  e fi  a  dire, pue  le  pur  ( quiefi  la 
couleur)  fi  difirait  de  l'impur,  a  fiauoir,  du  corps  :  ce 
qui  n  efiant  fait  premièrement,  tout  le  trauad  deuieni 
inutile. -La fiparation  efiant  donc  faite, on  viendra  in¬ 
continent  a  clarifier  la  couleur a  l’exalter  uijqu  au 
finuerain  des  degrezj  Or  le  degré  auquel  la  teinture  fe 
peut  exalter,  èfi  cinq fois  double ,  c’efi  a  dire,  cinq  fois 
en  deux  fois  24.  car  il  ne  s’efieue  point  plus  haut. 

Ce  fie  teinture  contient  vn fort  grand  ficret  pour  pw- 


448  des  m  al  ab-îes  - 

ger,  renomeller  Crreflaurer  tant  la  partie  mal  difpt2 
sèe,  que  le  fang  du  c$zps  imiuetfeL 

Or  la  méthode  d’extraire  celle  teinture 

&  les  préparations  des  menftrucs,  a  fcauoir 
des  Tels  j  8c  des  efprits  de  vin,  qui  font  les 
principaux  inftrutnens  requis  à  cet  artifice 
,  fe.trouüent  exprimées  vn  peu  apres  au  mef- 
me  lieu.  Il  enfeigne  aulli  l’adminiftration 
d'icelle  teinture  audit  liure,  pag.  xyq.  en  ces 
termes  :  L’adminifration  de  la  teinture  d’or, pour 
ejler  la  racine  de  tom  vlceres  ef  prefque  telle)  on  en 
mejlevne  dragme auecvne  once  d.e  bonne  therïdquei 
puis  ayant  prefenté  a  tenn  vn  fcmpule  de  ce  me  fange , 
on  fait  fier  le  malade  gifant  connenablcment  au 
litt. 

Poùr  les  efcroiielles,vëroles  8c  rougeoles 
on  la  peut  femblablement  mefler  auec  thé¬ 
riaque,  ou  auec eautheriacaleantepilepti- 
que, en  mettant  XX.  ôu  XrV.  gouttes 
dans  trois  onces  de  ladite  eau,  s’il  faut  com- 
batre  quelque  maladie  epileptique ,  la  dofe 
fera  d’vne  cuillerêë,  qu’on  réitérera  iour- 
nellement  par  quelques  iours  continuels,en 
Pomme  celle  teinture  s’approprie  conuena- 
blement  àlaguerifon  de  plufieurs  maladies 
extrêmement  grieues,  pourueu  qu’elle  foie 
adminiftrée  auec  les  chofes  qui  conuien- 
nent  à  chacunes  d’icelles. 

Il  y  a  trente  ans  ou  enu  iron ,  qu’en  noftre 
liure  de  la  Préparation  fpagyrique  des  Me- 
dicamens  chap.  d^l’or ,  nous  deferiuimes la- 
façon  d’extraire  celle  tein&ure  :mais  briéf- 
uement 


BV  CE  R  VI  AV*  445? 

üement  &  aùec  âflez  d’obfcuritë  au  regard 
des  Apprentifs  ôc  Difciples  ignoràns  :  Et 
neantmoins  aflez  clairement  pour  ceux  qüî 
font  verfez  &  exèrcîtez  en  fart  Cbymique. 
Si  cefte  teinâEure  qu’on  fublime  en  couleur 
rouge  ôc  brillante  comme  vne  eftoille  ,  eft 
en  proportion  philofôphique ,  meflée ,  di¬ 
gérée  ôc  philofophiqu  emerit  cuite  auec  Ton 
propre  mercure,  extraits  au  flî  fepârément  ï 
Elle  deuient  la  plus  noble  &  excellente  dé 
toutes  les  teintures  :  Tellement  qu’à  bon 
droitïa  péüt-dfl  appelier  tein&ure  des  tein- 
étures  ôc  rriedecirie  des  médecines ,  vn  feuï 
grain  de  laquelle  méfié  auec  du  viii  ou  dans 
queîqif  autre  liqueur  conuenaffle _,  fert  à  là 
curation  de  t dûtes  fortes  de  maladies, 
le  ne  doute  poiût  qûe  quelques  CenfeurS 
he  viennent  à  fe  mocquer  de  celle  teinture 
d’or,  crians  que  ce  font  fables  &  fornettes, 
vpiré  ne  ceflans  d  accufer  ïc  tout  d’iihpoftu- 
f  es,  encofes  qu’ils  en  ay  ent  veü  les  vertus  ÔC 
èfle&s ,  Ôc  qae  f  expérience  les  contraigne 
d’en  aduofler  ôc  admettre  la  vérité.  Mais  ce 
ni’eft  aflez  de  refpondre  à  ces  Iafeurs  qu’ifly 
apîufleurs  grahds  perfonnages,  principale¬ 
ment  en  Allemagne  6c  ailleurs,  voire  me  P 
me  des  princes,  qui  Confenterit  ôc  foùfcri- 
ùent  à  la  Venté  de  l’or  potable, Ôc  en  ap- 
prouuent  la  préparation ,  fuiuarit  laquelle 
l’or  fé  difliile  en  liqueur  dans  falembic  par 
quarante  ou  cinquante  façons  diuerfes  ;  de 
forte  qu’il  eft  impoflîbk  de  le  réduire  jar 


450  DES  MALADIES 

mais  en  corps:  Vous  auez  défia  leu  en  ce 
traité  quelques  vnes  defdites  maniérés  que 
nous  auons  rapportées  de  Paracelfe  :  &  dot 
la  vérité  ne  peut  eftre  niée  de  ceux  qui  font 
tant  foit  peu  verfez  ez  operations  Chymi- 
ques*  Pourmoy  qui  fuis  le  moindre  de  tous 
des  Chymiques ,  depuis  par  expetience  fai- 
reveoir  cela  mefme  à  l’œil  dans  dixiours,  ie 
di  la  teintqre  d’or  extraite  en  plufieurs  ma¬ 
niérés,  &  la  réduire  en  liqueur  potable  par 
plps  de  vingt  façons  :  Ce  que  ie  promets  de 
certainement  vérifier  en  effeél  à  celuy  qui 
ayant  veupar  expérience  là  vérité  delacho- 
fe,  voudra  ingenüement  confefler  fon  igno¬ 
rance,  &  admirer  de  fi  nobles  &  excellens 
artifièes  incogneus à  l’antiquité. 

Quant  à  ce  que  les  Hermétiques  attri¬ 
buent  diuerfes  8c  merueilleufes  proprierez 
à  l’qr  réduit  en  nature  fpiritüelle,  &  priué 
.de  fa  corporelle,  la raifon  cil  qu’entre  tous 
les  corps  naturels,  celuy  de  l’or  excelle,  &  , 
furpafle  les.  autres  en  incorruption  &  lon¬ 
gue  durée'  :  en  quoy  ils  raifonnent  plus  foli- 
deinênt  que  Hippocrate,&  apres  luyMefué 
&  autres ,  veu  qu’ils  donnent  à  l’hellebore, 
contenant  à  leur  opinion  tant  de  venins,  des 
facilitez  de  remedier  aux  maladies  plus 
grandes  qu’à  l'or  potable. 

-  Comme  ainfi  foit  que  toutes  les  fufdites 
préparations  de  l’or,  le  font  participant  d’v¬ 
ue  nature  fpiritüelle  ôç  fubflance  aerée,  el¬ 
les  le  rendent  par  ccnfequent  vn  remede 


Î>y  gbr  ve  A  Vi  4;i 

•propre  aux  epilepfies,  apoplexies  &  paraly¬ 
ses,  dont  nous  traitons  icy,  quand  il  eft  ad- 
miniftrc  auec  quelque  liqueur  conuenable. 

Nous  adioufteroris  en  ce  lieu  vne  defcrip- 
tiondenos  remedes  folaires,  dont  le  for¬ 
mulaire  eft  fpecifique  à  ces  maux,  tres-feur, 
&  d'vne  facile  &  brieue  preparation.Si  toü- 
tesfois  mes  paroles  vous  Semblent  énigma¬ 
tiques,  vous  n’auez  pourtant  dequoyvoüs 
efmerueiller ,  car  vn  fî  grand  &  excellent 
fujet  ne  fe  petit  autrement  traiter  qu’en  ter¬ 
mes  philofophiqués,  veü  pareillement  qu’il 
eft  dédié  8c  intelligible  aux  feuls  philofo- 
phesi 

Cdciœzjôr  philofiophiquement ,  apres  l’amfrpre - 
jnierement  ejpuré  iufqiian  fouùevam  degré, par  le 
moyen  de  U  antimoine,  puis  le  plonge^en  eau  fiygiennt 
glacée,  laquelle Je  puifi  des  Jour  ces  <£r  fontaines  du 
Dragon  qui  tout  deuorci  L'or  y  eclipfira  ,  perdra  fa 
jp  tendeur ,  £r  fe  changera  en  ' couleur  noire,  liai  de  &  - 
morte ,  mortification  tout esfôis  qui'  efi  le  commence¬ 
ment  de  fa  vie  :  Lanezÿle  en  eau  de  pluje  tant  qui 
petit  a  petit  il  vienne  a  s  efclaircir,  &  quayantjeu  à 
peu  quitté  fa  couleur  brune,  il  fit  deuenu  clair  CT 
lui  fiant i  jlny  aura  nul  danger  de  le  lauer  &  mor¬ 
tifier phifieurs fois,  car  tant  plus  il  efi  amoriy, tant  plus 
fplendide  efi- la.  vie,  O"  tant  plus  grande  efi  la  gloire 
qu’il  acquiert  par  le  moyen  delà Julphurée  gr  arden¬ 
te  liqueur  des  grains  meurs  de  geneurier }  laquelle  ex¬ 
trait  fohbaufne  Zzrfimg  tre-exquis,  &  laijfe  le  corps 
d1 Ïeeluy  blanc ,p aile  comme  mort ,  ou  dëjpoiiillé  de 

toute  vie.  si  ce  baujme  <£r  fiing  vital  d'or  efi  par 


^  DES  MALADIES 

plufeursfois  cobob  ê  dans  l'alembic  auec  e/prit  ardent 
de plomb, il  acquerra  vne  parfaite  aEliuité  ou  venu 
d’ opérer,  gr  des forces  excellentes  pour  conforter  nofre 
haufme  naturel,  cr  le  rendre  capable  de  fe  deliurer  de 
touffes  ennemis .  La  dofe  d’iCeluy  doit  eftre  de 
quatre  ou  cinq  gouttes  ou  grains  auec  eau 
de  muguet,  ou  de  fleurs  de  tiliet  contre  les 
epilepfies  &  vertiges  :  auec  eau  de  lauende 
contre  les  apoplexies,mais  en  eau  de  foulfi, 
contre  les  paralyfies  &  contra  éturesv 
Mais  i’ay  expreifement  defçrit  le  formu- 
îaire  de  cefte  tein&ure  d’or  fouz  paroles 
énigmatiques  &  obfcures;  non  queie  vueif- 
le  celer  quelque  chofe  à  la  pofterité,  ou  luy 
enuier  dé  fi  excellons  myfteres  :  combien 
toutesfoisque  ie  fçay  pour  certain  qu’au¬ 
cuns  Cenfeurs  croient  cela  de  moy,lefquels 
auflî  s’en  mocqueront,  ôc  neantmoins  quâd 
ils  auront  quitté  leur  ignorance  ,Sc  acquis  la 
fcience  de  fi  grands  fecrets  ils  aduoneront 
queie  n’ay  fait  celaçfans  raifbn:à  fçauoir 
d’autant  qu’on  ne  doit  pas  publier  ce  qui  c-ft 
dédié  aux  hommes  dodtes,ny  déclarer  au 
vulgaire  les  chofes  qui  font  myfterieufes,  & 
doiuent  eftre  tenues  pour  telles,  car  autre¬ 
ment  les  fecrets  cefTeroient  d’cftre  fecrets, 
&  eftans  defcoimerts  feroient  defpoiiillez 
de  leur.gloire,  8c  fouliez  aux  pieds  par  les 
hommes  profanes,  &  gens  qui  en  font  indi¬ 
gnes.  Ainfi  les  Pytagoriques  &  autres  tels 
Philofpphes  ont  caché  leur  doétrine  fous 
des  nombres  :  Les'Lulliftes  ont  couuert  U 


D  y  C  E  RV  E  A  V.  455 

leur  des  premières  lettres  de  l’alpnabet,tou- 
tés  lefquelles  chofes  font  muettes,  &  n’ont 
ordinairement  nulle  lignification  en  dôéfcri^ 
ne.  Ameilleurdrorâ:  8c  plus  forte  raifon 
ne  nous  fera-îl  pas  loifîble  d’vfurper  les 
mots  de  Dragon  qui  tout  deuore,  8c  d’ea» 
ftygienne  glacée ,  puifée  des  fourccs  d’ice-  /-  . 
luy,  8ç  autres  tels  mots  beaucoup  plus  intel¬ 
ligibles^  tous  les  Philofophes  que  nous  iu- 
geons  dignes  de  nos  myfteres. 

Or  auant  que  mettre  fin  à  ce  chapitre,  il  Vertu* & 
flous  conuient  dire  quelque  chofe  de  l’ar-  vemt&e* 
gent ,  &  fuiuant  le  mefme  ordre  qu’auons  i^r^ent 
tenuiufques  icy,  enfeigner  quel  fentiment  pour  Ut 
les  Anciens  ont  eu  tant  de  fa  nature  que  de  Hermtti * 
fcs  vertus  8c  proprietez,  auec  la  fin  pour  la-  T*,u. 
quelle  ils  fe  font  feruis  de  ce  metail  en  la 
pratique  de  medecine:  Afin  d’adioufterpuis 
apres  l’opinion  dcsHermetiques,  lefquéls 
font  entrés  plus  auant  ez  cabinets  de  .nature 
que  tous  autres,&  ont  deicouuert  fon  fein 
&  fes  entrailles,  dont  par  vne  grande  indu- 
ftrie  ils  nous  ont  tiré  8c  exposé  beaucoup 
de  merueilieux  fecrets. 

Nous  auons  il  y  a  long-temps  efcrit  en 
noftre  ïiure  de  la  préparation  fpagyrique 
des  medicamens,  les  compofitions  8c  anti¬ 
dotes  qui  admettent  l’or  8c  l’argent:dequoy 
vnpeu  auparauant  nous  auons  fait  mention 
parlans  de  l’or,  8c  auons  quant  8c  quant  en- 
feigné,à  quelle  fin  les  Anciens  s’en  feruoiér, 

&  pourquoy  on  les  introduifoit  ez  compo^ 

Ff  iij 


454  ®ES  maladieî 

fitions,  auffi  y  auons  nous  monftré,  que  dn 
temps  de  Galien ,  8c  des  autres  Grecs  qui 
font  venus  apres  luy  ,  leur  vfage  eftoit 
incogneu  en  medecine  :&  lea  Arabes  font 
ceux  qui  premièrement  les  ont  inferez  en 
leurs  Antidotes  Cordiaux  ,  toutesfois  vn 
ïeul  Ægineta  en  a  vsd  contre- les  piqueures 
des  Scorpions  appliqué  extérieurement  fur 
laplaye:  Vo.icy  comme  il  en  parle  au  j.liu, 
deremedica ,  chap,  8,  de  la  morfure  de  Scor¬ 
pion  iLajemence  de  treffie  pnnfe  enbrenuage,&la 
Jèrrience  de  bajthc fenient  aux  me  [mes piqueures  :  pa¬ 
reillement  on  ne  croirait  pas  combien  y  eft  propre  l  ar¬ 
gent  mis  promptement Jhr  la  ployé.  ■ 

Faifons  maintenant  veoir  que  les  Hermé¬ 
tiques  elabourent & anatomifentee  metail 
auffi  bien  que  l’or,  par  des  maniérés  8c  pré¬ 
parations  plus  exactes  que  n’ont  fait  les 
Grecs  &  Arabes.  Ils  l’ont  tellement  exami¬ 
né  &  fubtilisé  en  toutes  façons,  qu’ils  ont 
fublimé  fon  corps  en  nature  impalpable, 
c’eft  à  dire  fpiritùélle,  &  rendu  entièrement 
formel &  incorporsl,  ce  qu’il  y  auoit  de  ma¬ 
teriel:  Parquoy  ils  ont  recogneu  fes  vertus 
<k  proprietez  admirables,  8c  troüué  qu’on 
en  pouuoit  tirer  &  préparer  des  remedes 
pour  les  maladies  internes,  voire  pour  des 
maux  plus  griefs  que  ne  font  les  morfures. 
de  fçorpions,  beaucoup  plus  nobles  &  effi-= 
caciéux  que  quand  on  l’applique  par  de- 
hors  fur  les  play.es  en  forme  de  lames. 

Paraçelfe  mefme  en  fes  eferits  en  a  enfe  j- 


BV  CERVEAV.  ' 

gnédiuerfes  préparations  ne  plus  ne  moins  xra't 
que  de  l’or  :  car  il  en  extrait  autîi  bien  que  ^ r’tHei™s* 
de  l’or  vn  vitriol  ou  fel,  vn  foulphre'  &  vn  dtïargït 
mercure  ,&  ce  par  vne  méthode  prefque 
femblable,  Auffi  declare-il  comment  on  en 
peut  comme  de  l’or,  feparer  les  quatre  Ele- 
menSjtome  d.  pag.  16.  de  la  feparationdes 
Eleméns. 

Il  defcouure  pareillement  l’artifice  de 
rendre  potable  l’argent,  &  d’en  faire  le  ma- 
giftere,  tome  6.  pag.  60. 

Mais  comme  ainfi  foit  que  l’argent  fe  rap¬ 
porte  proprement  &  particulièrement  au 
cerueau,  &  eflr  vn  remede  fpecifique  à  fes 
maladies,  comme  aux  manies  &  melancho- 
lies,aux  epilepfies  &c.on  l’y  approprie :tout 
ainfi  que  l’or  côuiét  &  s’approprie  au  cœur,,  ^argent* 

La  liqueur ver  de  d'argent,  dit  Paracelfe  ,  con-  verdt. 
forte  le  cerneau  cgr  lerend  comme  muueau.  La  mé¬ 
thode  de  la  faire  eft  exprimée  au  tome  3.  liu. 
a.  des  forces  des  membres,  pag.  7.  en  ceftc 
maniéré. 

, Prenez. „ Juffifitnte  quantité  £  argent  calciné ,  ér  le 
eoheiez^par  jept  tours  anec  vin  de  vie  :  alors  la  chaux, 
d'argent ferejout  en  liqueur  gluante  :  faites-la  digé¬ 
rer  au  Bain  l'efiace  d’vn  mois,  alors  elle  Je  refiut 
reprefèntevnfiicverd. Ceux  qui  fçaurontphiîor 
fophiquement  calciner  l’argent,  le  reduirôt 
façilemét  en  liqueur  fuiuat  cefte  méthode. 

L’ayant  donc  calciné  &  mortifié  en  la 
maniéré  que  i’ay  cy  deflus  enfeignée  pour 
calçiaer  l’or  :  Par  le  moyen  de  la  liqueur 
Ff  iiij  ' 


4  ©ES  MALADIES 

fulphurée  de  fauge.qui  conuient  à  l’argent, 
comme  celle  de  geneurieràror,onendre 
vrie  teinture  fapphyrique  >  elTence ,  liqueur 
&  huile  d’argent  tres-èxquis5duifant  ^  touT 
tes  cpilepfies,  apoplexies ,  paralyfies  Sc  au¬ 
tres  telles  maladies,  pourueu  qu’on  en  pre- 
ne  quatre  gouttes  dans  quelque  eau  ou  li¬ 
queur  .conuenable,  "  •;  ; 

Libauius  liure  z.  deTAlchymie, trait é i? 
pag.94.  defcouure  trois  moyens  de  faire  ce¬ 
lle  liqueur  ou  argent  potable  :  lequel  Au? 
theur  defcrit  &  enfeigne  pareillement  trois 
façons  de  le  calciner,  aux  rnefrucs  Hure  8ç 
&:traitté,pag.  90.100. 

C’eft-alTez  parlé  en  ce  lieu  deladilFe&ion 
de  l’or  &  dei’argent  ou  de  l’anatomie  inter 
rieure  des’  deux  luminaires  terr  eftres  ,  en? 
tant  qu’ils  conuiennent  aux  quatre  mala¬ 
dies  dont  nous  traitions  prefentement: 
Quant  à  leurs  autres  proprietez  &  diuers 
remedes  qui  font  propres  à  d’autres  mala¬ 
dies,  nous  en  différons  l’explication'  en  no- 
ftre  Antidotaire  Spagyriqu  e,où  feront  aufli 
déduites  les  diuerfes  vertus  &  effe&s  des 
autres  métaux  à  l’endroit  des  maladies. 

Pour  cohclulion,  nous  adjoufterons  fina¬ 
lement  ce  qui  s’enfuit  touchant  le  mercure 
ou  vif-argent }  afin  de  monftrer  que  les  An? 
ciens  n’ont  rien  dit  ny  eferit  de  çét  indiuidu 
métallique ,  linon  fuperficiellemét  &  com¬ 
me  en  pallant  :  Et  ce  d’autant  qu’ils  le  ràp? 
porççient  au  nombre  des  venins  pluft<?£ 


BV  G  E  R  V  !  AV.  4ff 

que  d’en  faire  cas,  comme  d’vnremedefort 
iexquis ,  ignorans  du  tout  les  proprietez  d'ir 
celuy  :  Au  contraire  les  I-îermetiques ,  fui- 
pans  leur  Précepteur  (qui  a  toufipurs  main¬ 
tenu  que  cela  mejme  qui  ejl fùperieur ,  ejl  anfi  in¬ 
ferieur)  y  ont  recogneu  bien  d’autres  ptPr 
prierez  8c  remedes ,  en  faifant  vne  exa&e 
dilFe&iem  de  toutes  fès  parties:  efquelles  ils 
ont  defcouuert  infini?  fecrets  duifans  aux 
maladies  mefme  les  plus  grieues  &  der 
plorables  ;  Ét  félon  que  fes  préparations 
font  diuerfes,ils  en'ont  pareillement  tiré  di- 
uers  remedes,  &  tranferitvn  nombre  hifiny 
de  compofitions  pour  l’ornement  de  la  Mé¬ 
decine,  comme  nous  ferons  veoir  au  Cha¬ 
pitre  fumant? 


Chap.  XXXIII, 

Pel*drgent-l>if  ou  mercure » 

SViuans  foufîours  l’ordre  8c  méthode  que 
nousauons  obferuéence  prefent  trai&ç 
(  principalemét  en  parlant  des  remedes  mé¬ 
talliques  )  à  fçauoir  de  dire  premièrement 
ge  quen  ont  creules  Anciens  Dogmatiques 
&  Medeçins  plus  çelebres,foit  au  regard  de 
leurs  proprietez ,  tant  de  leurs  compolîtios 
que  de  leur  vfage  en  Medecine  :  Puis  de  dé¬ 
clarer  &  faire  veoir  mefme  aux  plus  louf~ 
çhes  çe  que  les  Hermétiques  y  ont  apporté 


4/8  DES  maladies 
de  fplendeur  &  de  lumière  V  &  combien  de 
diuersfecrets  ils  en' ont  inuentez  &  tirez  au 

au  grand  luftre  &  ornement  de  la  médeci¬ 
ne.  Premièrement  nous  mettrons  icy  en 

auant  ce  qu’en  ont  opiné  ,  dit  &  efcrit  les 
centto »-  Dogmatiques,  leur  dônant  ce  degré  d’hon-- 
ihantle  neur  (  comme  nous  auons  fait  iulques  icy  ) 
ramure,  de  dire  les  premiers  quel  eft  leur  fenti- 
ment.  ~  . 

Diofcoride  Autheur  fort  antique  parmy 
les  Anciens  Grecs  ,  expofânt  les  vertus  & 
proprietez  des  fubftances  métalliques ,  ad- 
ioufte  ce  qui  s'enfuit  touchant  l’argent-vif, 
liare  y.  de  fon  Commentaire  chapitre  70. 

Le  vif-argent,  dit-il  ,fe fait  de  vermillon,  lequel  eft 
fauffement  dit  Cinabre ,  on  lette  le  vermillon  dans  vn 
v  ai  fie  an  de  terre  contenat  vne  conche  de  fer,qn'  oncouy 
tire  de  chaux  gr  enduit  d' argtlle,pnis  on  emhrafe  les 
charbons  ,  &  ayant  fûts  apres  raclé  la Jitye  qui  fi 
troime  attachée  a  la  chaux ce  fi  l'argent  vif  il  s'en 
tro  mie  pareillement  es  toiBs  des  mines  d'argent ,  cm - 
denfé  en  gouttes.  On  le  garde  en  des  vaiftfeaux  de 
plomb, deftam  ,  on  de  verre ,  car  il  ronge  &  eonfume 
ceux  d' autre  matière.  Et  au  liureé.  chap.z8.le 
mefme  efcrit  ainfi  de  fes  vertus  :  l’ argent-vif 
pris  en  breùuage  produit  me  fines  effets  que  l'efcutne 
d  argent,  dfçauoir  destrenchées  eyr  douleurs  d  tnte? 
fins  :  contre  qmy  il  faut  employer  me  fines  remedes , 

Cf  Or  le  laitl  beu  mefme  en  grande  abondance  fembk  y 

efire  bon  ,  mais  par  apres  il  efi  befim  de  mouw- 
ment.  ^4 

c  Or ihafe  en  fes  ColJ.e6t.  de  Medêcineli% 


DV  Cerveav.  4T9 

tjr  atranfcrit  mot  à  mot  ce  que  Diofcoride 
auoit  dit  au  liu.  y.  chap.  7.  touchant  lé  mem 
cure. 

Cela  mefme  a  pareillement  fait  Aétuarius 
au  liu.  5.  de  lameth.  Med.  chap.  iz.  vers  la 
fin,  où  il  defcrit  auiïi  les  proprietez  de  Par- 
gent  vif,  que  Diofcoride  auoit  enfeigqées  / 
au  parauant ,  encores  fuit-il  le  méfme  Diof  , 
çoride  en  la  defcription  de  l’efcume  d’ar¬ 
gent  &  des  autres  métaux,  liu.  6.  chap.  z8. 

Parquoy  il  appert  que  ny  Diofcoride 
mefme,  ny  les  Grecs  qui  font  venus  long¬ 
temps  apresluy  chatans  toujours  vne  mef-  ' 
-mechanfon  ,  n’ont  pas  eu  grande  eognoif- 
fance  de  l’argent-vif. 

Et  ce  grand  perfonnage  Galien  femble 
n’en  auoir  eu  autre  Centiment ,  quoiqu’il 
yfe  d’autres  termes,  efcriuant  ainfi  au  9.  liu. 
des  Simples:  àfçauoir  ,  ^tticeluy  vif-argent, 
rie  fl  pas  des Jtmples  medicatnens  qui  naijfent  d‘ eux- 
mejmes ,  mais  de  ceux  qu on préparé ,  comme  lever d  p 
de  gris,  l'efcumeâ' argent 3Crc.  Neantmoins  il  lie 
dit  rien  touchât  fes  proprietez  &  qualitez  : 
ains  il  confefie  ingenuëment  que  iamais  il 
n’en  a  fait  aucune  expérience,  pouf  fçauoir 
s’il  caufe  la  mort  eftant  pris  par  le  dedans  ou 
appliqué  extérieurement. 

Or  le  moindre  apprentif ,  qui  a  tant  foit 
peu  petite  cognoiffançe  des  minéraux,  fçait 
bien  que  l’argét-vif  eft  vn  minerai  commun 
produit  par  la  nature ,  en  forme  liquidé  & 
C-au  feiche  ,  comme  il  fe  trotiue  en  beau- 


4 6o  ©es  maladies 

coup  de  lieux  d’Allemagne  &  d’Erpagne" 

d’où  vient  le  meilleur. 

Erreut.it  Le  vif- argent  ne  fe  fait  pas  doneques  du 
jsùofco-  vermillon  ,  ainfi  que  croient  Diofcorides 
ride,  &  fes  fe&ateurs  ;  Car  le  vermillon  n’eft  au¬ 
tre  ehofe  que  le  plomb ,  calciné  à  force  de 
Vermillo  feu  iufques  à  rougeur  ,  comme  la  cerufle  eft 
que  teft.  vue  autre  chaux  de  plomb  extraite  par  va» 
peur  de  vinaigre  ,  ne  plus  ne  moins  qu’àva» 

peur  du  vin  ou  des  raifins  ,  ceux  de  Mont¬ 
pellier  tirent  du  cuiure  vne  chaux  appelles 
verd  de  gris  ou  verdee. 

Cinabre.  Quant  au  cinabre,il  tefmoigne  aflez  qu’il 
enapareillement  eu  fort  peù  de  cognoif» 
fânee  :  car  le  cinabre  qui  fe  vendes  bouti¬ 
ques  des  Apoticaires  eft faétice ,  eftant fait 
d  argent-vif  mortifié  premièrement  auec 
du  fouphre,  puis  exalté  par  fublimation,  le¬ 
quel  auffi  fe  convertit  facilement  prefque 
tout  en  mercure  coulant ,  ce#  à  dire  ,  que 
d’vne  liure  il  en  faut  quatorze  onces  ou  en- 
uiron,  fi,  comme  nous  auons  enfeigné  en 
noftreconfeildelaverole,  il  eft  méfié  auec 
chaux-Viue  8c  précipité  à  force  de  feu  dans 
la  cornue  ou  retorte  :  laquelle  préparation 
de  mercure  eft  beaucoup  meilleure  &  plus 
Autretf-  exquife  que  la  vulgaire. 
pect  de  Ily  a  encores  vn  autre  Cinabre  minerai , 
Cmabre  reftemblant  en  forme  à  vne  pierre  rouge 
tu  rnd  ^ort  Pe^ante  »  lequel  fe  trouue  en  diuers 
*  lieux.  Ily  en  a  vne  ample  ,  excellente  ôç~ 
bourg,  abondante  mine  auprès  de  Marbourg  dans 


DV  C  E  R  V  E  À  V  »  ^ 

le  pays  de  HelTeri,  dont  i’ay  apporté  ailes 
bonne  quantité  ,  laquelle  m’a  efté  donnée 
par  yn  tres-doéfce  perfonnage  nommé  Iean 
Hartman  ,  Profeüeur  Mathématicien  en 
î’ Academie jdudit  Marbourg,&  fort  renom¬ 
mé  tant  en  Medecine  qu’en  Philofophie, 

Il  n  y  a  point  de  doute  quen  la  maniéré  que 
deferit  Difcoride ,  &  apres  luy  Oribafe,  on 
ne  puifle  par  fublimation  extraire  de  ce  ci¬ 
nabre  vn  mercure  dont  ladite  mine  eft  aufîi 
capable ,  &  fuiuant  la  maniéré  deferite  par 
Diofcoride,  on  tirera  du  minerai  plus  gran¬ 
de  quatité  de  mercure  que  de  l’artificiel.Co 
que  Diofcoride  appelle  doc  vermillon  peut 
eftre  entendu  de  ce  Çinabre  minerai,  non 
du  vermillon ,  qui  par  la  vertu  du  feu  fe  ré¬ 
duit  pluftoft  en  verre  ou  plomb ,  mais  ne  fe 
conuertit  iamais  en  mercure,  finon qu’on 
procédé  par  vne  autre  méthode  quecèlle 
qui  a  efté  enfeignée  par  les  Anciens ,  qu’il 
appert  de  là  auoir  efté  peuverfez  ,  tant  en 
iâ  cognoiflance  des  fubftances  métalliques 
qu’es preparatiôs  d’icelles.  Aufli leur  igno-  Autre  et* 
rance  en  ce  point ,  paroift  aflez  parl’enfci -reurde 
gnement  qu’ils  donnent  pour  conferuer  le 
mercurerquand  ils  difent  qu’on  le  doit  met-  ****' 
tre  &  garder  en  des  vaiifeaux  de  verre, de 
plomb  ou  d’eftain ,  comme  fi  autrement  il 
rongeoit  &  cofumoit  tous  autres  vaifleaux: 
veu  tQutesfois  qu’il  ne  mange  riend’auan- 
tage  que  les  deux  métaux  fus-mentionnez  , 

&  n’entame  nullement  les  vaiifeaux  de  ter1- 


4&Z  DES  MALADIE  S 

*e,  parquoy.on  jaeut  veoirque  lefdits  An¬ 
ciens  en  ont  parle  aücc  ignorance&  fans  ex- 
perience. 

Mais -eri  vain  employons-nous  hoftré 
temps  à  cela ,  fi  ce  n’eft  pour  monftrer  que 
tous  les  Anciens  n’ont  pas  cogneu  toutes 
chofes  :  nonobftant  quoy  ils  méritent  de 
grandes  loüànges,&  leurs  bien-faits  enuers 
nous  font  dignes  de  recognoiifance.  Ceux 
aulli  qui  font  venus  apres  eux,  doiuent  eftre 
ioiiez  &  recogneus  par  nous  :  d’autant  qu’a-- 
uec  candeur  ils  nous  ont  departy  le  fçauoir 
qu’ils  ont  eu  par  defius  les  Anciés ,  &  atten¬ 
du  que  iournëllemét  ils  s’eftudient  &  pour- 
üoyent  encores  à  i’vtilité  publique  rÇ-’eft 
pareillement  afin  de  faire  veoirque  la  Mé¬ 
decine  n’eft  iamais  paruenuë  à  tel  degré  de 
perfection,  que  de  fiecle  en  fiecle  St  de  iôur 
en  iour ,  elle  ne  puifie  receuoir  quelque  ac- 
croiffement  &  ornement ,  ainfi  qu’il  appa- 
roiftra  par  le  fujet  de  ce  mercure  dont  nous 
traitons  à  prefent*  _ 

Ægineta  en  a  eu  quelque  cognoiflancë 
par  deffus  les  precedens  qui  l’ont  précédé: 
car  il  eferit  de  certaine  préparation  &  pré¬ 
cipitation  du  mercure  ,  laquelle  eftoit  en 
Vfage  &  fe  prenoit  mefme  par  le  dedans  : 
Voicy  et  qu’il  en  dit  :  L’argent-vif  ri eft  fài 
i/Jurpé  en  la  medecme  communément,  comme  eïîarit' 
*vn  venin ::  mais  iceluy  estant  bruflê oit  réduit  en cerf 
dte  &  méfié  auec  quelques  eftices,  on  en  donne  à  boité 
four  les  coliques  Gr  iliaques  pafionsï 


'Ô  V  ;  C  ÏRVE  AV.  4&J 

Àuicenne  mefme  auec  les  autres  Arabes 
qui  ont  eferit  apres  les  Grecs,  fe  mocque  de 
ceux  qui  cuidoient  que  l'argent- vif  fuflfà- 
éfcice:Il  en  a  eu  cognoiflâce,&  du  Cinabre 
tant  artificiel  que  du  minerai  incogneu  aux: 
Anciens.  Car  le  temps  adjoufte  toufïours 
quelque  clarté  à  la  vérité  deschofes  &àfà 
cognoifîanCe  ,  6c  comme  on  dit  vulgaire¬ 
ment,  il  produit  des  rofes.  — 

Voyons  donc  ce  qu’il  en  eferir  au  liu.  2. 
traidé  2.  par  forme  d’interrogation  :  Qfiejt 
ce  que  l’ argent-vif  ?  I?  argent-vif  est  de  deux forte*) 
l’vn  purge  de  fa  minière  ,l'autreextraiél  a  force  de 
feu  des  pierres  de fa  mine  :  l'or  l'argent Je  font  au¬ 

trement.  il  adioujle  :  Galien  &  les  autres  ont  eflimé 
qu'il  efi  artificiel ,commel' efiume* d'argent  :  a  caufi 
quant extrait par  la force  du  feu,  gr  d’autant  que 
fa  fub fiance  efifimblable  à  celle  du  cinabre,,  fin  opi¬ 
nion  a  donc  efi ê  qu'il  fie faifiit  feulement  du  Cinabre 
dans  vn  vaijfeau  lut  é, fur  lequely  auoit  du  feu  allumé 
Crfubkmi :  mais  il n'efi  pas  ainfi ,  au  contraire  le 
Cinabre fi  fait  d  iceluy  auec  du fiulphre:  Puis  faire 
fe  peut  qu'on  en  extrait  larfitb fiance  de  l'argent  vif. 

Depuis  Auicéne  &les  autres  arabes,s’eMs 
ieuez  plufieurs  nouueauxTmaux  tres-griefs, 
êc  fur  to9  celle  horrible  verole  qui  efi  tât  en 
regne,plufieurs  grâds  persônages  fe  font  di¬ 
ligemment  addônez  à  cercher  to9  les  moyes 
qui  peuuent  fubuenir  à  vn  venin  il  perni¬ 
cieux,  &  accompagné  de  tant  de  fympto- 
m  os, comme  dvlcéres  3c  nœuds,de  pullules, 
dé  chancres  &r  farcins;  pour  là  cure  duquel 


A  t déca¬ 
de»  de 
q»oy  le 
mercure 
efi  venu 
en  prati¬ 
que. 


464  CES  MALADIES 

aucuns  ct’eux  auoient  défia  effayé  l’argent 
vif  Si  tdgneu  que  c’eftoit  vn  remede  fort 
propre  à  cet  effet  :  fis  poùrfuiuirent  donc  à 
s’en  férüir  premièrement  en Uniment  qui 
i’appliquok  fur  les  vlceres ,  dont  ils  apper- 
ceurent  dés  effets  fi  éxcellens ,  qu’il  eftoit 
impoflible  d’en  expérimenter deplüs  grâds 
pair  aucun  aüfre  remede:  puis  en  frotteinét, 
&  finalement  eh  remède  qu’on  deuoit  pren¬ 
dre  au  dedans  du  corps'  ;  Et  pourtant  Eaton 
âdminiftré  iriefme  tout  crud  en  formé  de 
pilules,  dites  de  Barberoulîe. 

D’auantage  ,  il  ÿ  a  encor  es  aùjourd’huÿ 
des  Médecins  qui  empioyenr  ledit  argent- 
vif  tout  crud  ,  en  theriaque ,  ihiti idat  ,  du 
dânsla  ddnfe&ion  d’ Alchermes,àuec  müfc,  f 
âmbtë ,  ou  qüelque  poudre  cordiale  :  dont 
ils  expérimentent  dés  effets  &  fuccez  fauo-î 
râbles  és  ardeurs  dVriries,  gonorrhées  féti¬ 
des,  &  pullules  ven,efiehîîes  moins  mali- 
r  jghesi  Les  autres  l’ont  précipité  Si  pulucri- 
fe  cnplufieurs  manier  es,inftruits  peüf-eftré 
parla  iedfiire des eferits  d’Ægineta. 

Bref,  en  quelque  forme  qu'ortait  prépa¬ 
ré  &  changé  le  mercure ,  il  a  toufiours  fait 
fieureufement  pafoiftre  de  finguliers  effets 
de  fa  vertü  :  Tellement  que  les  modernes 
ont  çeffé  de  le  tenir  pour  vn  venin  défont 
au  contraire  grandement  ioüé  ,  contre  l’o¬ 
pinion  des  Anciens  qui  ignordient  fa  facul¬ 
té.  Car  bien  que  pîufieurs  célébrés  Mede-, 
cü>s  de  noftre  fieçlé  payent  mis  rouf  crud 


£v  CERYEAV,  4^ 

éfi  vfage ,  rteantmoins  ils  ont  trouué  que 
mefme  fans  préparation  il  ne  laiiïoit  pas  de 
remedier  feurement  :  fuiüant  quoy  Brafla- 
uole  tefmoigne  en  Ton  Examen  des  fimples, 
quauec  grand  fruit  il  l’a  donné  toutcrud 
âuxenfans  mefmes  qui  tettoiejit  encores, 
8c  à  ceux  qui  eftoient  plus  auancez  en  aage* 
les  recognbiflant  proches  de  la  mort  à  eau- 
fe  des  tôurmeris  qu’ils  receuûient des  vers; 
aufquels  toutesfois  nuis  autres  remedes 
n’eudent  de  rien  feruy. 

Maisi’ay  défia  beaucoup  parlé  de  Par-* 
gent-vif ,  foit  qu’on  l’adminiftre  tout  crud  * 
ou  préparé:  Et  nous  auons  déclaré  les  ver¬ 
tus  8c  proprietez  qu’il  a,  mefmes  auiuge- 
ment  des  Pogmatiques  en  noftre  conleil 
touchant  le  mal  veiieriern  Ce  feroit  donc 
chofe  fuperfluë  de  nous  arrefter  plus  long¬ 
temps  £ur  ce  point ,  8c  d’accumuler  icy  plus 
amplement  les  opinions  des  Médecins  An¬ 
ciens  tant  Grecs  qu’ Arabes,  comme  aufli 
des  Modernes.  Partant  nous  viendrons  aux 
excellens  8c  diuers  ornemens ,  préparation» 
remedés,  &  à  leurs  adminiftrations,dont  les 
Hermétiques  ont  renouuellé  l’vfage  ,  & 
qu’ils  adminiftrent  encores  chacun  iour. 

Entre  tous  les  Philofophes  Chymiques 
tat  anciësque  modernes,Paracelfe  a  le  plus 
éxadement  fondé  8c  recherché  les  vertus» 
qualitez  8c  proprietez  dudit  argent-vif  : 
dontiiafemblablement  enfeigné  diuerfe^ 
préparations  8c  plufieurs  excellens  remede? 


4.66  des  maladies 

duifans  contre  les  maladies  mefme  plus  dé¬ 
plorables  :  C'eft  pourquoy  nous  fuiurons 
pluftoft  fon  confeil,  authorité  &  fes  manié¬ 
rés  d’operer  que  de  tous  les  autres. 

^rlllra-  Or  entre  autres  chofes  il  faut  remarquer 
lia»  du"  <lue  le  mercure  fe  doit  confiderer  en  plu, 
mercure.  fieurs  maniérés,  à  fçauoir  ou  crud  &  tel  que 
nature  le  produit  :  lequel  eftant  adminiftré 
de  la  forte ,  me  femble  plus  pernicieux  que 
falut&ire,  comme  croitle  mefme  Paracelfe, 
qui  en  ’eferit  ainfi  tome  6.  page  61,  Le  mercure 
crud  fait  trembler  frijfonner  l’homme ,  Et  au 
mefme  tom.pag.  6$.  si  le  mercure n’ejl bien pré¬ 
paré  ,  estant  prins  par  le  dedans ,  il  canfe  mejmes 
maux  que  quand  on  l’applique  extérieurement  furie 
.  corps  :  lefquels  maux  i o nt  ,  comme  dit  a  efté 
cy-deuant ,  des  tremblemés  &  autres  griefs  ; 
fymptomes,  félon  que  les  Orfèvres  ou  Do- 
/  reur  s,&  ceux  qui  fréquentent  les  mines  ont 

accouftumé  d’experimenter.  Ou  bien  le 
mercure  fe  doit  confiderer  comme  préparé 
par  les  mains  d’vn  ouurier  &  Philofôphe 
expert  qui  le  defpoüille  artificiellement  de 
fa  vieille  peau  ,  &  le  reuefte  de  nouuelles 
qualitez  &  vertus.  Ce  qui  eft  confirmé  par 
le  mefme  Paracelfe  tom.  y.  pag.  y.  Le  mercu¬ 
re,  dit -il,  bienprepare  eft  vne  thenaque  naturelle , 
&c.  Nous  n’en  dirons  pas  d’auàntage  de  la 
nature  de  1  argent-vif,  foit  qu’elle  foit  froi- 
de,comme  veulét  quelques-vns,  foit  quel¬ 
le  foit  chaude  ,  fuiuant  l’opinion  de  quel¬ 
ques  autres  ?  foit  temperée,  foit  non  tena- 


DV  C  E  RV  B  Alf.  467 

perée,  foit  pernicieüfe,  Toit  falutaire,  félon 
que  les  opinions  de  plufieurs  en  font  diuer- 
fes  8t  difcordantes,comme  nous  auons  def- 
ja  aftez  amplement  déduit  cela  en  noftre 
confeil  touchant  la  verole  ,  oùleLeéteur 
pourra  apprendre  de  quelle  natur  e  il  eft  à 
mon  iugement.  Quoy  qu’il  en  foit *  c’eft  vn 
corps  fpirituel  ou  vn  efprit  corporel  d’vne 
eftrange  8c  admirable  nature  :  c’eft  Vne  eau  tfaturt 
froide  8c  feiche  à  l’exterieur,  mais  chaude  du  menu- 
êt  humide  au  dedans.  Et  afin  qu’il  puifle  li-  fe* 
quefier,difîbudre  &  côtenir  en  foy  les  corps 
métalliques  (  comme  l’eau  de  la  mer  con¬ 
tient  le  fel  marin  )  c’eft  vn  efprit  homoge-  ' 
née ,  la  moindre  partie  duquel  eft  toufiours 
mercure  auffi  bien  que  fon  tout  :  Car  com¬ 
me  efprit  volatil,  la  force  du  feu  le  peut  en- 
leuer  j  mais  fi  hautement  qü’il  foit  enleué,il 
retient  rreantmoins  toufiours  fon  propre 
corps  fans  pouuoir  fouffrir  aucune  altera¬ 
tion  ny  corruption  :  d’autant  qu’en  la  con- 
fiftence  de  fon  corps  il  a  parfaitement  vnis 
tous  les  elemens  ,  &  eft  homogenée  ainfi 
que  l’or  ,  tellement  qu’il  y  a  par  ce  moyen 
V11  grand  rapport  de  lvnauec  l’autre,  s’em- 
braffans  eniemble  d’vne  tres-eftroite&  par.-  Sympaî 
faite  vnion ,  lors  mefme  qu’ils  font  réduits  thiedelot 
en  leur  eftence  &  pureté  tres-fimpïe  :  l’ar- 
gent-vif  efprit }  attirant  par  vne  vertu  ma-  £tat‘v,J’ 
gnetique  8c  incomprehenfibie  la  forme  du 
corps  parfait,  à  fçauoir  de  for ,  pour  s’en- 
corporalifer  :  Et  îor corporel  receuant 8c 

èg  >j 


468  des  maladies 
s’imprégnant  de l’elfence  fpirituelle de  îar- 
gent-vif  pour  s’en  réduire  en.efïence  ,  8c 
comme  en  fa' première  matière  ,  tellement 
que  l’vn  8ç  l’autre  deuient  vn  efprit  vny 
auec  lejcorps ,  8c  vn  corps  vny  auec  1’efprit. 

Or  iceluy  mercure  fer  end  de. vulgaire  phi- 
lofophique  en  trois  maniérés,  à  fçauoir,par 
fublimation ,  précipitation ,  8c  diftillation. 

Nous  auons  cy-defius  appris  par  les  der¬ 
nières  préparations  de  l’or  en  eflence  ou 
teindure,  comme  par  fublimation  dans  l’a- 
lembic  ,  on  extrait  de  fon  corps  folaire  vne 
certaine  rougeur  pleine  de  vertus  8c  de 
teindure  fpirituelle,  le  corps  blanc  reliant 
au  fôd  du  vailfeau  :  D  e  mefme  par  le  moyen 
de  l’art  on  extrait  du  mercure  préparé  en  fa 
vraye  elfence  de  fublimation  vn  mercure 
Jitrcure  concilié ,  qu’on  appelle ,  dont  par  diuerfes 
tfftndfié.  ftfblirîiations  &  mondifications(fi  bon  vous 
femble  )  vous  feparetez  fon  eftrage  &  mer- 
ueilleufe  noirceur ,  de  forte  qu’en  fin  il  dc- 
uierine  homogenée ,  8c  aulfi  relplencfifiant, 
clair  8c  tranfparant  que  çryftal:  Eftant  ainfî 
rendu  tres-pur  &:  priué  de  toute  malignité 
&  venin  :  Il  eft  fi  merueilleufement  amou¬ 
reux  de  l’or  3  qu’aufli  toft  qu’il  en  eft  appro¬ 
ché  3  il  s’efleüe  tres-foudain  8c  s’vnit  fort  ' 
promptement  8c  eftroitement  à  luy ,  l’atti¬ 
rant  à  foy  comme  par  vne  vertu  magnéti¬ 
que  8c  conuenance  de  proprietez  8c  d’ef- 
fences ,  8c  l’embraiïant  d’vne  rres-eftroite 
'  &  parfaite  vnion.  ;  comtne  ainfi  foit  qu’a* 


DV  C  ERVEAV.’  469 

üant  telle  préparation  il  ne  pouuoit  fe  ioin- 
dre  à  l’or  fi  eftroitement,  fa  crudité  l’empef- 
chant  de  cë  faire:  Car  comme  veulent  les 
Philofophes,  le  crud  n’a  rien  de  commun 
auec  la  matière  cuite. 

Le  mercure  donc  ainfi  préparé ,  n’eft  plus' 
mercure  commun  ,  mais  alors  il  fe  qualifie 
vray  8c  philofophique,  à  raifon  que  la  main 
philo fophique  d’vn  vray  Operateur  l’a  ren¬ 
du  tel. 

Plufîeurs  grands  Philofophes  ont  beau-  „ 
coup  trauaillé  apres  la  préparation  de  ce 
mercure,  laquelle  ils  n’ont  peu  trouuer  qu’à 
peine  ,  8c  apres  l’auoir  trouuée  ils  l’ont  ca¬ 
chée  8c  enueloppée  foiis  diuerfes  figures  8c 
paroles  énigmatiques  comme  le  principal 
de  tout  l’œuure ,  afin  d’empefcher  le  vul¬ 
gaire  de  paruenir  à  la  cognoilïance  d’vn  fi 
grand  fecret.  Lequel  toutesfois  nous  efpe- 
rons  d’enfeigner  quelque  iour ,  ou  dans  no- 
ftre  Antidotaire  fpagyrique,  ou  en  quelque 
autre  lieu  propre  &  conuenable,  pour  eui- 
ter  le  blafme  d’auoir  enuié  quelque  chofe 
aux  gens  do  êtes. 

Arnaud  de  V ille-neufue  a  pofé  ce  fonde¬ 
ment  de  fon  œuuré principal ,  comme  il  ap¬ 
pert  par  fonliure  ,  tpuchant  la  parfaite  re¬ 
cherche  de  la  pierre  phyfiçale  ,  Chapitre 
troifiefme. 

Le  mercure  ejfenclfié  ,  félon  la  doéfcrine  de 
Paracelfe  tom.  6.  pag,  298.  fe  fait  en  frblt- 
mant  &  remuifiantfar  flujîeurs foule  mercure  auec 
Gg  iij 


47°  B  E  s  MALADIES 

wfl-wl  fil,  ledit  mercure  efiant  par  neuf  fois fuUU 
iné  £r  autant.de  fois  refufcité ,  défi  alors  paruenu 
an fouueraln  degré  de  fa  pureté ,3  &  priué  de  toute  la 
qualité veneneufe  malignité  dent  il  efioit  remply  ;  ' 

^/[lors  pareillement  fes  vertus  font  infinies  tom.  G, 
pag.  2.99,  Enfomme  il  efi  certain  que  par  l’artifice 
delà  Jublimation  ,  on  peut  amener  ï argent-vif  an 
fouueram  degré  de  pureté  Cr  perfeBion  :  Et  ce  non 
feulement  pouree  qu’il  fe  derpoiiille  de  fes 
fuyes  noires  &  impuretez:  mais  pluftoft  à 
caufe  que  par  icelle  füblimation  il  s’impré¬ 
gne  du  fouphre  &  feu  naturel  dont  il  em¬ 
prunte  les  celeftes  &  eîficacieufes  proprié¬ 
tés  8c  admirables  vertus.  Parquoy  il  eft 
vrayeiment  rendu  &  appelle  mercure  philo-, 
fophique  &  vray  vinaigre  métallique  des 
Philofophes.  Car.  il  peut  alors  réduire  l’or 
&  l’argent  en  leur  première  matière ,  8ç  de 
corporels  les  rédre  fpirituelsi  de  morts,  vi- 
taux ,  conferuant  aufii  leur  humeur  radica-? 
le  8c  vertus  feminales ,  enfemble  le  feu  & 
foulphre  de  nature^  ce  que  les  Philofophesr 
ont  fi  long  temps  celé.Lefquels  me  pardon¬ 
neront  fi  enfaueur  des  lettres  j’entreprend 
de defcouurir  ce  qu’onaiufques  icy  caché 
fous  des  paroles  merueilleufemènt  obfcu- 
res,  ôc  de  propofer  aux  beaux  efprits  ama¬ 
teurs  de  vérité  8c  de  fecrets  dés  chofesplus 
claires  que  le  iour  :  Ce  que  i'ay  tafehéde 
faire  il  y  a  défia  long-temps ,  les  ayant  expo-? 
fées  fans  énigmes  ou  paraboles  feulement 
èeeuxquiifQnttels9  non  aux  hommes  ma* 


T>V  CERVEAY.  47* 

îins&  ne  refpirans  qu’enuie  ,  haine  ,  &  ar¬ 
rogance  fans  fcience  ,  defquels  ie  me  foucie 
Fort  peu. 

l’adaoujle  encore  s,  que  fi  ce  mercure  ejfencljîé,  ex¬ 
alté  Çy  dijjont  en  vinaigre  philofiphiqae  ,  ej}  joint 
auec  V or  àujSi  dijfoutfeparément  en  proportion  philo - 
Jophique  gr  connenable  ,puis  eftans  fep'àrezjlu  men- 
Jlrue,  confecutmemènt  exaitezjévn  eyr  l'autre  en 
Jèparant  l' humide  par  fubhmation ,  alors  le  mercure 
acquerra  la  couleur  pourprée  de  T  or,  s  impreignant  de 
la  vie  çy-  des  vertus  à’iceluy,  dont  fêtait  vn  excellent 
magifiere  eyr  admirable  ehxir  de  vie  pour  conferucr 
lafanté  £r  mondifier  tous  corps  a  perfeBion.  'Mais 
nos  Cenfeurs  ne  pourront  iamais  régarder 
ny  apperceuoir  ce  foleil  rayonnant,  à  caufe 
qu’ils  ont  le  cerueautrop  alïoupy  &  téné¬ 
breux^  l’efprit  trop  ftupide  &  hébété. Que 
Jtelles  gens  demeurent  donc  en  leurs  tene- 
bres:  car  celle  lumière  ell  deftinée  feulemét 
à  ceux  qui  douez  d’vn  efprit  fubtils’ellu- 
dientÆc  addonnent  continuellement  à  cet 
art  y  recer chant  les  fecrets  de  nature  auec 
ces  cinq  qualitez,  à  fçauoir  ,  éloquence  , 
ellude,indultrie  ,  labeurv&  patience.  Ioi- 
gnez  p'areillemét  à  cela  que  le  feu  intérieur 
de  nature  rehdant  imperceptiblemet  audit 
mercure  eïïencifié,  peut  arreller,  coaguler, 
congeler  &  endurcir  comme  cryftal  en  vn 
moment ,  fuffifante  quantité  de  fa  propre 
eau  métallique  &  coulante  :  par  laquelle  il 
ell  tellement  efleint  &  contemperé  ,  que 
aonob liant  les  effets  contraires  de  l’vn  6c 
G  g  iiij 


4?*  D  ■£  5  MALABIÏS 

l’autre,  ils  ne  perdent  pas  mefme  la  moindre 
parcelle  deleurfubllance. 

*  De  forte  que  celuy  qui  au  parauant  elloit 
vn  Dragon  tout  deuorant,  deuient  par  cet 
artifice  vne  colombe  douce  &  agréable,  & 
vne  Aigle  celefte,remplie  de  vertus  celeftes 
8c  admirables,alors  principalement  que  tel¬ 
le  eau  (comme  i’experimente  tous  les  iours 
eh  mes  operations,  moy  qui  approuue  & 
&  ordonne  pluftoft  les  eaux  cuites  que  les 
crues)  eft  extraite  de  toutes  les  planettes 
jointes  enfemble,  ou  dvne  feulement  :  ou 
inefme  de  celle  fontaine  liquoureüfe,  dont 
la  fource  fourd  des  montagnes  fort  hautes, 
fi  douce,  fuccrée  &  miellée,  qu’auffi  tolla 
deuoré  la  liqueur  ,  &  en  a  beu  tout  font 
faoul,  c’ell  à  dire  autant  qu’elle  en  peut  ef- 
puifér  fee  qui  ell  vne  marque  de  pleine  fa- 
tieté)  cet  Aigle,  di-je,  ce  qui  ell  admirable, 
change  àl’inllant  &  en  vn  moment  fa  natu¬ 
re  fauuage,  reuefehe,  farouche  &  mortelle 
en  vne  nature  benigne,  douce,  traitable  & 
falutâire:&  pour  dire  en  peu  de  mots,ce  qui 
elloit  au  parauauant  vn  aulïi  grand# venin 
que  la  vipere,  fe  conuertit  neantmoins  enla 
theriaque  des  thériaques ,  c’ell  à  dire ,  dé¬ 
nient  le  plus  noble  8c  excellent  de  tous  re- 
medes,  dont  les  vertus  &  propriétés  font 
deterger,  mondifier-,  reélifier  &  repurger 
toute  la  malfe  du  fang,tantoll  par  le  ventre, 
tantollpar  lesvnnés:  rellaurant  8c  renfor¬ 
çant  «dire  baufine  naturel^  veu  qu’il  a  aufii 


DV  ÉÏRY!  AV.'  475 

en foy  vne nature  balfamique  :  A  raifon  de- 
quoy  c’eft  vn *  médicament  propre  aux  le-  t 
pres,efcroiiclles ,  veroles  ,  rougeoles,  mor- 
phées,  fleures  putrides  8c  continuelles  aux 
inflammations  internes,  &  maux  peftiîen- 
tieux ,  bref  c’eft  comme  vne  panacée  qui 
fuffic  pour  exterminer  toutes  fortes  de  ma¬ 
ladies,  dont  les  enfans  mefmes  ny  les  fem¬ 
mes  grofles  ne  refufent  point  d’vfer  :  Aufli 
conuient-il  à  entretenir  &  conferüer  la  fan- 
té  de  tous  hommes  ,  moyennant  qu’on  le 
prene  en  dofe  d’vn  fcrupule,  ou  mefme  d’a- 
uantage,  auec  quelque  conferue,ou  dans  v-r 
ne  cuillerée  devin  ou  d’autre  liqueur  con- 
uenable»  , 

le  preuoybien,  o  Cenfeurs,  ennemis  ju¬ 
rez  des  Chymiques,  qu’à  peine  compren¬ 
drez  vousl’efcorce  de  mes  paroles,  &c  que 
vous  tafcherez  à  voftre  pofllble  d’empef- 
cher  qu’on  y  adioufte  foy  :  mais  que  m’en 
i oucie-  j  e,  car  mon  intention  feule  eft  de  iet- 
ter  &  femer  ces  beaux  joyaux  en  vn  autre 
champ  beaucoup  mieux  cultiué  &  plus  fer¬ 
tile  que  le  voftre,  dont  ie^mis  certainement 
efperer  &  attendre  la  moilTon  deuë  à  mes 
labeurs  :  N’eftimez  pas  que  mes  paroles 
fbient  vn  fon  qui  batte  feulement  l’air,  &  ne 
peut  rien  effe&uer  de  plus  :  Certes  ce  que 
je-di  eft  tref-veritable  &  fort  efloïgné  de 
menfonge,  ayant  mefme  pour  appuy  l’illu- 
ftre  tefmoignage  d’vn  grand  Prince,à  qui  ce 
petit  amure  eft  dedié?  lequel  eft  renommé 


474  -des  maladies 

en  toutes  fortes  de  vertus  &  perfedions,  Ia 
feule  foy  duquel  furpafle  les  tefmoignages 
de  mille  autres:  combien  qu’ainfi  foit,&  en- 
cores  qu’il  ait  efté  tefmoin  oculaire  de  ce 
que  nous  difons,  nous  ne  lairrons  pourtant 
de  luy  adjoindre  trois  autres  perfonnaoes 
fort  célébrés,  Profefieurs  enfeignans  en  fon 
illuftre- Academie, &fes  Médecins  ordinai¬ 
res  ,  lefquels  par  le  commandement  d’ice- 
luy,&  pour  l’afFedion  qu’ils  auoient  defça- 
uoir la, vérité  ont  veu  à  l’œil,  8c efprpuué 
!  :  ,  par  effed  tout  ce  que  je  vieil  de  dire  :  Ils  ont 
pareillement  f^it  diuerfes  expériences  de  ce 
remede,  afin  d’eftre  tant  plus  certains  de  fes 
effeds.  Qui  plus  efi:  ce  puifiant  Prince ,  l’a 
fort  heureufement  eflayé  en  foy  niefme,  8c 
trouué  que  c’eft  vn  purgatif  doux  &  agréa¬ 
ble,  ayant  toutesfois  les  intentions  &  con¬ 
ditions  requifes  par  Hippocrate,  à  fçauoir 
d’operer  foudain,  feurement  &  benigne- 
:  -  ment.  \  .  _  ' 

Mercure  Celte  medecine  faide  auec  les  eaux  & 

■  des  deux  luminaires,  c’eftà  dire» 

de  Toi*  &  de  l’argent,  fe  peut  appdler  fe- 
cret,magi{lere,eHxir  8c  mercure  d-e  vie:  def- 
quels  tiltres Par ac elfe  l’a  qualifie  efçriuant 
ainfi  :  le  mercure  de  vie ,  dit-il,  au  tome  6.  pag. 
tf.ejïvn fecret  & qmnte-ejfence  :  ilprejèrue,rejlau~ 
re  &  renoùuelle  l'homme,  aufii  le  purifie- il  tellement, 
qu’il  ofie  les  ongles, le  poil,  la  peau  &  toute  impureté'. 
Aümefme  tome,  pag.  4j.  &  encores  audit 
tome  6.  pag.  ji.  Le  mercure  de  vie,  dit-il  ,refiut 


BV  CERVEAV,  475 

prus  les  métaux  en  leur  première  matière ,  Cr  les  par- 
faicien  l'homme  :  il  renoimelle  tous  les  membres  atte - 
miez^  eZ^  vieilles  gens  ,  &  rend,  les  forces  fer  dues. 

En  beaucoup  de  lieux  il  l’accompare  à  l'or,, 
_Quiconque_en  voudra  veoir  cTaüantage 
touchant  les  admirables  vertus  que  Para- 
celfe  attribue  audit  fecret  êc  mercure^de 
vie,  life  fes  Archidoxes  liu,  5,  des  fecrets, 
chap.  du  mercure  cle  vie. 

C’eft  aflez  parlé  des  préparations  qui  Te 
font  par  fublitnation  &  exaltation.  Quicon¬ 
que  entendra  bien  ce  qu’auons  nagueres  ef- 
crit,  apprendra  diuerfes  fortes  de  prépara¬ 
tions,  dont  les  proprietez  varient  félon  la 
variété  des  mercures,car  autres  font  les  ver¬ 
tus  &facultez  des  préparations  de  l  or,  au¬ 
tres  de  celles  du  plomb,  cuiure  8c  du  fer. 

Venons  maintenant  aux  préparations  du 
précipité  des  mercures  fufdits. 

Les  Anciens  peu  verfez  en  la  dilfeétion 
interne  du  mercure  ,  l’ont  premièrement 
calciné,  ou  félon  Paul  précipité  &  réduit  en  pfeeipét4 
chaux:  Les  -uns  à  la  feule  vapeur  du foulphre  ,  dont  de  menu* 
.ils  compofoientvn  ce-rtain genre~.de  Cinabre  artificiel  r«. 
de  grande  vertu ,frms  me  fine  par  le  dedans ,  les  antres 
font  précipité  aüec  les  communes  eaux fortes,  ad - 

doua  ce  précipité  le  lauant  plufieurs  fois  d’eaux  cor- 
diales Cr  de  vie  :  Dont  ils  tiroient  vn  remede 
pour  la  cure  de  la  verole,  Pexhibans  iufqu’à 
8. 10.  ou  i2.grains,ou  l’appliquans  extérieu¬ 
rement  tout  feul,ou  meflé  auec  d’autres  ma- 
tieres,çomme  beurre,apres  l’auoir  parfaite- 


476  »ês  Maladî'ês 
ment  dulcifié:  Par  ce  moyen  ils  en  formofét 
vn  Uniment  qui  fiirpalToit  en  vertu  tout 
les  autres  onguens  contre  tous  vlceres  far- 
cineux  &  corrofifs,malings,  virulensjdian- 
creux  Scvitriolez. 

Ce  précipité  ainfifait,  eftappellé  par  vn 
certain  Médecin  fort  ceiebre,  poudre  d’an- 
geliqp€,à  caufe  des  excellentes  &  diuînes 
proptietezdont  il  eftoit  doiié:  Neantmoin$ 
quant  à  moy  telles  préparations  me  defplai- 
fent,  &  jamais  ie  n  ay  approuué  les  prépara¬ 
tions  du  mercure  faites  auec  les  eaux  fortes, 
auffi  ne  les  recommande-je  point  :  Car  tel¬ 
les  eaux  font  nuifîbles  &  pernicieufeSj  infe- 
élans  de  la  malignité  8c  corrofion  de  leurs 
fels  le  précipité  que  les  Artiftes  vulgaires 
ne  peuuent  amender,  corriger  8c  addoucir 
comme  il  faut,  pour  le  rendre  bon  &  profi¬ 
table. 

Si  le  mefine  mercure  efi  précipité  auec  les  écrits  vi~ 
trioliquesdn  vitriol  me  fine,  ou  de  fil  gemme ,ou  de  fil 
commun ,  ou  de  falpeire,  qui  ont prefque  tous  vne  mef 
me  nature y  g^produifent  prefque  mefines  ou  fimbld- 
bles  effeEls,  pourueu  qu'ils /oient  bien  gr  philofiphi - 
quemet  preparezj.  ce  mer  cure  di~ie extrait  de  Cinabre 
artificiel  ou  minerai,  fuppleer  ale  defaut  des  mer  cures 
tires  des  corps  métalliques, s' ils  vous  manquenttgrice- 
luy  mercure  ainfi précipité  filon  ce  bel  artifice,  deuidr* 
doux  gr  bemng,  en  forte  qu'il fiùrpajfera  de  beaucoup 
le  vulgaire  en  vertus  gr  effefts. 

En  outre,  fi  au  heu  d’eau  commune  vous  en  fautes 
vn  précipité  auec  l'eau  philofophiquc ,  de  laquelle  nom 


bv  Ce  rveav.'  477 

rttnons fat  mention  cy  dejfus,  gr  dont  les  e fait  s  Je  Je- 
parent  plus  facilement  que  ceux  de  l'eau  forte,  y  ad- 
jpufiant  les  ligueurs  de  tartre  gr  de  mtr  e:  par  le  femel¬ 
les  toutes  chefs  font  contemperées  gr  addouciesfl Jur- 
pajfera  en  honte  tous  autres  précipitez, \  Mais  fi  en  la 
mefme  eau philojôphique  vous  trempez gr  dijfiude 
tvn  des  deux  luminaires 3  comme  aufii  Jeparément  les 
mercures  de  cinabre  minerai  ou  d' antimone }  y  joi¬ 
gnant  la  moindre  portion  de  nofire  excellent  régulé 
efioille\  duquel  nous  auons  autrefois  prefcnt  le  poids  en. 
nofire  Hure  de  la  préparation  fiagirique  des  medica- 
mens,chap .  de  l'argent  vif  :  Puis  ayant  bien  méfié  gr 
obfiurcy  te  tout ,  fi  on  l’ exerce  gr  dulcifie  félon  l'art 
par  frequentes  cohobations  gr  reuerberations ,  nofire 
turbith  minerai  en  naijbra,ou  l'^yCigle  celefie  de  Fara~ 
celfe  gr de  phœdron  :  Lequel  turbith  infufé  en 
vin  le  poids  de  3, 4.  y.  ou  6.  grains,  puis  cou-  ujlede 
lé  &  adminiftré  produit  de  merueilleux  ef-  Paraetlfi 
fe6fcs,exerceantle  corps  par  vne  euacuarion 
non  violente,  njais  douce  &  facile  :  nonob- 
ftant  cela  lefdits  grains  n’auront  point  per¬ 
du  leur  force,  ains  ils  fe  pourront  en  apres 
Commodément  infufer  8c  adminiftrer  dere¬ 
chef.  C’eft  vn  remede  tres-excelient,  & 
qu'on  ne  fçauroit  jamais  aflfez  eftimer  con¬ 
tre  toutes  fortes  de  ver  oies,  epilepfies,  pa¬ 
raphes  &  hydropifies,  félon  ce  qu’en  tef- 
moigne Paracelfe tome  j.  pag. 295.  lia, dit- 
il,  vne  Jècrete  vertu  dlo fier  les  aquofitez^  hydreptqttgs , 
ce  que  la  coloquinthe  ny  les  Hermodattes,  l’aulnée  ny 
le  turbith  ne  peuuent  effectuer,  car  Us  n  entrent  f04 
pms}  comme  fait  le  mercure , 


478  BIS  MA t AS  tri 

Les  mercures  métalliques  de  lor,  de  lo¬ 
gent,  du  cuiüre  ou  airain,  &  des  autres  me* 
taux  précipitez  auec  efprit  de  vitriol  ou  de 
foulphre  :  ou  pour  le  moinsfce  qui  eft  meil¬ 
leur,  mais  requiert  plus  de  temps)auec  leurs 
chaux  philolophiques  par  la  force  du  feu: 
Tels  merCur  es  di-je  font  pour  la  plufpart 
djaphoretiques,  operans  feulement  yne  ou 
deux  felles,&  ces  remedqs  ont  défi  grandes 
fore  es,&  font  fi  puiflans  8c  finguliers  contre 
•  les  peftes,  lepres,  ver  oies  &  toutes  fortes  de 
maladies  contagieufes,  que  ie  confefle  in¬ 
génu  ëment  n’auoir  affez  d’eloquence  pour 
dignement  celebrer  leurs  loüanges  :  lef- 
quels  remedes  eftans  bien  adminifirés,quoy 
qu’ils  puiffent  eftre  feulemêt  contenus  dans 
vne  petite  boifte ,  ils  furpaifent  toutesfois 
en  vertus  ,  &  deuancent  de  beaucoup  vne 
infinité  d  autres  remedes  magnifiquement 
enclos  en  des  amples  &  grands  vailfeaux, 
pour  feruir  au  temps  8c  pouruomaux  eftü-* 
des  de  ceux  en  general  qui  font  ftudieux  de 

lavrayemedecine,nous  aurons, moyennant 

la  grâce  de  Dieu,  bien  toft  enrichy_noftre 
ântidotaire  fpagyrique  de  tels  remedes  qui 
feront  beaucoup  plus  excellens  8c  riches 
que  les  vulgaires,  auffi  y  ferons  nous  veoir 
à  l’œil  des  maniérés  de  les  préparer  extraor¬ 
dinaires. 

Mercure  Pàracelfe  au  tome  G,  pag.  z88.  liure  delà 
diapbm-  mort  des  chofes,  defçritvn  certain  mercure 
uc'  ,  précipité  diaphoretic  en  la  maniéré  qut 


B  V  '  C'ï  RV  EAT.  479 

S5 dfefuit.  :  Le  mercure  calciné  en  eau  forte  graduée , 
grfepuré  d'icelle  par  cinq  foisyufqud  ce  qu'il  ait  de- 
qiiis  vne  excellente  rougeur, (oit  en  apres  dulcifié:  Puis 
vous  en  dijlillerezjieuffois  l'efirit  de  vin  tant  que  le 
mercure  endure  lé  feu  gr  s'embrafe  :  alors  efi  préparé 
le  mercure  diaphoretic,qtus  addoucit  auec  eau  de  fal- 
tabarioùdefel  philofophique  :  laquelle  e fiant  fèpa- 
rée  d' iceluypar  difiiliation,  ony  en  verfera  toujîours  de 
nouuelle  tant  quil  ne  s'y  trouue  plus  aucune  acrimo¬ 
nie,  mais  quelle  en forte  douce ,  apres  quey  ce  mercure 
precipitéfurpajfe  le Juccre  gr  le  miel  en  douceur :  Cf  efi 
vn  remede  fonuerain  pour  la  verole  ,  a  tous  vlceres 
chancreux,gr plufieurs  autres  maux,  lequel  fait-tout 
ce  quvn  medeempent  defirer. 

Le  principal  point  de  ce  remede  tant  ex¬ 
cellent  confifte  doïit  comme  nous  auons 
clairement  dit  ailleurs  en  fa  parfaite  dulcifi¬ 
cation,  laquelle  fe  fait  auec  eau  de  fel  des 
Philofophes,  que  les  vtays  Chymiques  ne 
doiuent  ignorer ,  veu  qu’aütrementil  leur 
conuient  fçauoir,  enquoy  gift  lavraye  dul¬ 
cification,  &  quelles  liqueurs  ont  principa¬ 
lement  les  vertus  8c  proprietez  de  dulcifier 
en  vn  moment  ce  qu'il  y  a  mefme  de  plus  a- 
cre,  de  peur  qu’entreprenansïefte  prépara¬ 
tion  fans  cognoifîance  de  cela,  ils  ne  façent 
pluftoft  vn  poifon  qu’vn  bon  remede  8c 
contrepoifon:  dont  le  venin  fe  deura  attri^ 
buer  non  au  médicament,  mais  feulement  à 
l’ignorance  de  l’artiHe  inexpert. 

Nous  auons  en  peu  de  lignes  comprins 
prefque  toutes  les  excellentespreparations 


4&o  des  mal  apte 

du  mercure  qui  fe  font  par  précipitation; 
Que  nos  Cenfeurs  qui  abbayent  continuel¬ 
lement  apres  le  précipité,  voy  ent  donc  (fL 
non  qu’ils  veuiÜét  toufïours  croupir  en  leur 
ignorance,  &s’obfcurcir  eux  mefmes  l'en¬ 
tendement  )  combien  les  vrâys  précipités 
des  Philofophes  different  des  communes 
précipitations ,  ou  legeres  calcinations  du 
mercure,  dont  Ægineta  fait  mention:  Ou 
de  celles  que  pratiquent  .ordinairement  les 
Empiriques  ignares,  toutes  iëfquelles  nous 
teiettons  &  condamnons,  nous  en  efloi- 
gnans  d’autant  plus  loin,  que  nous  nous  ap¬ 
prochons  des  vray  es  préparations  philofo* 
phiques  du  mercure,  lefqüelles  nous  ern- 
bradons  &approuuons  entièrement  com¬ 
me  fort  propres  à  conferuer  la  fanté  de  tout 
noftre  corps,car  telles  lés  auons  npus  reco- 
gneuës  par  beaucoup  d’experiences. 

Refte  à  expliquer  la  troifiefme  &  derniè¬ 
re  préparation  du  mercure ,  laquelle  eft  des 
huiles  ou  liqueurs  douces  &  potables  qui 
s’en  expriment.  T ouchât  quoy ,  nous  auons 
défia  dit  ailleurs  quelque  chofe  en  pafTant, 
àfçauoir  ennoftre  confeil  de  la  ver  oie. 

Le  mercure  fubhmé ,  coagulé  & précipité ,jère~ 
fait  facilement  en  huile  ,  dit  Paraéelfe  tomé  6* 
pag,  z$z. 

La  quinte-efTenee  ou  huile  de  mercure  fe 
fait  comme  la  quinte-elfence  ou  huile  de 
l’or,  tom.  6.  pag.  34.  ou  Paracelfe  parle  fé¬ 
lon  vérité,  Qu’on  vpye  doncques  ce.  que 
nous 


35  V  CÏRVEAV^  4§I 

nous  allons  efcrit  &  enfeigné  cy-deffu.s  tou¬ 
chant  les  diuerfes  maniérés  delà  quint e-ef- 
fence,  huile  &  liqueur  potable  de  l’or:  Et 
qu’à  l’exemple  d’icelles  (  pour  en  omettre  la 
répétition  qui  feroit  ennuyeufe  chacun  en- 
treprene  en  mefme  façon  diüerfes  prépara¬ 
tions  d’huiles  &  liqueurs  du  mercure,  ou  de 
mercure  potable  qui  foit  confit  en  la  dou¬ 
ceur  admirable  qu’il  contient  en  foy  imper- 
ceptiblement,&  foit  auffi  mis  en  vfage  pour 
eftre  pris  au  dedans  du  corps  ,  ne  plus  ne 
moins  que  l’eflence  de  Saturne. 

Quant  aux  proprietez  ôc  vertus  de  ce 
doux  huile  mercuriel ,  nousles  auons  fuffi- 
famment  expliquées  en  noftre  confeil  delà 
verole,  iceluy  occupant  le  fouuerairi  degré 
en  la  cujre  de  ladite  verole,  foit  prins  par  le 
dedans,  foit  appliqué  au  dehors,  car  fon  ap¬ 
plication  extérieure  confume,  deffeiche  êc 
guérit  entièrement  tous  vlceres  pour  de® 
plorables  qu'ils  puifient  èftrc,  tels  que  font 
leschancreux,  fiftuleux,  &  les  poulpes, fans 
fentiment  d’aucune  douleur.  Aufiï  confu- 
me-il  totalemét  fans  nulle  douleur  les  mor¬ 
celer  s  de  chair  fenfibles  qui  furuiennent  en 
la  vefcie  &  ez  autr  es  parties.  En  fin  comme 
efcrit  Paracelfe  en  fa  grande  Chirurgie  pag. 
ai .  L' argent  vif  comtertt  en  huile  efl  égal  au.  baujme. 
de  l’or.  Iladioufte,.CV?  huile  coagulé  par  colche - 
tar3  Cr  tnejlé  auec  eau  de  Farthenmm  fùrpajfe  les 
autres  baujmes  :  s’il  e(l  changé  en fajfran  ou  en  fleur  ? 
tiers  il  guérit  parfaitement  tout  vlceres . 


DES  MALADIES 

Et  ailleurs,  à  fçauoir  au  tome  4.  pâg.  5I 
l' huile  £r  la  qmntc-effence  du  mercure  preferue  de 
folie .  Item  au  mefme  tome,  pag.  77. ,/  cpi4 
phrenefe.  Là  mefme,  pag.  88.  il  guérit  U  manie. 
En  en  la  pag.  88.  du  mefme  tome ,  l’huile  du 
mercure,  dit-il,/? pratique  en  la  fuffocation de  l’en¬ 
tendement,  ou  trouhlement d’efprit. 

Libauius,  qui  a  fubtilement,  do  de  ment, 
ôc  exadement  recherché  &  amafle  les  fleurs 
des  remedes  métalliques,  &  qui  ne  lés  reiet- 
te  ny  côdamne  pas,  ainfi  qu’il  appert  par  fes 
eferits,  au  contrairede  nos  Cenfeurs  quiles 
improuuent  ôc  mefprifent  au  ec  grande  i- 
gnoranc  e,  iceluy  Libauius,  di-j e,  fait  men¬ 
tion,  &  parle  d’vn  certain  huile  mercuriel 
potable,  ôc  de  fes  proprietez,  c’efl:  auliu.  i. 
defon  Alchymie,  traité  1.  pag.  9J. 

D’auantage  au  mefme  liure  ôc  traité,  page 
89.Ee  voyentles  préparations  du  mercure, à 
fçauoir  comment  il  le  faut  nettoyer  de  fes 
impuretez  ,  &  le  rendre  philo fophiqite y 
Nous  lifons  pareillement  au  mefme  lieu  de 
tres-vtiles=  corredioçs  du  mercure,  dont  il 
eferit  ces  paroles  :  Onêrrige  l’argent  vif  précipi¬ 
té, par  tnfttfon  Çr  emhrazjmcnt  de  l’efnt  de  vin,  tr, 
par  addition  de  thériaque  :  Où  il  appert  que  Li¬ 
bauius  eft  fort  ftudieux  d’apprendrç  les 
vrayes  corredions  ôc  droites  préparations 
du  précipité  :  en  forte  qu’on  le  puifle  admi- 
niftrer  fans  danger,  Ôc  le  faire  prendre  auec 
vtilité  :  tant  s’en  faut  qu’il  en  reiette  ou  im- 
prouue Tvfage,&  interdife  lefeu&leauà 


Î5V  CES.V.ÊAVV.  4% 

.ceux  qui  s’en  feruent  deuënient  &  méthodi¬ 
quement.  - 

En  no  ftr  e  confeil  touchât  la  verole,  nous 
aüons  defcrit,comme  vn  tres^excellent  dia- 
phoretic  ,  certaine  liqueur  mercurielle 
d’auflî  forte  &  bonne  fenreur  que  le  mufc, 
dont  le  formulaire  eft  amplement  déduit  en 
Ce  traité,  chapitre  de  l'antimoine,  dans  Fex- 
pofition  de  noftre  Panacée ,  d’autant  que 
nous  employons  ladite  liqueur  mercuriel¬ 
le,  pour  eftre  tant  le  diftoluant  des  perles  8c 
coraux, quaufli  vn  remede  finguüer  à  plu¬ 
sieurs  maladies.  ^ 

Finalement  pour  conclufion  des  diuers 
remedes  que  nous  fçauo  ns  extraire  du  mer¬ 
cure, nous  leur  adioufterons  noftre  mercure 
devie  folaire  ou  tiré  de  l’or,  lequel  fera  chef 
derarriere-garde:j;omme  eftant  le  premier 
de  tous,  ou  l’vn  des  principaux,  c’eft  à  dire, 
par  le  moyen  duquel  fe  parfont  les  cures  ad¬ 
mirables  des  maladies  mefrnes  les  plus  grie» 
ues  &  déplorables. 

On  prendra  donc  la  liqueur  mercurielle  que  nous  a- 
mns  defchte  an  chapitre  de  l’antimoine,  en  l’antido- 
te  de  nojlre  Antimoine  Poljchrefie,  a  laquelle  vous 
adiouflerczjpareille ,  m  mefrne  plus  grande  quantité 
de  futur  Hermaphrodite,  c efi  a  dire  de  nature  z>mU 
CT  féminine ,  aqueufè  CT  terreftre,  volatile  CT fixe, 
le  tout  fait  digéré ,  cohohê  Crdijhlle,  pour  en faire  vn 
dijfoluant  lunaire  CT  folaire.  de  merueilletijè  opera¬ 
tion:  L'vn  CT  l'autre  luminaire  efiant  dijfout, par  ht 
mojend’iceluj,  peut  retourner  en  corps,  efiant  mefrne 
Hh  ij 


484  »  E  S  W  A  1  A  D  I  B  § 

conwnB  auec  fin  propre  menftruë,  cr  en  vn  mettent 
f  réduire  en  poudre  feiche ,  non  fans  admiration,  auec 
le  premier  liqUefaBif  &  humettatif de  toutes  chefs. 
Ceftc  poudre  parfaitement  addoucie  fe* 
donne  de  cinq  à  fept  grains  en  deux  onces 
d’infufion  de  vin  blanc,  ou  d  autre  liqueur 
conuenable. 

-  J)' abondant,  le  cejte  liqueur  mercuriale  fansy 
adioufier  autre  dtplnant  flaire  o*  lunaire,  on faift 
aufipar  precipitationvnepoudre  blanche  qn  aucuns 
appellent  mercure  de  vie  :  Laquelle  eftanr  bien 
préparée  deuient  vn  doux  remede  vomitif 
&  folutif  :  dont  me  fine  vn  feul  grain  mis 
feulement  fur  la  langue  fans  l’aualer ,  im¬ 
partit  à  Teftomack  fes  vertus  fpirituelles,  & 
prouoque  vn  doux  vomiffement  *.  Laquelle 
purgation  n’eft  tant  à  deferier  qu’on  fait  au- 
jourd’huy,  veu  que  les  Anciens  fouloient  v- 
ierde  tels  vomitoires &  les  ofdonnoient 
pour  la  cure  de  diuèrs  maux,  fe  feruans  mef- 
me  à  celle  fin  de  l’hellebore  blanc,  vomitif 
certes  qui  comme  ie  croy  eft  beaucoup  plus 
violent  êc  pernicieux  que  tout  verre  d'anti¬ 
moine,  ou  précipité  de  mercure  vomitif  en¬ 
tre  autres  fort  puiffans  :  lefquels  toutesfois 
ie  n’admets  ny  approuue  nullement  eftans 
préparés  d’vne  façon  vulgaire  comme  nous 
auons  fouuentesfois  dit  ailleurs,&  enfeigné 
la  maniéré  d’extraire  de  ces  deux  minéraux 
plufieurs  autres  remedes beaucoup  plus  ex- 
cellens  &  profitables,  que  ces  vitrifications 
éfc  précipitations vulgaires  cogneuës  feule- 


»V  CERVlAVr  4  §5 

mentaux  Empiriques,  nonauxvrays  Méde¬ 
cins  &  Chymiques. 

Maispour  retourner  à noftre  mercure  de 
vie  folaire ,  la  dofe  duquel  nous  auons  dit 
eftre  de  cinq  à  fept  grains  auec  infufîon  de 
vin,  c’eftvnremede  n’excitant  que  bien  peu  - 
le  vomiflement,  mefme  à  ceux  qui  font  en¬ 
clins  à  vomir  :  &  l’emotion  qu’il  caufe  eft 
telle  &  fi  douce,  qu’elle  Te  doit  plu  ftoft  ap¬ 
peler  crachement  ou  faliuation  que  vomif- 
fetbét  :  Neantmoins  elle  purge  les  humeurs 
peccapres,  nuifibles  &pernicieufes  auec  e- 
leétioji ,  mais  fans  tourment  :  Car  icelles 
cftan?  ainfi  euacuées,combien  qu’on  répété 
le  nftfme  remede,  &  qu’en  apres  onlepre- 
ne  mefme  en  plus  grande  dofe,fon  opera¬ 
tion  fera  nulle,  à  caufe  qu’il  n’aura  plus  de 
fujet  auquel  il  puilfe  agir.  Ilfaut  aufil  bien 
remarquer(ce  qui  eft  propre  tant  à  ce  reme¬ 
de  qu’aux  autres  lefquels  nous  auons  défia 
deferit  de  l’antimoine,  de  l’or,  du  mercure 
&  vitriol)  qu’ils  opèrent  pluftoft  fpirituel- 
lement  que  matériellement,  car  fi  vous  re- 
uerfez  du  vin  fur  la  poudre  qui  aura  défia 
efté  infusée,  8c  l’y  macérez  de  rechef  quel¬ 
ques  heures  durant:  quand  mefmes  on  réi¬ 
térera  cela  par  plufieurs  fois,  ce  vin  fera 
toufiours  médicamenteux,  purgatifjfudori- 
fique&  diurétique,  félon  que  la  nature  du 
malade  fera  mieux  difposée  à  qüelqu’vne 
defdites  euacuations  :  Et  encores  qu’icelle 
poudre  ait  maintes  fois  communiqué  &  dé¬ 
fi  h  iij 


4*6  DES  maladies 
party  fa  vertu  à  i’infufion  ,  fi  ne  perd  elle 
rien  de  fon  poids. 

Comme  i  acheuois  ce  recueil  de  remedes 

métalliques,  &  y  mettois  fin,  vn  certain  pe¬ 
tit  liure  tourné  d’Italien  en  François  par 
quelque  mien  amy  afiez  fameux,  tomba  en 
pes  mains  imprimé  à  Anuers,  chez  Hiero- 
me  Verduflen,  lan  1603.  ayant  pour  tiltre: 
Sommaire  des  vertus, de  la  nature,  admmipratim& 
vfage  d’vne  certaine  pondre,  qui  ejï  la  quint e-e fence 
de  L'or  medecinal,nouuellemeht  mis  en  lumière  par  vn 
excellent perfînnage,  nommé M.  ViEler  ^îlguret, Mé¬ 
decin  &  PhjJtcien debefchole  de  Vérone  &c.  Auflî 
toft  que  i’eu  parcouru  ce  liüret,  ie  notay  les 
infinies  &  excellentes  proprietez  qu’on  at¬ 
tribue  à  cefte  poudre,  laquelle  on  dit  éftre 
folaire,&  l’efprit  fixe  de  l'or.  le  ne  veux  pas 
m’arrefter  icy  aux  grands  cffccte  &  vertus 
d’icelle,  ny  en  douter  ou  diminuer  quelque 
chofe,  attendu  qu’elles  ont  pour  appuy  les 
tefmoignages  de -tant  de  perfonnages  fi 
grands,  dé  font  confirmées  par  les  expérien¬ 
ces  qu’on  àllegüevveuaufli  principalement 
que  par  l’v fage  dé  adminiftration  des  reme¬ 
des  métalliques,  iefçay  tres-bien  que  leurs  - 
Vertus  font  admirables  eftans  mefme  exhi¬ 
bez  en  petite  dofe,  6c  que  par  leur  frequen¬ 
te  répétition1  ils  opèrent  merueilles:  ainfi 
que  nous  auons  tiagueres  eferit  cy  deffus 

touchant  noftre  mercure  de  vie  folaire. 

Or  comme  ie  refeuilletois  ce  îiuret ,  ü 
aduint  que  quelque  amy  &' familier d  v» 


»V  CERVEAV.  4  $7 

certain  honnefte  homme  detenu  d’vne  ma- 
ladiechronique  &  langoureufe  dont  i’auois 
éntreprins  Ta.  cure,  fit  rapport  chez  luy  de  la 
renommée  de  cefte  poudre,  êc  donna  affeu- 
rance  tant  de  Tes  vertus  que  de  fon  expé¬ 
rience,  vn  autre  honnefte  homme  de  ma  co- 
gnoiflance  l’ayant  efprouuée  auec  fuccés 
fauorable  r  apres  que  mon  malade  m’eut  de¬ 
mandé  aduis,  s’il  en  deuoit  vfer  ou  non,ie 
luy  fis  refponfe  qu'au  rapport  de  cet  honne¬ 
fte  hôme  là,  qui  en  auoit  fenti  vn  fi  prompt 
allégement,  ie  ne  ferois  nulle  difficulté  d’en 
vfer:  pourtant  il  enuoy  a  foudain  quérir  de 
cefte  poudre  chez  fondit  amy  qui  en  auoit, 
&  le  pria  de  luy  en  vouloir  donner:  ce  qu’il 
fit,luy  enjoignant  d’en  prendre  fept  grains^, 
chaque  dofe  :  ie  vis  ladite  poudre  auffi  blan¬ 
che  &  fubtile  qu’amydon  puluerisé,  mais 
qui  n’egaloit  pas  le  poids  du  mercure.  Cefte 

Êoudre  doit  eftre  piacerée  en  deux  onces  de 
on  vin  blanc  par  l’efpace  de  trois  ou  qua¬ 
tre  heures:  puisdemy  heure  apres  la  prinfe 
d’icelle,  on  fait  humer  vn  bouillon.  î’efpe- 
re  de  pleinement  veoir  demain  les  opera¬ 
tions  d’vn  tel  médicament,  afin  qu  en  apres 
ie  puiiïe  dire  quelque  chofe  de  plus  certain 
touchant  la  compofition  d’icelny,car  ceux 
là  fe  trompent  à  mon  ingement  qui  croient 
qu’il  eft  extrait  de  l’or ,  à  raifon  de  quoy  ils 
le  qualifient  du  tiltre  d’efprit  d’or  fixe. 

Mais  l’interprete  ou  l’autheur  mefme  du¬ 
dit  liuret  fe  trompe  pareillement  en  ce  qulil 

H  h  iiij  ' 


4$S  MALADIES  J  ' 

qu’il  efcrit  que  l’antiquité  a  ignoré  l’extra- 
€Hon  des  efprits  du  feul  or  fixe,  &  qu’elle  eft 
encores  incognuë  aux  Médecins  d’aujour- 
d’huy  :  s’il  les  exclud  tous  en  general  de 
çefte  cognoiflance,  &  ne  croit  pas  qu’on 
trouueaujourd’huy  des  efprits  fort  fubtils 
qui  eftans  verfez  en  l'anatomie  intérieure 
des  métaux,  peuuét  tirer  tels  efprits  de  l’or, 
extraire  fa  teinture  &  le  réduire  en  effence 
potable  par  beaucoup  de  maniérés,  félon 
que  défia  nous  en  auons  ènfeigné  infinies 
préparations,  à  fçauoir  pour  en  tirer  vn  vi¬ 
triol,  foulphre,  mercure,  arcane  ,  magifte- 
re,  quinte-eflence ,  liqueur,  élixir  &  infinis 
autres  tels  remedes  excellons  qui  fe  font  de 
l’or,  fo n  corps  eftant  réduit  enefprit. 

Or  quiconque  aura  bien  leu,  outre  les  ef- 
crits  de  Paracelfe,  les  commentaires  de  Ge- 
ter,  Lulle,  Arnauld  de  Ville-neufue,  Ri- 
plæus,  Rogier  Bacchon  ,  Albert  le  grand, 
Rupecifla  &  de  mil  autres  ,  recognoiftra 
que  la  maniéré  de  faire  l’or  potable  ne  leur 
a  efté  nullement  ineogneuë:  non  plus  que 
fes  vertus  &  proprietez  contre  toutes  les 
maladies  du  corps  humain.  Et  encores  que 
ïe  fois  le  moindre  des  Chymiques,  fi’oferay- 
je  bien  affermer  que  de  quarante  ou  cin¬ 
quante  maniérés  d’extraire  l’efprit  de  l’or, 
dont  Dieu  m’adonné  cognoiflance,  routes 
les  médecines  que  i’en  tire  apres  l’auoir  ren- 
dufjpirituel,  retiennent  ou  la  couleur  citri- 
ne  de  la  fleur  de  foulfi,ou  la  rougeaftre,ou  la 


»V  CES.V1  AV.  489 

pourprée,  ou  la  teinture  du  pauot  rouge  : 
Enfomme  toutes  telles  médecines  fe  con- 
uertiflent  en  couleur  jaune  ou  rouge,  enco- 
res  quelles  foient  précipitées  auec  mercure 
folaire  paroiflànt  tres-blanc  au  dehors  :  Ce 
qu’on  doit  remarquer  auec  admiration,  ce 
qui  reprefente  vne  couleur  fi  blanche  à  l’ex- 
terieur,  contenant  en  foy  vne  rougeur  ou 
jaune  couleur  interieure.Iadmire  donc  vne 
fi  grande  blancheur,  de  celle  poudre,  fi  l’efi- 
prit  de  l’or  eft  fixe  &  permanent,  comme  on 
dit ,  i’ay  toutefois  recogneu  en  la  fécondé 
addition  de  l’autheur  du  liure  qu’il  fait  men¬ 
tion  non  de  l’or,  mais  d'vne  marguefite  do- 
rée,oud’vne  autre  mine,  dont  il  extrait  ce¬ 
lle  poudre  fpirituelle,  ou  bien  de  quelque 
autre  magnefie,  ou  d’vn  autre  fubjet  demy 
métallique  qu’il  croit  eftre  la  racine  &  pri¬ 
me  matière  de  l’or,  efcriuant  ainfi  :  Laquelle 
fendre  nojlre  ri  eft  autre  chofè  qrivne  certaine  quinte - 
ejfence  d’or  croijjdnt  telle  de  fa  nature  :  mais  cuite  Cr 
contemperée  ezftïux  Cr  chaleurs  celeftes,  ou  rayons  fo¬ 
lâtres  ;  cachée  cr  eftarfo  artificiellement  de  laracine 
Cr  matière  de  mftre  or,  par  cefte  noftre  matière  miné¬ 
rale  blanche  :  Laquelle  matière  Cr  racine  peut  four¬ 
nir  de  pur  or  y  ft  elle  eft  induftrieufement  traittée  Cr 
exercee  par  V artifice  de  diuerfos  operations  :  Et  cefte 
quantité  d'or fififit  pour  demonftrer  la  venté  de  cecyfo 
foauoir  que  ladite  matière  efl  la  racine ,  CT  comme  la 
mere  Cr fonree  de  T  or,  d'ent  il  s’enfuit  quauec  raifort 
nous  auons  proprement  appellé  noftre  poudre ,  qnintf- 
eJftnce  de  l'or  y  crc.  > 


4«)o  bes  maladies 

le  ne  veux  pas  icy  faire  l’Oedipus  ,  pour 
expliquer  ce  que  c’eft:  Mais  ieme  puis  bien 
vanter  de  pouuoir  extraire  quelque  diofe 
de  femblable  qui  fera  fort  vtile ,  de  lavraye 
magnefie,  qui  félon  Parac elfe  &  les  autres 
Philosophes  eft 'pareille  &  égalé  à  la  pre¬ 
mière  matière  de  l’or  :  veu  mefme  qu  on 
en  peut  tirer  des  médecines  plus  puiffan- 
tes  ôc  excellentes  que  de  l’or  mefme , encô- 
res  qu’il  foit  rendu  fpirituel  :  Car  icelle  ma¬ 
tière  n’ayat  encoresfenty  ny  enduréiefcu, 
elle  abonde  en  efprits  métalliques  fort  effi- 
cacieux.  D’icelle  magnefie  ie  puis  fenybla- 
jplement  extraire  vne  liqueur  qu’on  peut 
imprégner  de  l’efprit  folair e ,  afin  de  la.reft- 
dreplus  forte  &  efficacieufe  :  Auffila  peux-, 
je  précipiter  fort  blanche  pour  en  faire  vn 
précipité  qui  fans  difficulté  prouoquera 
des  doux  vomiflemens  ,  duquel  vne  feule 
dofe  pourraferuir,non  feulement  virerais 
piufieurs  fois  à  diuerfes  operations  :  Par- 
quoy  il  appert  que  c’eft  pour  certain  vn 
grand  remede  fort  fingulier  à  plufieurs  for¬ 
tes  de  maladies.  Et  les  effets  d’icefiiy  ne  dif¬ 
ferent  pas  beaucoup  des  operations  de  ladi- 
„  te  poudre  blanche,  félon  que  i’ay  obferué 
en  noftre  malade  apres  l’vfage  d’icelle ,  qui 
par  vomiffement  fit  fortir  par  deux  fois  des 
humeurs  fort  corrompues. 

le  n’entend  pas  qu’on  prene  en  mauuàife 
part  ce  que  ie  dy  icy ,  corne  fi  ie  m’eftudiois 
à  mefdire  de  queiqu’vn ,  ou  à  blafmer  ôcxc- 


BV  CÏRVIA1  491 

«rendre  les  eftudes  &la  bonne  volonté  de 
fautheur de cefte poudre ,  lequel fca candi- . 
dement  départie  au  public  :  Mais  il  mérité- 
roit  vne  plus  grandeloüange  &  recognoif- 
sace,fi  en  faueur  de  ceux  qui  en  font  dignes 
il  en  donnoit  la  defeription  ,  quoy  qu’en 
termes  obfcurs  &  couuerts ,  à  l’exemple  de 
plufieurs  Philofophes  8c  de  moy  ,  qui  n’en- 
uie  pas  volontiers  ^ux  autres  ce  qiïéie  puis 
(pauoir  &  auoir ,  fcachant  bien  que  nous  ne 
fommes  pas  nez  pour  nous  feuls,maisen 
partie  pour  noflre  pais  ,  &  en  partie  pour 
nos  parens.  . 

,  Auant  que  mettre  fin  aux  diuers  remedes 
qui  fe  font  du  mercure,  &  que  i’ay  défia  dif- 
pofez  par  ordre  rédigez  par  efcritûl  nous 
faut  enedres  dire  quelque  chofe  touchant 
le  Cinabre  artificiel  8c  faétice,  comme  auffî 
du  naturel  qu’on  prend  és  mines. 

Touchant  le  faéfcice,  ce  n’eft  autre  chdfe  ci„ayTe 
qüe  certaine  forte  de  fublimation  faite  par  artificiel, 
lfe  moyen  du  fouphre  (comme  le  fublimé  de 
mercure,qu’on  appellejfefait  parle  moyen 
du  vitriol  )  lequel  fouphre  fe  liquéfié  dans 
vn  vaiffeau  de  terre  vçrny,  &  eftant  liquéfié- 
on  y  verfe  puis  aprls  peu  à  peu  du  mercure 
iufqu’au  poids  de  la  moitié  du  fouphre  :  Ce 
qu’ayant  fait ,  il  faut  bien  remuer  8c  mefler 
le  tout  auec  vne  efpatule^e  fer  ou  de  bois  , 
tant  que  ladite  efpatule  foit  toute  enduite 
d’vne  chaux  noire  ,  qui  alors  eft  propre  à 
eftre  fublimée  das  vn  fublimatoire  ou  vaif- 


Cinalre 

tmttttU 


491  ©ÏS  maladies 

feau  conuenàble  la  fublimation.  Par  ce 
moyen  on  exalté  le  mercure  en  rougeur  qui 
reÆemble  au  vermillon  ou  cinabre  :  la  dofe 
d’iceluy  eft  le  poids  de  trois,  quatre  ou  cinq 
grains ,  pour  eftre  vn  remede  fort  excellent 
à  prouoquer  les  Tueurs.  Il  s’en  fait  au®  de 

tres-blancs  précipitez  auec  la  liqueurdudit 

fouphrc  puifée  d’vne  mefme  fontaine,&  de 
merueiileufe  vertu  à  purger  &  exciter  les 
Tueurs,  lefquels  précipitez  font  tres-pro- 
pres  à  diuerfes  maladies ,  voire  mefme  aux 
epilepfies,apoplexies,&paralyfies,moyen- 
nant  qu’ils  foient  deuëment  adminiftréspar 
vn  Médecin,  non  par  vn  Empirique. 

Quant  au  Cinabre  naturel  &  minerai,  na¬ 
ture  nous  produit  en  quelques  mines  d’or 
de  la  Hongrie ,  vn  certain  genre  de  Cinabre 
minerai  fort  pefant  &  beaucoup  plus  rou¬ 
ge  que  l’artificiel  :  Il  eft  mefme  fi  tranfpa- 
rant  &  clair  qu’on  î’eftime  autant,voired’a- 
uantage  que  l’or.  Iceluy  de  foy ,  &  fans  au¬ 
tre  préparation  que  le  tempérament  fait 
par  les  codions  de  nature ,  eft  vn  tres-noble 
remede  &  de  vertusadmirableseontreles 
moindres  epilepfies  ouanalepfies,mai$  c’-eft 
principalement  vn  vray  fpecifique  aux  ver¬ 
tiges,  recogneu  pour  tel  par  plufieurs  grads 
Philofophes  Chymiques  en  Allemagne,qui 
ont  ce  remede  en  telle  eftime  qu’vn  grand 
&  notable  fecret ,  par  le  moyen  duquêli’ ay 
(auec  la  grâce  de  Dieu  )  guery  de  vertige 
cinq  grands  perfonnages,  en  l’efpaçe  feule- 


SV  CÏ&VEAY.'  495 
jtiefttd’vnefemaine.,  leur  en  ayat  fait  pren¬ 
dre  au  plus  quatre  ou  cinq  dofes ,  nonob- 
ilant  que  ce  mal  vertigineux  s’en-aigrift  par 
fois  tellement  qu’il  oftoit  tout  iugement 
aux  malades»  T el  remede  fe  fait  fuiuant  ce 
formulaire» 

.Prestez^  demjmcède  vrajy  Cinabre  minerai  grlui- 
fant,  red-uifez^le  enalbool  ou  foudre  impalpable fur  sPUtfim 
du  marbre.  ^diouflez^y  magifleres  de  ferles  ty  de  ?ue  . 

Coraux,  deux  fcrupule  s  de  chacun ,  *un  fcrufule  de  *  * 

crocus ,  dix  feuilles  d’or,  ou  pluflofl  dix  grains  d’or 
contestant flamme  :  Et  fatales  du  tout  vne  poudre  l’a¬ 
gitant  O*  meflant  bienftr  du  marbre,  yous garderez 
foigneufement  cefie  f  oudre  comme  vn  remede  fpectfl^ 
e[ue,  Cr  entr  autres  fort  excellent  contre  les  maladies 
Jufdites.  La  dofe  en  fera  demy  fcrupule  ou 
pour  le  plus  vn  fcrupule  entier  pris  auec 
eau  de  muguet.  Ce  médicament  excitera  de 
grandes  &  abondantes  fueurs  :  Et  combien 
qu’il  foit  tant  prifé  &eftimé  des  plus  célé¬ 
brés  Médecins  d’Allemagne  :  Sine  doute-je 
point  que  nos  Cenfeurs  ne  l’ayent  en  hayne 
&  horreur  très- grande  ,  eux  qui  trouuent 
mauuais  tout  remede  métallique .Qr  ils  ob¬ 
jecteront  qu’il  y  a  de  l’argent-vif  ,  à  raifon 
dequoy  c’eft  vn  poifon  dangereux  &  mor¬ 
tel.  Mais  il  faut  permettre  que  telles  gens 
croupilfent  &  meurent  es  tenebr es  perpé¬ 
tuelles  d’ignorance  &  d’orgueil,  veu  que 
leur  iugement  efl  fi  peruerty  qu’ils  preferét 
les  chardons  aux  rofes ,  &ies  chofes  viles 
aux  exquifes ,  faifans  plus  grand  cas  dyne 


494  DES  maladies 

i;ecepte  de  fiente  de  paon  qu’ils  ont  apprîfe 
de  quelque  païfan  ou  villageois ,  que  ny  de 
l’eflence  d’or,  ny  des  magifteres  de  perles  8c 
de  coraux,  ny  au  (fi  de  l’y  fage  dudit  cinabre 
minerai  (qui  eft  vrayeràent  d’vne  nature f0«, 
laire  )  encor  es  que  plufieurs  doctes  &  célé¬ 
brés  Médecins  de  mefme^profeffionqu’éux 
l’ayent  efprôüué  par  beaucoup  de  certaines 
experiences,&  Payent  pareillement  recom¬ 
mandé  comme  vn  fpecifique  Çc  louuerain 
remede. 


Chap.  XXXIHI. 

Régime  denture, 

|^N  eboifira  toufîours  l’air  plus  chaud  & 
V^/fec ,  &  en  temps  d’Hyuer  on  corrigera 
l’àir  de  la  chambre  y  faifant  du  feu  clair.  Il 
le,  faut  bié  garder  de  demeurer  long-temps 
au  ferein ,  ny  aux  rayons  du  foîeil,  non  plus 
qu’à  vn  air  nuageux  &  obfcur,  ou  aucunes- 
iois  intemperé,  &  principalement  quand  le 
vent  de  midy  fouffie,  ou  celuyd’Aquilon. 

Pair  chacun  mois  on  tondra  la  telle  dur 
malade  pour  le  moins  vne  fois,  mais  elle  fe¬ 
ra  peignée  chacun  iour  au  matin  ,&  auec 
des  linges  ou  efponges  ,  il  la  conuiendra 
bien  deterger  de  toutes  ordures  &  crafle: 
tant  la  nuit  que  le  iour  on  couurira  le  cer¬ 
neau  non  outre  mefure,  mais  feulement  à 


DV  CÏ^VEAV,  491 

fufSfance  &  médiocrement,  à  fçauoir  félon 
le  temps  &  la  couftume  ;  il  fe  faudra  pareil¬ 
lement  abftenir  des  autres  chofes  qui  l’ef- 
chauffent  8c  remplirent ,  comme  des  bains, 
lauemens  de  telle,  8c  de  femblables. 

Le  relie  du  corps  fera  preferué  du  froid  8c 
du  hafle  le  plus  foigneufement  que  faire  fe 
pourra,on  euitera  du  tout  les  parfums  rem-? 
plilfans  le  cerueau  de^apeurs  abondantes, 
comme  auffi  les  autres  fenteurs  extrême¬ 
ment  chaudes.  L’exercice  pris  médiocre¬ 
ment  auant  le  repas  ne  fera  point  inutile, 
pourueu  qu'on  ait  premièrement  defchar- 
gé  le  ventre  de  fes  exçremens  :  Mais  apres  le 
repas  il  vaudra  toufiours  mieux  fe  repoferj 
ou  bien  fe  pourmener  vn  peu,afin  d’empef- 
eher  ce  qui  aduient  ordinairement ,  que  les 
lues  à  demy  cuits  ou  mefmes  encores  cruds 
ne  découlent  trop  toll  du  ventricule  en  toüfc 
les  endroits  du  corps ,  aufli  s’abfliendra-on 
de  tout  ieu  &  exercice ,  où  il  ell  befoin  de 
beaucoup  pancher  ou  tournoyer  la  telle, 
qu’on  fe  contregarde  femblablement  de 
regarder  d’.vn  lieu  haut  en  bas,  &  de  jet- 
ter  ou  arreller  fa  veué  fur  les  torrés  &  cho¬ 
fes  femblables  :  En  lieu  d'exercice  fufEront 
par  fois  les  frottemens  faicls  auec  vn  lin¬ 
ceul  bien  afpre ,  premièrement  fur  les  bras, 
puis  fur  lapohftrine,  les  iambes  ,  &  finale¬ 
ment  à  fentour  de  la  telle. 

D  ailantâge,  comme  la  fobrieté  &  cotem- 
pcràace  du  boire  8c.  du  manger  ell  requife 


49^  DES  M’A  LABIES 

en  coûtes  maladies,  elle!  eft  aufîî  principe 
lement  enCelle-cy  :  toutesfôis  il  fera  touf- 
iours  meilleur  de  difner  vn  peü  amplement, 
îttâis  de  fouper  auee  plus  de  frugalité  &  re¬ 
tenue. 

Car  ie  voudrois  qu’on  mangeaft  feule¬ 
ment  deux  fois  le  i'ôur,  &  ce  par  iuftes  inter- 
uales,  qui  puiflent  fuffire  à  la  concodion, 
i’eftime  neantmoiris  qu’on  doit  aufli  bien 
cuiter  la  faim  que  la  crudité. 

Quant  aux  alimens,  on  choifira  ceux  qui 
font  remplis  d’vn  bon  fuc,  &  vuides  de  fla- 
tuôfîtez,  item  ceux  qui  fe  cuifent  facile¬ 
ment,  en  quôy  cet  ordre  fera  foigneufeméc 
obferué,  à  fçauoir,  que  ceux  qui  feront  fa¬ 
ciles  à  digerer,  aillent  toufiours  douant  les 
autres,  Sc  neàntmoins  qu’on  euite  le  plus 
que  faire  fe  pourra latrop  grande  diuerfité  : 
car  le  tres-dode  Pline  n’a  point  dit  fans  rai- 

fon  que  la  viande {impie  efi  la  pim  vtile  a  l’homme. 
hJpnobftant  cela  fi  on  prend  plaifir  à  la  va- 
rieté,il  ne  fera  pas  difficile  ny  inutile  d’auoir 
efgard  àlafimilitüde:  car  ainfi  que  tefmoi- 
;gne  Hippocrate,  Les  chojes  qui  font  dijfemblables 
taufent  du  trouble,  quand  elles  fe  macèrent  8c 
départirent  au  corps  les  vnespiuftoft,  les 
autres  plus  tard. 

Pour  le  regard  des  bouillons  on  né  s’en 
feruira jamais,  ou  fort  rarement,  &  ce  aux 
heures  du  matin  :  Efquels  vous  pourrez  a- 
lors  faire  cuire  d’entre  les  herbages,  l’hyfîo- 
pe,le  rhym,pouliot,ferpolet,  la  fauge  ÔC 
-  marjot 


DV  C  EH.V  ï  AY.  497 

marjolaine:  Mais  ie  fuis  d’aduis  qu’on  Pabftien- 
ne  de  laitue  ,  de  pourpier  &  d’autres  herbes 
plus  froides  &  humides  :  Il  faudra  pareillement 
euiter  tache ,  veu  qu’il  a  la  propriété  d’exciter 
Sc  faire  paroiftre  l’Epilepfie. 

D’entre  les  volailles ,  on  eflira  les  chairs  de 
poullets ,  chap  ons,  pigeonneaux;,  p  erdrix ,  fran- 
colins ,  phailans ,  &  d’autres  oifeaux  de  mon¬ 
tagne ,  comme  aufii  des  griues  ,  tourterelles, 
alouettes  &  paflereaux;  mais  on  condamne  & 
defend  les  chairs  d’oy  es,  de  canards,  &  d’autres 
oifeauxde  riuieres. 

Entre  les  belles  à  quatre  pieds  ,  font  tenues' 
pour  bonnes  les  chairs  de  veiau,  de  cheureau,  de 
mouton  &  de  leurauts  :  Mais  celles  des  vieux 
lievres ,  comme  aufli  de  cerf,  porc ,  fanglier,  & 
fur  toutes  de  cheure  font  à  euiter.  Au  furplus, 
les  rofties  font  touliourspreferées  aux  boüillies. 
On  yfera rarement  de  poilîbns ,  &  feulement  de 
ceux  qui  viuent  és  riuieres  plus  rapides:  Car  il 
fe  faut  entièrement  ab  {tenir  de  ceux  qui  viuent 
és  lacs,'  mardis  &  ellangs:  Mais  les  ro  ftis  fur 
le  gril ,  yalent  mieux  que  les  bouillis  ou  frits 
dedans  la  paëlje. 

Entre  les  alimens  de  bon  fuc  &  de  facile  dige- 
ftion,  les  œufs  mollets  n’occupent  pas  le  dernier 
lieu,  ny  pareillement  les  efereuides  &  lâptifane 
faiéte  d’orge.  ..  ~  - 

On  fabftiendra  des  gras,  falez ,  efpicés  ou  au¬ 
trement  acres ,  voire  de  tous  autres  qui  fontva- 
•  P°reux6cde  forte  odeùr,  comme  les  oignons, 
-es  aulx,  le  porreau,  la  roquette,  lesraues,  la 
^  li 


1 


498  des  maladies 

mouftarde,:  &rous  les  autres  qui  ont  accoutu¬ 
mé  d’enuoyer  des  vapeurs  au  cerueau  }  noiï pluS 
que  des  legumes  &  principalementdela  lentil¬ 
le,  du  fromage,laitJ&  de  toutesles  viandes  qui 
fe  font  auec-iceluy  lait. 

Touchant  lesfrui  étsioiirecommandelescap- 
pres,  raifîns  confits ,  &  lespiftaches:  mais  les- 
noix&  dates  font  à  rejetter.  Le  pain  bourgeois 
eft  plus  vtile  que  le  blanc pourueu  qu’il  foit 
bien  fermenté  ou  leué ,  médiocrement  £âlé  & 
parfaitement  cuit.  Lesgafteaux,  bignets, tar¬ 
tres /oublies  &  toutes  autres  patifferies  nonfer- 
mentée^feht for t  nuilibles.  Quant  aux  aroma¬ 
tes  ,  on v fera  par  fois  du  macis  de  la  noix  mufca- 
de&desglouxde  gyrôfles.  v 

:  On  boira  peu  fouuent  &  feulement  au  repas,  ; 
dar  le  boireimmoderé  aggraue  le  corps ,  &  ëm- 
pefche  t o'ute  co ne  o  t  ion  -,  or  le  breuuage  qu’on 
prendra ,  fera  de  l’hydromel ,  du  vin  clairet  & 
oligophore  attrempé  d’eau  en  laquelle  auront' 
eftç  cuites  les  preparationsde  coriandres*  Tes 
vins  pleins  l de  vapeurs  &  forts  font  totalement 
àimprouiiër.’  .  _  o  ne. 

Pour  le  deflert ,  on  pourra  prendre  vne poires 

quelque: peuduftere  mais r bien  cuite  «  ou tant 
foit  peu  de  cotignac  ou  deconferue  de  rofe.sj  ou 
bien  quelque  chofe  de  femblable  qui  puiffe  çxa- 
tement  fermer  &  boufeher  l’entrée  du  ventri¬ 
cule  ,  &  parce  moyen -aydér  la  concotion  & 
empefeher  qu’il  ne  monte  point  de  vapeurs  au 
cerueau.  On  fe  doit  abflenir  dc  beaucoup  dot? 
niir ^  tant  de  nuit  que  de  iour. 


Dv  eË^viAV.'  '499 

AuïS  Faut-il foigneufement  pouruoir  à  ce  que 
le  ventre  ay  t  toufiours  Ton  cours  libre ,  Que  fil 
eft  conftipé^on  le  lafehera  par  quelque  indu* 
ftrie.  l’obmets  à  defleinlVfage  du  coït,  d’autant 
que  la  ieune  Damoifelle  donteft  queftion,  eft 
comme  ie  croy  fort  modefte  Sctemperée. 

Au  refte ,  on  fuira  tout  foudain  mouuement 
d’efprit ,  cômd'quelque  raport  trifte  ou  ioyeux, 
mais  principalementla  t  erreur.  Il  conuient  auflî 
euiter  le  courroux ,  les  trop  grands  foucis,  la  tri- 
ftelfe  :  bref,  toute  perturbation  d’efprit.  Incon¬ 
tinent  apres  le  repas,  on  fediuertira  de  beau¬ 
coup  eftudier  &  déliré  ou  eferire  longuement. 

Entre  les  Amulets  empefehants  l’Epilepfie  , 
on  recommande  les  femence  &  racine  de  peuoi- 
ne  pendues  au  col ,  comme  àufli  les  coraux,  &  le 
jafpe  ver d ,  en  forte  neantmoins  qu’ils  touchent 
à l’eftomac.  On  céoit  pareillement  que  l’ongle 
d’alce  foit  pendue  au  col ,  foit  enchalTée  &  por¬ 
tée  dans  vn  anneau  ,  rétarde  l’accez  de  l’Epi- 
lepfiel 


7 


F  I.  N. 


table  des  choses 

ET  MOTS  PLVS  REMAR- 

quables  en  celle  T etrade. 


A. 

âge  püerile 
fübjetâiixpe- 
tites  veroles, 
rougeoleSj&c.  pagei. 
Accès  épileptique  &  fon 
origine  8.  no.  fes  a- 
uant-coureurs  3;  cau- 
fes  externes  cj.  indica¬ 
tions  qui  le  concerner 
148.  fes  miferables  ef¬ 
fets  168.  comme  fe 
doit  traitter  es  fem¬ 
mes  hifteriques  320 
A&e  premier  &  fécond, 
diftinguez  iîj 

Actions  d’où  procèdent 
80.92.98 

Aéfciueté  &  impetuofité 
fans  acrimonie  10  0 
Agacement  dedens  139 
Aigle  celefte  de  Paracel¬ 
se  de  Phedron  477 

Aliment  t  ony  &  maii- 


üàis  és  maladies  du  cer- 
ueau  496.  8c  fuiu. 

Ame  de  l’homme  eft  im¬ 
mortelle  118 

Ame  du  monde  104 

Àmuletsantepileptiques 
1(34. 165.  ôc  499 
Analepfle  17 

Anatomie  vitale  des  mi¬ 
nières  qui  caûfent  les 
maladies  jô 

Anatomie  des  maladies 
&  de  la  mort  109 

Anatomie  de  Saturne 
354.  du  Cor  al  355 

Anciens  fe  font  ferais 
des  métaux  145 

Année  douzieïme  &tré~ 
ziefme  ,  eft  le  temps 
prefix  au  flux  men- 
ftrüal  des  femmes  u£ 
Antepileptique  de  Parà- 
celfe  38* 

Kk 


TA  ] 

Antidote  theodorete  , 
defcrit  par  N.  Myreps 

.  180.  181.  Tes  facultez, 
i79  ,  . 

Antidotes  antepilepti- 
ques  ôc  antaple&iques 
3SJ'55t 

Antidotes  d  Antimoine 
403.  Panchrefte  411. 

-  Pantagogue4i3.Zoo- 
phile  414.  :  :  falutaire 
419.  Lyfipirete  420. 
Théodore  421.  Théo- 
pemptê  ibid-  Panere- 
re  412.  PoIycrete423. 
Ifochryfe  424.  Lyfi- 
pone  426 

Antimoine  397.  opinion 
des  Anciens  touchant 
iceluy  399.  fes  reme- 
des  diuers  463..  fleurs 
ïoo.  Ton  verre  '  101 

Antimoine  eftrecd  man¬ 
dé  par  Matthiol  385. 
n’eft  pas  vn  poifon, 
ibid.  ôc  fuiuant. 

Apople&iques  tombent 
quelquesfois  en  epi- 
lepfie ,  &  au  contraire 
2.8 

Apoplexie  29.  étymolo¬ 
gie  a  de  Ton  nom  ôc  fa 


ILE 

defmitioïribid.  Agnes 

d’icelle  30.  fon  hege 
là  mefme  ,  en  quoy 
différé  de  l’Epilepfié 
31.  caufes  de  lesfym- 
ptomes  33. 126.  caufes 
particulières  de  l’ob- 
ftru&iô  dont  elle  pro¬ 
met  34-3J.  méthode  de 
procéder  en  la  cure 
d’icelle  félon  les  dog— 
matiques  2d9>elle  a  di- 
.  uers  degrez  267.  la 
mortelle  16$  .la  phleg- 
matique  auec  fes  in¬ 
dices  &  cure  27/j 
Apozeme  laxatif  pour  la 
cure  de  la  paralyfie  258 
Apozeme  pour  préparer 
les  humeurs  en  la  cure 
de  l’epileplîe  216 
Appétit  infatiable  ôc  fes 
caufes'  82 

Arabes  de  quelle  métho¬ 
de  fe  font  ferais  en  la 
curedel’epilepfie  202. 
catalogue diceux  20$ 
Argent  4/3.  opinion  des 
anciens  touchât  iceluy 
454. ’&  fuiuant.  a  trois 
principes  ASS 

Argentpotable  AS* 


DES  MATIERES 


Argent  vif  457.  opinion 
des  anciens  fur  le  fuj  et 
d’iceluy  458.  qüec’eft 
459.  fafympathie  auec 
l’or  46  7.  erreur  de 
Diofcoride  touchât  la 
matière  dont  il  fe  con- 
cree4^o.  autre  erreur 
du  mefme  aütheur  461 
Au  refte  voyez  Mer¬ 
cure. 

Arfenic  a  vne  vertu  ma¬ 
gnétique  373 

Art  fpâgyrique  imite  la 
nature  311 

Art  parfait  la  nature  3  ji 
Arts  fort  differents  197 
AfTyriens ,  comme  pro¬ 
cèdent  à  {l’endroit  de 
ceux  qu’ils  veulent  cir- 
concir  34 

Autruche  digéré  le  fer, 
&  par  quel  moyen  82 
B. 

a v  s  m  e  d’or  446 

Bile  eft  plus  efpailTe 
que  la  melâncholie  71. 
f’endurcit  &  concrée 
en  petites  pierres  ibid. 
fon  office  69 

Bois  de  chefne  &  de  fu¬ 
seau  abondent  en  fel. 


celuy  de  fâpiii  en  I0Ü7 
phre  60 

Bois  de  laurier  8c  de 
chefne  font  bons  aux 
paralyfîeSj  côtra&ures 
&catharres  148 
C. 

CAlcination  441.  ne 
confuine  pas  l’hu¬ 
meur  radical  .238. 

3/4  . 

Calle  &:  fa  violente  210. 
anatomie  intérieure  d’i¬ 
celle  4  là  mefme.  ne  fe 
doit  adminiftrer  qu’a- 
uec  grande  circonfpe- 
<5tion  m 

Caftoreon  prefcrit  cotre 
l’epileplie  172 

Catalepne'  17 

Cataplafme  antepilepti- 
que  ijr.  antapoplecti- 
que  283 

Cautères  8c  leur  vfage 
en  la  cure  dé  l’epileplie 
236.  du  vertige  166 
Cendres  grauelées.  67. 
d'icelles  fe  fai<5fc  le  fel 
de  tartre ,  des  lexiues, 
&'plufieursfauons.  là 
mefme. 

Gerueau  eft  la  région  aç- 
K  k  ij  " 


TA  B 

tienne  du  microcofme 
60.  n’eft  pas  le  fiege  de 
I’epilepfie  79 

Chancre  76.  furuient  en 
la  face  &  en  la  poitrine, 
niais  le  lieu  de  fa  racine 
eft  incomprehenfible. 
Chirurgie  pratiquée  en 
la  cure  de  l’epilepfie 
Ï7Q.23  S 

Cinabre  460.  cr  ornant 
prés  Marbourg  en  Ale- 
magne  îbid.  artificiel 
491.  naturel  .  492 

Clyfteres  &  leur  vfage 
en  la  cure  de  l’apople¬ 
xie  '  .  279 

Clyfteres  des  dograatii 
ques  improüués  "330 
Clyftere  antepileptique 
ijj.antapopleéfcique  277 
Confortatifs  fpeeifiques 
àl’epilepfie  237.  aTa- 
poplexie  283 

Confortatifs  des  dogma¬ 
tiques  333 .  des  hermeti- 
ques  334 

Coral  &  sô  anatomie  355- 
Cordiaux  3  y6 

Corps  humain  diftribüé 
en  deux  globes  élémen¬ 
taires  46 


L  E 

Corps  fpirituels  ^ 
Crâne  humain  33<î.diucr- 
fes  opiniôs  des  dogma- 
tiques,touchant  la  pre- 
ration  d'iceluy  337.  ma¬ 
niéré  de  le  préparer 
338.34a 

Créatures  tendent  natu¬ 
rellement  toutes  à  leur 
petfeétion  417 

Crocus  d’or  _  444 

Cryftaux  de  fel  doux  361 
D. 

DEgrez  d’apoplèxie  j 
267  ;  • 

Dcns  agacées  129 

Deuteropathié  16 

Diaphoniques  propres 
extirper  les  feminai- 
resdel  epilepfie  246 
Diete  des  dogmatiques^ 
344.  232 

Diflbluâtdel  or  362.357 
Diuerfité  des  remedes, 
d’où  caufée  217 

Dogmatiques  ditcdurét 
magnifiquement  de  la 
matière  de  medecine 
195.  leur  ftupidité  en  la 
pratique  196.  haine 
d’icëux  cotreParâcelfc 
189  .leur  dieté  eft  vaine 


DES  MATIERES. 


de  ne  reiïortit  pas  Ton 
effeéfc  en  tous  fubjets 
2J2.  quelle  méthode 
tiennent  les  modernes 
en  la  cure  de  l’epilepfie 
208 

E, 

a  v  arreftée  &  em- 
pefehée  de  couler 
fe  corrompt  y,  6 

Eau  forte  &  la  caufe  de 
fa  faculté  refolutiue  83 
Eau  de  vie  de  perles 
Eau  d’hiroqdelles  ante- 
pileptique,de  l’autheur 
-IJ6.1JJ.  de  pies.  ij8 
Eau  pour  préparer  les 
humeurs  eh  la  cure  de  ' 
l’epilepiîe  ni.  Tvfag'e 
d’icelle  222 

Eau  theriacale  cotre  les 
maladies  du  cerueau 
314.  fonvfage  316 
Eaux  antimoniales  Ôc 
leur  faculté  2/9 
Elemens  que  c’eft  au  iu- 
gement  des  herméti¬ 
ques  73.  leur  nature,  là 
mefme  &  fuiuant. 

Elixir  de  vitriol  393.  d’or 
44<> 

Empiriques  cenfurésips. 


louez  200 

Energie  u6 

Engourdiflement  4o.  en 
quoy  cônuient  ou  dif¬ 
féré  d’auec  la  paraly- 
fie  ibid. 

Epigqnefe  116 

Epilepiie,  que  c’eft  .7.  rj. 
fesdiuers  noms  13.  ei- 
pecesibid.  indices  17. 
la  caufe  72.19.  quin’eft 
pas  materielle  ou  craf- 
le  22.  ains  fpirituellc 
20.  23.  nycellemefmc 
de  l’apoplexie  27.  er¬ 
reur  de  Galien  touchât 
-  ce  pôinét  20. 122.  réfu¬ 
tation  dlceluy  21.  iiege 
d’icelle  78.  erreur  de 
,  Galien  touchant  ce  fu- 
j  èt,  là  mefme.  de  quels 
nos  Paracelfe  l’appelle 
119;.  fa  cure  134.  obfer- 
uation  y  réquife  137. 
maniéré  d’extirper  fa 
racine  24/.  indications 
feruansàcefteipi  ibid. 
Epilepiie  fympatique  8. 
iy.i 6.  eôme  f’engendre 
1 6.  idiopatique  17 
Erreurs  de  Galien  78.10. 
122.&C.  deDiofcoride 

Kk  iij 


TABLE 


460.  461 

Errhins  en  If.  eute  de  la 
paralylîe  a  91 

Efcrouëlles  448 

Efprit  a  plufîeurs  lignifi¬ 
cations  differentes  gj 
Elprits  47,  doublement 
côliderez  8<5.  font  prin¬ 
cipes  de  toute  puilFan- 
,ce  &  aâion  52. 518.  leur 
diuers  effedrs  58 

Efprits  corporels  9J.9 8 
Efprit  radical  &  balia- 
rnique  106 .  Tes  effets 
108 

Efprit  de  vitriol  extrême 
ment  fubtile  37 o .  fa  fa¬ 
culté  coagulatiue  371. 
dilïolutiue  372.  manié¬ 
ré  de  l’addoucir  387 
Efprit  de  fel  marih  dif- 
foutl’or'  100 

Eftuues  &  eaux  minera- 
rales  Z73.  leurs  effeéfcs 
‘  274,  fpecifiques  àl’epi- 
lepïïe  zj8 

Excellence'  des  remedes 
'  chimiques  ipo 

Exhalaifons  48.  leurs  di- 
uers  effeéts  136.  leurs 
impreflîons  font  puif- 
fantes  caufes  des  mala¬ 


dies  63.  effe&s  des  fui- 
phurées  ^ 

Explication  de  l’oracle 
de  Pythias  deferiuant 
vn  rerqede  antepilepti- 
que  \  - 

\  F. 

F  Acuité  elfentielle  des 
Peripdteticiens  que 
c’efl:  félon  les  Hermé¬ 
tiques  94 

Facultez  dilfqluantes  ne 
fe  doiuent  attribuer  à' 
l’acrimonie  d’aucune 
qualité  100 

Faim  canine  <58.82 
Femmes  hyfteriques  co¬ 
rne  fe  doiuent  p enfer 
eftâs  failles  du  par  oxyf- 
me  epileptique  320 
Fermentation  dé  naturé 

Fixation  441.  du  fel  ar- 
moniac  4ïo 

Fleurs  d’antimoine  100 
Flux  menftrual  deftiné  à 
la  purgation  du  corps 
vniuerfel  $ 

Fomentations  en  la  para- 
lyfie  19i 

Foye  eft  deftiné  de  natu¬ 
re  pour  receuoir  &  cô- 


DES  MATIERES. 


tenir  labile  69 

foye  d’afne  rofti  172 
France  eft  fertile  en  eaux 
minérales  z6o 

Frellure  de  lievre  ordon¬ 
née  contre  l’epilepire 
i7z 

Fuliginofîtez  &  leur  na¬ 
ture  y8,  différences  3-9. 
effe&s  60 

Fumées  de  cornes  font 
nuifibles  au  cerueau  16 
G. 

GAleniftes  ont  vne 
fauffe  opinion  des 
minéraux  2  yy.  les  mef- 
prifent  8c  y  ont  toutes- 
fois  recours  és  maux 
défefperez  1 2,3-4. 
330.  ne  Pelloignét  pas 
volontiers  de  leurs  o- 
pinions  inueter.ées  19  j. 
ordonnent  mal  à  pro¬ 
pos  les  remedes  ef- 
ehauffans  &  odorans 
en  l’epilepfie  243 
Galien  a  effé  peu  verféés 
matières  mineralë's  ou 
métalliques  384.  er¬ 
reurs  d’iceluy  touchât 
la  caufe  8c  le  fiege  de 
l’epilepfie  78. 20.  ixz 


G  elées  d’ Auril  8c  de  May 
&  leurs  caufes  92.93 
Guy  de  chefne,  quand  fe 
doit  cueillir  pour  fer- 
uir  à  la  cure  de  l’epi- 
lepfie  -  242 

H. 

H  Aine  des  dogmati¬ 
ques  contre  Para- 
celfe  189 

Hellébore  noir  228,  fa 
préparation  230.  fes 
vertus  admirables  £3*. 
quinte  effence  d’iceluy 
323.324  _ 

Hemiplexie  ou  Hémi¬ 
plégie  41,  ou  fe  doiuét 
rechercher  fès  caufes 
43 

Hermétiques  quelle  o- 
pinion  ont  touchant 
l’apoplexie  12  6 

Hiftoired’vne  femme  e- 
pileptique  1.  fource  de 
fonmal  4.  progrez  ar¬ 
tificiel  de  la  génération 
d’iceluy  6 

Homme  diéfc  microcof- 
me  a  bon  droiéfc  8c 
pourquoy  46.108 

Huiles  antiparalytiques 

347*  349 

K k  iük 


TABLE 


Huile  de  feirpent  contre 
laparalylie  294.  deci- 
cognes,  làmefme.  de 
bois  heraçlien  226,  de 
Mercure  480 

Humeurs  47.  herméti¬ 
quement  anatomizées 
6 y.  maniéré  de  les  pré¬ 
parer  pour  eftre  pur- 
gées  2ij 

Hydromel  ^ntepilepti- 
que  220.  aritiparalyti- 
que  286,  Examen  d’i- 
celuy  ,  287 

Hydrotique  contre  l’e- 
pilepfie  24.9 

Hydrotiquesfpecifîques 
des  Hermétiques  34/ 
I. 

Afpe  de  couleur  aërée 
refifte  4  l’epilepiie  164 
Iaunilfe  '  6 

Idées  dés  Stoïciens  113 
Idiopathie  ij.16 

împreflions  celeftes  & 
lèurs  caufes  92 

Indicatiôs  concernans  le 
paroxyfme  epileptique 
148 

L. 

T  Aid  corrompu  quel- 
JLi  les  incomraoditez 


apporte  ï7g 

Laudanum  de  Paracelfe 

4H 

Lettre  Pythagotique  & 
fa  lignification  309 
Lieux  des  maladies  & 
leurs  différences  74. 
moyen  de  les  ttouuer 
7  S  • 

Linimçt  antepileprique 
iyi  7  . 

Liniraent  d’oxirrhodin 
antapopledique  273- 
Liqueur  d’or  443-,  d: 'ar¬ 
gent, v  erde  437, de  mer¬ 
cure  480 

M,\. 

\  jt  Aerocolitiç  &  vne 
JV1  fimilitude  »prinfé 
dïceluy  4 

Magiftere  de  crâne  hu¬ 
main  &  fa  préparation 
337.362.  de  vitriol  376. 
d’or  444 

Maladies  &  leur  fource 
33.  différences  de  leurs 
caufes  d'auec  celles 
des  fymptomes  87. 
caufes  antecedçtes  d  i- 
celles  %9 

Maladies  fe  terminent 
quelquesfois  par  crife 


DES  MATIERES. 


en  paralyfie  2.8/.  les 
fpirituelles  ont  pour 
çaufe  quelque  chofe 
dediuin  49 

Mafticatoires  duisét  fort 
à  la  cure  des  paralyti¬ 
ques  291 

Matière  première  des 
métaux  360 

Maturité  ôc  crudité  des 
fruiéfcs  d’ou  procédé  y 
Médecine  a  trois  inftru- 
mens  170 

Médecins  ont  befoin 
d’vfage  ôc  d’experien- 
ce  i96 

Médecins  Arabes  203 
Melancholie  naturelle, 
69 

Melancholie  hypocon¬ 
driaque  68 

Melancholique  humeur 
dç <fa  génération  6j. 
nature  ôc  effeéts  68. 
7°*  la  rate  n’eft  pas 
fon  réceptacle  69 .  eft 
-  moins  efpefle  que  la 
bile  ,  j0. 77 

Melancholiques  font  fu- 
jéts  à  l’epilepfîe  ôc 
pourqupy  121 

Menftrues  fpagyriques 


&  leurs  diuerfîtez  417. 
de  l’or  ôc  de  l'argent, 
3JT7 

Mercure  diuerfement 
confideré  4 66.  nature 
d’iceluy  467.  fa  fÿm- 
pathie  auec  l’or  ibid. 
à  l’occafion  dequoy  eft 
venu  en  pratique  464. 
Voyez  vif  argent. 
Mercure  effencifié  4 68* 
précipité  47J 

Mercure  de  vie  474 
Mercure  diaphonique 
478 

Mercure  d’or  443 

Mefué  de  quelle  métho¬ 
de  fe  fert  en  la  cure  de 
l’epilepfie  -  204 

Metaptofe  id 

Metaftafe  ibid. 

Métaux  &  leur  vray  vfa- 
gë  ^  457 

Meteoresdu  grâd  mon¬ 
de  48.  dumicrqcofme 
77  , 

Microcofme  4 6.  pour- 
quoy  l’homme  eft  ainfi 
nommé,  là  mefme. 
Minéraux  d’où  procéder 
leurs  effe&s  2 j6.  ne 
font  pas  deftituez  de 


TABLE 


vie  zj8.  font  vn  extrê¬ 
me  refuge  aux  dogma¬ 
tiques  qui  les  abhor¬ 
rent  tant  3J0. 146.  254 
Minoratifsdes  nouueaux 
'  dogmatiques  110 

Monde,  par  quel  moyen 
fera  renouuellé  440 
Mprfuré  de  fcorpion  ex¬ 
cite  l’epileplie  31 
Mort  que  c’eft  no.  fon 
anatomie  109.  lignes 
d’icelle  en  l’apoplexie 

ns 

Mouuement  peut  eftre 
aboli  fans  perte  de  fen- 
timéntnon  au  contrai- 
re  39 

N. 

Ature  vniuerfelle , 
10; 

Nature  &  effectsdu  ve-^ 
nin  p.eftilentiel  61 
Nature  minérale  fe  con- 
uertit  aifémcnt  en  la 
végetable,&]lavegeLta- 
ble  en  l’animale,  103 
O. 

Ngle  d’alce  relifte 
au  paroxyfme  de 
l’cpilcplîc  164. 499 
Onguens  propres  à  la, 


paralyfie  292  2 
Operations  de  l’art  fpâ_ 
gyrique  '  440 

Opiate  purgatiüe  de 
l’autheur  212.  fon  vfa- 
gezi3^côfortatiue  239 
Opinion  de  Fernel,  tou¬ 
chant  les  caüfés  de  la 
goutte  129 

Opinions  diÉFerétes  tou¬ 
chant  l’epileplie  20 
Or  43Z.  opinion  des  An¬ 
ciens  touchant  iceluy, 
ibid.  &fuiu.  enquoy 
conlifte  fon  excellen¬ 
ce  438.  eft  fouueraine- 
ment  parfaict ,  là  mef- 
me.  double  matière 
d’iceluy  ibid.  fa  mer- 
ueilleufe  aéfcion'  102. 
remedes  fpagyriques 
tirez  d’içeluy  443 
Or  potable  44<\ 

Oracle  de  Py thias  expli¬ 
qué  '  1 69 

O  uuroir  Ipagyrique  & 
fa  description  .  31° 
Oxymel  t  helleborat  de 
Iulian  a?-1 

.  p.  ;  . 

Pain  fermente  elt 

moins  malfif  ôc  plus 


DES  MATIERES. 


léger  70 

Pâlies  couleurs  6 

panacée  d’antimoine, 
409 

Paralyfie  38.  fesefpeces 
&  leur  définition  ibid. 
en  quoy  différé  de  i  en- 
gourdiflement  40.  ré¬ 
glé  à  obferuer  en  la 
cure  d’icelle  41."  fes 
caufes  43.  12.8  i  fa  cure 
félon  les  dogmatiques 
284 

Paralyfie  humorale  301. 
fanguine  298.  fa  cure 
301.  bilieufe  298.  cu¬ 
ration  d’icelle  30J,  me- 
lancholique  298.  fa 
cure  3 o y.  de  mâuuaife 
complexion  298.  ana¬ 
tomie  6c  cure  dïcelle 
ibid. 

Paraplégie  41 

Paraplexie  ibid. 

Parfum  de  bitume  6c 
d’agathe  efl  pernicieux 
aucerueau  16 

Petits  enfans  font  fujets 
à  l’epilepfie,  &  pour- 
quoy  in.  leur  cure  421 
Peuoine  6c  fa  fignature 
16  y.  6c  fuiu,  quand 


fe  doiuent  cueillir  fes 
racines  6c  feméces  24a 
Peur  efl  caufe  externe 
de  l’epilepfie  9.  22.  in- 
coromoditez  ;  qu’elle 
apporte  9 

Pharmacie  obferuée  des 
nouueaux  dogmati¬ 
ques  en  la  curé  de  l’e- 
pilépfie  '  209^ 

Phegmons’prénent  leur 
origine  d’vn  fang  ef- 
pais  &  melancholique 

35  c' 

Pleurefie  - 

Podagre  7  6.  fon  fiege  eft 
manifefle,  mais  fa  ra¬ 
cine  occulte  6c  imper¬ 
ceptible  ,  là  mefme. 
Potion  purgatiue  anta- 
pople&ique  281 

Poullain  a  mefme  efien- 
ce  que  le  c'heual  116 
Précipité  de  mercure, 

•  47^  _ 

Prefence  du  Médecin  efl 
requife  pour  bien  co- 
gnoiftre  le  mai  6c  fon 
origine  4 

Principes  hypoflatiques 
auec  leurs  qualitez  6c 
avions  97 


TABLE 


Protopathie  16 

Prouidence  de  Dieu  10 6 
Prouocation  des  hémor¬ 
roïdes  en  la  cure  du 
vertige  1 66 

Purgatifs  322 

PutrefaCfcion  395. 440 

CL. 

QValitez  &  leur 
fource  9/.  lie  font 
caufes  ny  -  principes 
des  a£tions  contre  les 
peripateticiens  96.  ny 
de  la  vertu  curatiué  8c 
medecinale  des  fim- 
ples  208 

Qualitez  vitales  des  cho- 
fes  d’ou  prouiennent 
354 

Quercetan  fçauoit  qua¬ 
rante  maniérés  d’ex¬ 
traire  I’efprit  dé  l’or 
488 

Quinte  eflence  d’heïle- 
bore323.324.  d’or  445. 
de  mercure  480.  fes 
proprietez  481 

R. 

RAte  n’eft  pas  Te- 
monCtoire  de  l’hu¬ 
meur  melancholiquc, 
*9 


Régénération  ^ 
Régime  de  viure  4^ 
Remèdes  generaux  des 
hermétiques  jjj  • 
Remedes  des  dogmati¬ 
ques  contre  Tepilepiie 
139.  &  fuiu,  150.  XJI. 
134. 173.  &  fuiu.  contre 
la  paralyfie  286 

Remedes  fpperftitieux 
182 

Remedes  externes  anti- 
paralytiques  291.  ob- 
feruations  en  leur  ad-, 
miniftration  296 
Remedes  métalliques  & 
leur  excellence  146.  de 
l’or  "■  443 

Remedes  de  toutes*  for¬ 
tes  fe  tirent  du  vitriol 
374 

Rétention  des'  mois  ou 
menftruës  ,  caufe  di- 
uers  fymptomes  fort 
griefs  :  2. 5*  7 

Reuulfions  en  la  cure  de 
la  paralyfie  29° 
Rougeoles  44^*x 

Roüillure  du  fer  &  & 
caufe  l}° 

Roy  de  France  fauorife 


DES  MATIERES. 


îaCh ytoie  309 

S. 

SAfran  métallique  ±31 
Safran  d’or  444 
Saignée  en  la  cure  du 
Vertige  164.  de  l’apo¬ 
plexie  xypv  opinion 
des  anciens  für  ce  fu- 
jet,  ibid. 

Sang  eft  la  mer  du  mi- 
crocofme  6.  Ce  purge 
par  petites  veroles  ôc 
rougeoies  4.  fon  ana¬ 
tomie  vitale  64.  ferô- 
fité ,  bile,  Ôc  melan- 
chôlie  d’iceluy  6 y 
Sang  découlant  de  la 
meurtrilfeure  des  épi¬ 
leptiques  ,  appaife  le 
paroxyfme  1 6z 

Sanglots  de  l’eftomàch  9 
Santé  ÔC  iiialàdie  ont 
mefmefujet  74 
Saturne  &  fon  anatomie 
intérieure  334. 

Secret  d’or  5  ,444 

X  vitriole  îb. 
Sels  yi.  35a.  proprietez 
&  efficace  d’iceux  353» 
leur  humeur  radicale 
ne  fe  confomme  pas 
par  calcination  3/4. 


138.  font  le  fondement 
des  qualitez  vitales, 
ibid. 

Sel  marin  358.  fa  prépa¬ 
ration  3j-9 

Sel  de  vitriol  33t.’ de  Cr⬠
ne  humain  338.  prépa¬ 
ration  d’iceluy  343 
Semences  actuellement 
animées  115 

Separatiô  du  pûr  d’auec 
l'impur 

Siégé  de  l’epilepfie  félon 
les  dogmatiques  73 
Signatures  internes  des 
choies  47 

Simples  n’obtiéneht  pas 
dès  qualitez  leur  vertu 
'  Cüfatiüe  Si  médicinale 
ziB 

Simples  abondaUs  en  fel, 
font  de  plus  longue 
vie  que  les  autres  39a 
Soleil  ÔC  fes  proprietez 
1  oy 

Sommeil  aueefeséaufes 
ôc  génération  yy 
Songes  ôc  les  caufes  de 
leur  diüerfîté ,  là  mef- 
rrte. 

Souphres  yi 

Souphre  d’or  444 


TA 

Souphre  anodin  n\ 
Spécifique  .remède  pour 
le  vertige  493 

Sternutatoiresne  Te  doi- 
uent  donner  aux  petits 
enfans  qu’auec  grande 
précaution  1/3.  font 
propres  és  paralyfies 
*5* 

Sternutatoires  antepi- 
leptiques  ÔC  antapo- 
pleCtiques  16©.  161.28a 
Sublimation  441 

Subftancé  totàle  despe- 
ripatetiques  96 
Suyes.  Voyez  Fuligino- 
fit'ez.  ,  v 
Symptômes  caufées  par¬ 
la  rétention  des  mois 
M-  7  ■ 

Syrop  helleborat  ante- 
pileptique  233 

Syrop  antepileptique  3 

T. 

TEintures  vegetables 
&  leur  origine  366 
T eintures  des  pierres 
334.  de  pierres  pre- 
cieufes  fpecifiques  aux 
maladies  du  cerueau 
$57 


39  0. 
447- 
4  St 
360 


BLE 

T einture  de  Vitriol 
d’ordeParacelfe 
de  l’Autheur 
Terre  foliée 
Topiques  des -dogmati¬ 
ques  346,  'des' hermé¬ 
tiques  ibid.  pour  les 
paralyfies  &  contra¬ 
ctures  ‘  347 

Tournement  de  tefte, 
.Voyez  Vertige, 

V, 

VEnts  &  leurs  quali- 
tez  93 

V ermillon  que  c’eft  460 
Veroles  448.1.4 

Verre  d’antimoine  161 
Vers  ôc  leur  génération 
110 

Vertige  appelle  des  An¬ 
ciens  petite  epilepfie 
7. 2 j.  28.  fes  câufes  ex¬ 
ternes  27.  antécéden¬ 
tes  26.130.  fa  cure  fé¬ 
lon  les  dogmatiques 
263 

Vertu  curatiueen  quoy 
confiftc  112 

Vertu  magnétique  idu 
vitriol  contre  l’ epile¬ 
pfie  37* 

Vie  3c  fon  origine  109 


DES  MATIERES. 

•yin  abonde  en  Tel  vitrio-  ciens  377.  remettes 

lé  66.  anatomie  d’ice-  prisdlceluy  368 

luy  64  Vitriol  d5or  ,  443 

Vinaigre  &  fa  prépara-  Viuifîcation  artificielle 
tion  66  des  rôles ,  violettes. 

Violence  de  la  cafle  210  &c.  363.  de  l’or  440 

Vitriol  3 6$.  les  vtilitez  Vomitoire  des  hermeti- 
&proprietez3<5t).cau-  ques  332, 

les  des  vertus  Ipecifi-  Vomitoire  antepilepti- 
ques  d’iceiuy  ibid.  a  que  152.  antapople&i- 

trois principes  375).  fa  que  280 

fympathie  auec  le  fer  Vrine  fournit  des  diflol- 
2j5>.  365.  fignatured’i-  uans  auffi  efficacieux 

luy  3 66.  fes  efpeces  que  les  eaux  fortes  8c 

367.  examen  ibid.  fon  royales  84 

vfage  félon  les  An  ^  Vfagefaid  l’art.  197 

F  I  N; 


Fautes  fùmenues  en  l’imprefîion  de  cet  œuure* 

Pages.  ligne  17.  l’augmente  p.14.  LS.  comitiale  p.i 6.  l.io.tempeftueux 
p.nî.  1. 19.  laquelle fefait  p.ix.  1. 10.  pituiteufes  p.jy.  1.  30.  quiem- 
pefche  Jp.  40. 1. 17.  prodrome  p.  41.  1. 6.  paraplégie  P.44J.20.  &af- 
"gné  ^p.47. 1.23.  aucunes'/  p.jff.  au  b/u  de  là  marge  effeâs  des  exhalaifons 
fulfurées  p. £7.1.1.  grauelîées  p.Sp.i.n.  réceptacle  p.77. 1.32.  oJlez.Cc 
P-8o.  [Lis.  efitx.  pluftoft.'  ■  p.5$u,  l.i  o.  fouphre.  p.103. 1.13.  conclura  ©a 
p.160.  1.  S.  les  p.2.43.  en  marge  remedes  efehauffans  p .269.  en  marge 
aepilepfie  p.234.  mnmbre  254  v  en  marge  remedes  externes.